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Carlo Emilio Gadda

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Message par Tristram Ven 22 Jan - 21:02

Personnellement, j'ai l'habitude de compulser le dictionnaire en permanence, dont l'étymologie de mots courants qui m'interrogent soudain. De plus, je trouve que ces mots sénescents voire moribonds méritent d'être utilisés quelquefois, ne serait-ce que pour leurs sonorités, ou ce qu'ils rappellent de l'Histoire.
En outre, ça fait partie du projet et de l'idiosyncrasie de Gadda, son écriture lieu de rencontre des divers argots et dialectes.
Et ça change du lexique racinien des SMS.

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Message par animal Ven 22 Jan - 21:13

héhé. Je pense à toi aussi avec les Légendes flamandes !

pour revenir au pastis embrouillé je crois que j'ai été plus à l'aise avec cette "nouvelle" version. moins peuple je ne sais pas mais plus fluide ? rendant palpable en tout cas la multiplicité des registres. n'y connaissant rien à l'italien à part qu'il n'est pas monolithique....

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Message par Bédoulène Sam 23 Jan - 9:05

merci pour ces deux extraits et pour la signification des deux mots que je ne connaissais pas !

les deux traductions ne trahissent pas l'idée

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Message par Tristram Mer 10 Nov - 12:07

L'Adalgisa - Croquis milanais

Carlo Emilio Gadda - Page 2 L_adal10

Dans la continuation de La Connaissance de la douleur, huit textes situés dans la Milan de l’entre-deux-guerres (et traduits par Jean-Paul Manganaro).
Nuit de lune
Brève description du crépuscule.
Quand le Girolamo a fini…
Ça commence avec les employés de la Confiance, cireurs de parquets, puis voilà Bruno le bellâtre en triporteur…
« Cette cassure, ce cracking des nénies et de la plainte procédurale, exerce une fascination incroyable sur le cœur des femmes : cric-crac sublime, giclement subit de la lame et de la pointe hors de sa coquille : du couteau à cran d’arrêt. »
Claudio désapprend à vivre
S’effondre le pont de l’oncle, ingénieur et professeur à Polytechnique…
Il eut quatre filles et chacune fut reine
Dans le nouveau logement du Nobilis Homo Cipriano de’ Marpioni, l’ample donna Giulia et leur turbulente progéniture, appartement amélioré de tomettes branlantes et de traîtresses marches pour rattraper les dénivelés dans le couloir-boyau, un régal de caricature farfelue.
Les moments perdus
Lectures d’un ingénieur encore, entre journal humoristique et ressources bibliothécaires.
Dans ce texte comme pour les autres, des notes de l’auteur, de bas de page ou renvoyées à la fin, explicitent didactiquement le projet littéraire, une métaphore, un point d’architecture locale ou d’histoire, l’étymologie d’un terme de dialecte, une notion scientifique…
« Les locutions et vocables empruntés à une langue étrangère (1928) sont destinés à reprendre le ton (autant dire à le singer) de certaine conversation cultivée − ou cultivée moyennement − du milieu et de l’époque : qu’on veuille bien ne pas les attribuer à une défaillance des possibilités lexicales de la part de l’auteur ou à une diminution de sa déférence pour la langue maternelle. »
Un « concert » de cent vingt professeurs
Valerio emmène sa jeune tante Elsa à l’opéra, où se presse la société mélomane (superbe scène du prélude de l’orchestre qui s’accorde !).
« Voilà, déjà tous, toutes, les regardaient. Certaines avec de longs regards de travers, plus forts que toute interdiction de décence, de ceux que les femmes dédient aux femmes, longs sillages d’éternelle envie. D’autres, debout, leurs grosses pattes dans les poches, balançant une gambette guillerette sous le globe du ventre, et savourant leur propre langue comme couenne bien grasse : enfermé, le globe, en un gilet de paon fat, "qui s’y connaît". »

« Un pot de brillantine avait été absorbé par leurs cheveux doucement ondulés : et qui distillaient la pureté du nard, comme, des broches du temps, un rôti ruisselant. »

