Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Sam 27 Avr - 18:30

223 résultats trouvés pour nature

Henri Bosco

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Le mas Théotime

C’est tellement de sentiments, d’émotions, la lecture de ce livre, mais c’est avant tout un grand amour pour la Terre et tout ce qu’elle offre à l’être humain ; Terre nourriture du corps mais aussi de l’âme.
Sortant de ma lecture de Simone Weil, j’ai retrouvé dans ce livre sa pensée :  le salut par le travail, le travail salvateur de la Terre et qui conduit vers  la sérénité, la pureté  et plus, vers Dieu.
« Or dans la solitude des champs, des bois et des collines, si quelque aliment pur ne nous soutient, il peut nous arriver d’abandonner, sans le savoir, l’exercice des facultés humaines et de perdre le sentiment et la jouissance des biens intérieurs. Ce sont de vieux biens, depuis longtemps déposés en nous par la patiente communauté des hommes, et qu’ ils nous ont légués pour nous permettre justement de passer sur la terre, sans trop de terreur ni de désespoir. Quand nous les perdons, il ne nous reste plus que notre chair à opposer au monde, et nous savons trop le peu qu’elle pèse. »
« Le travail qui nous occupait du matin au soir, rudement, maintint notre souci commun dans les lieux solides et sains de l’âme. »

« Ils savaient simplement de père en fils, que ces grands actes agricoles sont réglés par le passage des saisons ; et que les saisons relèvent de Dieu. En respectant leur majesté,  ils se sont accordés à la pensée du monde, et ainsi ils ont été justes, religieux. »


Mais comme l’Homme et la Femme  ne sont que des humains ils ont aussi des bonheurs et des malheurs terrestres ; l’amour en est un. Celui qui unit Geneviève et Pascal est malheur par la force de leur cœur sauvage, et bonheur  quand ils comprennent et acceptent qu’il ne vive que dans leur âme,  en le consommant ils le perdraient.

Il y a beaucoup de respect et d’amitié dans les relations entre Pascal et les Alibert, cette famille représente avec honneur la vie de l’homme de la terre,  celui qui  sait s’en faire une alliée.  Le lecteur sent  dans les mots de l’auteur tout le respect que lui-même accorde à ces paysans :
« Elle respirait le bonheur. Et de la voir ainsi je me sentais heureux, parce qu’elle  était grande, belle, et qu’elle marchait près de moi, avec la confiance, à pas lents, comme une vraie femme de la terre. »

Quand Clodius est assassiné à la lecture du testament Pascal découvre la justesse avec laquelle le disparu  l’a jugé puisqu’il lui lègue tout ses biens, à lui alors que tant de haine les  a fait ennemis, mais dont le même sang coule dans les  veines ; c’est avec humilité et honneur qu’il acceptera les devoirs qui y sont rattachés.

« Dans la pièce il y avait Clodius, et il était vivant. On venait d’entendre sa voix, dure, ironique, mais mâle et d’une sorte de grandeur qui nous dominait, même moi, qui l’avais haï, et qui savais pourtant ce que peut inspirer un cœur sauvage. Du mien, une sorte d’amour aussi farouche partait vers lui, et je me disais, tout en moi, avec un orgueil chaud et sombre, que c’était mon sang qui venait de parler. »

Difficile de comprendre, à part au premier abord, dans les premières minutes où Pascal comprend que celui qu’il abrite est l’assassin, la raison de la non-dénonciation.  C’est qu’il ne faut pas oublier l’hospitalité dû à celui qui la réclame, l’asile en quelque sorte.

« Le sens de l’hospitalité l’avait emporté sur le sens moral. »

Quel désarroi ensuite pour Pascal lorsqu’il comprend qu’il se trouve complice de cet homme, mais Théotime le sauve de  l’acte vil, la dénonciation qu’il s’apprête à faire alors que la décision de Geneviève le bouleverse  et qu’il comprend que la séparation est définitive :

« Je fis un pas ; mais, quoique je n’eusse pas honte , tant je brûlais de douleur et de jalousie, je fus arrêté. Une brise m’avait apporté une odeur de fumée que je connaissais bien. Il était six heures, et Marthe venait d’allumer du feu à Théotime pour mon déjeuner du matin.  Malgré moi je me retournais pour regarder ma maison. »

Geneviève qui vivra désormais dans la sérénité qu’offre la piété, donne à Pascal un dernier gage d’amour, en lui offrant l’Ermitage de St-Jean, en tant que Maître il redonnera vit à la fête de Noël « le feu des bergers ».
Pascal vivra ses obligations envers la Terre, ses gens, Théotime  dans la solitude, le respect et l’amitié des Alibert,  avec l’apport de tous les » Vieux  Biens » légués par ses ancêtres.

Une lecture qui illumine, qui apporte la sérénité, les bienfaits de la Terre et un espoir en et pour  l’Homme.
Beaucoup de poésie dans les mots, l’auteur  fouille au plus secret des cœurs et des âmes, n’en cache pas la noirceur mais sait en élever aussi le meilleur.

l'Ermitage de St-Jean du Puy à l'heure d'aujourd'hui

Tag nature sur Des Choses à lire - Page 11 Img_2013



mots-clés : #education #famille #initiatique #insularite #nature #ruralité #vengeance

_________________
Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journée pour soi est un esclave. » Friedrich Nietzsche
par Bédoulène
le Sam 10 Déc - 17:09
 
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Sujet: Henri Bosco
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Edward Abbey

Le feu sur la montagne

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  A chaque fois, je regardais, fasciné, ce paysage mort comme la lune et je me demandais : qu'est ce qu'il y a là-bas? Et à chaque fois je répondais : il y a quelque chose là-bas – peut-être tout. Le désert m'apparaissait comme une sorte de Paradis. Aujourd'hui encore. Toujours


Cc'est l’histoire d'un vieux ronchon retiré dans son ranch, qui est toute sa vie et celle de ses ancêtres, un ranch que son grand-père a arraché jadis aux Indiens. Un homme qui se ressource jour après jour à la nature, qui vit de son contact avec les bêtes, un amoureux-fou du désert. Et que l'armée américaine veut déloger.
Et avec tout ce que cela implique de fureur et de folie, il résiste. Il résiste jusqu’au bout, on s'en doute depuis  le début. Boutefeu déchirant et enragé, roi déchu de son royaume, fidèle jusqu'au bout du bout.

Et, à côté de lui, il y a Billy, son petit fils de 12 ans, enfant aimé et aimant, son portrait tout craché,– qui raconte, avec la pureté et intransigeance de l'enfance -,  et Lee, l'ami de toujours, qui comprend tout, qui sait tout. Car, sous cette chaleur accablante, la filiation et l’amitié, sont avec son ranch les valeurs cruciales que John vénère.

Si Abbey nous livre une histoire d'une simplicité biblique, elle ne tombe jamais dans la caricature et le manichéisme. Il nous offre  au contraire des portraits d’hommes forts, touchants, déchirés et déchirants (oui, il faut bien dire que l'unique femme fait la vaisselle) dans un livre qui est d'une grande tristesse, car ils perdent ; mais est-ce si sûr ? Car ils ont lutté, et ils se sont aimés. Et un garçon gardera cela comme une force en son cœur, il apprend que nous vivons dans un monde dur, où on ne peut avoir tout ce qu'on veut, mais où un petit-fils peut aider son grand-père à garder sa fierté.
La prose est d'une simplicité magnifique pour exprimer cette communion magique avec la nature, la complicité avec les chevaux, la splendeur colorée des paysages désertiques.

