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Jean Giono

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Message par Tristram Sam 10 Oct - 12:29

Aventin a écrit:veut-on voir l'être humain sous l'auteur ? Si oui, où tracer la frontière entre voyeurisme malsain et réel intérêt pour appréhender sa production littéraire ?
Lorsque les bouquins seront fabriqués par des robots, je pense qu'ils auront beaucoup perdu en intérêt. Limite effectivement floue entre intérêt malsain ou pas, mais surtout approfondissement ou pas de notre connaissance d'un auteur. D'une œuvre que nous apprécions nous cherchons à connaître l'auteur, surtout parce c'est sa vie qui est transformée en fiction, son existence est le matériau, au moins comme perception du monde. Et, comme l'a magistralement démontré Eco, la beauté d'une œuvre gagne toujours à son étude.
Il s'agit en réalité de comprendre (ou d'essayer), et ça fait partie du fait d'aimer.
D'autre part, il me semble que lire et apprécier un livre indépendamment des positions éventuellement répréhensibles de l'auteur est autre chose.

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Message par ArenSor Sam 10 Oct - 18:05

Bédoulène a écrit:
@Arensor, me semblait qu'une fois précédente tu disais que tu séparais l'homme de l'écrivain (non ?)
Merci de mettre le doigt sur mes incohérences (et elles sont nombreuses !)  Very Happy . Oui, j'ai longtemps pensé qu'on pouvait séparer l'homme et l'écrivain. A présent, j'en suis moins sûr. De toute façon, la personnalité d'un écrivain transparait peu ou prou dans son oeuvre, ce que Tristram a parfaitement résumé dans le post précédent. Je m'attache surtout à replacer une oeuvre dans son contexte de création. Pour le reste, j'ai maintenant des avis moins tranchés.
Pour conclure, et je pense que nous serons tous d'accord : lisons Giono cheers
(curieusement, j'aurais bien envie de revenir sur des romans de la première période, comme "Que ma joie demeure" ou "Batailles dans la montagne")
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Message par Invité Sam 10 Oct - 18:31

Honnêtement, je suis toujours surpris que ce débat sur les écrivains fréquentables, infréquentables, ne cesse de revenir sur le tapis, que ce soit ici ou ailleurs. C'est vraiment quelque chose qui m'échappe. Je ne comprends toujours pas qu'on puisse ne pas vouloir lire untel car c'est un salaud (encore j'ai pu lire aujourd'hui quelqu'un qui disait ne pas vouloir lire ce salaud de Claudel car il n'a rien fait pour sa soeur), untel car il a fricoté avec les nazis ou je ne sais quel régime, ou même qu'il était pédophile ou que sais-je. Mais c'est quoi en fait le problème ? Si vous lisez cet auteur, vous allez devenir comme lui ? Ses idées vont déteindre sur vous ?
Je comprends tout à fait qu'on n'ait aucun intérêt à lire certains, Nadine tu parles d'Attali par exemple, mais pour moi c'est différent je ne le considère pas comme un auteur, comme un Bernard Henry Levi, un Cohn Bendit ou un Macron. Là c'est peut-être moi qui suis dans le tort, et peut-être que ce sont des lettrés formidables, mais pour moi c'est un cas différent que celui qui est dans la posture de dire : moi je refuse de lire Céline car c'est un salaud.

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Message par Tristram Sam 10 Oct - 18:42

Oui, il y a un fond calamiteux, cette conviction larvée qu'à lire en dehors de sa doxa on va être contaminé par une pensée peccamineuse...

