Expositions

Le musée Guimet à Paris présente actuellement une exposition passionnante qui porte bien soin titre puisqu’elle explore la façon dont les asiatiques ont perçu le monde qui les entourait. Il s’agit donc d’une présentation presque uniquement de cartes ou tout du moins centrée sur elles. Néanmoins, Loin d’être austère, cette exposition est au contraire très variée et vivante par les différents sujets qu’elle permet d’aborder.
Une première partie est consacrée aux approches de caractère « mythiques ». Si dans le monde occidental, le centre se trouve à Jérusalem ou La Mecque, dans le monde bouddhiste celui-ci se déplace dans l’Himalaya ou le mont Meru. Ce sont des cartes souvent richement colorées associant des tracés d’océans, de continents, à des vues de montagnes et de divinités (je n’ai malheureusement pas pris de photos.)

Dans le même esprit, d’autres cartes plus récentes, sont des itinéraires de pèlerinages, comme ce parcours des temples tibétains.


Au fur et à mesure des contacts avec les voyageurs du monde musulman et de la chrétienté occidentale, route de la soie, voies maritimes, la représentation va gagner en réalisme.
Il y a dans l’exposition une copie de la carte d’Al Idrissi du milieu du 12e siècle, accompagnée d’une belle vitrine d’astrolabes qui montrent le rôle majeur joué par les nations musulmanes de l’époque dans la connaissance du monde.





Les cartes ont bien entendu des fonctions diverses, notamment politiques, militaires, administratives.
Cette immense carte du 18e siècle montre les différentes parties de l’empire de Chine (image internet)


Cette autre carte est une vision du monde centrée forcément sur la Chine, à l’extrême gauche l’Europe et en-dessous l’Afrique et à droite les Amériques (pas sûr que cette vision ait plu à Trump !)(image internet)


Les Jésuites ont joué un rôle majeur dans les contacts entre l’Occident et la Chine :

« Souvent, ils nous demandent s’il y a des villes, des villages en Europe. J’eus un jour le plaisir d’être témoin de leur surprise et de leur embarras à la vue d’une mappemonde. Neuf ou dix lettrés, qui m’avaient prié de leur faire voir, y cherchèrent longtemps la Chine ; enfin ils prirent pour leur pays un des deux hémisphères qui contient l’Europe, l’Afrique et l’Asie : l’Amérique leur paraissait encore trop grande pour le reste de l’univers […] Où est donc la Chine, s’écrièrent-ils tous ? C’est dans ce petit coin de terre, leur répondis-je, et en voilà les limites. Je ne saurais trop vous exprimer quel fut leur étonnement ; ils se regardaient les uns les autres, et se disaient  ces mots chinois : chiao te kin, c'est-à-dire : elle est bien petite. »
Père Emeric Langlois de Chavagnac : Lettre annuelle du Jiangxi, 10 février 1703

Des occidentaux travaillent pour des commanditaires chinois, ainsi ce paravent de 1676 avec une mappemonde dont le méridien passe par Pékin.


Plus récente, cette carte du milieu du 19e siècle représentant les territoires du Vietnam à l’ouest du fleuve rouge a été complétée dans les années 80 à l’intention des officiers français. La pénétration française est indiquée par des fortins surmontés de drapeaux bleu-blanc-rouge. En regardant en détail, on remarque l’un d’entre eux dans une cuvette entourée de collines à Phu de Dien Bien !!




Il y a aussi dans l’exposition de beaux plans de villes.


J’ai appris aussi le rôle des boussoles géomantiques dans la fondation des villes et la construction des habitations. Il faut orienter les demeures en fonction des influences positives (photo internet)


J’ai également beaucoup aimé les longs rouleaux qui offrent une vue panoramique de la rive d’un fleuve




Parfois nous entrons même dans les habitations


Ou nous assistons aux travaux des champs


Nous pouvons également accompagner l’empereur dans la visite de son empire.


La dernière salle est un beau résumé de l’exposition. Des peintres de l’école de Yokoama ont représenté vers 1860 des sites occidentaux  d’après des journaux, récits de voyage etc.
Voici Londres


Et Paris dont la localisation est assez vague (ville entourée d’eau près de Londres…)


Images naïves, fantasmées, proches de celles que les occidentaux donnent à l’époque des orientaux. La boucle est bouclée, les deux mondes se renvoient en miroir la même image

Oui, d'un centre du monde à l'autre ! L'Empire du Milieu...

Merci ArenSor ! Un sujet à aérer l'imaginaire et de quoi se rappeler que ça fait longtemps que je n'ai pas mis les coussinets dans une parisienne exposition.

Très intéressant, oui !

