Ismail Kadare
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Ismail Kadare
Ismail Kadare (souvent orthographié Kadaré en français) est un écrivain albanais, né le 28 janvier 1936 à Gjirokastër, dans le Sud de l'Albanie. Kadare étudie les lettres à l'université de Tirana et à l'Institut Gorki de Moscou. En 1960, la rupture avec l'Union soviétique l'oblige à revenir en Albanie où il entame une carrière de journaliste. Il commence à écrire très jeune, au milieu des années 1950, mais ne publie que quelques poèmes dans un premier temps. En 1963, la parution de son premier roman Le Général de l'armée morte lui apporte la renommée, d'abord en Albanie et ensuite à l'étranger grâce à la traduction française de Jusuf Vrioni. Dès lors, son œuvre est vendue dans le monde entier et traduite dans plus de trente langues.
Député de 1972 à 1982, il est contraint d'adhérer au Parti communiste albanais (parti gouvernemental). Il n'en continue pas moins sa lutte constante contre le totalitarisme. Écarté de la nomenclature communiste, il poursuit un temps sa carrière d'écrivain sans heurts, nonobstant la charge corrosive de ses textes contre la dictature. Son œuvre est publiée et accueillie très favorablement à l'étranger. Kadare finit par être qualifié d'« ennemi » lors du Plénum des écrivains en 1982 mais aucune sanction n'est prise à son encontre1. Entré en disgrâce pour ses écrits subversifs, conçus comme une critique détournée du régime, il est finalement contraint d'éditer ses romans à l'étranger. Se sentant menacé, il émigre en France où il obtient l'asile politique en octobre 19901. Aujourd'hui, il partage sa vie entre la France et l'Albanie. Les œuvres complètes (à l'exception des essais) d'Ismail Kadare ont été publiées par les éditions Fayard, simultanément en français et en albanais, entre 1993 et 2004. Depuis 2000, la traduction française est assurée par le violoniste albanais Tedi Papavrami.
Oeuvres
- Cliquer ici pour consulter la bibliographie:
- Le Général de l'armée morte (1963),
La Peau de tambour (1967, sous le titre albanais La Noce)
Chronique de la ville de pierre (1970)
Les Tambours de la pluie (1970, sous le titre albanais La Citadelle)
L'Hiver de la grande solitude (1973, aussi publié comme Le Grand Hiver),
Novembre d'une capitale (1975)
Le Palais des rêves (1981)
Le Crépuscule des dieux de la steppe (1978)
La Commission des fêtes (1978)
Le Pont aux trois arches (1978)
La Niche de la honte (1978)
Avril brisé (1980)
Qui a ramené Doruntine ? (1980)
Clair de lune (1985)
L'Année noire (1985)
Le cortège de la noce s'est figé dans la glace (1985),
Eschyle ou le grand perdant (1985, essai)
Concert en fin de saison (1988, aussi publié comme Le Concert),
Le Dossier H. (1989)
Le Monstre (1990),
Le Firman aveugle (1991),
Invitation à l'atelier de l'écrivain (1991, essai)
La Pyramide (1992)
La Grande Muraille (1993)
L'Ombre (1994),
L'Aigle (1995)
Spiritus (1996)
Le Printemps albanais (1997)
Trois temps (1997)
L'Albanie, visage des Balkans (1998)
Trois chants funèbres pour le Kosovo (1998)
La Ville sans enseignes (1998),
Mauvaise saison sur l'Olympe (1998, théâtre)
L'Envol du migrateur (1999),
Froides fleurs d'avril (2000)
Il a fallu ce deuil pour se retrouver (2000),
Le Chevalier au faucon (2001)
Histoire de l'Union des écrivains albanais telle que reflétée dans le miroir d'une femme (2001)
La Fille d'Agamemnon (2003),
Le Successeur (2003)
Vie, jeu et mort de Lul Mazrek (2003)
Dante l'incontournable (2006)
Hamlet, le prince impossible (2007)
L'Accident (2008)
Le Dîner de trop (2009)
La Discorde (2013)
La Poupée (2015)
Matinées au Café Rostand (2017).