Il y a du Vieil homme et la mer dans ce bouquin, une espèce de sobriété pleine de panache, l'enfant, le lion, les éléments à la fois hostiles et hospitaliers, le sens d'une vie, le dernier combat.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nature
par topocl
le Sam 10 Déc - 16:57
 
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Sujet: Edward Abbey
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Sarah Hall

Je vois que comme moi, Nadine, ton enthousiasme est tempéré.

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La frontière du loup


Sans parler de grand livre, j'ai pris plaisir à lire La frontière du loup, malgré quelques incohérences psychologiques, et une fin séduisante mais rocambolesque.

C'est sans doute en partie dû à  ce thème fascinant , à  la fois fou et raisonnable, de la réintroduction du loup dans des territoires qu'il a abandonnés. Mais aussi au style très personnel , concentré et étudié, mêlant action et lenteur, qui donne une vie extraordinaire à ces paysages de la Combrie (région anglaise frontalière de l'Écosse), à leur évolution au fil des saisons, et de leur puissante emprise sur les personnages. On  y découvre aussi un personnage de femme indépendante à qui la mort de sa mère, l'enfant qui naît, le retour pays natal permettent  de passer le cap d'une existence plus partagée.

À tous les niveaux : le territoire, l'espèce lupine, la société des humains, épanouissement de l'individu, il est question de la complexe frontière entre le sauvage et l'  apprivoisé


mots-clés : #nature
par topocl
le Sam 10 Déc - 16:15
 
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Lance Weller

Wilderness


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Fatigué, malade, désespéré de souvenirs, le vieil Abel se met en marche avec son chien Buster, au crépuscule de sa vie. Lance Weller raconte sa longue marche et entrecoupe ce récit de l’histoire de cet  ancien soldat sudiste de la Guerre de Sécession. Les péripéties qu’il rencontre au fil de son voyage, où il croise des hommes bons et de fieffés coquins, montrent que, si la guerre a changé les textes, elle n’a pas changé tous les hommes.
En parallèle à ce parcours, en chapitres alternés, Lance Weller rapporte la bataille de Wilderness, l’une des batailles les plus meurtrières de cette guerre, et c’est un récit de guerre passionant à la fois instructif et bouleversant . Abel, marqué à vie par ces atrocités, en est  aussi changé dans son cœur,

Ce que je retiendrai (peut-être ) de ce livre, c’est, au sein d ‘une telle violence, la douceur rude des relations entre certains individus, le compagnonnage d’un homme avec son chien. C’est aussi la nature, personnage premier du roman face à la dureté des hommes. Une nature sauvage et somptueuse, alternativement hostile et salvatrice, à laquelle les hommes se mêlent intimement, qui les emplit, les nourrit, les fait rêver, par ses bruits, ses couleurs, ses lumières. Ah ! les lumières et leurs changements, c’est époustouflant. J’ai retrouvé souvent l’émotion étrange et la poésie douloureuse du Dormeur du val.

Il y a là une émotion troublante, qui monte peu à peu et s’épanouit dans une fin d’un lyrisme magique, l’histoire d’une humanité retrouvée. Car comme Abel dans sa solitude assumée, nous nous raccrochons aux mains tendues pour ne pas sombrer dans le désespoir d’un monde terrifiant.


 
wikipedia a écrit:  La bataille de la Wilderness est une bataille de la guerre de Sécession qui se déroula du 5 au 6 mai 1864 entre les armées du général nordiste Ulysses S. Grant et celle du général sudiste Robert E. Lee

   Lors de l'hiver 1863-1864 les armées nordiste et sudiste avaient hiverné à quelques kilomètres de distance, séparées seulement par la Rapidan river. Dès le retour du printemps, le général Grant avait tenté sans succès de déloger Lee de ses positions, mais ce dernier savait que le but du général nordiste était de l'entraîner dans la Wilderness, une zone forestière sombre et dense de 180 km², déjà théâtre de furieux combats lors de la bataille de Chancellorsville un an plus tôt. Lee laissa les fédéraux traverser la Rapidan River pour pouvoir les attaquer de flanc alors que les nordistes passeraient dans la Wilderness. C'est ainsi que le 5 mai les avants gardes des deux armées se rencontrèrent. À la fin de la bataille, les deux armées n'ont ni progressé ni reculé. Mais pour la première fois depuis le début de la guerre, un général nordiste, malgré de lourdes pertes (17 000 nordistes et 10 000 sudistes), ne bat pas en retraite et se prépare à mener une autre bataille.

   La nature du champ de bataille — une forêt — fut la cause de tirs fratricides fréquents. De nombreux incendies furent fatals aux blessés qui n'étaient plus en état de se déplacer.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nature #guerre
par topocl
le Sam 10 Déc - 11:11
 
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Sujet: Lance Weller
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John Vaillant

L'Arbre d'or

Tag nature sur Des Choses à lire - Page 11 Index119

Les îles de la Reine Charlotte, battues par les pluies du Pacifique Nord, s’étendent au large de la Colombie Britannique. Les autochtones sont les Haïdas, un peuple fier de ses légendes fondatrices et de ses totems. Après avoir anihilé les colonies de loutres de mer dans le juteux commerce des peaux, les Anglo-Amériacains se sont ensuite  intéressés aux forêts, d'immenses forêts qui ne sont que la continuité de la forêt primaire qui recouvrait toute la côte ouest de l'Amérique du Nord. Le bois, c'est de l'énergie, , c'est le premier matériau des bateaux, d'où la puissance, et c'est aussi le confort. C'est une matière première multi-usages, qui a déjà justifié l'élimination de toutes les grandes forêts européennes, mais ici, les paysages sont si géants qu'on veut bien croire qu'elle sera inépuisable.


   La question qui occupait les esprits n'était pas de savoir comment préserver ou gérer la forêt, mais comment s'en rendre maître, accomplir le « destin manifeste » et transformer cette étendue infinie d'arbres et cette terre en quelque chose de productif.


A la suite des colons, les Haïdas eux-mêmes ont ainsi mis le premier doigt dans l'engrenage du commerce, du capitalisme,  de l'acculturation et de la dévastation forestière.

Au sein des coupes claires qui ont décimé ces forêts, les Compagnies d'exploitation forestière ont eu le bon goût d'épargner quelques zones symboliquement protégées, quelques arbres prototypiques, et, parmi eux, L'Arbre d'or, un épicea de Sitka vieux de trois cent ans, haut de 50 mètres, un arbre géant, mutant aux aiguilles d'or, quasi unique, porteur, à travers de nombreuses légendes en lien avec la fondation du monde, de toute l'âme du peuple Haïda.

Dans ces forêts à la fois fascinantes et inhospitalières travaillent des hommes rudes, totalement investis à leur tâche, de grands amoureux de la nature. Parmi eux, au fil du temps , un certain nombre comprend qu'exercer ce métier, c'est détruire un monde magique, renier ses racines, courir à sa perte, spolier la génération de ses enfants.

   «  Huit cents ans pour pousser et vingt cinq minutes pour être mis à terre, comme le résume un ancien bûcheron de Colombie Britannique. C'est triste, mais c'est un gagne-pain. »



Parmi eux, Grant Hadwin, figure sauvage et dévastée dont la destinée va croiser dramatiquement celle de l'Arbre d'Or.