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Message par Bédoulène Sam 10 Oct - 18:57

merci de ton éclairage Nadine !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par Tristram Dim 21 Fév - 12:28

Le Hussard sur le toit

nature - Jean Giono  - Page 8 Le_hus10

Angelo, Piémontais jeune, généreux, beau, épris de panache, de liberté et d’héroïsme, d’ailleurs militaire et « révolutionnaire », chevauche en Provence dans la canicule et une grande joie de vivre.
« Il avait le goût de la supériorité et la terreur de l'affectation. Il était heureux. »
Tout le livre constitue une sorte de parcours initiatique, quête du comportement digne d’un homme de qualité, rêves de gloire d’un orgueilleux à la recherche de l’estime de soi, impatient de se conformer à l’image qu’il se fait de la bravoure désinvolte et ne craignant que paraître lâche ou peureux.  
« Au fond, tout revient à : “Vive moi !” »
Le choléra surgit, ajoutant l’horreur à ce récit d’aventures jouissif, étonnant d’un lyrisme à la limite de l’outrance dans ses descriptions de paysages comme de cadavres ou d’agonies (en passant par les oiseaux carnivores) – assez éloignées de toute réalité, mais qui "passent" toujours.
Angelo aide gratuitement un médecin, « le petit Français », à soigner (vainement) les moribonds, puis une nonne à laver (tout aussi vainement) les morts. C’est l’occasion de quelques péripéties cocasses, comme le réveil de celui qu’on croyait mort (la suite est hallucinante) :  
« – Il nous a trompés, dit la nonne.
– Ce n'est pas de sa faute, parlez à voix basse. On l'a cru mort, on s'est débarrassé de lui. Mais il est vivant et même je le crois sauvé.
– C'est un salaud, dit-elle. Il est vivant et je lui ai lavé le cul. »
Autre humour, plus fin, lorsqu’Angelo se trompe en imaginant des manœuvres nocturnes (il tient sans doute sa grande imagination de son auteur).
Giuseppe, son frère de lait, remet à Angelo une lettre de sa mère, une duchesse dont il est fils naturel, et dont il tient aussi beaucoup :
« La lettre était datée de juin et disait : "Mon bel enfant, as-tu trouvé des chimères ? Le marin que tu m'as envoyé m'a dit que tu étais imprudent. Cela m'a rassurée. Sois toujours très imprudent, mon petit, c'est la seule façon d'avoir un peu de plaisir à vivre dans notre époque de manufactures. […]
" Et maintenant, parlons de choses sérieuses. J'ai peur que tu ne fasses pas de folies. Cela n'empêche ni la gravité, ni la mélancolie, ni la solitude : ces trois gourmandises de ton caractère. Tu peux être grave et fou, qui empêche ? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou, mon enfant. Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sérieux. Outre qu'ils se donnent un ridicule irrémédiable devant les esprits semblables au mien, ils se font une vie dangereusement constipée. »
Et bien sûr il y a le superbe personnage de Pauline au visage « en fer de lance », pendant féminin d’Angelo le chevaleresque, orpheline de mère :
« – Les mères me conviendraient toutes. La mienne était, paraît-il, très jolie, très douce, très malade, et elle me désirait. J'ai eu amplement le temps d'aimer une ombre. Rire à mon père ne m'a jamais complètement satisfaite, même au berceau, si j'en juge par ce qui m'est resté de désirs que rien ne contente. »
Des théories paradoxales glosent sur le choléra et ses causes (tel l’orgueil !) :
« On meurt littéralement d'égoïsme. Notez ceci, je vous prie, qui est le résultat de nombreuses observations cliniques, si nous étendons le terme à la rue et aux champs et à la soi-disant bonne santé qui y circule : rues et champs que j'ai beaucoup plus fréquentés que les lits. Quand il s'agit de peste ou choléra, les bons ne meurent pas, jeune homme ! Je vous entends. Vous allez me dire comme beaucoup que vous avez vu mourir des bons. Je vous répondrai : “C'est qu'ils n'étaient pas très bons.” »
Ces discours ne m’ont pas semblé contenir beaucoup de sens, symbolique, allégorique, ou autre. Ils paraissent valoir pour leur ton, leur fantaisie baroque ; à ce propos, je n’ai malheureusement pas lu l'Arioste, fréquemment cité, et peut-être cette lecture serait-elle éclairante. Si ce livre devait contenir un "message", ce serait sans doute celui de la force de la joie de vivre, mais...
« Le choléra fini, il restera les miroirs à affronter. »
C'étaient quelques remarques au cours de ma relecture de ce chef-d’œuvre ; celle-ci m’a permis de retrouver comme des ressouvenirs d’aventures vécues – ce qui est finalement le cas.
« À pied on passe partout. Dans les collines sèches les morts ne sentent pas mauvais ; ne sentent même rien ; sentent parfois le thym et la sarriette dans laquelle ils sont couchés, toujours dans des poses très nobles, parce qu'ils sont morts devant de grands paysages. L'image des horizons libres généralement bleu pervenche donne aux muscles la fluidité qui les fait se dénouer après la mort. Il avait remarqué que, dans les pinèdes, où l'odeur de la résine s'ajoute au soleil pour composer une atmosphère de four, les cadavres qu'il rencontra (dont l'un était celui d'un garde-chasse) avaient surtout le mal du siècle : une certaine nonchalance d'allure et mélancolie d'attitude, l'air d'en avoir assez, une sorte de mépris de bonne compagnie. »

