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Amos Tutuola

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Message par Dreep Sam 6 Mai - 13:34

Amos Tutuola

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(1920 - 1997)

Biographie :

Amos Tutuola a été un des premiers auteurs africains à ne pas écrire selon le modèle littéraire européen. Ses romans s’inspirent des contes traditionnels yoruba. Dans une certaine mesure, ils comportent également une dimension intertextuelle faisant référence à la mythologie occidentale, gréco-romaine2. Ils sont écrits dans un anglais imparfait, très proche de l’oral. Cela a d’abord valu à Tutuola une critique sévère de certains de ses compatriotes qui pensaient que cela jetait un discrédit sur le Nigeria. Son succès l’a conduit par la suite à traduire ses ouvrages en yoruba.

Son roman le plus célèbre, L'Ivrogne dans la brousse, a été publié à Londres en 1952. Il a été traduit en français par Raymond Queneau en 1953. Son auteur était si peu connu à l’époque que certains ont cru que c’était Queneau lui-même qui se dissimulait sous un pseudonyme.

Il a fallu attendre 1988 pour que quelques autres romans soient traduits en français.

Bibliographie :

The palm wine drinkard (1952), trad. L'Ivrogne dans la brousse (1953)
My life in the bush of ghosts (1954), trad. Ma vie dans la brousse des fantômes (1988)
Simbi and the Satyr of the Dark Jungle (1955), trad. Simbi et le satyre de la jungle noire (1998)
The Feather woman of the jungle (1962), trad. La femme plume (2000)
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Message par Dreep Sam 6 Mai - 13:36

L'Ivrogne dans la brousse

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Un enfant né dans un doigt peut représenter une lourde responsabilité, sinon la destruction. Des ossements peuvent être des kidnappeurs embêtants, des parties du corps, la peur, la mort se vendent ou se louent. L’Ivrogne dans la brousse contient beaucoup d’histoires, d’anecdotes fantastiques ou symboliques. Mais c’est une fois de plus le ton qui frappe le plus : ce récit extrêmement violent semble raconté par un enfant, ce qui déconcerte voire provoque un décalage hilarant. Le style fait sciemment primitif, truffé de « et » sans que ce soit lourd. Mais surtout le narrateur ne semble jamais choqué par ce qu’il raconte ou est obligé de faire, de là cette impression d’insouciance qui traverse le récit très inventif et imagé d’Amos Tutuola ― c’est là sa principale qualité. Cela peut rappeler le surréalisme d’un Sony Labou Tansi, même si L’Ivrogne dans la brousse est beaucoup plus facile à lire (moins politique aussi) on ne s’y perd jamais et pourtant Tutuola déroule, multiplie les pistes… c’est picaresque en fin de compte, un picaresque où la mort est omniprésente, plus familière que la soupe ou l’alcool de palme.
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Message par Bédoulène Sam 6 Mai - 15:49

merci Dreep ; contes, légendes ?

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Message par Dreep Sam 6 Mai - 15:55

Des contes inclus dans un seul récit, certainement. Des légendes ? Je ne sais pas si l'une d'entre elles est issue de la tradition africaine, je ne connais pas assez.
Mais cela m'a rappelé l'oncle d'un ami malien qui m'avait raconté une histoire pour me faire peur, quand j'étais petit Laughing
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Message par Bédoulène Sam 6 Mai - 16:20

oui des histoires étonnantes, déroutantes...............même adulte ! Wink

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Message par Tristram Sam 6 Mai - 17:09

Je vais tenter !

