Kurt Vonnegut, jr
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Kurt Vonnegut, jr
1922 - 2007
Vonnegut est un romancier américain, d' origine allemande, né à Indianapolis en 1922
Vonnegut a une biographie plutôt agitée, peu ordinaire et pas enviable du tout. Mais elle mérite qu' on s' y attarde parce qu' elle aura une influence durable sur son existence mais aussi sur son oeuvre.
Engagé dans l' Armée américaine pendant la 2e Guerre mondiale, il participe à l' offensive des Ardennes et fait prisonnier par les Allemands à Dresde. Il travaille dans un abattoir quand se déclanchent les bombardements
alliés sur la ville.Une hécatombe épouvantable et injustifiable...
7000 tonnes de bombes -dont des bombes au phosphore- sont larguées en vagues successives. 35 OOO morts...
Caché dans une cave de l' abattoir, Vonnegut échappera à la boucherie, mais pas au traumatisme qui le hantera toute sa vie. Les autorités nazies l' affectèrent à la récupération des cadavres...
Il y en avait trop, et on termina au lance flamme... Il en parle dans Abattoir 5, son oeuvre la plus connue.
Une fois rentré aux Etats Unis, Vonnegut eut une vie difficile. C' était un homme bléssé à vie. Mais aussi un homme en colère, révolté. Toute sa vie.
La guerre lui enseigna du moins à détester la guerre et à s'élever plusieurs fois contre la politique américaine. Au Vietnam et plus récemment en Irak. C' était un adversaire résolu des Bush père et fils.
Curieusement, l' oeuvre de Vonnegut porte évidemment les traces de ce qu' il avait subi, mais il avait, heureusement pour lui un certain optimisme et un humour très particulier qui font l' originalité de son oeuvre.
Catalogué à tort écrivain de Science Fiction, il a seulement utilisé le genre, en créant notamment un personnage ringard, nommé Kilgore Trout, auteur plutot marrant de SF.
En fait c' est un sacré satisriste et un sacré original. Un personnage. Rien d' étonnant à ce qu' il ait des partisans enthousiastes depuis 50 ans...
Bibliographie traduite en français
Romans
- Le Pianiste déchaîné (Player Piano, 1952), Page 5
- Les Sirènes de Titan (The Sirens of Titan, 1959), Page 4
- Nuit mère (Mother Night, 1961), Page 5
- Le Berceau du chat (Cat's Cradle, 1963)
- R comme Rosewater !, 1976 (God Bless You Mr Rosewater or Pearls Before Swine, 1965)
Réédition sous le titre Dieu vous bénisse, monsieur Rosewater
- Abattoir 5 ou la Croisade des enfants (Slaughterhouse 5 or The Children's Crusade, 1969), Pages 1, 2
- Le Petit Déjeuner des champions (Breakfast of Champions, or Goodbye, Blue Monday, 1973), Page 6
- Le Cri de l'engoulevent dans Manhattan désert (Slapstick or Lonesome No More, 1976)
- Gibier de potence, 1983 (Jailbird, 1979)
- Rudy Waltz, 1984 (Deadeye Dick, 1982)
- Galapagos, 1987 (Galapagos, 1985)
- Barbe bleue, 1988 (Bluebeard, 1987)
- Abracadabra, 1992 (Hocus Pocus, 1990)
- Tremblement de temps, Super 8 éditions, 2018 (Timequake, 1997), Page 3
Recueil de nouvelles
- Le petit oiseau va sortir, 2011 (Look at the Birdie, 2009)
Essais
- Un homme sans patrie, Denoël, 2005 (A Man Without a Country, 2005)
- Elle est pas belle, la vie ?, Denoël, 2015 (If This Isn't Nice, What Is ?: Advice to the Young, 2013, Page 5
Pièce de théâtre
- L'Histoire du soldat (The Soldier's Tale, 1993)
source : Wikipédia
MAJ de l'index le 14/10/2022
bix_229- Messages : 15439
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Re: Kurt Vonnegut, jr
« – Tu es soldat, maintenant.
– Oui.
– C’est pour tuer le chien que tu as mis ton uniforme ? dit-elle.
– Je vais rejoindre le front. Je passais juste pour vous dire au revoir.
– Quel front ? dit-elle.
– Le front russe.
– Tu vas mourir.
– C’est ce qu’on me dit. Mais peut-être que non.