Art Brut Japonais II, l'exposition à la Halle Saint-Pierre

image: https://www.sortiraparis.com/images/54/0/01-default.jpg

image: https://www.sortiraparis.com/images/55/66131/375479-art-brut-japonais-ii-l-exposition-a-la-halle-saint-pierre-2.jpg
Art Brut Japonais II, l'exposition à la Halle Saint-Pierre

image: https://www.sortiraparis.com/images/56/0/01-default.jpg

image: https://www.sortiraparis.com/images/57/0/01-default.jpg
La Halle Saint-Pierre consacre une exposition à l’art brut contemporain du pays du Soleil Levant, intitulée Art Brut Japonais II, du 8 septembre 2018 au 10 mars 2019. Une rétrospective dans le cadre du Tandem PARIS-TOKYO et qui fait suite à une première édition exposée huit ans plus tôt.

L’art japonais une nouvelle fois à l’honneur… A l’occasion du Tandem PARIS-TOKYO, la Halle Saint-Pierre organise une exposition autour de l’art brut contemporain nippon, intitulée Art Brut Japonais II, du 8 septembre 2018 au 10 mars 2019. Une exposition qui fait suite à celle présentée il y a huit ans et portant le même nom.

L’art brut, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un terme inventé par le peintre Jean Dubuffet désignant les œuvres de personnes n’ayant aucune culture artistique. Un art radical, voire même primitif et spontané créé par des artistes « souvent confronté à un isolement mental ou social », parfois même à un traumatisme, mais qui suscite autant d’émotions à travers son expressivité et une certaine puissance graphique.

Takeru Aoki, Makoto Fukui, Yu Fujita, Masaru Inoue, Kazuma Ashida, Waraji Gosokuno, Yasuhiro Kobayashi ou encore Yuichi Nishida… Autant d’artistes japonais excellant dans cet exercice de style et qui contribue à porter ce phénomène au-delà « de son ancrage originel occidental ».

Au total, une trentaine de peintres, dessinateurs, sculpteurs et autres plasticiens sont exposés ici. Parmi eux, Masaki Hironaka et Yukio Karaki, deux hibakusha (survivants aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki) dont les dessins et peintures sont présentés au public français. Des oeuvres à vif qui permettent d’appréhender l’horreur suscité par les bombardements, témoignage bouleversant de cet enfer de feu et de sang.

En savoir plus sur https://www.sortiraparis.com/arts-culture/exposition/articles/172472-art-brut-japonais-ii-l-exposition-a-la-halle-saint-pierre#WSiXv0C4oQP4iJvK.99

Pour son exposition de la rentrée 2018, le Musée du Luxembourg rend hommage à Alphonse Mucha, le représentant de l'Art Nouveau trop souvent oublié. Du 12 septembre 2018 au 27 janvier 2019, le musée réunit les grandes pièces qui ont fait son oeuvre, de ses affiches à ses planches d'illustrateur, mais aussi ses photographies, ses sculptures et ses études préparatoires, pour une belle redécouverte !

Le Musée du Luxembourg nous ouvre l'univers d'Alphonse Mucha, du 12 septembre 2018 au 27 janvier 2019, avec une belle exposition. La dernière fois que Paris célébrait Alphonse Mucha était en 1980, et c'était au Grand Palais.

Né en 1860 en Moravie, Alfonse Mucha arrive à Paris en 1887 pour assoir ses connaissances en art à l'Académie Julian et réalise affiches publicitaires et illustrations de livres pour financer ses études. En décembre 1894, c’est sa rencontre avec la grande tragédienne, Sarah Bernhardt, qui lance sa carrière d’affichiste, lorsqu'il la représente en Cléopâtre pour la promotion de la pièce Gismonda. Le succès de cette affiche Art Nouveau est tel qu'elle est découpée dans les rues de Paris et Mucha croule sous les contrats d'affiches et d'illustrations.

S'il excelle dans l'Art Nouveau, c'est grâce à plusieurs professeurs : de Jules-Joseph Lefebvre, il garde les portraits de femmes allégoriques, et de Jean-Paul Laurens, les grandes peintures historiques dans des décors théâtraux. C'est ainsi qu'est né le style si caractéristique d'Alphonse Mucha, des figures féminines aux cheveux d'or immortalisées devant de très beaux décors, souvent constitués de rosaces.

Contacté par tout Paris pour des illustrations de livres, des affiches et même la décoration de restaurants et par des joailliers comme Georges Fouquet, l'artiste n'en oublie pas son désir de devenir peintre voué à la cause nationale de son pays d’origine et des peuples slaves.

Cette grande exposition Alphonse Mucha, imaginée par la RMN - Grand Palais, a été confiée à Tomoko Sato, conservatrice de la Fondation Mucha de Prague, qui a réunit de grandes pièces pour redécouvrir le premier Mucha et de découvrir le second, de redonner à cet artiste prolifique toute sa complexité artistique, politique et spirituelle.

