John Steinbeck
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Re: John Steinbeck
non ! pas encore. c'est le genre de monument qui fait hésiter ?
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Re: John Steinbeck
Il ne faut pas le considérer comme un monument, plutot comme un témoignage vivant, cruel et toujours actuel (Topocl)animal a écrit:non ! pas encore. c'est le genre de monument qui fait hésiter ?
Du coté de Dorothea Lange et de Walker Evans. Ou de James Agee.
bix_229- Messages : 15439
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Re: John Steinbeck
Nan :animal a écrit:non ! pas encore. c'est le genre de monument qui fait hésiter ?
C'est le genre de monument qui ne fait pas hésiter.
Je t'y vois bien.
(et maintenant tu te sens tout à fait libre , hihi!!!)
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8414
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Re: John Steinbeck
mouarf. ok ok. pour l'instant je suis à un demi-cachalot du reste du monde de toute façon.
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Re: John Steinbeck
« Every book seems to be struggle for a whole life. And then, when it's done - pouf. Never happened. »
John Steinbeck, « Working days (The journal of Grapes of Wrath) »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15610
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Re: John Steinbeck
ce qui veut dire?
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8414
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Re: John Steinbeck
Je peux te faire une petit traduction instantanée, ne valant pas plus que ce qu'elle vaut :
"Chaque livre paraît être le combat d'une vie entière. Et après, quand il est fait - pouf. Jamais survenu."
"Jours de travail (journal de Les raisins de la colère)"
"Chaque livre paraît être le combat d'une vie entière. Et après, quand il est fait - pouf. Jamais survenu."
"Jours de travail (journal de Les raisins de la colère)"
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15610
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Re: John Steinbeck
En un combat douteux
Pour donner un sens à son existence misérable et sans espoir, Jim rejoint le parti communiste où il est formé dans la clandestinité par Mac ; ils vont accompagner la révolte des saisonniers dans les vergers, en suscitant et organisant la grève.
C’est un peu un mode d’emploi de l’activisme. Au-delà d’une psychologie sommaire mais efficace de la "masse", il s’agit de manipulation, d’exploiter la colère ; Mac s’active à instaurer une discipline, se sert de tout ce qu’il trouve pour approcher le but, rêve de sacrifier quelques personnes pour déclencher la révolution finale.
Scène remarquable où figurent simultanément un communiste tué et un cochon qu’on abat !
\Mots-clés : #mondedutravail #politique #social #xixesiecle
Pour donner un sens à son existence misérable et sans espoir, Jim rejoint le parti communiste où il est formé dans la clandestinité par Mac ; ils vont accompagner la révolte des saisonniers dans les vergers, en suscitant et organisant la grève.
C’est un peu un mode d’emploi de l’activisme. Au-delà d’une psychologie sommaire mais efficace de la "masse", il s’agit de manipulation, d’exploiter la colère ; Mac s’active à instaurer une discipline, se sert de tout ce qu’il trouve pour approcher le but, rêve de sacrifier quelques personnes pour déclencher la révolution finale.
Le roman revient beaucoup sur la notion de "foule", imprévisible, dangereuse. La démonstration est nuancée par d’autres points de vue, comme Dan, le vieux bûcheron solitaire pour qui le travail a une valeur en soi, ou le docteur Burton, qui veut se faire sa propre opinion.« ‒ Écoute, voici comment il faut manœuvrer. Si tu veux qu’ils votent une chose, tu dis : "Voulez-vous faire ceci ? " et si tu veux repousser une autre chose, dis : "Vous ne voulez pas faire ceci, n’est-ce pas ?" Et ils voteront non. »
« Supposons qu’ils tuent des hommes. Ce serait avantageux pour la cause. À chaque victime correspondraient dix recrues. »
« ‒ Il n’y a rien à faire, dit Mac durement. Il a été marqué pour le sacrifice. Il faut des victimes, des hommes qui chargent au premier rang pour faire la trouée qui permettra aux autres de sortir de l’abattoir. Nous ne pouvons nous attendrir sur les blessures d’un seul homme, Doc.
‒ Je ne pensais pas aux mobiles, ni aux résultats : je plaignais seulement le pauvre homme. Il a perdu l’estime de soi. C’est une épreuve terrible, Mac.
