Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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169 résultats trouvés pour essai

Stéphane Hessel

Indignez-vous !

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 Captur56

« 93 ans. La fin n'est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l'expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d honneur ! Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus, à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu'aux acquis bradés de la Résistance : retraites, Sécurité sociale... Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l'homme... en sont la démonstration. Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu'il appelle à une « insurrection pacifique ».


Ahhh...
Si nous avions plus d'hommes de cette trempe , quel serait le monde ?
Si la dignité était innée , quelle serait notre société ?
Si le courage traversait tous les âges , toutes les générations , qu'aurions nous évité?
Si l'ignorance ambiante de notre histoire n'était qu'illusoire ; si l'oubli ne donnait pas le bénéfice à l'insupportable?

Tant de questions sans réponse , parce que le monde ne tourne pas rond , parce que des grands hommes nous en manquons tant , parce que la dignité se fait distancer par la cupidité , parce que le courage est enterré , parce que l'ignorance gagne du terrain et que l'oubli arrange les plus virulents.
Indignez-vous !
Petite bible d'un Monsieur , d'un grand Monsieur , qui a porté sur ses frêles épaules une vie d'indigné qui a combattu pour des idées et la liberté.

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 Images11


mots-clés : #essai
par Ouliposuccion
le Mer 25 Jan - 16:47
 
Rechercher dans: Sciences humaines
Sujet: Stéphane Hessel
Réponses: 3
Vues: 622

Fritz Zorn

Mars

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 Image205


Ce n'est pas que je n'ai pas de compassion pour ce jeune homme, présentant un trouble de la personnalité sévère, au moins en partie lié à une éducation pathogène, qui développa à 17 ans une dépression chronique puis un lymphome. Ce n’est pas que son point de vue ne m’intéresse pas, même si je suis loin de partager toutes ses analyses. Mais ce livre est pour moi un fatras de déversement d’autoanalyse et d’opinions proclamées dans un style lourd et redondant, fatras dans lequel il y a cependant mille pistes de réflexion...


Dans les 100 premières pages, la description de la famille est finement analysée, mais il n’ y a pas un personnage autre que l’auteur, pas une anecdote, rien que du général. Rien de vivant, en fait. Et ça ne parle que de lui. Alors certes je comprends que compte tenu de son fonctionnement psychique, c'est sans doute un excellent reflet de son mode de  pensée, mais, bien franchement je trouve cela rébarbatif. Cependant, malgré ces réserves stylistiques, c’est quand même plutôt intéressant cette analyse du retentissement sur la construction de la personnalité de l'auteur. D’autant qu’on y retrouve, cumulés et passés à la loupe, des dysfonctionnements qu’on retrouve de façon plus ponctuelle et moins développée dans pas mal de familles plus banales, y compris les nôtres, celle où nous avons vécue en tant qu'enfant et celle que nous avons construite pour nos enfants.

Dans la 2e partie, la dépression, puis le cancer, se déclarent. On quitte le récit pour passer à l’essai.Zorn tente de nous expliquer la filiation directe entre ces 3 phénomènes : son éducation, sa dépression et son cancer.  En fait il ne tente pas, il postule. Et je dois dire que je ne suis pas arrivée à comprendre en quoi l’arrivée du cancer était une joie. Parce que cela le conforte dans ses idées et sa  pensée magique ?
Au niveau médical, il y a des choses très vraies, sur la nécessité de nommer le mal, et la maladie. On  est en 1977 et que c'était encore moins évident que maintenant à cette époque. Par contre le lien éducation-personnalité-cancer est pour moi tout à fait inacceptable, en tout cas sous cette forme (ce qui ne revient pas du tout à nier les troubles psychosomatiques, ni le rôle du stress sur le déclenchement des maladies, ni  la relation psychologique/somatique)

Enfin, 3ème partie,  l’ essai se fait de plus en plus marqué. C’ est  une réflexion sur ce qui pourrait se résumer à la bourgeoisie et le mal, voire la bourgeoisie suisse et le mal .Tout ceci est assez simpliste, ou parfois totalement confus pour moi, et ma gêne est aggravée par la tendance aux généralités assénées comme vérités.

