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Message par topocl Mar 6 Déc - 17:04

Drago Jancar
Né en 1948

Drago Jancar A2089

Né en 1948 à Maribor, Drago Jancar  est l'un des plus importants auteurs slovènes contemporains. Figure nationale de la dissidence au temps de l'ex- Yougoslavie, il fut condamné en 1974 à un an de prison pour "propagande au service de l'ennemi." Son oeuvre, composée de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre et d'essais, a été traduite à ce jour en une dizaine de langues.

Oeuvre en français

Romans
Trente-cinq degrés, 1974
Galiote, 1978
Aurore boréale, Page 1
Le regard de l’ange, 1992
Désir moqueur, 1993
Des bruits dans la tête, 1998 : Page 1, 2  
Katarina, le paon et le jésuite, 2009 : Page 1
Le Bâtisseur, 2006
L’Arbre sans nom, 2008
Cette nuit, je l’ai vue 2014 : Page 1, 3
Six mois dans la vie de Ciril, 2016
L'amour a aussi besoin de repos 2018 : Page 1

Recueil de nouvelles
L’Élève de Joyce, 2003

màj le 23/10/2019


Dernière édition par animal le Dim 7 Avr - 21:15, édité 2 fois

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Message par topocl Mar 6 Déc - 17:06

Des bruits dans la tête

Drago Jancar Images31

C’est des années après, toujours emprisonné, que Keber, raconte à l’un de ses codétenus, pour la transmettre  à la mémoire de tous, l’histoire de l'insurrection de la prison de Livada, dans un récit que l'oralité rend syncopé.

Donc, oui, c'est le récit de cette insurrection, de minute en minute, racontée comme un thriller, cette explosion de violence insensée pour une cause perdue d'avance. Les prisonniers sont d’abord portés par l'illusion de leur improbable puissance, d'une illusoire solidarité. Et puis, de petitesses en mégalomanie, de trahison en fascination du pouvoir, l'absurde apparaît peu à peu, l'impasse se dessine, dans une haletante course aux chimères. Et par des retours obsédants sur le siège de Massada, archétype de la résistance désespérée à l’enfermement, Keber donne à son récit une belle universalité.

Mais c'est aussi l’extraordinaire portrait de Keber, cet homme  dont « on prononçait [ le nom ] avec respect », Keber, auréolé d’un passé qui le hante :

Keber, son béret vert sur la tête, avait dormi au Vietnam parmi les cadavres, il avait traversé les océans en bateau, à Saint-Domingue il  avait fait trembler des généraux en caleçon, en Russie des femmes avaient tenté de se suicider pour lui ».

Lui-même se voit tout autre, « esseulé et déglingué » :

Bien sûr, je n'habite nulle part, c'est pourquoi je ne comprends pas tes bon Dieu et qu’ils ne me comprennent pas non plus
.
Dans son récit halluciné de cette révolte qu'il a initiée et qui lui échappe, Keber intercale des réminiscences, des souvenirs, des rêves et des cauchemars, des fantasmes, des hallucinations obsessionnellement intriqués et répétés. Un interminable voyage dans des wagons à bestiaux dans son enfance, des missions répétées comme soldat ou mercenaire dans tous les coins du globe,  la claustration d ‘une cabine de bateau,  son amour impossible et dont il est captif pour la trop sage Leonca : sa vie entière n’a été qu’un enchaînement d’enfermements dont il garde ces « bruits dans la tête» comme autant de stigmates.

On croit lire un roman d’aventure, mais s’y camoufle une palpitante variation sur les thèmes de l’enferment, de la liberté, du pouvoir et du libre arbitre.

Drago Jancar 280px-10

Le site de Massada


(commentaire rapatrié)



mots-clés : #insurrection #captivité


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Message par bix_229 Mar 13 Déc - 12:40



Les grandes émotions sont muettes, dit-on. En tout cas, il y a des livres -et plein d' autres choses- qui me laissent sans voix. Sans mots pour les dire...

