Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Henry Miller

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Message par Nadine Mar 2 Mar - 21:45

j'ai acheté en ressourcerie " Aller retour New York". On verra.
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Message par Tristram Mer 17 Mar - 23:13

Lire aux cabinets

Henry Miller - Page 4 Lire_a10


Ils étaient vivants et ils m’ont parlé :
Ce texte est proposé avant Lire aux cabinets ; son titre est moins racoleur, mais tellement beau : les auteurs disparus nous parlent !
En fait, les deux textes ne sont que des extraits de Les livres de ma vie (ce que l’éditeur se garde bien de mettre en avant).
Voici qui pourrait être la devise de notre forum (à bon entendeur…) :
« Qu’est-ce qui rend un livre vivant ? Voilà une question qui se pose souvent ! La réponse me paraît toute simple. Un livre vit grâce à la recommandation passionnée qu’en fait un lecteur à un autre. Rien ne peut étouffer cet instinct fondamental de l’homme. Quoi qu’en puissent dire les cyniques et les misanthropes, je suis convaincu que les hommes s’efforceront toujours de faire partager les expériences qui les touchent le plus profondément. »
Nous avons justement devisé il y a peu sur la décadence, et j’évoquais l’acception romantique du mot – en voici peut-être une source :
« C’est ainsi que l’autre jour, ouvrant un de mes carnets de Paris pour chercher je ne sais quoi, je tombai sur un de ces passages avec lesquels j’ai vécu des années. C’est un extrait de l’introduction d’Havelock Ellis à Against the Grain. En voici le début :
Le poète des Fleurs du mal a aimé ce qu’on appelle improprement le style décadent, et qui n’est rien d’autre que l’art parvenu à ce point d’extrême maturité que confère le soleil couchant des vieilles civilisations : un style ingénieux et compliqué, plein d’ombres et de recherche, repoussant sans cesse les limites du langage, empruntant sa couleur à toutes les palettes et ses notes à tous les claviers…
Puis vient une phrase qui me semble toujours jaillir comme un signal de sémaphore :
Le style de la décadence est l’ultime expression du Verbe, poussé dans ses derniers retranchements. »

Lire aux cabinets :
« L’autobiographie n’est que du plus pur roman. La fiction est toujours plus proche de la réalité que le fait brut. La fable n’est pas l’essence de la sagesse humaine mais seulement l’enveloppe amère. »
« Les gens affirmeront qu’ils dévorent les journaux et collent leur oreille à la radio (parfois les deux en même temps) ! afin de se tenir au courant de ce qui se passe dans le monde, mais c’est là une pure illusion. La vérité c’est que dès l’instant où ces pauvres gens ne sont pas actifs, occupés, ils prennent conscience du vide terrifiant, affreux qu’il y a en eux. Peu importe, à dire vrai, à quelle mamelle ils tètent, l’essentiel pour eux est d’éviter de se retrouver face à face avec eux-mêmes. Méditer sur le problème du jour, ou même sur ses problèmes personnels, est la dernière chose que désire faire l’individu normal. »
Un auto-enfumage qui expliquerait notre fascination pour "l'information" et la précipitation (pompeusement qualifiée de vitesse).

\Mots-clés : #essai

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Nadine Ven 19 Mar - 21:44

J'ai ce livre, Tristam. La relecture sera croisée à ma pensée vers toi.
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Message par Nadine Ven 19 Mar - 21:45

Par ailleurs j'ai commencé aller retour NY, et j'apprécie beaucoup. Notamment l'intro de Miller qui previent ses lecteurs de traits impolitiquement corrects. Entre Yourcenar et lui, j'aime tant ces paratextes distanciés sur les écrits... Je citerai et raconterai. mais là, minima syndical, le temps d'aller vous saluer au bar, une fois n'est pas coutume.
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Message par Tristram Lun 19 Juil - 13:00

Un diable au paradis

Henry Miller - Page 4 Un_dia10


Henry Miller, dont on sait l’importance qu’avaient pour lui les amis (et les livres) dresse de Conrad Téricand (Moricand en réalité) un portrait approfondi, fouillé, où il témoigne aussi de grandes qualités chez cet astrologue, écrivain et illustrateur − même si son esprit diffère explicitement du sien, et lui inspire d’abord de la suspicion, puis un agacement grandissant.
Au début de leurs relations, Miller aide dans sa dèche parisienne ce riche Suisse ruiné par un escroc.
« Pauvre Téricand ! Combien, ô combien familier m’était cet aspect comique de ses tribulations ! Marcher l’estomac vide, marcher l’estomac plein, marcher pour digérer un repas, marcher parce que c’est la seule récréation que vous permette votre porte-monnaie, comme Balzac en fit l’expérience lorsqu’il vint à Paris. Marcher pour fuir sa hantise. Marcher pour ne pas pleurer. Marcher dans l’attente vaine et désespérée de rencontrer un visage amical. Marcher, marcher, marcher… Mais pourquoi aborder ce sujet ? Rangeons-le sous l’étiquette : "paranoïa ambulatoire". »
Par bouffées inspirées, le flux stylistique de Miller l’emporte (et avec lui le lecteur), lyrique et délirant, comme dans cette liste lautréamontesque évoquant la place de Rungis au petit matin, juste avant la Seconde Guerre mondiale (français en italique) :
« Chèvres de la banlieue, appontements, bocks à injections, ceintures de sûreté, mulets, passerelles et sauterelles flottaient devant mes yeux vitreux avec des volailles décapitées, des bois de cerf enrubannés, des machines à coudre rouillées, des icônes et autres phénomènes incroyables. Ce n’était ni une communauté, ni un quartier, mais un vecteur, un vecteur très spécial, créé entièrement pour mon bénéfice artistique, créé expressément pour me nouer émotionnellement. »
Évidemment la compagnie de « Moriturus », ce raté tatillon, ce raseur funèbre, ne peut qu’être une épreuve pour Miller, cette incarnation de la vie tumultueuse. Même si Miller est sincère quoique peut-être outrancier, la version de son hôte manque (qu’elle ait existé ou pas). Le dipôle est d’autant plus étonnant que tous deux ont oscillé entre pique-assiette et parasite… Tous deux baignent dans les croyances irrationnelles, d’un côté la divination et de l’autre le scientisme chrétien. On retrouve aussi l’opposition Américain « naïf, optimiste, jobard » et Européen cynique.
Sur fond de conflit avec sa troisième épouse, Janina Lepska, Miller adore sa fille Val, tandis que son hôte raconte une aventure pédophile à Paris...
Téricand est antipathique, mais je comprends l’homme affamé qui erre dans une scène de guerre, traînant les deux valises contenant son œuvre, tandis que Miller est profondément détaché de tout ce qui est matériel (mais une œuvre n’est-elle que matérielle ?).
Ce diable se révèle finalement être un personnage fort complexe, et forme un livre très curieux…

