Kenzaburō ŌE
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Kenzaburō ŌE
Kenzaburô Ôé est né en 1935 dans l'île de Shikoku au Japon. Il étudie la littérature française et soutient une thèse sur Jean-Paul Sartre. Ses premiers textes paraissent dans les années 1950. En 1958, il reçoit le prix Akutagawa, l'équivalent du prix Goncourt, pour Gibier d'élevage, adapté au cinéma par Nagisa Oshima sous le titre Une bête à nourrir. Seventeen paraît en 1961. Inspirée par l'assassinat du chef de fil du parti socialiste par un militant d'extrême droite de dix-sept ans, cette nouvelle évoque le Japon du début des années 1960 avec la recrudescence de l'ultranationalisme du parti impérial.
En 1964, la naissance de son fils, handicapé, bouleverse sa vie comme son univers romanesque. Il s'inspire de ce drame dans un livre déchirant, Une affaire personnelle, récit des trois jours qui suivent la naissance de cet enfant.
Dans les années 1980, Kenzaburô Ôé s'intéresse à la littérature latino-américaine et séjourne au Mexique où il enseigne à l'université. Il reçoit le prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre en 1994.
Écrivain original qui rejette le système des valeurs de la société existante et reflète les interrogations et les inquiétudes de la génération d'après-guerre, Kenzaburô Ôé incarne la crise de conscience d'un pays emporté par la fuite en avant.
source Gallimard
Traductions en français
Un drôle de travail, (Kimyō na shigoto, 1957), également paru sous les titres Une vie de chien (dans Stéphane Nadaud, Les Japons de Kenzaburo Oe) et Un curieux travail (dans Œuvres)
Une bête à nourrir (Shiiku, 1958)
Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants (Memushiri kouchi, 1958)
Ainsi mourut l’adolescent politisé (Seiji syōnen shisu, 1961), également traduit sous le titre Mort d'un jeune militant (dans Œuvres)
Notes de Hiroshima ( 1965) (essais)
Une affaire personnelle (1965)
Dites-nous comment survivre à notre folie (1966) (nouvelles)
Le Jeu du siècle (, 1967)
Le Jeu de la synchronie (1979)
Réveillez-vous, ô jeunes gens du nouvel âge (1983) (nouvelles)
Parfois le cœur de la tortue (1984) (nouvelles)
Une existence tranquille ( 1990) (récit) : Page 1
M/T et l’Histoire des merveilles de la forêt (1986)
Lettres aux années de nostalgie
Une famille en voie de guérison, (1995), (récit)
Moi, d’un Japon ambigu ( 1995)
Le Faste des morts ( 1963) (nouvelles)
Adieu, mon livre !
Œuvres, Gallimard, coll. « Quarto », contient :
- Spoiler:
- 1957-1963 :
- Un curieux travail
- Le Faste des morts
- Gibier d'élevage : Page 1
- Tribu bêlante
- Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants
- Quelque part ailleurs -
- Mort d'un jeune militant. Seventeen, suite et fin
1964-1979 : Une affaire personnelle - Notes de Hiroshima - Le Jeu du siècle - Dites-nous comment survivre à notre folie - Le Jour où Il daignera Lui-même essuyer mes larmes ; 1980-2013 : Un «arbre à pluie» intelligent - Une existence tranquille - Moi, d'un Japon ambigu - Un chant du souvenir)
màj le 26/01/2018
Invité- Invité
Re: Kenzaburō ŌE
Pour tout dire, je n'ai lu pour l'instant qu'une nouvelle du Prix Nobel de Littérature, Kenzaburo Oé, mais elle m'avait fait forte impression. Il me faut absolument lire autre chose de ce monsieur.
Gibier d'élevage :

Un court récit très bien écrit, avec une plume riche dans la description. Pas tendre avec la vision que se faisaient/font des Japonais sur les Noirs, les êtres très différents physiquement d'eux, sur l'altérité en général.
Sans faire de morale? Mais n'y a-t-il pas une morale sous-jacente derrière tout ceci? Reprochant l'isolationnisme japonais?
Une dénonciation de l'instinct de sauvagerie qui sommeille au plus profond de chacun de nous.
mots-clés : #deuxiemeguerre #identite #nouvelle
Gibier d'élevage :

