Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Ven 10 Mai - 7:25

330 résultats trouvés pour Nouvelle

Edith Wharton

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 41v8lw10

La plénitude de la vie.

Une femme meurt, arrivée dans l'au-delà elle est reçue par l'Esprit de Vie lui dit son étonnement d'un tel lieu, beau serein, elle lui confie que dans sa vie terrestre elle n'a pas connue la plénitude, dont elle a pourtant eu un aperçu dans la beauté d'une église. Elle identifie son corps comme la composition d'une maison mais dont la porte de la pièce intime là où se trouve son âme, n'a jamais été poussée, même pas par son mari. Sa vie en ce lieu pourrait-il offrir plus que la vie qu'elle a quittée, un homme qui pousserait-il la porte, la "plénitude" espérée ?  Un grincement de bottes, une porte qui claque peuvent-être une réponse. Sait-on reconnaître le bonheur ?

La lampe de Psyché

Delia Corbett est une femme comblée, après un premier mariage difficile, elle a trouvé en Corbett un homme parfait, beau, aimant, aimé. C'est lors d'une visite chez une tante d'Amérique dans un milieu "vertueux" qu'une question posée amène une déconvenue envers «l'homme idéal». Quel cynisme dans la conclusion de Délia : Et à l'adoration passionnée qu'elle avait payé pour avoir son mari elle substitua une affection tolérante qui offrit exactement les mêmes avantages.

La vue de Madame Manstey

Madame Manstey est veuve, seule, son unique fille vit au loin, après une vie médiocre son petit bonheur quotidien est la vue de sa fenêtre. Elle a plaisir à voir en toutes saisons les plantes, les cours,  les maisons et leurs habitants au-dessous de sa fenêtre et jusqu'au loin le clocher, le ciel. Mais un jour la propriétaire d'une des maisons décide de faire construire une extension, laquelle construction occulterait la vue de la vieille dame. Mme Manstey offre 1000 dollars de son économie à la propriétaire afin qu'elle renonce. Qui peut croire à un tel renoncement ? seule Mme Manstey qui punira celle qui a promis. Mais vous connaissez la fin du pot de terre contre le pot de fer !


L'atmosphère est feutrée, compensée, une impression que tout se passe en catimini dans ces nouvelles.


mots-clés : #nouvelle
par Bédoulène
le Mar 20 Déc - 9:32
 
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Sujet: Edith Wharton
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Marcel Aymé

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 Passe-10 Le passe-muraille (recueil de nouvelles)

Un recueil de nouvelles qui ont toutes (ou presque) la particularité de glisser une part d'irrationnel dans la vie des personnages. L'un se réveille capable de passer à travers les murs, Sabine a un don d'ubiquité, d'autres jugés inutiles ne vivent qu'une partie du temps et meurent de l'autre, etc. L'élément fantastique apparait au détour d'une vie plutôt banale (mais je retiens avec infiniment d'intérêt la manière dont Aymé décrit la misère parisienne, la 'zone' de bidonvilles que sont alors certains quartiers comme Saint-Ouen...) et s'étire jusqu'au bout d'une logique qui déforme la réalité. C'est à la fois extrêmement revigorant, inventif et plein d'humour. Les situations, poussées à l'extrême, prennent une coloration étrange, parfois naïve (Les bottes de sept lieues) ou glaçante (Le Percepteur d'épouses).

La langue est, elle aussi, toute colorée, à la fois gouaillante, grouillante, charbonnière et rigolote, libre et légèrement surannée.

Un recueil attachant.



mots-clés : #nouvelle
par shanidar
le Lun 19 Déc - 13:02
 
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Sujet: Marcel Aymé
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Sigismund Krzyzanowski

Rue involontaire

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 31lbrf10

Composé de trois textes, Rue involontaire, la clepsydre et le feutre gris pour clore l'ouvrage. Si ces trois récits sont passionnants, je coupe tout suspense en déclarant avoir préféré le dernier.
Dans le premier texte qui est épistolaire, le narrateur écrit à des gens qu'il ne connait pas. Seul, souffrant de cette solitude, et ayant des timbres qui ne servent pas, il décide d'écrire à ses voisins, des voisins semblant partager une vacuité existentielle dans un lieu vide également. C'est triste, mais tristement vrai.
Le second est l'histoire d'un homme qui, pour combler son inutilité ontologique, décide de boire de telle sorte que son ivresse puisse renseigner du temps qu'il passe et de l'heure qu'il est. Sa fonction deviendra alors sa nature, et son vide sera un trop plein de ce qui lui nuit. Sage conclusion philosophique de penser que le vide comme le plein peuvent constituer le néant de nos vies. grosse leçon qui n'en est pas une, un bien bel apprentissage que seuls les livres peuvent nous indiquer avec tant de clarté.
Le dernier est l'histoire d'un chapeau parasité par un pessimisme dépressif personnifié. Dès qu'un quidam passe et porte le chapeau qui se transmet suivant une malédiction fatale, le pauvre homme broie du noir par cet esprit Aquoibon jusqu'à désirer le suicide. Encore un très bon enseignement philosophique que de penser que le nihilisme et l'inertie sont davantage une cause de suicide que le simple mais douloureux malheur. Car à l'inverse de ce dernier, ne plus savoir quoi faire, ne plus tenir compte des conséquences et ne plus rien ressentir sont déjà des débuts de mort.
Très petit livre par le nombre de pages, chef d'oeuvre par le style, ouvrage indispensable par le contenu. Kant déclare qu'il y a des impératifs catégoriques en morale, il y a je pense des impératifs littéraires, des livres qui par leurs écrits conduisent à un universel et doivent donc être lus par l'univers entier. Cet ouvrage en fait partie. Magnifique.


mots-clés : #nouvelle
par Hanta
le Dim 18 Déc - 19:35
 
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Sujet: Sigismund Krzyzanowski
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Phil Klay

Fin de mission
Redeployement, Traduit de l'américain par François Happe

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 Cgbxno10

12 nouvelles pour décrire une guerre, celle d'Irak, et parler des soldats, douze marines qui n'ont réellement en commun que d'en être revenus. Et à  chaque histoire personnelle,  au delà de cette extraordinaire solidarité d'avoir participé au même combat, d'avoir eu les mêmes peurs et les mêmes ennemis, partagé les mêmes cuites,  la singularité de chacun, ses aspirations, ses modes de défense, son possible ou impossible retour. Des jeunes héros qui ne sont que des hommes (ou des enfants?), qui s'interrogent,  qui ne savent plus se regarder ou accepter le regard des autres (dans une analogie indiscutable avec Refus de témoigner).

