Cees Nooteboom
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Cees Nooteboom
Cees Nooteboom, né en 1933 à la Haye, s’impose dès 1955 avec son premier roman Philippe et les autres, à la suite d’un voyage dans le Sud de la France. Nomade impénitent, il quitte la Hollande pour voyager et réalise des reportages de presse. De ses notes, il tire de nombreux récits, mêlant ses impressions à une sorte d’autobiographie fragmentée. Poète, romancier, essayiste et critique, Cees Nooteboom est aussi traducteur de l’anglais et de l’espagnol. De renommée internationale, son œuvre a été traduite dans plus de vingt pays et a obtenu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Aristeion ou le Prix des Lettres néerlandaises en 2009.
Cees Nooteboom vit entre Minorque et Amsterdam, quand il n’est pas en voyage.
« Pour moi la seule force qui nous permet d’endurer notre condition sur terre entre nos deux absences infinies, c’est le pouvoir de l’imagination. »
source : actes-sud.fr
Bibliographie
1954 Philippe et les autres
1958 Le Matelot sans lèvres, Histoires tropicales
1963 Le Chevalier est mort
1980 Rituels
1981 Le Chant de l'être et du paraître
1982 Mokusei ! Une histoire d'amour : Page 1, 3
1984 Dans les montagnes des Pays-Bas
1986 Le Bouddha derrière la palissade Un voyage à Bangkok
1990 Une année allemande. Chroniques berlinoises, 1989-1990
1991 L'Histoire suivante : Page 3
1992 Désir d'Espagne. Mes détours vers Santiago
1992 Zurbaran & Cees Nooteboom
1993 L'Enlèvement d'Europe
1993 Autoportrait d'un autre. Rêves de l’île et de la ville d’antan
1995 Du printemps, la rosée.
1998 Le Jour des morts
2002 Hôtel nomade : Page 1, 3
2004 Perdu, le paradis : Page 1
2005 Les dieux dormants / Sueños y otras mentiras
2006 Un art du voyage
2007 Pluie Rouge
2007 Tumbas
2009 La nuit viennent les renards : Page 1, 2
2012 Lettres à Poséidon : Page 1
2016 J’avais bien mille vies et je n’en ai pris qu’une
2019 533 : Le livre des jours (2014 - 2016) : Page 1
2019 Venise. Le lion la ville et l'eau : Page 2
màj le 20/10/2021
Dernière édition par bix_229 le Sam 17 Déc - 18:27, édité 2 fois
bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom

Arnold Peters, un Hollandais d' une trentaine d' années marche dans les rues de Ginza, le quartier des affaires de Tokyo. On est au début des années 80.
Il en est à son cinquième et dernier séjour au Japon. Et le photographe qu' il est, aimerait emporter une image du pays qu'il aime.
Mais il a l'impression que ce pays a disparu au profit d' un autre, occidentalisé et sans authenticité.
Il fait la connaissance d'une femme, un modèle pour photographes, et il décide de faire une série de photos avec elle.
Ce sera beaucoup plus que cela. Une pasion dévorante, cruelle, morbide, destructrice.
Il aimera à la folie - c'est bien le mot qui convient - cette femme qui lui échappe dans l'acte amoureux lui-même. Qui lui échappera toujours. Même dans le sommeil.
Il fera plusieurs séjours au Japon pour la revoir et leurs rapports resteront tout aussi dévorants que frustrants.
Enfin pour lui. Jamais il ne parviendra à la convaincre de l'accompagner. Ni comprendre vraiment pourquoi elle refuse.
Il perdra son temps, son argent, son métier, hanté à tout jamais par cette passion incandescente, mais inoubliable.
Que dire de plus sur cette histoire d'amour, de volupté, de chagrin et de mort, sinon qu'elle est remarquablement écrite.
Pour le reste, on le sait, "la beauté est toujours étrange" et les amours véritables souvent cruelles.
"Entre eux, l'amour était un acte généralement silencieux mais jamais sans... comment dire ? sans danger. Aucun être ne lui avait fait éprouver ce sentiment de menace, le défi d' une fureur guerrière intimement mêlée à d'incompréhensibles témoignages amoureux et à des caresses camouflées en morsures. P. 22
Arnold Pessers ne pouvait regarder une photo sans y penser : rien ne le fascinait plus que des photos d'inconnus prises par d'autres inconnus, surtout si elles étaient suffisamment anciennes pour qu'on put avoir la certitude que tous les intéressés étaient morts. Et parfois il avait la conviction absolue, infaillible, d'être lui-même en train de produire un de ces clichés, une image, qu'un jour, quelque part, un passant indéfini découvrirait sur un étal de marché aux puces ou dans une boutique. P. 51
Cette nuit-là commença la seule véritable histoire d' amour de sa vie. Lorsque plus tard il voulait en parler à des amis, il s'apercevait chaque fois que ces sortes de choses ne se laissent approcher qu'en termes élémentaires, et ce sont ceux qui suscitent le plus le rire ou l'incrédulité. Mais cela n' y changeait rien. C'était une passion qui le consumerait jusqu' aux moelles et effacerait tout l' avenir et le passé."..P. 55
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mots-clés : #psychologique
bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom
Actes SudParfois, à mesure que notre vie s’avance, ceux que nous avons aimés et qui, pour toujours, nous ont quittés viennent nous visiter. C’est ce que vivent les héros de ces nouvelles. Commence alors pour eux, dans l’âpreté grandiose d’une île, l’intemporelle beauté d’une ville italienne ou la violence assourdissante d’un cap méditerranéen, un pèlerinage auprès d’une ombre, ou plutôt d’une absence. Car c’est de la présence des morts en nous et de notre propre survie dans la pensée des morts que nous parlent ces étranges récits, à la fois réalistes dans leur facture et mystérieux dans leur intention.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom
J'ai vraiment beaucoup aimé ce recueil de nouvelles, et je ne suis pas le seul !