« Ils semblaient farcis de petites pommes de terre rôties jusqu’au cou et aux amygdales comme le vide-ordures quand il est engorgé. »
Au Parc, un soir de mai
Donna Eleonora la mauvaise langue y est halée par son haridelle, et on retrouve Elsa, et on rencontre Adalgisa.
L’Adalgisa
L’ex-cantatrice est veuve avec deux enfants de Carlo, comptable entomologiste amateur.
« En douze ou quinze boîtes de bois, chacune pavée de son double fond de liège, et ce dernier, enfin, recouvert d’une feuille de papier blanc à coordonnées rectilignes, sur des épingles en nombre infini, devant les yeux écarquillés des deux enfants, le pauvre Carlo avait méticuleusement transpercé les scarabées et les dytiques en nombre infini de la nature, les cébrionidés, les curculionidés, les cérambyx, les buprestes, les élatéridés : les fuyantes cicindèles à l’odeur de rose et de mousse, luisantes comme Jeanne d’Arc dans leur cuirasse d’acier fermé, bruni : puis les infatigables ateuchus et les silphes, et toute l’engeance si salubre des croque-morts agrestes et sylvains. »
Puis l’auteur passe au « je », évoquant l’époque où il était énamouré de la belle tétonnière avant son mariage (hilarante séance photo).

Le riche enchevêtrement lexicographique de Gadda, qu’un italianisant érudit goûterait davantage ! En effet, cela déborde d’allusions et sous-entendus plus ou moins abscons…
Il y a du Federico Fellini, de l’Albert Dubout dans ces croquis, un impérieux besoin de rapporter le moindre détail, même accessoire, de saturer, densifier la description, et d’utiliser toute la palette lexicale.

\Mots-clés : #humour #viequotidienne

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Message par Quasimodo Mer 10 Nov - 12:16

Il me tente chaque fois que je me rends dans certaine librairie. Tu recommandes aux non italianisants ?
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Message par Tristram Mer 10 Nov - 12:23

Je pense que ça doit déjà être assez difficile dans sa langue (ou ses langues), même pour un Italien. Ce n'est pas d'un abord facile, mais la démarche de Gadda me séduit énormément ! Tente, plutôt que de te laisser tenter ?!

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Message par Tristram Mar 11 Oct - 14:38

Des accouplements bien réglés

Carlo Emilio Gadda - Page 2 Des_ac10

Parmi ces quatorze récits, Saint Georges chez les Brocchi est une novella qui tympanise sarcastiquement la bonne société milanaise, pudibonde et mécène de tradition ; la famille comprend notamment la comtesse, qui malgré l’égide des saints pour lesquels elle brode des nappes d’autel craint fort la dégradation morale en ce XXe (on est au printemps 1929), mauvaises fréquentations et lectures pour son fils Luigi (Gigi, dix-neuf ans, tracassé par son éveil sexuel), Jole l’avenante femme de chambre du comte, l’oncle Agamènnone qui compose une Éthique comme Cicéron pour édifier la jeunesse virile.
« Les bulbes oculaires du professeur, gonflés de dédain, vrombirent comme frondes pour projeter au loin ce grondeur projectile. Ses bras, forts et courts, mirent en mouvement des mains voletantes, grassouillettes : un frémissement de grives.
La Marietta, qui passait chargée d’un grand plateau, lui jeta un regard de commisération, et de travers – elle en avait assez de tout ce cirque : quand elles coïncident avec des propositions exagérément nobles et virilement martelées, même des yeux de bossue et des dents de cheval peuvent atteindre à une ironie de style. »
L'Incendie de la via Keplero décrit ses ravages dans un immeuble populaire, le sort de ses occupants et leur secours.
« Des cheminées et des usines du voisinage les sirènes hurlèrent vers le ciel torréfié : et la trame cryptosymbolique des voix électriques perfectionna les appels désespérés de l’angoisse. »