A travers l'histoire de Grant Hadwin et de l'Arbre d'or, John Vaillant nous transmet un savoir encyclopédique, tout à la fois géographique, historique,  botanique, anthropologique et un questionnement écologique terrifiant.
La destruction des paysages et des écosystèmes, soigneusement organisée par les Compagnies forestières dévastatrices,  se développe en parallèle avec l'extinction progressive du peuple Haïda, dont seuls 30 individus parlent encore la langue.

Formidable conteur qui a récolté des dizaines de témoignages et de lectures, John Vaillant explore avec consternation ces exactions et leurs conséquences. Il accuse mais plaide aussi  coupable : à son échelle n'adopte-il pas (et n'adoptons nous pas tous) le même mode  de fonctionnement en consommant sans réflexion au quotidien vite et pas cher ?
Et si une note optimiste conclue le livre (regroupement du peuple Haïda pour défendre ses droits et retrouver ses traditions, bouturages des arbres rares, reforestation) n'est-il pas déjà trop tard ?

L'Arbre d'or est un livre tout à la fois érudit et limpide, un livre militant aussi, qui plaira tant aux amateurs d'Histoire qu'aux amoureux de la nature ou des peuples anciens, mais aussi à tous les lecteurs qui aiment les livres-chocs qu'on parcourt sans reprendre son souffle car

Laissez-moi vous dire une chose à propos d'histoires[dit-il]
Elles ne servent pas qu'à divertir.
Ne croyez pas ça.
Elles sont tout ce que nous possédons, voyez-vous,
Tout ce que nous avons pour nous battre
Contre la maladie et la mort.

Leslie Marmon Silko, «  Cérémonie », citée par John Vaillant



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #minoriteethnique #nature
par topocl
le Sam 10 Déc - 10:56
 
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John Vaillant

Le tigre
Une histoire de survie dans la taïga


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Le tigre, objet de toutes les hallucinations, mélange de noblesse et de cruauté.

   Pour qui suit la trace d'un tigre, il n'existe qu'une certitude : tôt ou tard, elle vous mènera à l'animal, sauf si vous a trouvé avant.



Nous sommes dans le Primorié, à la frontière sino-russe, au delà du bout du Transibérien. Un lieu où, il n'y a pas si longtemps, Moscou expatriait ses opposants (ou soi-disant elle) dans des camps.

Tag nature sur Des Choses à lire - Page 11 Primor10

Là, au sein de la taïga ,vivent des hommes, dans des conditions effroyables, et un demi millier de tigres gigantesques, adulés autant que redoutés, dont l’aura confine à la divinité. Les croyances et l'expérience apprennent que les deux espèces sont capables de vivre en bonne intelligence, tant que l’une ne franchit pas les limites accordées par l'autre.

C'est ce qui se passe lorsque, le 7 décembre 1997, on découvre le corps d'un braconnier, déchiqueté et dévoré par une tigresse. Iouri Trouch, et son équipe, « l'inspection Tigre », un organisme chargé de la surveillance du territoire et de la protection du tigre, entreprend une enquête, puis une traque, à la recherche du tigre mangeur d'hommes.

On suit  ces hommes, chasseurs ou anciens soldats, ainsi que les habitants de Sobolonié, braconniers pour la plupart : leurs actes, leurs croyances, leurs peurs, leurs positions divergentes vis-à-vis de l'écologie, de la protection du tigre. C'est  une aventure vivanteet passionnante,  qu’on n’ a pas envie de lâcher une minute.

John Vaillant en profite pour nous livrer des considérations/informations économiques, géopolitiques, historiques, anthropologiques sur cette zone de vie abandonnée de tous, et des données zoologiques, éthologiques, écologique, sur  les tigres, les prédateurs et les écosystèmes. C’est très instructif et le plus souvent très intéressant, même si cela casse au début un peu le rythme du récit, qui reprend ses droits dans la 2e partie.

Au total, une lecture  passionnante, mêlant réflexion et roman d'aventure, un plaidoyer pour les tigres et l'écologie.


   L'idée que les animaux aient pu nous enseigner la lecture peut paraître aberrante, mais écouter des chasseurs expérimentés analyser les signes laissés par un tigre n'est guère différent d'écouter un étudiant en littérature décortiquer une nouvelle.Dans les deux cas, l'exercice consiste à interpréter d'infimes détails, jusqu'au positionnement et aux altérations de certains éléments afin d'en dégager un thème, un substrat, une trame narrative.De même un jeu d'empreintes peut posséder ses propres accents, ses signes diacritiques qui permettent de lire une intention dans la marque d'un pas. Sur une piste empruntée par le gibier, comme dans un roman de Tolstoï, il arrive que plusieurs personnages et plusieurs intrigues s'entremêlent avec une subtilité, un pathos et un tension dramatique palpitants. Déchiffrer ces palimpsestes peut s'avérer plus ardu que de lire les lettres aux lignes entrecroisées de l'époque victorienne et les récits qu'ils racontent sont parfois plus difficiles à suivre que l’œuvre expérimentale la plus hermétique.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nature
par topocl
le Sam 10 Déc - 10:54
 
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Sujet: John Vaillant
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Wallace Stegner

La vie obstinée

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Je viens de finir La Vie Obstinée, ayant lu Vue cavalière il y a quelques semaines. Je les lis donc à l’envers par rapport à la chronologie.

Je trouve que dans ce livre Wallace Stegner exprime une vision de la vie totalement désespérée et tragique . Joe Allston s’est retiré au fin fond d’un vallon idyllique de la Californie. Ses descriptions de son refuge bucolique sont stupéfiantes, la nature est pour lui l’échappatoire, il fuit un monde qu’il ne reconnaît plus, où ses valeurs n’ont plus cout et qui le blesse douloureusement.. Mais là encore parasites, rongeurs et maladies altèrent la beauté et la pureté de ce qu’il aime.

D’autres font les mêmes choix d’exil campagnard pour des raisons diverses. Jim Peck le jeune beatnik arrogant et utopiste, aux idéaux pesants, est la réincarnation du fils que Joe a perdu trois ans auparavant sans jamais le comprendre, et réveille les douleur qu’il avait voulu fuir dans cet exil. La confrontation est saignante et douloureuse. Marian, une jeune femme lumineuse, se réfugie ici pour vivre au mieux les derniers mois que lui accorde son cancer.

Il met en elle tous ses espoirs : en Marian, la fille qu’il n’a pas eue ,si ouverte , si proche de la vie et de l’amour joyeux, sui profonde. Il compte sur elle pour l’aider à enfin sortir de son pessimisme ronchon. Seulement c’est Marian qui le quitte en premier avec une dignité somptueuse jusque dans ses derniers instants (on pense au personnage de la jeune femme dans D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère). Et oui…les meilleurs s’en vont les premiers et Joe replonge dans son désespoir de misanthrope. Il a cependant l’impression que Marian a ouvert une porte en lui.

C’est Joe qui raconte rétrospectivement ces quelques mois de sa vie, en même temps heureux et douloureux, il le fait avec un recul certain, il voit bien qu’il n’a pas fait les bons choix , que c’est du côté de le joie qu’est la solution, pas du ronchonnage conservateur, mais il ne peut s’en défaire pour autant Il se sent du côté des perdants de la vie, il n’analyse avec une certaine complaisance , mais aussi une grand ironie :

« Recalé en sympathie, j’ai eu à peine menton passable en stoïcisme. En revanche, j’ai décroché le premier prix d’ironie – cette calamité, cette escampette, cette cuirasse, ce moyen de rester planqué tout en jouant les esprits forts. Cuisante leçon que j’ai apprise, si tant est que je l’ai retenue »


Joe Allston est finalement fondamentalement antipathique , mais complètement sympathique et émouvant Un homme avec toutes ses contradictions et ses questionnements, dans un grand aveu de faiblesse et de désespérance
Très attachant, un homme qui s’en sort mal avec la vie, et se repose sur sa douce femme compréhensive, et son coin de vallon verdoyant.