Phil Klay mêle action et réflexion, violence et tendresse, cynisme et humour, dans une interrogation aussi indispensable qu'elle n'a pas de réponse. Chacun des douze soldats est là, prend aux tripes, la guerre c'est tous les stéréotypes qu'on s'est construits, mais aussi ce n'est jamais ce que l'on croit.  Quelques moments de flou dont je ne sais s'ils sont dus à mon incompétence guerrière ou à la traduction n'ont pas suffi à détruire l’emprise puissante et poignante de ce roman d'une guerre qui est peut-être plus largement le roman d'une génération.

(commentaire récupéré)

mots-clés : #nouvelle  #guerre
par topocl
le Dim 18 Déc - 15:48
 
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Sujet: Phil Klay
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Saki

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 51phad10

L'omelette byzantine

Les héros de Saki, tous issus de la bourgeoisie victorienne, passent leur temps à se jouer des tours pendables. Et si certains agissent par malice, les plus nombreux cachent, sous couvert de respectabilité, des abîmes de calcul et de dissimulation...
L'humour délicieusement vachard de Saki brocarde cette bonne société anglaise qu'il connaît à la perfection ; il se fait un malin plaisir à la ridiculiser, dévoilant au lecteur ce que cache le masque des convenances.

Si les trois premières nouvelles m'ont laissée quelque peu mitigée, plus j'avançais dans ma lecture, plus je me délectais. La nouvelle qui donne son titre au recueil, par exemple, fait montre d'un sens du rythme et de la répartie proche du théâtre qui m'a enchantée.
Qu'il lorgne du côté de l'absurde et du fantastique ou reste plus terre à terre, Saki a le don, en seulement quelques pages, d'entraîner son lecteur dans un univers qu'il croque à merveille, de le manipuler et de le surprendre avec un art consommé de la chute. Pour le plaisir de lire encore quelques lignes on est prêt à tout lui pardonner, y compris sa misogynie…

Rarement la méchanceté aura été aussi réjouissante...

Extrait :
(Notons que la jeune Laura est condamnée : « [i]le docteur m'a donné la permission de vivre jusqu'à mardi », et qu'elle pense se réincarner en animal.)[/i]

_ Pour ma part, reprit Laura, je crois qu'une vie de loutre doit être assez agréable ; du saumon toute l'année, la satisfaction de pouvoir aller chercher les truites dans leurs trous sans avoir à attendre des heures qu'elles condescendent à sauter sur la mouche qu'on agite devant elles ; une silhouette svelte et élégante…
_ Pensez aux chiens, intervint Amanda. Ce doit être affreux d'être chassée, traquée et finalement tuée par la meute !
_ Ça doit être assez drôle, car cela se passe sous le regard de la moitié des voisins et ce n'est certainement pas pire que cette lente agonie du samedi au mardi ; et puis il faut que je change un peu. Si j'ai été une loutre convenable, je reviendrai peut-être sous une forme humaine ; sans doute quelque chose d'assez primitif : un petit nègre tout nu, j'imagine.
_ J'aimerais vous voir plus sérieuse, soupira Amanda. Vous devriez vraiment, si vous ne devez vivre que jusqu'à mardi.
En fait, Laura mourut le lundi.
_ Cela nous complique vraiment les choses, déplora Amanda auprès de son oncle par alliance, Sir Lulworth Quayne. J'ai invité un tas de gens à venir jouer au golf et à pêcher, et les rhododendrons sont en pleine floraison.
 _ Laura a toujours été très sans-gêne, répondit Sir Lulworth ; elle est née la semaine du Grand Prix, et alors qu'il y avait dans la maison un ambassadeur qui avait horreur des bébés.


(ancien commentaire remanié)


mots-clés : #nouvelle #humour
par Armor
le Dim 18 Déc - 15:10
 
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Sujet: Saki
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Roland Topor

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 41wqtc10

Vaches noires

De très courtes nouvelles qui suivent un fil de pensée ou transmutent une petite histoire de simple banalité dans toute sa splendeur. La dérive vers un surréalisme très épuré (on ne sent pas d'intention obligatoire derrière) et l'humour direct et très à froid pouvant être franchement noir, il faut reconnaître que le cocktail est assez sévère.

ça pourrait faire penser à Buzzati dans un mauvais jour, ou un jour d'orage.

n'empêche ça fait du bien. Très envie d'y revenir, et pas que pour des souvenirs télévisuels. J'apprécie au passage ce commentaire sur Le Locataire chimérique.

Avec ou sans Disneyland, je reprends ces beaux petits extraits :

"Euro-Disneyland est la Patrie du Malheur"

"n'empêche que Mickey Mouse demeure le véritable initiateur du projet destiné à rendre les enfants encore plus cons que leurs parents. "


"Vous ne comprenez pas ? Alors je vais vous mettre les points sur les i d'idiots.
Un enfant con, c'est un malheur.
Il confond l'héroïne pure et la purée de pommes de terre, il se met la cuillère dans l'œil parce qu'il rate la bouche, au lieu d'écrire sur son cahier, il se plante son porte-plume dans le bide, il devient accro à Dorothée et à Jacques Martin, il boit de longues rasades du parfum empoisonné de sa maman, il se taillade les veines avec les lames de rasoir de son papa, fourre le nouveau né dans la machine à laver, flanque le feu à la maison, se jette par la fenêtre du sixième étage pour voler comme Peter Pan, tire la queue des chiens enragés, vote pour Le Pen, enfonce ses doigts dans la prise de courant et finir par s'enfermer dans le four à micro-ondes."


