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Message par Aventin Mer 11 Juil - 16:07

merci Bédoulène pour ce commentaire, le lire t'a plu dirait-on ?
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Message par Tristram Dim 22 Juil - 8:04

L’intrus

initiatique - William Faulkner  - Page 3 L_intr10

D’emblée, la métaphore des cochons donne le ton, celui d’un certain lyrisme noir, mais contenu :
« …] vers la tombée de la nuit, d’un bout à l’autre de la contrée, pendraient, fantomatiques, intacts, livides, leurs cadavres vidés, immobilisés par les jarrets dans des attitudes de course folle, comme s’ils se ruaient à toute allure vers le centre de la terre. »
Lucas Beauchamp, un vieux Noir « …] pas le moins du monde arrogant, pas même dédaigneux : simplement intraitable, inflexible et maître de soi », a tué un des « pauvres Blancs » de la « Section Quatre » du comté d’Yoknapatawpha, Mississipi.
Charlie, seize ans, personnage principal (ou plutôt point de vue de l’auteur) et neveu de l’avocat Gavin Stevens (qui incarne la conscience morale du Sud dans plusieurs œuvres de Faulkner), est partagé entre ses préjugés et le sens de la justice, l’impulsion de fuite et la responsabilité assumée.
Un aspect marquant de ce roman m’a paru être l’importance de l’attitude des femmes et des enfants vis-à-vis de celle des hommes ; voici le commentaire un peu sibyllin du vieil Ephraïm (ici répété au chapitre V) :
« Si vous avez, en marge du train habituel, quelque chose que vous devez faire et qui ne peut attendre, ne perdez pas votre temps avec les hommes ; ils agissent d'après ce que votre oncle appelle les lois et les règlements. Allez chercher pour cela les femmes et les enfants : eux, ils agissent d'après les circonstances. »
C’est en effet Charlie et son ami, noir et du même âge, ainsi qu’une miss de 70 ans, blanche, qui agiront de façon décisive quoique irraisonnée (et surprenante) au début de l’affaire : une sorte de condensé de confiance incroyable.
Longues phrases serrées, parfois de plusieurs pages, décrivant les évènements de façon plus ou moins absconse jusqu’à la pause d’un dialogue, soit un moment où le lecteur reprend compréhension dans la trituration bandéonnesque des faits que malaxe Faulkner : il y a de l’accordéon dans ces compressions et détentes où l’auteur manipule notre entendement, du démiurge dans la manière dont il pétrit le scénario, accélère et ralentit, voire inverse le déroulement de l’intrigue ; c’est un peu aussi comme la mise au point d’un trop gros plan à la vue d’ensemble.
« …] son oncle lui avait dit que tout ce que l’homme possédait, c’était le temps, que tout ce qui se dressait entre lui et la mort qu’il abhorrait, c’était le temps, mais qu’il en passait la moitié à inventer les moyens de passer l’autre moitié [… »

« Ce qui prouve, une fois de plus, que personne ne peut faire plus de mal que celui qui se cramponne aveuglément aux vices de ses ancêtres. »

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Message par animal Dim 22 Juil - 8:13

Ca donnerait envie de s'y jeter tout de suite !

Beaucoup plus efficace, et utile, que les videos sur youtube. pirat

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Message par Bédoulène Dim 22 Juil - 9:23

merci Tristram !

"il y a de l’accordéon dans ces compressions et détentes où l’auteur manipule notre entendement, du démiurge dans la manière dont il pétrit le scénario, accélère et ralentit, voire inverse le déroulement de l’intrigue"

belle métaphore !

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Message par ArenSor Lun 20 Aoû - 15:29

Nouvelles

L’historique des publications des nouvelles de William Faulkner est assez complexe. En effet, certaines d’entre-elles, remaniées, sont devenues des chapitres de romans dans « Les Invaincus », «Descends Moïse » et « Le Gambit du cavalier ». Par ailleurs, deux romans « Le Hameau » et « La Demeure » ont été construits à partir de nouvelles antérieures. Signalons également que la distinction entre nouvelles et romans n’est pas toujours formalisée par l’auteur.
En 1950, Faulkner sélectionne 42 nouvelles qu’il distribue en 6 ensembles : 1) La Campagne ; 2) Le Village ; 3) La Forêt sauvage 4) La Terre vaine ; 5) L’Entre-deux-mondes ; 6) Au-delà.
En plus, bien évidemment, nous avons les 11 nouvelles qui n’ont pas été sélectionnées par l’auteur et 16 nouvelles restées inédites de son vivant.

