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Michel Leiris

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Message par Nadine Lun 21 Oct - 20:57

Un petit hors sujet du coup :
(A la ressourcerie où je suis bénévole et assez investie dans le rayon bouquins, il y a un essai que j'ai soigneusement préservé de la benne à papier :
Michel Leiris - Page 2 Bransi10
J'ai beaucoup aimé le film de Polanski "la Venus à la fourrure". Du coup c'est marrant pour moi, j'attends qu'il parte. Personne ne connait ou n'ose l'acheter.Si quelqu'un est intéressé pour que je lui envoie (il m'en couterait 0,50 cts) : MP
j'ai eue envie de l'acheter, mais en vrai j'ai été tellement maso (genre catholique qui tend la joue) enfant, que je n'ose certainement pas creuser le sujet car je me suis soignée depuis (je suis devenue tractoriste d'ailleurs). Mais le film de Polanski m'a plu parce que le personnage féminin est assez beau, j'étais épatée. )
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Message par Invité Mar 25 Aoû - 8:36

Je suis proche de terminer ma lecture de L'âge d'homme, de Michel Leiris, et je lis avec plaisir vos commentaires.

shanidar a écrit:
Quant au reste, il faut bien reconnaitre que si Leiris pèche parfois par trop d'humilité (laquelle pourrait presque se transformer en orgueil), le récit laisse un brin rêveur tant il semble codifier par son époque (la révolution sexuelle n'est pas encore passée par là, la femme ne peut être que mère ou putain -mais alors comment et à qui peut-on faire l'amour ?- et la société bourgeoise figée dans sa poule au pot et ses règles établies ressemble à un monstrueux pachyderme impossible à transformer), je vous assure, certaines descriptions sont à cet égard absolument sidérantes. Si la lecture de Leiris a encore aujourd'hui un intérêt (outre son sens merveilleux du style) c'est bien dans cette représentation d'une époque effacée, dont l'ordonnancement fait frémir et ne pouvait aboutir qu'à des frustrations et des dérèglements à la hauteur de ses barrières.  On comprendra d'autant mieux que certains (comme Bataille) se soient réfugiés dans l'érotisme, la tauromachie et une forme de piété totalement sublimée et quasiment malsaine. Car que faire d'autres ? Des colliers de nouilles ? Pouah !
[/size][/i]

Je ne peux être que d'accord avec ce que disait shanidar... Vu de notre temps, ce dont nous parle Leiris, ou Bataille (pas étonnant que les deux aient été proches) semble souvent suranné, pour la simple raison que ce qu'ils développent ne peut être envisageable que dans une société pudibonde, avec de forts tabous, et que l'érotisme n'est possible que s'il y a quelque chose à transgresser. Aujourd'hui on peut encore observer certaines mentalités puritaines, mais d'un autre côté l'hypersexualisation de la société a tué toute forme d'imagination concernant le sexe, quand en 2 clics n'importe qui peut accéder à du contenu pornographique. Dans un monde moins technologique, un petit rien pouvait servir pour alimenter des fantasmes.

Tout ceci est fort intéressant néanmoins, Leiris se livre et quelque part nous fait revivre une époque à travers ses fantasmes, ses doutes, et il montre qu'il était un homme tout à fait torturé.

Toute ma vie est faite de ces balancements : tranquille, je m'ennuie à mourir et souhaite n'importe quel dérangement, mais pour peu que survienne dans mon existence un élément réel de bouleversement, je perds pied, j'hésite, j'élude et je renonce le plus souvent. Je suis incapable, en tout cas, d'agir sans réticence et sans remords, je ne me livre jamais sans une arrière-pensée de me reprendre et, si je reste replié sur moi-même, ce n'est jamais sans le regret d'un abandon, dont j'éprouve une envie véhémente.

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Message par Bédoulène Mar 25 Aoû - 9:53

merci Arturo, ce serait l'occasion d'en connaitre un peu sur la bourgeoisie, mais je grincerais certainement des dents Smile

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[/i]
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Message par Tristram Dim 31 Jan - 0:50

Je signale ici aussi cette émission, 4 x 58' : https://www.franceculture.fr/emissions/series/la-solitude-sonore-de-michel-leiris
Son style, ses rapports à l'ethnologie et à l'ailleurs, au surréalisme, à l'autobiographie, à l'érotisme et à la mort : un des écrivains qui m'ont particulièrement marqué.