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Message par Tristram Lun 22 Mai - 12:19

L'ivrogne dans la brousse

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Le malafoutier (récolteur de vin de palme, qui incise le haut du palmier pour recueillir la sève) de Père-Des-Dieux-Qui-Peut-Tout-Faire-En-Ce-Monde, le narrateur, est mort dans une chute, et son employeur part à sa recherche, car il a besoin de ses services. Il voyage dans la brousse, de villes en villages, et nous raconte les péripéties de ses pérégrinations. Dans ce conte, il capture la Mort au filet, trouve femme en la sauvant du « gentleman complet » (un crâne qui emprunte des membres pour aller au marché dans un beau corps), etc., dans un monde rempli d’esprits et de métamorphoses, chez les « êtres étranges ».
« Ces êtres mystérieux ne font rien comme les autres, par exemple, comme nous l’avons vu, si quelqu’un d’entre eux veut grimper à un arbre, il commence d’abord par grimper à l’échelle avant de la poser contre cet arbre ; mieux, il y a un terrain plat à côté de leur ville, mais ils ont construit leurs maisons sur les pentes d’une colline abrupte, alors toutes les maisons penchent de côté comme si elles allaient tomber, et leurs enfants dégringolent tout le temps des maisons, mais les parents ne s’en soucient pas autrement ; aucun d’entre eux ne se lave jamais, mais ils lavent leurs animaux domestiques ; eux-mêmes, ils s’habillent de feuilles, mais ils ont des vêtements somptueux pour leurs animaux domestiques, et ils leur coupent les ongles, mais leurs ongles à eux, ils les coupent une fois tous les cent ans, et même nous en voyons beaucoup qui couchent sur le toit de leurs maisons, et ils disent qu’ils ne peuvent utiliser les maisons qu’ils ont construites de leurs mains autrement qu’en dormant dessus. »
L’humour est omniprésent (lui et sa femme font « personnellement connaissance de Rire »), et le héros féticheur père des dieux est souvent dans de mauvaises postures pleines d’autodérision. Ce comique bon-enfant contribue à l’aspect à la fois onirique et familier du récit (la traduction de Raymond Queneau y est peut-être aussi pour quelque chose).
« Ainsi nous pouvons aller à travers cette forêt aussi loin que nous le pouvons. »

« Après ça, je me mets à lui ouvrir l’estomac avec mon couteau, puis nous sortons de son estomac avec nos bagages, etc. Et voilà comment nous avons été délivrés de l’Affamé, mais je ne pourrais le décrire complètement ici, parce qu’il était quatre heures du matin et, à cette heure-là, on n’y voit pas très clair. Bref, nous le quittons sains et saufs et nous en remercions Dieu. »
C’est aussi une sorte de chronique traditionnelle du passé (légendaire),
« Il y avait toutes sortes de créatures étonnantes dans le vieux temps. »
… une épopée qui rappellerait l’Odyssée et les travaux d’Hercule, mais aussi Rabelais (notamment le Quart Livre), tout un imaginaire collectif (peut-être à rattacher à l’analogisme selon Descola, et/ou à notre Moyen Âge), sans que je connaisse la part d’inspiration de notre culture dans ce livre.
« Tout nous avait bien plu dans cette Île-Spectre et nous nous y trouvions très bien, mais il nous restait encore bien des travaux à accomplir. »
L’aspect enseignement allégorique de la fable n’est pas absent (les amis qui se détournent quand il n’a plus rien à offrir), ni celui du mythe initiatique et sacrificiel (cf. l’histoire des « Rouges »). Sans vouloir évoquer des allusions ésotériques, il est certain que nombre de références yoruba doivent nous échapper (qu’en est-il ainsi de « marcher à reculons », qui est récurrent ?).
« Trois êtres bienveillants nous délivrent de nos ennuis. Ce sont : tambour, chant et danse »
J’ai eu le grand plaisir de retrouver la verve populaire truculente caractéristique de l’Afrique centrale et occidentale, trop absente de ses romans.
« D’abord, avant d’entrer dans l’arbre blanc, nous « vendons notre mort » à quelqu’un qui se trouvait à la porte, pour le prix de 7 925 francs, et nous « louons notre peur » à quelqu’un qui se trouvait aussi à la porte avec un intérêt de 3 500 F par mois, comme ça nous n’avions plus à nous soucier de la mort et nous n’avions plus désormais peur de rien. »
On retrouve les éléments typiques de ces sociétés : palabres, gris-gris, famine. Autre particularité distinctive, la familiarité avec la mort, qui n’est pas une fin :
« Alors il nous demande si, en arrivant là, nous étions encore vivants ou morts. Nous lui répondons que nous étions toujours vivants et que nous n’étions pas des morts. »

