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Paul Léautaud

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Message par Tristram Ven 29 Juil - 11:56

Paul Léautaud
(1872 – 1956)

Paul Léautaud Paul_l10

Né à Paris Ier le 18/01/1872 d'un père comédien et souffleur à la Comédie-Française, Paul Léautaud est abandonné à cinq jours par sa mère, comédienne, qui lui préfère ses amies des Folies-Bergères. Marie Pezé, la bonne de son père, s'occupe de l'enfant, l'emmenant souvent avec elle dans sa mansarde où le petit Paul est plus heureux qu'au domicile paternel. Adolescent, il se passionne pour la poésie et à vingt ans, il découvre Stendhal. Comme son père, souvent violent, refuse de dépenser pour lui, Paul Léautaud exerce divers petits boulots dès après l'école élémentaire, avant d'entrer en 1889 à La République française. En 1893, il commence son journal, dont le premier volume sera publié en 1954. Le Petit Ami paraît en 1903 et, en 1908, il entre comme secrétaire au Mercure de France, y assurant une rubrique théâtrale qu'il assure également à la NRF et aux Nouvelles Littéraires. Solitaire et reclus, préférant la compagnie des animaux grands et petits, Paul fréquente néanmoins les milieux littéraires et intellectuels parisiens. Détestant les histoires de fiction, pour l'écrivain, vie et écriture se rejoignent, et il ne cesse d'observer ses contemporains transformant ce qu'il vit en matière littéraire, transcrivant ses convictions dans un style direct et souvent acerbe. Son journal, divisé en deux parties, Journal Littéraire et Journal Particulier, est publié en dix-neuf volumes ; il y travaille jusqu'à quelques jours avant sa mort à Châtenay-Malabry le 22/02/1956.
(Babelio)

Œuvres :
• 1900, avec Adolphe van Bever : Poètes d'Aujourd'hui [1880-1900], morceaux choisis accompagnés de notices biographiques et d'un essai de bibliographie, Paris, Mercure de France.
• 1903 : Le Petit Ami, Paris, Mercure de France.
• 1909, en collaboration avec Van Bever : Poètes d'Aujourd'hui, morceaux choisis accompagnés de notices biographiques et d'un essai de bibliographie, Paris, Mercure de France.
• 1926 : Le Théâtre de Maurice Boissard : 1907-1923.
• 1928 : Passe-Temps, Paris, Mercure de France.
• 1929, initialement en collaboration avec Van Bever : Poètes d'Aujourd'hui, morceaux choisis accompagnés de notices biographiques et d'un essai de bibliographie, Paris, Mercure de France.
• 1929, Lettres 1902-1918, éditions Mornay.
• 1942 : Notes retrouvées (Imprimerie de Jacques Haumont, Paris).
• 1943 : Le Théâtre de Maurice Boissard - 1907-1923 - avec un supplément.
• 1945 : Marly-le-Roy et environs, Éditions du Bélier.
• 1947 : Propos d'un jour, Mercure de France.
• 1951 : Entretiens avec Robert Mallet, Paris, Gallimard.
• 1954 à 1966 : Journal littéraire 19 volumes, Paris, Mercure de France.
• 1956 : In Memoriam, Paris, Mercure de France.
• 1956 : Lettres à ma mère, Paris, Mercure de France.
• 1956 : Le Fléau. Journal particulier 1917-1930, Paris, Mercure de France.
• 1958 : Amours
• 1958 : Le Théâtre de Maurice Boissard : 1915-1941 (tome 2).
• 1959 : Bestiaire, Paris, Grasset.
• 1963 : Poésies.
• 1964 : Le Petit ouvrage inachevé.
• 1966 : Lettres à Marie Dormoy, Paris, Albin Michel, réimprimé en 1988.
• 1968 : Journal littéraire, Choix par Pascal Pia et Maurice Guyot.
• 1968 : Correspondance Paul Léautaud-André Billy 1912-1955, Le Bélier.
• 1986 : Journal littéraire, édition complète en 4 volumes, Paris, Mercure de France.
• 1986 : Journal particulier 1933, présenté par Edith Silve, Paris, Mercure de France.
• 1992 : Correspondance de Paul Léautaud, tome 1, 1878-1928 recueillie par Marie Dormoy, Paris, Mercure de France.
• 1992 : Correspondance de Paul Léautaud, tome 2, 1929-1956 recueillie par Marie Dormoy, Paris, Mercure de France.
• 2004 : Chronique poétique, Éditions Sigalla.
• 2012 : Journal particulier 1935, présenté par Edith Silve, Paris, Mercure de France.
• 2016 : Journal particulier 1936, présenté par Edith Silve, Paris, Mercure de France.
• 2020 : Journal particulier 1937, présenté par Edith Silve, Paris, Mercure de France.

