Philippe Jaenada
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Philippe Jaenada
Philippe Jaenada
Né en 1964
Né en 1964
Philippe Jaenada grandit à Saint-Germain-en-Laye, puis arrive à Paris au milieu des années 1980 où il enchaîne les petits boulots pendant plusieurs années. Sa première nouvelle est publiée en 1990 dans L'Autre Journal. Les sept premiers romans de Philippe Jaenada sont d'inspiration autobiographique. Il se tourne vers le fait divers dans ses ouvrages suivants. Outre ses livres, il écrit pour le magazine Voici.
"Je suis né le 25 mai 1964 à Saint-Germain-en-Laye, et j'habite Paris depuis 1986. J’ai fait des études scientifiques jusqu’à 20 ans, mécaniques, puis un début d’école de cinéma, consternant, puis quarante-trois mille petites choses (vendeur de croûtes immondes en porte à porte, sous-stagiaire dans la pub, animatrice de minitel rose, rédacteur de fausses lettres de cul), jusqu’en 1989 où j’ai déraillé et me suis enfermé un an chez moi, sans voir personne, sans sortir, sans téléphone. Comme je m’ennuyais, je me suis mis à écrire des nouvelles, plus ou moins par hasard. Curieusement, l’une d’elles a été publiée en 90 dans l’Autre Journal, auquel j’ai ensuite collaboré pendant deux ans (nouvelles, chroniques, textes d’humeur, pseudo-reportages.). Puis, après la chute pathétique de ce mensuel, j’ai recommencé les petites choses (trucs à l’eau de rose pour Nous Deux, traduction de romans de gare pour J’ai Lu, potins à Voici). En 1994, je me suis mis à rédiger Le Chameau Sauvage, histoire de m'occuper (et d'oublier les nouvelles prétentieuses et chiantes que j'avais écrites jusque-là) : 80 feuillets jusqu’en 1996, puis 500 feuillets en octobre-novembre 1996, dans une maison à Veules-les-Roses. Il a été publié chez Julliard en 1997, et J’ai Lu en 1998. Ça racontait, en gros, ma vie aventureuse et naïve. Ensuite, j'ai rencontré une fille renversante qui s'appelle Anne-Catherine Fath (je me suis retrouvé comme électrocuté, pour la première fois de ma vie), et je suis parti avec elle à Veules-les-Roses, quasiment fou, pour écrire Néfertiti dans un champ de canne à sucre (Julliard en 1999 et Pocket en 2000), qui parle d'elle. Deux ans plus tard, elle était enceinte et nous nous sommes enfermés à Veules-les-Roses, où j'ai écrit La Grande à bouche molle (Julliard en 2001 et J'ai Lu bientôt, en janvier 2003), une histoire de détective qu'une enquête entraîne loin de sa femme, sur les routes – et ça ne lui fait pas de mal. Maintenant nous avons un enfant de deux ans, Ernest, et je viens de terminer Le Cosmonaute, un roman sur l'horreur de la vie de couple (mais avec de l'amour quand même), qui paraîtra chez Grasset en septembre 2002. Après, faut voir."
Philippe Jaenada, 2002
Œuvres
Le Chameau sauvage, Julliard, 1997
Néfertiti dans un champ de canne à sucre, Julliard, 1999
La Grande à bouche molle, Julliard, 2001
Le Cosmonaute, Grasset, 2002
Vie et mort de la jeune fille blonde, Grasset, 2004
Les Brutes, avec Dupuy et Berbérian, Éditions Scali, 2006
Déjà vu, avec Thierry Clech, Éditions PC, 2007
Plage de Manaccora, 16 h 30, Grasset, 2009
La Femme et l'Ours, Grasset, 2011
Sulak, Julliard, 2013
La Petite femelle, Julliard, 2015
Spiridon Superstar, Steinkis, 2016
La Serpe, Julliard 2017 - Prix Femina 2017
Wikipedia
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8423
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Re: Philippe Jaenada
La serpe
Prix Femina 2017
En octobre 1941, dans un château proche de Périgueux, en zone libre, sont sauvagement - très sauvagement - assassinés à coups de serpe un homme, sa sœur et leur bonne. Tous les soupçons se tournent bien vite vers Henri, le fils et unique héritier, tout le désigne, l'enquête ne se fatigue guère. Il arrive au procès quasi déjà condamné, mais son habile avocat retourne en un rien de temps les jurés. Il est acquitté, jamais on ne saura si c’est bien lui, et si non, qui a fait le coup.