– Tous ceux qui ne sont pas morts aujourd’hui seront bientôt morts.
Elle avait dit cela sans paraître autrement émue.
– Pas tous, dis-je.
– Moi oui, fit-elle.
– J’espère bien que non, fis-je. Je suis sûr que tout ira bien pour toi.
– Je n’aurai pas mal quand on me tuera, reprit-elle. Simplement, tout d’un coup, je ne serai plus là. (Elle repoussa le chien qui tomba à terre, aussi inerte qu’une saucisse fumée.) Prends-le. De toute façon, je ne l’ai jamais beaucoup aimé. Il me faisait pitié, c’est tout.
Je ramassai l’animal.
– Ça vaudra mieux pour lui d’être mort, fit Resi.
– Sans doute, fis-je.
– Et pour moi aussi, ajouta-t-elle.
– Là, je ne suis plus d’accord.
– Tu veux que je te dise quelque chose ?
– Je t’écoute.
– Puisqu’on sera bientôt tous morts, ça n’a pas d’importance que je te dise que je t’aime.
– C’est une très gentille parole.
– Que je t’aime pour de bon, fit-elle.
Quand Helga était encore vivante et que vous veniez ici tous les deux, j’étais jalouse. Quand elle est morte, j’ai commencé à rêver du jour où je serais grande ; alors je t’épouserais, je serais une grande actrice et tu écrirais des pièces pour moi.
– J’en suis très flatté, dis-je.
– Mais ça n’a plus aucun sens. Plus rien n’a de sens aujourd’hui. Maintenant, va tuer le chien. »
Kurt Vonnegut Jr., « Mother Night » (Nuit noire)
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15949
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Re: Kurt Vonnegut, jr
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21699
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Re: Kurt Vonnegut, jr
Invité- Invité
Re: Kurt Vonnegut, jr
Abattoir 5
Plus un conte éclaté qu'un roman de SF, baigné d'un humour désabusé. Quelque part aujourd'hui nous aurions l'idée d'une histoire terminée, un temps en quelque sorte figé. Claude Simon l'a dilaté, a dilaté le temps du souvenir qui habite le présent, Vonnegut l'étale, simultanéité du passé, du présent et d'un possible futur.
Ce qui se fait marquant à part que penser à La route des Flandres qui tient de l'épreuve en lisant ce livre "facile" c'est que leur point de départ est le traumatisme de la guerre. Billy Pilgrim (le pèlerin) fait office de bouffon malgré lui pour (re)traverser l'épreuve (autobiographique) de la guerre et du bombardement de Dresde. Malgré lui, comme ça vient, pour ce gars pas dégourdi mais pas méchant. Le même qui un peu de la même façon retrouvera une Amérique parfaite et une vie prospère qui ne saura pas l'intéresser. Les Trafalmadoriens sont plus intéressants ?
Amérique parfaite ou images qui habitent encore notre quotidien, il y a de quoi faire entre maison, argent et autres images d'une vie attendue, normalisée et gavée de morts et d'attitudes aveugles et préfabriquées.
C'est assez poignant et l'humour nécessaire ne fait que rendre l'ensemble plus touchant. C'est un beau bouquin pacifiste, un vrai qui parle de guerre et d'imagerie populaire, assez brut finalement dont l'apparente spontanéité ne fait pas oublier la difficulté et la peine du geste.
La tendresse pour ce bonhomme qui décroche, se sauve, n'est pas que pour lui même et ça fait du bien.
Encore mieux que pas déçu par ma lecture...
mots-clés : #autobiographie #autofiction #guerre #sciencefiction
Dernière édition par animal le Dim 19 Aoû - 21:37, édité 1 fois
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Tristram- Messages : 15949
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Re: Kurt Vonnegut, jr
D'ailleurs Kilgore Trout il a à voir avec Theodore Sturgeon ?
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Bédoulène- Messages : 21699
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Re: Kurt Vonnegut, jr
Sturgeon et Farmer sont deux bons auteurs, qui méritent le détour ; le premier se penche surtout sur la différence (avec l'Autre) et sur l'enfance, le second à la réinterprétation de personnages connus (ainsi qu'au sexe !)Wikipédia a écrit:Kilgore Trout est un personnage créé par l'écrivain de science-fiction américain Kurt Vonnegut.
Le nom de ce personnage est une allusion transparente et délibérée au grand écrivain de science-fiction Theodore Sturgeon (trout signifie truite, alors que sturgeon se traduit par esturgeon).