(Wikipédia)

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Tristram Ven 29 Juil - 12:04

Le petit ami

Paul Léautaud Le_pet10

Léautaud se propose, dès le commencement de son premier roman et en référence aux Souvenirs d’égotisme de Stendhal (dont il était féru), d’évoquer ses souvenirs d’enfance et de sa mère disparue, qu’il retrouve un peu chez ses petites amies dans son Paris natal.
« Moi qui pourtant me regarde sans cesse agir et rêver, jamais je n’avais encore autant pensé à moi. »

« Presque chaque soir je partais pour aller retrouver mes amies et me préparer auprès d’elles à écrire ce livre. »
Très tôt, il est attiré par les femmes, notamment les prostituées, et le voilà, vers la trentaine, passant ses soirées à la Belle Époque (celle notamment de Toulouse-Lautrec), surtout aux Folies-Bergère, avec lesdites lorettes ou cocottes − femmes légères, de plaisir, complaisantes, frivoles et/ou volages, s’il est possible de faire abstraction de la connotation péjorative de ces expressions, à prendre à la lettre en admettant qu’une femme puisse être libre de disposer de son corps.
« Pas besoin, avec elles, de faire des phrases. Un coup d’œil significatif, un court colloque, et l’on va s’aimer. »

« Il lui suffit de se prêter, de créer du bonheur, de laisser jouir de sa beauté, de ses gestes bienfaisants apportant à plaire et à satisfaire des soins toujours neufs et, ce qui est inestimable, une impudeur à peine obscène. »

« Ce n’était pas de l’amour que je venais demander à ces femmes. Mes projets de littérature me fatiguaient bien assez. C’était de la grâce, de la douceur, quelque chose qui relevât la fadeur de mes journées, passées à des besognes, parmi des gens sans tendresse. »
Il se présente lui-même comme un personnage otieux, nonchalant et sensible (voire romanesque), las de la littérature où il besogne peu à ses ambitions ; mais surtout il peint ce milieu à la fois brillant, languide et frénétique, et plus encore ses amies, avec tendresse et sincérité, et même un ton trompeusement badin, une ironie à peine perceptible (cf. la mort de la Perruche à l’hôpital). Puis Léautaud narre son ardente passion, assez équivoque, pour sa mère qu’il retrouve momentanément.
« Avoir grandi seul, élevé par des mains étrangères… M’être tant promis de la séduire, pendant tant d’années, si jamais je la retrouvais… »
Léautaud termine en résumant sa méthode d’écriture.
« Je parle de ce travail, le seul vrai, qui consiste à ne rien faire, à penser seulement à ce que l’on veut faire, à le distribuer en soi, à le voir en soi, par fragments et en entier, etc. »

\Mots-clés : #autobiographie #creationartistique #intimiste #jeunesse #nostalgie #temoignage #xxesiecle

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Message par ArenSor Ven 29 Juil - 19:06

De Léautaud il faut lire le journal littéraire : un de mes très grands moments de lecture !
A écouter aussi, les entretiens avec R. Mallet qui donnent une bonne idée du personnage.
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Message par Bédoulène Dim 31 Juil - 8:18

merci Tristram, ce livre se lit comme des nouvelles ?

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par Tristram Dim 31 Juil - 12:08

Non Bédoulène, pas du tout.