Kadare a également publié des poésies et une vingtaine de nouvelles.
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Localisation : Roanne
Re: Ismail Kadare
Qui a ramené Doruntine
Conte plaisant dont l'humour macabre n’est pas sans rappeler Perutz, Qui a ramené Doruntine raconte comment une sombre affaire de fantôme devient une affaire d'Etat et de Religion.
On croise ici une famille de neuf frères décimés par la peste, et l'un d'eux sort de sa tombe pour quérir leur unique sœur (la fameuse Doruntine), mariée au loin en terre inconnue. Les rumeurs les plus saugrenues se confrontent aux prises de position rigoristes de la Sainte Eglise Orthodoxe pour influer Stres, le capitaine bonhomme qui enquête sur cette affaire et trouvera sa propre solution (qu'importe la vraie solution?), en forme d'appel à l'esprit national et frondeur des Albanais.
(commentaire récupéré)
mots-clés : #fantastique #polar
Conte plaisant dont l'humour macabre n’est pas sans rappeler Perutz, Qui a ramené Doruntine raconte comment une sombre affaire de fantôme devient une affaire d'Etat et de Religion.
On croise ici une famille de neuf frères décimés par la peste, et l'un d'eux sort de sa tombe pour quérir leur unique sœur (la fameuse Doruntine), mariée au loin en terre inconnue. Les rumeurs les plus saugrenues se confrontent aux prises de position rigoristes de la Sainte Eglise Orthodoxe pour influer Stres, le capitaine bonhomme qui enquête sur cette affaire et trouvera sa propre solution (qu'importe la vraie solution?), en forme d'appel à l'esprit national et frondeur des Albanais.
(commentaire récupéré)
mots-clés : #fantastique #polar
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8546
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Re: Ismail Kadare
Le général de l'armée morte
Au début des années 60 un général italien (principal personnage, point de vue du narrateur) est missionné avec un prêtre pour rechercher les restes de militaires de la Seconde Guerre mondiale inhumés en Albanie. Ils conduisent l’exhumation de dépouilles identifiées à la présence du médaillon réglementaire, à la taille de l’individu estimée d’après celle de ses os longs.
Cela se passe systématiquement dans la boue, le froid, la brume (Kadaré passe sous silence printemps comme été) ; l’ambiance est bien sûr funèbre. La prégnante métaphore du double, de l’ombre de la guerre est savamment développée.
Est retrouvé un journal, celui d’un déserteur devenu valet d’un moulin, à la grande honte du général d’une grande, héroïque armée ; y est mentionné le Bataillon bleu commandé par le colonel Z., une unité de sinistre mémoire, responsable de massacres civils et d’exécutions de déserteurs. Betty, la veuve du colonel après quinze jours de vie commune, revient souvent dans les pensées du général. Un certain suspense épice le récit…
Étrange dédoublement du général temporairement réincarné-identifié en une des sentinelles tuées lors de la dernière guerre :
Première partie
Chapitre premier
Chapitre deuxième
Chapitre sans numéro
Chapitre troisième
Chapitre quatrième
Chapitre cinquième
Chapitre sixième
Chapitre sans numéro
Chapitre septième
Chapitre huitième
Chapitre neuvième
Chapitre dixième
Chapitre onzième
Chapitre douzième
Chapitre sans numéro
Chapitre treizième
Chapitre quatorzième
Chapitre quinzième
Chapitre seizième
Deuxième partie
Chapitre dix-septième
Chapitre dix-huitième
Chapitre sans numéro
Autre chapitre sans numéro
Autre chapitre sans numéro
Autre chapitre sans numéro
Chapitre dix-neuvième
Chapitre vingtième
Chapitre vingt-et-unième
Chapitre vingt-deuxième
Chapitre vingt-troisième
Chapitre vingt-quatrième
Chapitre vingt-cinquième
Avant-dernier chapitre
Dernier chapitre
A mon excellente habitude j’ai établi la table des matières, mais surtout parce qu’elle est bien particulière : rompant le déroulement chronologique, les chapitres sans numéro peuvent prendre place à différents états du cours des recherches, et donnent au lecteur le sentiment d’une dilatation ou de lacunes temporelles, d’une indétermination dans l’écoulement irréversible.