\Mots-clés : #aventure #catastrophenaturelle #jeunesse

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Message par Bédoulène Dim 21 Fév - 18:53

merci Tristram, je pense l'avoir lu il y a trop longtemps, j'ai déjà prévu de le relire....................plus tard

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Message par Nadine Mer 24 Fév - 19:06

Pareil. A l'époque de ma première lecture j'avais pas aimé. Je pense que je suis prête à apprécier différemment.
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Message par Tristram Sam 19 Juin - 2:04

Souvenirs de Giono, 1955, 20' :
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/jean-giono-sur-la-legende-de-la-mere-bijou-une-femme-qui-me-remplissait-toujours-dadmiration-0
Un bonheur (fou) à écouter, autant qu'à lire : la Bijoute, force et gentillesse, yeuses, allumettes de contrebande, cheval assommé d'un coup de poing et autres souvenirs contés...

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Message par Dreep Dim 18 Juil - 23:43

Le Hussard Bleu

nature - Jean Giono  - Page 8 Le_Hussard_sur_le_toit

Si Le Hussard sur le toit est "d'abord un roman d'aventures" alors il y en a une qui s'impose, celle qui contient tout ces actes de bravoures isolés les uns des autres, celle d'une longue marche dans les rues ou les forêt, souvent dans le silence. Cette aventure descriptive s'impose tandis que le paysage s'avance, que l'on voit ― ou sent ― les choses venir de loin. Ce sont des signes ― odeurs, sons, couleurs ― annoncés dès le début et poursuivis jusqu'à la fin avec une patience et une minutie d'orfèvre. L'orfèvre c'est Giono, et tout en ne connaissant pas encore bien son œuvre, je pressentais une aventure de ce genre et été emporté dès les premières pages. Le silence que j'évoque est celui des maisons vides (ou dépourvues de vie) ; celui des cadavres désormais en paix, ne connaissant plus les convulsions d'une société en plein désarroi (et pas seulement parce que le choléra l'a attaquée, mais pour bien d'autres raisons politiques). Voilà en tout cas ce dont ces odeurs, sons et couleurs sont les signes : la pandémie ainsi que la démence qui l'accompagne. Face à ces menaces, le hussard de Giono s'arme de lucidité et décide de ne jamais suivre ni l'autorité ni le groupe, quel qu'il soit.

Le silence existe bel et bien parce qu'il est interrompu, par des cris ou par des dialogues plus ou moins furtifs, plus ou moins hostiles. La compagnie des êtres interrompt la solitude, mais ne l'annule pas ; il n'y a pas là d'antithèse et moins encore lorsqu'il y a symbiose : notamment entre Pauline et Angelo. On suivait ce dernier jusque dans ses peurs et dans son orgueil, jusqu'à la rencontre avec la jeune femme qui lui apporte un soutien moral plus fort en acte qu'en parole, et c'est réciproque : les deux personnages n'ont pas besoin de se parler pour se comprendre.
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Message par Bédoulène Lun 19 Juil - 11:36

merci Dreep, il faudrait que je relise le hussard sur le toit et enchainé avec donc le hussard bleu