Reste le style enchanteur de Wallace Stegner, alliant humour et tendresse pour ses personnages, qui prend toute son ampleur dans une dernière partie.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nature
par topocl
le Sam 10 Déc - 10:24
 
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Sujet: Wallace Stegner
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Mario Rigoni Stern

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L'histoire de Toenle/Storia di Toenle

Quelle vie Rigoni Stern nous décrit ici ! Et ce Toenle Bintarn a en plus vraiment vecu, et le livre n'est pas juste pure fiction. Il parle de cette région du haut plateau d'Asagio, la capitale des « Sept communes » dans la region de Vénise, un îlot d'une culture minoritaire, les Cimbres. La Grande Histoire et l'histoire personnelle de Toenle sont intimement liées dans cette région théoriquemment si isolée : Toenle y est né dans les années 30 du XIXème siècle quand cela appartenait à l'Autriche. Il servira sous l'empereur François-Josephe. Dans le cadre du Risorgimento la zone deviendra italienne. Ayant blessé un douanier lors d'un passage clandestin de la frontière avec des affaires, il doit dèsormais vivre caché : Avec le début du printemps il travarse toute l'Empire austro-hingroise, de la Galicie et la Hongrie jusqu'à la frontière russe, travaillant dans les mines, comme vendeur, chez des paysans ou des traffiquants… Mais à l'approche de l'hiver, donnant une sécurité relative dans sa patrie si isolée, il revient à la maison, retrouvant sa femme, ses enfants, et souvent un nouveau-né. Et les péripéties continuent jusqu'à un âge avancé...

Toenle va jamais être dupe face aux guerres et conflits; il en a vu des choses! Peut-être on retient les descriptions de la nature, si fortes chez l'auteur: elles vous restent, vous marquent à la lecture. Il y a qualeque chose de si authentique, de vrai. Mais sans difficultés on peut aussi discerner une bonne dose de critique envers la societé.

Souvent Rigoni Stern ne fait qu'effleurer un imae, un sujet. Là où d'autres auraient fait des descriptions sans fin, il brosse un portrait d'un homme originale, avec quelques coups de pinceau.

Quel auteur attachant, à recommander sans modération.


mots-clés : #historique #nature
par tom léo
le Jeu 8 Déc - 22:16
 
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Sujet: Mario Rigoni Stern
Réponses: 19
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Mario Rigoni Stern

C'est grâce à un certain forum que j'ai découvert cet auteur admirable! Aimé pas juste pour ceci ou cela, mais avant tout peut-être pour le sentiment d'être face à un homme simple, droit, proche de la nature, proche aussi de ses camarades... J'ai encore poursuivi la découverte, mais aujourd'hui je mets ici les notes de ma dernière lecture:
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Lointains hivers

Originale: Inverni lontani (Italien, 1999)

CONTENU :
Souvenirs aux « hivers lointains »...

REMARQUES :
Rigoni Stern, déjà vieillissant, se rappelle d'hivers de sa vie, et cela de sa façon inimitable : concrètement, poètiquemment, réaliste… Ce sont des hivers d'époques différentes de sa vie : aussi bien dans le questionnement du froid vécu et ressenti, de la préparation du bois pour se chaffer l'hiver là-haut dans ses montagnes... Donc, il associe l'hiver avec des sujets comme le bois, le froid, la forêt, les préparatifs d'ordres différents, mais aussi avec la préparation par exemple de son
premier pair de skis, des hivers lors de la deuxième guerre, perdu dans l'Est de l'Europe, des camarades morts à ses cotés.

La préparation pour l'hiver fait partie pour des gens comme Rigoni Stern de la vie annuelle dans ses rythmes naturelles. Ceci le met en grande proximité, encore aujourd'hui, avec une grande partie de l'humanité. L'avons-nous oublié qui poussons souvent juste encore des boutons pour faire monter p. ex. la température de nos habitations ? Donc, l'auteur est (encore) tout proche de la nature, des rythmes imposés, proposés par celle-ci.

J'aime cette façon sobre et poètique à la fois de l'auteur ! Recommandable à l'approche de l'hiver, pour une soirée devant le feu...


mots-clés : #nature
par tom léo
le Jeu 8 Déc - 16:07
 
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Sujet: Mario Rigoni Stern
Réponses: 19
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Doug Peacock

Mes années grizzlis

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De mon point de vue, peut-être un peu tordue, sauvegarder les ours était une idée révolutionnaire : une tentative pour empêcher notre monde de devenir complètement dingue.


Les pas de Rick Bass m’ont naturellement embarquée chez Peacock, après un petit détour par Pete Fromm.

Cette fois j’ai vu plein d’ ours, là où Rick Bass passait beaucoup de temps à les pister. Je les ai vus car Peacock a un talent descriptif plutôt fort, pour faire vivre sous nos yeux ces grosses masses de muscles et de griffes qui fascinent les humains, mais ne s’offrent qu’à quelques observateurs plus respectueux que les autres, en l'occurrence Peacock, un grand solitaire rageux, qui fuit ses cauchemars du Vietnam.

Ceux de ma génération ont manifesté contre la guerre, libérant ainsi leur conscience. Moi, je me suis retiré dans les bois et j'ai eu recours à du vin de mauvaise qualité pour obliger ma mémoire à s'endormir.


Cette nature sauvage et inhospitalière, la rudesse de la vie au grand air  sont pour lui comme un cocon salvateur.

Lorsque l'on est assis sur le flanc d’une montagne en pleine tempête, à la recherche de ce que certaines personnes considèrent comme l’animal le plus féroce de ce continent, on éprouve une véritable humilité et une étonnante réceptivité.



Peu à peu, au fil du récit, les pages sur la guerre, aussi évocatrices que celles sur l'aventure-grizzli, se font plus rares, même si des traces continuent à ressurgir jusqu'à la fin du récit.

Cette nuit-là, je dormis profondément. Un sentiment de tolérance et de reconnaissance m’avait envahi, dû probablement au fait de vivre avec l'animal le plus dangereux du continent et d’en accepter les risques inhérents. Je n'étais plus celui qui dominait et je me retrouvais étrangement ouvert et vulnérable.



Et ainsi, Peacock passe 20 ans dans les montagnes à fuir la compagnie des hommes, pas tout à fait celle des femmes. Il n’en règle pas moins ses comptes avec l'impérialisme américain, sa dangereuse tendance à dominer et décimer les hommes et les bêtes.

La façon dont nous nous sommes comportés envers les Indiens, les bisons, les loups et les grizzlis correspond à la manière dont nous avons écrit notre histoire selon des voies convergentes, éclaboussées de sang, qui nous ont conduit où nous en sommes à présent. En dépit du léger remords que nous éprouvons aujourd'hui, nous n'avons aucune excuse.


C’est le portrait d'un impressionnant homme unique, qui voit dans son combat pour sauver les grizzlis une lutte pour une espèce humaine plus libre, plus courageuse, plus chaleureuse. Un homme qui donne à voir et à comprendre des animaux emblématiques entre tous.