Pour la toute petite histoire, j’ai commencé à lire ce livre en troisième, à l’instigation d’un professeur ; il me restait le souvenir d’un bouquin "prise de tête », et aujourd’hui je crois plutôt que l’ouvrage m’était paru peu "glamour". En tout cas c’est, sans conteste de mon point de vue actuel, un chef-d’œuvre.
Mots-clés : #guerre #mort
Au début des années 60 un général italien (principal personnage, point de vue du narrateur) est missionné avec un prêtre pour rechercher les restes de militaires de la Seconde Guerre mondiale inhumés en Albanie. Ils conduisent l’exhumation de dépouilles identifiées à la présence du médaillon réglementaire, à la taille de l’individu estimée d’après celle de ses os longs.
« L'armée était là, en bas, hors du temps, figée, calcifiée, recouverte de terre. Il avait pour mission de la faire se relever de terre. Et cette tâche lui faisait peur. » (Première partie, chapitre premier)
« Au début, il n'y avait que quelques pelotons de cercueils, puis, graduellement, des compagnies et des bataillons se sont formés, et on est maintenant en train de compléter les régiments et les divisions. » (Première partie, chapitre treizième)
« Il était venu de loin troubler le grand sommeil d'une armée entière. Muni de cartes et de listes, il avait, à coups d'outils métalliques, frappé le sol qui les recouvrait sans bien savoir si eux-mêmes souhaitaient ou non être dérangés. » (Deuxième partie, chapitre dix-neuvième)
Cela se passe systématiquement dans la boue, le froid, la brume (Kadaré passe sous silence printemps comme été) ; l’ambiance est bien sûr funèbre. La prégnante métaphore du double, de l’ombre de la guerre est savamment développée.
C’est l’opportunité de rendre l’inanité, la perte, l'anonymat autant que le drame de la guerre.« – Nous avons été vaincus par l'ombre de la guerre. Qu'en aurait-il été si ç'avait été par la guerre elle-même !
– La guerre elle-même ? Peut-être cela aurait-il mieux valu."
Ils dissertèrent à nouveau sur la guerre et son double, toujours incapables de décider s'ils préféraient l'une ou l'autre. » (Deuxième partie, chapitre vingt-quatrième)
L’aspect cocasse est à peine prononcé, presque subliminal, c’est un discret (mais grinçant) humour gogolien (dans le premier extrait suivant, une autre nation belligérante de l’époque est aussi à la recherche de ses morts au combat) :« Vous avez dit qu'il s'était passé des choses grotesques. Plus que ridicules, ces épisodes sont consternants.
– À la guerre, il est malaisé de faire le partage entre le tragique et le grotesque, l'héroïque et le consternant... » (Première partie, chapitre douzième)
L'Albanie et les Albanais sont vus par des étrangers, et malicieusement la part des préventions ou fabulations de ces derniers est parfois difficile à évaluer...« – Peut-être ont-ils si bien saboté leur travail que, ne trouvant plus rien, ils se sont mis à piller les premières tombes rencontrées en chemin. […] – Autrement dit, les restes de nos soldats vont être distribués à des familles étrangères au lieu d'être remis aux leurs ! éructa le général. C'est à devenir fou !
– Il faut croire qu'ils ont pris des engagements, commenta le prêtre. Et comme...
– Et comme ils ne découvrent pas les leurs, ils font main basse sur tout ce qui leur tombe sous la main. Ah, le beau travail ! » (Première partie, chapitre quinzième)
« Quoi qu'il en fût, il devait bien y avoir un moyen de remédier à cette affaire. Il en parlerait avec le prêtre. Il y avait quantité de soldats qui mesuraient un mètre quatre-vingt-deux, la taille du colonel. Pour ce qui était des dents, on pourrait facilement se débrouiller. Et qui se douterait alors que les restes du colonel n'étaient pas vraiment les siens ? Plus il y réfléchissait, plus il lui paraissait possible de se mettre d'accord là-dessus avec le prêtre. » (Deuxième partie, chapitre vingt-deuxième)
« "J'ai été aussi général, fit-il d'un ton où perçait l'irritation, et j'ai fait la guerre en Albanie."
