Paul Auster
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Re: Paul Auster
Le personnage principal, Sy Baumgartner, est un septuagénaire, professeur à la retraite à Princton et veuf. Il y a près de dix ans, sa femme Anna est décédée. Mais pour Baumgartner ce n’est pas simplement un être vivant, c’est une partie de lui-même, qui a disparu. Cette mort est une perte immense, et persistante, et une longue, très longue douleur.
Au commencement du roman Baumgartner se sépare de la dernière pièce du début de leur couple, une vieille casserole cabossée, en aluminium, qu'il a oubliée vide sur une cuisinière allumée (soi-disant par inadvertance, mais - qui sait ?). Les conséquences de cet oubli sont multiples, notamment le fait que Baumgartner s’occupe à nouveau davantage de sa propre vie.
Le début de cette vie est raconté par flash-backs, le passage à l'âge adulte, la découverte de soi et cette rencontre singulière qui a fait de Sy Baumgartner et d'Anna Blume un couple, lui - le phénoménologue qui enseigne à Princeton et elle - la directrice littéraire et poétesse qui a toujours accordé plus d'importance au succès des autres qu'au sien propre. Et qui a su s'imposer, en dernier lieu contre la recommandation de son mari de ne pas retourner nager en mer à cause des forts courants du soir.
Mais Baumgartner ne repense pas seulement à la vie d’Anna, mais reprend aussi ses textes. Le roman est agréablement court, et comprend des citations de textes des deux protagonistes principaux.
Un grand roman. L'un des meilleurs livres que j'ai lus ces derniers temps. Un roman qui m'a impressionné. Baumgartner et moi partageons une génération, celle des baby-boomers, et l'âge signifie aussi que la vision des choses peut changer.
Ce roman m'a beaucoup touché émotionnellement, car les années me font voir les choses différemment de ce que je pensais dans ma jeunesse. Et Paul Auster réussit parfaitement à décrire ce sentiment de voir ce qu’on ressent étant âgé. On éprouve de l'empathie pour Baumgartner, le personnage principal de ce roman.
Le regard sur le passé peut parfois être flou - mais de plus en plus souvent, il est au contraire clair et incorruptible.
Un roman qui vaut la peine d'être lu, un petit chef-d'œuvre de la littérature contemporaine, jusqu'à présent, mon coup de cœur de l'année.
Le livre audio permet de conserver une voix lorsque le lecteur est décédé. Paul Auster lit lui-même son dernier roman (en anglais). Paul Auster est décédé le 30 avril 2024.
Arenaz- Messages : 5
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Re: Paul Auster
"car les années me font voir les choses différemment de ce que je pensais dans ma jeunesse. Et Paul Auster réussit parfaitement à décrire ce sentiment de voir ce qu’on ressent étant âgé. On éprouve de l'empathie pour Baumgartner, le personnage principal de ce roman.
Le regard sur le passé peut parfois être flou - mais de plus en plus souvent, il est au contraire clair et incorruptible."
Je comprends !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21745
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Re: Paul Auster
Et la LC de juillet prend forme !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15964
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Re: Paul Auster
Baumgartner, « phénoménologue vieillissant » de Princeton et auteur de « livres sur la phénoménologie de la lecture et la politique de la peur », commence une journée d’incidents en série, et songe au « monde disparu d’Alors ». Après une monographie sur les pseudonymes de Kierkegaard, il entame l’étude du syndrome du membre fantôme en tant que métaphore de la souffrance et de la perte, associées au décès soudain d’Anna, son épouse et amour d’une vie, près de dix ans plus tôt.
Il commence à lire les textes autobiographiques d’Anna Blume, qui était rebelle et très déterminée, traductrice et poétesse : il rêve qu’elle est maintenue dans « un état de non-existence consciente » par le souvenir qu’il garde d’elle.« La vie est dangereuse, Marion [sa thérapeute], et tout peut nous arriver à tout moment. Vous le savez, je le sais, tout le monde le sait, et s’il y en a qui ne le savent pas, c’est qu’ils ne font pas attention, et si on ne fait pas attention, on n’est pas complètement en vie. »
« Vivre, c’est éprouver de la douleur, se dit-il, et vivre dans la peur de la douleur, c’est refuser de vivre. »
À soixante et onze ans, Baumgartner demande en mariage Judith Feuer, une vieille amie du couple – mais elle est plus jeune, et préfère poursuivre leur relation sans engagement.« De la même façon qu’une personne peut être transformée par les événements imaginaires narrés dans une œuvre de fiction, Baumgartner a été transformé par l’histoire qu’il s’est racontée en rêve. »
« Et c’est ainsi que Baumgartner redécouvre les vivifiants plaisirs proprioceptifs du mouvement, le simple acte de mettre un pied devant l’autre et de se propulser dans l’espace, l’ensemble de son corps aligné sur les rythmes parallèles de son cœur qui bat, ses poumons qui se gonflent et se contractent, et le mouvement régulier gauche-droite gauche-droite de ses jambes, et une fois qu’il commence à trouver sa cadence, il a de plus en plus confiance en lui tandis qu’il continue à arpenter la vaste prairie intérieure qui s’étend devant lui. »
Sa perte de la mémoire à court terme l’inquiète. Il remonte le passé de sa famille, juive et de milieu modeste, y compris sa mère, Ruth Auster (leur quartier est Newark, un endroit d’où s’enfuir, et j’ai fait le rapprochement avec les romans de Philip Roth, notamment la Pastorale américaine). Il note son voyage récent sur les traces de son grand-père maternel en Ukraine.
Il vient de terminer la rédaction des Mystères de la roue, sur les rapports de l’automobile et son conducteur.
