Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Dim 28 Avr 2024 - 11:29

195 résultats trouvés pour voyage

Bill Bryson

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Images49

PROMENONS NOUS DANS LES BOIS

J'ai dit ailleurs tout le bien que je pensais de ce livre. À la fois le livre d'un naturaliste averti.
Mais un mélange indissociable d'humour, de fantaisie et aussi de vraies connaissances sur ce dont il parle. Juste un passage qui m'a beaucoup interessé sur l'arbre en général, après que Bryson ait évoqué l'évolution du Chemin des Apalaches et notamment de la disparition d'espèces animales et végétales. Comme ce tilleul géant détruit par une maladie  :

«Malgré sa taille imposante, un arbre est un être remarquablement fragile. Sa vie repose sur trois couches de tissus internes superposés, épais comme des feuilles de papier : le phloème, le xylène et le cambium. Situés juste sous l'écorce, ils forment ensemble une enveloppe humide autour du coeur plus sec. Quelle que soit la hauteur atteinte par l' arbre, ces couches ne représentent que quelques kilos de cellules vivantes chichement réparties des racines aux feuilles: avec zèle, elles réalisent tout le processus scientifique et mécanique sophistiqué  indispensable à la survie du végétal. L'efficacité avec laquelle elles accomplissent leur mission est une des merveilles de la nature ; en silence, l'air de rien, chaque arbre de la foret draine de ses racines à ses feuilles d'énormes volumes d'eau, plusieurs centaines de litres dans le cas d'un grand individu par une chaude journée. Cette eau s'évapore ensuite dans l'atmosphère.
Imaginez la débauche de machinerie qui serait nécessaire à une brigade de pompiers pour propulser verticalement autant de liquide. Et phloème, xylène et cambium ont encore bien d'autres talents à leur actif.»



mots-clés : #humour #nature #voyage
par bix_229
le Ven 6 Jan 2017 - 12:20
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Bill Bryson
Réponses: 3
Vues: 716

Andrzej Stasiuk

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Allema10

MON ALLEMAGNE


Il y a des écrivains voyageurs et Stasiuk est du nombre. Et en plus -il ne le cache pas- il est pochtron. L'un des meilleurs écrivains pochtrons d' Europe.
Boit-il pour écrire ? Ecrit-il pour boire ? Les deux, sans doute.
Ce livre est une sorte de florilège stasiukien. Et pour ceux qui ne le connaissent pas encore, une bonne introduction à son oeuvre. Le style de Stasiuk peut paraitre relaché, mais il est tout le contraire. Incisif, vivant, imagé et drôle.
Très drôle!

L'impression qu'on a -que j'ai- quand on lit ce livre, c'est que Stasiuk est un ours mal léché et mal embouché, mais bougrement intéressant !
Ce qu'il pense de l'Allemagne et des allemands, il me semble que lui seul pouvait le penser et l'écrire ainsi…
Parce que l' Allemagne - et les allemands- sont pour lui une sorte de névrose obsessionnelle qu'il ne peut traiter qu'en la visitant souvent. En fréquentant des gares, des cafés, des squares, des hôtels pourris. Avec, toujours à portée, une bouteille de Jim Beam ou à défaut, de Johnnie Walker, étiquette verte.
Ainsi imbibé, il peut voir, écouter, enregistrer, puis écrire en toute lucidité..

J'ai l'impression que Stasiuk a su rapidement que la vie était une maladie mortelle. Et que, tant qu'à faire, mieux valait mourir ivre que périr d'ennui.
Mais que son ivresse est donc plaisante !

Ce qui me le rend sympathique  aussi, c'est qu'il guette en permanence chez chacun l'attitude, le geste humain et désarmé... Qui traduiront manifestement plus qu'autre chose la liberté, l'égalité, la fraternité et l'harmonie universelle.
Et apparemment, rien de ce qui est humain ne lui est étranger !

Message récupéré


mots-clés : #voyage
par bix_229
le Dim 1 Jan 2017 - 14:51
 
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Sujet: Andrzej Stasiuk
Réponses: 42
Vues: 4374

Peter Matthiessen

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 41s24q10

Le Léopard des neiges

Je conseille volontiers Le Léopard des neiges à ceux qui aiment les "vrais" récits de voyage, l’aventure dans l’Himalaya, les contraintes et les risques de tels périples, la beauté, les risques de ce type d’expédition comme on n’en fait plus beaucoup aujourd’hui...

Le Léopard des neiges de Peter Matthiessen est le récit fait par l’auteur d’une expédition de trois mois dans l’Himalaya. Il accompagne le zoologiste George Schaller, l’initiateur et "patron" du voyage. Ils vont parcourir depuis le Népal dans la région du Dolpo, jusqu’à Shey au Tibet, des régions perdues, franchir des hautes chaînes de montagne comme le Kanjiroba ou le Dhaulagiri, traverser des petits villages retranchés en altitude.

Matthiessen est donc l’invité de Schaller, venu étudier les bharals, sorte de mouflons entre l’ovin et le caprin et, sans trop y croire, rencontrer le légendaire et rarissime léopard des neiges.

Chacun des deux mène sa vie, accompagnés des sherpas et guides qui parfois agacent, tantôt chaleureux, confiants et admirables, tantôt semblant prêts à tout abandonner en échange de roupies pour survivre. Une amitié est née avec ces hommes si précieux dans l’expédition que la vie de tous dépend d’eux, qui doivent porter les lourdes charges, guider le groupe sur des chemins escarpés et dangereux jusqu’à 6 000 mètres d’altitude où l’air est rare et glacial, les paysages époustouflants.

Matthiessen ne parle pas beaucoup de son coéquipier Georges Schaller sauf pour se plaindre parfois de ses exigences, de son comportement glacial et renfermé mais aussitôt dit, il se ravise et comprend qu’il s’agit de respect d’un homme discret pour l’intimité des autres. Leur but est différent, Schaller est un zoologiste en mission, il est en exploration ; Peter Matthiessen est quant à lui dans une quête spirituelle bien que non définie comme telle, après la mort de sa femme, et à la recherche de l’"éveil", malgré les recommandations de son maître Zen Sohen Roshi : « n’attends rien » (de ce voyage).

Matthiessen est bouddhiste, tout comme les sherpas qui accompagnent l’expédition. Chaque jour, il nous confie ses impressions quotidiennes, décrit les étapes qui sont enfin franchies, les camps de base sommaires, les paysages dans la neige imprégnés de yin-yang, les pics vierges scintillant dans la lumière, la glace et le ciel bleu lavande, les chants des populations locales (tels les Ring-mos), les ravins vertigineux et les cols ou les passages à quatre pattes agrippé aux parois ! Sur chaque rocher, on entend le om mani padme hum, mantra bouddhiste en écho aux moulins à prières, les drapeaux qui claquent au vent et dispersent les prières à chaque passage de col, ou encore écrits sur un stupa… Il nous explique en action, dans ce livre, la philosophie des bouddhistes tibétains, lui le bouddhiste zen, la signification des fresques, des décorations, des croyances, des symboles, des mots.