Tous deux se toisèrent un instant avec mépris, l'un parce qu'il avait devant lui un général vaincu, l'autre parce qu'il se trouvait face à un général de temps de paix. » (Première partie, chapitre quatrième)
Est retrouvé un journal, celui d’un déserteur devenu valet d’un moulin, à la grande honte du général d’une grande, héroïque armée ; y est mentionné le Bataillon bleu commandé par le colonel Z., une unité de sinistre mémoire, responsable de massacres civils et d’exécutions de déserteurs. Betty, la veuve du colonel après quinze jours de vie commune, revient souvent dans les pensées du général. Un certain suspense épice le récit…
Étrange dédoublement du général temporairement réincarné-identifié en une des sentinelles tuées lors de la dernière guerre :
« Depuis qu'il avait remarqué que, non seulement dans ses conversations, mais dans tous les épisodes de sa vie s'introduisaient peu à peu des éléments étrangers, des phrases de visiteurs qu'il avait reçus chez lui, des fragments de lettres ou de journaux de soldats morts, il avait fait effort pour endiguer ce flux. Mais celui-ci s'était révélé si puissant que des mots, des phrases, parfois des récits entiers de disparus envahissaient son cerveau. Ils refoulaient tout le reste et, de jour en jour, accroissaient sur lui leur emprise.
Parfois, il se consolait à l'idée que c'était un phénomène auquel il lui fallait s'attendre. Et sa crainte qu'à employer des phrases ou des mots de personnages du royaume des ombres, lui-même ne finît par s'y intégrer, s'était désormais dissipée. Il était devenu un des leurs ; jour après jour, saison après saison, il était entré dans cet univers et, quoi qu'il fit désormais, il ne pourrait plus en sortir. » (Deuxième partie, chapitre dix-septième)
Première partie
Chapitre premier
Chapitre deuxième
Chapitre sans numéro
Chapitre troisième
Chapitre quatrième
Chapitre cinquième
Chapitre sixième
Chapitre sans numéro
Chapitre septième
Chapitre huitième
Chapitre neuvième
Chapitre dixième
Chapitre onzième
Chapitre douzième
Chapitre sans numéro
Chapitre treizième
Chapitre quatorzième
Chapitre quinzième
Chapitre seizième
Deuxième partie
Chapitre dix-septième
Chapitre dix-huitième
Chapitre sans numéro
Autre chapitre sans numéro
Autre chapitre sans numéro
Autre chapitre sans numéro
Chapitre dix-neuvième
Chapitre vingtième
Chapitre vingt-et-unième
Chapitre vingt-deuxième
Chapitre vingt-troisième
Chapitre vingt-quatrième
Chapitre vingt-cinquième
Avant-dernier chapitre
Dernier chapitre
A mon excellente habitude j’ai établi la table des matières, mais surtout parce qu’elle est bien particulière : rompant le déroulement chronologique, les chapitres sans numéro peuvent prendre place à différents états du cours des recherches, et donnent au lecteur le sentiment d’une dilatation ou de lacunes temporelles, d’une indétermination dans l’écoulement irréversible.
Pour la toute petite histoire, j’ai commencé à lire ce livre en troisième, à l’instigation d’un professeur ; il me restait le souvenir d’un bouquin "prise de tête », et aujourd’hui je crois plutôt que l’ouvrage m’était paru peu "glamour". En tout cas c’est, sans conteste de mon point de vue actuel, un chef-d’œuvre.