Zorn montre le caractère apparemment inéluctable des choses : j'ai été élevé dans  une famille hypocrite, sans affect, uniquement préoccupée de sa respectabilité, je suis donc devenu un homme inapte au monde, j'ai donc fait une dépression, j'ai donc eu un cancer. Je n'en veux à personne parce que mes pauvres parents ne sont cela que parce que leurs propres parents étaient déjà de pauvres parents éduqués dans une ambiance délétère… Cette vison est totalement pessimiste et fataliste.

Mais  son analyse évoluant, il prend enfin distance par rapport à son milieu. C’est ici qu’on peut voir comme une révolte, qu’enfin on voit Zorn s’éveiller, qu’on n’ a plus envie de lui donner des coups de pieds dans les fesses. Il appelle au rejet de ces valeurs et à la révolution. Mais  lui-même n’en sera jamais acteur, il est trop longtemps resté fondamentalement bourgeois lui-même dans son inaptitude à transgresser et rebondir. Car au final, il est pris dans une espèce de filet où le cancer lui refuse un avenir dans lequel il pourrait (dit-il), devenir autre. On se demande si ce filet ne le réjouit pas, d’ailleurs, permettant de justifier son incapacité à  quitter ce carcan qu'on lui a imposé : malheureusement, il est trop tard.

Mais bon, écrire, c’est peut-être déjà une transgression, c’est peut-être déjà un geste révolutionnaire.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #autobiographie #essai #pathologie
par topocl
le Ven 23 Déc - 16:28
 
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Sujet: Fritz Zorn
Réponses: 3
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Jonathan Safran Foer

Faut-il manger les animaux ?

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 Image194

Je ne peux pas dire que j'ai appris grand-chose à la lecture de Faut-il manger les animaux ? Des précisions, des détails, des chiffres plus précis certes, mais les grandes lignes, je l’avais déjà lu ou entendu ailleurs (notamment dans We feed the world de Erwin Wagenhofer et des lectures que j’avais faites après, particulièrement des écrits de Jean Ziegler). La précision des descriptions de Safran Foer est tout à fait impressionnante, (parfois un peu répétitive et assommante, mais pas trop souvent) et parle d'une façon différente des images que j'avais pu voir dans le film, ils se complètent donc l’un l’autre.

On ne croirait que la moitié de ce qui nous est dit sur la souffrance infligée aux animaux, sur les désastres écologiques et sociologiques, qu’on serait déjà convaincus de la justesse du plaidoyer. Nous vivons dans un mode de dingues, ça n’est pas nouveau, mais il est quand même utile de le rappeler de temps en temps. Seulement Safran Foer y croit, c’est la grande cause de sa vie, et il prend son bâton de pèlerin. Et comme il est  malin, il sait la lourdeur de l’inertie des comportements humains, il sait que des faits ne suffiront pas à nous faire bouger en tout cas pour la plupart d’entre nous, il sait que les chiffres nous assomment. Les détails sont certes importants, mais ils ne réussiront pas, à eux seuls, à convaincre la majorité des gens de changer leurs habitudes. Il faut faire entrer autre chose en jeu.

Il a donc ajouté un tas de choses à cet aspect informatif et statistique, car bien évidemment ce qui fait changer les opinions, ce qui fait changer les comportements, ce ne sont pas les chiffres, ce sont les émotions. Il  nous fait un numéro de charme, bien au-delà du bourreau de travail, de l' acharné de la précision , il nous parle de ses doutes, de sa responsabilité de petit-fils de survivante, et de père de famille, il raconte des histoires,  il nous parle de lui, et, cela tombe bien, puisque nous sommes sur un fil de fiction sur un forum de littérature,  c’est  le meilleur du livre : Safran Foer est un merveilleux conteur, drôle, tendre plein d’humour (et aussi de tolérance , ou au moins d’ouverture d’esprit).

Quelle que soit la force de nos convictions concernant ce qui est bon pour nous à l'échelon individuel, et même collectif, nous savons tous par avance que nos positions se heurteront à celles de nos voisins. Que faire face à cette incontournable réalité ? Laisser tomber la discussion, ou trouver un moyen de la recadrer ? Alors la seule question que je peux me poser à l'issue de ce livre c'est : comment se fait-il que tout le monde, ou la plus grande partie des gens, et moi en particulier, continuons à manger de la viande après avoir acquis toutes ces notions, entendu et reconnu vrais tous ces arguments ? Et bien, c'est sans doute que nous sommes  pris dans le carcan de nos habitudes de notre paresse et de même que nous continuons à rouler avec une voiture, un diesel qui plus est, à voyager en avion, à porter des vêtements venant de Pétaouchnok …. nous continuons à manger des animaux….

