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Message par animal Lun 29 Aoû - 22:23

Doit y avoir du vrai dans cette conclusion. Longtemps que je n'y suis pas retourné à Gracq...

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Message par Dreep Mar 30 Aoû - 9:20

Oui mais seulement dans celui-là Animal, as-tu essayé Un balcon en forêt ? Les personnages y ressortent beaucoup plus.
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Message par animal Ven 9 Sep - 22:16

Oui, Balcon en forêt est un de mes souvenirs de référence d'une forme de plaisir de lecture. cat

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Message par Tristram Lun 20 Mar - 12:06

Manuscrits de guerre

deuxiemeguerre - Julien Gracq - Page 5 Manusc10

Souvenirs de guerre se présente comme un journal où le lieutenant Poirier commente les événements de sa campagne en mai-juin 1940, principalement dans les Flandres.
« Voici bouclé ce curieux périple de dix jours dans les pays-bas. Nous avons réalisé ce tour de force de zigzaguer dix jours à travers la Hollande et la Belgique envahies sans tirer un coup de fusil. Et maintenant nous allons être engagés alors que tout est perdu, on le sent. Mais allons-nous seulement être engagés ? On finit sérieusement par se le demander. »
Outre cette omniprésente impression de défaite, celle de l’ivrognerie.
« Ces Bretons, si sympathiques, sont devant l’alcool comme des sauvages. »
Beaux temps et paysages auxquels Gracq est sensible, autant qu’à la contrastive absurdité de la drôle de guerre, pleine d’incohérence. Son groupe est perpétuellement débordé, en danger d’encerclement. L’état-major annonce « quelques chars ennemis coupés de leurs arrières sont signalés dans la région, à court de munitions et tirant à blanc pour semer la panique » :
« Pendant que nous gagnons le P.C., tout à coup, folâtre, inattendue comme un éternuement, siffle à quelques mètres au-dessus de nous la première gerbe de balles. L’impression n’est pas très violente, car je me suis rendu compte que c’était assez haut. Le baptême du feu, tout de même. Et, incidemment, nous apprenons que les chars ne tirent pas tous à blanc.
La troupe n’est pas impressionnée, ayant déjà été engagée en Sarre.
Je trouve ce déplacement in extremis très désagréable. J’aurais bien mieux aimé me battre dans une ville que dans la campagne. Ces caprices de petit-maître m’écartent passablement du parangon du parfait soldat.
J’apprends en route que notre général de division a été fait prisonnier à Boulogne, et notre général de brigade tué en essayant de s’échapper. Nous jugeons qu’il n’est peut-être pas très opportun de faire part à nos hommes de ces malheurs des immortels. »

« Et la littérature ne me lâche pas sur la ligne de feu, comme j’aurais pu croire, – au contraire. À certaines heures les pires, un peu plus tard, je me surprendrai à me répéter, comme un petit refrain mécanique : "Fanal de Maldoror, où guides-tu ses pas ?" »

« Vjoû oû oû oû !
J’ai l’impression qu’une main en une seconde parcourt délicatement la surface de ma peau et en fait lever un à un tous les poils. Cette fois, c’était tout près, à trente, quarante centimètres au-dessus de nous. Chute alanguie, paresseuse, de quelques branchettes.
Immobilité de mort. Une, deux minutes, puis avec des précautions infinies, j’essaie de me lever un peu sur les coudes, pour voir.
Vjoû oû oû oû oû !
Je me plaque contre le sol, essayant d’y faire adhérer, pénétrer par pression chaque centimètre de ma peau. Le visage surtout, que j’essaie d’imprimer dans la terre. Le bord du casque s’arc-boute bêtement en avant et l’arrière se soulève comme une soupape. J’essaie de faire glisser ma musette devant moi. Ah ! avoir au moins quelque chose, ne fût-ce qu’un bout d’étoffe, devant la tête. »

