Pierre Jourde
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Re: Pierre Jourde
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pierre Jourde
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Keep on keeping on...
Re: Pierre Jourde
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pierre Jourde
« Un système est un ensemble complexe d’éléments qui entrent en interaction les uns avec les autres, qui échangent de l’information, de l’énergie et qui s’autorégulent dans le but d’assurer leur équilibre, leur développement et leur survie. Chaque système peut être lui-même un sous-système qui devient alors un élément d’un système plus large. »
Cette définition est valable en terme d'élaboration stylistique, en terme intellectuel, je crois, aussi, c'est ce qui fait suivre des gens agaçants mais brillants. Forts en esprit, en intellect.
j'ai trouvé cette définition sur un site que je ne connais pas, je ne sais pas qui /que sont ces "SI : systémiques intégratives"
clic
c'est juste parce que le mot systeme me venait à la bouche, et pour le coup, cette citation là résume bien ce que je cherche à dire.
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pierre Jourde
"Non mais allo ?"
C'est pas un peu facile ? si.
Un beau mot, une allitération.
Jourde, tu m'énerves aussi pour ça. J'aurais aimé que tu sois meilleur que moi.
ah ah
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pierre Jourde
Nadine- Messages : 4882
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églantine- Messages : 4431
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Re: Pierre Jourde
Finalement ce n'est pas étonnant qu'il dédie de belles pages aux bouses de vache (ces pages là ne m'ont pas choquées, elles sont "spêcialisées,", c'est vrai, mais leur valeur descriptive est plus maitrisée, on sent que là rien n'est à dire car le facteur émotionnel, societal, ou conceptuel n'a pas sa place.)
Dernière édition par Nadine le Ven 1 Nov 2019 - 20:54, édité 1 fois
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pierre Jourde
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pierre Jourde
Merci de ton développement pour expliquer ton ressenti.
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21732
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Re: Pierre Jourde
J'étais mal à l'aise pour les gens dont il parle, il décrit tout, le lit de la petite morte, les gestes, mais il dit "on", se place partie prenante du deuil des parents, et brode sur la mousse qui sort de la bouche du corps, sur tout et tout, je ne sais ce qu'il s'est passé de violence lorsqu'il est revenu au village, après l'édition de ce livre, mais je comprends je crois la sensation d'avoir été trahis qu'ils ont dû ressentir.
c'est un pillage.
En plus. C'est assez clair que ce n'est pas un roman mais un récit. topocl tu as reçu son humanité, moi j'avais l'impression qu'il n'est pas humaniste, qu'il manque de tendresse, qu'il répète juste ce qu'il a capté de ces figures, mais qu'il ne parvient pas à la retenue ni à la clairvoyance. les extraits que tu as mis topocl sont assez beaux. j essaierai d'en mettre d'autres que je trouve plus maniérés.
Enfin, ou non. Mon avis est donné, ce n'est pas un auteur pour moi, c'est tout.
Nadine- Messages : 4882
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Re: Pierre Jourde
Donc Pierre Jourde est un type plutôt sympathique pour moi, avec plein de défauts comme beaucoup de gens qui me sont sympathiques. Et je sais très bien que la sympathie, ça ne se discute pas.
J'espère que l'effet négatif de ta lecture a été compensé par l'intensité de la réflexion et de l'échange qui en ont découlé.
Quelqu’un disait (Picasso????) que ce qui faisait l’importance d'une œuvre d'art ce sont les conversations qu'on a sur elle (citation approximative).
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8559
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Re: Pierre Jourde
Vous le savez peut-être, l'homme Pierre Jourde m'est assez antipathique. Mais je ne m'interdis jamais de lire ni d'aimer l'œuvre d'un écrivain dont la personnalité me rebute. Je ne profite donc pas de ce compte-rendu pour faire son procès, car son livre m'a déplu pour des raisons extérieures à ce qui me déplaît habituellement chez lui et dans ses articles de blog. Par ailleurs, je me suis forcé de ne pas lire ton commentaire, @Nadine. Je le lirai dès que j'aurai terminé le mien (et j'ai hâte !)