La forme du récit est celle de brèves annotations mises côte à côte, autour du fil directeur des grizzlis, au fil des saisons, et il ne faut pas en attendre un début et une fin, une progression, mais plutôt l'évocation par petites touches d'une symbiose qui a duré des années entre un homme et la nature. Cette forme m'a finalement un peu lassée, j'ai fini par sauter des passages sur la fin. Il n'en demeure pas moins que Mes années grizzlis restera un livre marquant.



(commentaire rapatrié)



mots-clés : #autobiographie #guerre #nature
par topocl
le Jeu 8 Déc - 13:32
 
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Sujet: Doug Peacock
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Tim Flannery

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Au plus secret des îles :

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Des îles il va en être question  tout au long de ce livre, mais est-ce les mêmes que celles de Cook ou de Lapérouse.. ?
Flannery s’est rendu aux Salomon, il n’a pas poussé jusqu’aux Santa Cruz, banlieue orientale des Salomon, et donc pas à Vanikoro. Mais sa description des Salomon, de sa faune, de sa flore est édifiante, elle nous apprend que beaucoup de choses sont encore à decouvrir alors qu’une course contre la montre s’est engagée contre les extractions minières et la déforestation, tandis qu’existent encore des regions inexplorées…
Mais c’est surtout Cook et ses voyages qu’a côtoyé Flannery, son ouvrage est une mise en condition confortable de l’amoureux des voyages d’exploration, un partage de la vision du monde scientifique de terrain passionnant et jubilatoire.
Malheureusement ,( à mon sens, et ce n’est pas un reproche, ce livre nous apportant tant) il y manque un lexique des noms et surtout des photographies des animaux dont il parle. Ce dernier manque représentant un obstacle pour un non scientifique.

En 2009 la decouverte d'un rat géant, peut être celui que recherchait Flannery..



mots-clés : #insularite #nature #voyage
par Chamaco
le Jeu 8 Déc - 13:29
 
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Pete Fromm

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Indian Creeks

Pete Fromm, un jeune gars de 20 ans comme les autres, qui aime la fête et les copains, et ne rêve que de liberté et de grands espaces… Sans doute pas tout à fait comme les autres :  il  rêve un peu plus fort . En effet, sur un coup de tête, il lâche la fac et accepte un « job d’hiver » où, pendant 7 mois, il vivra seul avec sa chienne Boone, sous une tente, au milieu de l’immensité enneigée, sans moyens de communication (vraiment aucuns), avec comme seul travail la surveillance d’œufs saumons en incubation au fond de la rivière, qui l’ occupe bien un quart d'heure par jour…

Il va découvrir que la liberté, ça se gagne, ça se paye, ça ce mérite… La solitude, l'ennui, l'angoisse, la multiplicité des difficultés pratiques… C'est dur, mais il finit par apprécier . Avec un humour détonnant, il nous décrit ses déboires, ses découragements, sa lutte contre les éléments, ses grandes balades et ses parties de chasse. Il crève de solitude mais n'est pas du genre à se laisser abattre, et peu à peu il se laisse séduire par cette vie de trappeur, ce défi pour survivre, il prend ses distances par rapport à la « civilisation », et, malgré quelques moments où elle exerce encore sur lui une tentation bien compréhensible, il devient lui-même, un homme fort et autonome, il a gagné !

Les dernières pages, une postface qui constitue un épilogue après l'épilogue, racontent avec toujours la même légèreté et le même humour, comment il est ensuite devenu écrivain, puis père de famille, homme heureux se nourrissant de cette expérience, et sachant  transmettre cette histoire où "contre toute attente, le crétin réussit à s'en tirer".

C'est une aventure totalement incroyable au XXe siècle, un truc unique dont il aurait pu revenir fou mais dont il est sorti grandi. Il arrive à décrire l’ennui sans ennuyer une seconde le lecteur, il se passe finalement beaucoup de choses passionnantes dans ce monde solitaire , les paysages sont magnifiques, les animaux fascinants, on est ému, on rit beaucoup (vraiment). C'est une sacrée leçon de vie.

Je vous poste en prime une jolie photo  de couguar (ou puma, ou Lion des neiges), histoire de vous faire envie

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(commentaire rapatrié)



mots-clés : #nature
par topocl
le Mar 6 Déc - 15:17
 
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Kerstin Ekman

Crimes au bord de l’eau

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Le chemin s’est fait petit à petit, déconcertée au début, quoique séduite par des passages d'une beauté parfois terrifiante, interpellée par une ambiance étrange, j'ai mis du temps à me sentir, petit à petit, happée et à ne plus vouloir lâcher le livre. Une belle découverte !

Le microcosme d’un village suédois replié sur ses certitudes déstabilisé pour des décennies par un crime sauvage et inexpliqué. Un village où l’on s’observe, se tait, où chacun suit son chemin comme il peut, sans bienveillance.

Il se rendit compte que Karl-Ake et lui avaient eu une raison d'être ennemis. Une de ces raisons absurdes, tirées par les cheveux, futiles, qui sous-tendait chaque hostilité de village et qui, comme une dentelle, s'élaborait selon un schéma compliqué. Oui, absurde à en être puérile, presque imaginaire. Mais dont la haine était réelle.


Une nature sauvage et hostile : forêts tapissées de lichens, ombre et eau alternativement splendides et terrifiants évoquent les bois de contes de fées où les enfants se perdent. Les bruits et les odeurs. Le soleil qui luit sans fin la nuit de  la Saint Jean. Dans ce décor terrible et magnifique, les dieux nordiques et les croyances ne sont jamais très loin :

Cela arrivait, il avait parfois l'impression de se trouver au pouvoir de Njord, l'antique dieu des vents et des mers, ruisselant sous une pluie battante entourée de brume.


Les hommes y cherchent leur chemin, personnages écartelés, marqués d’un désespoir poisseux, frappés au coin de la peur, du silence et de la solitude.
Ils signent leur empreinte par le sang, le sperme et les coups.

Un sentier avait couru ici. Couru, oui. Un sentier commençait à courir quand herbe  restait couchée. Été après été. À cause des semelles et  des sabots et du poids et de la répétition de ceux-ci, si bien que la myrtille comprenait et restait à l'écart.


Vingt ans après, la civilisation a pris le dessus, croit-on. On a cru trouver une  certaine sécurité, presque une douceur :

Il aurait voulu qu'elle le  rappelle mais il ne souhaitait pas entendre la sonnerie. Seulement la voix qu'il voulait. La voix tout près de son oreille. Les lèvres, en fait. Les lèvres chaudes et la respiration.


Mais les démons qui n’étaient qu’endormis vont ressurgir avec une violence sauvage. On va savoir. Une vérité ordinaire et glaçante, mais à quel prix… Très curieuse vision d'un monde farouche, et une écriture serrée qui ne donne rien, tout est à trouver. Rude et sombre. L’auteur a une espèce de serpe noire, sans concession, sans fioritures à la place du stylo, d’une lucidité à la limite de la cruauté.

Et ils ne seraient tous les cinq ensemble que le temps du week-end. Cinq baraques en muscles. Et l’odeur d’après-rasage et de cigarettes. D’alcool allongée au soda. Avec le scintillement bleuté des matchs sur l'écran dans la pièce aux rideaux tirés. Les démarrages sur les chapeaux de roues. Et le cafard qui éjaculait de temps en temps. Et Gudrun comme une odeur merdique d’encens dans la maison.
D'où vient la haine ?


Dans la première partie du roman, j’ai eu par moments l’impression d’être aussi désemparée que les personnages, tant l’auteur se refuse à donner les clés,  tant il faut chercher, intuiter. Complètement singulier, d’une noirceur désespérante et en ce sens assez envoûtant, ce roman m’a emportée d’abord par petits moments puis dans une grande vague que rien n’arrête.