« Puis on avait trinqué, et, derrière le tintement ténu du cristal, on aurait cru entendre un lointain grondement de canons. […]
Et pas seulement le grondement des canons, mais aussi le crépitement des mitrailleuses, le cliquetis des baïonnettes, le tintement des gamelles à l'approche du soir, pour la distribution de la soupe. Derrière le tintement des verres, il y avait tout cela, chacun en était conscient, tous le percevaient... » (Deuxième partie, chapitre vingt-quatrième)
Mots-clés : #guerre #mort
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15927
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 68
Localisation : Guyane
Re: Ismail Kadare
J'avais lu Eschyle ou le grand perdant, je ne saurais trop en parler, mais je me souviens avoir apprécié.
Invité- Invité
Re: Ismail Kadare
Je n'ai lu que Froides fleurs d'avril, je suis passée complètement à côté. J'en avais dit ceci lors d'une discussion informelle au bar :
Je n'ai pas de veine. Je ne comprends pas la moitié de ce que je lis.
Ca a commencé avec L'ombre de l'ombre de Paco Ignacio II. Et ça continue avec Froides fleurs d'avril d'Ismail Kadaré. Un mythe (fort bien narré, ça je ne nie pas), un peintre désoeuvré, les années de dictature qui planent toujours... Mais où l'auteur veut en venir avec ces morceaux de puzzles a priori sans rapport entre eux, ça, mystère et boule de gomme...
Et après avoir fini ma lecture :
Bon, fini le Kadaré... Et je n'ai toujours pas compris où il voulait en venir !
Bien sûr il y a les mythes, et les références au Kanun (code coutumier médiéval auquel on se réfère encore dans certaines régions d'Albanie), c'est le côté qui m'a le plus plu. Mais tout ça est mélangé à une obscure histoire de peintre, de vol et de meurtre. Et les délires du peintres, sur les icebergs ou sa petite amie, m'ont laissée bien perplexe.
J'ai bien vu les allégories, les références à peines masquées au précédent régime, mais aussi au capitalisme et à l'Europe. Mais le lien entre tout ça, la raison d'être du livre... Mystère et boule de gomme.
Probablement qu'une personne connaissant bien l'histoire et les légendes de l'Albanie y prendrait plus de plaisir.
Je n'ai pas de veine. Je ne comprends pas la moitié de ce que je lis.
Ca a commencé avec L'ombre de l'ombre de Paco Ignacio II. Et ça continue avec Froides fleurs d'avril d'Ismail Kadaré. Un mythe (fort bien narré, ça je ne nie pas), un peintre désoeuvré, les années de dictature qui planent toujours... Mais où l'auteur veut en venir avec ces morceaux de puzzles a priori sans rapport entre eux, ça, mystère et boule de gomme...
Et après avoir fini ma lecture :
Bon, fini le Kadaré... Et je n'ai toujours pas compris où il voulait en venir !
Bien sûr il y a les mythes, et les références au Kanun (code coutumier médiéval auquel on se réfère encore dans certaines régions d'Albanie), c'est le côté qui m'a le plus plu. Mais tout ça est mélangé à une obscure histoire de peintre, de vol et de meurtre. Et les délires du peintres, sur les icebergs ou sa petite amie, m'ont laissée bien perplexe.
J'ai bien vu les allégories, les références à peines masquées au précédent régime, mais aussi au capitalisme et à l'Europe. Mais le lien entre tout ça, la raison d'être du livre... Mystère et boule de gomme.
Probablement qu'une personne connaissant bien l'histoire et les légendes de l'Albanie y prendrait plus de plaisir.
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
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Re: Ismail Kadare
Avril brisé
C'est fou qu’il y ait encore des gens pour penser qu’une matière aussi visqueuse que le sang puisse « laver » quoi que ce soit ! Je ne sais pas s’il faut parler de fascination ou d’obsession sordide pour la « vendetta » dont il est tout le temps question dans Avril brisé. Il existe même des spécialistes du fameux « Kanun » pour résoudre des questions techniques un peu ardues. Ce qui est effrayant est qu’un meurtre ne suscite plus tellement de réaction émotive, ces « montagnards » trouvent la vengeance indispensable (tout aussi absurde, mais sans jamais l’avouer) elle ne répond pas un cri du cœur mais est réglementée par un code indiscutable. Les personnages sont des coquilles vides, asséchées. Les paysages n’attirent pas particulièrement l’attention parce qu’ils sont en fond, en décor, d’un récit extrêmement lent (et ici, cela m’a ennuyé) et centré sur l’action. On se croirait dans un western.
