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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Sam 27 Juil - 6:28

29 résultats trouvés pour medecine

Henry Bauchau

Tag medecine sur Des Choses à lire - Page 2 4105jp10

L’enfant bleu


CONTENU:
L'enfant bleu, c'est Orion, un garçon psychotique âgé de 13 ans dont les médicaments peinent à apaiser les crises. Véronique, psychothérapeute dans un hôpital de jour parisien, va entrer dans l'imaginaire de cet enfant pour essayer de lui rendre la paix. Elle devine sa richesse, sa sensibilité extrême, et va le guider, avec patience et passion, vers l'expression artistique. Henry Bauchau explore ici, avec sa tendresse de poète et sa passion d'écrivain, la frontière entre art et folie.

REMARQUES:
J’ai lu avec énormément de plaisir „L'enfant bleu“. Juste quelques impressions personnelles :
Ce qui me touche dans le chemin de la thérapie, c’est la longueur, la durée qu’on lui donne. En cela, par ces tous petits pas hésitants vers des améliorations, envers des contrariétés et des résistances, on donne une véracité au récit.
La terminologie venant de la psychothérapie peut quand même d’abord désorienter quelqu’un qui était étranger à cet univers jusqu’à maintenant : perpétuellement on sent derrière l’écrivain le psychanalyste. Mais derrière celui-ci aussi toujours l’écrivain.
Ce qui est intéressant c’est que l’analysante est elle-même dans un certain sens en quête de guérison après des épreuves de la vie. Elle ne reste pas extérieure à la thérapie : le danger d’une fusion est toute proche. Mais c’est aussi par cette implication très personnelle que quelque chose peut changer dans la vie d’Orion. Ces réflexions m’ont très touchées...
Pour celui qui est attiré par l’art thérapie, il va trouver dans ce livre un vibrant plaidoyer.

C’était bien mon premier Bauchau à l’époque, et n’allait pas être mon dernier. Le boulevard m’attendait déjà…


mots-clés : #creationartistique #enfance #medecine #pathologie
par tom léo
le Dim 25 Fév - 22:32
 
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Sujet: Henry Bauchau
Réponses: 10
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Marie de Hennezel

La mort intime.

Tag medecine sur Des Choses à lire - Page 2 Images29

si la maladie est une ennemie à combattre, la mort, elle, n'en est pas une.


Marie de Hennezel rapporte ici, en épisodes de vie/mort entrecroisés, sous une forme accessible à tous quoique exigeante,  son expérience dans le premier service de soins palliatifs, dans un service de patients atteints du SIDA, ou dans sa vie personnelle. Marie de Hennezel comprend vite que la réserve et l'absence d'empathie de la psychanalyse ne sont ici qu'un bagage superflu, elle se forme à l’haptonomie.

La vie m'a appris trois choses : la première est que je n'éviterai ni ma mort ni celle de mes proches. La deuxième est que l'être humain ne se réduit pas à ce que nous voyons ou croyons voir. Il est toujours infiniment plus grand, plus profond que nos jugements étroits ne peuvent le dire. Il n'a, enfin, jamais dit son dernier mot, toujours en devenir, en puissance de s'accomplir, capable de  transformer à travers les crises et les épreuves de sa vie.


On est en 1995, ne l'oublions pas, la médecine, dans ses aspects techniques, humains et juridiques, a énormément évolué depuis. Mais le propos général reste parfaitement d'actualité, car la mort, elle, est toujours là: comment accompagner les patients en fin de vie, comment vivre sa mort, spiritualité ou pas,  pour qu'elle soit un acte de vie.

Dans Une mort intime, elle nous fait partager le chemin vers la mort d'une poignée patients, qui permettent d’illustrer son propos: il ne s'agit pas d’accompagner un corps souffrant, mais une personne qui est là jusqu’au dernier instant.

ceux qu'on appelle des "mourants" mais qui sont bien des "vivants jusqu’au bout.