Sortir à Paris

ça marche comment les bricolages d'expos entre les musées par exemple ici Grand Palais et Luxembourg ? (question curiosité intéressée, les expos au Luxembourg m'ont paru bien foutues dans l'ensemble).

je viens de regarder, c'est vraiment extra ! merci Bix !

Oui, comme ici, surtout en grand-angle.

Oui, mais impossible d' avoir une photo plus grande...
Si quelqu' un désire connaitre les lieux d'exposition qu'il se manifeste.

https://www.dailymotion.com/video/x52ogai
Les singes et les chèvres semblent parfois bien s'entendre !

Celle-là aussi, avec le clebs à l'aise...

Jean-Jacques Lequeu, bâtisseur de fantasmes 11/12 - 31/03

Petit Palais
Exposition Jean-Jacques Lequeu Bâtisseur de fantasme - Petit Palais, 11 décembre 2018 - 31 mars 2019

Architecte visionnaire et révolutionnaire, Jean Jacques Lequeu n’a jamais construit, mais ses nombreux projets de bâtiments et ses innombrables dessins très étranges le rendent célèbre aujourd’hui. Le mystère plane toujours sur cet artiste étonnant du Siècle des Lumières.

Lequeu a été admiré par les surréalistes et notamment Duchamp.

Vu le tapage médiatique, on ne risque pas de passer à côté

Il faut parfois faire quelques pas hors des sentiers battus et rebattus des grandes expositions parisiennes pour faire parfois de belles découvertes.
Vous prenez donc la ligne 3 du métro jusqu’au terminus « Pont de Levallois », puis vous traversez ledit pont, ainsi que l’extrémité de l’île de La Grande jatte – que je situais mal, vous marchez 5 mn en direction du parc de Bécon qui domine la Seine pour découvrir à l’intérieur le musée Roybet-Fould.
Première surprise, il s’agit d’une construction très particulière puisque c’est le pavillon de la Suède et de la Norvège qui avait été construit pour l’exposition universelle de 1878 ! Intérieur entièrement lambrissé.


Ce musée modeste expose donc un artiste mort à Courbevoie : Théodule Ribot.
Ce peintre a connu une certaine réputation auprès de ses contemporains mais n’a jamais été de succès public. En effet, il a suivi une voie tout à fait personnelle, totalement originale, étrangère aux modes de son temps. Bien qu’il n’y ait de sa part aucune volonté d’opposition, on ne peut trouver d’exemple plus à l’opposé des peaux nacrées des Vénus de Cabanel et consorts ou de la touche fragmentée des impressionnistes.

Théodule Ribot se réfère au clair-obscur du Caravage, plus exactement à ses interprétations espagnoles, on pense à Velasquez et encore plus à Ribera, ou nordiques. On a dit de lui qu’il recouvrait ses sujets de suie et qu’il barbouillait ses tableaux de noirs. Vous vous en doutez, nous sommes bien éloignés de la joliesse et du plaisant. Ribot donne dans l’austérité et le contemplatif !

Passons à ses œuvres :
L’autoportrait du musée de Lille par sa monumentalité, son point de vue plafonnant, l’œil perçant émergeant des ténèbres, est particulièrement impressionnant. On comprend tout de suite avoir affaire à un grand peintre. Et si vous pensez à certains autoportraits de Rembrandt, ce n’est pas un rapprochement stupide.


Ribot aime les « trognes »


Un beau portrait de jeune fille avec un chien qui peut faire penser à Vélasquez


Ribot a fondé sa réputation sur des représentations de marmitons, sujet qui sera repris par Soutine, dans un tout autre style, bien des années plus tard.




Pour accéder au Salon et être considéré comme un grand peintre, il doit s’attaquer au « grand genre », c'est-à-dire la peinture d’Histoire, au sens large

Saint Sébastien


Saint Vincent


Le supplice des coins.


Une part non négligeable de l’œuvre de Ribot est consacrée aux natures mortes.
Certaines d’entre-elles se réfèrent à une tradition espagnole ou nordiques


D’autres, peuvent faire penser au réalisme de Courbet et sont peut-être plus originales
Les côtelettes et rognons


Le crâne de mouton


Le gigot, œuvre assez extraordinaire avec cet œil noir dans la chair.


Vous voyez, Théodule Ribot a abordé avec bonheur différents genres. Inutile de dire qu’après sa mort, il est tombé rapidement dans l’oubli, tant sa peinture était éloignée des tendances de l’époque. Il va retenir cependant l’attention de quelques amateurs et de nombreux musées. Les tableaux de Ribot ne se livrent pas au premier regard. Ils demandent une qualité d’observation pour entrer dans leur univers. Ca tombe bien, dans le musée de Courbevoie, vous pouvez le faire tout à loisir , sans être bousculé par la foule.