Voilà, ce livre est bien ennuyeux car il nous fait ressortir de sa lecture avec un sentiment de honte. Je SAIS mais je MANGE…Il n’y a plus qu’à se dire qu’il constitue une petite pierre du grand édifice que construisent courageusement quelques rêveurs/illuminés/sages/précurseurs, appelez-les comme vous voulez, et que cela  finira (peut-être) par l’emporter, faire changer les mentalités, les comportements et les politiques, à condition d’être patient. Que ce livre est indispensable en cela, et que si je n’ai pas rejeté la viande malgré ma lecture, du moins j’aurai fait un petit pas sur un chemin qui finira par me rendre meilleure, malgré ma paresse, mon manque de courage, mon hypocrisie, malgré moi-même en quelque sorte. Mais n’est ce pas une façon bien facile de me donner bonne conscience?

(commentaire récupéré)


mots-clés : #essai #nature #social
par topocl
le Jeu 22 Déc - 16:49
 
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Sujet: Jonathan Safran Foer
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Simon Leys

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 Captur36

LE BONHEUR DES PETITS POISSONS

Lire Simon Leys est un plaisir constant. Celui que nous procure un homme très intelligent, très cultivé, sans être pour cela pédant ou abstrait. Au contraire le plaisir et la curiosité qui motivent sa vie, Simon Leys parvient à nous les communiquer, à stimuler ce qu'on appelle notre "matière grise".

Dans Le Bonheur des petits poissons, à partir de ses connaissances sur la Chine, il nous montre ce qui différencie profondément la culture chinoise de la culture occidentale. Il cite Le savant sinologue Joseph Needham, "un des très rares ouvrages que les chinois prennent au sérieux."

La civilisation chinoise, écrit Needham, présente l'irrésistible fascination de ce qui est totalement autre, et seul ce qui est totalement autre peut inspirer l'amour le plus profond en même temps qu'un puissant désir de le connaître."

Leys montre que la découverte de la culture chinoise par les occidentaux et réciproquement, est assez récnte, et que beaucoup se sont cassés les dents à essayer de la comprendre. A commencer par Malraux et Segalen.

Simon Leys, montre ailleurs,comment les peintres chinois pratiquent leur art. Les Chinois, écrit-il, considèrent que "peindre est surtout difficile avant de peindre", car "l'idée doit précéer le pinceau." Dans la peinture occidentale, en effet, il est relativement rare que l'oeuvre constitue la simple projection d'une vison intérieure préexistante ; bien plus souvent, la peinture résulte d'un dialogue, voire même d' un corps à corps que l'artiste engage avec sa toile... Le peintre travaillant d' après nature se sert de la "mémoire primaire", utilisant les images qui ne durent qu'un instant, le temps qu' il met pour tranférer son regard du modèle à la toile.

A cette "mémoire primaire", Leys oppose "la mémoire secondaire ou éidétique : l'esprit emmagasine les images comme le ferait une caméra, et il se les projette sur un écran mental où elle apparaissent dans toute leur complexité.... L'imagination éidétique se rencontre souvent à l'état spontané chez les enfants, mais on peut aussi les cultiver méthodiquement.

L'étude et l'exercice de l'écriture idéographique ont probablment favorisé le développement de cette faculté chez les peintres chinois, de même que la pratique de la méditation enseignée par le taoïsme et le bouddhisme chan. Ajoutez à cela toute la technique de la peinture chnoise : la nature même de ses instruments -encre et pinceau-, ne tolérant ni hésitations ni repentirs, exclut largement la possibilité de travailler à partir des images de la "mémoire primaire" (d'après nature) et exige au contraire une exécution instantanée, exempte de retouches. Pour l' artiste, il s'agit en effet de restituer d' un jet l'image qu'il s' était formée dans l' esprit avant de prendre le pinceau...

