Leonardo Padura Fuentes
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
"Même s’il en avait par dessus la tête des saints et des vierges et qu’il ne croyait toujours pas au domaine de l’intangible, désormais il comprenait mieux qu’un miracle peut se produire si on a vraiment la foi. Mais la foi, c’est précisément ce qui manquait et manquerait le plus à Mario Condé. Il manquait aussi de café. De vrai café. Et de rêves. Et d’espoirs. Et d’années pour penser qu’il était possible ou qu’il est possible de tout recommencer, si un tel miracle est envisageable. Par chance, il connaissait l’abondance dans d’autres domaines. Les prémonitions, par exemple. Et il avait la certitude que certaines d’entre elles peuvent même se réaliser."
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
je viens de terminer "Retour à Ithaque" quel régal !!!
Le livre se lit comme une pièce de théâtre avec son unité de temps et de lieu. Quatre hommes et une femme, cinq amis d'enfance qui se racontent, reviennent sur leur attachement à l'histoire de leur pays, leurs désillusions, les décisions qui ont abouti à leur rencontre sur cette terrasse du "centro habana". Le choix du lieu de leur rencontre est emblématique de la vie havanaise, la terrasse où l'on prend le frais le soir après la chaleur torride du jour. On y mange, on y boit, reçoit ses amis, cuisine son barbecue, écoute sa musique plus ou moins fort, la terrasse un plus pour les loueurs de chambres touristiques.
Le début du récit surprend par ses descriptions sur les personnages, leurs déplacements, leurs attitudes, on a l'impression d'assister à la mise en place d'un scenario, et c'est en partie le cas puisque le livre vient après le film (du même titre), la discussion permet de prendre conscience de l'éloignement apparent (au début de l'histoire) entre les protagonistes, et au fur et à mesure les tensions s'exacerbent, sont prêtes à rompre les liens, quand on sait que les cubains sont volubiles, expansifs on en serait presque surpris, mais c'est que derrière cela il y a des choix de vies déchirants pour ceux qui veulent partir, ceux qui partent et ceux qui en reviennent au propre comme au figuré, jusqu'au dénouement inattendu de la fin , 'le coup de théâtre grec)...
J'ai vu le film, puis j'ai lu le livre et je préfère le livre. Je vous le recommande...
Le roman recueille le témoignage de Laurent Cantet, celui de Padura qui parle du film dont le scenario de départ était prévu pour "7 Jours a la Havane" que j'ai vu il y a quelques années, Padura voulait l'inclure dans un épisode de ce film, Laurent Cantet s'y est opposé pour réaliser un long métrage avec cette matière et il a bien fait car ce texte dense méritait plus des quinze minutes d'une scénète...
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21732
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Re: Leonardo Padura Fuentes
La transparence du temps
J'ai apprécié retrouver l'univers si particulier et si reconnaissable de Leonardo Padura, en suivant les pas de l'ancien inspecteur Mario Conde. Ce roman, au-delà de l'intrigue policière qui démarre par la remémoration de souvenirs de jeunesse, apparait comme une ode à la complexité de la ville de La Havane, à travers sa beauté et sa noirceur qui ne cessent de fasciner.
L'enquête sur les traces d'une statue de la Vierge de Regla semble mener un constant grand écart entre le milieu des marchands d'art et les bas fonds de quartiers en déliquescence. Les éclats de violence représentent alors l'errance d'une capitale à la recherche de son identité, de son avenir.
L'écriture distille une tonalité mélancolique mais la tristesse est cependant toujours accompagnée par un humour parfois désabusé, Mario Conde faisant constamment face à ses doutes et au passage du temps.
Et les nombreux détours, notamment pour retracer l'histoire tourmentée de la statue tant recherchée, offrent de multiples pistes de réflexion même si le rythme du récit peut dérouter.
Avadoro- Messages : 1405
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Re: Leonardo Padura Fuentes
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Bédoulène- Messages : 21732
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Re: Leonardo Padura Fuentes
C’est l’histoire tant de fois racontée d’un groupe de jeunes gens, des amis à la vie à la mort. Un événement va déliter le groupe, chacun partant de son côté comme « poussière dans le vent ». On suit ce qu’il échoit à chacun.e, cette amitié qui subsiste malgré les choix et l’éloignement.
Ce que cela a de particulier, c’est que le lieu c’est Cuba et son histoire des 50 dernières années, et que « partir chacun.e de son côté » pour nombre d’entre eux, c’est l’exil, que chacun.e va vivre à sa façon.
Cela a ce charme de l’histoire individuelle entrecroisée avec la vraie Histoire, l’intérêt de la description d’une vie dans un pays où le discours politique, la misère, la répression, la corruption façonnent tout. Au début, ils y croient, à l’idée que leur petit pays a trouvé LA solution face aux méchants, puis tout cela se déconstruit sur place, la désillusion s‘installe, puis la peur et l’épuisement.