Quelques citations :
La Nuit viennent les renards. - Actes Sud
Heintz, la nouvelle la plus longue du recueil est un chef-d' oeuvre. Et je vous cite volontiers quelques
phrases.
"Une tombe. Ma vie n'est jamais sans poésie, je ne sais pas comment font les autres gens. Ce jour-là, j'avais lu Montale, je l'emporte toujours quand je suis en Ligurie.
Os de seiche, squelette de seiche, le recueil qui se déroule ici, je ne sais si on peut le dire comme ça.
Un recueil de poésie se déroule-t-il ? Le soleil était écrasant ce jour-là. Quelqu' un m' avait indiqué le chemin. Longer l'église, suivre une longue allée de cyprès.
"Regarde les formes que prend la vie quand elle se décompose", dit un des poèmes du recueil et le précédent décrit ce que je fais. La poésie, si obscure soit-elle, est toujours littérale. Pour moi elle est toujours littérale.
"Et, allant dans le soleil qui m'éblouit, sentir, triste merveille, combien toute la vie avec ses peines est dans cette marche le long d'une muraille qu'en haut hérissent des tessons de bouteille."
Derrière ce mur, des ormes, une vague odeur de roses, le silence des morts. J'étais au cimetière."
Quelques citations :
La Nuit viennent les renards. - Actes Sud
Heintz, la nouvelle la plus longue du recueil est un chef-d' oeuvre. Et je vous cite volontiers quelques
phrases.
"Une tombe. Ma vie n'est jamais sans poésie, je ne sais pas comment font les autres gens. Ce jour-là, j'avais lu Montale, je l'emporte toujours quand je suis en Ligurie.
Os de seiche, squelette de seiche, le recueil qui se déroule ici, je ne sais si on peut le dire comme ça.
Un recueil de poésie se déroule-t-il ? Le soleil était écrasant ce jour-là. Quelqu' un m' avait indiqué le chemin. Longer l'église, suivre une longue allée de cyprès.
"Regarde les formes que prend la vie quand elle se décompose", dit un des poèmes du recueil et le précédent décrit ce que je fais. La poésie, si obscure soit-elle, est toujours littérale. Pour moi elle est toujours littérale.
"Et, allant dans le soleil qui m'éblouit, sentir, triste merveille, combien toute la vie avec ses peines est dans cette marche le long d'une muraille qu'en haut hérissent des tessons de bouteille."
Derrière ce mur, des ormes, une vague odeur de roses, le silence des morts. J'étais au cimetière."
bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom
"Pourquoi vous retrouviez-vous tous les soirs ? Votre"transcendance" c'était le rire censé masquer les sanglots sous-jacents, tu ne vas me dire le contraire ?
Moi, je voyais tout, tu vas me trouver prétentieuse, mais c'est la vérité. La moitié d'entre vous, je l'avais connue au lit, crapauds et paons, buraucrates et fous.
Vous aviez une seule chose en commun : une façon de provoquer le destin. Si on ne le fait pas dans la vie réélle, on se rattrape au baccara ou à la roulette.
La certitude éternelle que la perte existe bel et bien, que c' est la vérité toujours camouflée par le fait qu' on gagne de temps en temps, voire une seule fois".
Paula II. Das : La nuit viennent les renards. P. 161
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bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom
Cees Nooteboom fait partie de ce petit groupe d'auteurs qui m'accompagne depuis longtemps sans que je sache très bien pourquoi. D'une grande élégance stylistique et d'une curiosité sans bornes, Nooteboom est remarquable pour son inépuisable désir de l'autre et sa boulimie de rencontres et de voyages. J'ai l'impression qu'il est tout à la fois méticuleux et jouisseur, amoureux et amical, car il ne faudrait pas réduire l'immense talent, l'immense ouverture d'esprit de cet auteur à un désir d'ailleurs, il est aussi et peut-être avant tout bon compagnon et l'importance du 'bon' compagnonnage se retrouve dans tous ces livres (du moins tous ceux que j'ai lu).