Le fameux Henri est un type pas banal, à la psychologie des plus complexes, (c'est lui qui finira par écrire le roman Le salaire de la peur, sous le pseudonyme de Georges Arnaud, dont Clouzot tirera un film à succès) qui évolue dans le monde pas banal de l'occupation allemande.
Il s'agit d'un de ces faits divers sordides, tout à la fois retenus et enterrés par l'histoire (qui cette période a d'autres chats à fouetter), un truc à la Chabrol qui en dit long sur la vie dans nos provinces, les haines ordinaires entre maîtres et valets, les jugements péremptoires. Et aussi sur la justice, bien sûr.
Philippe Jaenada, devenu maître es faits divers après un certain nombre d'opus auto-fictionnels, prend sa voiture de location et se rend sur place mener sa petite enquête, arpente les lieux, interroge, dépouille des archives énormes. Et certes, il ne va pas trouver la clé, mais il va décrypter les mécanismes, montrer à quel point l’instruction a été bâclée, voire pervertie, emboîtant le pas à la cabale, non pas sur un petit point par-ci par-là, mais sur toute la ligne de A à Z, en passant par chacune des 26 lettres de l'alphabet.
C'est un travail de titan, une compulsion d'archives impressionnante, et un résultat pour le moins spectaculaire, assorti d'un effort de réflexion et d'objectivité critique. Il n'en demeure pas moins qu'un esprit un peu plus synthétique (15 pages sur l'ouverture/fermeture d'une fenêtre du château...???!!!..) aurait permis d'éviter au lecteur, ou à la lectrice, de soupirer devant l'accumulation de détails pointilleux quoique signifiants, et de se dire que quelque pages de moins.. peut-être... ça n'aurait pas été plus mal...
Au delà de cette mise à plat du fait divers à l'origine d'un décryptage sociétal, il y a Philippe Jaenada et sa façon de faire, de s'impliquer dans le récit, de tourner autour de lui même, tantôt dans le narcissisme, tantôt dans l'autodérision, de raconter ce qu'il observe, ou imagine , ou ce qu'il se remémore (de personnel ou de plus général), de glisser une blagounette, (que cela ait un rapport ou non avec notre choucroute sanguinolente, pourvu que cela lui plaise), par le biais d'une passion de la digression justifiée ou non, et des parenthèses imbriquées. C'est souvent drôle, parfois tendre, mais aussi racoleur (Les cinquante premières pages, de vanne en fanfaronnades sont exaspérantes au possible). Cela nous dresse cependant un portrait plutôt sympathique de l'auteur, tout aussi emprunté dans ses basket que nous le serions dans une telle situation, pas du tout Monsieur je sais tout, émerveillé et horrifié tout à la fois de ses découvertes.
L'assemblage, mélange du fait divers et de Jaenada dans le miroir,
ne donne pas de la Grande Littérature, encore moins un roman, contrairement à ce qui est marqué sur la page de garde, mais un drôle de (gros) truc hybride, moitié enquête sociologique à tonalité judiciaire, moitié récit narcissico-poétique, qui n'en est pas moins passionnant (le plus souvent ) et attachant quand il n'exaspère pas.
mots-clés : #biographie #documentaire #historique
Prix Femina 2017
En octobre 1941, dans un château proche de Périgueux, en zone libre, sont sauvagement - très sauvagement - assassinés à coups de serpe un homme, sa sœur et leur bonne. Tous les soupçons se tournent bien vite vers Henri, le fils et unique héritier, tout le désigne, l'enquête ne se fatigue guère. Il arrive au procès quasi déjà condamné, mais son habile avocat retourne en un rien de temps les jurés. Il est acquitté, jamais on ne saura si c’est bien lui, et si non, qui a fait le coup.