Plus loin, Simon Leys, parle de la litote et l'art de suggérer plutot que dire, répéter, décrire comme le font trop souvent des créateurs comme Balzac.

Message récupéré


mots-clés : #creationartistique #essai
par bix_229
le Mar 20 Déc - 21:19
 
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Sujet: Simon Leys
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Simone Weil

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 41wusq10

L'enracinement

je me dois de faire un petit commentaire pour cette lecture si essentielle. (qui a fait l'objet d'une LC)


Simone Weil m’intéresse tout d’abord en tant que femme, j’aime les personnes qui défendent  leurs opinions avec force,  elle ne doute pas de son raisonnement et son  prélude pour une nouvelle civilisation est un projet humaniste.

S. Weil dresse tout d’abord un « état des lieux » de la France (économie, travail,  social, justice, sciences, politique, religion etc..). Elle  fait ensuite des propositions, mais ce sont plutôt des directives, pour réparer  les déficiences découvertes.

Tous les besoins vitaux et/ou sacrés qu’elle estime nécessaires à la santé physique, morale et spirituelle d’un Etre humain, elle les trouve dans les valeurs de la chrétienté, celle qui est vérité.

Après avoir nommé ces besoins, elle les développe : leur absence ou "pollution" dans la partie » déracinement » car comme une plante déracinée là où il y a manque, il y a souffrance ; puis elle restitue les besoins  amandés  c’est l’ enracinement.

Même si, S.Weil, élève ses solutions vers les cieux, vers Dieu, elle sait que l’exécution ne peut en être que terrestre :

nous sommes sur terre pour travailler  ! le travail serait notre  salut !

Je ne partage pas son choix  qui consiste à  lier ses thèses  à la religion, mais je reconnais que son prélude est bien construit, lisible. Toutefois je pense qu’un autre philosophe aurait pu édifier de façon aussi raisonnable un écrit sans emprunter  à la foi, du moins pas celle en Dieu ; même si je partage certaines des valeurs de la chrétienté en tant que citoyenne ce qui prouve que ce texte peut rassembler croyants ou non-croyants ce qui était à l’évidence le souhait de Simone Weil.

Je suis admirative de son intelligence, son travail, sa passion ; j’ai apprécié cette lecture et je trouve que l’état des lieux dressé  il y a des décennies est hélas toujours d’actualité.
Preuves nous en sont étalées tous les jours devant nos yeux.


Spoiler:







(message rapatrié)
mots-clés : #essai
par Bédoulène
le Mar 20 Déc - 10:49
 
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Sujet: Simone Weil
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Pascal Quignard

Le nom sur le bout de la langue


Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 52112010

Composé d'un conte qui se nomme tel le titre de l'ouvrage, et d'un essai tant autobiographique que philosophique sur l'étude du langage.
Le conte est fascinant, il rappelle les contes tchèque de Nemcova dans la construction mais également l'atmosphère qui demeure indescriptible; la décrire serait du moins une gageure car je pense en réalité que ce conte a l'atout renversant de toucher le coeur du lecteur et de lui permettre d'y apposer l'atmosphère qui lui "parle" le plus.
Un conte dont la fin surprend, car lorsque l'on connait un peu les contes de Quignard il est commun d'y voir une leçon ou un enseignement, là ce dernier est secondaire ou plutôt l'enseignement réside dans l'essai qui suit et qui est amplement argumenté.
Essai autobiographique donc, sur le langage également, sur la relation entre l'auteur et les mots, universalisé ensuite en une pensée sur la place du langage dans notre psyché et dans notre humanité.
Essai plein, confus davantage quand il s'agit de théoriser, que de raconter sa propre expérience et sa propre "souffrance" passée dans sa relation aux mots, cet essai s'illustre par une belle analyse néanmoins sur des mythes et textes littéraires liant le langage à toutes nos pulsions et désirs. Peut être un peu trop psychanalytique pour moi et avec un petit manque de rigueur cette seconde partie m'intéressa surtout pour comprendre le point de vue de Quignard l'écrivain et homme que de Quignard l'intellectuel. Pour ce qui est du cheminement de pensée sur ce thème je préfère Rosset et son oeuvre "Le choix des mots."


mots-clés : #contemythe #essai
par Hanta
le Jeu 15 Déc - 13:33
 
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Sujet: Pascal Quignard
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Achille Mbembe