« Dans cette courte guerre, j’ai vu presque toujours autour de moi les hommes hésiter à ouvrir le feu, certains qu’ils étaient – plutôt que de nuire à l’ennemi – de se désigner – sûrs d’avance de n’avoir pas le dernier mot. »
Ils font improbablement des prisonniers, alors que le plus souvent les soldats français envisagent de se rendre. On est loin des idées reçues dans ce témoignage.
« S’il fallait par exemple attaquer demain, avec cette troupe imbibée de défaite comme d’eau une éponge ? Cette idée soulève le rire – mais à quoi bon y penser ? Heureusement à la guerre l’imagination est toujours punie – j’ai eu le temps d’apprendre au moins cela. Et c’est peut-être cette certitude qui fait qu’on y dort si bien, car cette nuit encore je me vautrerai dans le plus profond sommeil. Cœur et tête, je me sens à peu près vide, flottant : l’enveloppe s’agite, marche, donne des ordres qui sont reçus, il faut le dire, comme ils sont donnés – simulacre pour simulacre. Reste le détachement complet de la chose et l’ironie, par lesquels je me sens vivre. Que me font, que me sont tous ces hommes ? la plupart déjà marqués – troupeau aboulique, fourmis absurdes dans la fourmilière bousculée, et pour lesquels je n’ai ni ombre de pitié, ni sympathie.
De notre situation désespérée ne naît, comme on pourrait le croire, ni communion, ni cordialité. Chacun se referme sur soi-même, dans sa boule dure, et il n’y a peut-être aucun moment de la guerre où je n’aie senti jusqu’à la gêne les rapports entre hommes plus hypocrites, plus creux. Chacun est seul. Eh bien ! va pour la solitude, et tant mieux. »
Montée au front au travers de la déroute des troupes, Anglais compris : les « retraitants ».
« Cinq mille hommes, d’un côté, qui se sauvent, et quarante, de l’autre, qui « montent » : cela emporte la conviction, comme on dit, le poids n’est pas égal. »
Ses hommes désertent… Gracq pointe les simulacres farcesques dans la débandade (on pense plus à La Grande Vadrouille qu'aux héroïques images d'Épinal) :
« Rien d’authentique ne sera sorti de cette guerre que le grotesque aigu de singer jusqu’au détail 1870 et 1914. »

« Ce phono enragé qui beugle sans relâche au fond de la cour déserte – car tout le monde est aplati dans ses trous – sous les trajectoires lumineuses, dans le soleil torride et l’immobilité, – on dirait d’un Chirico, d’un monde qui se détraque, se distend dans une grimace obscène d’aliéné. Le cœur bondit d’une espèce de jubilation inquiétante. »
Pour lui, pas question de repli sans ordre formel, mais ils sont ignorés par la vague d’assaut ennemie (si ce n’est par l’artillerie).

Récit, qui suit, reprend les aventures des 23 et 24 mai, mais c’est maintenant le lieutenant G. qui est le personnage principal : texte plus circonstancié et travaillé.
« …] la poésie d’une guerre, c’est l’ennui quand on la fait, met des dizaines d’années à distiller ses pures essences [… »

« Il y avait un côté jubilant et niais dans cette catastrophe, c’était sûr, par où le cœur surnageait, finissait par se détendre dans quelque chose qui ressemblait assez au rire de l’idiot [… »

« Une sorte de chemin de halage longeait l’Aa en talus – derrière le talus, leur arme en batterie sur le bord du chemin au-dessus de leur tête, deux mitrailleurs se recroquevillaient en chien de fusil – de l’autre côté de la route, dans un petit estaminet qui bordait le canal, deux soldats, debout au comptoir, buvaient tranquillement des pernods que leur servait une petite vieille. »
Ces documents, à l'origine non destinés à publication, éclairent l’œuvre ultérieure, notamment mais pas que Un Balcon en forêt ; en outre, ils constituent un témoignage historique sur la débâcle française, et la différence d’esprit avec les Allemands dans ce début de Seconde Guerre. Curieux de découvrir Gracq proche d’Hyvernaud, mais pas si éloigné de l’exaltation de Jünger (voir https://deschosesalire.forumactif.com/t391-hyvernaud-versus-junger) ; au cours de cet exposé de l'individu pris dans la formidable machine qui l'écrase, j’ai aussi pensé au Langlois de Giono, et à la tétralogie des mémoires de Cendrars.

\Mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre

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Message par Bédoulène Lun 20 Mar - 18:09

merci Tristram, le sujet m'intéresse

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Message par Tristram Mar 16 Mai - 12:52

Nœuds de vie

deuxiemeguerre - Julien Gracq - Page 5 Nsuds_10

Fragments de prose gracquienne choisis par l’auteur.
Chemins et rues : divers paysages, parfois imprégnés de souvenirs personnels, ailleurs d’Histoire et de littérature, ou porteurs de critique sur notre temps.
« La géologie ne s'absente jamais tout à fait du sentiment que j'ai des paysages ; la Sologne reste toujours pour moi le creux de la France qu'elle a été au moment du charroi énorme de ses sables, de ses argiles et de ses graviers : un ombilic stagnant, encavé, que le vent ne visite guère et qui dort comme une mare sous son écume verte. »

« Comme si l'économie rurale si fine et si délicate, qui était à celle des terres de labour ce que la dentelle est à la couture, et qui tirait parti ici ingénieusement de chaque pouce de terrain, commençait à pourrir par le cœur, annonçant à terme, dans l'emprise courtoise et policée, très mûre, à laquelle l'homme avait assujetti la Terre, un repli de grande ampleur. »
Je comprends mal qu’on n’apprécie pas autant en littérature qu’en peinture les descriptions, notamment paysagères, comme fin en soi.

Instants : réflexions plus personnelles ou générales, notamment sur l’époque et sur l’Histoire.
« Ce que j'ai souhaité souvent, ce que j'aimerais peut-être encore exprimer, ce sont ce que j'appelle des nœuds de vie. Quelques fils seulement, venus de l'indéterminé et qui y retournent, mais qui pour un moment s'entrecroisent et se serrent l'un l'autre, atteignent, entre les bouts libres qui flottent de chaque côté, à une constriction décisive. Une sorte d'enlacement intime et isolé, autour duquel flotte le sentiment de plénitude de l'être-ensemble. »

« Les marques de l'ancien lien de sujétion entre colonisateurs et colonisés, protecteurs et protégés, restent indélébiles des deux côtés. « Libre » et « libéré » ne sont pas synonymes ; ce n'est que quand la liberté a effacé derrière elle, avec le temps, sa genèse et son histoire qu'elle est vraiment libre, libre comme l'air, comme l'air qu'on respire sans y penser. Bienheureuse inconscience à laquelle seuls quelques pays anglo-saxons ou nordiques semblent avoir vraiment accédé ! Tout le reste de la planète, dans cette stase post-coloniale que nous vivons, relève — anciens maîtres comme anciens sujets — de refoulement ténébreux, d'une psychanalyse des foules qui n'a pas encore été inventée. Le libéré sent qu'il devrait être libre plus quelque chose, qui viendrait le payer de son arriéré de servitude ; le libérateur, qui se sent pousser après coup une fibre paternelle, regarde amèrement lui tourner le dos un fils prodigue qui ne reviendra pas. »

« La floraison luxuriante et abusive, à notre époque, des plantes grimpantes sur les troncs qu'elles parasitent : des metteurs en scène sur les dramaturges, des critiques sur les créateurs, fait penser à ces épiphytes des forêts d'Amazonie qui laissent d'abord seulement couler des filaments jusqu'à terre autour du tronc de leur arbre. Les filaments peu à peu s'épaississent et se soudent en un cylindre creux qui digère et absorbe progressivement le tronc enfermé. En lisant la chronique du théâtre dans les quotidiens, la critique littéraire dans les revues, cette image revient en mémoire plus d'une fois. »