Ce récit de voyage est une véritable bouffée d’air bien frais, paisible et enchanteresse malgré le danger, qui ravive notre fibre spirituelle, que nous avons tapie au fond de nous ! Immergée dans la philosophie bouddhiste-en-acte, j’ai vraiment aimé, c’était pour moi une méditation et la découverte de paysages splendides et impressionnants.


mots-clés : #autobiographie #journal #nature #religion #spiritualité #voyage
par Barcarole
le Ven 30 Déc 2016 - 8:27
 
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Sujet: Peter Matthiessen
Réponses: 28
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Tim Gautreaux

Nos disparus

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Captur72

Bien que sa famille ait été  massacrée quand il avait 6 mois, qu'il ait perdu un fils en bas âge, Sam  est   surnommé Lucky, car il a débarqué en France le 11 novembre 1918. Et il veut y croire, de même que Tim Gautreaux  qui lui fait traverser de nombreuses péripéties avant de nous offrir une fin apaisée.

À côté de ça, le personnage principal du livre, c'est le Sud, ses paysages, ses habitants, ses activités, et surtout L'Ambassador, un vapeur avec roue à aube entre  dancing et tripot  qui parcourt le Mississippi pour proposer des mini-croisières. toute cette partie est  excellente, très vivante, la vie sur ce bateau est  formidablement décrite, la naissance du jazz, ces milliers de gens venues voler à la misère une soirée de gaité, les bagarres, l'activité de l'équipage…

L'intrigue est centrée sur le kidnapping d'une petite fille, les efforts désespérés de Sam pour la retrouver, puis régler ses comptes avec son passé dramatique. C'est un peu long à démarrer, plutôt plaisant à lire sans déclencher d'enthousiasme, et la fin tellement attendu qu'elle est plutôt décevante. En fait, on a l'impression que Gautreaux est parti de son thème de la perte plutôt que de son histoire, qui, même si elle est pleine de rebondissements, est  très démonstrative par rapport à l' idée de la perte et de la filiation.

On s'attache au personnage de Sam, à la fois doux et énergique, que les souffrances de son passé ont plutôt mené à une attitude d'ouverture, de pardon et de tolérance. Pour les autres personnage, ont reste dans quelque chose de beaucoup plus superficiel, c'est sans doute ce qui m'a fait lire ce livre avec beaucoup de plaisir, mais aussi un certain détachement.

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 F1110  Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Index812


(commentaire récupéré)

mots-clé : #voyage
par topocl
le Mer 28 Déc 2016 - 5:11
 
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Sujet: Tim Gautreaux
Réponses: 2
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J.Maarten Troost

J. Maarten Troost
Né en 1969

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Troots10

J. Maarten Troots est né en 1969, aux Pays-Bas. Il voyage pour rendre visite à son grand père à Prague, puis sa famille déménage au Canada et aux États-Unis où il poursuit des études dans le domaine des relations internationales.  Partagé entre les États-Unis et le Vieux Continent où habite son père, il explore l’est de l’Europe, de la Pologne à la Turquie.

Il a écrit des essais pour l’Atlantic Monthly, le Washington Post et pour le Prague Post alors qu’il était étudiant. Après plusieurs petits boulots décevants, le voyage lui paraît la meilleure alternative à un travail qu’il considère comme ennuyeux et une vie un peu trop tranquille. C’est ainsi qu’à 26 ans, il prend la décision de suivre sa femme à Kiribati, une petite île du Pacifique Sud où il passera deux ans. De cette expérience, il tire un premier roman, Sex life of the Cannibals (2004) (La vie sexuelle des cannibales).

Après ses deux ans passés dans les Kiribati, à son retour aux États-Unis, il a été engagé comme consultant par la Banque mondiale.  Après avoir passé plusieurs années aux îles Fidji, il est revenu vivre assez récemment aux États-Unis, où il s’est installé en Californie avec sa femme et son fils.


Ouvrage traduit en français :

La vie sexuelle des cannibales

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Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 41yu2210

La vie sexuelle des cannibales

Paru dans la Collection "Etonnants voyageurs"....parfaite pour le récit de cette aventure ....

J.Maarten Troost est un journaliste, entre autres. Il a passé deux années dans les Kiribati :

«Les Kiribati se trouvent à cheval sur l'équateur et sur l'antiméridien 180 °, à la fois en Polynésie et en Micronésie, au sud des îles Marshall et de Hawaii et au nord des Tuvalu, des Samoa, des îles Cook et de la Polynésie française.

Les Kiribati sont constituées par trois archipels principaux, comprenant en tout 32 atolls et une « île haute », Banaba, située un peu à l'écart, plus proche de Nauru.»


Il en a tiré un livre très drôle. Sa compagne Sylvia et lui-même fatigués de leur vie à Washington, décident de tenter l'aventure dans ce petit archipel où Sylvia a décroché un job, directrice locale de la Fondation pour les peuples pour le Pacifique sud. Enfin, la vraie vie les attend ! La mer, les couchers de soleil, les cocotiers, etc. En fait : chaleur intense, mer polluée (servant apparemment de toilettes publiques), poissons toxiques, peu ou pas de produits frais... électricité par intermittence...voisins pour le moins (très) curieux... etc. Bref, les aventures quotidiennes relatées par J. Maarten qui, lui, ne travaille pas sur place mais est en quelque sorte un homme au foyer (!) sont très amusantes. Un bon moment de lecture. Evidemment, le titre alléchant du livre, n'a rien à voir avec le contenu de celui-ci  Laughing


mots-clés : #humour #insularite #voyage
par simla
le Mer 28 Déc 2016 - 1:45
 
Rechercher dans: Nature et voyages
Sujet: J.Maarten Troost
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Simon Leys

bix_229 a écrit:Tiens ! Je ne connaissais pas ce titre. Merci Tom Leo !


Bix,

il est possible que Prosper soit seulement parue ensemble avec Les Naufragés du Batavia. Mais j'en ai fait deux récensions différentes... Voici donc pour l'autre pièce dans l'édition:

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 41fjsu11

Les Naufragés du Batavia
Anatomie d'un massacre


2003

Première publication : « La Revue des Deux Mondes », N° 2486

CONTENU :

Dans ce récit d'une longeur d'environ 70 pages, l'auteur nous raconte les circonstances du voyage et du naufrage de la Batavia en 1629. Elle avait devié de la route maritime entre la Hollande et les colonies sur Java, et s'est échoué sur un archipel d'îlots au latge de la côte australienne. Leys se concentre alors dans sa description sur la survie des 300 passagers et marins qui seront peu à peu manipulés, isolés, voir massacrés par un psychopathe jusqu'à ce que de l'aide arrive. Comment a-t-on pu y arriver ?