Le dernier en date était Mokusei ! dont je vous donne un commentaire :
Courte variation sur le thème du Japon et celui de l'amour ou plutôt de la passion amoureuse qui finit par se changer en haine, Mokusei ! est une invitation à la réflexion sensuelle. Car si l'amour d'Arnold Pessers se transforme en haine c'est bien de ne pouvoir se fondre en l'autre, ni être absorbé par lui. Et si cet amour fou, ravageur, intense, angoissé se meut en violence interne, en brutal rejet, c'est qu'il est érigé sur la peur. La peur de perdre l'autre, de ne pas le connaître, de ne pas pouvoir le retenir, de ne pas savoir être avec lui même quand on est séparé. C'est ici, dans cette réflexion que ma lecture s'est longuement arrêtée, afin de mieux pouvoir penser à cette belle intuition: quand on aime on n'est jamais séparé, l'autre nous accompagne, toujours, partout ; dans la passion amoureuse le déchirement de l'éloignement est un heurt, une rupture douloureuse, une souffrance et de cette césure naît la peur qui conduit à la haine. Alors pour aimer il faut accepter une certaine forme de lâcher-prise et puis aussi, sans doute, accepter que l'autre, le fantasmé, l'irréel, le superbe aient aussi des zones d'ombres, de ténèbres, de vulgarité et d'impureté. C'est là que resurgit la figure emblématique d'un Japon que tout Occidental désire et n'atteint jamais car le Japon dont il rêve est bien un rêve, il est tout de pureté et de zen, d'art floral et de haïkus et certes le Japon est cela mais pas seulement. Il est Hiroshige et le Mont Fuji mais il est aussi repli sur soi, beuverie nocturne et tyrannie sanguinaire. Il est fantasme à l'égal de cette passion qui guide le photographe Pessers, l'étreint, le rompt et le broie. La femme comme le Japon revêt masque sur masque pour mieux cacher, taire, terrer son être. Parfois le Mont Fuji se cache, souvent la femme s'échappe.
On retrouvera ici, hélas trop vite, trop court, la capacité de Nooteboom à passer de l'essentiel à l'infime, du personnel à l'universel, du drôle au tragique, de l'intense au frivole. On retrouvera son écoute (presque monacale) pour les détails infimes des existences et sa capacité à rendre par un simple dialogue la densité d'une pensée, la richesse d'une réflexion. On pourra se dire que tout ça, la passion amoureuse, la douleur, l'exotisme, l'impureté sont des choses que l'on connait trop bien, mais sous la plume de Nooteboom, chaque élément revêt une couleur, une odeur, un son particuliers.
Tendre et cruel, l'auteur en quelques mots parvient à faire toucher du doigt la souffrance, la perte, la peur dont Pessers est le jouet. C'est beau. Troublant. D'une rare intensité.

Le dernier en date était Mokusei ! dont je vous donne un commentaire :
Courte variation sur le thème du Japon et celui de l'amour ou plutôt de la passion amoureuse qui finit par se changer en haine, Mokusei ! est une invitation à la réflexion sensuelle. Car si l'amour d'Arnold Pessers se transforme en haine c'est bien de ne pouvoir se fondre en l'autre, ni être absorbé par lui. Et si cet amour fou, ravageur, intense, angoissé se meut en violence interne, en brutal rejet, c'est qu'il est érigé sur la peur. La peur de perdre l'autre, de ne pas le connaître, de ne pas pouvoir le retenir, de ne pas savoir être avec lui même quand on est séparé. C'est ici, dans cette réflexion que ma lecture s'est longuement arrêtée, afin de mieux pouvoir penser à cette belle intuition: quand on aime on n'est jamais séparé, l'autre nous accompagne, toujours, partout ; dans la passion amoureuse le déchirement de l'éloignement est un heurt, une rupture douloureuse, une souffrance et de cette césure naît la peur qui conduit à la haine. Alors pour aimer il faut accepter une certaine forme de lâcher-prise et puis aussi, sans doute, accepter que l'autre, le fantasmé, l'irréel, le superbe aient aussi des zones d'ombres, de ténèbres, de vulgarité et d'impureté. C'est là que resurgit la figure emblématique d'un Japon que tout Occidental désire et n'atteint jamais car le Japon dont il rêve est bien un rêve, il est tout de pureté et de zen, d'art floral et de haïkus et certes le Japon est cela mais pas seulement. Il est Hiroshige et le Mont Fuji mais il est aussi repli sur soi, beuverie nocturne et tyrannie sanguinaire. Il est fantasme à l'égal de cette passion qui guide le photographe Pessers, l'étreint, le rompt et le broie. La femme comme le Japon revêt masque sur masque pour mieux cacher, taire, terrer son être. Parfois le Mont Fuji se cache, souvent la femme s'échappe.
On retrouvera ici, hélas trop vite, trop court, la capacité de Nooteboom à passer de l'essentiel à l'infime, du personnel à l'universel, du drôle au tragique, de l'intense au frivole. On retrouvera son écoute (presque monacale) pour les détails infimes des existences et sa capacité à rendre par un simple dialogue la densité d'une pensée, la richesse d'une réflexion. On pourra se dire que tout ça, la passion amoureuse, la douleur, l'exotisme, l'impureté sont des choses que l'on connait trop bien, mais sous la plume de Nooteboom, chaque élément revêt une couleur, une odeur, un son particuliers.