Nouvelles recueillies I- La Campagne
Ce recueil est constitué de six nouvelles

L’incendiaire (1939)
C’est une nouvelle très dure, typiquement faulknérienne. Un homme en colère, inflexible, froid et violent (mais pas avec ses proches, souvent un regard glacial leur suffit !), également fourbe. Ce Snopes apparaît toujours menaçant :
« L’invulnérabilité de quelque chose d’impitoyablement découpé dans du fer blanc, sans épaisseur, comme si, tournée de profil vers le soleil, [sa silhouette] ne projetterait aucune ombre.»
Mais attention, comme toujours chez Faulkner, le personnage est plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord.
Face à lui, son jeune fils déchiré entre l’amour du père et de la famille et sa conscience morale. Procédé cher à Faulkner, le récit est parfois vu à travers les yeux de l’enfant qui n’est pas en mesure de comprendre toutes les situations.
« L’incendiaire » est également l’occasion de montrer le contraste entre les petits blancs, contraints à s’employer comme métayer dans des conditions draconiennes fixées par les grands propriétaires fonciers.

Les Bardeaux du Bon Dieu (1943)
Une nouvelle comique qui se moque gentiment de certains règlements introduits par le « New deal » de Roosevelt afin de surmonter la crise de 29. Quelques hommes donnent des heures de leur temps pour débiter des bardeaux afin de remplacer la toiture de l’église. On y parle d’unités-travail et même d’unités-chien, l’animal en question étant l’objet d’un marché en échange de temps de travail. L’un des protagonistes décide de faire une farce à son compatriote et provoque ainsi une vraie catastrophe dans laquelle il joue un rôle quelque peu grotesque. Un beau portrait d’américain moyen, honnête et travailleur, mais qui parfois ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez…

Les Hommes de haute stature (1941)
Une nouvelle quelle peu didactique, bien dans l’esprit du patriotisme américain, ce qui fut reproché à Faulkner.
Un jeune fonctionnaire attaché aux règlements vient arrêter deux frères qui ne se sont pas inscrits pour le recrutement aux armées. Il est accompagné d’un vieux juge qui connait bien la famille. Nous découvrons des fermiers de classe moyenne où règnent la loyauté, l’endurance, la fraternité familiale, le sens du travail, mais aussi le patriotisme, bref des gens de haute stature morale. Faulkner critique ouvertement dans cette nouvelle certaines dispositions du « New deal », le fait notamment de recevoir des subventions pour diminuer la production de coton.
C’est une belle nouvelle tout de même, avec ce discours du juge au jeune fonctionnaire :
«Vous êtes plein de bonnes intentions. Vous vous êtes simplement embrouillé les idées avec des règles et des règlements. C’est ce qui ne va pas. On s’est inventé tellement d’alphabets, de règles et de recettes qu’on voit plus rien d’autre ; si ce qu’on voit ça entre pas dans un alphabet ou dans une règle, on est perdus. On en vient à être comme des créatures que des docteurs auraient pu créer dans des laboratoires, qui ont appris à se débarrasser de leurs os et de leurs tripes tout en restant vivants, à rester en vie indéfiniment et à jamais peut-être même sans savoir que les os et les tripes ont disparu. Nous nous sommes débarrassés de notre colonne vertébrale ; on a pratiquement décidé qu’un homme il a plus besoin de colonne vertébrale, et qu’en avoir une est démodé. »

Une chasse à l’ours (1934)
Encore une nouvelle comique qui oppose la spiritualité des indiens symbolisée dans ce récit par un antique tumulus et la rationalité des colons blancs. A la suite d’une histoire de hoquet, une ancienne petite frappe est victime de la vengeance d’un ancien serviteur noir qu'il avait humilié dans sa jeunesse. C’est un texte amusant et non sans portée sociale.

Deux soldats (1942)
Un texte contemporain de l’entrée en guerre des Etats-Unis. Deux frères, l’un tout juste adulte et le second âgé de huit ans, vont écouter la radio à la fenêtre d’un propriétaire - ils sont trop pauvres pour posséder une radio – ils apprennent ainsi le raid de Pearl-Harbour. L’ainé, ressent l’engagement comme une nécessité morale. Son jeune frère veut l’accompagner pour fournir de l’eau aux soldats et leur couper du bois ! Il va rejoindre son frère à Memphis.
C’est vrai, c’est une nouvelle bien dans l’air du temps qui est pleine de bons sentiments. Elle vaut également par le regard de l’enfant sur le monde qui l’entoure ; ainsi l’ascenseur, la « p’tite pièce qui marchait toute seule » et la table roulante « espèce de brouette ».

Ne disparaîtra pas (1943)
C’est la suite de la nouvelle précédente. Le jeune engagé trouve la mort dans le Pacifique. Trouvant la lettre d’annonce, la mère comprend tout de suite, de même que les autres membres de la famille. Faulkner oppose la douleur de cette famille modeste à celle du major de Spain qui vient également de perdre son fils. Le major, ancien sudiste, se réfugie dans un désespoir amer affirmant que son fils est mort pour rien ou pour des intérêts matériels. Au contraire, la mère pense le sacrifice utile, même si elle n’en comprend pas le sens. On retrouve les valeurs exaltées par Faulkner : « l’amour, l’honneur, la pitié, la fierté, la compassion et le sacrifice »

