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Louis Calaferte

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social - Louis Calaferte  Empty Louis Calaferte

Message par Hanta Jeu 17 Aoû - 15:03

Louis Calaferte
(1928-1994)

social - Louis Calaferte  6a015410

biographie a écrit:Louis Calaferte est un écrivain français né le 14 juillet 1928 à Turin et mort le 2 mai 1994 à Dijon.
Garçon de courses à treize ans dans une usine de piles électriques de Lyon, puis manœuvre, il part en janvier 1947 pour Paris où il entre comme figurant au Théâtre de l'Odéon. Il écrit alors ses premières pièces. L'une d'elles est jouée en avant-première au Théâtre d'Angers, alors qu'il n'a que vingt ans, et lui vaut une ovation du public. Sous l'égide de son « père en littérature » Joseph Kessel, il publie Requiem des innocents en 1952 chez Julliard, souvenirs romancés d'enfance. Ce premier livre est suivi de Partage des vivants en 1953. Ces deux œuvres de jeunesse seront désavouées par l'écrivain vingt-cinq ans plus tard.

En 1956, il s'installe à Mornant dans les monts du Lyonnais et y écrit Septentrion, ouvrage taxé de pornographie qui fut interdit à la vente et réédité seulement vingt ans plus tard, sous l'égide de Gérard Bourgadier, chez Denoël. Dans ce récit largement autobiographique, Calaferte relate à la première personne les errances d'un apprenti écrivain, ses premières lectures clandestines au cours de son travail d'ouvrier (il se réfugie encore enfant dans les toilettes de l'usine pour y lire avec passion) et ses rencontres avec les femmes, dont la plus importante dans le récit est sans conteste Nora la Hollandaise, figure de l'émancipation féminine et de la réussite sociale. Ce livre subversif est un hymne au désir créateur et à la liberté de l'artiste, dans un contexte social à la fois rigide et fluctuant, celui de l'après-guerre. Calaferte continue de publier régulièrement des récits à l'atmosphère intimiste et sensualiste - parfois onirique, souvent liés au monde de l'enfance - et quelques recueils de poésies.

Dramaturge prolifique, il exploite dans ses pièces le thème de la relation familiale, en usant d'une tonalité drolatique et inquiétante. Selon le metteur en scène Patrick Pelloquet : « les personnages de Louis Calaferte sont davantage des stéréotypes de comportements que des personnages au sens restrictif du terme » évoluant dans un décor en huis clos.

Calaferte trouve un emploi à la radio de Lyon à partir de 1974 et à l'O.R.T.F. Il passe les dernières années de sa vie (1985-1994) près de Dijon, dans le village de Blaisy-Bas, avec son épouse, et leurs animaux de compagnie auxquels ils vouent une profonde affection. Il compte parmi ses amis les plus proches l'écrivain Georges Piroué, le peintre Truphémus, ou encore le metteur en scène Jean-Pierre Miquel. Ses carnets nous offrent le témoignage unique de la vie d'un écrivain volontairement en marge, en même temps que celui d'un créateur en proie à l'angoisse et à la maladie, adorateur de Dieu, des femmes et de la nature. Ils nous renseignent également sur l'autre facette artistique de l'écrivain, passionné de peinture, et sur ses goûts littéraires, qui vont de Stendhal, Paul Léautaud et Marcel Jouhandeau, aux moralistes français et à Franz Kafka. La Mécanique des femmes (1992), qu'il publia moins de deux ans avant sa mort, fut porté à l'écran en 2000 par Jérôme de Missolz et reçut un accueil très mitigé.

Louis Calaferte est décédé le 2 mai 1994 à Dijon.

Son épouse, Guillemette, a continué de faire paraître les écrits inédits de l'écrivain (récits et poésie) et les volumes restants du Théâtre complet et des Carnets (Le Jardin fermé (1994), tome XVI et dernier, est paru en 2010).

Guillemette Calaferte préside aujourd'hui l'association SCarabée, les amis de Louis Calaferte et a confié l'ensemble des manuscrits et des archives littéraires de l'écrivain à la Bibliothèque municipale de Lyon.