Critique de la Raison Nègre» de Achille Mbembé.  suite

voici un extrait :
«Par ailleurs, il y a une part maudite constitutive de l’histoire des rapports entre l’Afrique  et la marchandise. Cette histoire prend forme au moment de la traite atlantique. A la faveur de la traite des esclaves, le rapport des Africains à la marchandise se structura rapidement autour du tryptique désir de consommation/ mort/ génitalité. A plusieurs égards, l’économie politique de la traite des esclaves fut une économie foncièrement libidinale. Elle avait ceci de particulier que son centre de gravité, ou encore son moteur principal, était d’une part le désir de consommation et de l’autre le désir de la dépense absolue et inconditionnelle. Ce désir entretenait en retour un rapport étroit avec les procédures de reproduction sexuelle. Il revêtit très tôt les aspects d’une corruption que même la perspective d’autodestruction (la vente des parents proches et la dissolution du lien social) ne parvenait guère à limiter. On peut, au demeurant, dire de cette économie qu’elle fit de l’autodestruction et du gaspillage les indicateurs ultimes de la productivité....»

j'ai commencé la lecture de ce livre qui à mon sens a toute sa place ici, d'autant qu'écrit par un historien de l'esclavage qui ouvre sur le racisme, je le lis en parallèle avec Home de Toni Morrison, j'apposerai sans faute un commentaire sur ce livre dès que j'aurai plus de matière...
j'essaierai d'apporter une double problématique à ces lectures : le racisme en tant que réponse économique, et esclavage et sexualité des dominants...

Première problématique : le racisme en tant que réponse économique

Dans un premier temps Achille Mbembe établi trois grandes étapes de l'esclavage qu'il nomme aussi :"le devenir-nègre" du monde. Tout d'abord :" le premier est celui du dépouillement organisé lorsqu'à la faveur de la traite atlantique (XV°-XIX° siècles) des hommes et femmes originaires d'Afrique sont transformés en hommes-objets, hommes-marchandises et hommes-monnaies..." le second moment est :" celui qui correspond à la naissance à l'écriture et commence vers la fin du XVIII° siècle quand, de par leurs propres traces, les Nègres, ces êtres-pris-par les autres, peuvent désormais articuler un langage à eux tout en revendiquant le statut de sujets à part entière du monde vivant...." (innombrables révoltes d'esclaves, indépendance d'Haïti, combats pour l'abolition de la traite, décolonisations africaines et luttes pour les droits civiques aux Etats-Unis, démantèlement de l'apartheid lors des dernières années du XX° siècle, et enfin le troisième moment(le début du XXI° siècle) : " est la planétarisation des marchés, de la privatisation du monde sous l'égide du néolibéralisme et de l'intrication croissante de l'économie financière, du complexe militaire postimpérial et des technologies électroniques et digitales." le devenir-nègre du monde.
Mbembe démontre que le concept de race, qui a trait à la sphère animale telle que la décrivait Buffon, ce concept "servira à nommer les humanitès non européennes", ce sont des humanités frappées "d'un moindre être"
---""Le nègre n'existe cependant pas en tant que tel. Il est constamment produit. Produire le Nègre, c'est produire un lien social de sujétion et un corps d'extraction, c'est à dire un corps entièrement exposé à la volonté d'un maître, et duquel l'on s'efforce d'obtenir le maximum de rentabilité. Objet corvéable, le Nègre est aussi le nom d'une injure........."
---S'en suit un historique de l'esclavage au cours des siècles, passant des premières servitudes dont se servaient les Portugais, premiers explorateurs de l'Afrique, à l'utilisation faite par les espagnols dans des equipages de marins, de leur participation  des campagnes militaires à la decouverte de l'Amerique notamment aux côtés d'Hernan Cortès en 1519 lors de son assaut sur le Mexique.Puis après 1492, le commerce triangulaire, le développement de la créolisation, brassage de religions et de cultures, developpement du capitalisme dont il ont été la main d'oeuvre, colonisation dont ils ont été également les victimes
Ainsi : "cette petite province de la planète qu'est l'Europe s'installe progressivement dans une position de capitanat sur le reste du monde."
"Parallèlement, se mettent en place, notamment au cours du XVIII° siècle, plusieurs discours de vérité sur la nature, la spécificité et les formes du vivant, les qualités, traits et caractères des êtres humains, voire de populations entières que l'on spécifie en termes d'espèces, de genres ou de races et que l'on classe le long d'une ligne verticale."