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mots-clés : #nature
par topocl
le Mar 6 Déc - 14:57
 
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Rick Bass

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La vie des pierres
Originale : The Lives of Rocks (Anglais/E-U, 2006)

Je partage l'enthousiasme pour Rick Bass dont j'ai lu jusqu'à maintenant quatre ou cinq livres. Mes premières découvertes étaient des recueils de nouvelles que j'ai énormément apprécié. C'était vraiment une «autre» lecture! Voici le premier recueil lu il y a quelque temps :

CONTENU :

Recueil de dix nouvelles de 6 à 70 pages de longueur, qui mettent quasiment toujours en relation des personnes entre eux d'un coté, et dans leurs rapports avec la nature et le difficile équilibre écologique. En détail :

- l'amitié entre deux garçons (Richard et Kirby) et avec Annie. Ils se rencontrent la plupart du temps à l'ombre de bâtiments industriels de la pétrochimie et au bord d'un fleuve pollué. C'est là qu'ils jouent leurs jeux, par exemple avec une grue abandonnée

- le premier élan/cerf chassé et tué par une jeune fille. Deux fermiers plus murs lui montrent comment dépecer la bête : un acte presque mythique d'un savoir faire et le début d'une complicité

- un couple divorcé où c'est la mère qui s'occupe des enfants. Le père, alcoolique, est plein d'admiration pour son cadet, l'observe de loin, cherche sa proximité

- la sortie en kayak de deux amoureux : moment d'une liberté et d'amour immense en pleine nature

- Jyl récupère après son cancer dans la solitude des montagnes et sa maison isolée. Ses prochains voisins : une famille intégriste, occupée de jour et de nuit. Deux des enfants viennent s'occuper un peu d'elle. Début d'une amitié ?

- Transition de quelqu'un de l'état de celui qui «a pris tout le temps» vers quelqu'un qui veut donner et être un militant pour la sauvegarde de sa vallée sauvage (par ailleurs la vallée de l'auteur!). Probablement parmi les récits les plus autobiographiques ?!

- Mètre par mètre un jeune couple avance à travers une tempête avec des vents très forts sur la route encombrée par les arbres tombés, pour aller en ville : elle devrait s'y rendre pour accoucher

- deux amis essaient avec enthousiasme mais aussi un peu d'amateurisme de monter une ferme de bétail. Nouvelle assez drolatique où ils vont tomber sur un vendeur d'un espèce rare...

- deux frères : Sam et le narrateur Jackie. Sam est assez entreprenant et entame une relation avec la professeur de Jackie, d'une dizaine d'année plus âgée...

- encore une fois deux frères : l'un avec un caractère d'exploiteur, avide, affamé à l'argent et la grandeur. Le narrateur par contre paraît d'un naturel rêveur, poétique, proche de la nature. Lors de vacances familiales il devient témoin d'un phénomène devenu après presque inexistant : une sorte de raz-de-marée d'eau douce dans le golfe de Mexique après de fortes pluie en montagnes.


REMARQUES :

Dans notre bibliothèque j'avais par deux reprises ce livre dans les mains avant de ne le prendre finalement à cause de la 4ème de couverture attirante (Christian Bourgeois). Non, je ne le connaissais pas avant. Et que je le dise toute de suite : quelle excellente choix, quel beau livre. Toutes ces nouvelles m'ont plu, avec mention spécial pour « La vie des pierres » ?! On y trouve une langue soignée, mais avant tout un contenu qui lie une conscience écologique (sans idéologie) avec une bonne dose d'humour et une connaissance de relations entre humains, et de l'être humain avec son impacte dans la nature.

Dans toutes ses nouvelles paraissent plus ou moins tardivement un problème, un phénomène, un fait de la nature, de l'ordre de l'écologie : le fragile équilibre entre les différents vecteurs et acteurs dans et de la nature. Celle-ci est d'un coté dotée de quelque chose d'immuable, de majestueuse, d'éternelle (les rochers!!! De là peut-être la forte et sensible attirance pour la géologie qui est à plusieurs reprises le métier de protagonistes des nouvelles ET aussi le métier d'origine de Rick Bass?). Mais dans ses formes de vie elle est fragile, soumise à l'ingérence, menacée par l'exploitation par les hommes.

Alors transparaît des fois très distinctement la révolte de l'auteur, de Rick Bass, et on devine son militantisme pour la cause écologique. Écriture et vie semblent se compléter en sa vie. Malgré la résignation des fois possible face à la tâche, il n'accuse pas juste et simplement, il ne semble pas devenir amère à l'extrême et «imbuvable». Des fois je sentais plutôt une forme de profonde mélancolie, une forme de tristesse ou nostalgie qui pourtant ne baissent pas les bras. Pour lui la nature dans toutes ses dimensions (faune, flore et minéralogique) n'est pas seulement une entité à respecter pour des besoins égoïstes, mais aussi des valeurs en soi, détenteur d'une forme de grandeur, voir de dignité, de «vie». Cela ne peut que provoquer en nous une forme d'humilité et de respect profond (en allemand on dirait «Ehrfurcht»).

Parfois nous nous trouvons dans ses nouvelles dans des situations où d'autres auteurs auraient à coup sûr choisi une fin spectaculaire, catastrophique, etc. Rien de tel chez Rick Bass. Il n'a pas besoin de ces artifices. On trouve malgré la gravité de certains propos une forme d'humour et bizarrement même de légèreté qui rendent la lecture tellement agréable. Il utilise ce faisant une langue concrète, descriptive, pas de tout, à mon avis, «de facture ou d'apparence intello». Donc une très belle découverte qui a mené peut-être vers d'autres lectures!



mots-clés : #nouvelle #nature
par tom léo
le Lun 5 Déc - 16:51
 
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Sujet: Rick Bass
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Rick Bass

Tu peux tenter celui-ci, aussi:

Le livre de Yaak

Tag nature sur Des Choses à lire - Page 11 31akux10

Certains trouvent l’être qui comblera leur vie, Rick Bass, lui, a trouvé le lieu qui comble sa vie, lui donne accès à la sérénité, en complète adéquation avec lui-même : c'est la vallée de Yaak, une vallée sauvage du Montana, où il vit depuis 20 ans, en compagnie de quelques autres originaux, non loin de grizzlis, de loups, de coyotes, d’élans :





Depuis 20 ans, il œuvre pour la protection de ce lieu magique. Le raconter fait parti de son combat. Et c'est un merveilleux conteur :  il donne une âme à cette vallée, nous introduit dans l'intimité des forêts, des animaux, nous communique sa passion et son respect pour ces terres sauvages :



Un petit ouvrage tout en  simplicité , d’une nécessité fondamentale dans un combat pour rester à l'écoute de la nature, d’où nous venons, et donc de nous-mêmes :




C'est beau, passionnant, instructif, et plus qu’émouvant :



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nature
par topocl
le Lun 5 Déc - 10:49
 
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Sujet: Rick Bass
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Rick Bass

Nadine a écrit:Une amie me l'a toujours chaudement recommandé. J'ai du coup lu Winter, qu'elle avait eue la gentillesse de m'offrir. j'aimerais bien avoir ton retour sur ce titre là ?