Quelques réflexions générales sur ce premier recueil : de nombreux personnages reviennent d’une nouvelle à l’autre, nous sommes bien dans l’univers mythique de Yoknapatawpha et des Snopes, ce qui n’est pas surprenant pour un ensemble consacré à la campagne. On retrouve également les meurtrissures laissées par la guerre de Sécession et la disparition d’un sud traditionnel. Autre trait marquant, le fait que les événements sont vus par différents protagonistes, notamment des enfants qui ne comprennent pas toujours les situations on pense au « Bruit et à la fureur ». De ce point de vue, je pense qu’on perd pas mal à la traduction. Enfin, l’écriture de Faulkner est parfois elliptique, ce qui oblige à lire entre les mots, ou mieux au-delà des mots, cependant dans d’autres nouvelles elle est au contraire très démonstrative, moralisatrice et quelque peu appuyée. Attendons la suite… Very Happy
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Message par Tristram Lun 20 Aoû - 15:42

C'est bien, les vacances studieuses !
Et c'est bien aussi de dégager un peu l'accès à l'oeuvre de Faulkner !

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Message par Bédoulène Lun 20 Aoû - 21:37

merci Arensor, pas encore lu de nouvelles !

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Message par Aventin Mer 5 Sep - 11:03

Tandis que j'agonise

initiatique - William Faulkner  - Page 3 As_i_l10
Titre original: As I lay dying. Roman, 1930, 280 pages environ (le double pour l'édition bilingue ci-dessus).

Il s'agit d'une suite de monologues intérieurs, d'une quinzaine de protagonistes, dont les membres de la famille Bundren, y compris un, central, d'Addie, "celle qui agonise".  Les autres membres sont Anse, le sentencieux plaintif grand dadais fainéant de mari, manipulateur à la fin, Cash, le fils aîné, charpentier, qui peaufine le cercueil d'Addie sous les yeux intéressés de celle-ci, Darl, celui-qui-regarde-la-campagne, et passe pour fou, ou du moins étrange, Jewel, ténébreux et entier, fils préféré et irrévérencieux d'Addie, Dewey Dell, la fille "à demi-nue", au chevet de sa mère puis également préoccupée de vendre des gâteaux et de se faire avorter, Vardaman, le gosse, le petit dernier.

Pour respecter une volonté de longue date d'Addie, la famille s'embarque dans un périple à travers tout le Comté, bien que les ponts fussent coupés suite à l'abondance des pluies, jusqu'à la ville de Jefferson dont elle est originaire, afin de l'y inhumer.

Les jours qui précédent l'agonie d'Addie et le périple tragi-cocasse jusqu'à Jefferson constituent le corpus de l'ouvrage.

J'ai choisi la version bilingue, d'une part parce que je n'étais pas pressé, d'autre part pour tenter de saisir le sel du procédé littéraire (le roman est, comme dit, formellement une seule suite de soliloques). Toute l'adresse de Faulkner est de ne pas faire s'exprimer Darl comme Anse, ni Addie comme Dewey Dell, ni non plus comme Whitfield le pasteur ou Peabody le docteur. Le rendu des caractères y gagne, en comparaison d'une forme romancée classique.

Je ne m'attendais pas, toutefois, à un chef-d'œuvre de cet acabit !

Le principal comme l'accessoire y sont emmêlés avec un brio des plus rares, exceptionnel, le voyage familial est aussi un périple depuis une campagne (un entre-soi) des plus reculées vers la ville (capitale, lieu-chef) du Comté, avec le cercueil pour centre communautaire, coffin tutélaire, pas loin de devenir totémisation familiale, puant de plus en plus, ce qui groupe les Bundren et éloigne autrui.  

Une poésie dense (j'espère en faire entrevoir un échantillon microscopique dans les extraits), et un sens symphonique de la narration en font un livre singulier, vraiment à classer dans le tout meilleur.



     Extraits

Vardaman a écrit:
[qui vient de pêcher un poisson aussi gros que lui, et a dû le vider tout seul sur ordre de son père]

My mother is a fish.                                                      

Ma mère est un poisson.



Puis un extrait tout empli d'espoir un peu faux, jusqu'au nom de la bourgade (New Hope = Nouvelle Espérance). Mais, si l'espoir n'a pas lieu d'être, l'espérance est fondée à demeurer, c'est le subtil distinguo. L'importance du panneau indicateur, fiché là dans le texte...
Dewey Dell a écrit:
The signboard comes in sight. It is looking out at the road now, because it can wait. New Hope. 3 mi. it will say. Ne Hope. 3 mi. New Hope. 3 mi. And then the road will begin, curving away into the trees, empty with waiting, saying New Hope three miles.
 
I heard that my mother is dead. I wish I had time to let her die. I wish I had time to wish I had. It is because in the wild and outraged earth too soon too soon too soon. It's not that I wouldn't and will not it's that it is too soon too soon too soon.

Now it begins to say it. New Hope three miles. New Hope three miles. That's what they mean by the womb of time: the agony and the despair of spreading bones, the hard girdle in which lie the outraged entrails of events


Le poteau indicateur apparaît. Il regarde la route maintenant parce que l'attente est possible. New Hope 3 miles. Il dia New Hope 3 miles. New hope 3 miles, et alors la route commencera, tournant parmi les arbres, vide d'attente, disant New Hope trois miles.