‒ Je n’ai pas le temps de penser aux sentiments d’un seul homme, dit Mac, sèchement. J’ai trop à faire à m’occuper des foules. »
C’est une belle figure d’humaniste.« Je veux surveiller ces hommes groupés ; ils m’apparaissent comme formant un seul individu nouveau, pas du tout comme des individus réunis. Un homme, dans un groupe, n’est pas lui-même : il est l’une des cellules d’un organisme aussi différent de lui que les cellules de votre corps sont différentes de vous. Je veux voir vivre ce groupe, l’étudier. On a dit : "Les foules sont folles, on ne peut savoir ce qu’elles vont faire." Pourquoi considère-t-on les foules comme des hommes, et non comme des foules ? Presque toujours, une foule agit raisonnablement, en tant que foule. »
Il y a un côté didactique dans ce "roman", mais il décrit aussi la réalité sociale.« Je ne crois pas à votre cause, mais je crois aux hommes.
‒ Que voulez-vous dire ?
‒ Je ne sais pas. Je crois qu’ils sont des hommes et non des animaux. Si j’entre dans un chenil et que j’y trouve des chiens affamés, sales, malades, si je peux les soulager, je le fais. Ce n’est pas leur faute s’ils sont ainsi. Vous ne pouvez pas dire : « Ces chiens souffrent parce qu’ils n’ont pas d’ambition, parce qu’ils n’ont pas mis de côté une partie des os qu’on leur jette. » Non. Vous les nourrissez, vous les soignez. C’est cela que je ressens. J’ai une certaine habileté à soulager les hommes. Lorsque j’en vois qui souffrent, je les aide. Je ne réfléchis pas outre mesure. Si un peintre voit une toile nue et qu’il ait des couleurs à sa disposition, il éprouve le besoin de peindre, sans discuter pourquoi il éprouve ce besoin. »
Mac et Jim essaient de se résumer à des outils froids et calculateurs pour user d’autorité et de persuasion (oratoire notamment).« ‒ Qui sont ces "vigilants", Mac ? demanda Jim. Quelle sorte de types ?
‒ Ce qu’il y a de pis dans la ville. Ceux qui ont brûlé les maisons d’Allemands pendant la guerre. Ceux qui lynchent les nègres. Ils sont cruels à plaisir. Ils aiment faire du mal, et ils appellent ça d’un joli nom : patriotisme, ou protection de la Constitution. Les patrons se servent d’eux et leur disent : "Il faut protéger les gens contre les communistes." Alors, ils brûlent les maisons et torturent les gens, sans courir de danger. C’est tout ce qu’il leur faut. Ils sont lâches. Ils tirent embusqués ou ils attaquent les autres à dix contre un. »
« Cette vallée est organisée. Très bien organisée. C’est facile lorsque quelques hommes seulement contrôlent la terre, l’argent et la justice. Ils peuvent réclamer de l’argent prêté, ils peuvent corrompre, ils peuvent faire condamner ceux qui les gênent. »
Scène remarquable où figurent simultanément un communiste tué et un cochon qu’on abat !
Le nœud essentiel :« ‒ Ce n’est rien, dit Burton ; ils tuent un cochon : un des camions l’a amené tout à l’heure, vivant. Apportez-moi le cadavre. »
« Vous savez que j’accomplis une tâche et que tous les moyens me sont bons. »
« ‒ Vous ne devriez penser qu’au résultat, Doc, dit Jim. De toutes ces luttes sortira du bien qui justifie les moyens.
‒ Jim, je voudrais en être sûr. Si j’en crois ma jeune expérience, la fin n’est jamais très différente des moyens, au moins quant à sa nature. Bon Dieu, Jim, il ne peut naître que violence d’une chose édifiée dans la violence.
‒ Il n’y a pas de commencements, dit Burton, ni de fins. Il me semble que l’homme s’est engagé dans une lutte terrible, aveugle, pour s’arracher à un passé dont il ne se souvient pas, vers un futur qu’il est incapable de prévoir et de comprendre. L’homme a affronté et vaincu tous les ennemis possibles, à l’exception d’un seul. Il est incapable de remporter une victoire sur lui même. L’humanité se déteste elle-même. »
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Tristram- Messages : 15610
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Re: John Steinbeck
merci Tristram ! je crois que je viendrai faire un tour chez l'auteur !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21098
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Re: John Steinbeck
Des souris et des hommes
Pendant la Grande Dépression (livre édité en 1937), George et Lennie, deux journaliers, vadrouillent ensemble dans la région de Salinas (celle de Steinbeck), le premier prenant soin du second, un colosse simplet.