« Et le regard aussi, du reste, voilé, mélancolique, perdu dans le céleste abîme de la flemme, la partie supérieure de ses bulbes oculaires dissimulée par des paupières tombantes, en une espèce de sommeil-du-front, le regard aussi prenait quelque chose du Sacré-Cœur, comme ça, un peu à la Kepler, quand ce n’était que l’opération de la Sacrée Bonbonne. »
Bien nourri contient une remarquable description d’une demeure, qui commence ainsi :
« À l’Allòro, par le raccourci, on y arrive le souffle coupé : c’est la vieille villa sur la colline, une ferme à vrai dire, gardée du dehors par le donjon du Torracchio, du sommet du coteau, et l’escouade de ses noirs cyprès : qui figurent, dans le ciel, comme des lames effilées. »

« Dans la cour, un énorme jeune homme s’avançait pesamment : projetant à chaque pas tout son corps d’un côté, chargeant la jambe et le pied tour à tour avancés dans la marche : en une ondulation compressive, d’un pavé à l’autre, qui, à chaque nouveau mouvement du pied, semblait devoir écraser la tête d’un nouveau serpent. Il tenait une cigarette entre ses doigts, avec la gravité d’un chef de chantier. Enfin Lisa vint à sa rencontre en sautillant, laissant sautiller, sur ses épaules, le flot de ses beaux cheveux qu’un ruban retenait à mi-vague : et avec plus d’un trille, l’ayant pris par la main, elle l’introduisit chez Mme Gemma. Comme le remorqueur introduit le navire dans le port. »
Socer Generque, comme d’autres textes, évoque la guerre et le fascisme.
« Un mois plus tard en effet, avenue des Chemises-Noires, deux vagissements vinrent au monde, l’un après l’autre, deux petits monstres sans chemise, mais dotés chacun d’un petit engin : à la grande joie du Premier Maréchal d’Italie, qui subodora aussitôt en eux deux futurs chômeurs qu’on pourrait envoyer crever, pour le plus grand bien de l’Italie, l’un en Russie, l’autre en Libye. »
Accouplements bien réglés : un autre novella, qui traite de la transmission du capital, la « privée, très privée, propre et personnelle propriété », avec un réjouissant pataquès juridique.
« Tout comme la goutte d’eau se gonfle en s’irisant, et petit à petit se sphéricise, sous l’augmentation constante de son propre poids, au bord extrême de la gouttière : jusqu’à l’instant où, tac, elle s’en décolle tout soudain : et dans le court moment de sa chute, acquiert son identité particulière et prend le nom de goutte d’eau, Berkeley lui-même ne l’appellerait pas autrement ; elle appartient pendant deux secondes, le temps d’atterrir sur le cou de qui, au passage, en frissonne, à une vaste certitude : la certitude du « réel » historique orchestré par Dieu, historicisé par Hegel, exalté par Carlyle. Elle, la goutte, à peine captée par la dialectique de l’histoire ou la vertèbre cervicale du passant, s’évapore aussitôt : comme la Substance du marquis de Château Flambé dans le creuset dialectique de l’an 1792. »

« La concomitance d’un certain nombre de faits amène à maturation, par une opération combinatoire, d’autres faits dont la somme constitue, à nos yeux, l’après-coup logique des premiers, et nous donnons à cette somme le nom de destin, de fatum : l’interprétant comme un énoncé contraignant ou normatif éructé de bouche de prophète. »
Ce recueil me paraît constituer une entrée privilégiée dans le monde des proliférantes ramifications gaddéennes, divagations langagières que de plus longs textes rendent plus ardue ; pour vraiment y pénétrer, il me semble qu’il faudrait maîtriser l’italien de manière approfondie, ainsi que ses dialectes, et les domaines abordés (comme l’antiquité romaine, nombre d'auteurs, etc.) …

\Mots-clés : #humour #nouvelle

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Message par Bédoulène Mar 11 Oct - 20:25

même si je ne parle pas l'italien, je tenterai peut-être

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Message par Tristram Jeu 8 Déc - 12:41