(message de récup).


mots-clés : #nouvelle
par animal
le Dim 18 Déc - 0:00
 
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Sujet: Roland Topor
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Julien Green

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 Ldp02010

C'est la lecture du livre Le voyageur sur la terre qui a déclenché en moi l'envie de rejoindre un forum littéraire, le vôtre. Parce que ce type de roman, de sujet ne me sont pas coutumiers, et parce que je me suis rendue compte que sa langue était pourtant très marquante. Trois mois après sa lecture me revenaient des sensations de ce détour buissonnier, au point de souhaiter le recommander. Un beau jour force m'a été de constater que j'aurais bénéfice à explorer davantage hors de mes sentiers sur-battus. Quel meilleur chemin que celui du dialogue et du partage ?

Hop. Forum

(merci Green)

«Le voyageur sur la terre» est une grosse nouvelle, Daniel, son protagoniste, se lance à l'assaut d'une nouvelle vie d'étude, mais dés son arrivée à la grande ville rien ne lui est donné, tout lui est épreuve, et peu à peu les codes du fantastique prennent place pour nous laisser dans un troublant malaise face à une perte totale de sens. Super glauque et bien mené. C'est de mémoire, je ne pourrai détailler davantage. Notion du double trompeur, très développée, de la psychose avant qu'on l'appelle ainsi, effroi et désarroi. très chouette. Brrrr


mots-clés : #nouvelle
par Nadine
le Sam 17 Déc - 16:31
 
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Sait Faik Abasiyanik

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 41kmv911

Le samovar

Quiconque lit Abasiyanik pour la première fois, est frappé, moins par son identité turque d'écrivain de la première moité du XXe siècle que par l'originalité de l'auteur.
Sur la façon bien à lui de conduire un récit, de faire preuve d'une extraordinaire liberté de ton et de style, de vocabulaire.

Comme l'écrit Nadim Gursel,  romancier turc contemporain dans la préface : "Sa syntaxe déroutante brouille les fontières de la réalité".

Et ailleurs :
"Sa singularité tient d'abord à sa langue. Dans la littérature turque, il est le seul écrivain qui recourt à ce qu'on pourrait appeler un "sabir" où se superposent le langage populaire de la grande ville et ce turc du Levant, où se mêlent des mots grecs, français, et même parfois judéo-espagnol"...

On imagine facilement le travail du traducteur s'arrachant les cheveux. De fait, ils se sont mis à trois. Mais on ne s'empêcher de penser que ce travail de virtuose perd une part de sa richesse et de son originalité à la traduction.
Si on ajoute que la vivacité de l'auteur nous fait passer du réalisme le plus franc à l' onirisme, Abasiyanik aimait se cacher, brouiller les pistes, créer l'ambiguité. Recourrant à l'élipse, à une certaine obscurité volontaire.

Les personnages du nouvelliste sont des marginaux, losers, gens du port, commerçants. C'est à travers eux et leur vie quotidienne, qu'on perçoit l'univers de l'auteur. Un être insomniaque, fébrile, en perpétuel vagabondage. Y compris dans sa tête. Souvent seul. Se parlant à lui-même ou à son double, Panjo.

Il faut découvrir cet écrivain qui, je l'ai lu, eut beaucoup d' influence sur ses contemporains et ses successeurs.

"La mort s'invita chez la mère d' Ali comme une âme coiffée d'un foulard, une dama dévote. Sa journée était occupée à préparer pour son fils le thé du matin et les deux plats du soir. Mais elle ressentait une douleur sourde dans un coin de son coeur ; l'après midi, quand elle grimpait en vitese les escaliers, son corps fripé manquait de souffle, transpirait dans la mousseline, était pris de langueur."
Le Samovar, pp. 16-17


Un matin, avant même le réveil d' Ali, un malaise l'avait prise près du samovar ; elle s'était effondrée sur la chaise à coté. Pour ne plus se relever.
Tout en s'étonnant que la mère ne l'eut pas réveillé ce matin-là, Ali fut long à réaliser que du temps avait passé...
Il bondit. S'arrêta sur le seuil de la pièce. Comtempla  la morte qui semblait sommeiller, les mains appuyées sur la table. Il croyait qu'elle dormait. Il s'avança à pas lents. Il la prit par les épaules. Quand il effleura de ses lèvres les joues qui commençaient à refroidir, il frissonna.
Il l'enlaça. Il l'emmena dans son prore lit. Il tira la couverture sur elle, tenta de réchauffer le corps qui commençait à refoidir… A cet être froid, il s' efforça de donner son corps, ses sensations...
Malgré toute son envie, il ne put pleurer ce jour-là. Les yeux lui brûlaient mais pas une larme ne vint..



Message récupéré


mots-clés : #nouvelle
par bix_229
le Sam 17 Déc - 15:52
 
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Sujet: Sait Faik Abasiyanik
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Italo Calvino

Si par une nuit  d'hiver un voyageur

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 41dtyh10

Chapitres 1 à 7

C’est confondant d'intelligence, éblouissant de malice, émerveillant de sensibilité. Le premier chapitre, en particulier, est LE chapitre que j'emmènerais sur une île déserte.
Cela parle du livre, de l'amour des livres, des lecteurs, c'est-à-dire de moi, de nous, en somme. Dans une espèce de livre à tiroirs, de jeux de piste, de parcours ludique au pays des livres. Calvino confronte deux lecteurs : le lecteur-personnage de  son livre, et le lecteur-lecteur de son livre, qu’il apostrophe tous deux avec un « tu »complice, les fait se regarder alternativement dans un miroir, et à travers une vitre. Il leur propose en pâture des amorces de romans réjouissantes, où l'absurde le dispute au loufoque, et où manque systématiquement la fin qu'on va chercher dans un autre livre non moins inachevé. C'est totalement brillant et réjouissant.

«Ton appartement, c'est le lieu où tu lis : il peut nous dire la place que les livres tiennent dans ta vie, s’ils sont une défense que tu opposes au monde extérieur, un rêve où tu t'absorbes, comme une drogue ; ou au contraire autant de ponts que tu jettes vers l'extérieur, vers un monde qui t’intéresse au point que tu veuilles en multiplier et en élargir grâce aux livres les dimensions.»