« Toute main sale par laquelle il est passé laisse sa trace sur un ouvrage, et ce n'est jamais impunément qu'un auteur, même s'il s'abstient personnellement de tout cabotinage littéraire, laisse ses livres par l'entremise des éditeurs et des libraires faire le trottoir. »
Lire : du Gracq vieillissant, mais baignant toujours dans le rêve surréaliste.
« Vieillir, plus ou moins lentement, plus ou moins honorablement, puis disparaître, c'est la loi des « gloires littéraires » et la bonne hygiène des lettres – mais pas de ces catalepsies provoquées et entretenues ! pas de ces affairements autour de comas dépassés ! Tout l'enseignement littéraire français n'a tendu, depuis des siècles, qu'à multiplier les cas du Dr Valdemar : il en récolte aujourd'hui le refus des lycéens d'« expliquer » autre chose que Boris Vian, Charlie Hebdo et les bandes dessinées. »
Point de vue qui pourra être considéré comme ringard, mais il y a là du vrai, je pense – et une belle référence à Poe !
« Le sort littéraire de Francis Ponge, maintenant retiré dans une petite ville du midi, et qu'on me décrivait ces jours-ci comme très solitaire, est caractéristique de la prise en remorque de la littérature par les sciences humaines. Un article de Sartre, il y a une trentaine d'années, fut le coup de projecteur qui tira de l'obscurité une œuvre assez secrète. Puis, une quinzaine d'années plus tard, le tandem Barthes - Sollers l'associa un moment à sa fortune et de nouveau le propulsa de l'avant. Maintenant, abandonné sur une voie de garage, il voit passer au loin toutes ces fringantes locomotives haut-le-pied en instance de nouvel attelage. Ce qui n'a en soi aucune importance : un écrivain tel que Ponge aurait pu confier à l'avenir sans nulle crainte une œuvre aussi évidemment bâtie à chaux et à sable. Mais je comprends son amertume : elle vient de plus loin. Pour l'écrivain contemporain qui a traqué le langage jusque dans ses ressources les plus subtiles, il risque en 1976 de ne pas y avoir de revanche, sinon archéologique, parce que sous ses yeux déjà et à ses oreilles la langue, son support unique, se décolore, se désarticule et s'en va : sa tristesse est celle du peintre qui a peint à fresque sur un mur que l'humidité ronge, ou qui voit noircir déjà et se boursoufler ses couleurs au bitume. »

« Le drame social est assez loin de figurer parmi les préoccupations majeures de Gérard de Nerval, et cependant, quand on retrouve Sylvie établie gantière à Dammartin et maniant la mécanique, toute la dépoétisation, tout le déboire fade du déracinement rural est là présent in a nutshell, d'autant plus présent que Nerval appuie moins, d'autant plus dégrisant que ce déracinement est loin d'être tout de suite dramatique. Il tient là, en une demi-page, — et filée si légèrement ! — la substance de tout un roman balzacien, tout comme Valéry en voyait lever un d'un seul vers de Baudelaire (« La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse »). »
Écrire :
« « Ce qui n'a jamais été dit ainsi n'a jamais été dit » : c'est l'axiome secret auquel se réfère sans discussion le vrai littérateur. L'enclenchement décisif de la pensée dans la forme a pour lui seul le même claquement que le verrouillage d'une arme à feu ; les plus riches possibilités expansives restent pour lui inertes en dehors de cet enfermement libérateur. »

« Exemple de la confusion que fait naître, introduite dans l'art, la notion de vérité qui lui est étrangère (la notion de beauté, qu'on est heureux de voir enfin se rasseoir, n'a pas été moins perturbante). Il n'y a pas dans la fiction d'autre « vérité » que la justesse du rapport des parties à l'ensemble, la constante ouverture à la communication du tout aux parties, et des parties au tout, qui fait qu'un roman « fonctionne » comme le sang circule. »

« C'est de l'école buissonnière de l'écriture, et non de l'impeccable programme scolaire de sa construction, que le roman tirera seulement son charme et sa saveur. »

« L'allusion littéraire, qu'un simple mot peut suffire à éveiller, communique à un texte – rien qu'en signalant en lui l'affleurement, tout prêt à émerger, de la masse de la littérature préexistante – une sorte de miroitement. Miroitement qui témoigne, sous le texte apparent, de l'existence, de l'existence d'une universelle doublure littéraire, se rappelant par intervalles au souvenir comme une doublure de couleur vive par les « crevés » d'un vêtement.
Sentiment, qui n'est pas sans parenté avec celui qu'évoque Andersen (le champion d'échecs, non le conteur) :
« Les combinaisons d'échecs, qui brasillent sous un cache à demi transparent... » le mot en italiques m'a servi plus d'une fois à tenter d'éveiller l'étincelle de ces menus contacts et courts-circuits qui se produisent entre la pointe de la plume et la vaste charge d'électricité statique de la Bibliothèque. »
Ce florilège augure de bien belles lectures en 2027, lorsque les 29 cahiers des Notules de Gracq seront publiés : ce que ce bonheur d’expression nous réserve encore.