Bref, il m'arrive de penser qu'un grand livre se suffit à lui-même. A quoi bon, essayer de le raconter, de le résumer ou de le commenter... De le réduire ou de le trahir, peut-être.

Mais par contre en moi, ça bouge, «ça tinte»... Pendant des jours et des nuits. En me promenant. Ou en me levant... Des bruits dans la tête... tout le temps...

Mais je suis content que vous l'ayez tenté. Peut-être, finalement, dirai-je quelques mots tout à fait personnels. Pour l'instant, comme dirait Igor, ça mijote !

(Message récupéré)
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Message par bix_229 Mar 13 Déc - 12:42

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C'est vrai, on n'en a jamais fini avec Des bruits dans la tête. C'est pourquoi j'en dirai encore quelques mots.

Comme la plupart des grands livres, celui-là nous parle de la nature humaine. Indépendamment du lieu mais pas de l'Histoire. Et ce n'est pas un hasard si le narrateur se réfère souvent à des faits vieux de plus de deux mille ans et dont la véracité aurait pu être contestée sans l'historien Flavius Josèphe...

Et c'est aussi l'histoire d'un homme -le narrateur- qui n'est certes pas le dernier des justes, ni un simple soudard. Mais quand même un homme en quête. Un homme singulier. Très singulier.
Un peu comme le Marlowe de Conrad. Infiniment attachant. Idéaliste. Désespérant de l'amour et y pensant sans cesse. Et puis c'est lui qui conduit la révolte.

Ce livre est un brûlot à mèche lente et le lecteur brûle avec lui.
Jusqu'à l' embrasement final. Et bien au delà. Et c'est cela qui fait sa puissance, il enflamme aussi l'imagination du lecteur.

Demain, je donnerai la parole à l' auteur. Une dernière fois... ?

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Message par bix_229 Mar 13 Déc - 12:46

topocl a écrit:Je suis d'accord avec tout ce que tu dis sur le héros, Bix. Sauf qu'il conduit la révolte. Il l'initie, et puis, elle lui échappe totalement. Bien sur la révolte lui échappe. Elle lui échappe déjà quand se constitue une hiérarchie dictatoriale chez les prisonniers.

En fait tout échappe tout le temps à Keber. La guerre et le but de la guerre, l'amour, la conduite d'une révolte.
Tout ce qui lui arrive d'heureux est toujours provisoire et déjà derrière lui. C'est pour cela qu' il se réfugie toujours dans la mémoire. Des souvenirs fugaces : le télégraphe sur le bateau, les promenades à deux avec Leonca en Grèce, ou encore avec "ces deux merveilleuses putains à Odessa". L' amitié pour Johan qui l'a peut-être- trahi.
Et Johan, le réaliste, a beau jeu de se moquer de lui et de le traiter de "vieux nigaud" !

Mais c'est encore si beau de pouvoir y penser encore et toujours. Parce que les choses auraient pu être différentes. Il ne peut s'empêcher de le penser. Mais voilà les hommes sont ce qu'ils sont : avides de pouvoir et chaque fois qu'ils peuvent l'approcher ou le détenir, ils perdent la tête, renient tous leurs engagements, leurs promesses.
Et ils deviennent à leur tour des oppresseurs, des tyrans condamnés à se détruire d'une façon ou d'une autre.
Mais Keber a un un vieux fond de romantisme et d'idéalisme, irréductible, indéracinable et qui font de lui un éternel perdant. Un nostalgique éperdu.

Mais c'est aussi pour cela qu'il nous fascine !

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Message par bix_229 Mar 13 Déc - 12:54

Allez, un dernier mot avant de me séparer de ce livre. Ce sera celui de l' auteur, naturellement.


«Ainsi a parlé Keber.

C'est bien lui qui, en août 1975, dans les géoles antiques de M., m'a raconté l'histoire que j'ai essayé de répéter ici dans le détail. J'ai écouté sa voix au cours d'une série de soirées étouffantes, aux sons d'un orchestre qui, dans la touffeur de la nuit, ruisselait sur nous de la terrasse de l'hôtel tout proche.