Les Colères du capitaine en congé libérable et autres récits

Carlo Emilio Gadda - Page 2 Les_co12

Promenade d'automne
Le comte Marco et sa sœur Nerina, Alberto, l’infatigable Rineri et Giovanna font halte dans une chaumière déserte lors d’une randonnée dans les Alpes par un automne pluvieux. Le premier raconte l’histoire d’un assassinat où Stefano, ancien braconnier devenu son fidèle garde-chasse (et ami), est (injustement) soupçonné ; le jeune homme est présentement poursuivi par les gardes, et ne songe qu’à dire son innocence à sa mère, Marco et Nerina (qui l’aime, et est aimée de Rineri).
Premier texte de fiction de Gadda, rédigé dans un style "classique" et châtié.
« La certitude, ce sont les ennemis qui l’ont : ceux qui haïssent croient. »
Voyages de Gulliver, c’est-à-dire du sieur Gaddus – Quelques mesures d’ouverture pour le livre projeté
Parodie bouffonne en "vieil italien" (vieux français en tout cas pour les lecteurs de cette traduction ; les traducteurs de Gadda, comme ceux de l’Ulysse de Joyce, doivent se livrer à une transposition inventive recourant à l’archaïsme, aux lexiques érudits et/ou techniques, aux argots et autres langues, comme à la néologie), louange du bonheur de la « Breanza », « la terre lombarde » – farce rabelaisienne !

Les colères du capitaine en congé libérable
Sous-titre : « Première colère : contre Sémiramis, la chasse d’eau, les cylindres zingués, l’architecte Gutierrez et le physicien Wollaston. Triomphe d’une céramique. » L’irascible capitaine Gaddus s’emporte contre le bruyant ramassage des poubelles métalliques tôt matin, les orgues de Barbarie, les chaînes de chasse d’eau trop fragiles… Humour, caricature, baroquerie dont il est malheureusement difficile de citer de brefs extraits.

Domingo del señorito en escasez – Dimanche du jeune seigneur désargenté
Déboires d’un jeune hidalgo impécunieux, relatés dans un sabir hispanisant.

L’Enquiquineur
« L’enquiquineur est nécessairement un homme, un mâle. Une profonde et heureuse expérience de la vie m’induit à exclure qu’existe l’enquiquineur femelle, cependant qu’existent aujourd’hui des femelles, autrement dit des femmes, brillamment parifiées à l’homme : femmes ambassadeurs, femmes sénateurs, femmes peintres, femmes écrivains, femmes critiques, femmes ministres, femmes juges, femmes policiers. En une époque qui restera mémorable dans l’histoire de l’humanité pour avoir sanctionné l’égalité des deux sexes, en droit comme en fait, nous sommes heureux de constater que dans la parification des signes caractéristiques et des passeports, un seul signe caractéristique masculin a refusé de se laisser parifier : la tendance à rompre la tête à son prochain, qui chez la femme est nulle, et chez l’homme infinie. »
Une commande importante
Le chevalier Mazzelini, des Fournitures hospitalières et hôtelières, conclut avec la mère supérieure des moniales de San Giuseppe une commande de couture. Le lendemain, il livre une partie du tissu nécessaire avec le marchand, puis le reprend, seul, laissant patienter le commerçant qui attend son paiement pour céder le reste de la livraison…

L’interrogatoire
En patois cette fois :
« Des papiers, des papiers : paperasses et contre-paperasses. Toute l’Italie n’est qu’une grande pile de paperasses : p’r une qu’on lit, n’en a dix mille qu’on écrit. Des papiers, des papiers et encore des papiers. Polisse, polisse. Procès-verbal, avis, mandat, rapport, archives judissiaires, archives politiques, pièce numéro deux numéro trois numéro quatre, table et chaise, encriller et stylo-bon à sucer, menottes et dôssier d’enregistrement de tous ces connards de morts ! Et le portemanteau vekk la patère par terre, chaque fois ! Et les latrines, toultemps, vekk le tuyau bouché ! plus qu’on tire, plus qu’y sort de l’eau, et plus elle monte, c’te fille de pute, elle monte, elle monte : et elle te régurgite tout un archipel de gnocchi en chocolat cassés qui font peur à voir :… qui flottent sur les hautes eaux. Tout’ les fois qu’t’y vas, tout’ les fois, tout’ les fois… Un Marelström !… Et ils tournent, et ils tournent, qu’on dirait qu’y sont pris de folie, et l’eau qui monte, qui monte… continue d’monter, glou glou glou glou glou… L’déluge qui s’arrête pus d’monter et te flanque une de ces trouilles !… « Mais où va-t-elle aller ffinir, c’te saloperie ?… » qu’tu penses. En tenant ton caleçon à la main. Ma foi. »
Ce dialogue (célinien ?) d’un interrogatoire de « polisse » constitue un chapitre écarté du « pastis » de la « rue des Merles » : Balducci, dont l’épouse a été assassinée, répond au docteur Fumi et à Don Ciccio Ingravola, sous le portrait officiel de « le Merda » (fasciste), de ses rapports avec sa pupille, Virginia Troddu…