\Mots-clés : #amitié #autobiographie #portrait

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Message par Nadine Lun 19 Juil - 19:31

A ce jour mon préféré, Tristam, parce que l'ambivalence du portrait touche à la vérité. Relu deux fois, il faudrait que je remette ça l'année prochaine. merci pour ce retour. Et amitié à tous à bientôt
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Message par Tristram Lun 19 Juil - 20:17

Oui, je n'avais pas été si troublé à ma première lecture ; pourquoi d'ailleurs Miller a-t-il écrit ce livre ? pour évacuer cet échec "amical" ?
"Amitiés" à toi aussi, pour de vrai !

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Message par Jack-Hubert Bukowski Mar 20 Juil - 11:42

Ouais, ouais... Wink
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Message par Bédoulène Mar 20 Juil - 16:57

Amitié à toi aussi Nadine ! (tu nous manques)

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Invité Ven 3 Sep - 15:48

J'ai commencé Le cauchemar climatisé,

Les premières lignes du roman :

Ce fut dans un hôtel de Pittsburgh que je terminai le livre de Romain Rolland sur Ramakrishna. Pittsburgh et Ramakrishna peut-on imaginer contraste plus violent ? Le premier, symbole de la force brute et de la fortune, le second l'incarnation même de l'amour et de la sagesse.
C'est donc ici, au cœur même du cauchemar, que nous commençons, dans le creuset où toutes les valeurs sont réduites en scories.
Je suis dans une petite chambre soi-disant confortable d'un hôtel moderne muni des derniers perfectionnements du progrès. Le lit est propre et moelleux, la douche fonctionne sans défaillance et, s'il me faut en croire l'inscription portée sur la bande de papier qui le recouvre, le siège du cabinet a été stérilisé depuis le passage du dernier occupant ; savon, serviettes, lumière, papier à lettre, tout est fourni en abondance.
Je suis déprimé, déprimé au delà de toute expression. Si je devais occuper cette chambre pour « quelque temps, je deviendrais fou, ou alors je me suiciderais. L'âme de la ville, l'âme des hommes qui en ont fait l'affreuse cité qu'elle est suinte à travers les murs. Il y a du meurtre dans l'air. Cela me suffoque. 


Difficile pour moi de ne pas penser au film Stranger than paradise, de Jarmusch.
Le vide du rêve américain...
Henry Miller - Page 4 18433810

Le spectacle le plus pitoyable, c'est celui de toutes ces voitures garées devant les usines et les aciéries. L'automobile représente à mes yeux le symbole même du faux-semblant et de l'illusion. Elles sont là, par milliers et par milliers, dans une telle profusion que personne, semble-t-il, n'est trop pauvre pour en posséder une. D'Europe, d'Asie, d'Afrique, les masses ouvrières tournent des regards envieux vers ce Paradis où le prolétaire se rend à son travail en automobile. Quel pays merveilleux ce doit être, se disent-ils. (Du moins nous plaisons-nous à penser que c'est cela qu'ils se disent !) Mais ils ne demandent jamais de quel prix se paie ce privilège. Ils ne savent pas que quand l'ouvrier américain descend de son étincelant chariot métallique, il se donne corps et âme au travail le plus abêtissant que puisse accomplir un homme. Ils ne se rendent pas compte que, même quand on travaille dans les meilleures conditions possibles, on peut très bien abdiquer tous ses droits d'être humain. Ils ne savent pas que (en américain) les meilleures conditions possibles cela signifie les plus gros bénéfices pour le patron, la plus totale servitude pour le travailleur, la pire tromperie pour le public en général. Ils voient une magnifique voiture brillante de tous ses chromes et qui ronronne comme un chat ; ils voient d'interminables routes macadamisées si lisses et si impeccables que le conducteur a du mal à ne pas s'endormir ; ils voient des cinémas qui ont des airs de palaces ; des grands magasins aux mannequins vêtus comme des princesses. Ils voient la peinture et le chromé, les babioles, les ustensiles de toute sorte, le luxe ; ils ne voient pas l'amertume des cœurs, le scepticisme, le cynisme, le vide, la stérilité, l'absolu désespoir qui ronge l'ouvrier américain. Et d'ailleurs, ils ne veulent pas voir tout cela : ils sont assez malheureux eux-mêmes. Ce qu'ils veulent, c'est en sortir : ils veulent le confort, l'agrément, le luxe qui portent en eux les germes de mort. Et ils marchent sur nos traces, aveuglément, sans réfléchir.

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Message par Bédoulène Ven 3 Sep - 18:18

2ème extrait top !

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