Je me souviens : nous étions dans le couloir près d' une fenêtre dont la partie basse était à peu près à la hauteur du genou et qui se trouvait juste en face de la porte de la cellule où j'ai passé cet été-là.
Parfois, de sa démarche traînante caractéristique qui trahissait le marin expérimenté, le soldat trempé, l'auteur et le dernier protagoniste de la révolte de Livada, il allait et venait dans le couloir, s'arrêtait, réfléchissait, fixait un point indeterminé entre les grilles avant de reprendre son récit. Je savais que pendant ces  pauses son regard, à travers les grilles, à travers la nuit, cherchait  dans le lointain, cherchait dans le passé, cherchait dans ses rêves.

Alors ce curieux regard cherchait toujours non mes yeux mais mon stylo a bille. Pourquoi n'écris-tu pas ? disait-il sombrement quand le crayon était au repos. Ce sont des choses importantes.

La touffeur grisante d'août se faufilait imperceptiblement à travers les puissants murs austro-hongrois qui pendant la journée nous protégeaient de la chaleur estivale, et avec elle les sons de l'orchestre de l'hôtel de l'autre côté de la rue. C'est ainsi qu'entre les sons de l'orgue et des guitres électriques arrivaient aussi dans nos murs les échos des grands combats et la lueur des incendies qui avaient éclairé Livada la rebelle, ses actes courageux et lâches.

Toutes les nuits, après que l'orchestre de l'hôtel avait joué Besa me mucho, et après que la sonnerie vibrante avait annoncé qu'il fallait aller dormir, quand les verrous et les clés des gardiens avaient fini de cliqueter, quand les dernières plaisanteries du soir, les raclements de gorge, les jets d' urine, les remuements étaient terminés, je pensais à cet homme, à sa vie, à la rébellion qu'il avait dirigée avec succès jusqu'au bout.

Je savais alors qu'un jour j'écrirais son récit. Le poids de deux décennies s'est posé sur sa mémoire et sur les carnets gribouillés.
Mais déjà alors je savais que je devrais dans mon exposé compter sur ces ailes qui portaient sans cesse très haut mon narrateur et qui le laissaient tomber brutalement.
Ce sont les ailes de l'imagination qui chaque nuit frémissaient au dessus de tous les endroits fermés du monde. Ce sont des ailes libres et puissantes.
Elles nous emportent par-delà la légende la plus sublime et la plus ancienne avec la même force qu' au  dessus de la réalité triviale et la plus récente.

C'est pourquoi aussi vingt ans plus tard, dans mon écrit d'anciens évènements de Judée restent liés à ceux que que mon narrateur a vécus.
C'est pourquoi ces soirs-là, avec la même force que les évènements réels et durs de Livada, sur les mêmes vieux murs austro-hongrois, volent aussi des reves de lilas,
de mer et de sons invisibles. Les rêves mêlés à la musique emportée de l'autre coté de la rue s'engouffraient dans les cellules et dans les têtes comme des signaux invisibles dans la cloche de plongée au fond d'un bateau.
L'animation du port lointain se mêlait au roulement du train. Le grouillement mugissant de la lie de l'humanité peuplait le silence des nuages et de la mer. Le grouillement qu'on pouvait entendre chaque nuit comme un tintement, comme une nostalgie insupportable, comme le néant pur et vide, douloureux et bruyant.»


Des bruits dans la tête, pp. 244-245

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Message par topocl Jeu 15 Déc - 11:36

Katarina, le paon et le jésuite

Drago Jancar 41m4bn10

J'ai vraiment eu du mal à arriver au bout de Katarina, le paon et le jésuite, qui, malgré des qualités d'écriture et un foisonnement initialement réjouissant, n'évite pas certaines lourdeurs stylistiques et m'a paru d'une longueur plombante .