Il paraît que ma mère est morte. Je voudrais bien avoir le temps de la laisser mourir. Je voudrais avoir le temps de le vouloir. C'est parce que dans la terre sauvage et violée trop tôt trop tôt trop tôt. Ce n'est pas que je ne voudrais pas, que je ne peux peux pas, mais c'est  trop tôt trop tôt trop tôt.

Voilà qu'il commence à le dire. New Hope 3 miles. New Hope 3 miles. C'est ce qu'on veut dire quand on parle du sein du temps: la douleur et le désespoir des os qui s'ouvrent, la dure gaine qui enserre les entrailles violées des évènements  




Passage limite théâtre élisabéthain, un grand souffle prosodique passe:
Darl a écrit:
The lantern sits on the stump. Rusted, grease-fouled, its cracked chimney smeared on one side with a soaring smudge of soot, it sheds a feeble and sultry glare upon the trestles and the boards and the adjacent earth. Upon the dark ground the chips look like random smears of soft pale paint on a black canvas. The boards look like long smooth tatters torn from the flat darkness and turned backside out.

Cash labors about the trestles, moving back and forth, lifting and placing the planks with long clattering reverberations in the dead air as though he were lifting and dropping them at the bottom of an invisible well, the sounds ceasing without departing, as if any movement might dislodge them from the immediate air in reverberant repetition. He saws again, his elbow flashing slowly, a thin thread of fire running along the edge of the saw, lost and recovered at the top and bottom of each stroke in unbroken elongation, so that the saw appears to be six feet long, into and out of pa's shabby and aimless silhouette.

La lanterne est posée sur une souche. Rouillée, graisseuse, son verre fendu enduit d’un côté d’une couche de suie montante, elle répand une lueur faible et fauve sur les tréteaux, les planches et la terre alentour. Sur le sol noir, les copeaux épars ressemblent à des trainées de couleur tendre sur une toile noire. Les planches ont l’air de longues bandes soyeuses arrachées aux ténèbres plates et tournées à l’envers.

Cash s'affaire autour des tréteaux. Il va et vient, soulève les planches, les dispose, emplissant l'air mort de sonores résonances. On dirait qu'il les soulève et les laisse retomber au fond d'un puits invisible, le son s'éteignant sans s'éloigner, comme si tout mouvement risquait de le chasser de l'air ambiant en résonances successives. Il se remet à scier. Son coude luit lentement, un filet de feu court sur les dents de la scie, perdu et retrouvé en prolongement continu aux deux extrémités de chaque coup, si bien que la scie a l'air d'avoir six pieds de long, quand elle entre et sort de la silhouette minable et désemparée de notre père.
 


Un petit morceau de patois péquenot-sudiste, pour indiquer combien les traducteurs ont dû se voir de belles difficultés et ne pas être toujours contents de leur rendu, et, comme le livre baigne dans ce langage-là...
Anse a écrit:
Durn that road. And it fixing to rain, too. I can stand here and same as see it with second-sight, a-shutting down behind them like a wall, shutting down betwixt them and my given promise. I do the best I can, much as I can get my mind on anything, but durn them boys.

A-laying there, right tip to my door, where every bad luck that comes and goes is bound to find it. I told Addie it want any luck living on a road when it come by here, and she said, for the world like a woman, "Get up and move, then." But I told her it want no luck in it, because the Lord put roads for travelling: why He laid them down flat on the earth. When He aims for something to be always a-moving, He makes it longways, like a road or a horse or a wagon, but when He aims for something to stay put, He makes it up-and-down ways, like a tree or a man.

Cette sacrée route. Et la pluie qui arrive par-dessus le marché. Je la vois venir comme si que je serais sorcier. Je la vois qui tombe derrière eux, comme un mur entre eux et ma parole donnée. Je fais pour le mieux, dans la mesure où que je peux appliquer mon esprit à quelque chose, ah, les sacrés garçons !

L'avoir là, tout contre ma porte, là où que tout le guignon qui court le monde peut la trouver. Je l'avais bien dit à Addie que ça ne portait pas bonheur d'habiter sur une route, quand on est venu la faire ici, et elle m'a dit, que c'était bien une réponse de femme: "Ben t'as qu'à te lever et déménager".  Mais je lui i dit que ça ne porterait pas bonheur parce que le Seigneur a fait les routes pour voyager; c'est pour ça qu'Il les a couchées à plat sur la terre. Quand il veut que les choses soient en mouvement, il les fait allongées, comme une route ou un cheval ou une charrette, mais quand Il veut que les choses restent tranquilles, Il les fait en hauteur, comme un arbre ou un homme.
 
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Message par Tristram Mer 5 Sep - 12:48

Merci Aventin, ce livre est l'objet du commentaire qu'il mérite ! Je pense parfois que c'est mon Faulkner préféré à ce jour.
Super aussi d'avoir fait l'effort de la lecture bilingue. Mais pourquoi ne pas avoir respecté la ponctuation à la traduction (dans le monologue d'Anse) ?