REMARQUES :
On aura la chair de poule quand on lira de ce naufrage, et plus encore, de la terreur qu'un homme manipulateur exerçait via l'art du discours et une stratégie maléfique pour s'emparer du « pouvoir », voir des trésors échoués. Et le lecteur, avec les expériences du XXième siècle et ses dictatures de terreurs, ne peut que se poser des questions similaires : Comment a-t-on pu arriver là ? Qui resistera, et comment ? Où commence, où se termine la culpabilité et la co-culpabilité ? Etc...

Et ainsi Leys souligne aussi qu'à l'époque déjà le récit de ce voyage a trouvé un écho immédiat. A sa façon, ce naufrage aurait même eu plus d'influence sur l'imaginaire de l'époque que celui de la Titanic dans son temps !

Selon l'introduction, Leys a rassemblé (et on le sent) à travers des années des documents sur ce sujet, mais il mentionne que récemment Mike Dash a écrit une œuvre maîtresse sur le sujet et son propre livre ne peut que humblement diriger le lecteur vers celui de Dash : Batavia's Graveyard: The True Story Of The Mad Heretic Who Led History's Bloodiest Mutiny.

L'auteur belge essaie d'analyser les facteurs multiples qui ont pu conduire au desastre. Par exemple déjà en soi le voyage claustrophobe et sous des conditions à bord difficiles sur ce trois mats de la VOC pendant sept mois ! Les tensions internes à bord, les caractères des personnages principaux et leurs histoires. L'ambiance environnante dans laquelle certains ont grandi (surtout le grand guide, Jeronimus Cornelisz). Et ainsi de suite. Puis la survie, et la systématique procèdure de Cornelisz...

C'est d'un coté une maîtrise des documents, l'assemblage d'informations d'une façon très convaincante, mais aussi une interrogation constante autour du pourquoi, qui anime Leys. Il allie objectivité et une certaine interrogation personnelle. Les liens avec des questionnements modernes (après les horreurs du Xxième siècle) me semble évidents. Donc « une étude du mal », qui était bien présent déjà dans le passé...

Terrible, , informativ, néccessaire !


mots-clés : #historique #violence #voyage
par tom léo
le Mer 21 Déc 2016 - 11:59
 
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Sujet: Simon Leys
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Simon Leys

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 41fjsu11

Prosper


2003

CONTENU :
Récit d'une « marée » sur un des derniers voiliers thoniers bretons.

REMARQUES :
Avant d'embarquer à la fin des années 50 pour l'Asie et sa Chine aimée, Simon Leys, alias Pierre Ryckmans, se rend sur la côte bretonne pour y participer à une « marée », la sortie d'un thonier pour une durée de trois, quatre semaines, en haute mer. Il s'agit d'un des derniers voiliers de l'époque, encore en activité pour la pêche, la « Prosper ». Ce récit a alors l'âge respectable de 45 ans quand Leys le trouvera dans ses documents lors de rangement dans les années 2000. Il retouche légèrement et publie le texte, ensemble avec le récit du Nauffrage de la Batavia (voir plus bas).

Il décrit d'une façon précise et empathique les caractères de différentes personnes de l'équipage (le capitain, sept marins et deux hôtes). Il les montre dans leur originalité, alliant une certaine dureté (extérieure) et une propre façon de grande humanité, le compagnonnage et le fait d'être isolé sur un bateau dans un « huis-clos ». La bouteille n'est jamais trop loin, mais dans leur état des fois mi-ivre, ces marins ne perdent jamais leurs capacités étonnantes et un certain sens d'équilibre. Le jeune étudiant qu'est Leys les admire sensiblement et à sa manière.

On accompagne la Prosper dans cette sortie, et on apprend sur les différentes postes sur le bateau et les responsablités d'un tel et d'un tel. Quand on croise au large les autoroutes maritimes des grands paquebots et des géants de la mer, cela ouvre à des réflexions sur la place de cet « ancien monde et mode » dans un environnement changeant. Cela devient alors ici la description d'un monde perdu, avec les gestes, les capacités et la beauté qui lui étaient propres.

mots-clés : #voyage
par tom léo
le Mer 21 Déc 2016 - 3:13
 
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Sujet: Simon Leys
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Frank Westerman

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 51g-r510

Ararat  

L’auteur souhaite écrire un livre sur les « Religions et les Sciences », mais en fait c’est une recherche de lui-même, s’étant éloigné de l’église de son enfance, n’en n’éprouvant aucun manque, l’auteur veut savoir s’il a toujours la foi et si elle peut encore être active.
Il décide donc l’ ascension de l’Ararat, la montagne Mère, là où est censé s’être arrêtée l’Arche de Noé. Il prépare donc son voyage, rencontre d’anciens professeurs de diverses matières avec lesquels il est resté en contact et qui apporteront une aide amicale à leur ancien élève. Il a aussi le soutien de sa femme et d’une amie, tandis que d’autres raillent sa démarche.

Il est prévenu, par les Ecritures, le Peuple Arménien :
"Personne ne peut escalader Masis parce qu'elle est la mère du monde."

Westerman  trouve dans les religions de l'irrationnel qu'il ne peux accepter :

"Je me demandais pourquoi, dès que la religion est en jeu, la curiosité humaine devait être bridée." "Il faut coûte que coûte que quelque chose reste caché, c'est le proopre de toute religion. Le mystérieux doit rester mystérieux, afin que l'on puisse y croire. Il faut qu'il en soit ainsi. Mais je ne pouvais me soustraire à la question de ce qu'il y avait à cacher. C'était quoi, ce qui devait rester à jamais non vu par les eux des hommes ? On finissait tout de même par soupçonner que la rigueur avec laquelle les prêtres protégeaient leurs lieux sacrés ne pouvait être inspirée que par une unique crainte : qu'il n'y eût rien."

D’un autre côté  l'éducation religieuse de l'enfant/auteur pèse encore, il sait qu'il a perdu la foi, mais il précise qu'il n'est pas athée et qu'il ne peux dire que Dieu n'existe pas.

Il trouve des éléments tantôt en faveur de la religion, tantôt pour les sciences. Il s’interroge très honnêtement  et  apporte certaines réponses que sa lucidité et ses connaissances lui dictent.

«"Un dogme religieux suffisamment dominant pour restreindre la liberté et l'indépendance de la recherche scientifique, comme il était arrivé à la géologie à cause du dogme biblique du Déluge universel."
D’un autre côté il partage le sentiment de Parrot dont il a lu le voyage et qui affirme avoir planté un drapeau au sommet de l’Ararat :  "les preuves physiques de la véracité du récit du déluge ne peuvent pas être si facilement écartées." Quoi qu'en disent les sceptiques et les incroyants, il y a "une grande vérité, venue de sources pures."

Le récit alterne entre passé et présent, entre des sentiments perdus et des projections. L’auteur raconte aussi sa famille, son enfance et ses rapports avec sa sœur laquelle partage son interrogation sur la foi.
Si Westerman s'interroge sur son attitude, son libre arbitre, son milieu c’est son métier d’écrivain, son amour pour l’écriture qui pèseront sur la balance des choix :  "Si je pouvais me confesser moi- même, je reconnaîtrais que je cherche mon salut dans le verbe (sans majuscule) et non plus dans le Verbe. J'ai échangé l'un pour l'autre."

