Andrea Camilleri
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Andrea Camilleri
Andrea Camilleri, né le 6 septembre 1925 (93 ans) à Porto Empedocle, dans la province d'Agrigente, en Sicile, est un metteur en scène et un écrivain italien.
Fils unique dans une famille de la haute-bourgeoisie, mais désargentée, Camilleri poursuit ses études à Palerme où il fréquente la bohème.
Il est metteur en scène pour le théâtre, la télévision et la radio, aussi enseignant et théoricien d'art dramatique ; il adapte des enquêtes du commissaire Maigret de Simenon.
Il publie des nouvelles, puis son premier roman à cinquante-sept ans.
(Wikipédia, avec une influence de son traducteur, Serge Quadruppani)Comme son ami Sciascia, il prend prétexte d'un fait divers réel, dans la Sicile du XIXe siècle pour bâtir un récit historico-policier, ou, autre voie suivie, il écrit des romans policiers, avec le commissaire Montalbano comme héros dont les enquêtes se déroulent dans la ville imaginaire de Vigàta, en Sicile (qui ressemble beaucoup à sa ville natale).
Andrea Camilleri se plaît à jouer sur la langue, mêlant italien et sicilien, à la fois par le vocabulaire et la syntaxe, n'hésitant pas à utiliser des termes inconnus de tous ceux qui ne sont pas des Siciliens de la région d'Agrigente, mais dont le sens pourra être compris aisément grâce au contexte. Cela donne une langue à consonance exotique, étrangère, même pour les Italiens, une re-création personnelle de la langue de son père, truffée de particularismes, qui ajoute au charme de l'intrigue.
Romans ou recueils de nouvelles traduits en français :
- Série Commissaire Montalbano :
• La Forme de l'eau, 1998 (La forma dell'acqua, 1994) Page 1
• Chien de faïence, 1999 (Il cane di terracotta, 1996) Page 1
• Le Voleur de goûter, 2000 (Il ladro di merendine, 1996) Page 1
• La Voix du violon, 2001 (La voce del violino, 1997)
• Un mois avec Montalbano, 1999 (Un mese con Montalbano, 1998) : recueil de nouvelles, Page 2
• La Démission de Montalbano, 2001 (Gli arancini di Montalbano, 1999) : recueil de nouvelles, Page 2
• L'Excursion à Tindari, 2002 (La gita a Tindari, 2000)
• L'Odeur de la nuit, 2003 (L'odore della notte, 2001)
• La Peur de Montalbano, 2003 (La paura di Montalbano, 2002) : recueil de nouvelles
• Le Tour de bouée, 2005 (Il giro di boa, 2003)
• La patience de l'araignée, 2006 (La pazienza del ragno, 2004)
• La Première Enquête de Montalbano, 2006 nouvelles : Page 1
• La Lune de papier, 2008 (La luna di carta, 2005)
• Un été ardent, 2008 (La vampa d'agosto, 2006)
• Les Ailes du sphinx, 2010 (Le ali della sfinge, 2006)
• La Piste de sable, 2011 (La pista di sabia, 2007)
• Le Champ du potier, 2012 (Il campo del vasaio, 2008)
• L'Âge du doute, 2013 (L'età del dubbio, 2008)
• La Danse de la mouette, 2009 (La danza del gabbiano, 2009)
• La Chasse au trésor, 2015 (La caccia al tesoro, 2010)
• Meurtre aux poissons rouges, 2011 (Acqua in bocca, 2010)
Coécrit avec Carlo Lucarelli :
• Le sourire d'Angelica, 2015 (Il sorriso di Angelica, 2010)
• Jeu de miroirs, 2016 (Il gioco degli specchi, 2011)
• Une lame de lumière, 2016 (Una lama di luce, 2012)
• Une voix dans l'ombre, 2017 (Una voce di notte, 2012)
• Nid de vipères, 2018 (Un covo di vipere, 2013)
• La Pyramide de boue, 2019 (La piramide di fango, 2014)
- Autres romans ou recueils de nouvelles :
- • Le Cours des choses, 2005 (Il corso delle cose, 1978)
• Un filet de fumée, 2002 (Un filo di fumo, 1980)
