Gilbert-Keith Chesterton
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Re: Gilbert-Keith Chesterton
En version originale ici.
Ou encore sur TonTube/livre audio là:
La croustillante genèse de cet opus est narrée en introduction (de François Rivière, dans l'édition Payot-Rivages Poche de 2015), je ne résiste pas à l'envie de vous en livrer les grandes lignes:
Elles concernent deux gentlemen amis-ennemis, les plus cordiaux débatteurs diamétralement opposés de leur temps et de leur lieu, G-K Chesterton et G-B Shaw.
Ceux-ci vont, en ces temps pré-médias autres que l'écrit, jusqu'à se produire en public pour des joutes-débats qui font salle comble, en plus de s'affronter par journaux et écrits divers interposés !
Or, George-Bernard Shaw brûle de voir Gilbert-Keith Chesterton tâter d'un genre qui devrait lui aller comme un gant: le théâtre, une forme d'expression où son sens comique, de la répartie mais aussi comique burlesque ou de situation, son art du paradoxe et son écriture enlevée devraient faire merveille.
Aussi il le défie publiquement d'écrire une pièce, promettant même de l'aider au besoin. Pas de réponse. Chesterton publie "Un nommé Jeudi" (roman explicite, voir précédents messages sur ce fil).
George-Bernard Shaw s'enhardit jusqu'à le relancer (1er mars 1908): "Alors cette pièce, où en est-elle ?"
Silence. Mais Shaw revient à la charge en octobre 1909, lui écrivant qu'il a le synopsis à lui fournir, lui indiquant la longueur souhaitable (18000 mots), et même quelle somme il convient de réclamer pour l'édition puis auprès d'éventuels producteurs auprès desquels faire jouer la pièce.
Chesterton réagit par...la publication d'un essai sur G-B Shaw !
Mais Shaw ne désarme pas, passe de la persuasion à l'intrusion quand, trois années plus tard, il prend le prétexte d'une visite (fictive ?) auprès d'un tiers à Beaconsfield (où résident les Chesterton), pour adresser à Mme Chesterton une lettre lui demandant de bien vouloir le recevoir, et, je cite (fin de la lettre)
Cette fois-ci, Chesterton cède, mais garde la liberté de ne pas respecter le délai imparti: 18 mois plus tard la pièce, en trois actes et un prélude, est créée au Little Theatre de London. Et restera à l'affiche pour cent soixante quinze représentations, coup d'essai, coup de maître !J'aimerais lire ma pièce Androclès et le lion à Gilbert afin de le stimuler car il serait bon qu'il se mette aussi au travail. Il faudrait qu'à cette lecture, vous-même tombiez en admiration et déclariez que vous ne pourrez jamais aimer un homme incapable d'écrire des choses pareilles...Et que si Gilbert n'est pas en mesure de livrer dans les trois semaines une œuvre de cette qualité, telle l'héroïne d'Une maison de poupée, vous quitterez le foyer conjugal pour aller vivre votre vie.
L'action se déroule dans le salon du Duc, que jouxtent diverses pièces et un jardin.
Personnages: Le Duc (plutôt doux-dingue, incapable d'appuyer une cause plutôt qu'une autre, etc...),
trois personnages représentant les autorités, les références morales et comportementales du lieu et du temps:
Le Docteur Grimthorpe (la science et la méthodologie scientifico-scientiste)
Le Révérend Cyril Smith (la morale, mais celle du Siècle -du temps, distordue vis-à-vis des Evangiles),
Morris Carleon (le jeune businessman américain, pétri d'action, de sens des affaires, et de réalisme matérialiste égocentré),
Puis trois personnages, dont deux clefs:
Hastings (le secrétaire du Duc, guindé, professionnel, froidement drôle)
L'étranger (le premier rôle masculin, magicien (?), chamane (?) prestidigitateur (?), illusioniste (?)),
Patricia Carleon (sœur de Morris, seul rôle féminin, celle par qui tout arrive...)
Le poétique Prélude se déroule dans le jardin, dans l'obscurité, c'est un échange, plutôt onirique, un rien mystique, entre Patricia et l'étranger.
L'acte I voit l'entrée en scène de tous les autres personnages, et le comique naît de leurs réparties, tutoyant parfois la métaphysique aux confins de l'absurde, si chère à Chesterton.
Se mettent en place les autorités, telles que les symbolisent le docteur, le révérend et l'homme d'affaires.
Face à ceux-là, Chesterton fait donner, via l'étranger (et Patricia, "passeuse" involontaire -ou impromptue), une bien réelle (elle !) leçon: de féérie, de foi, d'amour.
Sa patte donne libre cours aux méta (-phore, -physique).
A bien y regarder, nous avons là, en trois actes et un prélude, un joli petit morceau de vulgarisation exégétique drôle, en matière d'immanence et de transcendance.