mots-clés : #essai #racisme #segregation
par Chamaco
le Dim 4 Déc - 11:31
 
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Sujet: Achille Mbembe
Réponses: 1
Vues: 780

Marc Dugain et Christophe Labbé

Marc Dugain
Né en 1957

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 685110

Marc Dugain nait le 3 mai 1957 au Sénégal où son père est coopérant1. Il revient en France à huit ans ; durant son enfance, il accompagne son grand-père (Eugène Fournier) à La maison des Gueules cassées de Moussy-le-Vieux où il travaillait ; ce château, qui accueillit les soldats de la Première Guerre mondiale mutilés du visage, sera à l'origine de son premier roman, La Chambre des officiers.

Il obtient ensuite un diplôme de l'Institut d'études politiques de Grenoble et un diplôme d'expert-comptable. Il travaille dans la finance au sein du réseau des Caisses d'Épargne et crée une société d'ingénierie financière spécialisée dans le financement des moyens de transport. Il devient entrepreneur dans l'aéronautique et dirige, notamment en 2000, les compagnies aériennes Proteus Airlines et Flandre Air.

À trente-cinq ans, il commence une carrière littéraire en racontant dans La chambre des officiers le destin de son grand-père maternel, "gueule cassée" de la guerre de 14-18. Dès lors, Marc Dugain se consacre entièrement à l'écriture.


source : wikipédia.


Bibliographie :

La Chambre des officiers, 1999
Campagne anglaise, 2000
Heureux comme Dieu en France, 2002
La Malédiction d'Edgar, 2005
Une exécution ordinaire, 2007
En bas, les nuages, 2008 (recueil de nouvelles)
L'Insomnie des étoiles, 2010
Avenue des géants, 2012
L'Emprise, 2014
Quinquennat, 2015
Ultime partie, 2016
L'homme nu. La dictature invisible du numérique (avec Christophe Labbé), 2016.





Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 Labbe_10
Christophe Labbé est journaliste d'investigation au Point.
Spécialisé dans les questions de défense, de police et de renseignement, il est notamment co-auteur de Place Beauvau, L'espion du président et L'Homme nu.

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 Images14

Marc Dugain (avec Christophe Labbé), L’Homme nu. La dictature invisible du numérique

Aurions-nous des raisons d’être inquiets pour notre avenir proche ? A la lecture du livre de Marc Dugain et de Christophe Labbé, on le devrait car ce monde de la révolution numérique a déjà commencé. Et ce que Marc Dugain nous décrit m'a fait froid dans le dos.

Révolution numérique. – C’est la disparition de la vie privée, la mise à nu de l’individu au profit des multinationales américaines, ces fameuses big data (Google, Facebook, Apple, Amazon) qui ont conquis le monde, qui nous tiennent, ou qui détiennent toutes nos informations.
C’est la servitude volontaire, l’état de docilité, la transparence totale qui n’est qu’une glace sans tain, qui amènent au renoncement de la vie privée : toutes les données que nous produisons sont collectées traitées, corrélées : nos habitudes, nos goûts, notre psychologie, notre idéologie. Avec toutes ces nouvelles technologies, tout est gratuit pour l’utilisateur à qui l’ont fait des promesses d’avoir accès à tout, et même à un avenir meilleur. Mais cette gratuité a un revers de médaille : « si vous ne payez pas le client, vous êtes le produit ».
Surveillance et menace sournoise. – Les services de renseignements ont vu l’opportunité pour surveiller le monde. L’industrie numérique à l’heure de la menace mondiale de terrorisme et d’autres insécurités est sous la tutelle de ces agences (NSA surtout, et CIA, FBI). Et l’on ne peut échapper à cette surveillance, nous disent Dugain et Labbé. La planète est sur écoute et l’homme nu sera entièrement dépendant dès avant la fin de ce siècle.
L’Europe, de son côté, verrait cette surveillance comme un modèle à suivre compte tenu du risque terroriste. Le renforcement de la surveillance électronique se fait au détriment de la surveillance humaine. Les fichés S, connus des services de renseignements n’ont pu être arrêtés car le renseignement humain est désinvesti, nous expliquent-ils.
Ce n’est pas tout, ils ajoutent que les big data eux-mêmes ont soufflé sur les braises du radicalisme islamique. Et qu’à l’inverse, les réseaux sociaux ont permis à Al-Qaida de diffuser son idéologie mortifère (via Facebook entre autres).
L’avenir c’est aussi les objets connectés : les smartphones, les montres, les caméras, sont des entités communicantes avec des capteurs, puces sans contacts, compteurs connectés, tous ces objets intelligents vont nous obéir et nous épier, et en 2020, leur nombre sera de 30 milliards. Les big data ne nous laisseront aucune parcelle de zone blanche. Bientôt, disent Dugain et Labbé, les voitures seront autonomes, dans des villes intelligentes avec des capteurs sur la chaussée, les réverbères, les poubelles… les caméras seront capables de lire sur les lèvres. L’univers commercial n’est pas en reste, c'est un marché colossal qui vient au-devant de l’individu, il connaît tout de vous. C’est le primat de la vérité numérique.
Nous sommes pris dans la Toile, prisonniers de la toile d’araignée, la Matrice.