« Moi-même, je savais bien que les morts ne peuvent vivre avec les vivants, j’avais observé leurs façons et elles ne correspondaient pas du tout aux nôtres. »
Cela m’a ramentu Juan Rulfo, et il me semble qu’il y a une vision proche du réalisme magique chez Tutuola.
Les tribulations du couple en route vers « la mystérieuse Ville-des-Morts » où se trouve le malafoutier donnent lieu à des séjours prolongés dans certains lieux, et encore plus de rencontres étonnantes, comme « le Valet-Invisible ou Donnant-Donnant », « chef de tous les êtres de la Brousse ».
La légèreté de ton est marquante, comme avec ce fardeau qui se révèlera être ce qu’il paraît :
« En le mettant sur ma tête, je trouve que c’était exactement comme le cadavre d’un homme, il était très lourd, mais je pouvais le porter facilement. »
Voilà qui donne grande envie d’en connaître plus sur cette culture que je n’ai pu qu’effleurer.
« Et ainsi toutes nos épreuves, tous nos ennuis et de nombreuses années de voyage n’avaient rapporté qu’un œuf, c’est-à-dire aboutissaient à un œuf. »

\Mots-clés : #aventure #contemythe #fantastique #humour #mort #voyage

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Message par Dreep Lun 22 Mai - 13:07

Merci pour ton commentaire, Tristram, j'ai vu beaucoup de titres et d'auteurs provenant du Nigéria qui ressortaient dernièrement. Bien envie de lire Ken Saro-Wiwa également, et d'autres.

Quelqu'un m'a signalé quelques "imperfections" dans la traduction de Queneau :

La traduction de Queneau n'est pas un naufrage total et absolu mais certains choix font grincer des dents l'étudiant spécialisé en littérature postcoloniale en moi.
Je vais donner quelques exemples de "trahisons" commises par Queneau. Les problèmes commencent dès le titre puisque Tutuola écrit "drinkard", forme erronée de "drunkard" dont la connotation péjorative est nettement diminuée. Queneau ne cherche pas à retranscrire cela par un néologisme, ce qui est très surprenant de sa part. Toujours dans le titre, Queneau écrit "brousse" alors que ce mot désigne une étendue sauvage et non la palmeraie cultivée où vit d'abord le narrateur. Plus problématique encore : le "tapster" (mot anglais archaïsant pour désigner un tireur de vin) du narrateur devient en français un "malafoutier", mot qui désigne bel et bien celui qui récolte le vin de palme mais est cependant utilisé en Afrique centrale et en particulier au Congo, soit pas du tout dans la région d'Afrique occidentale dont fait partie le Nigéria… Comme si on pouvait introduire ce genre de "tropisme" pour privilégier le caractère exotique tout en ne respectant pas la culture de l'auteur. Voilà un même extrait en langue originale et dans la traduction où Queneau corrige l'emploi fautif de "although" (lequel marque une opposition alors qu'il n'y a rien de contradictoire entre les deux propositions reliées par cette conjonction) en traduisant par "si bien que". Il gomme aussi une répétition puisque "I called the rest of the old people who remained" devient "je réunis ceux qui restaient" :

« The great famine was still going on seriously in every part of the town, although when I saw that many old people began to die every day, then I called the rest of the old people who remained and told them how we could stop the famine. »

« Mais la grande famine continuait à sévir gravement dans tous les quartiers de la ville, si bien que, lorsque je vois que de nombreux vieillards mouraient chaque jour, je réunis ceux qui restaient et je leur dis comment nous pourrions faire cesser la famine. »



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Message par Tristram Lun 22 Mai - 13:18

Merci à toi, Dreep, pour la découverte (et celles encore à venir ?) !
Certes la traduction de Queneau n'était sans doute pas parfaite (et l'anglais de Tutuola était volontairement défaillant), avis aux nouveaux traducteurs !

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Message par Bédoulène Lun 22 Mai - 19:54

merci Tristram, j'aime bien les auteur Africains

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