Cette gageur est pleinement réussie: ses "personnages " existent, ils sont là avec leur personnalité, leurs angoisses, leurs forces et leurs faiblesses, vivants. Et on est impressionné de cet accompagnement profondément humain, épris de vérité comme de tendresse, qui leur permet de passer ce cap dans le meilleur confort possible, parfois même comme une épiphanie.

L'ouvrage est assez court, ce qui est judicieux car la lecture est si "émotionnelle" devant ces situations impitoyables, qu'il aurait sans doute été difficile d'en lire beaucoup plus. Sans qu'elle ne joue jamais sur le pathos, on est perpétuellement renvoyé à ses représentations et fantasmes personnels, à des  vécus plus ou moins douloureux. Au-delà de cette expérience personnelle qui constitue comme un terreau, Marie de Hennezel nous emmène doucement mais fermement vers l'introspection et la réflexion. Ce sont les buts réels de  cet ouvrage : la remise en question du lecteur, de son rapport à la mort, la sienne comme  celle des autres, la levée d'un tabou qui quoi qu'on en dise crânement  nous emprisonne tous. C'est pleinement réussi, j'ai découvert des choses en moi, j'ai l'impression réelle d'avoir fait un pas constructif.

C'est une lecture dure, mais il ne faut pas hésiter à s'y confronter (juste un bémol, qu'elle n'ait pas parlé aussi de ses échecs).




mots-clés : #medecine #mort
par topocl
le Lun 30 Oct - 11:03
 
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Sujet: Marie de Hennezel
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Brigitte Giraud

Tag medecine sur Des Choses à lire - Page 2 516wwd10

Un loup pour l’homme


Originale: Français, 2017

Flammarion a écrit:Printemps 1960. Antoine est appelé pour l'Algérie au moment où Lila, sa toute jeune femme, est enceinte. Il demande à ne pas tenir une arme et se retrouve infirmier à l'hôpital militaire de Sidi-Bel-Abbès. Ce conflit d’Algérie, c'est à travers les récits que lui confient jour après jour les "soldats en pyjama" qu'il en mesure la férocité. Et puis il y a Oscar, amputé d'une jambe et enfermé dans un mutisme têtu, qui l'aimante étrangement. Avec lui, Antoine découvre la véritable raison d'être de sa présence ici : "prendre soin". Rien ne saura le détourner de ce jeune caporal, qu'il va aider à tout réapprendre et dont il faudra entendre l'aveu. Pas même Lila, venue le rejoindre.
Dans ce roman tout à la fois épique et sensible, Brigitte Giraud raconte la guerre à hauteur d'un "appelé", Antoine, miroir intime d'une génération. embarquée dans une histoire qui n'était pas la sienne. Ce faisant, c'est aussi la foi en la fraternité et le désir de sauver les hommes qu'elle met en scène.


REMARQUES :
C’est selon les mots de l’auteure, alors la vie de ses parents qu’elle met en scène ici, pas comme un pur récit, mais avec des éléments de roman qui, néanmoins, sont tous basés sur des faits réels, aussi issus des entretiens de Giraud avec son père. Un autre roman sur l’Algérie, comme il y en a dans cette rentrée littéraire ? Oui, et avec son regard : Quel apprentissage entre le départ de ces appelés, innocents et ignorants, l’arrivée dans un l’Algérie sensuelle et pleine de charme, certes, mais se dévoilant aussi de plus en plus menaçant. Dans la mesure des non-dits de l’époque sur les vraies dimensions du « conflit », un fossé se crée aussi entre cette présence et les soldats là-bas et la normalité d’une vie, les familles laissées à la maison. Le roman joue entre l’innocence qui se perd en quelque sorte, et l’impression d’une menace grandissant.

Antoine, lui, a réfusé de porter l’arme : il travaille dans un hôpital militaire. C’est pour ainsi dire par les récits des blessés, les rumeurs des nouvelles, qu’il apprend peu à peu pas seulement quelque chose des revendications des Algériens (nous sommes en 1960 et de Gaulle va bientôt lâcher l’Algérie, c’est-à-dire reconnaitre l’auto-détermination), mais aussi les exactions commises par des Français… C’est exceptionnel que sa femme Lila, enceinte de quatre mois, peut le rejoindre. Ils peuvent même vivre en dehors de la caserne ensemble. Semblant de normalité ? Leur enfant va naître là !