• Un massacre oublié, 2002 (La strage dimenticata, 1984)
• La Saison de la chasse, 2001 (La stagione della caccia, 1992)
• Indulgence à la carte, 2002 (La bolla di componenda, 1993)
• Le Jeu de la mouche, 2000 (Il gioco della mosca, 1995) Page 1
• L'Opéra de Vigàta, 1999 (Il birraio di Preston, 1995)
• La Concession du téléphone, 1999 (La concessione del telefono, 1998)
• Le Coup du cavalier, 2000 (La mossa del cavallo, 1999)
• La Disparition de Judas, 2002 (La scomparsa di Patò, 2000)
• Pirandello. Biographie de l'enfant échangé, 2002 (Biografia del figlio cambiato, 2000)
• Petits récits au jour le jour, 2008 (Racconti quotidiani, 2001)
• Le Roi Zosimo, 2003 (Il re di Girgenti, 2001) : Page 1
• Les Enquêtes du commissaire Collura, 2008 (Le inchieste del Commissario Collura, 2002)
• La Prise de Makalé, 2006 (La presa di Macallè, 2003)
• Privé de titre, 2007 (Privo di titolo, 2005)
• La Pension Eva, 2007 (La pensione Eva, 2006)
• Le Pasteur et ses ouailles, 2009 (Le pecore e il pastore, 2007)
• La Couleur du soleil, 2008 (Il colore del sole, 2007)
Sur la période sicilienne et maltaise du Caravage :
• Vous ne savez pas, 2009 (Voi non sapete, 2007)
• Maruzza Musumeci, 2009 (Maruzza Musumeci, 2007)
• Le Tailleur gris, 2009 (Il tailleur grigio, 2008)
• Le Garde-barrière, 2012 (Il casellante, 2008)
• Un samedi entre amis, 2011 (Un sabato, con gli amici, 2009)
• Le Grelot, 2010 (Il sonaglio, 2009)
• Le Coup de filet, 2012 (La rizzagliata, 2009))
• Le Ciel volé. Dossier Renoir, 2010 (Il cielo rubato, Dossier Renoir, 2009)
• Le Neveu du Négus, 2013 (Il nipote del Negus, 2010)
• Intermittence, 2011 (L'intermittenza, 2010)
• Grand cirque Taddei, 2014 (Gran Circo Taddei e altre storie di Vigàta, 2011)
• La Secte des anges, 2014 (La setta degli angeli, 2011)
• Les Juges. Trois histoires italiennes, 2012 (Giudici, 2011)
Coécrit avec Giancarlo De Cataldo et Carlo Lucarelli :
• Le Diable, certainement, 2013 (Il diavolo, certamente, 2012)
• La Reine de Poméranie, 2015 (La Regina di Pomerania e altre storie di Vigàta, 2012)
• Le Toutamoi, 2015 (Il tuttomio, 2013)
• La Révolution de la Lune, 2015 (La rivoluzione della luna, 2013)
• Femmes, 2016 (Donne, 2014)
• Ne me touche pas, 2018 (Noli me tangere, 2016)
Maj le 07/05/2023
Dernière édition par Tristram le Dim 7 Mai - 13:09, édité 6 fois
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15928
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Re: Andrea Camilleri
Dans ce recueil d' histoires minuscules, de souvenirs, de faits cocasses, émouvants ou ridicules, Camilleri nous dresse un tableau inédit
de sa Sicile.
Il nous explique comment ce peuple, brutalisé, réduit au silence, a appris à parler en se taisant. Echanger par brefs regards, des signaux d' amitié, de complicité, d' avertissement. Bref tout un langage muet, mais combien explicite pour ceux qui en ont l' usage.
Les mots, les expressions populaires dépassent les particularismes locaux pour atteindre une manière de vérité passant à travers des phénomènes linguistiques restreints. Propres à tel ou tel lieu mais cristallisant des notions précises.
A travers eux, on distingue la peur, l' angoisse, la moquerie, la tendresse.
C' est à la fois un livre érudit mais toujours concret, précis, plein de saveur et d' humour. Un contrepoint différent mais parfaitement complémentaire des enquêtes du commissaire Montalbano.
Quel bonheur que Camilleri se soit décidé à écrire même si tardivement !