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Message par ArenSor Ven 5 Fév - 22:24

On parle beaucoup ces jours-ci de la correspondance entre Leiris et Jouhandeau qui vient d'être publiée. Je n'aurais jamais pensé ces deux là si proches l'un de l'autre !
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Message par Tristram Ven 9 Avr - 13:59

Langage Tangage ou ce que les mots me disent

Michel Leiris - Page 2 Langag10

Le livre débute, en guise de « supplément » à son Glossaire j'y serre mes gloses, par Souple mantique et simples tics de glotte, un recueil sous forme de lexique de jeux de mots sur leurs sonorités et des associations analogiques.
« hétéroclite (quel étrange cliquetis de choses et autres cette épithète étiquette !). »

« marginal – allergique à la mare où l'on nage en majorité. »

« miroir – roi de la rime. »
Suit une sorte d’essai commençant sur le même ton, le fond dicté par la forme (ou l'inverse), auto-démonstration de son procédé de composition de paraphrases par calembour et allitération, les mots suscités par d’autres avec transformation sémantique et musique lyrique, écriture « chargée d'harmoniques et comme animée d'un indéfinissable vibrato... »
Ce sont en quelque sorte les ultimes paroles anticipées de Leiris, sa dernière volonté de brûler ses livres, renier le (vain) refuge de l’écriture, ce qui fut le fondement de toute son existence, afin d’éviter de vivre et la mort, ainsi que tout engagement.
« Brûler mes livres : me punir par où j'aurai péché et détruire le corps du délit. Péché dont il n'y a pas à chercher à déterminer si excès ou défaut le caractérise, car il est péché pour ainsi dire originel : m'être depuis ma jeunesse acharné à rédiger des livres au lieu de m'attacher franchement à ce qu'il m'était donné de vivre. »
Leiris s’interroge et s’étudie, tente sans cesse de se justifier et de rationaliser son rapport à la littérature.
« Déçu, désarçonné mais dévoré par le désir de dire, comme si dire les choses était les diriger, disons du moins : les dominer. Dur ou doux, ce qui se doit avant tout, c'est dire différent : décalé, décanté, distant. D'où – que l'on n'en doute pas – mon langage d'ici, où les jeux phoniques ont pour rôle essentiel – eau, sel, sang, ciel – non d'ajouter à la teneur du texte une forme inédite de tralala allègre ou tradéridéra déridant, mais d'introduire – doping pour moi et cloche d'éveil pour l'autre – une dissonance détournant le discours de son cours qui, trop liquide et trop droit dessiné, ne serait qu'un délayeur ou défibreur d'idées. Curieusement donc, chercher du côté du non-sens ce dont j'ai besoin pour rendre plus sensible le sens, pratique point tellement éloignée – à bien y réfléchir – de ce procédé classique la rime, qui joue sa musique mais le plus souvent ne rime à rien sémantiquement parlant. »
Suivant ce staccato de consonnes dentales, une superbe variation sur l’inexprimable :
« …] "indéfinissable" (alias déphasé, déclassé, ainsi qu'un dé dans l'infini des sables), terme aussi flou que ces deux autres qu'on croirait ouverts sur des profondeurs quand, indices d'incontestable infirmité, ils ne sont qu'aveux d'une incapacité catégorique de formuler : "indicible" et "ineffable" [… »
Leiris revient sur la méthode appliquée dans son « intermittent et interminable glossaire » pour explorer le langage et la langue − protocole d’invention poétique de gloses qu’en fait il prolonge et remet en pratique :
« …] chacun de ces textes (à peine dignes de ce nom tant ils étaient concis) apparaissait, non comme le fruit de mon caprice mais comme déterminé par le contenu phonétique et la structure formelle du mot ainsi analysé, mot en quelque sorte déplié, façon fleur japonaise, comme pour l'expliciter et mettre en évidence ce qu'il suggère non seulement tel qu'on l'entend mais tel que les yeux le voient [… »

« …] − comme dans une mélodie une note paraît appeler une autre note ou quelques autres – un mot en appellerait un autre, l'arbitraire des signes cédant place en apparence à un système cohérent [… »
Leiris commente longuement la place essentielle de cette manière de dictionnaire surréaliste, onirique et divinatoire dans sa vie et sa pensée, rite en rapport avec la mort, devenu jeu, voire tic ; au cours de cette analyse il évoque notamment Mallarmé, Rimbaud et (son ami) Desnos, Raymond Roussel, Joyce, mais aussi Shakespeare et Verdi.
À propos de la dualité fond et forme, Leiris ajoute cette belle image au débat :
« …] le contenant était autant ce qui détermine le contenu que ce qui, par décret du sort dirait-on, le revêt [… »
Je suis resté trop longtemps loin de l’œuvre de Leiris, au point d’avoir presque oublié quel styliste fondamental il demeure.
Les amateurs de poésie sont fort heureusement nombreux sur le forum, et je les engage à découvrir cet auteur (qui rappelle Ponge et, évidemment, les surréalistes) si ce n’est déjà fait !

\Mots-clés : #autobiographie #creationartistique #ecriture #essai #poésie

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Message par bix_229 Ven 9 Avr - 15:33

Je me répète, mais pour avoir la plus complète vision de Leiris, il faut lire les 4 volumes de 
La Règle du jeu, on y retrouve tous les thèmes de l'oeuvre et plus encore.
Sauf le 4e, Frele bruit, à mon avis.
Et qui soutiennent la comparaison avec La recherche de Proust.
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Message par Tristram Ven 9 Avr - 15:53

Exact, tu te répètes La Règle du Jeu est l'oeuvre majeure de Leiris, et Langage Tangage, d'ailleurs nettement postérieur, est surtout intéressant lorsqu'on connaît ce qu'il a écrit auparavant.

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