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René Maran

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Message par Tristram Jeu 5 Oct - 22:30

René Maran
(1887 – 1960)

René Maran Maran10

René Maran, né à Fort-de-France (Martinique) le 5 novembre 1887 et mort à Paris le 9 mai 1960, est un écrivain français.
Il est le fils de Léon Herménégilde Maran, originaire de Guyane, de même que son épouse, Marie Corina née Lagrandeur, tous deux nés en 1865.
Ses parents l'emmènent en 1894 au Gabon, où son père doit occuper un poste dans l'administration coloniale. Lorsqu'il a 7 ans, pour lui permettre de faire de bonnes études, ils le mettent en pension en 1894 au « petit lycée » (classes primaires) de Talence (Gironde).
En classe de sixième, il devient élève au lycée de Bordeaux (devenu lycée Montaigne), où il découvre Marc Aurèle avec son professeur de latin. Il côtoie Félix Éboué, son ainé de trois ans, boursier, arrivé à Bordeaux en 1901.
Il part pour les colonies en 1909, pour y occuper un emploi administratif subalterne, faute d'être passé par l'École coloniale.
En 1912, il entre dans l'administration coloniale, par la « petite porte ». Il est affecté comme agent de police à Bangui en Oubangui-Chari (Afrique-Équatoriale française, AEF). Souvent en conflit avec son administration, commis de quatrième classe, puis secrétaire de troisième classe, il est de plus en plus mal noté, considéré comme susceptible et procédurier.
À la suite d'accusations — qu'il conteste — de violences sur des indigènes lors d'une campagne prophylactique contre la maladie du sommeil dans la circonscription de Kémo-Gribingui, il fait l'objet d'un blâme de son administration, puis d'une condamnation à la peine de 50 F. d'amende avec sursis par le tribunal de première instance de Bangui.
De retour à Paris à partir de 1919, il repart pour la région du Lac Tchad en 1921. En 1923, après plusieurs demandes infructueuses de rapatriement pour cause médicale, il démissionne de l'administration et décide de vivre de sa plume d'écrivain et de journaliste littéraire et de radio à Paris, où il résidera dorénavant.
Il écrit en cinq ou six ans le roman Batouala, qui décrit la vie d'un village africain du point de vue du chef éponyme. Dans la préface de ce roman, René Maran dénonce certains aspects de la colonisation, ce qui entraîne des controverses et lui vaut des inimitiés. Il obtient le prix Goncourt en 1921, premier écrivain noir à recevoir ce prix.
Dans les années 1930, René Maran fréquente le salon littéraire de Paulette Nardal où il rencontre Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Jean Price Mars. René Maran exprime des réserves sur le mouvement naissant de la négritude dont il se méfie.
René Maran meurt à Paris le 9 mai 1960. Il est enterré à Paris au cimetière du Montparnasse (11e division).