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Message par Aventin Mer 5 Sep - 18:25

Tristram a écrit: Mais pourquoi ne pas avoir respecté la ponctuation à la traduction (dans le monologue d'Anse) ?
Je ne sais pas, j'ai recopiée, telle quelle, la traduction.

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Message par Tristram Mer 5 Sep - 18:39

Je pense bien que ce n'est pas toi, Aventin, mais n'est-ce pas dommage d'avoir remplacé une virgule par un point ?

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Message par Bédoulène Mer 5 Sep - 19:05

merci Aventin, de rendre hommage à ce livre, le premier que j'ai lu de Faulkner et qui m'a convaincue de poursuivre

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Message par ArenSor Mer 5 Sep - 19:53

Comme Tristram, Tandis que j'agonise, bien qu'un peu à part dans l'oeuvre de Faulkner, est le livre de l'auteur qui m'a fait la plus grande impression (mais je n'ai pas tout lu) Very Happy
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Message par animal Mer 5 Sep - 20:25

Merci pour les extraits bilingues, je tâcherai de faire l'effort de la VO quand je retournerai à Faulkner (Intérêt à être en forme mais je ne regrette tellement pas pour Absalom, Absalom) !

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Message par Tristram Mer 26 Sep - 22:14

« Faulkner […] cet auteur qui me rappelle la botanique en ce sens que ses romans contiennent une multitude de formes et de permutations. »
Jim Harrison, « La Bête que Dieu oublia d'inventer »

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Message par Aventin Sam 26 Jan - 8:55

Le gambit du cavalier
(Titre original: Knight's Gambit)

initiatique - William Faulkner  - Page 3 Le_gam10


Nouvelles, 1937-1949 pour la parution, 1932-1949 pour l'écriture, 260 pages environ.
Lu dans la traduction d'André du Bouchet, ci-dessous les titres originaux + les dates originales de parution:
Hand Upon the Waters (1939) - Monk (1937) - Tomorrow (1940) - An Error in Chemistry (1946) - Knight’s Gambit (1949).

Ces cinq nouvelles sont narrées au "je" par Chick Mallison, et ont pour héros l'oncle de celui-ci, Gavin Stevens, le County Attorney de Jefferson (dans le Comté fictif de Yoknapatawpha, central aux œuvres de Faulkner).
Il est un peu étonnant que la sixième nouvelle (Smoke, 1932), mettant en scène le même héros, ne figure pas dans l'édition française.

__________________________________________________________________________________________________________________________________

Une main sur les eaux

On connaît le goût prononcé de Faulkner pour les titres à référence biblique, avec une préférence marquée, quasi-exclusive, pour l'Ancien Testament; alors c'est une interprétation toute personnelle mais celui-ci fait penser au passage dit des sept plaies d'Égypte:
Exode 7:19 a écrit:Yahvé dit à Moïse : « Dis à Aaron : Prends ton bâton et étends la main sur les eaux d’Égypte – sur ses fleuves et sur ses canaux, sur ses marais et sur tous ses réservoirs d’eau – et elles se changeront en sang, et tout le pays d’Égypte sera plein de sang, même les arbres et les pierres. »
Un pauvre gars, Lonnie Grinnup, est retrouvé mort dans l'eau, attaché à ses lignes de pêche.  
Accident pour tout le monde, sauf pour Gavin Stevens, pour lequel un détail, paraissant infime, futile, cloche...

Extrait:
Chapitre II a écrit:Le dernier descendant des Holton, en effet, était mort était mort avant la fin du siècle, et ce Louis Grenier, dont c'était pour contempler le visage mort que Stevens faisait à présent 8 miles par une torride après-midi de juillet, n'avait jamais su qu'il s'appelait Louis Grenier. Il ne savait même pas épeler ce nom de Lonnie Grinnup par lequel il se faisait appeler - orphelin aussi, comme Stevens, d'une taille un peu au-dessous de la moyenne, âgé d'environ trente-cinq ans, connu de tout le monde dans le pays - un visage qui était presque délicat quand on le regardait une seconde fois, et d'humeur égale, constante, toujours gai, avec une barbe duveteuse, légère et dorée qui n'avait jamais connu le rasoir, des yeux paisibles et clairs - "touché" disait-on, par quoi ? mystère, mais touché à coup sûr de façon infiniment légère et sans avoir perdu grand chose qui eût valu la peine d'être regretté - vivant, bon an, mal an, dans la cahute qu'il s'était lui-même construite avec une vieille tente, quelques planches de guingois, et des bidons d'essence aplatis, en compagnie de l'orphelin sourd-muet qu'il avait, dix ans plus tôt, recueilli dans sa cabane, nourri, vêtu et élevé, mais qui n'avait jamais pu atteindre à un degré de développement mental même comparable au sien.

Et il se faisait que sa cabane, sa cordée et ses nasses se trouvaient presque au centre exact des mille arpents et quelques que sa famille avait jadis possédés. Mais il n'en sut jamais rien.    