Sorti du chapeau-claque, entre lapin et colombe, d'un message sur Parfum du 25 juillet 2015.
mots-clés : #théâtre
Aventin- Messages : 1985
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Re: Gilbert-Keith Chesterton
cette joute entre les deux auteurs est étonnante !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21645
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Re: Gilbert-Keith Chesterton
Passionnante cette joute ! (Par hasard, alors que vos commentaires m'attirent vers l'oeuvre de Chesterton, j'ai commencé une pièce de G.B. Shaw.)
Dernière édition par Quasimodo le Mer 17 Jan - 16:59, édité 1 fois
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Gilbert-Keith Chesterton
En effet, parmi les genres littéraires sur lesquels mes messages émis avoisinent le zéro, il y a le théâtre, mais c'est loin d'être un cas isolé. Tout ce qui a trait au cinéma, mais aussi aux essais, à la philo, à la BD, aux ouvrages jeunesse et bien d'autres genres encore je vais continuerQuasimodo a écrit:Et malgré le fait que ce soit du théâtre (que tu n'aime guère si mes souvenirs sont bons), tu t'es laissé embarquer, Aventin ?
Passionnante cette joute ! (Par hasard, alors que vos commentaires m'attirent vers l'oeuvre de Chesterton, j'ai commencé une pièce de G.B. Shaw.)
Aventin- Messages : 1985
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Re: Gilbert-Keith Chesterton
Racisme indubitablement, phénomène d’époque, parfois malicieusement détourné (dans L’absence de Mr Glass) :Animal a écrit:Quelques considérations raciales font démodé mais il faut reconnaitre que d'un autre côté les préjugés savent être trompeurs.
Chesterton déploie un sens du paradoxe qui mène loin (dans Le paradis des voleurs) :« Le fait essentiel dans toute l’histoire est la Race. La Race détermine la religion ; la Race provoque des guerres légitimes et ethniques. Il n’y a pas de cas plus frappant que celui de cette race sauvage, pas sociable et en décroissance que nous appelons généralement les Celtes [… »
On devine ses interrogations métaphysiques (dans La tête de César) :« Comme le feu ou la mer, il était trop simple pour inspirer confiance. »
La traduction est parfois défaillante (j’ai eu recours au texte original ici : http://www.ccel.org/ccel/chesterton/wisdom.toc.html. Ainsi, dans L’étrange crime de John Boulnois :« ‒ Ce que nous regrettons tous le plus, dit le prêtre à voix basse, c’est un dédale qui n’aurait pas de centre. Voilà pourquoi l’athéisme n’est qu’un cauchemar. »
Il serait plus exact de traduire par « Toutes ces choses qui "ne sont pas preuve évidente" sont ce qui me convainc. »"I attach a good deal of importance to vague ideas. All those things that `aren't evidence' are what convince me. I think a moral impossibility the biggest of all impossibilities."
« J’attache beaucoup d’importance aux idées vagues. Toutes ces choses qui ne sont pas des "évidences" sur lesquelles je fonde ma conviction. Je crois qu’une impossibilité morale est la plus grande des impossibilités. »
Curiosité : le nom de Pendragon, dans Les naufragés des Pendragon, se retrouve dans L’étrange crime de John Boulnois ‒ mais aussi l’épée qui sort de la haie… En fait, c’est le contraire, puisque Les naufragés des Pendragon est paru dans la presse presque un an après L’étrange crime de John Boulnois !
On goûte le même bizarre plaisir un peu suranné qu’à la lecture de son contemporain Arthur Conan Doyle ‒ ou à celle de cet autre, Maurice Leblanc, qui répondit au Sir en créant le personnage d’Herlock Sholmès, ennemi juré de son Arsène Lupin ‒ ou encore à celle de Gaston Leroux, et de leur prédécesseur à tous, Émile Gaboriau…
Mais ce qui "sauve" cette œuvre de la désuétude, c’est l’esprit, l’humour, la fantaisie.
De la satire sociale aussi, correspondant sans doute à l’anticonformisme de l’auteur.
A signaler le "Watson" du père Brown, le falstaffien Flambeau, criminel français repenti, reconverti dans le métier de détective, puis dans le rôle de comparse et d’ami, qui n’est peut-être pas sans rappeler Chesterton lui-même par sa taille, sa force physique et sa canne-épée…
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
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Pour y revenir, la traduction du mot "evidence" est moins facile, car il y a je pense jeu de mots entre deux sens en anglais.
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Bédoulène- Messages : 21645
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Mais il y a beaucoup d'autres choses dans ce livre, sur le roman, la littérature, etc.« Ma vieille expérience avec les traducteurs : s'ils vous déforment, alors ce n'est jamais dans des détails insignifiants, mais toujours dans l'essentiel. Ce qui n'est pas illogique : c'est dans sa nouveauté (nouvelle forme, nouveau style, nouvelle façon de voir les choses) que se trouve l'essentiel d'une œuvre d'art ; et c'est bien sûr ce nouveau qui, tout à fait naturellement et innocemment, se heurte à l'incompréhension. »
Milan Kundera, « Les testaments trahis »
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Tristram- Messages : 15927
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Tristram- Messages : 15927
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Re: Gilbert-Keith Chesterton
Ce qui dans le cas du Gilbert-Keith reste à faire.Tristram a écrit:Eh bien, il me semble qu'il faut avoir compris l'intention de l'auteur pour le traduire sans le trahir...