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Message par Bédoulène Dim 31 Juil - 19:04

ok !

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Message par Tristram Mar 8 Aoû - 12:35

Journal particulier 1933

Paul Léautaud Journa14

Paul Léautaud, soixante et un ans, qui a déjà Anne Cayssac (« le Fléau ») comme maîtresse depuis dix-huit ans, est invité chez elle par Marie Dormoy, une bibliothécaire du milieu littéraire et artistique gravitant autour du Mercure de France, et qui ne le séduit guère.
« Et ce n’est pas que je tienne à aucune aventure. Franchement non. Ma tranquillité, ma santé, mon travail. »

« Enfin, raté, raté, raté, comme il arrive toujours en pareil cas, comme il m’arrivait même quand j’étais jeune. Tout est, chez moi, une affaire de tête. Si la tête ne marche pas, bonsoir. J’ai dû lui laisser une fichue opinion de moi. »
Dans le même temps abordé par une « dame de La Varenne », il cherche à éviter ces relations.
« Mais sans le vrai attrait, pas de vrai plaisir. Je parle pour moi ! On ne fait rien de bon cœur. Je ne sais même pas s’il n’y a pas : mauvais cœur. »
Rapports sexuels aboutis avec Marie (version que cette dernière contestera dans ses Mémoires), suivis de craintes hypocondriaques, et liaison de plus en plus suivie.
« J’ai relu mes notes, la même chose que pour le Fléau au début : pas mon type, pas attrait complet, et ceci, et cela. Et Dieu sait ce que je suis devenu dans la suite, à l’égard du Fléau. Que cela ne m’arrive pas avec M. D., je le souhaite vivement. »

« Je ne suis pas si éteint que je croyais et craignais. Cela n’a été qu’un moment. Cela vaut tout de même mieux. Ce qui ne m’empêche pas de penser dans quelles histoires suis-je en train de m’engager. Voyez-vous qu’elle se prenne au jeu et se mette à tenir à moi. Grands souhaits que non. »
Importance des gestes impudiques, des propos polissons, qui l’excitent, comme leur correspondance.
« Elle s’est payée du plaisir ce matin avec abondance, mais j’ai eu l’occasion de la regarder une minute : quel manque de grâce sur le visage dans le plaisir. Comme les femmes peuvent offrir des physionomies différentes, les hommes aussi sans doute. »
Maladresses (elle est trop souvent « malade » à son goût) :
« (Ses avortements, quatre fois.) J’ai commis alors un impair, ne pouvant pas me douter qu’elle y serait à ce point sensible, en lui disant en plaisantant : « Tu aurais mieux fait d’avoir quatre enfants. » – Ce qui lui a amené des larmes, presque à pleurer pour de bon. Est-ce souvenir d’hommes qu’elle a aimés, est-ce sorte de sensibilité maternelle ? J’aurais certes mieux fait de ne pas tenir ce propos. »
Léautaud regrette qu’elle ne soit pas « jolie », ni assez démonstrative dans l’acte ; ils échangent des petits mots, qui ne sont pas sans une certaine goujaterie de sa part.
« Elle n’est pas jolie. Elle est comme un mannequin quand elle fait l’amour. Elle n’a rien de très agréable à montrer quand elle est nue. Elle devrait comprendre cela.
Quoiqu’il soit bien agréable, telle qu’elle est, de l’avoir l’été, pendant l’absence du « Fléau ». Surtout, maintenant, que tous les deux arrivés à une certaine intimité et liberté physiques. Tout est ainsi dans la vie, dans tous les domaines : il faut savoir se contenter d’à peu près.
Je comptais pourtant bien m’offrir ce soir une séance. »
Et effectivement, c’est lui qui la poursuit, quoiqu’il en dise.
« J’ai encore fait cette remarque : elle ne prend un visage un peu intéressant qu’après avoir joui trois ou quatre fois. Mais pas moyen de la faire parler. Elle rit quand je lui reproche son mutisme. « Au fond, tu voudrais que je te dise des cochonneries. Moi je trouve que dans la jouissance on n’a pas besoin de parler. » Elle est d’une école qui n’est pas la mienne. »
Il est méfiant aussi à propos de son Journal littéraire, que Marie l’engage à céder à sa bibliothèque (en lui en conservant l’accès).
Il est bon de rappeler que Marie Dormoy, elle-même écrivaine, devint la dactylographe du Journal littéraire, et contribua essentiellement à faire publier l’œuvre de Léautaud.
Cru voire cuistre, regard clinique, ce journal privé m’a paru tel que pourraient le rédiger nombre d’hommes – et ce peut être un regret de ne pas l’avoir fait !