"Le mystère, au fur et à mesure qu'il semble s'éclaircir, se déplace sans cesse ou se fragmente. En soi, ça semble plaider en faveur de l'idée que l'énigme de l'existence restera à jamais insaisissable pour les sciences expérimentales. Ce n'est qu' après être arrivé à cette conclusion que j'ai compris quelles sont pour moi les briques élémentaires : les lettres et les signes de ponctuation."
Suit un beau passage sur l’écriture, les mots.

Il ne pouvait évidemment pas occulter le passé de l’Arménie dont la connaissance permet de comprendre certaines attaches, incomprises des occidentaux : "Aux yeux de la plupart des Arméniens, les Russes ont toujours été les amis et les libérateurs, ou encore les protecteurs. Il y avait bien sur un monde de différence entre ceux d'avant 1917 (des alliés chrétiens dans la lutte contre les mahométans) et les rouges d'après 1917 (des mécréants). Mais dans leur position de peuple de l'extrémité de l'europe chrétienne, les Arméniens avaient malgré tout continué à voir les Russes comme un soutien, qu'ils soient serviteurs du tsar ou du secrétaire général du parti communiste."

Une anecdote étonnante  à ce propos : "Le commissariat du peuple pour l'enseignement et la culture, reconnaissant la valeur des antiques manuscrits (parmi lesquels l'évangile apocryphe de Lazare 887) les avait fait relier de neuf, dans des couvertures de cuir à l'emblème du marteau et de la faucille." sic !

Après des mois de préparation et d’attente, l’auteur escalade la Montagne Ararat avec un groupe d’alpinistes et durant les heures de pause imposées par la nature il s’interroge encore : "vaincre l'Ararat était une épreuve dans laquelle je m'étais engagé pour vérifier si je pouvais me libérer de cet héritage (la foi de son enfance). Et si c'était bien ce que je voulais. J'étais enclin à croire en la connaissance et en la science - ces choses là existent pour de vrai."

Sa femme lui avait d’ailleurs donné son opinion :  "La foi commence quand on cesse de poser des questions. Et ce n'est donc pas un truc pour toi!."

La rencontre d’un moine a été agréable à Westerman, tous les hommes d’église et tous les croyants ne sont pas fanatiques heureusement, tout homme a la spiritualité qu’il se choisit et pas nécessairement celle d’une église ;  alors si l’auteur ne croit plus on peut penser qu’il se conduira, comme le disait le poète  » guère plus mal que s’il avait la foi. »

C'était un beau voyage, l'auteur semble honnête, attachant quand il parle de sa femme et surtout de sa fille, la composition du récit est intéressante, le lecteur aimerait parfois devancer les pas de l'auteur ; l'Ararat est un symbôle que l'on soit croyant ou pas, dommage, qu'à la date de l'ascension de l'auteur,  il soit contraint par des fils barbelés, surveillé par les militaires et regardé avec souffrance par plusieurs Peuples.


(message rapatrié)

mots-clés : #religion #voyage
par Bédoulène
le Mar 20 Déc 2016 - 13:11
 
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Sujet: Frank Westerman
Réponses: 4
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Göran Tunström

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 51ifms10

Partir en hiver - Inde - Népal

Je me suis laissée bercer par le récit du voyage en hiver de G. Tunström, un récit à la fois spontané et poétique. J’ai dû, pour apprécier ce livre, oublier qu’il y a des bons auteurs indiens qui, de l'intérieur, savent parler de l’Inde. Ce livre n’a rien à voir. Je m'installe pour écouter ce périple que me raconte l’auteur, qui était accompagné de sa femme Lena qui croque les portraits au hasard de leurs rencontres, et de leur fils Linus. Tunström, est présent, là, à côté de moi, pour me conter son voyage.

Je suis charmée par ses descriptions d’oiseaux à hautes pattes ou à grand bec, par ce rhinocéros à l'air féroce qui n'a rien à voir avec celui d'un zoo, ou par son recueillement devant une antilope. Tunström n’hésite pas à faire sans vergogne quelques digressions, et m’emmène tout d’un coup en Egypte, puis plus tard, il se souvient que, en Grèce… digressions qui apportent une lecture paisible, tranquille, on a tout son temps... Et il reprend le fil de la conversation : un peintre qu’il a rencontré, tel ou tel auteur qu’il a lu…, ils lui ont dit que..., ainsi il nous raconte aussi des histoires qu’on lui a raconté, à lui…

Au hasard de son parcours, il décrit les visites des uns chez les autres, les rencontres, pendant que sa femme dessine, ici ou là, il parle aussi de politique, rencontre beaucoup de « camarades ». L’Inde de Tunström c’est le regard porté, de l’extérieur, vers le continent indien, un moment serein. On n'oubliera pas Tunström.


mots-clés : #nature #voyage
par Barcarole
le Lun 19 Déc 2016 - 14:38
 
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Sujet: Göran Tunström
Réponses: 4
Vues: 1180

Ilya Stogoff

mASIAfucker

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Fit1010

Un roman super ! Road movie entrecoupé de souvenirs de jeunesse totalement jouissif à travers la Russie post soviétique. On ne sait vraiment quelle est la part autobiographique, s'il y en a une, si ce n'est que cela.
Le héros, journaliste freelance décide au lendemain d'une cuite de laisser femme et enfant et de prendre un train. Puis d'en prendre un autre de se perdre et de passer tout son temps à souhaiter rentrer sans y parvenir ou si difficilement. On visite la Sibérie, le Kazakshtan, l'Ouzbekistan, une partie de la Turquie, le site si célèbre de Sakhaline. On y découvre des peuples si différents, des moeurs si complexes, une URSS si perdue.
Perdu comme le héros qui finalement pensera de ce voyage qu'il "ne s'y est pas perdu mais qu'il s'y est trouvé".
Le style est agréable, tantôt caustique avec un humour au second degré délicieux, décrivant l'absurde avec euphorie, tantôt laconique avec de lourdes pensées nostalgiques.
On aime le héros qui devient mature au fur et à mesure, on aime les pays qu'il traverse qui sont pourtant cauchemardesques. On aime tout et on apprend.

Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais ce n'est pas l'objectif, c'est jouissif et j'ai adoré.
J'ajoute un grand bravo aux éditions louison qui proposent vraiment de beaux objets-livres. On sait pourquoi on paye.


mots-clés : #humour #voyage
par Hanta
le Dim 18 Déc 2016 - 16:42
 
Rechercher dans: Écrivains Russes
Sujet: Ilya Stogoff
Réponses: 2
Vues: 775

Jean-Paul Kauffmann

L'arche des Kerguelen – Voyage aux îles de la Désolation

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 K121010

   Pour le survivant, tout livre a un sens. Peu importe son contenu. La moindre histoire est stimulante parce qu'elle donne l'illusion d'être libre. Nous ne sommes plus seuls. Ce qui dans des circonstances ordinaires paraissaient obscur ou insignifiant  ne l'est plus. Contraint à l'élémentaire, l'esprit extrait d'emblée l'essence des choses, élucide ce qui est hermétique, pourvoit à ce qui est indigent. Avec le presque rien, on invente presque tout.