Il apparaît dans plusieurs de ses romans en tant qu'écrivain de science-fiction inapprécié par le public (il n'a, d'ailleurs, qu'un seul fan, Eliot Rosewater).
Il joue une variété de rôles : dans Abattoir 5 ou la Croisade des enfants, par exemple, il est un personnage secondaire malgré son influence sur Billy Pilgrim, le protagoniste du roman. Par contre, dans Breakfast of Champions, Timequake ou Galapagos, il est beaucoup plus essentiel à l'intrigue.
En hommage à Theodore Sturgeon et pour poursuivre l'idée de Kurt Vonnegut, ce nom fut aussi utilisé comme pseudonyme par Philip José Farmer.
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Pas comme Cristal qui songe, ou Les Plus qu'humains, de très beaux bouquins !
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
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Re: Kurt Vonnegut, jr
La femme et le poney tenaient la pose devait des tentures de velours frangées de glands. Ils étaient flanqués de colonnes doriques. Devant l'une d'elles, un palmier en pot. C'était une reproduction de la première photo pornographique mentionnée dans les annales. Le mot photographie apparaît en 1839, et c'est cette année que Louis J.M. Daguerre communique à l'Académie française qu'une image formée sur une plaque métallique argentée recouverte d'une mince pellicule d'iodure d'argent peut être développée en présence de vapeur de mercure.
En 1841, tout juste deux ans plus tard, un assistant de Daguerre, André Le Fèvre, est arrêté aux Tuileries pour avoir tenté de vendre une image de la femme et du poney. C'est aussi là que Weary avait acheté la sienne, aux Tuileries. Le Fèvre soutenait que c'était de l'art et qu'il s'attachait à faire revivre la mythologie grecque. D'ailleurs les colonnes et le palmier étaient là pour le prouver.
Interrogé sur le mythe qu'il prétendait représenter, Le Fèvre jura qu'il en existait des milliers de similaires, dans lesquels la femme était une mortelle et le poney un dieu.
On le condamna à six mois de prison ferme. Il mourut de pneumonie. Ainsi vont les choses.
Des avions américains transpercés de toutes parts, pleins de blessés et de cadavres, décollent par l'arrière d'un aérodrome anglais. Au-dessus de la France, quelques chasseurs allemands rétrovolent dans leur direction, aspirant balles et éclats d'obus, les délogeant des appareils et des équipages. Même chose pour les zincs américains abattus qui s'élèvent à reculons et rejoignent l'escadrille.
La formation survole à contre-courant une ville allemande en flammes. Les bombardiers ouvrent leur trappe, déploient un magnétisme miraculeux qui réduit les incendies, les ramasse dans des cylindres d'acier et enfourne ceux-ci dans le ventre des coucous. Les gros cigares s'empilent régulièrement dans les râteliers. Au sol, les Allemands possèdent eux aussi des instruments prodigieux, de longs tubes d'acier. Ils s'en servent pour récupérer d'autres fragments arrachés aux hommes et aux avions. Les Américains comptent encore quelques blessés, et certains des bombardiers sont déglingués. Mais au-dessus de la France, les chasseurs allemands paraissent de nouveau et remettent tout et chacun à neuf.
Sous l'effet de la drogue, Billy a rêvé de girafes dans un jardin. Elles arpentaient des allées de gravier, s'arrêtaient pour mâchonner des poires cueillies au sommet des arbres. Billy était une girafe, lui aussi. Il mangeait une poire. Dure. Elle se défendait contre la meule de ses dents. Elle craquait à contrecœur, noyée de jus.
Les animaux adoptaient Billy, il était un des leurs, un être sans méchanceté soumis à une spécialisation aussi absurde que la leur. Deux de ces dégingandées s'approchaient pour l'encadrer, s'appuyaient contre lui. Leurs lèvres supérieures, longues et musculeuses, se relevaient comme l'extrémité d'un clairon. Elles s'en servaient pour l'embrasser. C'était des femelles, crème et jaune citron. Aux cornes en forme de boutons de porte. Recouvert de velours.
Pourquoi ?
précision au cas où pour éviter les surprises, l'encre du poche Points à la couverture bleue pue grave.
d'autres bientôt ?
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Le fil est en train de se meubler et je vais y participer bientot.
bix_229- Messages : 15439
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