Expositions

J'avais vu la précédente rétrospective en 96 : un grand choc esthétique. On ne ressort pas pareil après avoir vu ce genre d'exposition.
Celle qui est proposée aujourd'hui insiste sur les références littéraires de Bacon : Eschyle, Nietzsche, T. S. Eliot, Joseph Conrad, Georges Bataille et Michel Leiris.
elle réévalue surtout la dernière période de création de l'artiste. Il est souvent de bon ton de déclarer que les oeuvres tardives de grands peintres sont de moindre qualité. C'est parfois vrai, mais pas si souvent que cela. Ce ne semble en tout cas pas être le cas de Bacon qui a pris des "risques" jusqu'à la fin, poussant la figuration jusqu'à ses extrêmes limites.
Un très très grand artiste du 20e, Bacon

Pour aller plus loin sur cette expo Bacon, avec Kundera, Leiris et Deleuze :
https://www.franceculture.fr/peinture/francis-bacon-sous-la-plume-de-kundera-leiris-et-deleuze?actId=ebwp0YMB8s0XXev-swTWi6FWgZQt9biALyr5FYI13OqmOnxLi6rsVN8SkIKwMoFh&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=538091#xtor=EPR-2-[LaLettre12092019]
N'hésitez surtout pas à cliquer sur les renvois dans le texte, liens vers des œuvres de Bacon.
Pour aller encore plus loin :

« …] selon lui, "l’homme réalise maintenant qu’il est un accident, qu’il est un être dénué de sens, qu’il lui faut sans raison jouer le jeu jusqu’au bout". »
Milan Kundera, « Une rencontre », I, « Le geste brutal du peintre : sur Francis Bacon », 8

Halle de La Villette, Paris, jusqu'à demain.

Tout a à peu près été dit, prédit et redit sur cette expo, record de popularité pour une exposition se déroulant en France.


Même si les organisateurs ont dû avoir mis leurs nerfs à rude épreuve pour parvenir à faire sortir certaines pièces d'Égypte, et qu'ils ont dû renoncer pour certaines, la visite reste très riche, on peut peut-être regretter que quelques pièces déjà exposées en France depuis belle  lurette n'y aient pas été jointes (souci de ne pas provoquer les autorités égyptiennes, peut-être ?).

Commençons par la fin, et ce vase d'albâtre (albâtre n'a plus la cote, l'on préfère calcitéo-machin-chose, histoire de faire plus savant sans doute): Il est de prime importance, sans celui-ci portant cartouche du roi nul n'aurait cherché la tombe de Toutânkhamon; en effet, et c'est l'entrée en matière de l'expo, pour les anciens égyptiens, tant que quelqu'un prononce encore ton nom, tu n'es pas tout à fait mort (je résume en une ligne de longs concepts théologiques qui mériteraient cent fois mieux, pardon, pardon !), et ses successeurs ont tout fait pour faire disparaître à jamais toute trace du jeune roi.



Quelques pièces remarquables et une plongée, en compagnie de deux férus d'égyptologie à mes côtés plus loin, je voulais tout photographier mais la Toile est déjà couverte des plus beaux éléments de l'exposition, et puis avec mon téléphone ça s'annonçait piètre (l'appareil photo, puisque l'usage du flash était interdit, est resté remisé dans ma chambre).
En un sens tant mieux, cela permet de rester concentré sur les trésors offerts à la vue et sur les commentaires de mes deux compagnons   "à avis pertinents et autorisés".

Toutefois j'ai bien salement shooté, outre les deux photos ci-dessus, ceci:

12 rue Cortot Paris XVIIIème.

Où l'art de la jouer perdant: ça faisait une bonne paire de décennies que je voulais passer la porte de ce musée, mais il y a tant à faire lors de mes rares et courts séjours parisiens que j'ai toujours remis à plus tard: et voilà, le jour où je m'y rends, nous sommes entre deux expositions (Georges Dorignac et la collection Weisman & Michel, le mois prochain, cette dernière s'annonçant affriolante) !

L'heure matinale ne vous évite pas tout à fait les hordes de touristes, déjà deux bonnes heures de queue pour accéder à la porte du Sacré-Cœur, la place du Tertre est quasi respirable, vite à gauche, rue Cortot.


Les jardins (dits de Renoir, qui vécut et peignit ici même), en ce dimanche matin ensoleillé, constituent une retraite de tout premier choix, le roi n'est pas mon cousin.
De la terrasse, on domine le célèbre vignoble de Montmartre, emmailloté afin de préserver la vendange (que fait le bordelais en voyage ? Il photographie les vignes, pardine    !).


L'intérieur n'est pas tout à fait à l'unisson, excepté les toiles de Suzanne Valadon et celles de son fils, Maurice Utrillo, remarquables, quelques accrochages sont assez en-dedans - disons que toutes les salles ne paraissent pas se valoir.

merci Aventin pour la visite !

Oui, c'est sympa de partager, et en plus ça remue de bons souvenirs !

Peu de temps avant qu'il ne soit trop tard je suis allé voir l'expo André Kertész au château d'en face.