Ce n’est pas un guerrier, mais un doux qui s’attache spécialement à Oscar, qui à la suite d’une amputation se trouve dans un mutisme. Il aimerait tellement le remettre « debout », extérieurement et intérieurement ! Cela est décrit comme une grande douceur, voir tendresse, où la parole qui accompagne, explique, fabule fait partie de l’attention donnée. Mais est-ce qu’Oscar va monter la pente ?

Roman sur un bout de l’histoire française, trop longtemps banni, tabou, tu, omis et ignoré. Donc, prise de conscience. Mais aussi histoire, malgré les changements de noms et une narratrice seulement apparemment plus distante, très personnelle, vrai hommage à ses parents et aussi tous ces hommes, victimes d’un conflit absurde, portant leur fardeau de mutisme, de souffrances, encore longtemps après.

J’ai beaucoup aimé !


mots-clés : #famille #guerre #medecine
par tom léo
le Ven 27 Oct - 7:25
 
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Sujet: Brigitte Giraud
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Mikhaïl Boulgakov

J'ai lu Le maître et Marguerite il y a 100 ans. Et plus récemment, Récits  d'un jeune médecin et Morphine.

Tag medecine sur Des Choses à lire - Page 2 97822512

Récits d'un jeune médecin
traduit du russe par Hélène Gibert

Ce sont donc six récits inspirés du séjour qu'a fait lui même Mikhaïl Boulgakov dans un hôpital civil de la province de Smolensk , où il avait été affecté en 1916. Situation un peu extrême du fait de l'isolement géographique et des conditions climatiques pour un jeune médecin fraichement diplômé mais sans aucune expérience pratique. Comme tous, donc.
A partir de cas cliniques rencontrés , Boulgakov construit des récits d'un réalisme parfait, on s'y croirait..
Et surtout, parvient à transmettre ( peut être que cela parlera plus à certains qui ont déjà fait ce genre d'expériences d'une angoisse infinie, où on se sent tellement nuls)la différence entre savoir théorique et confrontation à des situations concrètes.
Avec, dans la progression de ces récits, un cheminement qui est finalement toujours le même, la peur et l'obligation de l'affronter sous le regard de ceux qui vous prennent pour quelqu'un qui, du fait de ses pseudo-compétences , va dominer le problème ( et de là, l'intelligence de comprendre, il l'explique très bien, que finalement, les diplômes ça ne sert pas à grand chose, et qu'il faut absolument accepter l'aide de ceux qui n'ont pas le bout de papier, mais qui ont l'expérience), puis la réussite une fois, quelquefois par le plus grand des hasards.Et après une reprise de confiance en soi qui se termine toujours par une surestimation, et là, l'échec ( il n'y en a pas beaucoup, d'échecs vraiment graves dans ces récits, c'est dommage) , le retour sur terre et la nécessité de redémarrer .

La lecture de ces récits devrait être rendue obligatoire à tous les étudiants en médecine, ils sont très fins, très bien écrits bien sûr et même si l'on n'est plus dans la Russie de 1916, cela n'a aucune importance, la leçon donnée , l'expérience racontée n'ont ni âge ni lieu.

( récup)


mots-clés : #autobiographie #initiatique #medecine
par Marie
le Mar 12 Sep - 21:19
 
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Sujet: Mikhaïl Boulgakov
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Anirban BOSE

Tag medecine sur Des Choses à lire - Page 2 Ob_3c510

La mort de Mitali Dotto

Après des études aux Etats-Unis, Neel Dev-Roy, brillant chirurgien oncologue, décide de revenir exercer en Inde. Par idéalisme, et aussi pour tenter de combler les failles et les silences d'une enfance sous le signe d'un père absent, célèbre médecin contraint de fuir pour préserver sa famille des conséquences de son engagement politique.
Dès son arrivée, Neel se retrouve confronté à la dure réalité. En Inde, on ne soigne pas tout le monde, et surtout, pas de la même manière… Une jeune patiente en état de mort cérébrale, Mitali Dotto, devient l’enjeu d’une guerre entre Neel et son chef de service. Et lorsque l'on découvre que Mitali est enceinte, les choses basculent…

