Abdulrazak Gurnah
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Abdulrazak Gurnah
Abdulrazak Gurnah, né le 20 décembre 1948 à Zanzibar, est un romancier tanzanien écrivant en anglais et vivant au Royaume-Uni.
Gurnah doit fuir son pays quand il a 18 ans car il appartient à la communauté persécutée de Zanzibariens d'origine arabe. Il part pour la Grande-Bretagne, et y devient étudiant, en 1968.
De 1980 à 1982, il enseigne à l'université Bayero de Kano au Nigeria. Il rejoint ensuite l'université du Kent, où il obtient son doctorat en 1982. Il y était professeur et directeur des études supérieures au sein du département d'anglais jusqu'à son départ à la retraite. Son principal intérêt académique est l'écriture postcoloniale et les discours associés au colonialisme, en particulier en ce qui concerne l'Afrique, les Caraïbes et l'Inde.
En 2021, il reçoit le prix Nobel de littérature pour son œuvre mettant en lumière le colonialisme et, selon le comité Nobel pour « son récit empathique et sans compromis des effets du colonialisme et le destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents ».
Œuvres
• Memory of Departure (1987)
• Pilgrims Way (1988),
• Dottie (1990)
• Paradise (1994) - traduit en français sous le titre Paradis par Anne-Cécile Padoux, Denoël, Paris, 1995
• Admiring Silence (1996)
• By the Sea (2001) - traduit en français sous le titre Près de la mer par Sylvette Gleize, Paris, Éditions Galaade, 2006,
• Desertion (2005) - traduit en français sous le titre Adieu Zanzibar par Sylvette Gleize, Paris, Éditions Galaade, 2009,
• The Last Gift (2011)
• Gravel Heart (2017)
• Afterlives (2020)
Comme éditeur scientifique
• The Cambridge Companion to Salman Rushdie (2007)
merci à Wikipedia
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8545
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Re: Abdulrazak Gurnah
Adieu Zanzibar
A la fin du XIXème siècle, un Anglais épuisé arrive à Zanzibar en Tanzanie, s’effondre et est recueilli par un épicier bienveillant. Dans cette société aux nombreux carcans de tradition, où Anglais et locaux vivent dans deux cercles bien séparés, on ne sait comment naît une idylle réprouvée entre cet homme et l’austère sœur de l’épicier.
Et la réprobation restera comme un sceau sur cette famille, dont les conséquences se font encore sentir dans les années 50, à la veille de l’indépendance du pays, et marquera profondément la vie de la famille du narrateur.
Amours réprouvées, exil, fractures générationnelles ne sont que le reflet de la grande Histoire marquée par l’ostracisme, et qui marque de son sceau les destins individuels.
C’est un remarquable roman, plein de noblesse, avec une grand intelligence narrative, et qui est tout à fait à la hauteur de son ambition : parler de l’humain à travers un siècle d’histoire, porter une attention bienveillante à chacun de ses personnages, ses faiblesses, sa bonté, ses souffrances.
Je ne peux que remercier le jury du Prix Nobel qui m’a permis cette très belle découverte.
\Mots-clés : #amour #colonisation #exil
Dernière édition par topocl le Lun 3 Oct - 21:24, édité 1 fois
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8545
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Re: Abdulrazak Gurnah
merci topocl, je note à découvrir aussi
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21622
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Re: Abdulrazak Gurnah
Tentant ! un Nobel très peu connu en France cet Abdulrazak Gurnah.
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Abdulrazak Gurnah
Je vais surement essayer les autres, cette lecture m'a enchantée.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8545
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Re: Abdulrazak Gurnah
Paradis
Yusuf, douze ans, est rehani, c'est-à-dire mis en gage par son père pour payer ses dettes au seyyid ("seigneur", titre honorifique des notables musulmans) Aziz, un important marchand (et trafiquant). Le jeune Mswahili de l’hinterland tanzanien est emmené par son « Oncle » sur la côte, où il travaille avec Khalil, son aîné dans la même situation ; il est attiré par le jardin clos de son maître.