Œuvre
La Maison du bonheur, Paris, Édition du Beffroi, 1909, 164 p.
La Vie intérieure : poèmes 1909-1912, Paris, Édition du Beffroi, 1912, 157 p.
Batouala : véritable roman nègre, Paris, Albin Michel, 1921, 169 p.
Le Visage calme, Paris, Éditions du Monde nouveau, 1922, 87 p.
Le Petit Roi de Chimérie, Paris, Albin Michel, 1924, 237 p.
« André Lamandé », Revue bleue,‎ 20 novembre 1926, p. 688-690
Djouma, chien de Brousse, Paris, Albin Michel, 1927, 253 p.
« Doppélé, nouvelle inédite », Candide,‎ 2 janvier 1930
Le Cœur serré, Paris, Albin Michel, 1931, 253 p.
Le Cœur serré, Bordeaux, Le Festin, 2001 (réédition), 186 p.
Asepsie noire !, Paris, Laboratoire Martinet, 1931, 45 p.
« Défense d'aimer », Feuillets littéraires, no 1,‎ 1932, p. 1-39
Le Livre de la brousse, Paris, Albin Michel, 1934, 287 p.
Les Belles images : poèmes, Bordeaux, E. Delmas, 1935, 86 p.
Afrique Équatoriale Française, terres et races d'avenir (ill. Paul Jouve), Paris, Imprimerie de Vaugirard, 1937, 83 p.
Livingstone et l'Exploration de l'Afrique, Paris, Gallimard, coll. « La découverte du monde », 1938, 276 p.
Bêtes de la brousse, Paris, Albin Michel, 1941, 253 p.
Brazza et la Fondation de l'A.E.F., Paris, Gallimard, coll. « La découverte du monde », 1941, 107 p.
Les Pionniers de l'Empire : Jean de Béthencourt. Anselme d'Isalguier. Binot le Paulmier de Gonneville. Jacques Cartier. Jean Parmentier. Nicolas Durand de Villegaignon. Jean Ribaut, t. I, Paris, Alibin Michel, 1943, 331 p.
Mbala, l'éléphant (ill. André Collot), Paris, Arc-en-Ciel, 1943, 187 p.
Peine de cœur, Paris, S.P.L.E., coll. « Univers », 1944, 207 p.
Les Pionniers de l'Empire : Samuel Champlain. Belain d'Esnambuc. Robert Cavelier de la Salle, t. II, Paris, Alibin Michel, 1946, 413 p.
Un homme pareil aux autres (ill. Andrée Corbin), Paris, Arc-en-Ciel, 1947, 248 p. (BNF 32415549).
Elian-J. Finbert et René Maran (dir.) (ill. Andrée Corbin), Le Livre de la sagesse nègre, Paris, Robert Lafont, 1950, 109 p.
Savorgnan de Brazza, Paris, Editions du Daufin, 1951, 246 p.
Bacouya, le Cynocéphale, Paris, Albin Michel, 1953, 241 p.
Félix Eboué, grand commis et loyal serviteur, 1885-1944, Paris, Éditions Parisiennes, 1957, 128 p.
Le Livre du souvenir : poèmes, 1909-1957, Paris, Présence africaine, 1958, 143 p.
Bertrand Du Guesclin : L'épée du roi, Biographie, Paris, Albin Michel, 1960, 321 p.

(Wikipédia)

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Message par Tristram Jeu 5 Oct - 22:43