Chapitres 5 à 10

Italo Calvino n'est pas du genre à se contenter de suivre un chemin tout tracé. Il veut en faire plus, et  poursuit sa réflexion sur le livre, l'écriture, aborde la traduction et le plagiat,  nous entraîne dans une réflexion sur la fiction, le faux, la mystification et la manipulation. Et évidemment nous mystifie et nous manipule. Il y a tout un jeu sur le roman d'espionnage, un chassé-croisé complexe avec le lecteur et cela devient beaucoup plus dense et touffu, moins lumineux, en bref assez confus et cela est devenu pour moi une espèce de galimatias oppressant et ennuyeux..

Chapitre 11 et 12

On retrouve le Calvino du début, clair, lumineux, malicieux, intelligent, c'est à nouveau totalement drôle et vrai, tout un chœur de lecteur s’adresse à nous, chacun a sa façon de lire et d’aimer lire , et nous découvrons que nous sommes la somme de tous ces lecteurs, c’est un enchantement. Car, le saviez-vous, chaque lecteur a sa façon de lire, et pour chaque lecteur, un même livre est différent.

Rarement livre a éveillé en moi des réactions aussi contrastées. Je ne saurais en aucun cas le condamner, car de nombreux lecteurs avant moi ont été totalement enthousiastes, et aussi, car je trouve qu'il y a énormément de choses excellentes là-dedans.

(commentaire rapatrié)



mots-clés : #humour #nouvelle #universdulivre
par topocl
le Sam 17 Déc - 9:13
 
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Sujet: Italo Calvino
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Robert Musil

Je profite de l'occasion pour m'incruster en début de fil. Il faut dire que c'est un excellent souvenir de lecture. Certes les détails se sont effacés de même que la plupart des images mais la qualité de l'impression est particulièrement durable. Dans ces pages il y a un rare alliage de la forme littéraire et de l'imagerie de la pensée et du sentiment, ça devient un espace-temps complet que l'on traverse ou habite le temps de la lecture. Comme ça c'est bien il est en début de fil, Törless on y reviendra plus tard.

Ce que je pouvais en partager en 2009 (déjà !) :

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 51adxx10

Trois femmes suivi de Noces

quatrième de couverture a écrit:Voici réunis en un seul volume les deux recueils de nouvelles publiés, le premier, Noces, en 1911, le second, Trois femmes, en 1924. Trois femmes font trois nouvelles portant chacune le nom d'une héroïne, énigmatique pour l'homme qui l'aime. Noces comprend deux récits ayant pour personnages l'un Véronique, l'autre Claudine. L'amour, la jalousie, le doute, l'union impossible, la solitude, tous les thèmes musiliens sont condensés dans ces cinq textes qui ont pour motif commun les désordres amoureux, le monde trouble et fascinant qui se cache derrière la stabilité apparente.


Dans trois femmes on suit trois hommes vers l'amour et leur perte, les trois femmes sont très différentes, les hommes aussi mais chaque histoire est une sorte de rupture avec la réalité ou avec une vie conventionnelle. Les sentiments et les pensées vont se mêler ou confronter au paysage, de très belles pages laissant glisser dans l'esprit immobilisé du lecteur leurs mutations, leurs transformations avec apparaissant de temps à autres des troubles et des doutes moraux, des doutes qui ne sont pas liés à l'environnement social mais profonds, comme une lointaine inquiétude soudainement accentuée.

Noces est en quelque sorte un pendant féminin... ce sont des femmes qui sont décrites dans de longues et sensuelles hésitations. L'exercice de manipulation de l'écriture étant ouvert, ou à découvert, il est facile de se laisser porter par les descriptions doubles, les longues circonvolutions brumeuses... voyage en rêve dans les paysages de la pensée intime et solitaire... très beau et évitant les compromis, en ne fuyant ni le doute ni certaines transgressions...

Ce sont des textes à la force tranquille, pénétrants, profondément marquants enivrant le lecteur comme de l'ether. Une lecture extraordinaire qui se dévoile inévitablement et à laquelle je me suis senti incapable de ne pas céder, ce qui implique un certain vertige.

C'est troublant et fascinant comme ce qu'il peut y avoir de plus essentiel...

extrait de Noces :