Ses Oeuvres :

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Message par Hanta Jeu 17 Aoû - 15:04

Septentrion

social - Louis Calaferte  Sm_59510

Septentrion est un excellentissime récit, plein de vie avec un rythme que j'ai particulièrement aimé. En effet j'ai ressenti une écriture par saccade presque musicale tant le jeu des phrases courtes et des phrases longues est harmonieux. Les descriptions de situations ou de lieux sont riches mais pas exagérées et laissent la part belle aux pensées de l'auteur qui possède un cynisme assez jubilatoire.
Pour ce qui est du côté "hot" du roman je ne l'ai pas trouvé choquant mais comme je le disais quand on a lu Sade on est peu choqué par le reste. Ce qui est surprenant c'est que le rythme du récit varie selon la situation sexuelle décrite. Rapide et saccadé quand la situation s'enflamme ou lascif et lent quand la situation est plus érotique que sexuelle. C'est du moins l'impression que ca m'a laissé et c'est je pense pour cela que cela peut paraître choquant. un sentiment d'intimité s'empare de nous et l'on se pense concerné par la situation à cause du rythme imposé qui nous accompagne.
Le style est magnifique, clair mi-courant-mi familier par endroits, soutenu et presque poétique dans d'autres. Cela fait du bien une telle richesse de vocabulaire.

Un excellent livre qu'il serait dommage de louper.


mots-clés : #autobiographie #sexualité #social
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Message par Invité Jeu 17 Aoû - 15:41

J'avais beaucoup apprécié ma lecture de Septentrion, mais je ne le conseillerais pas à tout le monde. Je comprends qu'on puisse avoir une sensation de trop-plein, de surenchère.
J'avais été plutôt déçu par La mécanique des femmes, vaste amalgame porno.
Mais assez intéressé par la poésie de Calaferte, dans les quelques recueils que j'ai pu lire.

Un extrait pour se faire une idée du style :

Calaferte, dans Septentrion a écrit:« La rame s’approche. Fourgon des morts civils. Buée fade. Lavasse. Haleine incolore et désinfectants. Vase jaune des lumières métropolitaines. Retour au troupeau. Ca pue. Ca pue l’homme. La ferraille moderne bringuebale sur ses rails électrisés. Panique du rat civilisé. L’enfer est à l’étage au-dessous. A moins d’un mètre. A quelques marches. L’enfer à chaque carrefour. Dans chaque ruelle. Sous tous les porches. A domicile. Sous le paillasson. La vie qui perd ses étamines comme une vieille folle hystérique et chauve. Vous verrez la vie crucifiée par les couilles. Vous verrez Dieu servir d’épouvantail. Marie la Sainte être enculée par le bizness. Jésus l’Enfant à faire les tasses. La Trinité de pissotière. Vous verrez ça. Vous aurez vu. Ce sera bien tard pour rouspéter. (…) Qu’on m’autorise seulement à ma promenade éjaculatoire qui commence chaque jour dans le métro par la foule abrutie du matin. Visages connus à force d’être rencontrés. Regards mornes. Poches sous les yeux. Odeur légèrement rance nuancée d’une pointe subtile de ce parfum onctueux de la poudre de riz à bon marché. Corps entassés dans les wagons. Avec un peu de chance, une douce érection entretenue jusqu’au bout du parcours au contact d’une femme en bonne position devant soi. Nouvelles du jour. En vrac. Guerres. Séismes. Viols. Attentats fanatiques. Tempêtes. Incendies. Canicules. Meurtres et suicides en chapelets. Que tout saute, bon Dieu, que tout saute de la cave au grenier, cul par-dessus tête, et on n’en parlera plus ! Elections du secrétaire et du vice-président. Les quelques héros coutumiers qui ne sont toujours pas revenus. Krach surprise sur les cotons bruts. Riposte en bourse. Hausse générale. Panique. Famine. Publicité. Photo grand format de la plus belle paire de cuisses du monde gainées dans des bas de filets noirs. Et le vertigineux sourire en forme de large con humide de la lauréate. Qui n’a jamais rêvé d’une pareille bouche, dites-moi ? Dégoulinante de sensualité idiote. Et quelles gueules ont-ils donc les types qui se fourrent ça chaque soir dans leur lit ? Comment faut-il être ? Muscles d’acier ou pine de velours ou bardé de billets de banque, ou quoi ? Qu’arriverait-il, dites-moi, si elle surgissait pour de bon de son journal, bien vivante, fesses et nichons, telle quelle, les reins creusés, pour tomber là, parmi nous, dans le wagon, entre deux stations, et nous présenter gracieusement avec un geste de pure jeune fille son petit sexe moulé dans la coquille du slip, nous priant tous instamment d’en disposer à notre convenance ? Ne serait-ce pas subitement la fin de quelque chose, comme une révélation dans les consciences ? Le ton est donné pour la journée. Ce sera foutre, et histoire de foutre. »

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Message par Tristram Jeu 17 Aoû - 15:59

On sent l'influence célinienne, non ?