Le fameux Henri est un type pas banal, à la psychologie des plus complexes, (c'est lui qui finira par écrire le roman Le salaire de la peur, sous le pseudonyme de Georges Arnaud, dont Clouzot tirera un film à succès) qui évolue dans le monde pas banal de l'occupation allemande.
Il s'agit d'un de ces faits divers sordides, tout à la fois retenus et enterrés par l'histoire (qui cette période a d'autres chats à fouetter), un truc à la Chabrol qui en dit long sur la vie dans nos provinces, les haines ordinaires entre maîtres et valets, les jugements péremptoires. Et aussi sur la justice, bien sûr.
Philippe Jaenada, devenu maître es faits divers après un certain nombre d'opus auto-fictionnels, prend sa voiture de location et se rend sur place mener sa petite enquête, arpente les lieux, interroge, dépouille des archives énormes. Et certes, il ne va pas trouver la clé, mais il va décrypter les mécanismes, montrer à quel point l’instruction a été bâclée, voire pervertie, emboîtant le pas à la cabale, non pas sur un petit point par-ci par-là, mais sur toute la ligne de A à Z, en passant par chacune des 26 lettres de l'alphabet.
C'est un travail de titan, une compulsion d'archives impressionnante, et un résultat pour le moins spectaculaire, assorti d'un effort de réflexion et d'objectivité critique. Il n'en demeure pas moins qu'un esprit un peu plus synthétique (15 pages sur l'ouverture/fermeture d'une fenêtre du château...???!!!..) aurait permis d'éviter au lecteur, ou à la lectrice, de soupirer devant l'accumulation de détails pointilleux quoique signifiants, et de se dire que quelque pages de moins.. peut-être... ça n'aurait pas été plus mal...
Au delà de cette mise à plat du fait divers à l'origine d'un décryptage sociétal, il y a Philippe Jaenada et sa façon de faire, de s'impliquer dans le récit, de tourner autour de lui même, tantôt dans le narcissisme, tantôt dans l'autodérision, de raconter ce qu'il observe, ou imagine , ou ce qu'il se remémore (de personnel ou de plus général), de glisser une blagounette, (que cela ait un rapport ou non avec notre choucroute sanguinolente, pourvu que cela lui plaise), par le biais d'une passion de la digression justifiée ou non, et des parenthèses imbriquées. C'est souvent drôle, parfois tendre, mais aussi racoleur (Les cinquante premières pages, de vanne en fanfaronnades sont exaspérantes au possible). Cela nous dresse cependant un portrait plutôt sympathique de l'auteur, tout aussi emprunté dans ses basket que nous le serions dans une telle situation, pas du tout Monsieur je sais tout, émerveillé et horrifié tout à la fois de ses découvertes.
L'assemblage, mélange du fait divers et de Jaenada dans le miroir,
ne donne pas de la Grande Littérature, encore moins un roman, contrairement à ce qui est marqué sur la page de garde, mais un drôle de (gros) truc hybride, moitié enquête sociologique à tonalité judiciaire, moitié récit narcissico-poétique, qui n'en est pas moins passionnant (le plus souvent ) et attachant quand il n'exaspère pas.
mots-clés : #biographie #documentaire #historique
Dernière édition par topocl le Sam 16 Déc 2017 - 9:03, édité 1 fois
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topocl- Messages : 8423
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Re: Philippe Jaenada
N'empêche que l'extrait , sur le fil des citations est plutôt bien envoyé ! J'aime !
églantine- Messages : 4431
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Re: Philippe Jaenada
dans ma pal aussi, merci topocl !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21119
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Re: Philippe Jaenada
animal a écrit:Et de l'autre auteur ça en dit quoi ?
L'autre auteur? Quel autre auteur? (je suis bouchée sans doute)
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topocl- Messages : 8423
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Re: Philippe Jaenada
églantine a écrit:N'empêche que l'extrait , sur le fil des citations est plutôt bien envoyé ! J'aime !
Oui , je l'ai mis sur le fil de citations clic et non ici, car si il y a quelques petits bijoux comme ça, il y a aussi des choses qui cèdent plus à la facilité, et je ne voulais pas duper.