C'était bien un angle, il suffisait d'un peu d'attention pour s'en convaincre ; mais l'"autre chose" presque matérielle qu'il y avait dans cet angle, ces deux êtres étaient seuls à pouvoir la saisir, à qui il semblait que ce fût entre eux comme une poutrelle du plus dur métal qui les eût maintenus chacun à sa place tout en les liant, si séparés fussent-ils, d'un lien quasi tangible... Cela prenait appui au creux de l'estomac où ils sentaient la pression... Cela les raidissait contre le dossier de leur siège, avec des visages immobiles et des regards fixes, et ils n'en devinaient pas moins, à l'endroit du contact, une mobilité tendre, une légèreté infinie, comme si leurs coeurs, tels deux essaims de papillons, confondaient leurs vols...
A ce sentiment ténu, à peine réel et pourtant si perceptible, ainsi qu'à un axe un peu tremblant, et aux deux êtres sur qui il s'appuyait, toute la chambre était suspendue : les objets retenaient leur souffle, la lumière sur les parois se figeait en pointes dorées, tout se taisait, attendait, tout était là pour eux... Le temps, qui court dans le monde tel un fil qui n'aurait jamais fini d'étinceler, paraissait passer par cette chambre, par ces êtres, et soudain s'arrêter, se figer, toujours plus immobile, toujours plus étincelant... et les objets se rapprochèrent un peu les uns des autres. Ce fut un arrêt puis un affaisssement infime, comme quand des surfaces s'organisent soudain en cristal, autour de ces deux êtres à travers qui passait la ligne médiane et qui tout à coup se regardaient dans ce suspens, cet infléchissement, cet enveloppement ainsi que dans une multitude de surfaces miroitantes, et se regardaient encore, comme si c'était la première fois qu'ils se voyaient...
La femme reposa la théière, sa main s'allongea sur la table. Comme épuisé par le poids de son bonheur, chacun se renfonça dans les coussins ; tandis qu'ils se tenaient captifs par le regard, ils eurent un sourire perdu et sentirent le besoin de ne pas parler d'eux-mêmes. Ils se remirent à parler du malade - un personnage d'un livre qu'ils avaient lu ensemble - et ils commencèrent par un passage et une question tout à fait précis, comme s'ils y avaient pensé, alors que ce n'était pas vrai, alors qu'ils ne faisaient que reprendre un dialogue qui les avait déjà pendant des jours envoûtés, comme si ce dialogue dissimulait son vrai visage et, tout en ayant l'air de parler du livre, tendait à tout autre chose ; et cette fois encore, en effet, au bout de quelques instants, grâce à ce prétexte inconscient, leurs pensées étaient revenues à eux-mêmes.
-... Un homme tel que ce G., comment crois-tu qu'il se voie ? demanda la femme qui poursuivit, presque comme pour soi, tant elle était absorbée : Il séduit des enfants, il incite des jeunes femmes à se prostituer. Ensuite, le voilà qui sourit, debout, considérant d'un oeil fasciné la faible flamme d'érotisme qui vacille quelque part au fond de lui. Crois-tu qu'il pense mal agir ?
- S'il le pense ?... Peut-être ; ou êut-être non, répondit le mari. Je ne sais si l'on peut poser la question ainsi à propos de tels sentiments.
- Moi, je crois... dit la femme, et il apparaissait maintenant qu'elle ne parlait nullement de ce personnage fortuit, mais de quelque chose de précis qui se faisait jour déjà pour elle derrière lui... je crois qu'il pense bien agir.
Alors, pendant un instant, leurs pensées glissèrent côte à côte, puis de nouveau, très loin, ressurgirent en mots. (...)

après, les égarements et l'inquiétude plus grande...imaginez le mouvement qui se poursuit...


mots-clés : #nouvelle
par animal
le Ven 16 Déc - 22:59
 
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Sujet: Robert Musil
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Sait Faik Abasiyanik

c'est étrange j'ai l'impression que ma lecture est très fraîche alors qu'elle remonte à bientôt un an.


Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 51xqyz10

Le Café du coin

Si ça fait longtemps que l'on n'a pas lu de très courtes nouvelles on peut ressentir une pointe de frustration à la lecture de ce recueil. En effet ces nouvelles sont très courtes et puis elles ont une tonalité particulière qui fait qu'on se laisserait volontiers porter un peu plus longtemps. Pourtant à chaque nouvelle on repart, c'est vrai. Un chemin légèrement différent mais la même manière de déambuler et de décrire.

Adepte de l'ellipse et de la narration fragmentée l'auteur nous plonge dans un sentiment très "couleur locale" alors qu'il ne recourt pour ainsi dire pas à la description visuelle en dehors d'un minimum choisi de traits et d'objets. Une sorte de déambulation dans un espace connu de lui et qui se retrouve ainsi partager avec familiarité.

Il faut dire aussi qu'il s'attarde à travers ses états d'âme ou ceux que l'on devine être les siens à travers ceux des personnages sur des marges et des recoins, ou plus précisément sur leurs habitants. Image d'une Istanbul cosmopolite et à la croisée des chemins de plusieurs peuples, Sait Faik Abasiyanik s'attarde auprès du pêcheur ou du marchant ambulant, il guette le sourire ou le regard d'une étrangère ou d'un vieillard.

Au fil des nouvelles on découvre une recherche de l'instant heureux d'une ouverture sereine à son environnement. Un exercice à la fois de faux semblants et de sincérité marqué sans doute par une grande volonté de tendresse qui n'exclut pas la lucidité, les gens peuvent être durs.  

Une langue très fluide, une esquisse lumineuse loin d'être brouillonne et quelques belles tournures ou beaux passages en font une lecture apaisée et apaisante qui ne masque cependant pas complètement ce qu'on retrouve dans la biographie de l'auteur proposée à la fin du volume. Une existence favorisée faite de contrastes, d'abus, de frustrations et de blessures autant que de littérature et d'épanouissements.

Et puis il y a la part de dépaysement géographique et temporel qui ne fait pas de mal non plus.

(Message téléporté dans lequel je n'ai rien à changé !).


mots-clés : #nouvelle
par animal
le Ven 16 Déc - 22:48
 
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Sujet: Sait Faik Abasiyanik
Réponses: 4
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Dino Buzzati

Pas seulement le nom d'un recueil, mais aussi d'une nouvelle. Au moins en Allemand aussi édité à part :

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 Images37

Panique à la Scala


Originale : Paura alla Scala (Italien, 1949)

CONTENU :
Quelque chose se trame. Les invités pour la Première à la Scala de Milan d'un grand (?) œuvre moderniste – qui oseraient y douter ? - sont en fête, mais il y a des rumeurs de rebellions dans la ville. Est-ce que les « Morcistes » vont vouloir prendre le pouvoir ? Lentement des rumeurs s'amplifient et trouvent da nourriture dans la présence d'un tel ou d'un tel, dans les bruits et nouvelles qui arrivent du dehors via des gens « bien informés ». Après le spectacle la Scala se transforme en camp de retranchement dans un état exceptionnel, voir une presque captivité. Le matin, d'un coup, ce spectacle sans fondements s'écroule et la vie peut reprendre...

REMARQUES :
Je dois avouer que pendant les premiers pages je ne voyais pas très bien vers où ce récit et Buzzati pourraient bien nous mener : Une première se profile à l'horizon de la soirée et on est introduit à quelques personnages : le componiste de l'oeuvre, un ancien dirigent etc... On accompagne ce dernier qui croit discerner ci et là des vagues menaces. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que son fils est menacé ? Est-ce que le groupe des « morcistes » veulent s'accaparer du pouvoir ?