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Message par Invité Jeu 17 Aoû - 16:10

Clairement. Il manque les ... What a Face

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Message par Tristram Jeu 17 Aoû - 16:18

Oui, mais dans le rythme de la rage, il y a comme une filiation...

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Message par Baleine Jeu 17 Aoû - 23:31

Je suis en train de lire Septentrion. Je dois en être au tiers et ça me plaît plutôt bien. J'ai eu peur au début, puis je me suis faite à ce côté vaguement Bukowski adolescent... j'attends de voir, j'espère que ce n'est pas trop linéaire, que ça ne fatiguera pas. En tous cas, je suis contente que le sujet apparaisse. Je repasserai.
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Message par Invité Ven 18 Aoû - 8:40

Moi ça m'avait surtout fait penser à Henry Miller.
Bonne lecture, Baleine ! Smile

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Message par bix_229 Ven 18 Aoû - 16:22

J' avais apprécié son récit autobiographique C' est la guerre, des souvenirs revisités
à hauteur d' enfant.
Il avait 10 ou 11 ans à cette époque.
Je me suis promis de revenir à Calaferte, mais ce sont des promesses que j' ai faites
à d' autres auteurs, un peu inconsidérment... social - Louis Calaferte  3933839410
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Message par Aventin Dim 5 Nov - 7:30

Septentrion

social - Louis Calaferte  Calafe10
La chaleur, peinture de Louis Calaferte.

Alléché par le commentaire dithyrambique d'Hanta, bien que mis en garde par le bémol émis par Arturo, j'entrais dans ce livre fort en appétit, surtout qu'il porte la signature d'un auteur que je prise, et conforté, au demeurant, par les sopalinades de Philippe Sollers en quatrième de couverture:
Philippe Sollers a écrit:On n'a jamais, je dis bien jamais, écrit quelque chose d'aussi fort, d'aussi cru et violent. Et drôle. Et horrible. Et aussi prophétique [...] Ne pas avoir lu ou ne pas lire sur-le-champ Septentrion est foncièrement immoral.

S'ensuit une logorrhée de 420 pages, j'ai dû me cramponner pour ne pas que le livre me tombe des mains, les 20 dernières pages relevant l'intérêt. C'est, comme souligné plus haut, écrit en sous-style Céline, sans que la contrefaçon puisse jamais être prise pour l'original.
Heureusement l'humour, ou ce que l'on croit pouvoir prendre pour tel, affleure au jusant des imprécations borborygmées.

C'est l'histoire, sans doute à peu près autobiographique, d'un jeune homme dans la dèche, pour qui survivre est devenu vivre aux crochets.
On gratte quelques cocasseries situationnelles, un drolatique de langage argot de çà, de là, le malaise ne venant pas de là ou Calaferte souhaite y amener le lecteur, du moins le lecteur de 2017 en occident, mais bel et bien de sa violence personnelle et de sa misogynie, les deux fort mal dissimulées derrière l'aloi de la misanthropie.
C'est pour pornographie que cet ouvrage, qui prit quatre années à l'auteur pour être écrit, fut censuré pendant une vingtaine d'années (1963-1984), ce qui est la plus grande gloire littéraire pour un livre paru en France dans la seconde moitié du XXème: aujourd'hui ce pourrait être les associations féministes qui seraient susceptibles d'en réclamer la mise à l'index, pour d'autres motifs.

Bref, notre Calaferte n'est, ici, qu'un antipathique modèle réduit, réduit à un sexe, un ventre, un nombril, accessoirement un gosier. Assez entier (selon lui) pour cracher dans les mains tendues que sa peu enviable condition de gigolo ou tapeur et re-tapeur met sur sa route.