Emmené dans une expédition commerciale chez les « sauvages », Yusuf, qui est beau et a dorénavant seize ans, échappe à Mohammed Abdalla, le mnyapara wa safari, guide « sodomite », en étant laissé chez le marchand Hamid, qui l’emmène dans la montagne (apparemment chez les Masaïs). L’année suivante, Yusuf est de l’expédition qui traverse le lac Tanganyika jusqu’aux Manyema (des Bantous du Congo), une sorte d’enfer aux « portes de flammes », et l’éprouvant voyage (initiatique) tourne au désastre ; il se révèle courageux, quoique hanté par des cauchemars.
De retour, il rencontre la Maîtresse, marquée par une tache sur le visage dont elle croit Yusuf, « béni », capable de l’en débarrasser ; elle est mentalement dérangée, et entreprenante ; il tombe amoureux de sa jeune servante, Amina, la sœur de Khalil (en fait une enfant raptée recueillie par son père et la seconde épouse d’Aziz, une rehani elle aussi). Il suivra finalement les askaris allemands comme la guerre éclate contre l’Angleterre.
L’esclavage existe depuis les premières incursions arabes, et même avant ; il est subi partout. Mzi Hamdani, le vieux jardinier taciturne plongé dans ses prières, est un esclave libéré par la Maîtresse lorsque la loi interdit l’esclavage, mais qui resta à son service ; il considère que personne n’a le pouvoir de prendre la liberté de quelqu’un d’autre, et donc de la lui rendre.
Le colonialisme européen constitue une toile de fond omniprésente, et croissante.
Le style est simple et rend la lecture fort aisée ; par ailleurs les péripéties de l’existence de Yusuf sont passionnantes.
N’étant pas familier de l’Afrique de l’Est et en l’absence de notes explicatives j’ai eu des difficultés à me retrouver entre les termes non traduits et l’histoire-géographie (présence coloniale omanaise, allemande, anglaise) ; c’est dommage, d’autant que les renseignements sont peu accessibles en ligne tant sur le livre que sur la région ; ainsi, l’aigle allemande, mais encore ? :
\Mots-clés : #aventure #colonisation #discrimination #esclavage #exil #famille #initiatique #misere #religion #segregation #voyage
Yusuf, douze ans, est rehani, c'est-à-dire mis en gage par son père pour payer ses dettes au seyyid ("seigneur", titre honorifique des notables musulmans) Aziz, un important marchand (et trafiquant). Le jeune Mswahili de l’hinterland tanzanien est emmené par son « Oncle » sur la côte, où il travaille avec Khalil, son aîné dans la même situation ; il est attiré par le jardin clos de son maître.
Emmené dans une expédition commerciale chez les « sauvages », Yusuf, qui est beau et a dorénavant seize ans, échappe à Mohammed Abdalla, le mnyapara wa safari, guide « sodomite », en étant laissé chez le marchand Hamid, qui l’emmène dans la montagne (apparemment chez les Masaïs). L’année suivante, Yusuf est de l’expédition qui traverse le lac Tanganyika jusqu’aux Manyema (des Bantous du Congo), une sorte d’enfer aux « portes de flammes », et l’éprouvant voyage (initiatique) tourne au désastre ; il se révèle courageux, quoique hanté par des cauchemars.
De retour, il rencontre la Maîtresse, marquée par une tache sur le visage dont elle croit Yusuf, « béni », capable de l’en débarrasser ; elle est mentalement dérangée, et entreprenante ; il tombe amoureux de sa jeune servante, Amina, la sœur de Khalil (en fait une enfant raptée recueillie par son père et la seconde épouse d’Aziz, une rehani elle aussi). Il suivra finalement les askaris allemands comme la guerre éclate contre l’Angleterre.
