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André de Richaud

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Message par Tristram Mar 21 Sep - 19:21

La Barette rouge

André de Richaud - Page 2 La_bar10

Siffrein Machot est un journalier en colère contre sa dure existence. Enfant marqué au fer rouge par son père ivrogne, un menuisier qui fabrique son cercueil alors qu’il est saisi d’une forte fièvre, sa troisième révélation sera l’amour sous la forme du spectacle d’un homme fouettant sa femme. Fuyant la grande batteuse qui a tué un compagnon lui montrant de l’intérêt, il s’ensauvage dans les bois et la montagne provençale avant de revenir vers la civilisation pour tuer une vieille femme. C’est Le meurtre de Siffrein, première partie du roman, et la seconde sera Esther, prénom de la fille Murail revenue habiter seule la vieille bâtisse non loin du Mont Ventoux, « La Barette Rouge », lorsque son père qui en est originaire et sa mère scandinave sont morts. Cette antique « forteresse » serait celle d’un cardinal renégat, et elle est séduite par la représentation d’un jeune homme dans une fresque fort endommagée. Hiver, Esther recueille Siffrein, Été, il la dégoûte et elle le désire à la fois, tente de s’enfuir, et il la bat. Finalement il la tue et se pend.
Une ébauche de renvoi significatif apparaît au début dans les rêves de Siffrein, des « barreaux rouges » qui rappellent son martyre et le titre. Violence et humiliation forment le fond de la malsaine psychologie du livre ; quant au style, il ne m’a pas non plus enthousiasmé.
Un extrait quand même, pas trop représentatif, mais qui m’a plu :
« …] un vieux château féodal en ruines. Il a l’air d’être une grande épave de pierre couchée sur le flanc et fait ciel par toutes ses fenêtres. »

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Bédoulène Mar 21 Sep - 19:57

cela à l'air bien noir

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Tristram Mar 21 Sep - 20:03

Oui, et décevant pour ma part...

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Message par bix_229 Mar 21 Sep - 21:02

Tiens ! GGG (Grangousier Guérin) l'avait aimé, lui.
A lire pour se faire une idée. Sinon relire La Nuit aveuglante...
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Message par Tristram Mar 21 Sep - 21:18

J'ai La Douleur, La Fontaine des lunatiques et L'Étrange visiteur sous la main, un conseil serait bienvenu !

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Message par bix_229 Mar 21 Sep - 21:49

J'ai parle de La Fontaine des lunatiques. Remonte le fil.
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Message par Tristram Dim 1 Sep - 21:14

La Douleur

André de Richaud - Page 2 La_dou11

La jeune Thérèse Delombre se trouve veuve d’un officier au début de la Première Guerre, et vit seule avec son fils Georges, dix ans, dans un petit village du Comtat (Vaucluse), au bord de la Sorgue. Désœuvrée, tourmentée par la concupiscence, elle choie son enfant ; celui-ci est fort émotif, impressionnable.
« Leur sang errait dans leurs veines comme une bête traquée dans les sentiers de la forêt. Cette sombre forêt qu'est le corps ; fermée à tous dans sa lisière de peau et que seul l'amour pénètre et éclaire. »

« Le sang tournait en elle, toujours plus impérieux, demandant sa part. Vaincue et dolente, elle errait portant son cœur douloureux comme une plaie, se faisant honte à elle-même, mais exaspérant ses sens dans les plus immondes lectures. Lorsqu'elle voyait un homme, elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer son sexe. Elle ne pensait qu'à l'amour, qu'aux gestes de l'amour, qu'aux douleurs de la passion. Elle aimait éperdument. »