Quelques passages sur l'écrivain qui n'a encore rien fait paraître mais ne parvient pas à écrire interrompent les affres lectoraux.

En contrepoint le jeune héros n'a de cesse de clamer sa différence par un procédé très rendez-vous-compte consistant à tartiner son propos de références livresques et artistiques, culturelles (peinture et musique), afin sans doute qu'on ne le prenne pas pour.
Si vous êtes familier des maraudes, ou toute forme de plongée dans la survie urbaine extrême et de mauvaise passe noire (la misère-souffrance, à opposer à la pauvreté-[souvent, ou parfois ?]vertu), alors vous savez combien sont courants les comportements, du fait de l'obsession à ne pouvoir satisfaire les besoins les plus primaires (manger, dormir, être propre, et, dans cas de Calaferte, le sexe) consistant à afficher une différence prenant la forme d'un égo hypertrophié, qui étonne la plupart de nos contemporains, lesquels attendent plutôt (de ce que j'en vois, du moins ?), en l'espèce, une humilité rampante.

Cette extrêmement haute opinion de soi, semblant démesurée et pouvant s'avérer fort nocive, est en fait la nécessaire estime de soi devenue malade. Elle est un puissant moteur pour la survie, permet même, et c'est valable pour Calaferte je crois, de s'en tirer un jour.

Bref pas grand chose de neuf, Calaferte a, certes et nous lui en sommes gré, le bon ton de respecter à la lettre son plan initial, tel que tracé dans un autre ouvrage:
Louis Calaferte a écrit:Il importe de tout dire. Sinon on se trahit soi-même. Si un livre n'est pas le reflet exact de votre malaise, il n'y a plus de vie possible.
Ce à quoi, au siècle qui précède celui de l'auteur, Napoléon Bonaparte (cité par Balzac) oppose qu'"à pouvoir tout dire, on en arrive à tout faire".

Autre petite curiosité, celle entretenue par Calaferte avec la foi. Pas mal de références tartinées, est-ce là aussi afin qu'on ne le prenne pas pour (quelqu'un qui n'aurait pas lu et médité) ?
Toujours est-il que Calaferte saupoudre le bouquin à main lourde, croyant sans doute l'épicer, de ses incessantes adresses à Dieu, parfois violent, implorant, insultant, élucubrant, geignant, ricanant, etc...

Là aussi, il donne dans le plan initial, tel qu'affirmé ailleurs, au soir de sa vie:  
Louis Calaferte a écrit:Les trois grandes affaires de mon existence ont été Dieu, l'esthétisme et les femmes.
En ayant soin de préciser, au sujet de sa foi, de l'immanence et de la transcendance, dans un autre ouvrage encore, qu'il ne s'agit pas de:
Louis Calaferte a écrit:La représentation conventionnelle du Christ en nougat de Montélimar.
Ce dont nul lecteur de Septentrion ne doute !

Arrêtons le message sur deux dernières citations de Calaferte, prises dans encore deux autres livres, mais qui correspondent bien à Septentrion:
Louis Calaferte a écrit:J'habite indolemment la ruine que je suis.
Louis Calaferte a écrit:Il faut que le cœur se brise ou se bronze.



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Message par Tristram Dim 5 Nov - 9:29

Entre deux commentaires estimables mais contradictoires, il va falloir se faire sa propre opinion...
Aventin, je pense au contraire que l'effort que tu as fait de parler d'une déconvenue est méritoire _ et utile ! Il n'est peut-être pas nécessaire de s'étendre sur un ouvrage décevant (encore que ce soit éclairant pour soi et les autres), mais il en est d'objectivement médiocres, ratés. J'ai été surpris de voir des assentiments postés suite à mes commentaires parfois critiques (au sens de négatif) : effectivement, si tout livre était bon et intouchable, cela retirerait beaucoup d'intérêt à nos avis !

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Message par Hanta Dim 5 Nov - 21:09

Il est super ton commentaire aventin. J'ai eu beau aimer ce livre je trouve ta critique très bien rédigée et très intéressante.
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Message par animal Dim 5 Nov - 21:20

Pas lu Septentrion mais ça ressemble à ce que je redouterais. Ceci dit j'ai plutôt apprécié ce que j'ai lu de Calaferte (Requiem des innocents et Rosa mystica) mais Promenade dans un parc m'avait solidement déçu et je me retrouve dans certaines des observations d'Aventin.