\Mots-clés : #nouvelle

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Message par Bédoulène Jeu 8 Déc - 16:53

un jour peut-être !

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Message par Pinky Mer 4 Jan - 16:18

Conversation à trois voix. Le guerrier, l'Amazone, l'Esprit de la Poésie dans les vers immortels de Foscolo

Carlo Emilio Gadda - Page 2 Gadda-10

La seule pièce de théâtre de l’auteur met en scène trois personnages : Donna Clorinda Frinelli qui arbitre dans son jardin le débat entre l’avocat De Linguagi, détracteur du poète Foscolo et le professeur Bodoni-Tacchi qui le défend.  Cette « conversation » était, à l’origine, destinée aux programmes culturels radiophoniques de la RAI.

« Gadda utilise la figure de Foscolo pour fustiger le mythe du poète prophétique, à la fois barde de son peuple et âme du monde, qui se révèle au bout du compte un manufacturier précieux et ridicule ».

Après avoir lu cette courte pièce, je me suis dit que j’avais perdu une bonne partie du sens des critiques ou louange des deux protagonistes. Tout d 'abord qui est Foscolo ?
Niccolo Ugo Foscolo (1778-1827) est un poète italien né dans la République de Venise -ce qui n’est pas anecdotique- à une époque où l’Italie n’est pas unifiée ( jusqu'en 1870). Il sera, en particulier, chantre de l’unité de l’Italie et s’est rallié aux armées bonapartistes de la campagne d’Italie pensant que Bonaparte en serait l’artisan. Il est finalement déçu et censuré par celui-ci pour ses écrits « nationalistes », ce qui explique les allusions nombreuses à Napoléon dans la pièce.
Foscolo est aussi chantre de la langue italienne, celle de Dante, Pétrarque et Boccace, le toscan. Gadda a oscillé au cours de sa carrière littéraire entre admiration pour Foscolo et d’Annunzio et rejet. On peut penser que ses désillusions après la guerre de 14 à laquelle il a participé et qui lui a pris son frère ont modifié profondément sa vision « romantique » du pays, de sa culture. L’arrivée au pouvoir de Mussolini n’a rien arrangé (mais je ne connais pas assez l’histoire culturelle italienne pour en dire plus).

« Que Carlo Emilio Gadda n'aimait pas Foscolo est désormais de notoriété publique, compte tenu de la notoriété du pamphlet (4) dédié au «vivant Nicoletto», dont les «hendécasyllabes dégoulinant des lavacri du Càriti» se résolvent en accès «trubadorico – mandrillo»; il me semble cependant que les critiques, bien que féroces, se sont jusqu'ici limitées à enregistrer une idiosyncrasie épidermique, sans demander ou plus exactement chercher des raisons et des motivations profondes. Et je ne considère pas qu'il s'agisse d'une négligence mineure si l'on tient compte du fait que, pour l'attaque de Foscolo, Gadda a été contraint non seulement de se documenter, mais même d'abuser de son propre jugement :
"Je sens que je ne peux pas manquer de respect au Poète, à l'Érudit, à l'homme" ;
La relecture de nombreuses pages de Foscolo, la sympathie constante que lui vouent de nombreux critiques [...] me font douter de la possibilité théorique et pratique de dire du mal de lui, même en passant.
D'autre part, des déclarations telles que:
"Un pygmée comme moi ne peut pas dire du mal du meneur du village, qui cogne la vaisselle"
Les adieux de Superman, Joseph Papponetti, site de l’Université d’Edimbourg
Publié par The Edinburgh Journal of Gadda Studies (EJG)
© 2003-2023 par Giuseppe Papponetti & EJGS. Précédemment publié dans Gadda - d'Annunzio et ouvrage italien (Rome : Fondazione Ignazio Silone, 2002), 9-33.