Tendre et cruel, l'auteur en quelques mots parvient à faire toucher du doigt la souffrance, la perte, la peur dont Pessers est le jouet. C'est beau. Troublant. D'une rare intensité.
shanidar- Messages : 1592
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Re: Cees Nooteboom

HOTEL NOMADE
« Pour moi la seule force qui nous permet d’endurer notre condition sur terre entre nos deux absences infinies, c’est le pouvoir de l’imagination. »
Cees Nooteboom est un écrivain voyageur. L'un ne va pas sans l'autre.
Il voyage en pensant à ce qu'Il écrira à son retour. Il écrit en imaginant son prochain voyage. Sur le terrain ou en chambre close.
En fait, il ne cesse jamais d' imaginer, de penser, d'écrire et de voyager.
Voyageur il emmagasine ses souvenirs, ses impressions, accordant toute son attention aux détails et aux symboles.
Ici et là, il rencontre des hommes animés par la passion d'une vie.
Il trouve ou retrouve des églises, des temples, des musées, des hotels, des iles et il compose après coup des textes maginfiques à l'allure de mosaïque.
Et ses récits sont le fruit d'une réflexion etonnante, poétique et toujours très personnelle.
Il réinvente la réalité pour son plaisir et pour le notre.
"Celui qui voyage constamment est toujours ailleurs, c'est vrai pour lui-même toujours absent, et c'est vrai pour tous les
autres, ses amis , car s'il est vrai que pour soi-même, on est toujours ailleurs, et qu'il y a donc toujours un endroit où l'on n'est pas, il y en a toujours un aussi où l'on est constamment, à savoir avec soi-même.
Et si primaire que soit cette vérité, on met bien du temps à la comprendre vraiment."
bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom
Merci bix, ce livre n'était pas disponible à la médiathèque lors de mon dernier passage mais j'espère pouvoir l'emprunter prochainement !
shanidar- Messages : 1592
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Cees Nooteboom
"La nature ne sait rien de nous et ne se préoccupe pas de nous. Ce luxe de métaphores que nous avons inventées pour les appliquer à la nature n’est ni plus ni moins qu’une tentative de communication avec la réalité non humaine, tentative vouée à l’échec. Le seul sens qui soit, c’est nous, tout ce que nous lisons dans la nature, c’est nous qui l’avons écrit, nous composons un écrit si grandiose et si polyphonique que, lorsque nous reconnaissons nos propres phrases, nous ne les reconnaissons pas comme écrites par nous."
Cees Nooteboom : Hôtel Nomade.
On n'en a jamais fini avec les livres qui nous marquent. Et surtout quand on ne parvient pas à en exprimer même le 10 ème.
Et plus encore quand on découvre tout à coup que l' auteur a le don de découvrir ou de révéler quelque chose, quelqu'un, d'extraordinaires.
C'est ainsi lorsqu'il visite les îles d'Aran. Il fait la rencontre Tim Robinson.
Robinson est mathématicien, cartographe et peintre. Il a passé 25 ans de sa vie à répertorier les usages, coutumes, musiques, saisons, paysages, sentiers, rochers remarquables, ruines, églises magiques, les bruit des cailloux roulés par le vent et l'eau. Et cela dans les pires conditions.
La seule diversion qu'il connut ce fut de lire Dante et Proust avec sa femme. L'un lisant, l'autre écrivant.
C'est ce que Robinson raconte à Nooteboom à l'occasion d'une rencontre chez lui, à Roundstone, un petit port du Connemara. Nooteboom juge d' abord l'homme austère comme sa maison.
Jusqu' à ce qu'il découvre un trésor d'humour en lui.
"Je lui avoue qu'en le lisant, j'ai pensé constamment à Proust et surtout au passage final de la "Recherche" où l'écrivain parle de l'immense place que les hommes occupent dans le temps, comparée à leur modeste volume dans l'espace : il rit et me raconte qu' au cours des années passées dans l'île, il a lu à sa femme les quatre mille pages de Proust, d'abord en anglais et ensuite en français."
Puis, Robinson lui raconte comment il est arrivé sur l'île, un peu par hasard. Et comment ils y ont vécu dans l'inconfort et la faim, forcés de fabriquer leur pain et cultiver des pommes de terre.
"Nous n'avions que nous mêmes et les livres, et mon travail. Je suis passé par tous les cercles de l'enfer et du ciel...
Après notre première nuit blanche dans une maison glaciale, nous avons pris notre thé en pleurant, assis dos à dos et nous nous sommes dit : Dans quoi s'est-on embarqués."
Profondément admiratif, Nooteboom écrit :
"Peu à peu se dessine l'image d'une aventure partagée, une entreprise modeste et commencée presque par accident, qui s'est changée en passion dévorante, hilarante, solitaire et toute puissante."