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topocl- Messages : 8423
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Re: Philippe Jaenada
Ah! oui! excuise-moi.
Georges Arnaud (j'ai ajouté une précision dans le comm) c'est le pseudonyme de Henri, le fils accusé de l'assassinat. Qui s'est mis à écrire après. Donc, en ce sens, ce livre est aussi une biographie de Georges Arnaud avec tous les mystères casseroleux qu'il s'est trainés toute sa vie, qu'il a pris un malin plaisir à entretenir aussi, dans une ambiguïté qui reflète bien le personnage.
Georges Arnaud (j'ai ajouté une précision dans le comm) c'est le pseudonyme de Henri, le fils accusé de l'assassinat. Qui s'est mis à écrire après. Donc, en ce sens, ce livre est aussi une biographie de Georges Arnaud avec tous les mystères casseroleux qu'il s'est trainés toute sa vie, qu'il a pris un malin plaisir à entretenir aussi, dans une ambiguïté qui reflète bien le personnage.
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topocl- Messages : 8423
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Re: Philippe Jaenada
Ah. Me voilà dans un flou entretenu, moi qui ai encore du Georges Arnaud de côté à lire.
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Re: Philippe Jaenada
Ah! mais c’est qu'il a un fil, Georges Arnaud!!! (Jaenada en dit le plus grand bien, en tant qu'écrivain.)
(il a pris ce pseudonyme avec Georges le prénom du père qu'il a été soupçonné d’assassiner (et peut-être l'a t'il fait). Humour macabre!!!)
(il a pris ce pseudonyme avec Georges le prénom du père qu'il a été soupçonné d’assassiner (et peut-être l'a t'il fait). Humour macabre!!!)
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topocl- Messages : 8423
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Philippe Jaenada
ça devient palpitant !
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Bédoulène- Messages : 21119
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Re: Philippe Jaenada
topocl a écrit:Philippe Jaenada, devenu maître es faits divers après un certain nombre d'opus auto-fictionnels, prend sa voiture de location et se rend sur place mener sa petite enquête, arpente les lieux, interroge, dépouille des archives énormes. Et certes, il ne va pas trouver la clé, mais il va décrypter les mécanismes, montrer à quel point l’instruction a été bâclée, voire pervertie, emboîtant le pas à la cabale, non pas sur un petit point par-ci par-là, mais sur toute la ligne de A à Z, en passant par chacune des 26 lettres de l'alphabet
Merci pour la mise en garde, je passe prudemment mon tour.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Philippe Jaenada
Ben oui.topocl a écrit:Ah! mais c’est qu'il a un fil, Georges Arnaud!!!
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Re: Philippe Jaenada
Tu as vraiment le chic, topocl, pour rédiger des avis mitigés qui donnent très envie de lire le livre !
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Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Philippe Jaenada
C'est que tu vois le verre à moitié plein, Armor!
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topocl- Messages : 8423
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Philippe Jaenada
Et finalement, l'extrait que tu as ajouté dans le fil "citations" m'a plutôt bien embarqué !
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Philippe Jaenada
Et voila, j'ai bien semé l'incertitude partout, je suis contente !