Le fond historique mêle de religion et de superstitions, le Malin y tient souvent plus de place que Dieu,  Il met en parallèle la horde des pèlerins et l'armée des soldats, au temps de la guerre de 7 ans,  qui rivalisent d'excès et de violences, tant dans la recherche des plaisirs que dans celle de leur salut. Il évoque aussi l’anéantissement des missions jésuites au Paraguay. Jancar y  atteint souvent une truculence digne de Bruegel. Il utilise à fond toutes les pistes mystique, onirique, légendaire dans un pittoresque flamboyant, mais avec souvent une impression de surplace poussif, où j'ai fini par saturer.

L'histoire individuelle est celle de Katarina, cette vierge attardée, longtemps auto-cloîtrée, qui perd les sens dans une exaltation souvent éthérée. Entre haine et amour, prise dans un fanatisme émotionnel, elle alterne des intentions de pureté quasi mystique et une sensualité amorale,  errant de l'officier brutal au jésuite, amoureux éperdu - mais qui n’est jamais là quand on a besoin de lui. Elle m'a assez peu intéressée.

Tout cela était sans doute  trop démesuré pour moi.

(commentaire rapatrié)

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Message par topocl Lun 26 Déc - 15:55

Cette nuit, je l’ai vue

Drago Jancar Captur58

   On vit une époque où on ne respecte que les gens, vivants ou morts, qui étaient prêts à se battre, même à se sacrifier pour les idées qu'ils ont en partage. C'est ce que pensent les vainqueurs et les vaincus. Personne n'apprécie les gens qui ne voulaient que vivre. Qui aimaient les autres, la nature, les animaux, le monde, et se sentaient bien avec tout ça. C'est trop peu pour notre époque. Et même si moi, je peux me compter parmi ceux qui, bien que vaincus, ont combattu, au fond, moi je voulais seulement vivre. Que cela ait un sens m’a été révélé par cette femme, curieuse, joyeuse, ouverte à tout et un peu triste que j'ai rencontrée dans un pays lointain qui m’est proche. Veronika.


Il y a avant la guerre et  il y a après la guerre.

Avant la guerre, il y avait Véronica, une femme fantasque et sensuelle, éprise de liberté, qui aimait les chevaux à la folie et les hommes avec déraison, qui se promenait en ville avec son crocodile.
Pendant la guerre avec son époux Léo, le richissime industriel plein d'élégance, ils ont  cru qu’ils n'étaient pas concernés, qu'ils pouvaient continuer à mener la belle vie, qu'on ne leur imposerait pas des choix. Retranchés  dans leur château illuminé au fond des bois, à deux pas des bandes de partisans, ils recevaient des industriels, des artistes, des officiers de l'armée de l'occupation. Et puis…
Après la guerre, les langues ne se délient pas, chacun se retire seul face à cette tragédie. Mais les survivants, ceux qui furent fascinés par la belle Veronica, se souviennent, chacun de son côté. Sortant  de cette chape de silence qui les enferme dans un amalgame de remords et de nostalgie, ils nous livrent leurs inavouables secrets.

Dragon Jancar nous montre ici toutes les facettes de son impressionnant talent. Cette nuit je l'ai vue se construit peu à peu à partir de cinq points de vue qui éclairent les secrets d'une femme, d'une guerre, et d’un pays. On se croirait dans un film lumineux et étrange, en noir et blanc, on visualise ces soldats traînant dans la boue,  les cavaliers contre les tanks, les maquisards traqués… Tout puissant, magique, perdu dans la neige, ce château illuminé aux réceptions somptueuses, ce couple magique, à qui tout est offert, adulé et jalousé par le petit personnel, cette femme magnétique, amoureuse tragique, pleine de tourments et de joie de vivre.

Et si, peu à peu, on découvre pourquoi et comment ont disparu Leo et Veronica, ils n'en finissent pas de hanter les consciences, et nul n'arrivera jamais à dénouer l’inextricable écheveau des culpabilités.

C’est un très beau roman, magique par l'atmosphère, prenant par ses personnages, qui parle de l’histoire de ce siècle et de notre responsabilité collective. Chant d'agonie d'un pays qui n'en finit pas de panser ses plaies, Cette nuit, je l'ai vue est un roman de maître, il nous dit de rester sur notre garde, et que la liberté n'existe pas.