Je l'ai beaucoup aimé, Winter :

Tag nature sur Des Choses à lire - Page 11 Images54

J'ai adoré Winter, où Rick Bass raconte comment, à 29 ans, il fait le choix de vivre avec sa compagne dans la vallée du Yaak, sauvage, retirée, resplendissante, loin des hommes, fermée par la neige en hiver, à écrire et stocker son bois :

C'était comme de partir au combat, ou de tomber amoureux, ou d'émerger d'un rêve délicieux, ou d'y sombrer : comme de marcher dans de l'eau froide par un jour d'automne.


Comment cette expérience l'a transformé, bonifié, l'a inscrit dans sa lignée :

je suis l'homme le plus riche du monde


Il raconte cela avec une  poésie chatoyante :

Il n'y a rien de plus excitant que le vent. Si, un nouvel amour - et puis le vent. Mais le vent a toujours été là. Avant même de connaître l'amour, vous connaissiez le vent. Le vent était capable de vous griser quand vous étiez petit, et il le peut encore, il ne s'en privera pas.


...un humour léger :

Peut-être va-t-il tomber toute la neige du monde, ensevelissant tout, le silence total, et ensuite je ressortirai au printemps différent, plus propre, pas tellement régénéré que renforcé. Je rirai d'un plus grand nombre de choses, et je ne m'emporterai plus autant contre la décadence, la paresse, la tricherie et le temps volé, la vérité volée, en commençant par le président et en descendant tous les degrés de l'échelle jusqu'à l'épicier du coin.


J'ai été embarquée dans ces aventures qui n'en sont pas, cette solitude revendiquée :

Je commence me dissocier de la race humaine. Je ne voudrais pas passer pour un malotru - mais ça me plaît. Ça me plaît  même tellement que ça me fait un petit peu peur. C'est un peu comme si en baissant les yeux vers ma main, je voyais pousser un début de fourrure.


...ce froid qui pénètre tout, cet émerveillant silence :

Hier matin, je suis allé chercher Elizabeth au train, avant l'aube. Tout le monde devrait faire ça au moins une fois dans sa vie : attendre ainsi, dans l'obscurité. J'entendais des oies sauvages survoler les montagnes, en route vers le sud. C'est quelque chose de merveilleux, d'attendre tout simplement, que le train est en retard - il aurait dû être là à quatre heures trente du matin - et que l'on sait qu'il va arriver, et qu'on voit tout à coup luire ses phares.


Sans oublier :

J'avais l'habitude de penser que c'était mal, que c'était une faiblesse que d'avoir besoin d'être au milieu de la nature sauvage pour être heureux - loin de la plupart des choses. À présent, je commence à m'apercevoir que sa n'entre même pas en ligne de compte - que ce soit bien ou mal,une faiblesse ou une force, ça n'a aucune importance. Je suis comme je suis.


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mots-clés : #autobiographie #nature
par topocl
le Lun 5 Déc - 10:36
 
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Rick Bass

Les derniers grizzlys  

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Quel est notre devoir ? Vivre une vraie vie


C’est aussi simple et difficile que cela. Ce qu’il y a de bien en Amérique, c’est qu'il n'y a pas que des pro-Romney et des pro-Obama, pas que des frénétiques de la consommation et des allumés de la jouissance accélérée, il y a aussi des types comme Rick Bass, qui montent dans leur pick-up pourri  pour s'immerger dans les immensités sauvages du Colorado, apprécient « De remuer des braises avec un bâton. De contempler les flammes d'un feu de camp. ».

À chaque fois que je me rends en montagne, je m'efforce d'emporter le sac le plus lourd possible parce que je sais que bientôt je serai vieux et incapable de porter un pareil chargement. Je veux tout faire, tout voir, tout goûter, tout sentir, tout imaginer.


Des « doux dingues » qui s'excitent à rencontrer une crotte d’ours, n'ont même pas besoin de croiser réellement l'ours pour planer, qui mènent, en quelque sorte «un combat contre l'arrogance». Suivre Rick Bass dans Les derniers grizzlys, c'est ressentir à chaque instant la beauté transcendante de la nature, partager avec lui ses émotions, ses courbatures, ses peurs, sa fatigue, ses réflexions, son combat d'un optimisme déterminé pour la préservation et le respect de la vie, contre les ravages d'une civilisation insouciante :

Quelle importance ont nos vies ? Quelle importance a une espèce qui survit ? Aux yeux de Dieu, comme de l'esprit de ces montagnes, l'homme ne se distingue pas de l’ours. Il y a plus qu'une simple métaphore dans l'idée qu'il se pourrait bien que nous soyons aussi à la recherche de nous-mêmes.


À sentir mon coeur battre devant ces évocations de paysages sublimes, cette pensée d'une intelligence réfléchie, cette grande douceur à appréhender et respecter le monde qui nous entoure, sa mise en application avec une simplicité et une humilité qui ressortent à chaque page, je me suis un peu sentie comme ces «grands sportifs», qui ont pour seul sport de regarder le foot à la télé : ça me plaît, ça m'emballe, mais, moi, qu'est-ce que je fais, douillettement assise à lire mon bouquin? Et puis, Rick Bass ne parle pas que de la nature, de l'écologie, il parle aussi du tranquille bonheur d'être un homme :

C’est étrange de se retrouver assis sous la véranda à l'arrière de la maison de Georges Fischer, à Salt LakeCity, en ce beau samedi d juin de l'année suivante, avec notre bébé Mary Katherine. Élisabeth, ma femme, est là aussi, qui boit une bière. Le soleil brille, le ciel est parfaitement bleu. Et cette nouvelle famille donne à toute chose un aspect miraculeux.


J'aime marcher seul. C'est aussi différent de la marche avec un ami que, disons, soulever des rochers est différent de soulever des haltères. On pense à tout autres choses. Votre propre rythme et le rythme du jour ne sont plus les mêmes. Marcher seul me donne le sentiment d'être « ailleurs », comme détaché. J'aime la façon dont une belle journée s'étire en longueur quand on en dispose pour soi seul. On peut gravir la pente la plus raide à son propre rythme. On peut escalader la montagne en suivant les chemins de traverse, au gré de sa fantaisie, en s'arrêtant pour observer un détail ou rien du tout, libre aussi d'envisager des idées les plus saugrenues, les plus ridicules, pour s'apercevoir, arrivé au sommet, que ces idées étaient moins décousues qu'elles n'en avaient l'air et qu'une fois rassemblées elles constituent un nouveau point de vue, une découverte.


Un homme qui tout à la fois pense et s’émeut, réfléchit et ressent :

Puisqu'il existe des hommes et des femmes capables de se remplir le cœur et l'esprit des infinies connexions du savoir intellectuel, il doit sûrement exister des sauvages qui, de la même façon, doivent parvenir à maîtriser les nuances infinies de l'intelligence naturelle. Aujourd'hui je me sens l'un de ces sauvages.


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mots-clés : #nature
par topocl
le Lun 5 Déc - 10:02
 
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Sujet: Rick Bass
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Mario Rigoni Stern

Tag nature sur Des Choses à lire - Page 11 41zwre10

Sentiers sous la neige,

]une lecture à laquelle je suis très sensible.

Ce livre c'est le parcours de vies d'hommes simples construits d'humanité. Mario R.S. est en symbiose avec la Nature ; la connaissance et l'amour de ce qui vit dans ces montagnes : humains, végétaux, animaux, le respect de tout.
Des joies simples comme marcher, observer, jouir de la nature, manger du fromage, de la polenta, boire du vin, planter son jardin et savoir payer son tribut à la Nature.
Même les guerres qui sont passées n'aliènent pas les souvenirs de MRS quant à ces montagnes.
Que de poésie, que d'intimité dans son écriture.