***
Dans le village déshérité où vit encore une partie de la famille du narrateur, un enterrement a lieu. Cet enterrement est le fil rouge du roman, autour duquel s'entrecroisent les portraits des habitants de ce "pays perdu". Le narrateur, à travers et par-delà ces portraits, engage une réflexion sur la mémoire, sur le deuil et sur l'impermanence des choses.
Dans l'incipit, le narrateur retrace l'itinéraire de la ville jusqu'au "pays perdu", qu'il suivait avec son père lorsqu'ils allaient visiter leur famille. Cet itinéraire du cœur du monde à ses confins, paradoxalement brouillé par la précision des explications géographiques, nous fait mesurer l'isolement de ce "pays". Ceci entendu, cette énumération nécessairement longue et répétitive des routes, des villages, des crevasses, des montagnes, des rocs, des steppes brûlées, du ciel "comme une mer", matérialisant le gouffre spatial et temporel entre le "pays perdu" et le monde civilisé, à cause de sa longueur même, se devrait d'être sinon un manifeste esthétique, du moins une démonstration de style, sous peine d'être pur excédent et véritable pensum.
Or, d'entrée de jeu et tout le long du roman, c'est précisément le style qui pèche.
Sa phrase est encombrée de détails terre-à-terre censés produire un effet de réel, mais qui ne font guère illusion : ces détails, simples notations dépourvues de tout traitement littéraire et qui me semblent par ailleurs tout à fait accidentelles, se résument à un vain remplissage. Entre plusieurs artifices, Jourde a fréquemment recours à un vocabulaire excessif et tonitruant, qu'il semble confondre avec l'éloquence et la force d'évocation; afin de donner vigueur et mouvement à ses descriptions, il prête vie aux paysages et aux objets d'une façon maladroite et inefficace. Enfin, son texte juxtapose bien souvent un vocabulaire vulgaire jugé celui d'un campagnard et le lexique choisi d'un spécialiste (manifestations qu'on peut également observer à l'échelle de la syntaxe) : je suppose qu'il s'agit d'un choix conscient, non entièrement dénué d'humour, mais qui n'en est pas moins agaçant.
Je trouve par exemple cette phrase assez drôle, mais ça ne vient pas sans un léger malaise : quel regard du narrateur est-ce que cela traduit, au-delà de l'effet comique ?
Sans développer outre-mesure, je suis encore stupéfié par le passage consacré à la typologie des bouses de vache, dont topocl a déjà parlé. Je pense ne jamais avoir rien lu de plus vulgaire, mais j'avoue que je me suis bien amusé.Il est arrivé que Gustave, la bouche pleine de potage, puant la vinasse et la sueur, projette dans mon assiette, scories d'une éruption spasmodique de mots, quelques fragments de vermicelle.
En somme, l'écriture de Jourde est une écriture inopérante : ce n'est pas le roman qui se regarde fonctionner, c'est l'auteur qui se regarde écrire. Et c'est regrettable, car ses portraits auraient pu m'intéresser. À leur tonalité on sent qu'ils se voudraient intimes, empathiques, et cependant sans concessions. Je les trouve sans chaleur car Jourde ne parvient jamais à faire oublier sa présence : c'est à peine si je vois rien d'autre que la page du livre que je suis en train de lire. Trop souvent, il sacrifie à la belle formulation et au trait d'esprit la justesse de ses peintures.
Avec sa casquette, sa veste de grosse toile bleue et ses moustaches, c'est l'effigie du paysan en visite. Le travail de soixante années tombe sur cette silhouette neutralisée et la rive au sol.
Dans la robe blanche qui peine à faire le tour de sa carrure puissante, la couronne des épousées sur le crâne, elle figurerait aussi bien, avec le même naturel, sur la photographie d'un mariage à Oulan-Bator dans les années quarante.
On trouve tout de même, çà et là, de courtes réflexions sur la douleur et sur le deuil qui m'ont paru plutôt justes.
À présent je ne viens plus toucher la tombe pour sentir sa peau, mais pour tenter de me remémorer une sensation morte. C'est à la sensation que je songe, et non à lui. Alors je me reproche ce geste vide. Je m'en veux de cette sentimentalité sans contenu, qui blasphème une piété disparue, réduite à des rites. Mais peut-on s'en vouloir d'accomplir les rites sans recevoir la visite du dieu ? Qu'il faille avoir honte de son absence signifierait que la douleur est honorable. La douleur n'a rien d'honorable. L'idée même est déplaisante, comme si l'on pouvait tirer quelque rétribution de cela. Ni la souffrance, ni l'absence de souffrance ne peuvent se vivre sans culpabilité. Il faudrait apprendre à ne plus s'en vouloir.