(commentaire récupéré)


Mots-clés : #amour #deuxiemeguerre #historique

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Message par Invité Jeu 15 Mar - 17:26

Drago Jancar Jancar10

Cette nuit, je l’ai vue

A la blonde Véronika, que pouvons-nous faire, la jeunesse est éphémère.

N'avez-vous jamais eu, en refermant un livre, l'envie très forte de rencontrer "en vrai" ses personnages, ou au moins de pouvoir les observer encore, tant ils vous ont ébranlé ?
C'est ce qui m'est arrivé pour ce magnifique livre. J'ai tout aimé : le style, la construction du roman - j'adore les romans à plusieurs voix - , le fait que le roman nous apprenne l'Histoire de la Slovénie et donne envie de poursuivre la découverte.
Et il y a Véronika, cette femme originale, excentrique dans le sens hors conventions du terme, éprise de liberté, mais la liberté existe-t-elle vraiment ? Elle veut être libre de vivre dans une société et bientôt un pays qui sont entravés.

J'ai aimé le cavalier Stevo et son amour pour ses chevaux, les récits de cavalerie et l'impuissant sacrifice de celle-ci face à l'apparition de la cavalerie blindée.

J'ai aimé le récit de ces hommes et femmes qui ont croisé les Zarnik, les ont aimés, enviés ou haïs. L'humain est un mélange de lâcheté, de courage, d'envie et ce mélange sera responsable de la disparition de Véronika et son mari Léo.

J'ai admiré cette femme : sa curiosité intellectuelle et son amour de la poésie ne parviendront pas à la faire échapper au destin qui est le sien. En période de conflit mondial, on doit être d'un camp ou d'un autre : la neutralité n'est jamais admise et elle ne sera jamais votre avocat; au contraire: elle sera votre bourreau.


A l'heure du crépuscule viens
Et à l'heure du crépuscule seulement,
A l'heure du pardon,
Quand le jour marche vers l'éternité,
L'âme rêve de poèmes
Semblable à un poème et à un songe.

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Message par bix_229 Jeu 15 Mar - 19:26

Merci Kashmir !Tu me donnes envie de le relire !
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Message par topocl Mar 10 Avr - 16:17

Et l'amour aussi a besoin de repos.

Drago Jancar 97827510


La guerre est là. Personne n'est ce qu'il était ni ce qu'il aurait voulu être. Le mal, crescendo.


Drago Jancar raconte Maribor , Slovénie, en 1944; la  guerre  se termine, exacerbant les passions jusqu'à la folie. Ce n'est pas une histoire de combats et de front,  mais celle d'une ville en ruine, exsangue, une ville occupée où la l'insouciance n’est plus. Finies les promenades dans le parc, finis l'amour et la poésie. Ludwig  est revenu après sa formation en Allemagne, il est  membre de la Gestapo, passionnément dévoué au culte nazi, "d'une discipline complète, inconditionnelle". Sonja, qui l'a connu alors qu'il n'était que Ludek, le supplie de libérer  son amoureux Valentin, partisan torturé dans ses geôles. Les loyautés sont flétries par la guerre, elles inscrivent le trio des personnages dans une spirale maléfique où trahison et fidélité se téléscopent  :   Sonja salie par son contact avec l'occupant, Valentin par sa libération suspecte. Les vies sont broyées, les destins sont saccagés;  la paix n'apportera aucun  apaisement, les alliances ont seulement changé, la haine est différente, l'humiliation ne laisse aucun répit, le retour est impossible.

C'est un magnifique roman, passionné et douloureux , qui vit l'intime de ces êtres ballottés, déchirés, alors qu'à la vie ils ne demandaient que la légèreté du souffle du vent sur leurs visages. Une implacable leçon d'histoire se révèle à travers l'intimité des personnages,  leurs pensées intérieures, leurs ressassements obsédants. leurs espoirs figés, les souvenirs qui émergent et prennent à la gorge. Seul le paysage , avec ses brumes cotonneuses, peut faire croire par instant qu'un répit est possible.