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Message par Bédoulène Mar 16 Mai - 18:20

il faudrait que je retente

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Message par Plume Jeu 18 Mai - 20:28

Bonjour Bedoulène,

Je viens d'acheter La maison de Julien Gracq aiinsi que Le rivage des Syrtes...
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Message par Bédoulène Sam 20 Mai - 7:44

coucou Plume, tu nous diras ton ressenti alors !

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Message par Plume Dim 28 Mai - 13:51

j'ai gracqué!
Un très joli petit texte qui n'est pas sans rappeler Le grand Meaulnes...
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Message par Bédoulène Dim 28 Mai - 14:52

merci Plume !

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Message par Tristram Jeu 7 Sep - 12:02

La Forme d’une ville

deuxiemeguerre - Julien Gracq - Page 5 La_for12

Sous les auspices de Baudelaire, Rimbaud, Poe, Apollinaire, Breton et Verne, avec son admirable élocution si souple et léchée, Gracq évoque la géographie, mais aussi l’histoire de Nantes, avec notamment une étude de la ville et de sa campagne à leurs limites ou lisières. Lieu d’où s’envole l’imaginaire et, depuis, des images d’autres cités visitées, c’est d’une ville à la fois "formatrice" et en perpétuel changement qu’il se remémore.
« Un jeu de cartes postales, même « personnalisé », rien qu’en mettant à plat la masse, le volume émouvant et indivisible qu’est d’abord, pour le sentiment que nous en avons, une ville, la déshumanise, la dévitalise, plus qu’il ne la fait resurgir. Il est curieux que pour moi ces vues intérieures que je garde de Nantes vont jusqu’à revêtir un caractère résolument passéiste : elles refusent de prendre en compte les transformations opérées dans la ville depuis un demi-siècle ; elles constituent des documents d’archives intimes, classées et répertoriées, plutôt que de vrais souvenirs. »
Le lycée (entre jésuite et militaire) dans les années vingt :
« J’y ai fait de solides études, et je ne doute guère que le rendement scolaire de cette dure et brutale machine ait été, en fin de compte, pour mes camarades, et pour moi, supérieur d’assez loin, à temps égal, à ce qu’il est aujourd’hui. Mais le prix à payer était élevé. »
Fortement implanté dans la ville de Nantes (où j’ai séjourné, il y a quelques décennies), ce livre vaut sans doute surtout pour le familier des lieux, qui y retrouverait ses marques comme Gracq les siennes alors qu’il était jeune. Mais pas un mot sur le gros-plant, à peine sur le muscadet ; pourtant un vif souvenir de mes pérégrinations dans les cafés à l’époque…

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Message par Bédoulène Jeu 7 Sep - 15:48

"Mais pas un mot sur le gros-plant, à peine sur le muscadet ; pourtant un vif souvenir de mes pérégrinations dans les cafés à l’époque…"

mais que fait Gracq ?

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Message par Tristram Jeu 7 Sep - 16:53

On a pas tout à fait les mêmes valeurs, apparemment...

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Message par Tristram Dim 10 Déc - 11:41

La Maison

deuxiemeguerre - Julien Gracq - Page 5 La_mai12

Lors de sa jeunesse sous l’Occupation, le narrateur/auteur est attiré, sur un trajet répété en autocar, par une maison abandonnée qui s’élève dans une « terre gâte », incongrue, étrange.
« Semaine après semaine, — sortant de la brume, ou frottée de la lumière plâtreuse d'un ciel blanc qu'elle semblait vieillir et jaunir — l'apparition revenait s'enchâsser dans le film usé et indifférent du voyage, moins une image qu'un clin brusque de mauvais œil, une nuée soucieuse passée sur l'âme, un appauvrissement vague et chagrin du jour. »
Il s’y rend à travers bois, et découvre les reliefs du repas d’un couple dans l’arrière-cours, puis une femme chante dans la maison, nue.
Bref récit qui retrace le cheminement exploratoire d’un quotidien morne à l’imaginaire du désir.

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Message par Bédoulène Dim 10 Déc - 16:31

merci Tristram, je dois y revenir, je me l'étais promis ...............

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Message par Tristram Dim 10 Déc - 16:36

J'ai omis de préciser que ce texte ne fait que quelques dizaines de pages, et que ni l'éditeur ni l'auteur n'avaient décidé de le publier du vivant de ce dernier : ce n'est pas son œuvre principale.

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Bédoulène Dim 10 Déc - 17:25

10 pages Smile

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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