J'avoue que l'image de ce Tim Robinson m'a fortement frappé, tout comme la façon dont Nooteboom parvient à nous le présenter.
Et, figurez-vous que le fameux livre de Robinson a été publié en français en 2014.
Ce sera pour moi l'occasion de le présenter.
Cees Nooteboom : Hôtel Nomade.
On n'en a jamais fini avec les livres qui nous marquent. Et surtout quand on ne parvient pas à en exprimer même le 10 ème.
Et plus encore quand on découvre tout à coup que l' auteur a le don de découvrir ou de révéler quelque chose, quelqu'un, d'extraordinaires.
C'est ainsi lorsqu'il visite les îles d'Aran. Il fait la rencontre Tim Robinson.
Robinson est mathématicien, cartographe et peintre. Il a passé 25 ans de sa vie à répertorier les usages, coutumes, musiques, saisons, paysages, sentiers, rochers remarquables, ruines, églises magiques, les bruit des cailloux roulés par le vent et l'eau. Et cela dans les pires conditions.
La seule diversion qu'il connut ce fut de lire Dante et Proust avec sa femme. L'un lisant, l'autre écrivant.
C'est ce que Robinson raconte à Nooteboom à l'occasion d'une rencontre chez lui, à Roundstone, un petit port du Connemara. Nooteboom juge d' abord l'homme austère comme sa maison.
Jusqu' à ce qu'il découvre un trésor d'humour en lui.
"Je lui avoue qu'en le lisant, j'ai pensé constamment à Proust et surtout au passage final de la "Recherche" où l'écrivain parle de l'immense place que les hommes occupent dans le temps, comparée à leur modeste volume dans l'espace : il rit et me raconte qu' au cours des années passées dans l'île, il a lu à sa femme les quatre mille pages de Proust, d'abord en anglais et ensuite en français."
Puis, Robinson lui raconte comment il est arrivé sur l'île, un peu par hasard. Et comment ils y ont vécu dans l'inconfort et la faim, forcés de fabriquer leur pain et cultiver des pommes de terre.
"Nous n'avions que nous mêmes et les livres, et mon travail. Je suis passé par tous les cercles de l'enfer et du ciel...
Après notre première nuit blanche dans une maison glaciale, nous avons pris notre thé en pleurant, assis dos à dos et nous nous sommes dit : Dans quoi s'est-on embarqués."
Profondément admiratif, Nooteboom écrit :
"Peu à peu se dessine l'image d'une aventure partagée, une entreprise modeste et commencée presque par accident, qui s'est changée en passion dévorante, hilarante, solitaire et toute puissante."
J'avoue que l'image de ce Tim Robinson m'a fortement frappé, tout comme la façon dont Nooteboom parvient à nous le présenter.
Et, figurez-vous que le fameux livre de Robinson a été publié en français en 2014.
Ce sera pour moi l'occasion de le présenter.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom

Connemara
HoebekeCe livre a été salué comme un chef-d'oeuvre, comparé au Walden de Thoreau, ou aux Îles Aran de J.M. Synge, élu «livre de l'année» par le Guardian et l'Observer, jugé «tour de force littéraire» par lain Sinclair, Colm Tóibín, Joseph O'Connor, John Banville : le sommet de l'oeuvre, peut-être, du plus grand «nature writer» des temps présents.
Et pourtant, «nature writer», Tom Robinson le sera devenu par hasard : c'est juste en quête d'un lieu tranquille qu'il s'était installé en Irlande avec en projet l'écriture d'un roman. Il n'avait pas prévu qu'en fait de «tranquillité» les lieux prendraient possession de lui, dans le même temps qu'ils le révéleraient à lui-même. Et dès lors il n'aura plus en tête que de traquer ce mystère. Dans les bruits du vent, porteurs de mille histoires, dans les silences des mousses et des tourbières, le vol des oiseaux, la dentelle de pierre du rivage, comme si aux sinuosités de la géographie répondaient celles des habitants, à la musique de bourrasques et de rocaille celle de leur parler, de leur culture, de leurs récits.
Rarement on aura rendu l'esprit de cette terre âpre du Connemara avec ce mélange de précision et de poésie, de souci du détail et d'ouverture sur l'illimité, par la grâce d'une prose aérienne et d'un don de conteur hors du commun.
Tim Robinson, cartographe, mathématicien de haut vol, diplômé de Cambridge, peintre, artiste plasticien, est né en 1935 dans le Yorkshire. Il vit depuis 1972 en Irlande. Sa trilogie Connemara, dont Porté par le vent est le premier volet, a reçu l'Irish Book Award et l'Argosy Irish Book of the year.
Comme Gallmeister, l'éditeur Hoebeke a privilégié les écrivains de nature. C'est une garantie supplémentaire pour ce livre qui me semble vraiment tentant. B
bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom

Perdu, le Paradis
Deux jeunes brésiliennes, Alma et Almut, amies de toujours, s'ennuient dans leur ville de Sao Paulo.
Bien que différentes, elles ont les mêmes rêves, voyager, aller ailleurs.