De ce dialogue, transpire peut-être un peu l’ambivalence de Gadda envers Foscolo.

Pour en donner le ton deux citations :

A propos du Pont d’Arcole
Carlo Emilio Gadda - Page 2 1801_a10
Bonaparte au pont d'Arcole, Antoine-Jean Gros, 1796, Château de Versailles

« Bodoni du Talon
Napoléon saisit le drapeau
Des Langages
Une peinture le représentait à pied, empoignant la hampe du drapeau tricolore, grenadier parmi les grenadiers. Mais cette peinture n’est qu’un bobard ….
Madame Clorinde (effrayée, implorante) !
Monsieur l’avocat !
Des Langages
Un beau bobard. Primo : parce que le Nain, ce jour-là, n’avait cessé d’être un nain, et n’était pas du tout grenadier. Secundo : parce qu’il trottina vers le pont d’Hercule, comme vous, vous l’appelez, à cheval, et non à pied. Tertio : parce que les grenadiers de la division Augereau, bien qu’ils fussent des héros, n’y parvinrent pas. Quarto : parce que dans le »Sauve qui peut » général le Nain fut emporté, à reculons, bien entendu, lui, le drapeau, le chapeau et le cheval ; et ils  tombèrent à l’eau tous les quatre.
Bodoni du Talon :
D’autant plus hardi celui qui risque le tout pour le tout ! …
Des Langages :
Il n’a pas attrapé de pneumonie, ça c’est vrai. »

Foscolo et les Vierges
Des Langages
…Il y a plus de vierges dans les mille neuf cents vers de Foscolo que dans toute l’histoire de la Rome antique. Dans ces « Grâces » même les quadrupèdes sont vierges.
Madame Clorinde (en riant)
Mon Dieu ! Monsieur l’avocat !  Arrêtez.
Des Langages (imperturbable)
Vierges les hommes, vierges les femmes, vierges les chevaux et les juments, vierge la biche de Diane. Ainsi que Diane. Et les Muses Et Minerve. Personne qui se sauve de sa virginité
Bodoni du Talon
Vous faîtes erreur. Et arrêtez.
Des Langages
Il barbote, il rêve de barboter toute la vie dans un collège de Pimpléennes, dans une mer de pensionnaires ; qui raclent on ne sait quelles mandolines, on ne sait quelles harpes. Il s’enfle et fait la brasse  comme une grenouille dans cet océan, heureux, extasié, avec ses rouflaquettes électrisées ; en roulant des yeux ; dans la certitude d’être irrésistible. »

Je pense que j'ai mis autant de temps à lire ce petit livre de 90 pages qu'à me renseigner sur l'histoire italienne, celle de Foscolo, commencer un peu à connaître Gadda que j'ai découvert sans doute par le petit bout de la lorgnette.
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Message par Bédoulène Mer 4 Jan - 19:02

merci Pinky

un peu de mal à lire les pièces

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Message par Tristram Dim 15 Oct - 16:13