Au reste, des pans entiers de l'œuvre du Gentleman de Beaconsfield sont à traduire tout court et à éditer, basiquement (mais, que diantre et miladiou, que fait La Pléiade ! ).
Merci, de la part d'un inconditionnel, pour votre engouement et vos commentaires, je me dis aussi que plus nous serons à vouloir lire ses ouvrages, plus il sera traduit. Quel grand naïf je suis.
That's to say ça reste étonnant cet ostracisme, pour un Chesterton étudié, scruté dans les pays anglo-saxons, écrivant dans une langue dont on dira que ce n'est pas les écuries d'Augias à nettoyer que le traduire, j'avoue, je ne comprends pas...
Aventin- Messages : 1985
Date d'inscription : 10/12/2016
Re: Gilbert-Keith Chesterton
Un de moins, parmi les ouvrages non traduits en français de Chesterton, dont je regrettais un peu plus haut sur ce fil qu'ils soient si nombreux; certes celui-ci n'atteint pas aux apothéoses de L'Auberge Volante, ni même à celles du Napoléon de Notting Hill ou de La sphère et la croix, Un nommé Jeudi, etc... mais tout de même, c'est appréciable cette série d'article précédés d'une préface pour le Daily News, choix de textes, traduction, notes d'André Darbon, éditions Desclée de Bouwer 2018.
Très chroniques libres ou billets d'humeur à tendance essayiste, ces 240 pages (environ), soit 39 articles ou courtes nouvelles, pas uniquement destinées aux inconditionnels.
Quel art que celui consistant à partir de petits riens du quotidien (un morceau de craie, du lierre, une gare en campagne, un sosie d'un homme célèbre, etc...) pour aboutir à une petite démo édifiante, dont l'humour et le contrepied ne sont jamais absents, et de le faire avec une telle légèreté et une telle liberté de ton !
Nous promenant en sa chère Angleterre bien sûr, mais aussi en France, en Belgique, en Allemagne avec sa désinvolture émerveilleuse, l'on passe un bien agréable moment, trop court, cependant: en effet le livre se dévore...
Un extrait, les risques du tabac ne sont pas toujours ceux que l'on croit !
La tragédie des deux pence a écrit:En tous cas, je ne parlais pas un mot d'allemand, en ce jour noir où je commis mon crime - ce qui ne m'empêchait pas de déambuler dans une ville allemande; [...].
Je connaissais cependant deux ou trois de ces excellents mots, pleins de solennité, qui donnent sa cohérence à la civilisation européenne (notamment le mot "cigare"). Le jour était onirique et chaud: je m'assis donc à la table d'un café, et commandai un cigare et un pichet de bière blonde.
Je bus la bière et la payai. Je fumai le cigare, oubliai de le payer, et partis le regard euphorique posé sur les montagnes du Taunus. Après quelques dix minutes, il me revint à l'esprit que j'avais oublié de payer le cigare. Je retournai à la buvette et y déposai l'argent.
Mais le propriétaire avait lui aussi oublié, et il me posa une question dans sa langue gutturale - sans doute me demandait-il ce que je voulais. Je lui répondis "cigare" et il me donna un cigare. Je m'efforçai de lui expliquer par gestes que je refusais son cigare, et lui crut que je condamnais ce cigare-là, et m'en apporta un autre. J'agitai les bras comme un moulin, par un balayage plus universel, à lui expliquer que c'était un rejet des cigares en général, et non d'un article en particulier.
Il prit cela pour l'impatience caractéristique des hommes communs, et revint, les mains pleines de divers cigares qu'il me colla au nez. De désespoir, j'essayai toutes sortes de pantomimes, et je refusai tous ceux, de plus en plus rares et précieux, qu'il sortit des caves de son établissement. Je tâchai sans succès de lui faire comprendre que j'avais déjà eu mon cigare. Je mimai un honnête citoyen qui en fume un puis l'éteint et le jette. Le vigilant restaurateur crut que, dans la joie de l'expectative, j'étais seulement en train de répéter à l'avance les gestes bienheureux que je ferais une fois en possession du cigare.
Finalement j'abandonnai, découragé: il ne voulait pas prendre mon argent et laisser ses cigares tranquilles. C'est ainsi que ce restaurateur, sur le visage duquel brillait l'amour de l'argent comme un soleil de midi, refusa fermement les deux pence que je savais lui devoir. Je lui ai repris, et les dépensai sans compter durant les mois qui suivirent. J'espère qu'au dernier jour des anges apprendront très doucement la vérité à ce malheureux.
Mots-clés : #absurde #humour #nouvelle #xxesiecle
Aventin- Messages : 1985
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