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Message par bix_229 Sam 24 Avr - 17:53


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Message par Tristram Dim 14 Aoû - 14:12

Septentrion

social - Louis Calaferte  Septen10

Départ en fanfare, provocateur, rageur : d’entrée le sexe (féminin), puis les cabinets où le jeune ouvrier en usine se réfugie pour dévorer les livres (de grands auteurs littéraires, beaucoup d’occultisme aussi).
« Il y eut une époque où, dans les livres, le sens d’une bonne partie des mots m’échappait. Grâce au seul moyen de la lecture, je me suis lentement familiarisé avec un vocabulaire élargi que je n’avais jamais employé ni entendu employer autour de moi. Cette façon ardue d’appréhender la langue m’a laissé un immense amour des mots. »
Il délire frénétique et baroque dans « l’hémorragie des images ».
« Le ton est donné pour la journée. Ce sera encore foutre et histoire de foutre.
Marmelade sexuelle d’un bout à l’autre. Chaque femme passée au crible en un coup d’œil. Ce qu’elle pourrait donner, tenue, basculée dans son plaisir, le râle à la gorge, folle, bouche ouverte, cette extase de la peau, proximité du crime, les approches du sang, corps révulsé, sexe crémeux, ventre au sabbat, incandescent, violet, se gonflant comme un sac pour cracher, hoquetant, les jets tièdes de sa jouissance. Ce qu’elles pourraient donner, toutes, renversées, abattues là, à même le sol, piégées comme des bêtes au supplice. Offrande du sacrifice de chair sur un autel de terre battue piétinée par les hommes. Ce que peuvent être ces femmes inapprochables qui glissent sous nos yeux, une fois cramponnées, enfoncées sur un sexe rigide, solidement empalées, n’ayant plus pour seul but que de livrer en un instant la densité de plaisir qui les envenime. D’où nous vient cette irrépressible tentation de lever le voile de nos ténèbres comme on lève la jupe d’une fille pour voir et savoir… Et peut-être n’y a-t-il rien en dessous que cette fente stupide, mollement refermée sur un inextricable tunnel de succions veloutées, de caresses moites, filandreuses, d’anfractuosités mouvantes. Entrelacs de tentacules, de roches bosselées qui encerclent, dominent de minuscules ravins parsemés de ventouses flasques. Abîmes miniatures. Grouillants. Convulsifs. Parés de fines membranes ouatées. Cette fente boursouflée qui se resserre doucement sur un funambulesque univers d’éruptions squameuses, hérissée d’une multitude de petites lames, de canifs, de couteaux tranchants et de crocs invisibles, gélatineux, pointus. Souple dentition de faune marine. Cartilages ensanglantés, dressés en rangs compacts au bord de l’escarpement de gouffres caoutchoutés, spongieux, qui absorbent, pompent, refluent, épanouis et profonds comme un regard de bête morte. Cette mâchoire, cette mâchoire utérine, avide et insatiable, sécrétant l’iode et le sang. Cette fente, cette cicatrice effilée qui ne s’écarte jamais que sur un monstrueux sourire sans fin. Noir. Béant. Un sourire édenté. Étrangement lascif. Peut-être n’y a-t-il rien d’autre au bout de notre inquiétude, et pour toute réponse, que l’incoercible hilarité muette de cet orifice gluant. »
(Ça continue ad libitum, je limite l’extrait.)
Quoique toutes les femmes soient avides de sexe, Nora est exceptionnelle (érotisme torride garanti).
« Mlle Nora Van Hoeck, avec sa démence ovarienne et cette inépuisable citerne de foutre qu’elle semblait avoir en réserve quelque part dans le ventre, était à mon sens le spécimen qui me convenait on ne peut mieux. »
Comme il est fauché, elle lui propose de l’entretenir, ce qu’il accepte avec empressement (dans un premier temps), prêt à tout pour échapper au médiocre troupeau des petits ouvriers et employés (les « buffles »).
« Petits quartiers de pauvres. Mal fichus. Blottis. Toujours quelques persiennes déglinguées. Quelques lézardes dans le crépi des façades. Toilette mortuaire sur la peau nickelée d’un cadavre ancien. Impression d’immense fragilité. Et derrière les murs, des hommes qui reposaient. Un ronflement, parfois, qui enjambait une fenêtre ouverte, cabossait l’obscurité. Des pleurs d’enfant, réguliers, persistants, échappés à l’aveuglement de la nuit, loin, loin, comme coulés dans l’épaisseur même des murs au fond de cette enveloppe de ciment et de pierres. Écho rebondissant d’une porte d’entrée fermée quelque part par une main invisible. Les bruits passent par la caisse de résonance. Je m’effaçais sur le silence. Ligne métallique des poubelles de guingois au long des ruelles étriquées. Comme des chapeaux difformes mis en place avant que ne s’allument les feux de l’illusion. Haie de parade d’un monde de détritus, sur chaque trottoir, des deux côtés. Rues trempées de sommeil, décalquées sur le noir. Architecture indécise d’après la fin des siècles. J’aimais cette paix légère. Galon de nuit. J’aurais pu être le dernier survivant valide à la suite du cataclysme sidéral. Peut-être allais-je tomber au tournant de la rue prochaine sur un tas de noyés parmi lesquels je reconnaîtrais infailliblement le corps mutilé de Mlle Van Hoeck dans sa chemise de nuit saumon à volants noirs, ses cheveux agglutinés en touffes au sang sorti de ses narines. Un peu plus loin, il y aurait un râtelier jauni abandonné par mégarde au moment de la panique finale dans la vitrine d’un grand magasin, témoin absurde de la civilisation du fer. Un vieillard décapité, accroupi, dont les mains tâtonnantes essaieraient de rassembler les débris d’un monocle brisé entre les pavés. Ou un pénis de cheval à demi sorti de son fourreau de poils, se contorsionnant dans la rigole comme un long ver rouge – pourquoi pas ? »
Ça c’est en attendant d’avoir écrit son premier livre, car il sera écrivain.
« Cette nouvelle rencontre, par exemple, était prévue, me semble-t-il, pour s’insérer dans la longue chaîne des connaissances précédentes. Jeu de cubes. Un élément de plus dont il m’appartiendra dans l’avenir de dégager la signification. »