En pleine guerre, un avion américain s'écrase dans les montagnes japonaises. Le rescapé est aussitôt fait prisonnier par les villageois. Or il est noir...
Aux yeux du jeune enfant naïf et émerveillé qui raconte cet épisode, sa nationalité, sa race, sa langue n'en font pas un étranger on un ennemi, mais une simple bête dont il faut s'occuper.
Un extraordinaire récit classique, une parabole qui dénonce la folie et la bêtise humaines.
Un court récit très bien écrit, avec une plume riche dans la description. Pas tendre avec la vision que se faisaient/font des Japonais sur les Noirs, les êtres très différents physiquement d'eux, sur l'altérité en général.
Sans faire de morale? Mais n'y a-t-il pas une morale sous-jacente derrière tout ceci? Reprochant l'isolationnisme japonais?
Une dénonciation de l'instinct de sauvagerie qui sommeille au plus profond de chacun de nous.
mots-clés : #deuxiemeguerre #identite #nouvelle
Invité- Invité
Re: Kenzaburō ŌE
Une existence tranquille

J'ai du mal avec les romans japonais. Mais régulièrement, je re-tente. C'est pourquoi j'ai pris Une existence tranquille,
Et bien, c'est tout à fait un roman japonais ! C'est à dire qu'il y a plein de choses intéressantes, mais que je m'y sens un peu à distance, j'y vois un coté figé voire compassé même si pour une fois, les émotions sont extrêmement intenses et à fleur de peau.
Ce livre est un récit en ce sens qu'il décrit une tranche de vie. Il est très astucieux parce qu'on peut y voir l'autoportrait sans concession de l'auteur, (qui, c'est le moins qu'on puisse dire ne se ménage pas), alors que justement il est le grand absent du livre. En effet il a pris une année sabbatique aux États-Unis, emmenant sa femme et «abandonnant » ses trois enfants jeunes adultes, attitude qui est critiquée par la plupart des protagonistes du livre. Il se décrit donc alors qu'il n'est pas là, et en même temps, décrit sa famille alors même qu'elle est éclatée, qu'il l'a en quelque sorte reniée. On sent quand même à travers les lignes l'immense amour qu'il voue à chacun et à cette bizarre construction à cinq qu'ils sont arrivés à élaborer, et ce, en dépit de ses caprices de grand homme.
C'est surtout le portrait de Mâ, la fille cadette, une jeune fille naïve, réservée, consciencieuse. C'est elle qui a la charge de ses deux frères, de son aîné handicapé mental léger, souvent déconcertant, joyeux et attentif, compositeur prodige, et de Ô le plus jeune, pragmatique, qui se consacre à ses études. Là, ça se discute pas, c'est le rôle des femmes de s'occuper des hommes : l'épouse suit son mari, la fille s'occupe de ses frères. Ce qui est plus satisfaisant, c'est la relation douce et passionnelle entre Mâ et son frère handicapé, chacun, bien sûr, enrichissant l'autre.
Le récit est un enchaînement de petits faits quotidiens, de description de personnes, de jours qui passent avec leurs joie et leur peurs, d'événements heureux et malheureux. Mais on y trouve aussi des échanges intellectuels, une quête de soi, tout cela souvent assez cérébral et cet aspect m'a rebutée. D'autant plus qu'il s'appuie sur l'analyse d’œuvres culturelles que je ne connais pas (William Blake, Céline qui curieusement fascine Mâ par sa tendresse, Stalker de Tarkovski). J'ai beaucoup aimé, face aux élucubrations existentielles du père, l'attitude du vieux couple qui protège les enfants, mi-fou mi-sage, qui, au lieu de se torturer le ciboulot, met en actes ses choix de vie, et tout particulièrement de Mme Shigetô et sa théorie des « personnes de rien du tout ».
Comme quoi, même un livre qui ne vous accroche pas trop, c'est bien intéressant !
(commentaire récupéré)
mots-clés : #famille #pathologie #traditions