\Mots-clés : #autobiographie #erotisme #journal #sexualité #vieillesse

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Message par Bédoulène Mar 8 Aoû - 16:42

Oh! Tristram ! est-ce à dire que tu fais partie de ces hommes ? car je n'ai bien sur pas lu le livre mais ton commentaire me fait penser que l'homme, cet homme du moins est goujat.

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Message par Tristram Mar 8 Aoû - 17:09

Il y a une forme de raccourcis qu'on peut effectivement considérer comme d'un goujat. Maintenant, il s'agit d'un journal intime, et l'ellipse malotrue peut s'entendre comme un abrégé facilement mémorisable (surtout réservé à un usage personnel, "sans fard").
Un exemple purement fictif : "Elle a de beaux nichons, mais qu'est-ce qu'elle est chiante", notation laconique qui pourrait devenir dans une communication plus soutenue : "elle a des attraits certains, mais reste pénible à supporter au quotidien". C'est un franc-parler politiquement incorrect, qui se retrouve je crois dans nombre de conversations privées, quelque soit le genre...
L'étymologie de "goujat" (d'après le Robert) est intéressante :
xve, gougeas, au plur.; fém. gouyatte, av. 1549; de l'anc. provençal gojat «  gars  », hébreu goja, gōya «  servante chrétienne  », fém. de goï. → 2. Gouge, gouine, goy.
Le sens moderne :
Mod. Personne sans usage, manquant de savoir-vivre et d'honnêteté, et dont les indélicatesses, volontaires ou involontaires, sont offensantes. è Malotru, mufle, salaud [...] REM. Goujat, comme mufle, s'emploie particulièrement lorsqu'il s'agit d'injures faites à une femme.
Mais je ne nierais pas qu'il y ait là une orientation sexiste, dont l'érotisme ne se dépêtre guère d'ordinaire.

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Message par Bédoulène Mer 9 Aoû - 13:33

merci du complément Tristram !

et perso goujat je trouve péjoratif..........et je te vois plus comme un polisson! Wink

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Message par Tristram Ven 30 Aoû - 11:49

Propos d'un jour

Paul Léautaud Propos10

D'abord des aphorismes sur l’amour, qui pour Paul Léautaud est essentiellement une question de plaisir. Puis des Notes retrouvées, de 1927 à 1934.
« Ce qui fait le mérite d’un livre, ce ne sont pas ses qualités ou ses défauts. Il tient tout entier en ceci : qu’un autre que son auteur n’aurait pu l’écrire. Tout livre qu’un autre que son auteur aurait pu écrire est bon à mettre au panier. »
Sous le titre Marly-le-Roy et environs sont regroupées des notes parues dans la presse de 1931 à 1938 : outre l’amour de Léautaud pour les femmes, mais aussi pour les animaux, et observations humaines de sa position de secrétaire de rédaction aux éditions du Mercure, on y trouve des opinions sur la littérature (il évoque également ses lectures de La Rochefoucauld, Chamfort, mais aussi Stendhal et Voltaire).
« Je me relis souvent. De là que j’écris peu. »

« Je n’aime pas la grande littérature. Je n’aime que la conversation écrite. »
Dans Gazette d’hier et d’aujourd’hui, sa plume est encore plus acide, tandis qu’il reprend sur le mode parodique ses détracteurs.


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Message par Bédoulène Sam 31 Aoû - 21:48

bon, il faudra que je tente, merci Tristram

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