« C’est toujours dans des circonstances impraticables que l’envie d’écrire vous tombe dessus sans prévenir. Je crois que c’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles on n’écrit jamais exactement le livre qu’on avait initialement projeté. […]
Je n’écrivais donc jamais qu’en marge des événements. »

« Écrire, c’est ne jamais trouver. À quoi bon en attendre autre chose ? »
Lorsque le gigolo ne supportera plus sa prostitution, il partira avec la caisse – parvenant toujours à se donner bonne opinion de lui-même. Puis il sombre vite dans la cloche : le parasitisme ne paie plus. Plus que jamais convaincu d’être un grand écrivain en puissance (il n’a pas profité de ses loisirs pour écrire), cette déchéance nous vaut au moins un épanchement éruptif bienvenu après quelques logorrhéiques longueurs de boudoir.
« Les échanges ont lieu sans qu’il y paraisse au-dessus d’un volcan assourdi alimenté par la notion toujours présente d’un formidable rut collectif au cours duquel tout serait enfin permis, dénoué, le rêve des possessions impossibles comblé dans l’instant même, rassasié avec des corps intacts, pris de force, au hasard. Mâles et femelles replongés dans leur sauvage réalité première devant la seule évidence de leurs sexes. Tout se résout par la nutrition et par le meurtre. Chaque contact est comme une tentative de vivisection à froid et sous-entend la mutilation d’une part de soi. Au fond de cette cohue nerveuse, dévorer sa proie pendant l’amour n’a ni plus ni moins d’importance que chercher à dissocier l’esprit de la matière. Si le climat n’est pas aux hémorragies soudaines, vous pouvez verrouiller la porte de la chambre derrière vous et donner à la patiente un mouchoir à mordre. Fœtus, votre jeune fils, coulera gentiment comme si de rien n’était dans la serviette éponge, ses yeux encore éteints et ses petites pattes fluettes repliées, collées à son corps marbré, comme dessinées, gravées à la pointe sèche dans une pâte humide. Déjà, pas un ongle ne manque. Le petit sexe est en place, incrusté sur le ventre. Reste à plier le tout dans la page de dernière heure de la dernière édition du soir, à le jeter dans la cuvette et à tirer la chasse. Onction et baptême du pur néant. Vies parcheminées. Chair et poussière de chair. Fleuve de limon où surnagent sans fin une multitude de cadavres informes de la grosseur impensable du spermatozoïde humain. Univers strictement prisonnier entre les parois opaques d’un ovaire grand format. La seule chose à jamais introuvable dans cet ovaire cosmique, c’est une preuve ou une issue. Inutile de tenter quoi que ce soit pour enrayer la frénésie générale. Le bureau les attend. Les attendent l’usine, le foyer, la maîtresse, le bordel, l’église, le médecin, les urines en bouteille, le repos bien gagné, les pompes funèbres et l’effigie de cire du Créateur impassible qui se veut irresponsable d’un tel chaos et, à cet effet, a troqué son œil de lynx contre une paire de bésicles de la plus inoffensive apparence. Ainsi affublé de verres doubles, Dieu est partout, même dans le trou à la turque si vous y regardez à deux fois. Infiniment rassurant de se dire que la présence paternelle ne nous fera jamais défaut. La foule enfantine caracole, le cœur chassieux. Il