Mots-clés : #lieu #viequotidienne
bix_229- Messages : 15439
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Re: Andrea Camilleri
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Tristram- Messages : 15928
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Re: Andrea Camilleri
Pino et Saro, « jeunes géomètres dûment dépourvus d’emploi de géomètre », exercent le métier de « ramasse-poubelles » sur un terrain vague malfamé, le Bercail, qui sert de lieu des divers trafics de Vigatà, Sicile orientale. Ils découvrent un collier de valeur, puis le cadavre de l'Ingénieur Luparello, personnalité politique en vue…
C’est la première apparition du commissaire Montalbano ‒ un commissaire qui n’est pas à un manquement près, allant jusqu’à jouer le « dieu de quatrième ordre »…« …] introduction des forces vierges et non souillées par la politique (comprenez : non encore mises en examen) [… »
À propos du titre :
C’est une sorte d’allégorie pour imager comme on peut faire interpréter l’apparence, et même les faits.« Un jour, je vis que mon ami avait mis sur le bord d’un puits une écuelle, une tasse, une théière, une boîte à lait carrée, toutes pleines d’eau à ras bord, et qu’il les observait attentivement. " Qu’est-ce que tu fais ? " je lui demandai. Et lui, à son tour, me posa une question : " Quelle est la forme de l’eau ? – Mais l’eau n’a pas de forme ! dis-je en riant. Elle prend la forme qu’on lui donne." »
J’ai apprécié le style, abrupt, les brèves séquences qui se succèdent, les tours de phrases et le vocabulaire dialectal, l’ancrage sicilien du roman, une certaine érudition dans les références :
(Au fait, j'ai aussi lu Histoire de la mort en Occident, essai d'Ariès, et comme je m'en souviens, je me permets de le recommander...)« …] avec le vieux questeur Burlando, qui était un ami, une dizaine de jours auparavant, ils avaient parlé d’un livre d’Ariès, Histoire de la mort en Occident, que tous deux avaient lu. Le questeur avait soutenu que chaque mort, même la plus abjecte, conservait toujours son caractère sacré. Montalbano avait rétorqué, et il était sincère, que dans chaque mort, fût-ce celle du pape, il ne réussissait à voir rien de sacré. »
Mots-clés : #polar
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15928
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Re: Andrea Camilleri
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21645
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Re: Andrea Camilleri
Je viens de terminer "la première enquête de Montalbano" dans lequel livre comme le note Arabella sont rassemblées 3 enquêtes.
La 1ère enquête porte sur l'assassinat d'animaux dont la grandeur augmente à chaque "crime", mais un écrit laissé par l'assassin dirige Montalbano vers une évidence : la prochaine victime sera humaine.
La deuxième enquête de Montalbano se déroule à Vigatà où il vient d'être muté. L'instinct du Commissaire lui fait suivre une jeune fille dont le regard absent et la présence dans l'enceinte du Tribunal l'intriguent. La jeune fille se confit finalement au Commissaire et il parviendra avec habileté à faire "tomber" des "mafiosi" pour leurs actions répréhensibles.
La dernière enquête concerne l'enlèvement d'une fillette de 3 ans et là aussi des "mafiosi" sont impliqués.
L'écriture m'a réjouie; de la truculence et verve. Les expressions du midi qui traduisent certains mots me sont familières et ne m'ont donc pas étonnées. Je pense que les Siciliens qui sont aussi du Sud ont peut-être la même façon imagée de s'exprimer même si les termes sont différents.
Les repas du Commissaire et son bonheur de manger sont de bons moments dans cette lecture.
Je ne pense pas qu'il eut fallu dramatiser les attitudes ou langage des membres du Commissariat par rapport aux actions mafieuses. C'est avec habileté et dans le souci de préserver, les témoins et les habitants de Vigatà que le Commissaire a choisi d'oeuvrer pour résoudre et mener à bien ses enquêtes.
(récupération de 2009)
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Dernière édition par Bédoulène le Sam 11 Mai - 14:06, édité 1 fois
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Bédoulène- Messages : 21645
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Re: Andrea Camilleri
Si tu fais allusion à des tournures du genre « Que se passa-t-il ? », voici ce que dit Serge Quadruppani, dans sa préface à La forme de l'eau :Bédoulène a écrit:Je ne pense pas qu'il eut fallu dramatiser les attitudes ou langage des membres du Commissariat par rapport aux actions mafieuses.
Cette préface me paraît importante pour expliquer le pourquoi des particularités stylistiques que le lecteur français ne peut guère deviner.La sicilianité de notre auteur ne s’exprime pas seulement dans les mots, mais aussi dans la syntaxe, ce qui est ici beaucoup plus facile à rendre. Siciliano sono, « Sicilien je suis » : on trouvera beaucoup, dans le cours du texte, adaptée à notre langue corsetée, cette tournure de la langue parlée qu’emploie largement Camilleri, et dont le traducteur s’arrange, de façon qu’à la fin le verbe se retrouve placé. De même ai-je conservé l’emploi du passé simple, là où l’italien (et le français) recourrait au présent ou au passé composé : Chi successi ?, « Que se passa-t-il ? » pour « Qu’est-ce qui se passe ? ».