J'ai du mal avec les romans japonais. Mais régulièrement, je re-tente. C'est pourquoi j'ai pris Une existence tranquille,
Et bien, c'est tout à fait un roman japonais ! C'est à dire qu'il y a plein de choses intéressantes, mais que je m'y sens un peu à distance, j'y vois un coté figé voire compassé même si pour une fois, les émotions sont extrêmement intenses et à fleur de peau.
Ce livre est un récit en ce sens qu'il décrit une tranche de vie. Il est très astucieux parce qu'on peut y voir l'autoportrait sans concession de l'auteur, (qui, c'est le moins qu'on puisse dire ne se ménage pas), alors que justement il est le grand absent du livre. En effet il a pris une année sabbatique aux États-Unis, emmenant sa femme et «abandonnant » ses trois enfants jeunes adultes, attitude qui est critiquée par la plupart des protagonistes du livre. Il se décrit donc alors qu'il n'est pas là, et en même temps, décrit sa famille alors même qu'elle est éclatée, qu'il l'a en quelque sorte reniée. On sent quand même à travers les lignes l'immense amour qu'il voue à chacun et à cette bizarre construction à cinq qu'ils sont arrivés à élaborer, et ce, en dépit de ses caprices de grand homme.
C'est surtout le portrait de Mâ, la fille cadette, une jeune fille naïve, réservée, consciencieuse. C'est elle qui a la charge de ses deux frères, de son aîné handicapé mental léger, souvent déconcertant, joyeux et attentif, compositeur prodige, et de Ô le plus jeune, pragmatique, qui se consacre à ses études. Là, ça se discute pas, c'est le rôle des femmes de s'occuper des hommes : l'épouse suit son mari, la fille s'occupe de ses frères. Ce qui est plus satisfaisant, c'est la relation douce et passionnelle entre Mâ et son frère handicapé, chacun, bien sûr, enrichissant l'autre.
Le récit est un enchaînement de petits faits quotidiens, de description de personnes, de jours qui passent avec leurs joie et leur peurs, d'événements heureux et malheureux. Mais on y trouve aussi des échanges intellectuels, une quête de soi, tout cela souvent assez cérébral et cet aspect m'a rebutée. D'autant plus qu'il s'appuie sur l'analyse d’œuvres culturelles que je ne connais pas (William Blake, Céline qui curieusement fascine Mâ par sa tendresse, Stalker de Tarkovski). J'ai beaucoup aimé, face aux élucubrations existentielles du père, l'attitude du vieux couple qui protège les enfants, mi-fou mi-sage, qui, au lieu de se torturer le ciboulot, met en actes ses choix de vie, et tout particulièrement de Mme Shigetô et sa théorie des « personnes de rien du tout ».
Mon sentiment, c'est que je suis née comme une personne de rien du tout, que je vis en conséquence, que je vivrai encore ainsi un certain temps, et puis que je mourrai comme une personne de rien du tout.(...).
Ce que je pense, avec ma tête absolument ordinaire, c'est que tant que je vivrai comme une personne de rien du tout, en veillant à ne m'accorder aucun privilège même le plus insignifiant, je garderai une marge de manœuvre. À partir de là, il suffit qu'à ma façon, je m'efforce de faire pour le mieux. Même si pour moi, « faire pour le mieux », ça n'est rien de plus que prêter une écharpe à une fille fatiguée qui avait froid, comme M. Shigetô a eu la gentillesse de s'en souvenir.
Mais malgré tout, j'ai l'impression que si l'on s'en tient à cette résolution de vivre comme une personne de rien, et bien au moment de mourir on doit pouvoir paisiblement revenir à zéro. Puisqu'il ne s'agit que de passer de presque zéro à zéro.
Comme quoi, même un livre qui ne vous accroche pas trop, c'est bien intéressant !
(commentaire récupéré)
mots-clés : #famille #pathologie #traditions
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8175
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Re: Kenzaburō ŌE
L'homme m'a vraiment interessé quand il s'est dressé après Fukushima pour exprimer son indignation contre le gouvernement Japonais et la société exploitante Tepco, qui était censée gérer la centrale nucléaire..
Mais la révolte de Kenzaburo Oé était beaucoup plus anciennne et remontait à Hiroshima et puis, il y avait ce fils, victime innocente de l'irradiation, comme des milliers d'autres japonais de la meme génération.
Au lieu de cacher ce fils, Oé l'intégra à son oeuvre d' une façon ou d'une autre.
Sans ce fait, son oeuvre aurait été différente.
Mais la révolte de Kenzaburo Oé était beaucoup plus anciennne et remontait à Hiroshima et puis, il y avait ce fils, victime innocente de l'irradiation, comme des milliers d'autres japonais de la meme génération.
Au lieu de cacher ce fils, Oé l'intégra à son oeuvre d' une façon ou d'une autre.
Sans ce fait, son oeuvre aurait été différente.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Kenzaburō ŌE
Je ne connais guère cet auteur, juste au travers du début de Dites-nous comment survivre à notre folie, recueil qui m'est tombé des mains (pile sur une étagère où je le surveille patiemment), ce qui est exceptionnel chez moi. Je repartirai à l'abordage, peut-être par le biais d'un autre ouvrage.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 14946
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Re: Kenzaburō ŌE
Une existence tranquille
A la fois d'une simplicité, et d'une profonde lucidité sur la vie d'une famille raconté du point de vue de la benjamine (je ne saurais dire jeune fille ou jeune femme). Les parents sont partis, à cause d'une crise du paternel. Mâ doit veiller sur son frère aîné, apparemment le plus démuni de la fratrie, le cadet étant déjà très occupé par des examens. (Mais Mâ aussi, doit au passage, rédiger un mémoire sur Céline) Bref, "Une existence tranquille", si seulement !
Le récit se construit sur les relations qu'entretiennent les personnages avec Eoyore (ainsi se surnomme le frère aîné de la famille) non sa personnalité si particulière en tant que telle et ce point de vue m'a beaucoup intéressé. Le récit dérive dans ses questionnements sur une vie de famille ordinaire, à cela près que "ordinaire" prend un autre sens chez Oé ; il tient d'une fragilité, d'une inquiétude permanente.
Lu le 17 juillet 2017
Dreep- Messages : 1456
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 30
Re: Kenzaburō ŌE
Dreep, ton comm me rappelle quelque chose, puis en remontant le fil, je me rends compte que je l'ai lu . 