faut être fou ou aveugle pour prétendre l’éveiller, fût-ce à force de bombes incendiaires. Longue agonie hébétée. La vie, c’est pour plus tard, en projet, demain, dimanche, pour le jour de la retraite dans le jardinet de la maisonnette durement économisée. Ils vont sûrement se mettre à vivre tout de suite après que leur vie sera assurée. C’est merveille de voir comment, en plein malentendu, chacun peine avec application pour creuser son minuscule abri personnel où il est destiné à être enlisé vivant aussitôt la niche fignolée. Si ensuite, pris de peur ou de nostalgie, il venait à quelqu’un l’idée saugrenue d’entr’apercevoir la lumière d’en haut, c’est le moment où il se rend compte que la niche est si admirablement étanche autour de lui qu’il lui faudrait employer tout le temps d’une seconde existence pour remonter à l’air libre. Se doutent-ils qu’il y a une divinisation de la réalité, et que si l’on parvient à l’atteindre, alors se révèle le point fixe de l’immortalité heureuse ? »
Mais il se trouve des personnes pour l’aider à refaire surface, et il retourne immédiatement à son exécration du travail, et à son érotomanie misogyne, y compris frotteurisme dans le métro.
« Un homme d’aujourd’hui ne peut-il vivre sans se charger des besognes qui lui répugnent ? »

« De sacrées petites salopes toutes, les unes et les autres, quand la nature les a nanties. Il me semble que si j’étais femme et roulée comme celle-là, je n’oserais pas me balader dans cette tenue, le corps moulé à ce point. Ça doit les chauffer quand les regards se braquent sur elles. »
Minables chambres d’hôtels, errances urbaines souvent nocturnes, dettes et emprunts dans une société où tout dépend de l’argent, écriture toujours en projet, femmes toujours en fureur utérine, et toujours la hargne, et ces flux hémorragiques crachés avec ces souvenirs apparemment autobiographiques d’un parasite assumé, et convaincu de sa valeur transcendante...
On pense à Céline, mais aussi à Alphonse Boudard, à la verve d’Henry Miller ou de Cendrars et à la gouaille de nombre d’écrivains du Paris des années cinquante (ainsi qu’à Lautréamont – que Calaferte a lu − pour le déluge verbal révolté ?) – tout en n’atteignant pas, me semble-t-il, la valeur littéraire de la plupart de ces références.

\Mots-clés : #autobiographie #ecriture #erotisme

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Message par Bédoulène Dim 14 Aoû - 16:06

trop de références nuit ! Wink

en fait je suis sceptique sur le fait qu'une écriture puisse en rappeler tant d'autres

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Message par Tristram Dim 26 Fév - 11:04

C'est la guerre

social - Louis Calaferte  C_est_10

Souvenirs du narrateur-auteur à onze ans, à la déclaration de la Deuxième Guerre. Toutes les questions sans réponse de l’enfance :
« – C'est quoi, la guerre ?
– Occupe-toi de ta soupe. Mange. »
« Le gros homme de la maison » et « la petite femme maigre » sont vraisemblablement les parents, ainsi curieusement, et sans doute significativement désignés.
Refrains connus, avec notamment les « youpins », les « riches », les « communistes », les « Boches », les « macaronis ».
« – C'est toujours pareil chez nous, on prend la racaille des autres. »