Point de procédé ni de pittoresque superficiel là-dedans. Ce passé simple qui, ailleurs, appartient à la langue écrite et qui, ici, au contraire, s’use quotidiennement dans le parler populaire, trahit une emphase lyrique présente dans le moindre échange langagier du peuple de Sicile – il suffit pour s’en convaincre de se promener un matin au marché de la Vucciria. Pareillement, bien des régionalismes expriment la singularité, l’insularité culturelle des gens de Vigàta et alentours. Il ne semble pas indifférent, par exemple, qu’on y utilise, au sens de « travailler », le mot travagliare qui, par le détour d’une origine française (mais ce détour est-il un hasard ?), rappelle, bien mieux que le lavorare italien, le tripalium, instrument de torture réservé aux esclaves. De même, par leur usage du mot Liggi, la loi, les personnages de Camilleri nous font-ils éprouver l’attitude d’un peuple qui a appris à vivre à l’écart de l’État.
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Tristram- Messages : 15928
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Re: Andrea Camilleri
merci pour l'extrait
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Bédoulène- Messages : 21645
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Re: Andrea Camilleri
Ce Montalbano (troisième parution) est plus truculent, cocasse et bon vivant que celui de La mémoire de l’eau, aussi plus irascible, et même à la limite de l’abus de pouvoir.
L’essai du traducteur d’interpréter le sicilien via le provençal est maintenant poussé jusqu’à un sabir caricatural (mais la question reste posée, de la limite à respecter entre la traduction littérale et la transposition sans préservation de la saveur de l’idiome).
« Les pâtes au crabe avaient la grâce d’un danseur étoile de l’opéra mais le loup farci en sauce au safran le laissa souffle coupé, quasiment effrayé. »
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Tristram- Messages : 15928
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Re: Andrea Camilleri
Lisez les tribulations du commissaire Montalbano.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Andrea Camilleri
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Re: Andrea Camilleri
Pour sa seconde apparition, c’est (notamment) une énigme historique qui mobilise cette fois le commissaire Montalbano.
L’histoire est originale dans ses vicissitudes, prenante, et un de ses grands charmes est de se déployer sur plusieurs niveaux dans le temps et les préoccupations du commissaire. C’est un « texte » (pas présenté comme un roman) très riche en références littéraires, culturelles, historiques, etc.
Les idiotismes siciliens sont spécialement rendus (tels que le fameux passé simple), ainsi qu’une vulgarité sans doute typique.
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Re: Andrea Camilleri
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Re: Andrea Camilleri
- Spoiler:
- Il y a par exemple une belle image, les amants bien vivants qu'il surprend dans la "caverne"... avant de trouver la seconde, et...
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Tristram- Messages : 15928
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Re: Andrea Camilleri
De quoi donner envie d'y (re)venir ?
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Re: Andrea Camilleri
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Bédoulène- Messages : 21645
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Re: Andrea Camilleri
Car ce livre, pour conserver la particularité du dialecte sicilien a été traduit dans le dialecte... lyonnais.
Il faut se mouiller la nuque avant de rentrer dans ce roman si on est pas un gone ou un familier de ce dialecte ! Mais une fois qu'on a assimilé toutes les expressions, on se laisse porter par ce Cent ans de solitude, version sicilienne.
Cela fait des années que je l'ai lu, je ne pourrai pas en parler en détail, mais je garde un très bon souvenir de cette fresque familiale !
ZeBebelo- Messages : 36
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Re: Andrea Camilleri
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Bédoulène- Messages : 21645
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Re: Andrea Camilleri
Une première partie raconte l’aventure de son père avec un Prince par lui sauvé, et la naissance dans la paille de l’enfant Michele ( que tous appelleront Zosimo) entouré des animaux, non pas un bœuf et l’âne mais une chèvre, des gélines et un chien.