Tout l'opéra et ses visiteurs deviennent une proie à des telles questions et des tels soupçons. On interprète, on semble voir des signes indubitables etc.... et quand la première prendra fin les commentaires sont rapidemment à la question : Quoi faire maintenant ? On ne pourra pas rentrer à la maison ! On a entendu parler des forces qui s'avancent ! Voir des executions ! Peu à peu des gens s'isolent, forment des groupes, préparent en tout oppurtunisme le terrain : Ah, à vrai dire on faisait toujours parti de ces groupes... Et si on s'alliait quand ils arrivent ? Juste quelques personnes restent calmes ou resolues : surtout une femme de conviction.

Et c'est en ces dernières trente pages que Buzzati menent la danse, nous montre l'homme dans sa fuite devant la menace, et son rapide ralliement à la (mauvaise?!) cause. Et pourtant : pourquoi tant de vacarme ? Est-ce qu'il y a, est-ce qu'il y avait des vraies raisons de s'alarmer, où est-ce que c'est un processus d'inquiétude grandissante « sans raisons » ?

Splendide !


mots-clés : #nouvelle
par tom léo
le Ven 16 Déc - 22:15
 
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Sujet: Dino Buzzati
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Russell Banks

Un membre permanent de la famille

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 Images20
 
 Elle a compris. « On se sent un peu seul, a-t-elle dit.
   -Ouais, bon. On peut se sentir seul n'importe où, je suppose. Même dans une foule comme ici.
   -Peut-être surtout dans une foule. Les foules peuvent te pincer le cœur quand tu es seule au monde. Comme moi. »
   (…)
   « Allez, tu n'es pas vraiment seule au monde. Une belle femme indépendante financièrement, dans une ville aussi exotique que Miami, et cetera.
   - Pas mariée, pas d'enfants, pas de famille proche dans le coin, et cetera. Pas de vrai petit ami. Rien qu'un  chat du nom de Spooky pour m'accueillir quand je rentre du travail. Ça veut dire être seule au monde, Stanley.
   -Et ça ne te pèse pas, la solitude ? »
   Elle a haussé les épaules : « Pas plus que toi, je pense, avec ta femme,  tes gosses et ton monospace.
   -Peut-être bien »



Russell Banks nous propose douze nouvelles qui parlent de la classe moyenne américaine, arrivant à l'âge de la retraite, l'âge des bilans, des regrets, l'âge où de derniers projets peuvent encore changer quelquechose, espère t'on.

Je me suis identifiée à ce barman de la dernière nouvelle, celui qui dit :


 
 Je suis barman, je prends les gens comme ils viennent. Je ne crois rien de ce qu'ils racontent, et je les oublie quand ils s'en vont.



Oui, pour moi, décidément, un recueil de nouvelles c'est un peu comme les gens qui passent pour ce barman. Un moment d'attention portée, mais qui ne peut s'ancrer en moi. Et j'ai du mal, en littérature, à me contenter de ce plaisir de l'instant, chassé par un autre. Ce livre me laissera donc sans doute peu de traces même si j'ai souri à certains traits d'humour,  admiré sa façon d'être au cœur des gens, de ce qu'ils ont raté et qui fait qu'ils sont eux-même, si j'ai vu quelques belles étincelles avec des  gestes simples et des non-dits.
Par contre, pour les amateurs de nouvelles, c'est puissamment troussé.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nouvelle
par topocl
le Ven 16 Déc - 9:35
 
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Sujet: Russell Banks
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Anna Maria Ortese

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 41k5ca10

"la lune sur le mur"

C'est aussi la nouvelle intitulée «Masa» qui m'a le plus retournée. Un tel enfermement de ces personnages qui survivent dans l'amour, l'amitié, enfuis. Aucune perspective sociale ne leur permet l'espérance d'une vie meilleure ; disparue elle aussi avec l'amour et l'amitié. La maison déménagée s'est aussi vidée des souvenirs.


«Terreurs d'été» :

«Conny et moi nous vous attendons» : cette courte phrase révèle dans cette nouvelle l'espoir d'une reconnaissance, d'un moment d'amitié pour la narratrice.
Toutefois le sentiment de solitude, de pauvreté s'étend à la vision de l'auteure sur l'Italie entière.

Je pense lire un autre livre de cette auteure mais je choisirai le moment pour le faire car les mots d'Anna maria Ortese sont lourds à entendre.



message rapatrié


mots-clés : #nouvelle
par Bédoulène
le Mar 13 Déc - 22:33
 
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Junichiro TANIZAKI

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 41jxkq10

Deux amours cruelles

J'ai une édition de Tanizaki comprenant deux nouvelles, réunies sous le titre de : Deux amours cruelles.
La première, c'est l'Histoire de Shunkin. L'autre, Ashikari : Une coupe dans les roseaux - traduite aussi sous un autre titre -
La préface est de Henry Miller, datée de 196O. Miller ne cachait pas son enthousiasme pour la culture et la littérature Japonaise. Lisez plutôt :

Nous naviguons dans un domaine que le lecteur occidental, malgré toutes les connaissances psychologiques qu'on peut lui supposer, n'accepte pas toujours facilement. La conduite des femmes notamment est faite pour le rendre perplexe, si même il peut y croire. Et pourtant la réalité de leurs actes ne laisse aucun doute ; elles sont plus véritablement, plus complètement femmes, ces caractères tragiques, qu'aucune des créatures de notre imagination. Elles rappellent ces héroïnes également incroyables de la tragédie grecque.
...
Venue d'un fond historique, traditionnel, rigoureusement conventionnel, l'héroïne japonaise se meut avec une liberté et une audace qui nous confondent. On ne sait jamais ce qu'elles nous réservent et on obtient toujours plus qu'on ne pourrait raisonnablement attendre (n'est-ce pas là en soi une preuve de leur totale féminité ?)
Mais la suprême différence entre la femme japonaise et les autres femmes de la littérature amoureuse tient à l'aura d'esthétique qui l'entoure. Même l'action la plus brutale, la plus laide, nous apparaît à travers cette aura.
Je sais que ce que j'écris peut paraître exagéré. Soit. Je ne m'excuse pas de ces faiblesses.