Jean-Paul Kauffmann a toujours rêvé des îles Kerguelen, cet archipel de l'Océan Indien à la limite du continent antarctique, possession française depuis sa découverte par Kerguelen en 1772, peuplé de quelques militaires et scientifiques et de milliers de lapins, éléphants de mer et manchots. Les paysages sont fabuleux, chaos premiers aux évocations bibliques.


  Entre la  page blanche et l'achevé d'imprimer, les Kerguelen donnent l'illusion d'approcher des origines ou des fins dernières.


Quatre ans après sa libération de captivité, c'est chose faite, il s'embarque sur le Marion-Dufresne  se confronter à cet archipel désertique, battu par la pluie et les vents, mi- mystère, mi-vérité. À côté des découvertes naturelles, géologiques, botaniques, zoologiques, à côté des paysages fantastiques, il teste cette nouvelle forme de solitude, où, cette fois encore, le temps ne se compte pas, mais à laquelle l'espace donne une ouverture pour lui salutaire.

   Je suis heureux d'affronter de mon plein gré l'extrême solitude et l'élémentaire clarté d'une nature hostile.



Pas un mot de sa captivité, mais au travers des phrases, au-delà du récit de voyage, du rapport des nombreuses connaissances historiques ou géographiques accumulées , du recensement scrupuleux des noms de lieux et des morts, célèbres ou obscurs, Kauffmann poursuit une réflexion qu'il a intégrée à tout son être, qui s'est construite dans le cachot, et l'a sans doute sauvé, sur le temps, le silence, l'attente, la solitude.

   Existence cloîtrée, sans véritable but : pour moi la vérité à l'état pur.Désolation, terre de l'attente. Attente du chaland, attente d'une meilleure météo, attente du Marion, attente de l'arche que je n'ai pu rallier par Val Travers. C'est l'espoir sans l'impatience.
   Le temps est un espace que le ciel et le vent laissent ouvert. Nul besoin de combler ce vide. L'attente ne s'épuise pas en efforts inutiles, en signes dérisoires que d'ordinaire l'on s'impatiente à interpréter. Dans le désœuvrement kerguélénien, il entre une indolence qui est le contraire de l'apathie, une sorte d'insouciance ardente, tendue vers rien. L'esprit ne dépend ni des faits ni des instants, il n'est captif  ni du passé ni de l'avenir. L'ordre des jours est aboli.



Dans cette expédition, Kaufmann court après des chimères, peut-être. Il s'imprègne du vent (« la singulière complicité entre le silence et le vent »), de la lumière, des odeurs qu'il partage avec ces explorateurs et aventuriers dont les pas l'ont précédé sur l'île.


   Les tombes sont l'une des rares traces d'humanité de la désolation, pays sans arbres que la mort à reboisé de ces stèles plantées en plein vent.


 
 Je déteste la marche. Mes amis pensent que j'aime la nature parce que je possède une maison dans la forêt landaise. Je passe à leurs yeux pour une sorte de  François d'Assise interpellant les fleurs et les oiseaux. Je me garde bien de les contredire. Ils m'imaginent en promeneur solitaire errant sur les chemins forestiers alors que je ne bouge jamais de chez moi. Une vie d'homme ne saurait suffire à explorer l'arpent que je possède.



   Plus que la souffrance le désœuvrement n'est-il pas l'épreuve suprême ? Qui sait combler le vide de l'âme quand plus rien ne l'absorbe est tiré d'affaire. Il triomphe du supplice le plus cruel : le temps sans mesure ni terme. La douleur occupe ; l'être souffrant se contemple dans son tourment. L'ennui ne connaît ni la nuance ni la satiété.



(commentaire récupéré)


mots-clés : #autobiographie #insularite #voyage
par topocl
le Dim 18 Déc 2016 - 11:30
 
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Sujet: Jean-Paul Kauffmann
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Vassili Grossman

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 41nt5k10

La Paix soit avec vous !

A son arrivée et à son départ  l'auteur voit en l'Arménie, des pierres. La Pierre, c'est l'âme de l'Arménie dit l'auteur. Les pierres plates, les os des montagnes éparpillés.

La préface est riche d'informations sur l'auteur,  marxiste-Léniniste  que je ne connaissais pas et les explications sur les passages en italique (ceux qui avaient été supprimés) très utiles et notamment le fait qu' il ait été happé à deux reprises par l'engrenage de la machinerie idéologique parce que juif.

Il va découvrir un pays qu'il n'imaginait pas, sera séduit par les paysages grandioses, sera sensible aux destins qui lui seront confiés ; s'étonnera de certaines violences héritées,  de leur religion chrétienne "polluée" de paganisme, de leurs us.

Ce voyage ressemble à une initiation tardive, dont il se satisfera. Sur l' image de la confession, lui le non-croyant s'accusera de ce qu'il a pu volontairement ou involontairement causé du tort aux autres.

j'ai vu ce récit comme celui d'un homme complexe, c'est-à-dire comme le sont les Hommes, et dont l'humanisme se révèle plus sensiblement avec l'âge, plus enclin à reconnaître ses torts et ses angoisses, notamment celle de la mort qui s'approche.


C'était finalement une lecture intéressante et agréable.

Spoiler:


Extraits

Le proverbe qui dit : l'habitude est une seconde nature, l' auteur parle de sa puissance et conclut de façon légère, avec une pointe d'ironie envers lui-même : "Me voilà donc habitué à la truite du Sevan,  pire même : je m'en suis lassé."

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Stamp_10


Grossman fait alors une comparaison entre le monde réel et le monde créé par un artiste (quel que soit l'art) sensé être plus subjectif mais bien souvent plus réaliste. (ou l'inverse si je n'ai pas compris)

"Appelons le Créateur à la modestie, il a créé le monde à chaud, il n'a pas retravaillé ses brouillons, les a imprimé tout de suite. Que de contradictions, de longueurs, de coquilles, de digressions hors sujets, de personnages inutiles !

C'est très habilement que l'auteur rend hommage à sa Tante et sa famille en nous confiant leur sort : "Bien sur cet épisode n'a pas sa place dans des notes littéraires" et de conclure "ce n'est pas important"

Admirable le chemin menant à Dilijan qui par tant de beauté condamne la vie dans la vallée : "voilà la vie coupable de la vallée coupable."

L'auteur a un instant le désir de vivre seul, et s'accuse : "..que de peine j'avais causée, probablement plus qu'on ne m'en avait causée."

Un excellent passage que le ressenti de son "moi" et une facette de sa spiritualité.

"La terreur de la mort, de la fin de la vie, croissait de seconde en seconde, elle était dans cette douloureuse légèreté du corps qui, déjà, n'était plus mon corps, mon unique demeure, la résidence de mon moi."