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Message par Hanta Ven 27 Aoû - 10:45

Un roi sans divertissement

nature - Jean Giono  - Page 8 Extern11

Je suis complètement passé à côté de ce roman. Mais vraiment complètement. Je n’ai pas été sensible au récit, pas davantage aux péripéties tant le rythme était lent et les descriptions me paraissaient laborieuses. Je n’ai malheureusement pas été sensible non plus aux différents caractères des personnages. C’est le type d’échec qui interroge en tant que lecteur. Est ce l’environnement provençal alors que je suis plus habitué à des cultures nordiques ou slaves ? Est ce le rapport à la nature que je n’ai pas compris ? Est cela conception de la nature humaine qui a provoqué mon scepticisme. Je ne sais pas. Je le relirai peut être dans un autre contexte. J’avais également vu le film adapté du roman et n’y avais pas non plus trouvé de plaisir particulier.
Un rendez vous manqué.
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Message par Bédoulène Ven 27 Aoû - 18:22

Hanta, les lectures qui ne nous retiennent pas rendent plus fortes celles que nous apprécions !

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Message par Tristram Jeu 30 Sep - 21:35

Colline

nature - Jean Giono  - Page 8 Collin10

Aux Bastides Blanches, « un débris de hameau », le vieux Janet déparle ; il tire de ses doigts des serpents qu’il est le seul à voir, et augure du réveil du monde (naturel).
« "La colline ; tu t’en apercevras, un jour, de la colline.
"Pour l’heure elle est couchée comme un bœuf dans les herbes et seul le dos paraît ; les fourmis montent dans les poils et courent par-ci, par-là.
"Pour l’heure elle est couchée, si jamais elle se lève, alors tu me diras si je déparle… »
(Giono parlera souvent de poil pour évoquer la végétation.) Cette image de la colline animée reviendra dans tout le roman, justifiant son titre.
« "Contre nous, c’est toute la colline qui s’est dressée, le corps immense de la colline ; cette colline ondulée comme un joug et qui va nous écraser la tête. »
Le thème central est un panthéisme où le monde entier forme un tout divin ; tout est animé, vivant, et c’est la montagne de Lure, encore couchée comme une bête, qui incarne « La grande force des bêtes, des plantes et de la pierre. »
« "Le crapaud qui a fait sa maison dans le saule est sorti.
"Il a des mains d’homme et des yeux d’homme.
"C’est un homme qui a été puni. »
Janet l’a « partagé d’un coup de bêche », et de même Gondran son gendre tue un lézard : et si tout est vivant dans le monde, et que l’homme y répande la douleur au moindre geste ? Cette humanité du crapaud m’a toujours ramentu le poème de Max Jacob.
Pan, c’est aussi la peur panique, cet effroi qui s’abat sur les hommes. Une mystérieuse inquiétude grandit dans le silence ; d’abord la fontaine tarie, puis la fille d’Arbaud doit s’aliter ; le Jaume croit pouvoir diriger la résistance, mais la discorde s’installe ; la superstition fausse les jugements. Puis c’est l’incendie qui ravage les environs, et nous vaut une description d’épouvante, dont voici un passage :
« Déjà, en dessous, les bois crépitent. Une lame de vent glisse entre les murs de Lure, déchire la fumée. La flamme bondit comme une eau en colère. Le ciel charrie une lourde pluie d’aiguilles de pin embrasées. Le vol claquant des pignes traverse la fumée d’un trait de sang. Un grand nuage d’oiseaux monte droit, vers l’aigre hauteur de l’air, se saoule de vent pur, retombe, remonte, tourbillonne, crie. Le souffle terrible du brasier emporte des ailes entières, arrachées, encore saignantes, qui tournent comme des feuilles mortes. Un torrent de fumée jaillit, écrase le ciel, oscille un moment dans le vent, puis, gonflant ses muscles boueux, résiste, s’étale, et dans sa chair grésille l’agonie des oiseaux. »
Un des premiers textes (écrits et publiés) de Giono, qui annonce aussi Le serpent d’étoiles.
Cette novella, lue il y a longtemps, conserve toute l’épaisseur juteuse du style imagé de Giono (même s’il a gagné en finesse plus tard) ; avec le recul, on pourrait y lire une prémonition allégorique – ou un avertissement – du rejet de l’homme par la nature, cette lecture de notre temps. Facile à dire après, quand ne restent que les livres… et justement, celui-là me semble à la racine de nombre d’autres belles écritures, souvent provençales.