Comment dire… Ce roman se lit d’une traite et sans déplaisir, et pourtant je l'ai trouvé terriblement frustrant. L’intrigue se concentre essentiellement sur des enjeux psychologiques, mais la description, assez froide et clinique, reste en surface, et les intrigues secondaires se soldent souvent par des impasses. Quant aux drames et dilemmes qui couvaient depuis des décennies, hop, d'un coup d'un seul, les voilà résolus en deux phrases lapidaires… Au lecteur de s'en contenter. Ou pas...

Pour moi, l'intérêt du livre réside essentiellement dans la dénonciation d'une société indienne totalement gangrenée par la corruption, et ce à tous les niveaux. L'auteur nous fait découvrir l’envers du décor de ces hôpitaux à la pointe qui n'hésitent pas à prescrire une multitude d’examens inutiles pour faire payer encore et toujours les familles éplorées. Plus grave encore, des programmes dits "humanitaires", censés venir en aide aux plus démunis, sont détournés au profit de sombres trafics d’organes ou d'influence.
Cette réalité glaçante, je l’avais déjà découverte dans l’essai marquant de Rana Desgupta, Delhi capitale. Et je dois dire que le constat est assez désespérant, car il paraît presqu’impossible de lutter contre un système aussi généralisé, et surtout, aussi bien organisé malgré son apparente anarchie. Il faut donc choisir entre rester pur et impuissant, ou bien décider jusqu’où l'on accepte de déplacer le curseur… Etre corrompu, un peu, beaucoup, pas du tout ?

A mon sens, l'auteur tenait là un sujet en or, et j’aurais vraiment aimé qu’il explore plus en profondeur les zones d'ombres de son héros. Quand le geste humanitaire masque des enjeux plus personnels et bien moins avouables… Quand, de guerre lasse, on accepte l’inacceptable sans même se remettre en question… Quand on se retrouve sur la corde raide sans trop savoir de quel côté l’on va finir par tomber… et qu'au fond, ça n'a plus tellement d'importance.
Oui, j’attendais que l’auteur pousse plus avant sa réflexion, au lieu de se lancer dans des intrigues secondaires dont la pseudo résolution et le ton dépassionné _ un comble vu les sujets traités !_ m’a laissée décidément dubitative, et nettement frustrée.


mots-clés : #corruption #medecine #social
par Armor
le Lun 11 Sep - 15:46
 
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Sujet: Anirban BOSE
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Martin Winckler

Les brutes en blanc

Tag medecine sur Des Choses à lire - Page 2 Images15

Je ne suis pas suspecte de ne pas être (ou en tout cas avoir été) une fan de Martin Winckler. Mais il me faut vous dire à quel point ce livre m'a exaspérée, alors-même que je partage pleinement son idée que le patient doit être entouré d'une bienveillance attentive. Qu'il faut pourchasser la malveillance, la maltraitance, les petites ironies, les gros sarcasmes, les remarques désobligeantes, racistes, sexistes… et j'en passe… dont il est parfois l'objet.
Qu'il y a de gros crétins dans notre profession (mais je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup plus que dans d'autres secteurs).
Que les laboratoires ont plus facilement l’œil braqué sur le pôle commercial que sur le pôle du soin. Que la formation des médecins est à revoir. Qu'il faut repenser d'urgence l'organisation de la médecine.