Pas rassurant : Google (la plus grosse entreprise du monde) scanne nos mails, et Facebook récupère les infos de 1,5 milliard d’humains, tout cela fourni par nous-mêmes et aussi par le biais de sites partenaires. Tout est bon pour intensifier la collecte. Chacun émet le plus de données possibles gratuitement : photos, documents administratifs, romans... La vie privée, selon l’un des fondateurs d’Internet, est devenue une anomalie. Tout est désormais paramétré. Même débranchés, nous restons sous l’œil du Grand Inquisiteur.

Notre santé est sous les feux de la rampe tout comme la presse : check-up permanent, prédiction d’épidémies, promesse d’une vie meilleure, combien cette hyperconnexion va-t-elle nous coûter? Les big data ont un impact puissant sur la presse, soumise elle aussi à la machine, choisissent les articles qui auront une visibilité, ou pas du tout, et influencent l’économie mondiale.

La devise des big data et de la révolution numérique c’est la loi de Gabor « tout ce qui est techniquement faisable doit être réalisé, que cette réalisation soit jugée moralement bonne ou condamnable ».

L’Etat devient l’obstacle à abattre, considéré comme une industrie inefficace et la démocratie est devenue inadaptée. Il y a donc une volonté d’en finir avec cette encombrante démocratie. Place à la gouvernementalité algorithmique. « Une course à mort est engagée entre la technologie et la politique », dit Peter Thiel, créateur de Paypal, l’une des plus grosses multinationales américaines. NSA, CIA et FBI ont décroché d’énormes moyens technologiques pour espionner la planète entière et des budgets pharaoniques sont débloqués.
Ce n’est pas un projet, disent les deux auteurs de ce livre, mais une réalité qui se construit à très grande vitesse.

Un livre très intéressant mais pessimiste. Notre époque est très dure, mais je veux encore croire en l’homme, à sa créativité, à une société plus dynamique qui saura optimiser toutes ces technologies et garder son humanité.


mots-clés : #essai
par Barcarole
le Sam 3 Déc - 19:24
 
Rechercher dans: Sciences humaines
Sujet: Marc Dugain et Christophe Labbé
Réponses: 7
Vues: 805

Jean-Yves Jouannais

Artistes sans œuvres

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 9 Sans1011


Artistes sans œuvres est une invitation à penser la littérature hors du livre, à s'interroger sur certaines figures qui n'ont jamais publié mais ont imprimé leur marque sur la création artistique.
 
De Jacques Vaché dont Breton fera l'un des tous premiers écrivains sans livre à Marcel Duchamp en passant par le fameux (pour ne pas dire fumeux) Félicien Marbœuf inventé pour l'occasion, Jouannais déroule un catalogue abrasif d'artistes sans postérité matérielle, sans support écrit, physique, auditif ou visuel, ce qui ne veut pas dire sans oeuvres.
 