Batouala

René Maran Batoua10

Début XXe, dans l’Oubangui-Chari (Centrafrique) : Maran nous fait assister au réveil de Batouala, grand mokoundji (chef) d’une tribu m’bi du groupe banda, près du poste de Grimari, entre les rivières Bamba et Pombo. Grand chasseur et guerrier, il est curieusement présenté d’entrée comme un fainéant, et les animaux de sa maisonnée le sont avec plus d’affection ; ses neuf femmes sont à peine évoquées, peut-être parce qu’elles dorment dans leur case personnelle, sauf sa favorite, Yassigui’nda.
Après celle de la basse-cour et du chien Djouma, belle observation d’une tempête de pluie :
« Tintements de sonnailles, chocs de pilons, cliquetis de sagaies, vomissements incoercibles, – discrets ou clairs, criards ou rauques, les coassements de toutes les sortes de crapauds et de toutes les espèces de grenouilles font « yangba » [la fête]. »
Batouala a organisé une yangba avec ses voisins. Tous se plaignent de l’impôt, des travaux d’exploitation du caoutchouc et du portage, imposés par les boundjous (les blancs), qu’ils ne comprennent pas et détestent.
« Et d’abord, non contents de s’appliquer à supprimer nos plus chères coutumes, ils n’ont eu de cesse qu’ils ne nous aient imposé les leurs. Ils n’y ont, à la longue, que trop bien réussi. Résultat : la plus morne tristesse règne, désormais, par tout le pays noir. Les blancs sont ainsi faits, que la joie de vivre disparaît des lieux où ils prennent quartiers.
Depuis que nous les subissons, plus le droit de jouer quelque argent que ce soit au « patara ». Plus le droit non plus de nous enivrer. Nos danses et nos chants troublent leur sommeil. Les danses et les chants sont pourtant toute notre vie. »
Puis sont décrites les danses, la cérémonie des ga’nzas (circoncisions et excisions des jeunes initiés), enfin la danse de l’amour, qui se termine par une orgie collective.
« Ivresse sexuelle, doublée d’ivresse alcoolique. Immense joie de brutes, exonérée de tout contrôle. Des injures retentirent. Du sang jaillit. Vainement. Le seul désir était maître. »
Le père de Batouala s’est éteint pendant la fête, et ses funérailles sont rapportées avec un souci quasi-ethnographique (exposition du corps pendant huit jours, avant qu’il ne soit « planté » dans une double fosse et que ses biens personnels ne soient détruits, sa case décapitée, son phallus totémique brisé). Est soulignée l’importance de la coutume, qui reflète la sagesse des anciens. De même, la mythologie est abordée, avec notamment Ipeu, la lune, qui chaque jour fait fuir Lolo, le soleil.
C’est la saison sèche, celle de la chasse aux filets, et des feux de brousse :
« Le grondement que produit le tam-tam sur la double enflure des li’nghas, l’appel des olifants ou des trompes, certains cris qui imitent à s’y méprendre ceux de certains oiseaux, les signaux de feu qu’on fait de hauteurs à hauteurs, l’herbe allongée au beau milieu du chemin, deux termitières placées l’une sur l’autre suivant une coutume invariable, des touffes de feuilles tressées d’une certaine manière, le morceau de bois que traverse un autre de part en part, – sonore, lumineux ou immobile, – voilà un langage vivant, d’une richesse innombrable ! »
Le jeune et beau Bissibi’ngui convoite Yassigui’nda (et réciproquement) ; Batouala a des soupçons, et se trament des projets d’assassinat du rival par empoisonnement ou par les armes (couteaux de jet, sagaie)…

D’une manière générale, ce roman vaut plus pour la description de la société indigène et de la brousse que par ses moments lyriques.
« Toucan », « caïman » (pour calao et crocodile), quelques inexactitudes, zoologiques notamment, trahissent les origines de Maran. À ce propos, je suis déconcerté par ce destin d’un homme vraisemblablement issu d’Afrique via l’esclavage (séculaire dans cette zone d’Afrique), qui retourne en quelque sorte à ses origines, dans les rangs des colonisateurs.
Est paru peu après le Voyage au Congo, carnet de route d’André Gide en cette même Afrique-Équatoriale française https://deschosesalire.forumactif.com/t1498-andre-gide#69983 ; de même que Batouala, ce livre ne remet pas en cause le colonialisme, mais ses excès.
Dans l’édition que j’ai lue, le roman est suivi par un conte animalier, Youmba, la mangouste.
« Il est des moments, dans la vie, où il faut suivre son nez où il a envie de vous conduire. Le monde ne révèle en général ses secrets qu’aux chercheurs. Toute connaissance se fonde peu ou prou sur la curiosité. Celle-ci constitue par ailleurs, en bien des cas, un des plus sûrs moyens de défense préventive dont on puisse disposer. Chercher à voir, c’est chercher à savoir, et, dans une certaine mesure, à prévoir. »

\Mots-clés : #colonisation #discrimination #traditions #xxesiecle

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Message par Bédoulène Ven 6 Oct - 11:40

"de même que Batouala, ce livre ne remet pas en cause le colonialisme, mais ses excès.

pas mal de critique tout de même dans le 2ème extrait ; et connait-on l'avis des autres habitants ?

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Message par Tristram Ven 6 Oct - 12:30

Cet extrait est précisément utile pour relativiser le propos : Les colons considèrent que les indigènes sont surtout motivés pour jouer, picoler et danser. De même Batouala est présenté d'entrée comme un fainéant : c'est le regard du colonialiste. Et Maran appartient à ce milieu.

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Message par Bédoulène Ven 6 Oct - 13:48

ok merci

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