Le titre provient d’un vers de Robert Burns : « Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas », et renvoie donc à ce projet du rêve américain, mais aussi aux petits animaux que Lennie caresse parfois trop fort, et encore à certaines jeunes femmes, comme celle récemment épousée par le fils du patron du ranch où ils se louent, et qui aguiche les employés.
Il y a d’autres correspondances internes, comme les deux rôles du pistolet dans le drame, qui ficèlent le récit, lui donnent cohérence et le structurent.
Novella d’une grande maîtrise et d’une sobriété exemplaire, bourrée d’empathie et assez pessimiste, surtout constituée de dialogues.
D’ailleurs, Joseph Kessel dit dans sa préface :
\Mots-clés : #amitié #mondedutravail #social
Pendant la Grande Dépression (livre édité en 1937), George et Lennie, deux journaliers, vadrouillent ensemble dans la région de Salinas (celle de Steinbeck), le premier prenant soin du second, un colosse simplet.
Ils ambitionnent cependant une petite ferme avec un lopin de terre… et des lapins.« − Les types comme nous, qui travaillent dans les ranches, y a pas plus seul au monde. Ils ont pas de famille. Ils ont pas de chez-soi. Ils vont dans un ranch, ils y font un peu d'argent, et puis ils vont en ville et ils le dépensent tout... et pas plus tôt fini, les v' là à s'échiner dans un autre ranch. Ils ont pas de futur devant eux. »
Le titre provient d’un vers de Robert Burns : « Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas », et renvoie donc à ce projet du rêve américain, mais aussi aux petits animaux que Lennie caresse parfois trop fort, et encore à certaines jeunes femmes, comme celle récemment épousée par le fils du patron du ranch où ils se louent, et qui aguiche les employés.
Il y a d’autres correspondances internes, comme les deux rôles du pistolet dans le drame, qui ficèlent le récit, lui donnent cohérence et le structurent.
Novella d’une grande maîtrise et d’une sobriété exemplaire, bourrée d’empathie et assez pessimiste, surtout constituée de dialogues.
D’ailleurs, Joseph Kessel dit dans sa préface :
Le style est effectivement d'une efficience accomplie, et je recommande la lecture de ce chef-d'oeuvre lapidaire !« Certains auteurs de l'Amérique du Nord disposent d'un secret impénétrable.
Ils ne décrivent jamais l'attitude et la démarche intérieures de leurs personnages. Ils n'indiquent pas les ressorts qui déterminent leurs actes. Ils évitent même de les faire penser. »
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Tristram- Messages : 15610
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Re: John Steinbeck
lu il y a longtemps..................... une relecture s'imposerait ?
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Bédoulène- Messages : 21098
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Re: John Steinbeck
Je pense que ça vaut le coup !
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Tristram- Messages : 15610
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Re: John Steinbeck
j'étais passée complètement à côté de ce livre réputé comme chef-d'oeuvre
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topocl- Messages : 8414
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Re: John Steinbeck
Des siècles que je l'ai lu. Et je pense que c'est mieux que je l'ai lu ado.
Et j'ai apprécié l'auteruré à l'époque et dans l'ensemble.
Notamment En un combat douteux, Les Raisins de la colère, La Grande vallée.
Et meme A l'Est d'Eden à cause, sans doute, du film avec James Dean.
Et j'ai apprécié l'auteruré à l'époque et dans l'ensemble.
Notamment En un combat douteux, Les Raisins de la colère, La Grande vallée.
Et meme A l'Est d'Eden à cause, sans doute, du film avec James Dean.
Dernière édition par bix_229 le Jeu 4 Mar - 17:07, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
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Re: John Steinbeck
Je ne sais pas si mon avis redonde, mais le tien, comment dire... Félicitations pour ta franchise !Topocl a écrit:j'étais passée complètement à côté de ce livre réputé comme chef-d'oeuvre
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Tristram- Messages : 15610
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Re: John Steinbeck
Je n'impute mon avis qu'à moi-même. Je sais que je suis souvent une lectrice assez emmerdante. Mais je fais courageusement face à cette situation existentielle difficile.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8414
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Re: John Steinbeck
Courage Topocl, continue comme ça !
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Tristram- Messages : 15610
Date d'inscription : 09/12/2016
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Localisation : Guyane
Re: John Steinbeck
Perso j'avais adoré... Il y a 20 ans ! Je l'avais ressorti pour le relire, mais ne l'ai jamais fait...