L’esclavage existe depuis les premières incursions arabes, et même avant ; il est subi partout. Mzi Hamdani, le vieux jardinier taciturne plongé dans ses prières, est un esclave libéré par la Maîtresse lorsque la loi interdit l’esclavage, mais qui resta à son service ; il considère que personne n’a le pouvoir de prendre la liberté de quelqu’un d’autre, et donc de la lui rendre.
Le colonialisme européen constitue une toile de fond omniprésente, et croissante.
Ce qui m’a frappé, c’est le melting pot, Indiens, Arabes, Européens, sans compter les gens du cru, et les différentes ethnies de l’intérieur ; de même le pot-pourri des croyances. Syncrétisme ou opportunisme, l’islam est mêlé dans les affaires et les salamalecs, les rapports à l’alcool et l’herbe, derrière les plaisanteries scabreuses et les cruautés ; par contre, Hussein « l’ermite de Zanzibar » et même Aziz (personnage difficile à cerner) apparaissent comme des musulmans sincères, humains – et sagaces. La Bible semble constituer un socle commun (sur un fond de superstitions antérieures toujours vives) ; l’islam est abrahamique, et même un Sikh (pourquoi la majuscule ?) évoque (un) Noé. Gog et Magog reviennent souvent (désignant apparemment les païens, infidèles et autres chiens poilus), et Yusuf renvoie au Joseph tant hébraïque que coranique, vendu en esclavage. L’évocation du jardin d’Éden se présente fréquemment.« Nous sommes des animaux pour eux, et il nous faudra longtemps pour les faire changer d’avis. Vous savez pourquoi ils sont si forts ? Parce que, depuis des siècles, ils exploitent le monde entier. »
« Nous allons tout perdre, et aussi notre manière de vivre. Les jeunes seront les grands perdants : il viendra un jour où les Européens les feront cracher sur tout ce que nous savons, et les obligeront à réciter leurs lois et leur histoire du monde comme si c’était la Parole sacrée. Quand, un jour, ils écriront sur nous, que diront-ils ? Que nous avions des esclaves… »
Le style est simple et rend la lecture fort aisée ; par ailleurs les péripéties de l’existence de Yusuf sont passionnantes.
N’étant pas familier de l’Afrique de l’Est et en l’absence de notes explicatives j’ai eu des difficultés à me retrouver entre les termes non traduits et l’histoire-géographie (présence coloniale omanaise, allemande, anglaise) ; c’est dommage, d’autant que les renseignements sont peu accessibles en ligne tant sur le livre que sur la région ; ainsi, l’aigle allemande, mais encore ? :
Abandon, exil, servitude, toute une misère humaine, intriquée en situations sociales inextricables, selon les lois du commerce.« À la gare, Yusuf vit qu’en plus du drapeau jaune orné du redoutable oiseau noir, il y en avait un autre où figurait une croix noire bordée d’argent. »
\Mots-clés : #aventure #colonisation #discrimination #esclavage #exil #famille #initiatique #misere #religion #segregation #voyage
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15922
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Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Abdulrazak Gurnah
ça risque de ma plaire, merci Tristram
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21622
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Abdulrazak Gurnah
Ça peut très bien, Bédoulène ; et en plus ce n'est pas manichéen du tout, c'est peut-être même son principal apport !
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Tristram- Messages : 15922
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Localisation : Guyane
Re: Abdulrazak Gurnah
Quel commentaire ! Dire que j'ai encore failli l'acheter ce matin... En tout cas je le lirai, ça ne fait aucun doute.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 29
Re: Abdulrazak Gurnah
Je pense aussi que ça devrait t'intéresser !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15922
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Abdulrazak Gurnah
Moi aussi ça fait un bon moment que je tourne autour de Gurnah, j'ai son Paradis et ce vous dites m'intrigue d'autant plus !
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
Re: Abdulrazak Gurnah
Super : vas-y Dreep !
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Tristram- Messages : 15922
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
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