« Tout d’un train, à une poussée plus forte, elle se benouilla entre les jambes, c’étaient les eaux qu’aidaient la tête du bébé à sortir. La douleur était grande et Filònia prit à quincher, de toute façon elle était seule. À ce moment-là, tous leurs animaux approchèrent : un chien errant désormais amaisonné chez eux et que tout le monde appelait, sans trop se tarabuster, « l’chien », une cabre d’Agrigente, une belle bête au long pelage marron, avec deux cornes de licorne et de plantureuses mamelles sombres, et quatre gélines. »
Dès son plus jeune âge Zo se révèle exceptionnel, buvant et mangeant comme un homme à 7 mois, puis à 7 ans, instruit par le Père Uhu, ermite, il sait écrire, lire et connait même le latin, ce qui est rare au 18ème siècle pour un « pagan » un paysan.
Instruit, intelligent, aimable, il sera toute sa vie l’ami, le chef, « le roi » même des paysans qui réclament son couronnement. Ce couronnement sera fait devant toute la foule des paysans, à la barbe des nobles auxquels Zosimo appliquera « ses lois », lesquelles donneront aux paysans exploités ce qui leur est dû.
Malgré son courage, sa volonté, Zosimo sera trahi par les Nobles, arrêté et condamné au gibet.
Sur les marches du gibet se présenteront à lui, les animaux de sa naissance, le Père Uhu et un magicien.
« Et quand ils arrivèrent au point où il fallait gravir le premier des cinq degrés, le capitaine dit en basset :
« Je m’arrête ici. »
Et il le dit en parfait italien, rapport que le moment était ce qu’il était et que quand le moment est ce qu’il est, c’est nécessité de japiller en italien, sinon on dit que vous avez fait votre éducation autour du collège, que vous n’êtes qu’un pauvre riclaire et pas un marquant.
Zosimo s’arrêta et se retourna pour apincher le capitaine.
« Vous ne me tenez pas compagnie jusqu’au bout ?
— Non, il vaut mieux que vous montiez tout seul, comme ça le monde qu’est agrobé sur les toits vous voit mieux.
— Et comment savez-vous qu’il y a du monde sur les toits ?
— Parce que cette nuit mes soldats les ont aidés à y grimper. »
Il tendit la main à Zosimo, Zosimo la lui serra vigoureusement.
« Merci, dit-il. »
« Il remira vers le ciel, ébaffé, et vit son cerf-volant. Le cerf-volant était revenu et se maintenait immobile en hauteur, pile au-dessus de son coqueluchon. Comment avait-il pu revenir ? Et pourquoi était-il revenu ? Puis il comprit et sentit sa poitrine s’élargir : il avait cru perdre son imagination en lâchant la corde du cerf-volant et, en fait, les choses allaient tout autrement. Au moment précis où le capitaine laissait retomber son bras, Zosimo agrappa la corde des deux mains en percevant un arrachement violent, manquablement provoqué par le cerf-volant qui reprenait de la vitesse et de la hauteur Il se mit à grimper lestement à la corde, sans éprouver de fatigue, et il se sentait à chaque mouvement de bras plus léger et plus libre.
Arrivé un moment, il s’arrêta et remira en bas. Il vit la place, les maisons avec le monde qui redescendait des toits et au mitan de la place, il vit aussi une potence avec une chose, une sorte de sac, qui pendait du gibet en dodinant.
Il éclata de rire. Et reprit à grimper »
Ainsi commença et finit la vie de Zosimo dans un éclat de rire.
Une intéressante lecture qui se déroule pendant le règne de Victor-Amédée II de Savoie alors que les Espagnols veulent reprendre la Sicile.
Evocation de la période de la « controverse de Lipari » affrontement entre les Royaume de Sicile et le Saint-Siège, qui a commencé en 1711 d'un petit conflit local entre Évêque de Lipari et deux agents fiscaux dans la même ville (une histoire de taxes sur des poischiches)
Zosimo convainc les paysans, qui n’ont rien à gagner de ce conflit de se garder
« ni le Pape, ni le Roi »
Sage mesure.
Avec l’incarcération du Père Uhu est évoqué aussi « l’inquisition »
Evocation également de la « peste » qui décima la région, de la situation sociale des « pagans ».
L’écriture « buissonnière » j’ai bien aimé.
Cette lecture vaut d’être faite, même si par moment j’ai pensé que c’était un peu trop de mascarades mais il faut se rappeler dans quel siècle se déroule l’histoire.
Merci à ZeBebelo d'avoir conseillé cette lecture.
\Mots-clés : #famille #misere #viequotidienne XVIIIe s
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21645
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