Petite expo qui propose un survol du photographe avec des photos de Hongrie, de Paris ou New York (et quelques autres). Des photos du moment pour la plupart dans lesquelles ce qui est présent à l'image est plus important que l'image elle même ? Parfois un peu anecdotiques et quelques photos plus composées, avec des jeux de reflets et de distortions notamment. Une partie couleur aussi qui est assez chouette. Je n'ai pas profité du film projeter car un c'est mal foutu et deux je n'étais pas à fond dedans. Intéressant et avec des chouettes choses mais pas mal de répétitions dans ce qui est présenté et tout simplement une partie de son oeuvre qui ne me parle pas directement (ce qui est une partie de l'intérêt que j'ai pu y trouver).

Belles choses à puiser tout de même dans l'oeuvre photographique de Kertész

Dans la série exposée de photos de New York il y en a pas mal qui m'ont bien botté !

une seule photo ? pourtant l'objet invite à consommer

une deuxième ?



et une troisième :

Visite du MUŻA, à La Valette (Malte), museum d'art tout fraîchement installé (en 2018, à l'occasion de l'élection de La Valette comme capitale européenne de la culture cette année-là).  

Pas de photos personnelles, en respect de la réglementation. Beau bâtiment de pierre blonde (classé au patrimoine mondial de l'Unesco bien avant de recevoir sa vocation de musée), orné d'un patio faisant restaurant un rien sélect, un rien bobo (il faut bien vivre...), le voici comme vous ne le verrez jamais, c'est-à-dire désert:





Pas d'expo temporaire en ce mois d'octobre, juste les collections permanentes et ce n'est déjà pas si mal, se réjouit-on à l'heure du bilan, une fois la visite terminée (on y dénombrerait 20000 œuvres ! - attention ceci inclut la réserve, qui doit compter pour entre la moitié et les trois-quarts).

On pénètre, du moins si l'on suit le sens de visite, par une espèce de galerie dédiée au portrait, sous différentes facettes, surtout via des artistes, de préférence maltais ou ayant rapport à Malte, des XIXème et XXème siècle, je m'y suis pas mal attardé j'avoue:


On passe aux bronzes et à la sculpture sans célérité, en particulier avec un artiste maltais majeur qui m'a littéralement tapé dans l'œil (Antonio Sciortino), cette œuvre, Speed, présentée en plâtre en en bronze, en particulier:




Ou encore ce bronze-ci, grandeur nature ou à peu près, évoquant un couple dansant, il faut vraiment tourner autour (donc entrer, à son tour, dans la danse) pour en apprécier les finesses et les proportions, voici le côté pile, à moins que ce ne soit le côté face, et les côtés tranche sont à ne pas éluder non plus):








Le doux enchantement, un peu l'air-de-rien, se poursuit, d'accrochages modern art en antiquailles, sans que le jonglage entre les époques (habile, je trouve) n'en pâtisse:



Ces quelques petits aperçus constituent un piètre échantillonnage, il est dommage de ne pas inclure, en particulier, les éléments d'art sacré montrés au MUŻA, en provenance des innombrables richesses maltaises en la matière (la moindre église ou chapelle ou oratoire, ou peu s'en faut, en possède, et l'archipel en regorge !).

C'est donc un peu sonnés mais bienheureux qu'on plonge dans la chaleur d'octobre dès la sortie, orientant un regard périscopique en direction de l'ombre, d'une chaise, d'un pastizzi arrosé d'un verre de Kinnie ou d'un thé à la menthe.

Spoiler:

le récit de la visite et les photos du musée m'attirent aussi, merci !

le peu que j'ai vu de Malte durant les 4 ou 5 heures permises par l'excursion m'a beaucoup plus.

merci pour ton commentaire Aventin

chouette, merci.

Celle-là, elle me fait franchement envie : -20191111]https://www.francetvinfo.fr/culture/en-regions/la-celebre-grande-vague-d-okusai-et-150-estampes-japonaises-exposees-a-aix-en-provence_3695785.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20191111

Tristram a écrit:Celle-là, elle me fait franchement envie : -20191111]https://www.francetvinfo.fr/culture/en-regions/la-celebre-grande-vague-d-okusai-et-150-estampes-japonaises-exposees-a-aix-en-provence_3695785.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20191111

j'y suis allé cette semaine.
une très belle expo, très riche, avec beaucoup d'estampes, et quelques objets magnifiques (shamisen, armure de samouraï)

J'ai vu celle il y a environ 40 ans à Paris, j'aurais bien aimé confronter cette expo à mes souvenirs de l'autre...

Et moi celle d'il n'y a pas si longtemps (2014 ?), un peu rapidement mais avec plein de choses aussi (et une ambiance très "parisienne").

Musée d'Art et d'Histoire du judaisme Paris 3e

Jules Adler. Peintre du peuple
du jeudi 17 octobre 2019 jusqu'au dimanche 23 février 2020
Exposition
Autour de « Jules Adler. Peintre du peuple

Avec près de 200 peintures, dessins, gravures et documents, cette exposition est la première rétrospective consacrée à un artiste qui laisse une œuvre puissante sur les bouleversements de son temps.
Né en 1865 à Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône, au sein d’une modeste famille juive, Jules Adler est un peintre de la seconde génération naturaliste, dans la lignée des peintres de la réalité initiée par Gustave Courbet (1819-1877), franc-comtois lui aussi.