Et de préférence en Australie.
Et mieux encore, connaître les aborigènes.
Alma aime les anges plus qu' un peu. Avec son amie, elle ont des discussion hilarantes sur le sexe des anges, leurs évolutions aériennes.
Almut pense que ce sont des hommes en raison de leur configuration picturale. Elle imagine faire l'amour avec l'un d'eux et son imagination ne manque ni d'inspiration ni de fantaisie.
Mais des fantasmes au réel, il y a un vide sidéral.
Alma, dès son arrivée en Australie a une aventure sexuelle avec un peintre abo, un être aussi inaccesssible que son art.
Une passion à sens unique et dans laquelle elle est la seule à s'investir.
"Combien de mots peut-on penser tout en restant dans la même chambre ?
J'ai fait un voyage dans ma tête et j'ai abouti là où j'étais déjà, dans le silence.
Celle qui a rencontré dans une galerie l' homme qui est à mes cotés n'était plus celle qui était arrivée à Sydney six mois auparavant.
Je devrais dire, je n'étais plus la même, mais il s'est établi une distance entre moi et moi-même que je n'ai pas encore appris à franchir.
Almut me dit : Tu es tout bêtement amoureuse. Mais ce n'est pas vrai. C'est beaucoup plus que cela. C'est à la fois recevoir quelque chose et y renoncer.
Je ne retiens pas cet homme parce qu'il ne me retient pas. Il l'a fait clairement savoir depuis le début et cela aussi est une forme de distance...
Mais tout cela m'est égal. Peut-être a-t-il voulu me faire prendre conscience de quelque chose que je préfère ne pas savoir.
Mais lorsque la nuit vient, nous nous retrouvons seuls avec le silence, seuls avec infiniment peu de mots, mais tout me convient."
"Un soir, nous avons marché jusqu' à la tombée du jour. Puis nous sommes rentrés dans la petite maison....
Il n'alluma pas la lumière, posa sa main les doigts écartés, à la base de ma nuque.
C'était un attouchement très délicat, mais je sentais la dureté des doigts. Il parait impossible que quelqu' unvous touche à peine et qu'on ait le sentiment
d'être soulevée.
Ce qui a suivi était une sorte de bercement infini, je ne saurais le dire autrement.
Cela s'accordait au bruit du ressac, jusqu'au moment où je me suis sentie me diluer, me dissoudre, délivrée de l'obligation d'être."
Le voyage se poursuit et pour se faire un peu d'argent, Alma travaille en tant que figurante lors d' un festival de poésie.
Déguisée en ange, elle doit se cacher aux regards des visiteurs et attendre qu'on la découvre.
C'est ainsi que son destin va croiser celui d' Eric Zondag dans une brève étreinte.
De ce conte léger, j'en ai conclu que le paradis et les illusions perdus ne se retrouvent jamais et que ce qu' on imagine est [presque] toujours supérieur à ce qu' on trouve ou qu' on atteint.
Dernière édition par bix_229 le Ven 21 Juil - 21:23, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
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Re: Cees Nooteboom
merci Bix ! à chacun son paradis !
_________________
"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20194
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Re: Cees Nooteboom
Lettres à Poséidon

De petites méditations autour du quotidien de Cees Nooteboom, chez lui sur l’île de Minorque ou ailleurs sur la planète, voire plus loin encore... Y compris ses lectures classiques ou sur les découvertes scientifiques plus ou moins récentes, et autour de… lettres à Poséidon.
Un texte, Baleine, un peu plus long que les autres, est surprenant : il raconte la longue chaîne alimentaire de la consommation d’un grand cétacé ; le lent engloutissement silencieux d’un cadavre dans la mer abyssale constitue d’ailleurs un leitmotiv de livre. Comme je me rappelle avoir lu ou vu quelque chose à ce propos (mais quoi, où et quand ?), j’ai cherché sur Internet et trouvé ça (postérieur au texte, et intéressant quand même) : https://www.notre-planete.info/actualites/3733-squelette-baleine-vie
Sa sensibilité à des pierres-souvenirs ramassées, à des écritures illisibles trouvées dans la nature m’a vivement ramentu Roger Caillois (dont je dois relire... et ouvrir le fil).
Ces narrats (au sens volodinien) sont suivis d’illustrations, de notes et de références qui m’ont paru les bienvenues, complétant l’aspect témoignage du livre.
Les images que j'ai postées, plus ou moins tirées du livre et outre leur valeur intrinsèque, attestent son éclectisme érudit !
Mots-clés : #essai

De petites méditations autour du quotidien de Cees Nooteboom, chez lui sur l’île de Minorque ou ailleurs sur la planète, voire plus loin encore... Y compris ses lectures classiques ou sur les découvertes scientifiques plus ou moins récentes, et autour de… lettres à Poséidon.