Dernière édition par topocl le Sam 27 Jan - 20:36, édité 1 fois
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8175
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Age : 63
Localisation : Roanne
Re: Kenzaburō ŌE
ah, je ne l'ai pas oublié moi
Je l'ai lu en même temps que toi apparemment.

Je l'ai lu en même temps que toi apparemment.
Dreep- Messages : 1456
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 30
Re: Kenzaburō ŌE
Une affaire personnelle

À mesure que Bird s’enfonce dans sa médiocrité, voire sa noirceur, on se demande comment le juger. Il inspire une sorte d’antipathie mêlée de pitié : il ne se justifie pas, mais avoue sans détour ni hypocrisie toutes les idées et résolutions qui l’ont traversé après avoir donné naissance à un enfant handicapé, « un enfant monstrueux » selon ses propres termes. Rien n’épargne Bird et encore moins lui-même, le roman est en fait habité par la honte et le dégoût de soi-même. Rien ne justifie ce personnage, mais quelques indices permettent d’expliquer son attitude, et surtout de voir que son environnement extérieur ne l’a jamais soutenu. Ce sont des rires embarrassés ou des menaces, Kenzaburô Ôé insiste à plusieurs reprise sur la description des faciès.
Il ne s’agit pas de trouver des excuses à Bird, loin s’en faut, mais de voir comment s’est déclenché ce glissement dans le désespoir et la lâcheté. Ce n’est pourtant pas un roman rigoureux en matière de psychologie (et d’ailleurs les personnages sont un petit peu caricaturaux) mais Kenzaburô Ôé joue la carte d’une sincérité absolue et va plus loin que son personnage en parlant de la responsabilité de l’individu dans une situation difficile, des dangereuses demi-mesures qu’il est amené à prendre. J’aurais voulu toutefois que l’auteur bouscule un peu plus en posant davantage de question, mais Ôé se contente de décrire un environnement moral, le déclinant en quelques simples phases narratives.
Mots-clés : #handicap #relationenfantparent

À mesure que Bird s’enfonce dans sa médiocrité, voire sa noirceur, on se demande comment le juger. Il inspire une sorte d’antipathie mêlée de pitié : il ne se justifie pas, mais avoue sans détour ni hypocrisie toutes les idées et résolutions qui l’ont traversé après avoir donné naissance à un enfant handicapé, « un enfant monstrueux » selon ses propres termes. Rien n’épargne Bird et encore moins lui-même, le roman est en fait habité par la honte et le dégoût de soi-même. Rien ne justifie ce personnage, mais quelques indices permettent d’expliquer son attitude, et surtout de voir que son environnement extérieur ne l’a jamais soutenu. Ce sont des rires embarrassés ou des menaces, Kenzaburô Ôé insiste à plusieurs reprise sur la description des faciès.
Il ne s’agit pas de trouver des excuses à Bird, loin s’en faut, mais de voir comment s’est déclenché ce glissement dans le désespoir et la lâcheté. Ce n’est pourtant pas un roman rigoureux en matière de psychologie (et d’ailleurs les personnages sont un petit peu caricaturaux) mais Kenzaburô Ôé joue la carte d’une sincérité absolue et va plus loin que son personnage en parlant de la responsabilité de l’individu dans une situation difficile, des dangereuses demi-mesures qu’il est amené à prendre. J’aurais voulu toutefois que l’auteur bouscule un peu plus en posant davantage de question, mais Ôé se contente de décrire un environnement moral, le déclinant en quelques simples phases narratives.
Mots-clés : #handicap #relationenfantparent
Dreep- Messages : 1456
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 30
Re: Kenzaburō ŌE
Seventeen