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Armor- Messages : 4589
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Re: John Steinbeck
Nuits noires
Ce court roman a aussi été publié en langue française sous les titres de Lune noire, ou encore Nuits sans lune. Le titre original est The Moon Is Down (extrait du Macbeth de Shakespeare, acte II scène 1, remarque de Fleance tandis que Macbeth arrive pour assassiner le roi). Steinbeck a écrit ce texte pendant la Seconde Guerre mondiale ; il a été traduit et diffusé clandestinement par la Résistance dans les pays européens occupés par l'Allemagne nazie (ici, Yvonne Desvignes pour les éditions de Minuit).
Une force armée (qu’on devine facilement allemande) conquiert une petite ville par surprise (et avec l’aide d’un collaborateur interne).
Les portraits des officiers de la force d’occupation caricaturent les diverses modalités de servir la puissance nazie.
Le côté propagandiste de ce texte explique une certaine pompe parfois excessive :
\Mots-clés : #deuxiemeguerre #guerre #psychologique #regimeautoritaire
Ce court roman a aussi été publié en langue française sous les titres de Lune noire, ou encore Nuits sans lune. Le titre original est The Moon Is Down (extrait du Macbeth de Shakespeare, acte II scène 1, remarque de Fleance tandis que Macbeth arrive pour assassiner le roi). Steinbeck a écrit ce texte pendant la Seconde Guerre mondiale ; il a été traduit et diffusé clandestinement par la Résistance dans les pays européens occupés par l'Allemagne nazie (ici, Yvonne Desvignes pour les éditions de Minuit).
Une force armée (qu’on devine facilement allemande) conquiert une petite ville par surprise (et avec l’aide d’un collaborateur interne).
Les portraits des officiers de la force d’occupation caricaturent les diverses modalités de servir la puissance nazie.
En premier lieu désemparée, la communauté civile organise peu à peu sa résistance à l’envahisseur, d’abord passive puis actes de sabotage, tandis que la tension « sans repos » monte chez l'occupant dans l’engrenage d’exécutions sommaires et de prises d’otages.« Le capitaine Loft estimait que le soldat est l’ultime achèvement de la vie animale. »
« Les lieutenants Prackle et Tonder étaient deux jeunes morveux, étudiants récemment promus, rompus au régime du jour et persuadés que l’ordre nouveau était l’œuvre d’un génie tel qu’ils ne prenaient jamais la peine de vérifier ses résultats. »
« Seul parmi eux, le colonel Lanser savait ce qu’est vraiment la guerre au bout d’un certain temps. Lanser avait été en Belgique et en France vingt ans plus tôt et il essayait de ne pas penser à ce qu’il savait : que la guerre n’est que trahison et haine, confusion de généraux incompétents, torture et meurtre, maladie et fatigue jusqu’à ce qu’enfin cela s’achève sans que rien ait changé, sauf qu’il y a de nouvelles lassitudes et de nouvelles haines. »
Le propos principal de cette novella est l'évolution psychologique et morale tant des forces d’occupation que de la population civile (notamment le bourgmestre, son ami médecin, sa cuisinière).« Ainsi, cela recommence. Nous allons fusiller cet homme et nous faire vingt nouveaux ennemis. C’est tout ce que nous savons faire, tout ce que nous savons faire. »
« Nous avons dressé nos jeunes gens en vue de la victoire, et il faut reconnaître que dans la victoire, ils sont magnifiques, mais ils ne savent plus comment se comporter dans la défaite. Nous leur avons dit qu’ils étaient plus vifs et plus vaillants que les autres. Ça a été un vrai choc, pour eux, de s’apercevoir qu’ils ne sont nullement plus vifs ou plus vaillants que les autres. »
Le côté propagandiste de ce texte explique une certaine pompe parfois excessive :
Sans surprise, on pense à certains textes de H. G. Wells et George Orwell à la lecture de cet intéressant document.« Les peuples libres ne peuvent engager une guerre, mais une fois qu’elle est commencée, ils peuvent continuer à lutter dans la défaite. Les peuples-troupeaux, ceux qui suivent un chef, en sont incapables ; ainsi, ce sont toujours les peuples-troupeaux qui gagnent les batailles et les peuples libres qui gagnent les guerres. »
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Re: John Steinbeck
merci Tristram, encore un livre qui me fait envie !
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