J’ai apprécié que Nooteboom soit inspiré par non seulement des observations naturalistes, mais aussi d’autres sciences, comme l’astronomie.« Le jeu des charades ne s’arrête jamais. Je suis affecté d’une anomalie que j’appelle “pirouette de la pensée”, un état de confusion qui me fait pirouetter d’une pensée à l’autre. »
« Poséidon XXII »
« Ces dernières années, je me suis beaucoup occupé de la fiction que tu es, car êtes-vous autre chose que des rêves, des inventions, des réponses aux questions sans réponse qui constituent notre existence ?
[…] Les récits dont vous êtes les héros gardent l’écho des migrations des peuples, des luttes pour l’hégémonie entre les terres continentales et les îles, entre les femmes et les hommes, vous êtes venus de l’Orient au prix de métamorphoses continuelles, sans cesse reformés à l’image d’hommes qui étaient là avant vous et qui vous ont inventés pour mieux comprendre le monde, jusqu’au moment où nous avons compris que tout cela n’était qu’un rêve, un poème qui semblait parler de vous mais qui, de tout temps, n’avait jamais parlé que de nous. Quand vous vous êtes tus, nous avons continué à poser des questions, nous avons trouvé des milliers et des milliers de réponses sur l’infiniment petit et l’infiniment grand, sur le visible et l’invisible, bientôt nous nous en irons sur les planètes qui portent vos noms, car nous sommes toujours en quête de la réponse qui s’enfuit devant nous. Parfois, pris d’une bouffée de nostalgie, nous contemplons encore vos images, qui sont celles de nos désirs de puissance et d’immortalité, de notre soif de protection dans les grandes salles vides et sans plancher de l’univers. »
« Poséidon XXIII »
Un texte, Baleine, un peu plus long que les autres, est surprenant : il raconte la longue chaîne alimentaire de la consommation d’un grand cétacé ; le lent engloutissement silencieux d’un cadavre dans la mer abyssale constitue d’ailleurs un leitmotiv de livre. Comme je me rappelle avoir lu ou vu quelque chose à ce propos (mais quoi, où et quand ?), j’ai cherché sur Internet et trouvé ça (postérieur au texte, et intéressant quand même) : https://www.notre-planete.info/actualites/3733-squelette-baleine-vie
Sa sensibilité à des pierres-souvenirs ramassées, à des écritures illisibles trouvées dans la nature m’a vivement ramentu Roger Caillois (dont je dois relire... et ouvrir le fil).
Ces narrats (au sens volodinien) sont suivis d’illustrations, de notes et de références qui m’ont paru les bienvenues, complétant l’aspect témoignage du livre.
« Le reste de ma science, je l’ai glané dans Wikipédia, premier secours du poète aux jours de détresse. »
« J’ai probablement acquis et lu ce livre il y a des années, car les nombreuses annotations marginales sont indéniablement de ma main. Où donc peut bien passer tout ce que nous lisons ? Il y a des années, j’ai souligné toutes sortes de phrases, mis des points d’exclamation ; il faut bien qu’un peu de toutes ces connaissances, de toute cette science, se soit infiltré quelque part en moi, puisqu’ils me reviennent maintenant sous forme de vagues souvenirs, les gens que cite Lovejoy, le poète anglais Joseph Addison et le Suisse Charles Bonnet, naturaliste et philosophe, qui fut l’un des premiers à s’intéresser à une théorie de l’évolution, mais qui croyait aussi en une vie après la mort. Durant des années, le livre a sommeillé dans ma maison en Espagne, avec cette patience opiniâtre des livres qui attendent leur heure. Est-ce à cause des caractères formés par les vers sur mes murs blancs, que j’ai retrouvé le chemin de l’ouvrage en léthargie où quelqu’un nomme un ver “sa sœur” ? Les voies détournées de la mémoire sont aussi labyrinthiques qu’impénétrables. »
Les images que j'ai postées, plus ou moins tirées du livre et outre leur valeur intrinsèque, attestent son éclectisme érudit !
Mots-clés : #essai
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15079
Date d'inscription : 09/12/2016
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Localisation : Guyane
Re: Cees Nooteboom
Merci Tristram !
"Cees Nooteboom fait partie de ce petit groupe d'auteurs qui m'accompagne depuis longtemps sans que je sache très bien pourquoi. D'une grande élégance stylistique et d'une curiosité sans bornes, Nooteboom est remarquable pour son inépuisable désir de l'autre et sa boulimie de rencontres et de voyages. J'ai l'impression qu'il est tout à la fois méticuleux et jouisseur, amoureux et amical, car il ne faudrait pas réduire l'immense talent, l'immense ouverture d'esprit de cet auteur à un désir d'ailleurs, il est aussi et peut-être avant tout bon compagnon et l'importance du 'bon' compagnonnage se retrouve dans tous ces livres (du moins tous ceux que j'ai lu)." Shanidar
Comme Shanidar, Nooteboom m'accompagne depuis des années.
C'est vraiment un esprit curieux et universel, qui tire profit de ses rencontres
et de ses voyages et qui nous les fait partager de la meilleure façon qui soit.
Dans ses romans, par exemple, Mokuzei ou Les Renards sortent
la nuit et dans ses autres textes.
A suivre !