Beatrix Coen est une étudiante qui veut écrire une thèse sur l’œuvre d’Anna, dont seul le recueil Lexique a été publié (post mortem, par Baumgartner) ; elle vient pour étudier le fonds de manuscrits et lettres, et dès les premiers contacts « Bebe » se situerait entre « fille imaginaire » et « réincarnation de sa femme défunte »…« C’est l’étape fondamentale vers l’achèvement d’un livre, car après avoir vécu avec le livre en cours chaque jour et chaque nuit, parfois pendant quelques années, voire de nombreuses, on en est si proche quand on s’arrête d’écrire que l’on n’est plus capable de le juger. Et surtout, les mots vous sont devenus si familiers qu’ils sont morts sur la page, et les regarder maintenant vous plongerait dans des spasmes de dégoût si intenses que vous pourriez être tenté de détruire le manuscrit dans un accès de colère ou de désespoir. Dans l’intérêt de votre santé mentale, et dans celui de ce qui peut être sauvé du désastre que vous avez vous-même causé, il faut vous forcer à prendre du recul et laisser ce fichu livre tranquille jusqu’à ce qu’il soit complètement détaché de vous, au point que quand vous oserez le reprendre, vous ayez le sentiment de le découvrir pour la première fois. »
Outre une belle histoire d’amour, très mûre, c’est un remarquable ouvrage sur la vieillesse, à serrer à côté de ceux de Wallace Stegner, J. M. Coetzee, Jim Harrison…
\Mots-clés : #amour #ecriture #mort #vieillesse
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Tristram- Messages : 15964
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J'ai ramené Pays de sang de la médiathèque, où il avait une table dédiée.
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Bédoulène- Messages : 21745
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Bédoulène- Messages : 21745
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Re: Paul Auster
4 histoires partant du même point de départ : un fils unique, Archie Ferguson, dont les grands parents juifs sont arrivés aux Etats Unis au début du XXe siècle. Sa mère Rose est photographe. Son père, Stanley, tient avec ses frères un commerce d'appareils ménagers, de radios mais l'un des deux frères "tape dans la caisse". A partir de là, les réactions de Stanley changent la suite des quatre versions de l'enfance, de l'adolescence et des débuts de la vie adulte d'Archie Ferguson. Le livre ne déroule pas ces récits de l'enfance à l'âge adulte complètement mais font se succéder quatre enfances, quatre adolescences et ainsi de suite finissant par construire une sorte de Ferguson "cubiste" qui serait, pour Auster, ce que nous sommes des personnalités multiples.
J'ai admiré le tour de force d'écriture que représente l'ouvrage de plus de mille pages, la capacité à rendre présente l'atmosphère des années 60 aux États Unis et en particulier à New York mais je suis restée un peu extérieure à la vie de ce jeune homme où sport et sexualité sont abordés avec une approche parfois quasi hygiéniste, à la mode américaine ? Auster y est présent politiquement et sa présentation des événements au temps des luttes raciales et de la guerre du Vietnam est tout à fait prenante.
Les recherches en écriture de deux versions de Ferguson nous renvoient au métier d'écrivain et à ce qui m'est apparu parfois comme une fabrique un peu trop apparente d'un challenge littéraire. Mais jusqu'où faut-il voir les coulisses d'un objet bien fait ? Une sorte de chef d’œuvre au sens artisanal du terme. Je pense que c'est cela qui m'a empêché d'être vraiment touchée. Il m'a manqué quelque chose, cette part de rêve où l'on est pris, ému par un récit.
Pinky- Messages : 543
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Re: Paul Auster
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Re: Paul Auster
Pinky- Messages : 543
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Re: Paul Auster
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8560
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Re: Paul Auster
Pinky- Messages : 543
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Re: Paul Auster
Baumgartner et Anna son épouse ont vécu quarante années d’une idylle sans tache quand elle décède accidentellement. Lui philosophe, elle autrice.
Le livre raconte la vie de Baumgartner après ce deuil, homme âgé saisi par le chagrin, et en émergeant peu à peu, fidèle au souvenir de son épouse, mais imaginant sans tapage un futur possible avec Judith, si différente et si proche d’Anna tout à la fois, puis avec Beatrice, une sorte de fille spirituelle qu’ils auraient pu avoir tous deux et qui se passionne pour l’œuvre d’Anna.
Auster adopte bien sûr la distance et la précision pour nous faire le récit de cet homme désarmé et qui se remémore. Ordinaire, quoique grand intellectuel avec comme chacun ses faiblesses, ses regrets, son chemin propre. L’émotion est implicite, mais bien là, et il émerge une certaine douceur de cet homme humble qui ne peut que se contente de recevoir la vie - et la mort - telle qu’elle est , joies et peines, volonté et hasard entremêlés. Car, la dernier page – quoique frustrante - le confirme : rien n’est jamais prévu, rien n’est jamais fini.
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topocl- Messages : 8560
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Re: Paul Auster
Je ne vais pas refaire le descriptif du livre, des forumeurs l'ont déjà très bien fait dans les pages précédentes. Pour mémoire, quatre versions différentes de la vie d'Archie Ferguson, qui sont modifiées par des évènements différents, des attitudes différentes envers le même problème. Les quatre versions se succèdent, quatre versions de l'enfance, quatre versions de l'adolescence, ...entremêlées entre les différents chapitres. Heureusement, il tue son héros assez rapidement dans une des versions (ouffff! il n'en reste plus que trois, mille pages quand même!)
Je dois dire, que lu de façon assez hachée, je me suis un peu perdu entre les différentes vies d'Archie. Oui le livre est bien écrit, mais tout de même un peu longuet donc j'ai eu du mal à suivre le fil. J'ai rendu les armes après 750 pages.
Albert- Messages : 162
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