Je ne sais pas si ce que dit Miller sur les Japonaises est vrai, mais en ce qui concernait les femmes, il tenait toujours à vérifier les motivations de ses enthousiasmes.
Bref, il les épousait, ou il vivait avec...Un pragmatique, Miller !
Et donc, il a aussi épousé une Japonaise.

Armor a raison d'expliquer les diverses facettes de Tanizaki.

C'est un auteur complexe, à la fois influencé par l'Occident mais aussi attaché à sa propre culture, même s' il s'aperçoit qu' elle est en train de disparaître. Sous les effets conjugués de l'introduction de la culture occidentale, de la curiosité grandissante des écrivains et artistes japonais, de la nécessité de sortir de l'insularité  protectrice mais impérialiste, et de la remise en question des valeurs -vraies ou fausses- qui ont volé en éclat lors du conflit mondial, en 1940.


mots-clés : #nouvelle
par bix_229
le Sam 10 Déc - 15:50
 
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Sujet: Junichiro TANIZAKI
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Ethan Canin

Le voleur du Palais

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 S-l22510

Un recueil de quatre nouvelles écrites avec une précision chirurgicale .
C'est le thème de la culpabilité qu'il infiltre dans chacun des protagonistes des quatre nouvelles .
Des vies . La leur . Mais ça pourrait tout aussi bien être la vôtre ou la mienne et dans une narration qui ne laisse rien au hasard .
On y entre comme chez son voisin, en terrain connu , l'écriture est passe-partout , on commence à s'installer , curieux . Avec ce sentiment de faire un peu de voyeurisme comme lorsque le soir en rentrant, l'oeil se glisse subrepticement à travers les fenêtres éclairées du voisin.
Et que là tout d'un coup , alors qu'on s'y attend le moins , il y a ce geste , cette attitude , cette situation vue et revue , vécue et revécue mais qui vient vous traverser violemment au détour de ce regard hasardeux : ça en est fait , vous voilà éveillés à une partie de vous en sommeil depuis si longtemps ...En sommeil parce qu'il faut bien vivre , c'est un vrai labeur et qu'il ne s'accompagne pas toujours de l'acuité qui permettrait de faire les meilleurs choix  : Facilité , faiblesse , hasard , époque , et tous ces petits déterminismes qui posent la question du libre arbitre de l'homme nous construisent .
On baigne dans l'amérique dans années 70 , en pleine révolution sociale , les repères bousculés , la grande libération des moeurs et la tradition judéo-chrétienne s'entrecroisent .Et dans ce flottement et ces conflits générationnels , on assiste à des petites fractures intimistes , de celles qui échappent au visible mais qui finissent par un grand chaos intérieur .
Sans complaisance , un rien désabusé , Ethan Canin nous renvoie à la trivialité de la vie et à l'incapacité de l'être humain à échapper à son destin .
Bien évidemment on ne s'empêcher à Carver mais aussi à Alice Munro .
Une belle découverte .


mots-clés : #nouvelle
par églantine
le Ven 9 Déc - 14:41
 
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Stig Dagerman

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 41jedy10


Notre plage nocturne

Après avoir découvert Stig Dagerman – je pense justement grace à Bix ? - il y a déjà quelques années, j’ai pris cela comme une invitation de m’attaquer à ce recueil «Notre plage nocturne ». Il réunit (suite page de couverture : ) des nouvelles qu’on pourrait appeler « psychologiques ». Dagerman y donne une image de notre monde dans son mélange de cruauté et de futilité, de richesse égoïste et de misère, de crasse et d’attendrissante pureté. On y retrouve l’atmosphère de ses romans. Le thème essentiel en est la solitude.

Quelle écriture coupante, précise, quelques fois nerveuse, fiévreuse, toujours lucide. Mais je me demande, qui peut « supporter » de telles paroles jusqu’au bout ? Pourtant il faut les lire, ces descriptions si profondément empreintes de désespoir. Mais comment ne pas se détourner ET ne pas être attiré par le vertige ? Y-a-t-il un chemin d’espoir ? Je ne l’aperçois pas chez l’auteur et sa fin tragique laisse penser qu’il n’a pas vraiment vu une possibilité honnête de s’en sortir de ses observations sur la bassesse, ou « la crasse ». Impossible pour moi, de recommander ce livre à des cœurs sensibles et pas enracinés. Pourtant : quelle force de la parole qui pourrait reveiller l’un ou l’autre ???


mots-clés : #nouvelle #psychologique
par tom léo
le Ven 9 Déc - 7:37
 
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Philip Roth

Défenseur de la foi suivie de L'habit ne fait pas le moine

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 Sm_cvt12

Le sergent Marx, de retour d'Europe en 1945, est affecté dans une compagnie d'instruction où il a sous ses ordres un jeune soldat juif, Sheldon Grossbart. À sa demande, Marx intervient pour que les juifs de la Compagnie puissent se rendre à la synagogue le vendredi soir. Peu à peu, il se rend compte que le jeune soldat le manipule... Dans la banlieue de New York, un jeune garçon en première année de «high school» se lie d'amitié avec deux fils d'immigrants italiens, Albie Pelagutti et Duke Scarpa, promis à un brillant avenir de gangsters. Quinze ans plus tard, il se souvient... Deux nouvelles pétillantes d'intelligence et d'humour qui démontent les rapports ambigus de la société américaine et du monde juif.  

Deux nouvelles savoureuses, au style pourtant très différent. La première possède un style assez soutenu, très rythmé avec des dialogues présentes et qui apportent une dynamique intéressante, car c'est par ceux-ci que l'histoire évolue, ce qui permet de comparer cette nouvelle à un pièce de théâtre, même si la structure demeure romancée. Au début je me suis demandé ce qui m'intéressait car ce contexte de l'armée est très américain, très connoté culturellement, mais les personnages sont si complexes, et ambivalents, le style est si plaisant qu'on est transportés dans le récit et qu'on se sent spectateur de l'histoire.