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Monk

Aussi prodigieuse nouvelle qu'Une main sur les eaux, une savoureuse plongée parmi les grands tarés du Sud US de l'époque.
Voici comment la nouvelle débute, je laisse à votre réflexion le procédé littéraire tel que Faulkner l'expose (si, avec ça, vous n'êtes pas alléchés...):

Il faut que je tâche de raconter l'histoire de Monk. Oui, je pourrais seulement tâcher d'aplanir les incohérences que présente son histoire, assez brève pourtant, assez sordide et dépourvue d'originalité - d'en tirer quelque chose, par un effort délibéré, non seulement à l'aide des outils nébuleux de la conjecture, de l'inférence et de l'imagination, mais en travaillant avec ces outils nébuleux à même la matière nébuleuse, inexplicable qu'il a laissée derrière lui. Car c'est seulement dans la littérature que les épisodes paradoxaux de l'histoire d'un cœur humain, qui parfois même vont à l'encontre des uns et des autres, peuvent, grâce aux prestiges de l'art, se fondre ensemble et se recomposer de façon plausible et vraisemblable.

 C'était un demeuré, peut-être même un crétin; on n'aurait jamais dû l'envoyer au pénitencier.    

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Sans relâche

Gavin Stevens (et Chick Mallison) traversent tout le Comté pour essayer de comprendre pourquoi le membre d'un jury d'assises s'acharne à faire capoter l'unanimité de la décision de ce jury sur un cas de meurtre...
NB: Détail curieux, non, ce patronyme de "Bookwright" pour le coupable présumé, sous la plume d'un écrivain ?

Et l'histoire elle-même était vieille comme le monde, et tout à fait dépourvue d'originalité; la jeune fille de la campagne qui, à dix-sept ans, se laisse monter la tête par les vantardises, les fanfaronnades, les gageures, et les belles paroles; le père qui tâche de se faire entendre avec le succès qu'ont habituellement les parents; puis l'interdiction, les visites interdites, l'inévitable enlèvement à minuit; après quoi Bookwright tirait de son lit, à quatre heures du matin, Will Warner, juge de paix et premier magistrat du pays, et lui tendait son revolver en déclarant: "je viens me constituer prisonnier. J'ai tué Thorpe il y a deux heures".


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Une erreur de chimie

Comme dans Sans relâche, le coupable présumé, Joel Flint, vient lui-même annoncer son crime et se rendre à la police.
Comme dans Une main sur les eaux un détail, mais de dernière minute, va permettre à la vérité de s'établir.

Il n'était pas du pays; c'était l'étranger, le Yankee qui deux ans auparavant était venu dans notre comté avec une foire ambulante où il tenait une baraque foraine: un stand éclairé où il faisait tourner une roue au milieu d'une cuve garnie de pistolets nickelés, de rasoirs, de montres et d'harmonicas; il était resté au pays après le départ des autres forains, et deux mois s'étaient à peine écoulés qu'il épousait la seule fille qui restait à Pritchel, vieille fille bornée approchant la quarantaine, qui jusqu'alors avait vécu en ermite avec son irascible et sauvage père dans la ferme, petite mais prospère, qu'il possédait.


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Le gambit du cavalier

Un roman plutôt qu'une nouvelle, ça passe quand même les cent cinquante pages, divisées en cinq chapitres.
Le gambit est le sacrifice (volontaire) d'une pièce au jeu d'échecs, et, en l'occurrence, le cavalier un vrai cavalier, le Capitaine Gualdres, argentin.
Là on retrouve le Faulkner familier, celui des investigations prolongées dans les historiques des caractères, toutes les tensions psychologiques fouillées.

Belle occasion, par ailleurs, pour de fort goûteuses descriptions équines (Faulkner est un peintre de genre chevalin de tout premier ordre).  
Mais surtout belle occasion de camper la société d'une fortune locale, et d'aller plus en profondeur sur le personnage de Gavin Stevens.
Chapitre II a écrit:
Et pourtant, tels étaient les personnages - les marionnettes, les figurines de papier, la situation, l'impasse, la pantomime, la parade - comme on préfère - que son oncle avait tout à coup sur les bras, à dix heures du soir, par une nuit glacée, quatre semaines avant la Noël, et tout ce que son oncle se contenta ou crut bon ou même nécessaire de faire, fut de retourner à l'échiquier, de pousser sa pièce en disant "À ton tour", comme si rien ne s'était passé, comme si de rien n'était; non seulement écartant le sujet, mais le niant, refusant même de le considérer.  

mots-clés : #nouvelle
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Message par Bédoulène Sam 26 Jan - 22:55

à chacun de tes commentaires, l'envie de relire Faulkner revient, merci Aventin !


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Message par Aventin Lun 27 Mai - 19:14

Sanctuaire

initiatique - William Faulkner  - Page 3 Sanctu10

Titre original: Sanctuary. Roman, paru en 1931 après beaucoup de tergiversations, de nombreuses ré-écritures.
360 pages environ.