L'Affreuse Embrouille de via Merulana

Carlo Emilio Gadda - Page 2 L_affr10

Incipit :
« Tous l’appelaient désormais don Ciccio. C’était le dottor Francesco Ingravallo détaché à la garde mobile [… »
Ingravallo est molisan (du territoire du Molise, en Italie du sud), et enquête (avec son supérieur le dottor Fumi, mais aussi les agents l’Grand-Blond et l’Chippeur, et ensuite le brigadier Pestalozzi, à motocyclette) à Rome sur le vol à main armée subi par madame Menegazzi chez elle, deux cent dix-neuf via Merulana, puis sur le meurtre de sa voisine, madame Liliana Balducci, qui lui succède de peu.
Ingravallo est d’entrée convaincu de la complexité des causes :
« Il soutenait, entre autres choses, que les catastrophes inopinées ne sont jamais la conséquence ou l’effet, si l’on préfère, d’un motif unique, d’une cause au singulier : mais elles sont comme un tourbillon, un point de dépression cyclonique dans la conscience du monde, vers lequel ont conspiré toute une multiplicité de mobiles convergents. Il disait aussi nœud ou enchevêtrement, ou grabuge, ou gnommero, embrouille, qui en dialecte veut dire pelote. Mais le terme juridique « les mobiles, le mobile » s’échappait de préférence de sa bouche : presque contre son gré, semblait-il. »
C’est d’abord le personnage de Liliana, très croyante et fort déçue de ne pas avoir d’enfant, qui est approfondi, avec de longues considérations psychologiques et de genre, déjà amorcées avec madame Menegazzi :
« La longue attente de l’agression à domicile, pensa Ingravallo, était devenue une contrainte : non tant pour elle et ses actes et pensées, de victime déjà hypothéquée, que de contrainte pour le destin, pour le « champ de forces » du destin. »
Giuliano Valdarena, jeune séducteur cousin de Liliana, qui découvrit le corps, est d’abord suspect. Toutes les formes de parenté (consanguinité par cognation, agnation) sont décortiquées. Plus généralement, le roman est très ancré dans l’Italie, son histoire, la mythologie romaine, ses arts (l’iconographie, la littérature) et surtout son peuple.
Mais l’enquête est secondaire, la prose descriptive (et digressive) primordiale. Grandes scènes : parmi les bijoux volés, une topaze ; les gros orteils de Pierre et Paul ; les poules (chez Zamira ou au passage du train). C’est un délire d’embrouillaminis à tous les niveaux, mais soigneusement ourdi, fouillé, approfondi, passant de la physiognomonie aux rappels de Kant et de la « capillotomie dialectique » dans un acharnement des baroque et grotesque.
« À Marino, y avait aut’chose que st’ambroisie ! à la cave de don Pippo y avait l’un blanc assez méchant : un p’tit filou d’quatr’ans, dans quéqu’ bouteilles, que cinq ans plus tôt l’aurait pu l’électriser le ministère Facta [« chef du gouvernement en 1922, au moment de la Marche sur Rome, incapable de la contenir ; en réalité collaborationniste, deux ans plus tard, en 1924, il fut nommé sénateur à vie par Mussolini. »], si le Facta factorum eût été en mesure d’en soupçonner l’existence. Il faisait l’effet du café, sur ses nerfs molisans : et lui offrait par ailleurs tout le bouquet et toutes les nuances d’un vin de classe : les témoignages et les constatations modulées linguatico-palato-pharyngo-œsophagiques d’une introduction dionysiaque. Avec l’un ou deux de sté verres dans l’gosier, va savoir. »

« Et joignant en tulipe les cinq doigts de sa main droite, il fit osciller cette fleur dans l’hypotypose digito-interrogative si en usage chez les Apuliens [de la région des Pouilles]. »

« …] la mort apparut, à don Ciccio, une décomposition extrême des possibles, un détraquement d’idées interdépendantes, harmonisées jadis en la personne. Comme la dissolution d’une unité qui n’arrive plus à être et à œuvrer en tant que telle, dans la chute soudaine de ses rapports, de tout rapport avec la réalité organisatrice. »

« Il s’efforça de rassembler les évidences, si disjointes : de rapprocher les moments, les moments épuisés de l’enchaînement, du temps déchiré, mort. »