La reconnaissance de la vie : "Cela me fait penser que ce monde de contradictions, de longueurs, d'erreurs, de déserts arides, de pensées sages et stupides, ce monde de souffrances, de besoin, de travail, ce monde de sommets parés de couleurs par le soleil couchant, ce monde est beau."

L'auteur rappelle brièvement la haine de certains envers les juifs et regrette le peu de soutien

"Il m'est toujours douloureux de constater que nos lecteurs, propagandistes, travailleurs du front idéologique n'interviennent pas, par des discours ou des livres contre l'antisémitisme, comme l'avaient fait, naguère, Korolenko, Gorki, Lénine."

"Je ne me suis jamais incliné devant personne."

"... des amoureux des poings levés, des mots de mépris et de haine racistes : "Dommage que Hitler ne vous ait pas tous saignés jusqu' au dernier."


mots-clés : #voyage
par Bédoulène
le Sam 17 Déc 2016 - 13:35
 
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Sujet: Vassili Grossman
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Knud Rasmussen

Knud Rasmussen (1879-1933)

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Knud Johan Victor Rasmussen, né à Ilulissat au Groenland le 7 juin 1879 et mort à Copenhague le 21 décembre 1933, est un explorateur et anthropologue danois. Surnommé « le père de l'esquimaulogie », il fut le premier Européen à traverser le passage du Nord-Ouest à l'aide d'un traîneau attelé à des chiens.

Fils d'un missionnaire danois et d'une mère inuit, il passe sa jeunesse au Groenland avec les Inuit et apprend l'inuktitut, la chasse, la conduite des traîneaux à chiens et la vie dans les conditions rudes de l'Arctique. Il poursuit ensuite ses études à Lynge dans la province danoise du Seeland.

Il part étudier la culture inuit lors d'une première expédition, connue sous le nom d'« expédition littéraire », avec trois compagnons, en 1902-1904. À son retour, il publie Le Peuple du pôle Nord (1908), à la fois journal de voyage et relevé académique du folklore inuit. En 1908, il se marie avec Dagmar Andersen.

En 1910, Rasmussen et son ami Peter Freuchen fondent la base Thulé à Uummannaq au Groenland, Thulé étant le nom dont s'était servi Pythéas pour désigner une contrée mythologique de l'extrême Nord. Elle sert de point de départ à une série de sept expéditions, connues sous le nom d' « expéditions Thulé », entre 1912 et 1933.

La cinquième expédition Thulé (1921-1924) a pour but de comprendre l'origine du peuple Inuit et de recueillir des données ethnologiques, archéologiques et biologiques. Une première équipe de sept hommes se rend dans l'est de l'Arctique canadien, où ils font des interviews et des fouilles et recueillent des artefacts dont certains sont maintenant exposés dans des musées danois. Rasmussen quitte ensuite l'équipe et voyage pendant 16 mois à travers le continent avec deux chasseurs inuit, en traîneau à chiens, jusqu'à Nome en Alaska. Il devient ainsi le premier Européen à franchir le passage du Nord-Ouest par ce moyen. Il a raconté son expédition dans Du Groenland au Pacifique : deux ans d'intimité avec des tribus d'Esquimaux inconnus.

Il est enterré au cimetière Vestre à Copenhague.


Ouvrages traduits en français :

En traîneau du Groënland à l'Alaska
La Chasse à l'ours
Du Groenland au Pacifique : deux ans d'intimité avec des tribus d'esquimaux inconnus
Contes du Groenland collectés par Knud Rasmussen
Laponie - Voyage au pays des fils du soleil
Contes inuits : un ourson chez les hommes, collectés par Knud Rasmussen (ouvrage jeunesse)





Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Du-gro10

Du Groenland au Pacifique : deux ans d'intimité avec des tribus d'esquimaux inconnus

Knud Rasmussen (1879-1933), n'est pas le premier venu.
Fils de missionnaire danois et d'une Inuit. Explorateur et anthropologue, il fut le premier à traverser le passage du nord ouest du Groenland à l'aide d'un traîneau à chiens.
Au cours de ses voyages, il rassembla des chansons et légendes sur les Inuit et écrivit plusieurs livres sur le Groenland.
Quand on lui demandait quel était l'évenement qui l'avait le plus impressionné, il racontait l'histoire suivante :

Il se trouvait alors en expédition au Groenland. C'était la pleine nuit polaire, et il s'apperçut que ses provisions étaient épuisées.
Loin de toute habitation, le seul gibier possible en ce lieu et en cette saison, c'était l'ours. Accompagné de son équipier Inuit, chacun avec son attelage de chiens de traineaux dréssés à la chasse à l'ours, il partit...

Ils finirent par trouver une piste fraiche, mais l'ours qui les avait entendus s'enfuit vers un bloc de glace pour chercher son salut.
Rasmussen ayant distancé son compagnon se lança seul à la poursuite de l'ours, bientot talonné, harcelé par les chiens qui ralentissaient sa fuite.

"C'était un jeune mâle, écrit Rasmussen, un de ces promeneurs solitaires des déserts blans, à la démarche royale, à la la fourrure longue et jaunâtre, brillante d'un splendide éclat..., un géant svelte, entrainé au combat...
C'était une jolie proie.
J'étais à peine à six mètres lorsqu'il me vit. Les corps chauds et fumants des chiens volaient entre nous, et l'on entendait le bruit du souffle rapide qui sortait des poumons en travail. Des jappements hargneux accompagnaient chaque attaque et de profonds et sourds grognements  y répondaient...

A l'instant où l'ours m'aperçut, il écarta les chiens avec violence et se dressa sur ses pattes de derrière, plus beau et plus grand qu'avant...et me regarda fixement. Il resta debout quelques secondes, le temps de se remplir les poumons; alors il se souleva dans dans un saut énorme par dessus les chiens et se laissa retomber sur la glace de tout le poids de son corps massif et de toute la force de ses muscles tendus.
Il exécutait ainsi la manoeuvre préférée de tous les ours... Il voulait briser la glace nouvelle et y faire un trou par où il pourrait échapper età moi et aux chiens, car dans l'eau il avait tous les avantages.
J'étais parfaitement préparé à ce que faisait l'ours... Je savais qu'il devait plonger sous l'eau comme un phoque, mais il ne faudrait pas attendre trop longtemps avant qu'il ne vint respirer, ce qui me laisserait le temps de tirer."


En fait les choses se passèrent autrement cette fois, la glace se rompit sous les pieds de Rasmussen qui se retrouva à l'eau avec l'ours qui nageait devant lui.
Il était mort de peur, s'attendant à chaque instant qu'il se retourna contre lui.