Drago Jancar écrit comme on frappe du tambour, dans un rythme oppressé, à la limite de l'obsessionnel. On est pris dans le ressac de cette vague qui va et revient, et  emporte le lecteur sans répit, ni espoir de repos. Il martèle que la guerre est une prison cruelle, obstinée, dégradante et que nul n'y échappe.


mots-clés : #deuxiemeguerre #historique #jeunesse

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Message par Tristram Mar 10 Avr - 16:22

Topocl, tu recommanderais celui-ci, ou Cette nuit, je l’ai vue, pour un "premier essai" ?

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Message par topocl Mar 10 Avr - 16:48

Les deux, mon capitaine !
Franchement je ne sais pas, les deux sont classe.
(Tu abandonnes l'ordre chronologique?)

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Message par Bédoulène Mar 10 Avr - 16:49

merci topocl ! tu apprécies cet auteur je vois ! (j' ai deux livres en attente)

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Message par topocl Mar 10 Avr - 16:52

Oui, j'y reviendrai sûrement.

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Message par Tristram Mar 10 Avr - 17:18

Topocl a écrit:(Tu abandonnes l'ordre chronologique?)
C'est que je ne suis pas sûr de tout lire de lui...

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Message par Invité Mar 10 Avr - 17:39

Merci, topocl ! tu me donnes envie de le lire...mais je ne suis pas vraiment objective avec cet écrivain. drunken

Quels livres as-tu, Bédoulène ?

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Message par topocl Ven 27 Avr - 13:26

Aurore boréale

Drago Jancar 00014810

Il serait malhonnête de pas parler de ses déboires avec un écrivain qu'on vénère, n'est-ce pas? Alors voilà.

je n'ai rien compris à ce bouquin, mais alors rien, rien de rien, malgré mes efforts de retour en arrière et de persévérance.
Alors que les nazis rodent autour de cette petite ville frontalière où il a vécu son enfance,  ... y revient  pour rencontrer J... c’est à dire Jaroslaw, qui se fait attendre et ne vient jamais ni ne donne signe de vie , au moins dans les 150 premières pages que j'ai lues.
Il rôde, déambule, fuit sa solitude en frayant avec des bourgeois sans intérêt et des hommes-fantômes rebutants, discute ésotérisme, vit l'amour avec Marjeta, recherche désespérément l'église où dans son enfance l'avait attirée une boule bleue posée sur l'autel (et devise sur sa signification).
Ce roman de la vacuité est résolument absurde, étrange, sans sens - sans doute pour mieux marquer l'absurdité et l'absence de sens de cette menace d'occupation. Il y a  un public pour ce genre de livre, je n'en suis pas. (Mais je me demande si un certain laisser-aller dans la traduction n'aggrave pas les choses).

je n'ai donc pas fini, peut-être les choses s'éclairent elle sur la fin du roman...
Mais poursuivre ce but incertain, dont, comme le héros, je subodore fort qu'il n'arrivera pas, est au dessus non pas  de mes forces, mais de mes désirs. Même l'annonce de cette fameuse aurore boréale, dont à ma connaissance la Tchécoslovaquie n'est pas le lieu d'élection, ne m'a pas motivée. Exsangue, je suis.

je n'ai rapporté qu'une petite citation dans mon escarcelle, qui reflète assez bien mon état d'esprit.

Je ne comprenais rien et ne comprenais pas non plus pourquoi je répondais à ses questions absolument incompréhensibles et insensées. Je sentais aussi que quelque chose s'embrouillait ici, provoquant un certain malentendu.

Mots clés : absurde (qui n''existe pas, je sais!)

mots-clés : #solitude

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Message par Bédoulène Ven 27 Avr - 15:02

une nouvelle fois tu n'as pas apprécié cet auteur et tu en reste "exsangue" , c'est bien dommage topocl mais merci d'avoir fait l'effort d'un commentaire

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Message par Tristram Ven 27 Avr - 16:08

Alors Topocl, ça m'en fait trois sur la LAL : j'aime beaucoup l'idée de mise en scène de l'insanité et du vide.

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