Mais, mais, mais…pour défendre cette cause...
Il ne faut pas prendre l'anecdote pour preuve,
Il faut refuser la généralisation,
Il faut se rappeler que la citation hors contexte est sujette à critique
Il faut conserver une humilité, ne pas se prendre pour un asseneur de leçons ou un distributeur de bons points,
il faut arrêter de répéter que les médecins sont sans cervelle, sans libre arbitre, cupides, avides de pouvoir, j'en passe et des meilleures. Ah! oui incompétents, et ne se forment pas au fil de leur carrière. Et bêtes accessoirement.
Il faut envisager ne serait-ce qu'un soupçon de présomption d'innocence avant de juger.
Il faut parler aussi des situations de bientraitance au côté des exemples de maltraitance, les seuls comportement positifs évoqués dans les livres étant ceux de Saint Winckler.
Il faut dire la vérité et non les vérités qui vous arrangent.
Il ne faut pas mentir ce  qui rend impossible de prendre pour argent comptant tout ce qui est asséné à côté dans ces pages. (Un exemple parmi d'autres "En France, il [le statut d'infirmier clinicien]n'existe pas")
Il faut faire preuve d'un peu de nuance. Et de compassion, pas seulement vis à vis des patients, mais aussi vis-à-vis des médecins, et oui.


Le message n'en passera que mieux.

Je ne pense pas défendre une caste en étant terriblement gênée de lire:

Ils [les médecins] oublient, surtout, que leur principal outil diagnostic, c'est leur cerveau. Sans doute parce qu'on ne les a jamais encouragés à s'en servir.


que si beaucoup de médecins français sont opposés à une législation de l'aide à mourir, ce n'est pas pour protéger les patients, mais protéger:
"leur liberté de décider seuls s'ils vont les aider ou non à mourir !"


En France, aujourd'hui encore, les « valeurs, » de nombreux médecins restent furieusement coincées entre une conception vaniteuse de la vertu-inhérente-au-fait-d'être-médecin et des notions de déontologie paternalistes, dogmatiques et pétries de catholicisme. Cette mentalité archaïque reflète l'appartenance effective du corps médical à une aristocratie sociale.


Quarante ans après, les problèmes sont les mêmes, car les institutions n'ont pas changé




Je reconnais les abus, les dérives, les  pratiques intolérables, la nécessité de les combattre. Je reconnais aussi que ces attitudes peuvent être miennes, parfois, même si j'y suis vigilante. Mais s'il y a  dans le fond un message intéressant et des problèmes qu'il est opportun de soulever, il n'en demeure pas moins que ce livre est une provocation manifeste, une amplification perverse,  une autocélébration très malvenues. Il est dommage qu'autant de mauvaise foi biaise un sujet sensible et important, au risque qu'on le néglige ou s'en détourne..

Je suis en colère face à tant de parti-pris, de démagogie et d'outrecuidance. Je suis en colère de devoir dire ça de Martin Winckler.


mots-clés : #medecine
par topocl
le Jeu 29 Déc - 15:52
 
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Sujet: Martin Winckler
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Martin Winckler

La vacation

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Bruno Sachs, jeune médecin généraliste de campagne, avatar de Marc Zaffran (qui écrit sous le nom de Martin Winckler) que nous avons déjà rencontré dans plusieurs de ses romans, se rend tous les mardis dans la ville proche au centre de planning familial pour y pratiquer des avortements. Il se caparaçonne derrière une cuirasse factuelle : rituels répétés, gestes enchaînés, phrases stéréotypées qu’il laisse adoucir d'une empathie compassionnelle vis-à-vis des femmes échouées sur sa table d'examen. Il tient ainsi à distance une douleur et une misère humaines qui l’émeuvent. Cette distance et cette émotion, il les traduit le soir, rentré chez lui, sur le papier, jetant dans le désordre notes et réflexions sur le papier. Il n'en est pas moins homme, ressent parfois du dégoût, du découragement, une attirance pour ces femmes qu’il croise quelques minutes afin de réaliser un geste qui marquera toute leur vie. Apparemment parfait et discret, il porte en lui leur culpabilité et leur souffrance, et dans un parallèle révélateur, peine à accepter la venue au monde de son « enfant », ce livre si intime qui se nourrit du malheur des autres.

Cela donne un livre, qui est un reflet de cette tranche de la vie de Bruno Sachs. Très ritualisé, donc parfois ennuyeux, parfois trivial dans ses descriptions médicales, toujours fragile et désenchanté dans un travail qu'il assume par devoir d’aider l'autre.

