Pete Fromm
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Re: Pete Fromm
Louvaluna- Messages : 1682
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Re: Pete Fromm
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15935
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Re: Pete Fromm
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8551
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Re: Pete Fromm
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21652
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Tristram- Messages : 15935
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Re: Pete Fromm
Maddy et Dalt ont 20 ans, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils s'aiment, il se marient. Ils sont tous deux guides de rivière, passionnés par leur métier plein d'aventure et d'émotions fortes. Il vont avoir des enfants, tout cela, c'est leur désir le plus ardent.
Seulement voilà, il fallait compter avec cette "putain de sclérose en putains de plaques" qui s'invite à leur table. Et si au fil des années, c'est peu à peu Adieu, veaux vaches, cochons, ils décident de ne pas se laisser dicter la loi. Grâce à l'amour, qui soulève des montagnes, c'est bien connu, et grâce à une bonne tranche d'humour et une sacrée dose d'ironie, dernières politesses du désespoir, ils tâchent vaille que vaille de rester aussi des gens heureux des Veinards, comme ils se sont dénommés au départ. Même si ils ne sont plus les mêmes, transformés chacun par cette épreuve de chaque instant. Sans pour autant nier les creux de vagues, les sables mouvant, les épuisements, les déceptions.
(..) et je m'abandonne, une nouvelle journée derrière nous, une autre devant, imminente, demain. Toujours comme la chute d'une blague répétée à l'infini. demain. Même quand c'est la dernière chose que l'on veut, savoir ce qui vient, ce qui va suivre. Demain.
Ca a l'air assez mélo comme ça, et ça l'est dans la mesure où la vie est un mélo de toute façon. Lecteur, il faudra te résoudre à verser par-ci par-là une petite larme, à voir ton cœur fondre face aux épreuves de ce couple attachant et pas banal, tu pourras aussi rire mais tu ne larmoieras jamais. Pete Fromm, observateur aussi malicieux que touchant, les suit au plus près pendant plusieurs décennies, en faisant le choix de décrire leur intimité quotidienne tout en laissant de coté tous les actes médicaux. La petit musique du temps qui passe et de désillusions prend une tonalité bouleversante, et amène le lecteur à un peu de modestie dans l'observation de ses propres difficultés existentielles. C'est une belle histoire forte et émouvante, qui sait être nuancée dans son aspect "il suffit de s'aimer ", tonique quoique dramatique par une bonne dose d'humour noir ; c'est très réussi.
mots-clés : #amour #famille #pathologie
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8551
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Bédoulène- Messages : 21652
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Re: Pete Fromm
J'ai beaucoup aimé lire ce récit.
Le style de l'auteur est fluide, il a les outils de langue suffisants pour nous transmettre ses émotions sans maniérisme, et une énergie assez "actante" s'équilibre avec un ton non pas introspectif mais plutôt simplement émotif : il rend compte de ses mouvements d'âme sans s'appesantir. C'est du coup très agréable, il n'y a pas de leçon assénée, de fierté mal placée, et suivre un jeune homme dans son huis-clos enneigé, ses chasses et ses marches harassées, pour moi qui pleure à l'idée de tuer un poulet, qui n'aime pas le froid ni les montagnes inquiétantes, a été un plaisir , pour ces raisons précises.
J'ai eue de l'empathie aisément, le processus d'identification est facilité, parce que Fromm met en scène ses difficultés et son inexpérience avec honnêteté. J'ai aimé qu'il fasse part de ses émotions face à la mise à mort de ses proies, qu'il nous transmette cette ambivalence existant entre la faim, et le sentiment d'humilité avant d'appuyer sur la gachette, il résoud assez sensiblement ce noeud auquel on est exposé, démuni, face à ses besoins de subsistance.
Enfin, j'ai beaucoup aimé sa manière de raconter comment ce temps long , dilaté, de l'hiver sous sa tente et sur les pistes, se mue en existence vive; sans déflorer le mystère de la temporalité , il sait brosser celle-ci dans sa complexité subjective et objective.
Il y a de très belles pages sur la beauté du règne animal. J'ai pleuré par deux fois.
J'ai aimé , enfin, que l'auteur partage aussi , simplement, son attachement à sa famille, la manière dont il témoigne de celui-ci, à son insu je crois, on se prend à louer la grâce qui l'accompagne à ce propos. C'est le roman d'un jeune homme en devenir, porté par une éducation aimante, plein de mesure et de fougue.
Seul l'épilogue, qui décrit la suite du parcours de l'auteur, après cet épisode de jeunesse, m'a ennuyé. C'était trop synthétique, trop "fresque", c'est un retour trop cuisant aux mouvements proprement humains, je recommande donc de lire celui-ci seulement quelques temps après la dernière page du récit, car nul besoin de connaitre comme Fromm a su devenir écrivain, après coup. la barbe. Laisse nous encore rêver à ce que tu nous a donné, mec. (En plus, il s'y loge d'avantage de vanité, toute légitime cependant.)
fromm a écrit:Rader était en passe de lire toute la collection de récits de trap- peurs de la bibliothèque et, au Montana, cette collection est gigantesque. Il y avait Jim Beckworth et ses histoires à dormir debout : comment il était devenu chef Crow et avait réussi à botter tout seul les fesses de toutes les tribus du Nord-Ouest. Il y avait l’extraordinaire épopée du Lord Grizzly de Hugh Glass qui, après s’être fait attaquer par un ours, avait rampé sur des centaines de miles et qui, alors qu’il était étendu dans les ruisseaux, avait senti les vairons se nourrir des asticots qu’il avait sur le dos. Ce genre d’exploits commençait à me faire rêver. J’appris dans ces ouvrages les multiples usages que font du couteau Green River les hommes des montagnes, sans parler des carabines Hawken que l’on chargeait par le canon. Je passais plus de temps en compagnie d’hommes comme Jim Bridger, Johnson le mangeur de foie, Jedediah Smith ou John Colter, qu’avec mes camarades d’uni- versité. La lecture de The Big Sky de A. B. Guthrie me plongea dans une sorte d’hébétude, je m’imaginai devenir un nouveau Boone Caudill que le monde ébahi allait bientôt découvrir.