Là-dessus arrive ce couple (un écrivain et sa femme) venu étudier les mœurs dans ce plateau reculé d’Albanie, loin de Tirana. J’ai envie de dire que leur présence à cet endroit est aussi incongrus que dans le roman de Kadaré : leur histoire et leurs personnalités n’ont aucun intérêt, mais ce sont des voyeurs : « Vos livres, votre art, sentent tous le crime. Au lieu de faire quelque chose pour les malheureux montagnards, vous assistez à la mort, vous cherchez des motifs exaltants, vous recherchez ici de la beauté pour alimenter votre art. Vous ne voyez pas que c’est une beauté qui tue. » cite-t-on a juste titre dans le résumé du livre. Je ne sais quoi faire de cette « fascination » qui m’est absolument étrangère et que eux éprouvent pour cette marginalité sanguinaire, si encore ils étaient moins creux et si on parlait un peu moins des sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre… Que reste-t-il lorsque tout le sang est parti ? Rien. Il y a tout de même une image assez émouvante, celle de Gjorg apercevant un avion dans le ciel. Le lecteur avait oublié qu’on était à la fin du vingtième siècle.
Mots-clés : #traditions #vengeance #violence #xxesiecle
C'est fou qu’il y ait encore des gens pour penser qu’une matière aussi visqueuse que le sang puisse « laver » quoi que ce soit ! Je ne sais pas s’il faut parler de fascination ou d’obsession sordide pour la « vendetta » dont il est tout le temps question dans Avril brisé. Il existe même des spécialistes du fameux « Kanun » pour résoudre des questions techniques un peu ardues. Ce qui est effrayant est qu’un meurtre ne suscite plus tellement de réaction émotive, ces « montagnards » trouvent la vengeance indispensable (tout aussi absurde, mais sans jamais l’avouer) elle ne répond pas un cri du cœur mais est réglementée par un code indiscutable. Les personnages sont des coquilles vides, asséchées. Les paysages n’attirent pas particulièrement l’attention parce qu’ils sont en fond, en décor, d’un récit extrêmement lent (et ici, cela m’a ennuyé) et centré sur l’action. On se croirait dans un western.
Là-dessus arrive ce couple (un écrivain et sa femme) venu étudier les mœurs dans ce plateau reculé d’Albanie, loin de Tirana. J’ai envie de dire que leur présence à cet endroit est aussi incongrus que dans le roman de Kadaré : leur histoire et leurs personnalités n’ont aucun intérêt, mais ce sont des voyeurs : « Vos livres, votre art, sentent tous le crime. Au lieu de faire quelque chose pour les malheureux montagnards, vous assistez à la mort, vous cherchez des motifs exaltants, vous recherchez ici de la beauté pour alimenter votre art. Vous ne voyez pas que c’est une beauté qui tue. » cite-t-on a juste titre dans le résumé du livre. Je ne sais quoi faire de cette « fascination » qui m’est absolument étrangère et que eux éprouvent pour cette marginalité sanguinaire, si encore ils étaient moins creux et si on parlait un peu moins des sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre… Que reste-t-il lorsque tout le sang est parti ? Rien. Il y a tout de même une image assez émouvante, celle de Gjorg apercevant un avion dans le ciel. Le lecteur avait oublié qu’on était à la fin du vingtième siècle.
Mots-clés : #traditions #vengeance #violence #xxesiecle
Dreep- Messages : 1539
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Age : 32
Re: Ismail Kadare
J'ai l'impression de lire mes propres sentiments à la lecture de Froides fleurs d'avril. Un auteur décidément pas facile à appréhender.
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Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 43
Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Ismail Kadare
Si seulement ses personnages étaient plus crédibles que ceux d'un Asimov...! (c'est un peu les clichés dans la tête que j'ai à propos de la S. F., un univers bien construit mais des personnages totalement insignifiants.)
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 32
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