Tout a déjà été dit si on a lu les autres livres de Martin Winckler. Ce livre est un nouveau cri de désespoir face à une misère humaine, à la solitude du médecin censé la soulager.

(commentaire récupéré)

mots-clés : #medecine #social
par topocl
le Mer 28 Déc - 14:47
 
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Sujet: Martin Winckler
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Martin Winckler

La maladie de Sachs

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Marc Zaffran, pseudonyme Martin Winckler, alias Bruno Sachs, que je vous ai déjà largement présenté, le médecin tourmentais tourmenté, a deux amours : sa compagne MPJ alias Pauline Kasser, et la médecine générale. Et il nous en parle sur 470 pages. Et comme les choses qu’on aime et qui vous aident à vivre, c’est vital d’en parler et en même temps délicat, donc, ici, il adopte la forme « roman » (il avait bien dit dans Plumes d’Ange qu’il ne racontait pas sa rencontre avec la fameuse MPJ, celle qu’il continue de vouvoyer après des années de vie commune et trois enfants à eux, qu’elle était trop romanesque et qu’on n’y croirait pas)

Sa compagne, c’est celle qu’il a longtemps cherchée en croyant qu'une telle femme n’existait pas, celle qui lui a montré qu'on pouvait aimer sans amputer, et à partir de laquelle il a pu apprendre à s'aimer lui-même et commencer à vraiment construire. Celle, joyeuse, drôle, attentionnée, qui l’écoute et le ressource. Celle qui lui fait retrouver une jeunesse, une légèreté que ses angoisses, ses combats, une certaine rigidité lui avaient fait oublier.

La médecine, il nous la décrit avec tout ce que cela a de passionnant et de douloureux, de futile et de profond. Franchement c'est un portrait impressionnant de précision, de tendresse, de réflexion sur notre métier. J'ai passé ma semaine à penser au livre en travaillant et à lire en pensant à mon travail… On y retrouve le caractère rituel et répétitif, les petits mots mille fois répétés, les gestes renouvelés, plus ou moins automatisés (oui Shanidar , c’est très répétitif comme métier) tout ce qui revient cent fois par jour, ce cadre qui nous aide à rester lucide, à conserver notre attention et notre disponibilité, et toutes les 20 minutes ça recommence, quelqu'un arrive, déballe toute sa vie sur le bureau, avec confiance ou défiance, et on est là, on paraît un roc parce que simplement on est médecin, et on traîne avec nous, nos faiblesses, nos erreurs, nos échecs, notre solitude face à la détresse des autres, face à notre impuissance, la compassion qui frise parfois l'exaspération, nos certitudes et nos incertitudes, l'émotion inévitable et la distance qui tâche de nous protéger. Certains collègues qui nous font gerber, mais c’est le patient pour lequel il faut rester présent.
J'arrête car j'ai l'impression que plus parler de moi que de Martin Winckler.

Tout ceci sous forme d'une chronique douce-amère, Bruno Sachs, le héros si peu héros, ne quittant pas la scène, mais ce n'est jamais lui qui parle, cette multitude de personnages qui tour à tour nous racontent une petite tranche de vie partagée avec lui,(ses patients, ses amis, les commères, le pharmacien, la secrétaire), s'adressant à lui, lui disant tu, et ce tu montre à quel point le lien est important. Je trouve ça génial : des dizaines de JE qui racontent ce TU unique, omniprésent , commun à tous, mais toujours seul face à eux. Ce sont des gens simples comme j'en vois tous les jours, qui n'ont pas fait d’ études, qui n'ont pas de culture, qui ne lisent pas, pas des « penseurs », pas des héros de romans formatés pour faire candide, et ils aiment, ils souffrent, ils espèrent, ils réfléchissent, et, oui, ils ont des choses à dire. Et ils les disent exactement comme ça.