Pour autant, et malgré les voiles équivoques de la fiction, il m’arrivait de lire entre les lignes. J’avais fait du camping en hiver, sans peau de bison ni tipi, mais avec tout ce qu’offrait la technologie moderne. J’avais fait de la randonnée jusqu’à l’épuisement, jusqu’à rêver d’escaliers mécaniques pour affronter les pentes. Je demandai à Rader s’il ne croyait pas que tout ce que ces types avaient enduré ne leur avait pas semblé, à l’époque, la pire des galères.
— Ça, sûrement, répondit-il. Mais c’est ce qui fait les meilleures histoires. Je suis certain qu’ils ne parlaient que de ça quand ils sont devenus gâteux. Comme les vétérans.
J’avais dix-neuf ans et cette remarque me paraissait juste. Je me rendais compte que je n’avais jamais rien vécu de ce genre,
rien qui mérite d’être raconté, ni quand je serais gâteux ni même aujourd’hui. Ces questions me traversaient l’esprit de temps à autre, mais je les en chassais rapidement. Elles me paraissaient sournoises, lâches même. Je cessai d’interroger Rader. À la place, je pris un autre livre.
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pete Fromm
je relève "nature", "humilité", "honnêteté", qui sont pleinement adaptés, mais qui donnent peut-être un côté un peu sage à cette folie, laquelle pointe le nez dans "plein de mesure et de fougue". Et ne pas oublier la pincée d'humour et d'autodérision.
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topocl- Messages : 8551
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Re: Pete Fromm
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pete Fromm
d' un peu fou. Ce qu' il reconnait volontiers.
En meme temps, c' est sa jeunesse et sa volonté qui l' ont sauvé.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Pete Fromm
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pete Fromm
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topocl- Messages : 8551
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Re: Pete Fromm
bix_229- Messages : 15439
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Re: Pete Fromm
Comme quoi l’amour (partagé ou pas) de la pêche ne résout pas toutes les difficultés dans un couple, la famille et les rapports humains en général ‒ la pêche comme passion ou toile de fond, toujours présente.
Des nouvelles sensibles, humaines, même si elles parlent aussi de poissons et de mouches…
#Nouvelles
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Tristram- Messages : 15935
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Re: Pete Fromm
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pete Fromm
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Re: Pete Fromm
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pete Fromm
Mon désir le plus ardent
Quelques mots sur ce roman qui a marqué le début de mon année littéraire : j'ai toujours été très sensible, depuis ma découverte de Pete Fromm, à son enthousiasme et son idéalisme dans l'évocation d'une vie quotidienne, sans artifices mais remplie de moments de grâce et de beauté pure.
C'est ainsi que l'histoire d'amour entre Maddy et Dalt, dans la fougue de leur jeunesse, sonne juste. Car il s'agit avant tout de se laisser porter par une évidence, par ses émotions, par ses désirs...et cette relation naissante laisse précisément la place à l'autre, aux rêves, à une admiration sincère face à la puissance et la fragilité du monde qui nous entoure.
L'irruption violente de la sclérose en plaques dans l'existence de Maddy vient bouleverser cet équilibre. Mais le talent de Pete Fromm est de révéler une dramaturgie dans la colère la révolte, qui ne peuvent laisser place à un renoncement. Les mots incarnent alors des ressentis physiques peu à peu touchés par la maladie. Et ils empêchent un anéantissement, refusent une impuissance.
Cette vision ardente, partagée par le couple, permet de cette manière la construction d'un lien qu'aucune souffrance ne peut briser.
Avadoro- Messages : 1405
Date d'inscription : 07/12/2016
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Re: Pete Fromm
(En complément au commentaire de Topocl).
Comment une telle mésentente peut-elle s’installer entre enfants et parents ? La pratique compulsionnelle du base-ball explique-t-elle tout ? les
États-Uniens sont-ils tous fous ? Imagine-t-on nos grands prosateurs français (Houellebecq, Jourde, Carrère) nous faire tartir avec du foot, ou de la pétanque ?
Bien sûr Abilène est malade, bipolaire, maniaco-dépressive ; mais c’est (aussi, surtout) la jeunesse, goût du risque et de la destruction, rêve, révolte, conviction, véhémence, excès, qui nous est présentée, comme amplifiée par son trouble, son influence sur son petit frère, Austin.
Une description étonnante de justesse du conflit générationnel des enfants avec les parents, heureux, satisfaits ‒ minables.« Ça fait partie du jeu. »
« ‒ Tu as passé ta vie entière à essayer de me ressembler, Austin. Et maintenant je prends des pilules pour être quelqu’un d’autre. »
Une belle histoire d’amour !« Ils veulent que je leur ressemble davantage. (Elle gardait les yeux fixés sur le ciel vide.) Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de pire ? »
« ‒ Tu as travaillé si dur, uniquement pour que je puisse rester à la maison et regarder les enfants devenir fous. »
Mots-clés : #fratrie #jeunesse #pathologie #relationenfantparent #sports
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Tristram- Messages : 15935
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