Et j'ajoute que l'odeur et la saveur de la Polenta me sont venus aux narines et au palais, une incitation à laquelle je vais céder ; j'ai juste à ouvrir mon placard !

Une envie de connaître cette région et ces différentes neiges nommées.
Je continuerai ma découverte de MRS car un homme qui parle aux oiseaux et qui promène avec ses défunts amis me parle au coeur.

Anecdote : je me plais à penser que le pot de miel dont je suis friande a été élaboré par un descendant de l'auteur  (cf le titre de son essai)  Smile  

Spoiler:


Extraits


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"message rapatrié"

mots-clés : #nature
par Bédoulène
le Dim 4 Déc - 11:18
 
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Sujet: Mario Rigoni Stern
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Céline Minard

Céline Minard,  Le Grand Jeu

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Si j'avais été élevée non à voir mais à croiser, analyser, décrypter, expérimenter l'environnement- et mes perspectives d'évolution en son sein, je crois que je serais plus efficiente à tous les niveaux, y compris émotionnels. Seulement, je n'ai pas rencontré la langue qui m'aurait décillée sur ces enjeux.

C'est le premier point du livre qui m'a passionnée. Cette langue decille cette possibilité.
Pour mettre en scène cet aspect, Minard a choisi de faire évoluer son héroine dans une vallée bien perdue , à une altitude bien marquée. Le champ lexical de cet environnement allié à celui , technique, de la varappe mettent très bien en scène ces enjeux je dirais hyper-pragmatiques.

Ya pas grand chose, mais il y a beaucoup à faire, à commencer par se créer des pistes sur ce territoire. Comme si l'arpenter était déjà en soi, et en vase clos, une évidence à garantir.

(Entre nous rien que ce postulat se pose là .Je trouve. )

Le deuxième point qui m'a beaucoup nourrie :
Minard nous embarque dans ce "savoir être",
on s'y sent un peu platement embarqué d'ailleurs; la rigueur cognitive de cette femme tente ma dérobade.
MAIS :

une scène fondamentale clôt la leçon pratique :
Spoiler:
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Spoiler
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Troisieme point  :

Minard peint très très très bien ce qui se passe en soi. En toi. En nous. Ce mouvement en soi pour soi, nous tous seuls avec nous même. Elle le peint, et surtout le met en scène grâce au rythme même de sa prose et des épisodes qu'elle lui soumet.
Parce que l'on s'ennuierait presque à suivre la récurrence des  jalons psychiques, les trois ou quatre points de rupture de ceux-ci, soit choisis, soit arrachés avec effort, soit imposés par l'environnement sont extatiques.
Cette écrivaine est maître de sa prose et de son cheminement.
J'ai donc rencontré, en suivant son fil, une image magnifique de ce qu'est un mouvement d'âme.

Je suis très intéressée par le rapport que le corps entretient avec l'esprit, et ce livre en est une description autant qu'une exploration magistrale. La prose en est factuelle, pour la plus grande part, à l'image de la situation narrative, certains lecteurs n'y trouveront pas leur nid préféré, pas question cette fois de se laisser porter par le style sans visualiser ou analyser ce qui est dit. C'est exigeant, pas de fioritures , ou très peu.

Le quatrième point que je soulignerais :
je comprends mieux la nature des foisonnements farfelus que Minard nous offre à travers tous les livres que j'ai lu d'elle. Son personnage use parfois de psychotropes, et il me semble, pour le peu que je connaisse de ces domaines, qu'elle en extrait assez justement l'apport singulier. Cela permet de forcir les schèmes de l'âme qu'elle dépeint. Et la petite folie qui apparait parfois dans les épisodes narratifs sont leur fruit certain, qu'il faut admettre. Ils sont jubilatoires, en tous cas.

Ainsi donc ces quatre "plot'points" que j'ai trouvé à partager sur cette lecture.
Certaine manière de Céline Minard m'aura moins plu qu'autres occasions, mais tout comme certains amis, très chers, peuvent nous enquiquiner alors même qu' ils nous semblent irremplaçables. Je serais bien ingrate de lui reprocher que ce qui l'éclate un max ne fasse pas partie de ma cosmogonie. Parce qu'elle est une passeuse précieuse , un esprit pointu.

#aide à vivre.



mots-clés : #nature
par Nadine
le Sam 3 Déc - 10:09
 
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Sujet: Céline Minard
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Jean Malaurie

Jean Malaurie

Né en 1922

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Jean Malaurie, né le 22 décembre 1922 à Mayence (Allemagne)1, est un ethno-historien, géographe/physicien et écrivain français2. Il est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, et également le directeur et fondateur de la collection Terre Humaine aux éditions Plon. (wikipedia)


Bibliographie


Hoggar, Touareg, Journal d’une exploration géographique1954.
Les Derniers Rois de Thulé, avec les Esquimaux polaires, face à leur destin
Hummocks I et II
L’Appel du Nord
L’Allée des baleines,
Terre Humaine : cinquante ans d'une collection, entretien de Mauricette Berne et Pierrette Crouzet avec Jean Malaurie






*


"les derniers Rois de Thulé" (enfin)

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Ma première réaction après avoir feuilleté du pouce  et être tombée sur un dessin de piège à renard dont la légende précisait l'agonie de la bête, a été la crainte de ne pouvoir lire le livre si l'auteur s'appesantissait sur de telles descriptions.

Bien m'a pris de vouloir assumer mon engagement pour cette lecture.

Au-delà de l'aventure de cette expédition géographique, c'est bien la connaissance , l'histoire et l'avenir de ce peuple Groënlandais qui donnent à ce livre son intérêt, son humanité. Toutes les actions de ses Hommes qui se nomment eux-mêmes "animaux humains" sont justifiées par le climat, la Nature de ces lieux où ils vivent. Adapter leur vie aux cycles de la nature dans toutes ses composantes (faune, flore...) est leur unique moyen de survie. Ce Peuple respectent son environnement.
Les esquimaux sont durs avec les animaux (y compris leurs chiens indipensables) comme ils le sont avec eux-mêmes. Leurs actions les plus radicales, les plus monstrueuses parfois n'étaient dictées que par la nécessité.
Vivre en communauté est essentiel pour les Inouits.Ils pratiquent la religion, mais reconnaissent toujours les pouvoirs des chamans. Les mythes génèrent des règles strictes de vie et au Groënland (comme souvent dans d'autres pays) ce sont les femmes qui sont l'objet du plus grand nombre de tabous.

L'auteur nous relatent des évènements anciens utiles pour la compréhension de l'état de ces esquimaux et de leur évolution. Ressort de ces récits l'attitude indigne de certains "blancs" qui ont utilisé et même abusé de la disponibilité, habileté, dévouement des esquimaux pour leurs expéditions.

L'installation d'une grande base Américaine en juillet 54 bouleverse la petite ville de Thulé et les esquimaux se déportent 200 kms à l'intérieur des terres pour échapper à cette ville qui leur est imposée et qui leur dérobe leurs ressources.

L'écriture est prenante et ne manque pas de poésie, et l'humanisme est délivré par la compréhension, la reconnaissance et l'amitié accordées par l'auteur à ce Peuple. Les dessins naïfs illustrant ce livre et les nombreuses notes sont des plus intéressants.

l'attitude de Jean Malaurie l'honore.


mots-clés : #autobiographie #minoriteethnique #nature #voyage
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 23:16
 
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Sujet: Jean Malaurie
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