On sait combien Faulkner affectionnait de donner des références bibliques en guise de guise de titre, dans le cas de "sanctuaire" , posé là sans qualificatif ou complément d'objet, c'est bien sûr vague, il est ardu d'isoler le mot et son contexte (par exemple il fourmille dans l'Ancien Testament); en toute hypothèse personnelle et sans rien consulter des sites experts, universitaires et autres, je penche pour l'Apocalypse de Jean, l'entame de ce verset:
Apocalypse 21,10-14.22-23. a écrit:Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers, et l’Agneau.
 

Livre que Faulkner a parfois renié, on sait qu'il l'a amendé, retaillé, refait par sections entières, a même tenté de le détruire.

Son jeune éditeur lui confie: "[...] on ne peut pas imprimer ça, nous serions tous les deux en prison !".
Faulkner tente de récupérer les épreuves, mais l'éditeur na pas assez d'argent pour empêcher la publication à ce stade avancé. Puis, au moment de percevoir ses émoluments, Faulkner perd tout dans la faillite de l'éditeur...  

Déjà le roman est sulfureux en lui-même, l'histoire de sa publication l'entache d'une certaine dose de malédiction.

L'ambiance est malsaine, au sens d'un mot-à-mot sur in-sane (= fou).
Brillant contraste entre une saison printanière radieuse (le mois de mai dans ces contrées-là) et un homme de loi en rupture (Horace Benbow) puis une jeune étudiante de très bonne famille (Temple Drake) atterrissant de façon fortuite, non voulue, l'une après l'autre et sans s'y croiser dans un gang de moonshiners, ces distillateurs de tord-boyaux clandestins des temps de la prohibition, époque où se situe le roman.    

L'histoire s'ouvre sur la rencontre, fortuite, auprès d'une source, de Benbow et d'un certain Popeye, dont on s'apercevra vite qu'il a rang de chef de clan chez ces distillateurs clandestins. Popeye le tout-puissant impuissant, avorton, personnage central au livre.

Tandis que c'est le hasard d'une déambulation en auto-stop qui cause la présence de Benbow, c'est le type même du lâche par excellence (Gowan Stevens), jeune coq névrosé et minable, très fortement alcoolisé, qui amène Temple Drake à ce repaire, pour s'enfuir au petit matin après 24 h d'alcoolisme opiniâtre et une voiture accidentée.
Hasard toujours, ce Gowan Stevens est un proche de Narcissa, la sœur de Benbow, et, par son assiduité, paraît entreprendre auprès d'elle un brin de cour.

La suite est d'une noirceur de polar, saturée d'une certaine amoralité (ou immoralité), glauque et magnifiquement écrite jusqu'à la dernière ligne: quel auteur !

Je ne dévoile rien, conseille de ne pas lire les introductions à l'ouvrage, de ne pas s'enquérir de celui-ci sur la Toile si vous comptez entreprendre cette lecture: recevez-là à son impact maximal, vous ne serez pas déçus !

C'est, en effet, une espèce très rare, un de ces romans dont je comprends qu'on puisse affirmer que certains lecteurs ne sortent pas indemne: moi-même j'ai marqué un grand blanc, me sentant un peu exsangue, et n'ai pas posé les yeux sur une ligne de littérature depuis trois jours que je l'ai refermé - et la seule chose qui me tente serait de le relire par bribes:
Un chef-d'œuvre, si ce terme n'était pas si galvaudé.
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Message par Aventin Dim 9 Juin - 13:35

Trois nouvelles (Une rose pour Emily - Soleil couchant - Septembre ardent)

initiatique - William Faulkner  - Page 3 A_rose10
Titres originaux: A Rose for Emily - That evening sun - Dry September.

Lu en version Folio bilingue (ci-dessus).
Dates de premières publications: 1930 pour A Rose for Emily, 1931 pour That evening sun et pour Dry September.


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A Rose for Emily (Une rose pour Emily):

Le narrateur écrit au "je", plus exactement au "nous", "nous" englobant ainsi tous les habitants de la ville (Jefferson, bien connue des lecteurs de Faulkner).
Emily et sa maison sont, en quelque sorte, deux monuments, deux exceptions à Jefferson. L'histoire débute par l'évocation de la date du décès d'Emily. Ce décès donne enfin l'occasion à la communauté villageoise de pousser la porte de la maison d'Emily, où elle vivait recluse en compagnie d'un vieux serviteur, qui disparaît dès le décès officialisé:

V a écrit:Le Noir vint à la porte recevoir la première des dames. Il les fit entrer avec leurs voix assourdies et chuchotantes, leurs coups d'œil rapides et furtifs, puis il disparut. Il traversa toute la maison, sortit par-derrière et on ne le revit plus jamais.
Les deux cousines arrivèrent tout de suite. Elles firent procéder à l'enterrement le second jour. Toute la ville vint regarder Miss Emily sous une masse de fleurs achetées. Le portrait au crayon de son père rêvait d'un air profond au-dessus de la bière, les dames chuchotaient, macabres, et, sur la galerie et la pelouse, les très vieux messieurs - quelques-uns dans leurs uniformes bien brossés de Confédérés - parlaient de Miss Emily comme si elle avait été leur contemporaine, se figurant qu'ils avaient dansé avec elle, qu'ils l'avaient courtisée peut-être, confondant le temps et sa progression mathématique, comme font les vieillards pour qui le passé n'est pas une route qui diminue mais, bien plutôt, une vaste prairie que l'hiver n'atteint jamais, séparé d'eux maintenant par l'étroit goulot de bouteille des dix dernières années.