Quant à l'agression qu'il a subie après la parution de ce texte, je n'en vois pas le motif. Ce livre n'a pourtant rien d'une insulte…
Mots-clés : #intimiste #mort #nature #ruralité #social #solitude
Dernière édition par Quasimodo le Ven 1 Nov 2019 - 12:10, édité 2 fois
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Pierre Jourde
Je suis tout à fait d'accord, Nadine, entre autres, avec ce que tu dis de la réification (que je n'avais pas perçue, j'ai d'ailleurs curieusement parlé de l'inverse…), de son côté "montreur de foire", des images obsessionnelles plutôt que justes.
Il me semble mieux comprendre, à la lumière de ton commentaire, ce qui a pu être ressenti comme une trahison par les habitants du "pays", même si je continue de croire, à tort évidemment, que le roman est trop inefficace pour provoquer la moindre réaction violente.
… et voilà une réflexion inattendue… que je pourrais certainement reprendre à mon compte. Pour nuancer un peu tout ce que j'ai dit jusque là.Jourde, tu m'énerves aussi pour ça. J'aurais aimé que tu sois meilleur que moi.
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Pierre Jourde
Aventin- Messages : 1985
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Re: Pierre Jourde
J'ai incorporé quelques citations à mon commentaire. En fait, lorsque je trouve que Jourde s'éloigne du vif de ses portraits par un excès de littérature, c'est précisément (ce que je n'avais pas remarqué, et que Nadine a mis en lumière) dans le même mouvement qu'il "réifère", fige, embaume.
Et c'est son drame, à mon avis. Il a réellement vécu et ressenti tout ce qu'il rapporte dans son récit; je l'ignorais hier, je l'ai appris sur son site. Mais il échoue à traduire sa tendresse et sa douleur, à mon avis car il est trop livresque : il laisse échapper toute la singularité (et… toute l'universalité) de son expérience, car il se saoule de mots creux. Cette transe, dont parle Nadine, incapable de rien évoquer.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Pierre Jourde
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Bédoulène- Messages : 21732
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Localisation : En Provence
Re: Pierre Jourde
bix_229- Messages : 15439
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Localisation : Lauragais
Re: Pierre Jourde
ça me fais une leçon de fluidité, je t'assure.
J'ai du mal à ne pas mobiliser des jargons , ce ne serait pas gênant si je prenais la peine de récolter des exemples, merci pour tes extraits, je me souviens de tous et ils sont bien choisis (même le "bon")
En lisant votre fil avant mon commentaire, à vrai dire, j'ai eue le sentiment de mieux comprendre l'auteur, ça a atténué ma critique sur sa posture d'artiste, j'ai pensé qu'il contrôlait moins que je ne pensais, et que ses expériences très rudes le rendaient trop désespéré peut être , pour transmuer ses impressions autrement que de cette manière qui m'a parue froide, dissociée (dissociation c'est un mot que j'ai rencontré dans la bouche d'une personne psychologue clinicienne, je dois assez mal comprendre ce que cela recouvre, mais tout en même temps il me semble que ça donne à dire sur ce que je ressentais : un chant qui ne s'envole jamais, un absolu qui s'échappe, des veines brutes qui ne se mêlent pas, une mayonnaise qui ne prend pas, et un traitement humaniste échoué, trop..dissociant.
Je crois que je n'essaierai pas de relire.
Je suis , je l'avoue, très heureuse que Quasimodo ait trouvé des carences de style, c'est le point qui m'importait le plus, ça me frappais tellement. Je vais plutôt essayer de continuer à lire d'autres textes que les siens, et y reviendrai un jour seulement si j'ai besoin de jalons d'analyse.
Mais j'ai hâte que d'autres lectures de lui fassent avancer toutes ces impressions collectives, je lirai ce fil !
Nadine- Messages : 4882
Date d'inscription : 02/12/2016
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