« Ce furent des allusions (et mieux que des allusions) « de caractère intime » lâchées par Balducci : en partie spontanément, comme en glissant, le chasseur-voyageur s’abandonnant à cette logorrhée spéciale à laquelle s’adonnent vaincues certaines âmes en peine, ou vaguement repenties sans doute de leurs écarts, dès que survient la phase de radoucissement, comme les bleus surviennent habituellement après les coups : par cicatrisation post-traumatique : alors qu’elles sentent, entre-temps, que le pardon les atteint, et du Christ et des hommes : en partie extraites de sa bouche, au contraire, avec la plus suave des ficelles par des argumentations courtoises, par une péroraison passionnée, par de vivaces clignements d’yeux, par une maïeutique irrésistible et par le charitable alanguissement du pavot et de l’héroïne venant tant du parler que du geste napolitains, du Golfe et du Vòmero : avec une action flatteuse en même temps que persuasive, tatràc ! d’arracheur de dents du genre aimable. »

« Elle savait inculquer, monnayant une honnête récompense, un quantum c’est-à-dire un tantinet d’énergie cinétique aux indécis, aux incertains : les conforter dans la pratique, les fortifier dans l’action. Avec dix lires, on achetait son médicament pour la faculté de vouloir. Avec dix lires supplémentaires, celle de pouvoir. Elle dékierkegaardisait les petits voyous de province en les canalisant pour qu’ils aillent « travailler » en ville, l’Urbe, après leur avoir détergé l’âme des dernières perplexités : ou des derniers scrupules. Elle indiquait le chemin aux audacieux, en leur montrant que les faibles créatures du sexe n’attendaient pas mieux, en ces années-là, que de s’appuyer sur quelqu’un, s’accrocher à quelque chose, qui fût apte à partager avec elles un orgasme sans mémoire, la douce peine de la vie : elle les catéchisait à la protection de la jeune fille, en concurrence avec l’association homonyme. Et les catéchumènes la tenaient pour leur institutrice, tout en la qualifiant entre un verre et l’autre de salope, quand ils pensaient qu’elle n’entendait pas, bien entendu, et de vieille savate et sorcière : étant donné la légèreté du siècle et leur grossièreté personnelle : et peut-être même la qualifiaient-ils de grosse cochonne, une Zamira Pàcori ! et de vieille maquerelle, tiens donc, une couturière comme elle ! une magicienne orientale avec diplôme de première classe ! Belle reconnaissance. Et qu’ils s’avaient mêm’ l’sacré culot d’en dire que les Deux-Saints… l’étaient… ‘ne paire de « j’sais pas si tu vois », accompagnant l’assertion d’une manucaptation-prolation impudente de la paire elle-même, quoique enveloppée dans l’« cheval », dans l’entrejambe : impudente, oh que si, mais assez fréquente, alors, dans les usages du peuple. Calomnies. Mauvaises langues. Pègre de paysans, qui la nuit va voler volailles. »

« La déception le réveilla d’un coup. Le temps dans lequel, dirions-nous, les rêves s’étendent a, au contraire, la rapidité diaphragmante d’un déclic de Leica, il se mesure en fulgurants tempuscules, en infinitésimaux du quatrième degré sur le temps orbital de la Terre, dit communément solaire, temps de César et de Grégoire. »

« Il essayait, il essayait de faire le bilan en raisonnant : de tirer les fils, pourrait-on dire, de l’inerte marionnette du probable. »
L’action se passe en 1927, et Gadda conspue régulièrement les fascistes, surtout Mussolini (et Hitler), ce qui n’est pas forcément manifeste dans une lecture superficielle.
J’ai déjà lu L’Affreux Pastis de la rue des Merles, traduction de Louis Bonalumi du même livre, mais il y a trop longtemps pour pouvoir comparer avec la présente traduction de Manganaro ; en tout cas j’ai retrouvé la même jubilation dans le rendu populaire, et plus généralement dans le bouillonnement stylistique, quelque chose entre Rabelais, Joyce et Céline.

\Mots-clés : #écriture #polar

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Message par Bédoulène Lun 16 Oct - 8:17

merci Tristram, depuis le temps que je compte le lire, je vais dresser une liste de ces  livres.

"pastis" chez nous s'emploie aussi dans le sens de "mélange" méli-mélo............ en dehors de la boisson

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Message par Tristram Lun 16 Oct - 11:16

Le titre original est Quer pasticciaccio brutto de via Merulana, et ce pastis-là semble provenir d'Italie !

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