« Les Juifs ça se débrouille pour ne pas faire la guerre.
Les Juifs ça fait faire la guerre aux autres.
Et c'est les Juifs qui encaissent le pognon. »
Faits marquants, le jeune réfugié alsacien juif au manteau bleu qui impressionne le gamin, et la réquisition des chevaux.
Hiver, « la drôle de guerre ».
« Et la ligne Maginot demande Maman Guite. La ligne Maginot, elle ne peut pas tout faire non plus, dit le voisin à sa fenêtre. Il dit aussi que de toute façon on savait d'avance qu'on allait la perdre, cette guerre. Maman Guite dit que son père a été grièvement blessé en 14 et qu'elle a trois frères au front. Ils en auront vite fini, dit le voisin à sa fenêtre. Les Boches vont emballer tout ça, ça ne va pas traîner. Ce sera l'armistice. Tant mieux, dit Maman Guite. Comme ça, ce sera la paix et tout le monde rentrera chez soi. C'est tout ce qu'on souhaite, dit le voisin à sa fenêtre. Un autre avion explose dans la fumée noire. »

« On nous dit (quelqu'un dit une chose quelqu'un en dit une autre on répète ce qu'on a entendu dire) [… »
Puis la capitulation, Pétain, l’Occupation, la Collaboration, le marché noir (les B.O.F., « Beurre. Œufs. Fromage. », s’enrichissent).
« Le patron de l'hôtel-restaurant a dit les Boches c'est pas ce qu'on a dit. Ils mangent. Ils boivent. Ils paient. Ça ne fait pas un pli. De la clientèle comme ça, nous on en veut bien.
L'épicier dit pareil. »

« – Ce qu'ils veulent, c'est l'ordre et la propreté. »

« Pour l'organisation, ils sont champions. »

« Des femmes jettent des fleurs. Les bouquets tombent sur les chars. Les soldats noirs ne les ramassent même pas. Les chars écrasent les bouquets. Des femmes hurlent. Des femmes hurlent Vive Hitler. Elles ont des bouquets de fleurs. Elles jettent des bouquets de fleurs. Les chars roulent.
(quand même on ne devrait pas leur jeter des fleurs dit quelqu'un)
(c'est normal c'est nos vainqueurs dit quelqu'un) »

« Si on avait l'assiette pleine ça nous suffirait.
Pour les Boches on verrait plus tard.
Si ces cons-là ne nous prenaient pas tout y aurait pas de raison pour qu'on ne s'entende pas avec eux.
La Collaboration c'est d'abord le bifteck pour tout le monde. »
Le gamin, treize ans et demi, devient manutentionnaire livreur au dépôt de textile ; plus tard, il travaille à la fabrication de piles.
« Il n'y a autour de moi que vol, mensonge, compromission, passion de l'argent, égoïsme, indifférence, corruption, hypocrisie, prostitution déguisée, violence, lâcheté, bassesse, obséquiosité intéressée.
J'ai treize ans. Quatorze ans. Quinze ans.
J'apprends l'homme.
L'homme est une saloperie. »

« Beaucoup de femmes de prisonniers ont un emploi.
Beaucoup de femmes qui n'avaient jamais travaillé travaillent.
Beaucoup de femmes qui n'avaient jamais fumé fument. (Au noir, le prix du tabac et sa valeur augmentent d'un coup.)
Beaucoup de femmes de prisonniers élèvent seules leur enfant. (Que leur père n'a pas connu avant d'être mobilisé.)
Beaucoup de femmes de prisonniers ont un amant.
Beaucoup de femmes apprennent qu'elles peuvent vivre seules. »
Puis la Gestapo, puis la Milice, puis la Résistance, de Gaulle et Radio-Londres, le S.T.O. Puis les Américains, la Libération.
Ce récit assez factuel constitue une sorte de témoignage sans prise de position marquée.


\Mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre #enfance #xxesiecle

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Message par Bédoulène Dim 26 Fév - 17:17

merci Tristram

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