Kenzaburô Ôé s’intéresse aux crises, celles qui naissent au sein des relations entre les êtres, celles qui restent contenues ou qui éclatent. Ni les personnages, ni l’auteur ne résolvent quoi que ce soit, mais ces crises, dans la dynamique qui leur est propre, révèlent un environnement, une psychologie, et en l’espèce, Seventeen démarrait sur des chapeaux de roues. Dans son milieu de sottise et d’indifférence, ce « seventeen » exprime sous forme de monologue intérieur une énorme frustration, et cherche à l’exprimer dans la violence. S’identifier à ce garçon n’a rien de facile ni de productif, il suscite plutôt un sentiment de rejet et de distance. Il me semblait, à travers les interactions entre ce garçon et sa sœur, par exemple, où l’on parle de socialisme et de nationalisme, que le texte ne s’enfermait pas dans son personnage et dans sa vision des choses, forcément très étroite (le personnage n’est à vrai dire qu’un corps, et dès le début il nous parle de son sexe…). En fait, de vision il n’en a pas, puisque des idées pensées par d’autres japonais se trouvent répétées, déformées, caricaturées. Le personnage devient comique, mais ce sont des séquelles autrement plus sérieuses (celles du Japon de l’après-guerre…) qui se traduisent dans son idiotie et sa colère. C’est lorsque le texte commence à entrer dans le vif du sujet (l’embrigadement dans un groupe d’extrême-droite) que l’adolescent semble bizarrement gagner en lucidité au détriment de la subtilité de la nouvelle. Il connait précisément les raisons de son fanatisation, ou Kenzaburô Ôé les connait et calque sa propre lucidité sur son personnage. Sauf que cette lucidité n’a rien à dire de particulièrement neuf. Le dévouement à l’idéologie rassure parce qu’on y oublie son égo, okay… on est moins seul parce qu’on fait partie d’un groupe, okay… l’uniforme excite et donne la sensation d’être plus fort… okay… je suis pour le coup un peu déçu.

Kenzaburô Ôé s’intéresse aux crises, celles qui naissent au sein des relations entre les êtres, celles qui restent contenues ou qui éclatent. Ni les personnages, ni l’auteur ne résolvent quoi que ce soit, mais ces crises, dans la dynamique qui leur est propre, révèlent un environnement, une psychologie, et en l’espèce, Seventeen démarrait sur des chapeaux de roues. Dans son milieu de sottise et d’indifférence, ce « seventeen » exprime sous forme de monologue intérieur une énorme frustration, et cherche à l’exprimer dans la violence. S’identifier à ce garçon n’a rien de facile ni de productif, il suscite plutôt un sentiment de rejet et de distance. Il me semblait, à travers les interactions entre ce garçon et sa sœur, par exemple, où l’on parle de socialisme et de nationalisme, que le texte ne s’enfermait pas dans son personnage et dans sa vision des choses, forcément très étroite (le personnage n’est à vrai dire qu’un corps, et dès le début il nous parle de son sexe…). En fait, de vision il n’en a pas, puisque des idées pensées par d’autres japonais se trouvent répétées, déformées, caricaturées. Le personnage devient comique, mais ce sont des séquelles autrement plus sérieuses (celles du Japon de l’après-guerre…) qui se traduisent dans son idiotie et sa colère. C’est lorsque le texte commence à entrer dans le vif du sujet (l’embrigadement dans un groupe d’extrême-droite) que l’adolescent semble bizarrement gagner en lucidité au détriment de la subtilité de la nouvelle. Il connait précisément les raisons de son fanatisation, ou Kenzaburô Ôé les connait et calque sa propre lucidité sur son personnage. Sauf que cette lucidité n’a rien à dire de particulièrement neuf. Le dévouement à l’idéologie rassure parce qu’on y oublie son égo, okay… on est moins seul parce qu’on fait partie d’un groupe, okay… l’uniforme excite et donne la sensation d’être plus fort… okay… je suis pour le coup un peu déçu.
Dreep- Messages : 1456
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