La deuxième nouvelle possède une organisation plus classique, avec un style laconique, nostalgique, ce sont les descriptions qui prévalent et l'intensité des pensées du personnage principal. J'ai beaucoup aimé cette nouvelle également. Pour la richesse des détails, la méticulosité de chaque mot et de chaque personnalité. C'est précis on ressent un travail minutieux pour chaque phrase et cela fait du bien. Un très bon moment de lecture et je conseille ces deux nouvelles comme introduction à l'oeuvre de Roth, c'est court et assez représentatif il me semble de son style.



mots-clés : #nouvelle #communautejuive
par Hanta
le Jeu 8 Déc - 22:56
 
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Sholem Aleikhem

Guitel Pourishkevitch et autres héros dépités

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 Tylych13

Ouvrage recueillant plusieurs nouvelles. Deux premières puis une plus importante qui comprend elle-même trois chapitres. La première narre le combat d'une maman qui ne veut pas laisser son fils rejoindre l'armée et partir en guerre. La seconde, raconte les péripéties d'un homme à qui tout réussit mais à qui une seule femme résiste. La dernière nouvelle est la somme de trois témoignages fictifs de veuves confrontées à la solitude.
Des personnages juifs, dont la tradition et le folklore ponctuent le récit, des personnages baignant dans l'univers linguistique yiddish si cher à l'auteur, auteur lui-même qui ne serait que le messager de ces quelques acteurs au parcours sinueux et difficile. Récits existentialistes, questionnant la place au sein des hommes et au milieu du monde, ou finalement à la marge de ce monde qui marche sur la tête. C'est toute l'absurdité et la vacuité des situations difficiles à surmonter qui nous sont décrites avec un humour triste, une véhémence à demie résignée, et une révolte sonnant déjà la capitulation. On sourit, on est gênés de sourire. On est émus, on se demande pourquoi, mais l'on ne peut être indifférents à ces récits qui sont pourtant légers dans le style, et lourds dans le message.
Ce n'est pas son meilleur ouvrage mais c'est une bonne introduction à son oeuvre pour se faire une idée de sa façon d'écrire et de l'ambiance qui y règne. je conseille donc.


mots-clés : #communautejuive #nouvelle
par Hanta
le Mar 6 Déc - 23:12
 
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Sujet: Sholem Aleikhem
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Alice Munro

C'était un peu trop «minimaliste» pour moi aussi quand j'ai commencé à la lire, et puis j'ai réalisé que chaque mot avait son importance dans ses textes, elle doit beaucoup gommer! Et même de temps en temps un éclair dans une phrase qu'il ne faut pas laisser passer... Oui... c'est un regard, un état des lieux qui nous contraint souvent à imaginer plus du fonctionnement de ses personnages. C'est dans le recueil  intitulé Les lunes de Jupiter qu'elle décrit un peu plus son cheminement en écriture.

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 16 513t9k10

Les lunes de Jupiter
traduit de l'anglais ( Canada) par Colette Tonge

D'emblée, Alice Munro , dans la deuxième partie de la première nouvelle, annonce la couleur sur son projet d'écriture. Une tombe, d'un «ermite» inconnu. Recueilli pour ses derniers moments par un fermier et ses filles, qui sont les tantes de la narratrice. Qui était cet homme et que s'est-il passé? On n'en saura rien.

Plus jeune, j'aurais imaginé une histoire . J'aurais affirmé que Mr Black était amoureux d'une de mes tantes..

Plus tard.. j'aurais établi une relation plausible et horrible entre son silence et la façon dont il est mort.

Mais..: Je ne crois plus aujourd'hui que les secrets des gens soient définis et communicables, ni que leurs sentiments soient pleinement épanouis et facilement reconnaissables. Je ne le crois pas. Tout ce que je puis dire, c'est que les soeurs de mon père frottaient le plancher à la lessive, qu'elles moyettaient l'avoine et trayaient les vaches à la main.

Voilà.. Elle ne peut plus raconter que ce qu'elle voit, ou a vu. A nous, ou non, d'imaginer le reste. Alice Munro ne fait que montrer. Et surtout pas démontrer, même si les personnages de ces nouvelles, le plus souvent des femmes, mais pas toujours, "démontrent" elles-même. A travers son regard. Dans ce qu'elle leur fait dire. En particulier, et c'est un thème récurrent ici,  les situations dans lesquelles ces femmes s'engouffrent continuellement, en répétant encore et encore, notamment les choix de conjoints ou compagnons qui ne pourront jamais leur apporter ce qu'elles souhaitent, faisant ainsi leur propre malheur. Alice Munro capte un moment d'existence de ses personnages, en laisse deviner d'autres dans leur futur, conséquences logiques pour le lecteur, ne conclut jamais, ne juge jamais. C'est juste un regard, mais très acéré.

La part autobiographique existe certainement, mais n'a pas grande importance, à mon avis. Par exemple dans la dernière nouvelle qui donne son titre au recueil, peu importent finalement les circonstances de la mort d'un père. C'est plus un éclair de compréhension dans le cerveau d'une femme, d'une fille et d'une mère. Ce qui a manqué dans ses relations avec lui, et il est trop tard. Ce qu'elle a manqué dans ses relations avec ses filles, et il est bien tard aussi. Cette femme en tirera-t-elle des conclusions? Peut-être. Nous, oui, mais pour nous, c'est... décrypté avec brio.

Ces nouvelles sont très denses, dans tout ce qui n'est pas dit d'une part, qui pousse l'imaginaire, et aussi car au milieu de la banalité du récit lui-même, il ne faut pas rater «la» phrase , ou même le mot qui ouvre sur autre chose.

«Brian était simplement quelque chose qu'il fallait supporter, comme le froid glacial du hangar où on vidait les dindes et l'odeur de sang et de boyaux».

Rien à en dire de plus, de ce Brian? Si, plus tard, bien après. Il n'y a aucune sentimentalité, aucune étude psychologique, tout juste ressent-on une empathie certaine pour ses personnages, en tout cas la lucidité d'un regard, c'est-à-dire le sien.


mots-clés : #nouvelle #conditionfeminine
par Marie
le Mar 6 Déc - 2:46
 
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Sujet: Alice Munro
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