"Cees Nooteboom fait partie de ce petit groupe d'auteurs qui m'accompagne depuis longtemps sans que je sache très bien pourquoi. D'une grande élégance stylistique et d'une curiosité sans bornes, Nooteboom est remarquable pour son inépuisable désir de l'autre et sa boulimie de rencontres et de voyages. J'ai l'impression qu'il est tout à la fois méticuleux et jouisseur, amoureux et amical, car il ne faudrait pas réduire l'immense talent, l'immense ouverture d'esprit de cet auteur à un désir d'ailleurs, il est aussi et peut-être avant tout bon compagnon et l'importance du 'bon' compagnonnage se retrouve dans tous ces livres (du moins tous ceux que j'ai lu)." Shanidar
Comme Shanidar, Nooteboom m'accompagne depuis des années.
C'est vraiment un esprit curieux et universel, qui tire profit de ses rencontres
et de ses voyages et qui nous les fait partager de la meilleure façon qui soit.
Dans ses romans, par exemple, Mokuzei ou Les Renards sortent
la nuit et dans ses autres textes.
A suivre !
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Cees Nooteboom
533. Le Livre des jours

Dans le prolongement des Lettres à Poséidon, séjours estivaux de Cees Nooteboom à Minorque (ou hivernaux en Bade-Wurtemberg) où, entre tortues et cactées, il note ses réflexions et rêves, ses observations naturalistes, ses souvenirs (de voyages) et l’actualité (des guerres), les coïncidences qui l’interpellent, ses commentaires de lecture ; à propos, il vient de recevoir un livre de Canetti sur la mort, sans doute Le livre contre la mort, justement ma prochaine lecture :
Mots-clés : #journal #xxesiecle

Dans le prolongement des Lettres à Poséidon, séjours estivaux de Cees Nooteboom à Minorque (ou hivernaux en Bade-Wurtemberg) où, entre tortues et cactées, il note ses réflexions et rêves, ses observations naturalistes, ses souvenirs (de voyages) et l’actualité (des guerres), les coïncidences qui l’interpellent, ses commentaires de lecture ; à propos, il vient de recevoir un livre de Canetti sur la mort, sans doute Le livre contre la mort, justement ma prochaine lecture :
En 533 jours de la mi 2014 à début 2016 et 80 fragments, c’est un fil de pensée monologuée qui devient passionnante conversation pour le lecteur :« Le hasard a voulu (mais pour les lecteurs, le hasard n’existe pas) que je lise en même temps [… »
« Le hasard n’existe pas pour les lecteurs, je l’ai déjà dit. »
« Et je le répète : pour des lecteurs, le hasard n’existe pas. »
Florilège :« On peut même se demander s’il s’agit vraiment d’un journal, peut-être plutôt d’un “livre des jours”, quelque chose qui permette de fixer de temps à autre un peu du flux perpétuel de ce que vous pensez, de ce que vous lisez, de ce que vous voyez, mais en aucun cas un réceptacle à confessions. Le leitmotiv en était “il faut cultiver notre jardin”, jusqu’au jour où j’ai compris que c’était plutôt mon jardin qui m’apprenait quelque chose [… »
« Les lecteurs se nourrissent de références, et chez les lecteurs qui écrivent par-dessus le marché, la “référendite” est une maladie qui fait de sérieux ravages. »
« (Il n’y a qu’une seule façon de lire, à savoir par le biais d’un délire de référence : tout ce qui a été écrit l’a été exclusivement pour celui qui tient le livre dans sa main à cet instant précis.) »
« Les dictionnaires ne sont pas seulement des trésors, ce sont aussi des cimetières, ils hébergent en principe, à côté des mots vivants ou nouveau-nés, les mots morts, ceux qui sont tombés en poussière et ont disparu pour de bon. »
« J’ai bien essayé de me remémorer mes mots perdus, mais l’expérience m’a appris que les mots que je retrouverai ne seront jamais les mêmes, et les mots disparus sont des mots sacrés. »
« Ici, il a encore neigé hier soir, comme s’il fallait effacer les écrits de la veille. »
Mots-clés : #journal #xxesiecle
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15079
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 66
Localisation : Guyane
Re: Cees Nooteboom
merci Tristram ! un de ces jours, encore jamais lu l'auteur !
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"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20194
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 78
Localisation : En Provence
Re: Cees Nooteboom
Un peu dans le genre de Du printemps, la rosée, alors ? C'est bien tentant.
Invité- Invité
Re: Cees Nooteboom
Je n'ai malheureusement pas lu Du printemps, la rosée, et je ne saurais dire...
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Tristram- Messages : 15079
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 66
Localisation : Guyane
Re: Cees Nooteboom
Et moi, pas lu le livre dont tu parles, il faut que l'un de nous deux se dévoue pour lire le livre non lu. C'est compliqué, ça !

Invité- Invité
Re: Cees Nooteboom
C'est pas si compliqué : les deux se dévouent pour lire le livre non lu !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15079
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 66
Localisation : Guyane
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Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens de langue néerlandaise
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