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topocl- Messages : 8423
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Philippe Jaenada
Au printemps des monstres
Philippe Jaenada tombe un jour sur un entre-filet à propos de Lucien Léger, le plus vieux prisonnier français, enfin libéré après 41 ans d’incarcération, (que n'ont pas raccourcie une demande de révision de son procès et 14 demandes de remise en liberté), et qui va mourir trois ans après. Il est accusé du meurtre d'un garçon de 11 ans, suite auquel il harcèle les parents, la police et la presse d’ignominieux messages anonymes signés l’Étrangleur xxx. Quand, interpelé, il avoue, la haine nationale est bien prête pour l’accepter sans remise en question, et cela même encore pendant les décennies où il clamera ensuite son innocence : rien n'y fait, la justice ne remet rien en cause, surtout pas sa capacité à juger. Et pourtant : pas de mobile, pas de preuve…
Quand on gratte un peu, comme l'a fait Philippe Jaenada, il y a quand même matière à s'interroger…
Jaenada avait promis à ses éditeurs un petit bouquin « sec, à l’os », mais c'était mal se connaître, cet appétit de la vérité, cette compulsion archivistique, cette incapacité à laisser le moindre indice de côté, cette volonté d’interroger, de voir et de savoir, tout en sachant que c'est, au final, toujours l’incertitude qui l'emporte – au-delà de l’intime conviction. Et le voilà parti, bien décidé à n’accorder aucune concession dans ce petit monde modianesque de Français moyens « ordinaires » qui s’avèrent de petits escrocs, des collaborateurs mal repentis, des manipulateurs terrifiants, et, peut-être, des assassins putatifs : il va y passer 4 ans, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Si le diable est dans les détails, Jaenada est un Lucifer revenu de l'enfer, qui n'épargne à son lecteur ni une virgule, ni une « petite phrase », ni une confrontation, ni un retour en arrière. C’est un génie obsessionnel du doute qui, jouant de son humour entre ironie - voire cynisme - et autodérision, démonte l’absurdité d’une vérité toute faite par trop négligente, et épingle ses principaux serviteurs : la police et la justice mal digérées, et les médias.
Alors, oui, il faut se farcir 748 pages, oui, c’est parfois longuet et on craint par moments de s’y noyer, mais c’est l’hommage minimal qu’on puisse rendre à un homme seul, sans doute injustement accusé, et à cet enfant dont on n’a même pas daigné chercher correctement l’assassin. Pas question de lâcher, donc, dans une certaine jubilation devant la folie de l’auteur.
Philippe Jaenada tombe un jour sur un entre-filet à propos de Lucien Léger, le plus vieux prisonnier français, enfin libéré après 41 ans d’incarcération, (que n'ont pas raccourcie une demande de révision de son procès et 14 demandes de remise en liberté), et qui va mourir trois ans après. Il est accusé du meurtre d'un garçon de 11 ans, suite auquel il harcèle les parents, la police et la presse d’ignominieux messages anonymes signés l’Étrangleur xxx. Quand, interpelé, il avoue, la haine nationale est bien prête pour l’accepter sans remise en question, et cela même encore pendant les décennies où il clamera ensuite son innocence : rien n'y fait, la justice ne remet rien en cause, surtout pas sa capacité à juger. Et pourtant : pas de mobile, pas de preuve…
Quand on gratte un peu, comme l'a fait Philippe Jaenada, il y a quand même matière à s'interroger…
Jaenada avait promis à ses éditeurs un petit bouquin « sec, à l’os », mais c'était mal se connaître, cet appétit de la vérité, cette compulsion archivistique, cette incapacité à laisser le moindre indice de côté, cette volonté d’interroger, de voir et de savoir, tout en sachant que c'est, au final, toujours l’incertitude qui l'emporte – au-delà de l’intime conviction. Et le voilà parti, bien décidé à n’accorder aucune concession dans ce petit monde modianesque de Français moyens « ordinaires » qui s’avèrent de petits escrocs, des collaborateurs mal repentis, des manipulateurs terrifiants, et, peut-être, des assassins putatifs : il va y passer 4 ans, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Si le diable est dans les détails, Jaenada est un Lucifer revenu de l'enfer, qui n'épargne à son lecteur ni une virgule, ni une « petite phrase », ni une confrontation, ni un retour en arrière. C’est un génie obsessionnel du doute qui, jouant de son humour entre ironie - voire cynisme - et autodérision, démonte l’absurdité d’une vérité toute faite par trop négligente, et épingle ses principaux serviteurs : la police et la justice mal digérées, et les médias.
Alors, oui, il faut se farcir 748 pages, oui, c’est parfois longuet et on craint par moments de s’y noyer, mais c’est l’hommage minimal qu’on puisse rendre à un homme seul, sans doute injustement accusé, et à cet enfant dont on n’a même pas daigné chercher correctement l’assassin. Pas question de lâcher, donc, dans une certaine jubilation devant la folie de l’auteur.
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topocl- Messages : 8423
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Re: Philippe Jaenada
quand tu écris "sans doute injustement accusé" c'est ton sentiment après ta lecture ?
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