C’est dans l’ensemble bien mené, habilement construit d’un personnage à l’autre, d’un lieu à l’autre, d’un temps à l’autre.
C’est quand même longuet, la faconde padurienne tournant souvent au remplissage, avec notamment des dialogues qui s’étirent en longueur. L’impression générale est plutôt bonne, cependant.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8559
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Re: Leonardo Padura Fuentes
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Bédoulène- Messages : 21732
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Cuba dans la Crise, pénurie et argent rare, Conde tombe sur une aubaine, une magnifique bibliothèque encore intacte (et il a un indéfinissable pressentiment). Une certaine désillusion s’affirme, peut-être adossée à la nostalgie d’une vie culturelle fort riche dans les années vingt à cinquante, en tout cas à l’amère expérience communiste.
Suivant son intuition, Conde se met à la recherche d’une mystérieuse chanteuse de boléros dans les cabarets havanais des années 50, Violeta del Rio, disparue après un seul disque, qui aurait eu un amant riche, et qui se serait suicidée ou aurait été tuée.« − On nous a fait croire que nous étions tous égaux et que le monde allait être meilleur. Qu’il était, déjà, meilleur… »
« − Tu te souviens, Conde, lorsque les clubs et les cabarets ont été fermés parce que c’étaient des antres de perdition et des vestiges du passé ? rappela Carlos.
− Pour compenser, on nous a envoyés couper la canne à sucre pour la récolte de 1970. Avec tout ce sucre, on allait sortir d’un seul coup du sous-développement, se souvint Candito. »
Parallèlement, mettant à profit de sa temporaire fortune, il la fête avec ses amis, dans un mixte de gastronomie (et de rhum) inspiré du vieux livre de cuisine qu’il a découvert. L’amitié et le pillage bibliophile de la culture cubaine demeurent des thèmes centraux, sensibles à Padura.« − Le boléro, c’est du sentiment, du pur sentiment avec beaucoup d’accents dramatiques. Il parle toujours des tragédies de l’âme et il le fait dans un langage qui va de la poésie à la réalité. […]
Le boléro appartient à la Caraïbe, il est né à Cuba, il s’est acclimaté au Mexique, à Porto Rico, en Colombie… C’est le poème d’amour des tropiques, un peu ridicule des fois, parce que nous le sommes, on n’y peut rien, mais il dit toujours des vérités. »
Sinon, prétexte à un portrait de Cuba, le « pays de la démesure » (y compris histoire politique et bas-fonds) ; côté énigme policière, l’interlocuteur de la fameuse bibliothèque est assassiné, et Conde, suspect, enquête.« La conviction que le monde pouvait être un champ de bataille mais qu’une bibliothèque était un terrain inviolablement neutre et collectif s’était enracinée dans son esprit comme un des apports les plus beaux de sa vie, une notion avec laquelle, une fois la Crise arrivée, il devrait négocier pour survivre, comme tant de gens avaient dû le faire avec leurs souvenirs et même avec leur dignité. »
Les lettres d’une amoureuse sont astucieusement intercalées dans le roman, éclairant les tragiques brumes du passé.
Style (un peu trop) sophistiqué, qui n’exclut pas de vives paillardises.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15959
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Re: Leonardo Padura Fuentes
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Bédoulène- Messages : 21732
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Re: Leonardo Padura Fuentes
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Tristram- Messages : 15959
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Tristram a écrit:Oui, élaboré, voire alambiqué, a minima fort soutenu, ce qui fait que les gauloiseries populaires tranchent.
en résumé c'est la vie épicée cubaine...
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
.[/quote]Tristram a écrit:Les Brumes du passé
Le boléro appartient à la Caraïbe, il est né à Cuba, il s’est acclimaté au Mexique, à Porto Rico, en Colombie… C’est le poème d’amour des tropiques, un peu ridicule des fois, parce que nous le sommes, on n’y peut rien, mais il dit toujours des vérités. »
J'ai adoré les boléros à Cuba, les lieux pour les savourer sont les casas de la trova (les maisons de troubadours" dans les grandes villes cubaines mais aussi dans les campagnes reculées lors de fêtes locales, boléros paysans melange de nostalgies et de vie de la terre, une emission télé sur ce dernier genre était diffusée sous le nom "romper el coco" (rompre le coco)...Nostalgie des années 50...
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Dernières nouvelles de Padura, @Chamaco, pour préparer ton interview exclusive Des Choses à Lire !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15959
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Resolver oui c'est en effet une definition du Cubain, tout comme "revolver" (retour en arrière) ou "invento"...
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Chamaco- Messages : 4528
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Re: Leonardo Padura Fuentes
Chamaco- Messages : 4528
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