V a écrit:The Negro met the first of the ladies at the front door and let them in, with their hushed, sibilant voices and their quick, curious glances, and then he disappeared. He walked right through the house and out the back and was not seen again.The two female cousins came at once. They held the funeral on the second day, with the town coming to look at Miss Emily beneath a mass of bought flowers, with the crayon face of her father musing profoundly above the bier and the ladies sibilant and macabre; and the very old men --some in their brushed Confederate uniforms--on the porch and the lawn, talking of Miss Emily as if she had been a contemporary of theirs, believing that they had danced with her and courted her perhaps, confusing time with its mathematical progression, as the old do, to whom all the past is not a diminishing road but, instead, a huge meadow which no winter ever quite touches, divided from them now by the narrow bottle-neck of the most recent decade of years.

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That evening sun  (Soleil couchant):

Le thème de la peur, traité très en finesse. Quelle virtuosité dans l'inexprimé, quelle économie de mots, aussi. Beaucoup de dialogues, mettant en avant le langage des enfants:
En effet le narrateur au "je" de la nouvelle est un enfant de neuf ans, Quentin:
Autant Christian Bobin m'avait exaspéré avec ce procédé-là dans La folle allure, autant William Faulkner m'enchante dans That evening sun !

IV a écrit:
Alors, Nancy se remit à faire le bruit, pas fort. Assise, penchée au-dessus du feu, elle laissait pendre ses longues mains entre ses genoux. Soudain, l'eau se mit à couler sur sa figure, en grosses gouttes. Et, dans chaque goutte, tournait une petite boule de feu, comme une étincelle, jusqu'au moment où elle lui tombait du menton/ "Elle ne pleure pas, dis-je".
- "Je ne pleure pas" dit Nancy. Elle avait les yeux fermés. ""Je ne pleure pas. Qui est-ce ?
- Je ne sais pas, dit Caddy qui se dirigea vers la porte et regarda au-dehors. Il va falloir que nous partions, dit-elle. Voilà Papa.
- Je vais le dire, dit Jason. C'est vous qui m'avez forcé à venir."

IV a écrit:Then Nancy began to make that sound again, not loud, sitting there above the fire, her long hands dangling between her knees; all of a sudden water began to come out on her face in big drops, running down her face, carrying in each one a little turning ball of firelight like a spark until it dropped off her chin. "She's not crying," I said.
"I ain't crying," Nancy said. Her eyes were closed. "I ain't crying. Who is it?"
"I don't know," Caddy said. She went to the door and looked out. "We've got to go now," she said. "Here comes father."
"I'm going to tell," Jason said. "Yawl made me come."



_________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Dry September (Septembre ardent):

Un salon de coiffure pour hommes [blancs] dans une petite ville du Sud Faulknérien. Une rumeur de viol d'une femme blanche célibataire par un noir enflamme la conversation. Seul le coiffeur s'interpose et est persuadé de l'innocence du noir.

Nouvelle où action et suggestion sont étroitement imbriquées, avec finesse: la non-description du lynchage est remarquable, dans ce registre-là (il fut, paraît-il, reproché à Faulkner de ne pas avoir couché ce lynchage sur papier). Très sobre dans son écriture, Faulkner nous gratifie d'une nouvelle dense, paroystique: du grand art.

III a écrit:
La vitesse précipita Hawk parmi les ronces poussiéreuses jusque dans le fossé. Un nuage de poussière s'éleva autour de lui, et il resta étendu, haletant, secoué de nausées, parmi les craquements ténus, agressifs de tiges sans sève, jusqu'à ce que la seconde voiture soit passée et ors de vue. Alors, il se leva et s'éloigna, traînant la jambe. Arrivé sur la grand-route, il prit la direction de la ville en brossant de ses mains son vêtement. La lune avait monté, elle glissait très haut, sortie enfin du nuage de poussière sous lequel, au bout d'un moment, la lueur de la ville apparut.
 

III a écrit:The impetus hurled him crashing through dust-sheathed weeds, into the ditch. Dust puffed about him, and in a thin, vicious crackling of sapless stems he lay choking and retching until the second car passed and died away. Then he rose and limped on until he reached the highroad and turned toward town, brushing at his clothes with his hands. The moon was higher, riding high and clear of the dust at last, and after a while the town began to glare beneath the dust.


Mots-clés : #criminalite #justice #mort #psychologique #racisme #segregation #vieillesse #violence
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Message par Bédoulène Dim 9 Juin - 13:45

merci Aventin, la dernière nouvelle a un sujet déjà lu dans Faulkner le meurtre d'un Blanc par un Noir.

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