"Ma situation était tragique, écrit-il, et tout ce que je pouvais faire était de me maintenir le plus loin possible de lui. Ce fut un soulagement certain de constater rapidement qu'il avait aussi peur de moi que moi de lui...
J'essayais à nouveau de grimper sur la glace, mais je me fatiguais en pure perte. Chaque fois que je bougeais, l'ours grognait et grinçait des dents, comme s'il s'attendait lui aussi que je l'attaque....
Sans que je puisse expliquer pourquoi, je me mis à étudier avec attention mon extraordinaire camarade.
Malgré le danger de la situation, je prenais grand intérêt à mon compagnon du moment et mon esprit travaillait avec rapidité et clarté.
Moi qui étais pourtant habitué à tuer, je n'avais jamais su que des yeux d'ours pouvaient être pleins d'expression. Au début, je n'avais vu qu'angoisse et colère, mais au fur et à mesure qu'il s'habituait à moi comme je m'étais habitué à lui, il cessa de me montrer les dents.
Et je fus frappé que je ne le regardais plus comme une pièce de gros gibier qu'il fallait tuer, mais comme un être pensant et intelligent qui était dans le même danger que moi. C'était comme si je pouvais voir ses pensées se former... Il semblait se demander pourquoi j'avais aussi sauté dans l'eau. Il savait à présent que je ne lui voulais rien de mal. Est ce que je ne me serais pas mis dans le trou pour échapper aux chiens...?

Quand j'en fus là de mes pensées, j'avais presque le sentiment que l'ours me comprenait et qu'il me suivait. Mais j'allais plus loin dans mes conclusions. A mon avis l'ours remarquait que les chiens ne cessaient de le harceler... alors qu'il se tenaient à distance de moi, comme s'ils me craignaient...
Mais voila qu'il tournait la tête vers moi et je ne pouvais m'empêcher de trouver dans son expression quelque chose d'amical. Et à ma grande stupéfaction, il commença très lentement à venir dans ma direction comme pour chercher uen protection...

Il ne fut bientôt plus qu'à quelques mètres de moi…Les attaques répétées des chiens pouvaient finir par le mettre hors de lui… Obéissant à une impulsion subite, je criai de toute la la force de mes poumons et commandai aux chiens de reculer... et bien que cela prit du temps, ils obéirent...
Pour la première fois depuis le début de la chasse, l'ours était laissé à lui même, et alors, il se passa quelque chose que je n'oublierai jamais.

Il comprenait que j'avais chassé ses assaillants, et il tournait la tete vers moi. Cette fois, je ne pouvais me tromper, il y avait une expression de reconnaissance dans ses yeux...
Cet ours qui aurait pu me tuer, non seulement épargnait ma vie, mais me considérait dans ce trou d'eau glacée comme un ami qui l'aidait...
Je promis que, si je me tirais de cette aventure sain et sauf, je ferais tout ce qui serait en mon pouvoir pour sauver aussi la vie de l'ours. Grelottant de froid, je me promis que ni moi, ni aucun autre ne tuerions cet ours tant que cela dépendrait de moi...

J'étais dans l'eau depuis une dizaine de minutes, mais par - 25°, chaque minute semblait une éternité. Je ne pouvais résister beaucoup plus longtemps si le secours n'arrivait pas...
J'avais presque abandonné tout espoir, lorsque tout à coup Qolutanguaq surgit à quelques centaines de mètres de moi. A peine m'eut il vu aupres de l'ours presque épaule contre épaule, alors que les chiens semblaient dédaigner la bète qu'il sauta à bas de son traineau... Je compris que j'étais sauvé. Dans une ou deux minutes, je serais tiré de mon trou. Il était temps de penser à ma promesse, et rassemblant mes dernières forces, je criai : "Ne tire pas sur l'ours ! Ne tire pas sur l'ours !"

Je claquais tellement des dents que mon cri ne fut qu'un hurlement inarticulé. je dus le répéter plusieurs fois avant que Qolutanguaq ne le comprit. Finalement il sembla avoir saisi et répondit de toutes ses forces : "Non naturellement, je t'aiderai d'abord".
Alors, il lâcha tous ses chiens, tandis qu'il lançait vers moi une ligne de harpon dont je m'emparai.

La dernière chose que je vis de l'ours c'est le saut qu'il fit sur la glace pour écarter le nouvel ennemi...
J'étais à peine hors de l'eau que le froid me terrassa avec une telle violence que je perdis connaissance. j'essayai de parler, mais les mots moururent sur mes lèvres comme un souffle ; "ne tire pas... ne tire pas..." et tout fut noir autour de moi.

Quand je revins à moi, mes habits humides gisaient, durs comme pierre sur la glace à coté de moi ; j'étais moi-même couché au chaud et plein de vie dans mon sac de couchage ; mon ami était debout devant moi, il avait à la main une tasse de thé bouillant qu'il tenait devant mes lèvres.
Ma première pensée fut pour l'ours.
"Mais l'ours. Où est l'ours ?"
L'Esquimau rit de toutes ses dents...
"Ne t'en fais pas pour l'ours, fit il avec un sourire taquin, je l'ai déjà dépouillé."


Ce texte a été publié par le Ministère danois des affaires étrangères, il y a près de 3O ans. Introuvable depuis, je le crains. C'est pour cela que je vous ai cité de larges extraits.
Et aussi parce que c'est un témoignage extraordinaire. Et qui entre en concordance avec une réflexion qui fait son chemin.
Les animaux cohabitent avec nous. Ils partagent le même droit de vivre sans être traqués, tués ou servir d'alimentation.
Actuellement les espèces sauvages sont en partie en voie de disparition. Peut-on vivre sans les animaux ?
Un statut juridique est en train de se mettre en place, mais il faudra du temps avant que l'homme l'accepte pleinement.


mots-clés : #voyage
par bix_229
le Ven 16 Déc 2016 - 15:50
 
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Sujet: Knud Rasmussen
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Bernard Chambaz

Dernières nouvelles du martin-pêcheur

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Image117


   Que nous demeurions inconsolables n'enlève rien à notre effort de tenir tête à la tristesse et à ma volonté d'écrire un livre joyeux.



Le 11 juillet 2011 démarre , pour Anne et Bernard Chambaz, une traversée de l'Amérique peu ordinaire. Elle roule en Cadillac, lui à vélo. Ils se retrouvent le soir au hasard des motels. Ils traversent ainsi l'Amérique d'Est en Ouest, courant après Martin, leur fils mort 19 ans plus tôt d'un accident de voiture, dont le symbole est le martin-pêcheur.


Ce livre est donc un road movie, où Bernard Chambaz, qui arbore les socquettes vertes de son fils, parle de la joie du cycliste, non comme un spécialiste qui vous saoule, mais comme un amoureux qui vous fait partager son émotion.


  Quant à la joie, elle est intense, elle est ce désir comblé ou, mieux encore, en train de l'être (…) La joie est ce sentiment qui accompagne en nous une expansion de notre puissance d'exister et d'agir ; elle est un plaisir, en mouvement et en acte, d'exister d'avantage et mieux. Et je comprend l’allégresse comme la joie d'être joyeux.