« Thérèse Delombre ne se sentait plus vivre. Elle était dans cet état de somnambule où tout ce qu'il y a de joie dans le besoin d'amour est noyé par la douleur de le savoir impossible à satisfaire : qui arrête le temps à mesure qu'il redouble notre impatience à vivre. Nous sentons qu'au fond de nous-mêmes, notre mort s'apprête, parce que nous ne pouvons faire la preuve essentielle de notre vie. »
Certaines observations sur l’époque motivent sans doute aussi le scandale qui accueillit ce roman.
« Parmi tous ces petits orphelins en blouse noire dont les pères n'avaient jamais été que des paysans partis pour défendre leur sol, comme on disait, il avait le plus grand mort. Les autres, en somme, avaient été tués par accident. Le capitaine Delombre avait été tué à l'ennemi parce que c'était son métier de mourir pour la France et, quand on disait en classe qu'Alexandre, Turenne avaient été de grands capitaines, Georges sentait un orgueil singulier monter en lui. Il regardait, sur son livre d'histoire un Alexandre de marbre, aux yeux creux, aux beaux bras luisants, aux genoux forts et, peu à peu, le souvenir de Delombre hurlant "Ô de beautés égales..." en caleçon et puant le mandarin-citron avait fait place à une tranquille ombre de pierre, à un mort grave et serein, dont il descendait. (N'est-ce pas là le mot employé par ceux qui font des livres d'histoire pour les fils de princes et les fils de héros ?) »

« Au cours de la guerre, pendant que tous étaient occupés aux besognes positives de la destruction, s'étendit sur l'arrière une vague de mystère. Les prédictions emplissaient les journaux et les femmes perdaient leur temps en réussites interminables. Vraiment, on avait retrouvé l'âme primitive et les voyantes distribuaient l'espoir plus sagement que l'administration le pain et le sucre. »

« Le peuple se traînait aux genoux de la Vierge comme un amant derrière sa maîtresse qui fuit. »
Des prisonniers allemands sont arrivés, censés aider dans les fermes, et parmi eux le beau Otto Rülf. Thérèse recueille une petite réfugiée qui a un œil de verre, Olga. Contrairement à ce qu’elle craignait, Georget ne devient pas jaloux d’Olga ‒ c’est elle-même qui le devient, au point de la renvoyer cruellement.
« Rien n'est plus faux, plus hypocrite que l'enfant. La confiance que, depuis des siècles, on est habitué à lui accorder est sa grande défense contre les regards de l'adulte »

« Chez deux êtres qui vivent ensemble, l'amour ne peut durer sans une constante recherche. Il doit être toujours dirigé par un effort et les enfants sont plus aptes que les adultes à donner cet effort qui peut — ils le devinent — tant leur rapporter. »
Georges découvre Dieu au catéchisme. Thérèse devient l’amante d’Otto.
« Thérèse Delombre aurait voulu que la guerre ne finît jamais. La passion l'entourait d'un cercle de feu. Elle était insensible à tout ce qui n'était pas elle. Les femmes pouvaient se vêtir de noir; les hommes pouvaient mourir là-bas! Son amour l'aveuglait, la rendait sourde et muette. Elle délaissait Georget et cela pouvait se voir au soin qu'elle mettait à le vêtir. Elle remplaçait les baisers d'autrefois par de jolis tricots et par des jouets.
Elle se sentait un peu coupable, envers lui et pas du tout envers le souvenir de son mari. Les premiers soirs, couchée après les étreintes d'Otto, elle éprouvait une douleur délicieuse à se dire :
— C'est mal ce que tu fais là.
Le langage romanesque, comme il guide celles de beaucoup de femmes sans intelligence, guidait ses pensées : — Ton mari est mort pour défendre sa patrie... et toi... — Sa cervelle étant peu faite pour l'abstraction, tout de suite, elle tombait dans le "que diraient les gens s'ils le savaient ?" »
À cause d’une indiscrétion de Georges (qui n’a pas vraiment compris la situation) au confessionnal, le village met Thérèse en quarantaine ; Georges la prend en aversion ; elle est enceinte, songe à partir, à se suicider.
La vraie coupable, c’est la libido. À la lecture de ce roman, qui d’après l’éditeur serait le premier d’André de Richaud, et malgré quelques maladresses dans le style, j’ai d’abord songé à Radiguet et Alain-Fournier, puis à Flaubert ; mais de Richaud a une voix propre.

\Mots-clés : #premiereguerre #psychologique #relationenfantparent #ruralité #sexualité

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Message par Bédoulène Lun 2 Sep - 10:00

merci Tristram, sur ma liste

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