Au début on se dit que c'est une chronique, puis peu à peu les personnages se dessinent, les liens se tissent, et au hasard des rencontres, des secrets révélés ou suggérés, cela tourne vraiment au roman, on s'attache au destin des personnages, commun ou tragique, il y a des rebondissements cocasses, émouvants, perturbants. L'humour est toujours en filigrane

Dans ce livre, Martin Winckler /Bruno Sachs s’ apaise. Certes, il garde ses révoltes et ses colères, mais nous le sentons apaisé, il « baigne dans son jus » il est près des gens, leur parle, les écoute surtout, et Pauline Kasser l’attend à la maison pour le ressourcer.

C'est tendre, humain, c'est terriblement quotidien, je le re-relirai sûrement un jour.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #famille #medecine #pathologie
par topocl
le Mar 27 Déc - 18:06
 
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Sujet: Martin Winckler
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Martin Winckler

Les trois médecins

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Vous avez aimé Les trois Mousquetaires, ce livre fondateur pour beaucoup de lecteurs ? Ces péripéties rocambolesques qui retombent toujours sur leurs pieds, ces combats qui scellent l'amitié, ce sens de l'honneur qui emporte tout, ces amours romantiques, ces envolées d’émotion, ce grand roman-feuilleton plein d'amour et d'humour, ces passés déchirants peu à peu dévoilés ?

Martin Winckler vous en offre avec brio un remake scrupuleux, transposé dans les années 70, dans le milieu médico-provincial. Et n'hésite pas à y intégrer ses personnages fétiches (la ville fictive de Tourmens, Bruno Sacks le médecin généraliste au grand cœur, son père Abraham vénéré défenseur de l'avortement, Vargas, Lance et les autres) et ses thèmes de prédilection (l'opposition entre une médecine comme abus de pouvoir et une médecine qui recherche l'humanité, l’appropriation par le patient de sa propre santé, l’émancipation des femmes notamment à travers la maîtrise de leur corps : contraception et avortement, un petit côté sociologique, une pointe de pédagogie…). Grâce à cette appropriation du roman de Dumas, Winckler légitime son extrémisme habituel, sa dichotomie gentils/méchants ( quoi de plus normal dans un roman populaire qu'un héros qui est VRAI héros, et des méchants que rien ne saura sauver ?), ses rebondissements invraisemblables et ses coïncidences improbables, qui sont autant de références/hommages à son inspirateur. Il y met un charme fou, un humour enchanteur (Ah ! les combats de cap et d ‘épée métamorphosés en défis au Baby-foot !!!)

Et puis Martin Winckler est un militant : il s'insurge contre une médecine qui est l'expression d'un pouvoir, qui est plus une technique, un acte politique, au profit d'une médecine de compassion, d’écoute, d’honnêteté intellectuelle et de respect . En marge de son histoire, il introduit des personnages multiples qui se racontent, en tant que médecin, soignant, ou patient, et à travers leurs histoires, révèlent ce que la médecine est, ce qu'elle peut être et ce qu'elle devrait être. C'est une des raisons qui me font aimer Winckler , que je ressens comme partenaire de combat. (Par contre, j'ai du mal à me faire une idée sur comment réagit le lecteur non médical, j'ai peur qu'il soit parfois noyé sous cette abondance d’informations ?). Martin Winckler hurle sa colère et ses rancœurs, il a raison, il faut des gens comme lui. Je peux dire en tout cas que si l'accumulation amène Martin Winckler à parfois forcer le trait (ce n'est pas un homme de demi-mesure et il en agace plus d’un pour cela), la plupart des récits qu’il fait, sont tout à fait plausibles (ou à la limite du plausible), et par là même effrayants.

A la fois naïf et profond, joyeux et réfléchi, drôle et émouvant, voilà un récit formidablement construit, qui se lit très vite (Winckler a sa façon de faire raconter les gens, qui donne un style très oral, très fluide, montrant à quel point il sait écouter) avec, pour moi en tout cas, une certaine jubilation. Je l'ai retrouvé avec le même plaisir pour cette 2e lecture.


(commentaire rapatrié)



mots-clés : #medecine #science
par topocl
le Sam 10 Déc - 16:44
 
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Sujet: Martin Winckler
Réponses: 21
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