De ceux qui inspirèrent les autres sans jamais rien produire (Felix Fénéon, Pepin Bello ou Armand Robin), de ceux qui ne publièrent rien de leur vivant (Joseph Joubert), ceux dont l'œuvre fut anéantie par le temps (Antisthène), des 'héros de l'Art Brut' chers à Dubuffet, Jouannais ne cesse de poser la question de l'absence d'œuvre, de l'intérêt de l'objet comme œuvre d'art, de l'importance du geste créatif. L'art contemporain ne relevant plus de la souffrance, du travail mais se substituant au labeur par mutisme, copie complète ou musées imaginaires, la question est de savoir où et comment on peut rendre compte de ces œuvres ou plutôt de ces non-œuvres.
 
De Roland Barthes écrivant des essais pour ne pas écrire le roman qu'il voudrait, de la pose du dandy, esthète absolu désirant faire de sa vie une œuvre d'art, de l'excentrique dont en effet chaque geste pourrait s'inscrire dans une chanson de geste, de Borgès imaginant Pierre Ménard copiant mot à mot le Don Quichotte de Cervantès ou qui passe le plus clair de son temps d'écriture à compiler les œuvres des autres, de Marcel Duchamp mettant en œuvre la mort annoncée de l'art rétinien et se complaisant à ne rien produire, jusqu'à Rauschenberg qui en grattant une peinture de Willem de Kooning amène l'œuvre à sa propre destruction, atomisation, inexistence.
 
De l'art conceptuel comme art dont l'objectif est la dématérialisation de l'art, aux arts idiots c'est-à-dire singulier, donnant à l'instantanéité du geste une dimension qui questionne le rapport au temps de l'œuvre, du pas franchi aisément qui conduit du dandy au dilettante et du dilettante à l'amateur (dans le sens de Barthes), jusqu'à la célébration ultime de ce qui n'a pas eu lieu.
 
Jouannais nous convie à un bien étrange voyage en terre inconnue, illisible parce que illusoire, non avenue, incréée.

Mais tout de même, le grand absent de cet essai est le lecteur lui-même ou le spectateur, du moins celui qui reçoit (ne reçoit pas) l'œuvre. Qu'en est-il du 'réceptionneur' du XXème siècle et du XXIème ? Quels sont ceux qui vont écouter les 24 mn silencieuse d'une œuvre de John Cage, qui s'intéresse à la non-œuvre de Duchamp (celle qu'il n'a pas peinte, pas modélisée), qui croit encore à l'éphémère dilettantisme des artistes sans œuvres et les revendiquent ? Que sommes-nous devenus, nous lecteurs, nous spectateurs, visiteurs de musée dans lesquels les performances artistiques ne peuvent plus être accrochées aux murs puisqu'elles sont par essence 'des actions d'une seule fois'. Que faire de cet art, comment le cataloguer ? Comment le reconnaître ? Comment l'aimer ?
 
Il semblerait que le nombre d'artistes sans œuvres, du moins d'artistes ne proposant plus des œuvres tangibles soit en augmentation, alors il est intéressant de se poser la question de leur place, de leur réception, dans le champ culturel et chez les 'amateurs' d'art.
 
On peut aussi se demander jusqu'où peut aller cette forme d'art, si elle ne prédit pas une fin totale de la 'représentation' du monde, de l'être, des objets qui nous entourent. Est-ce à dire que nous tombons dans une forme de cécité artistique ou que cette absence d'objets ouvre une nouvelle ère ?
 
Toutes ces questions restent en suspens. Dommage. J'aurais aimé que Jouannais creuse encore plus loin sa réflexion, mais il se peut que les réponses à ces questions se trouvent en chacun de nous et que ce soit notre 'charge' de les penser.
 
Ce livre est écrit comme une sorte d'hommages à ceux qui n'ont rien laissé derrière eux ou si peu, il est bourré d'anecdotes, de situations, d'interrogations, il pourrait être considéré comme étonnant puisqu'il donne à Jouannais la possibilité d'écrire une œuvre sur l'absence d'œuvre, sur la non-création, mais il révèle au fond la belle puissance de l'homme dépassant la production d'objets et faisant travailler à plein son propre imaginaire.
 
A la fois passionné, érudit et ludique.


mots-clés : #creationartistique #essai
par shanidar
le Ven 2 Déc - 16:31
 
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Sujet: Jean-Yves Jouannais
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