\Mots-clés : #contemythe #lieu #nature #ruralité

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Message par Bédoulène Jeu 30 Sep - 23:05

oui les écritures provençales comptent !

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Message par Tristram Jeu 30 Sep - 23:59

C'est comme la cuisine : as-tu remarqué que je suis "raccord" avec le polaroid du mois ?

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Message par Bédoulène Ven 1 Oct - 20:42

Wink

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Message par Tristram Mer 27 Oct - 13:35

Le noyau d'abricot et autres contes

nature - Jean Giono  - Page 8 Le_noy10

Quatre brefs contes anté-Naissance de l’Odyssée et Colline, que Giono appelait des « images », sortes d’illustrations marginales des Mille et Une Nuits.
Le noyau d'abricot : Paquette enferma un lutin dans un tel fruit, dont s’empare la fille du Calife, Dzïss, que transforme en sifflet sa favorite, Grain d’anis, permettant sa tonitruante libération.
C’est déjà le style facétieux, sensuel, au riche lexique (parfois archaïque). Voici une belle expression de l’ennui qu’entraîne la satisfaction, « les tristes sagettes que dardent les désirs à l’heure de leur mort » :
« − J’ai peur, disait Dzïss, car si je mets une nouvelle tunique, ou si je pends au-dessus de mes seins des perles fraîches pêchées, ou si je mange les belles confiseries, il me reste après une immense tristesse, un vide dans la tête, un goût de cendre sur la langue, jusqu’au moment où je désire une autre chose qu’hélas ! je prévois suivie de mêmes mélancolies. »
Le buisson d’hysope : d’inspiration plus biblique (avec aussi celle du roman courtois), les aventures d’une graine d’hysope dans un paysage plutôt méditerranéen, et surtout d’autres histoires en abîme, dont un mythe d’introduction de l’olivier en Provence.

Le prince qui s’ennuyait : il a détruit les deux roses qui pouvaient le soigner d’une fée et des dogues d’un ogre qui lui sont entrés dans l’œil…

La princesse ayant envie… : un pâtre retour des hauts pâturages regonfle de son haleine parfumée les peaux de raisins dont une Princesse aspira le jus…
Déjà une grande puissance de merveilleux, même si le style s’épurera par la suite, et quelle puissance imaginative !

\Mots-clés : #contemythe #nouvelle

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Message par Bédoulène Mer 27 Oct - 18:35

merci Tristram, les extraits me donnent de lecture

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Message par Tristram Jeu 2 Déc - 12:48

Poème de l'olive

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Jean Giono a plusieurs fois chanté l’olivier et l’olive − la civilisation de l’olive. Ici, il évoque plus précisément les paysans, et les manœuvres du moulin, lors de la récolte en décembre. Ce serait un témoignage quasiment ethnologique, s’il n'attestait surtout d’un bonheur – et d’une grande saveur de langue.
« Et, mars venu, avec sa pluie folle et ses vents fous qui vous retroussent et vous gèlent le dessous des robes, quand la ménagère se sentait une bonne envie de colline et qu’elle ne pouvait pas sortir, elle allait au placard, elle trempait son petit doigt dans la burette, elle se mettait, comme ça, une goutte d’huile sur la langue, et voilà qu’elle était tout soudain si lourde d’arbres, de genévriers et d’odeur de terre que ça l’obligeait à s’asseoir.
"Ah, soupirait-elle, pour que ça réjouisse tant le cœur, il a bien fallu que ce soit fait avec le cœur." »

\Mots-clés : #nouvelle

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram
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