Concentré sur l'effort, sur le but à atteindre, sur la pente à conquérir,  dont il tire une jouissance rédemptrice, il voit filer des paysages changeants mais ordinaires, croise des voitures, des motards, des autochtones souvent accueillants. Il nous livre ses pensées, déchirées sans être tristes, ses associations d'idées, ses observations. Il observe, il raconte, il y met de l'humour. Au fil des miles parcourus, il raconte d’autres destins, d’autres parents confrontés à la mort d'autres « enfants » saisis trop tôt (chez les Roosvelt, les Lincoln, les Lindberg et bien d'autres). C'est toujours à la fois passionnant et bouleversant, cette douleur à la fois unique et commune.

Et comme le livre est annoncé comme roman, il s'autorise  des coïncidences répétées (tous ces Martin en chemin, ce chiffre 19 qui revient, ces signes qui le ramènent à son deuil...). Il s'autorise même à croiser son garçon qui l'emmène par la main pour un bout de chemin dans des scènes où s'intriquent bonheur et douleur .


   Plus nous sommes tirés en avant, plus nous pouvons regarder en arrière sans y rester empêtrés.



C'est donc bien un livre qui n'est pas triste quoique poignant, qui est empreint de ce que Chambaz appelle « joie »,  cette douceur obstinée à avancer , à ne pas regarder en arrière, mais à conserver aussi en chaque instant le souvenir, voire une manière de présence. Un livre qui donne une version tangible et simplement belle du célèbre texte de St Augustin :

« La mort n'est rien.
Je suis seulement dans la pièce d'à côté.
Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné . Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel et triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte. Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je vous attends. Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin. »



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #mort #voyage
par topocl
le Ven 16 Déc 2016 - 14:55
 
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Sujet: Bernard Chambaz
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Anne Brunswic

Les eaux glacées du Belomorkanal


Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Index410

   
Au début, le voyageur étranger s'étonne de rencontrer des Russes qui, directement ou à travers leurs parents, ont subi la répression stalinienne, et pour autant ne sont nullement devenus des adversaires du régime. Le cas est banal. Beaucoup même ont pu gravir les échelons au sein du Parti et s'y sentir à l'aise  jusqu'à l'effondrement du régime. Le visiteur doit se rendre à l'évidence : il n'a pas toutes les clés  Il essaie de comprendre quelles réalités vécues recouvrent pour son interlocuteur « communisme », « stalinisme », « Parti », tâtonne, échafaude des hypothèses, va chercher des réponses chez les historiens, les philosophes... Et plus il apprend, moins il sait.



Ne cherchez pas ici des renseignements exhaustifs (techniques économiques ou historiques)  sur ce canal, qui unit le lac Onega à la mer Blanche,  chantier pharaonique conçu par Staline qui y attela 150 000 zeks dans des conditions atroces.  Un canal aux archives interdites, et tenu secret pour de vagues raisons stratégiques.


 
Pierre le Grand en a rêvé, Staline l'a fait. Le sort des moujiks entre temps a peu varié.


Ou alors lisez un autre livre que celui d'Anne Brunswic. Car elle annonce d'emblée sa façon de procéder.

 
 La vérité est que tu aimes bien frapper à la porte d'un ou d'une inconnu(e), sans projet arrêté, sans nécessairement chercher de réponse à une question qui préexisterait. Il serait prétentieux d'ériger ce tâtonnement en méthode mais c'est bien de propos délibéré que tu joues à te perdre.




Les eaux glacées du Belomorkanal est donc plutôt un livre d'humanité transmise, qu'un document objectif. C'est un livre sans idées préconçues, sans cases toutes prêtes, sans jugement. On y suit le cheminement géographique  de l'auteur, ses rencontres dans les villes avoisinantes, dans des musées, des bibliothèques, des établissements scolaires. Mais aussi chez l'habitant commun, à ce qui reste de l’hôpital psychiatrique, au sanatorium. Là, elle va à la rencontre des hommes ou surtout des femmes, instaure une confiance, recueille des témoignages. C'est au fil de ceux-ci que sont tranquillement distillées les informations  factuelles sur le canal. Et la vie aujourd'hui,  si elle semble sans rapport,  ne serait pas ce qu'elle est sans le canal (son empreinte dramatique  mais aussi joyeuse dans les mémoires puisque certains s'y sont baignés enfants dans l'insouciance) , et les industries (scieries, usines d'aluminium ou de cellulose fabriquant des sacs de papier Kraft) qui en on découlé. Et surtout sans l'Histoire sombre qu'il véhicule, car pour chacun émerge qui un père, qui un frère arrêté, accusé, emprisonné, des vies sous l'emprise de la terreur. Ainsi se tisse peu à peu un regard nouveau sur la répression stalinienne, refoulée ou exprimée, mais toujours inscrite au cœur des Russes.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #regimeautoritaire #voyage
par topocl
le Ven 16 Déc 2016 - 8:08
 
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Sujet: Anne Brunswic
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Anne Brunswic

Sibérie Un voyage au pays des femmes

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Index213


 
Il m'a demandé pourquoi je voyageais. J'ai dit que j'écrivais. Il a voulu savoir quoi. « Juste ce que je vois, ce que je comprends, ce qui m'étonne. - Ah, a-t-il fait, chez nous, il n'y a rien d'intéressant. » Ensuite il m'a raconté un grand bout de sa vie.



Un voyage en Sibérie. Un de plus. Qu'allons nous appendre sur cette terre aux ressources naturelles colossales, où la nature est chaque jour plus hostile, que le pouvoir oublie, « dans cette région  à l'abandon où tout est exigu, déglingué et lamentablement rafistolé » ? Et bien, c'est une fois de plus un regard personnel qui va nous mener main dans le main à la découverte des habitants,autochtones ou descendants de victimes et de bourreaux, « les deux faces d'un même peuple,[dont les] histoires s'entremêlent aux sein des familles, souvent au cœur des individus eux-mêmes », où la religion tente de renaître sous de multiples formes, « par réaction contre cet athéisme absurde qu'on nous a inculqué de force ». Anne Brunswick, ancienne communiste d'origine juive,  fait sienne la citation de François Maspero, qu'elle met en tête de son 3e chapitre


 
François Maspero a écrit: La plus belle récompense d'un voyage extraordinaire est bien de rencontrer des gens ordinaires, disons comme vous et moi. Des gens qui ont traversé comme ils l'ont pu, sans faire d'histoire et sans  faire forcément l'histoire, des événements pas ordinaires. Qui nous rappellent que ces événements auraient pu aussi bien nous arriver à nous, en leur lieu et place. Et vraiment, on ferait bien, avant toute chose, de se demander ce qu'on aurait fait en leur lieu et place. Le sentiment de se retrouver partout au milieu de la grande famille de l'espèce humaine n'a pas de prix – ne serait-ce que parce qu'il confirme que celle-ci existe. Ce qui n'est pas toujours évident. C'est peut-être cela le pari du voyage : au-delà de tous les dépaysements, des émerveillements et des angoisses de l'inconnu, au-delà de toutes les différences, retrouver soudain, chez certains, le sentiment d'être de la même famille. D'être, les uns et les autres, des êtres humains. Parfois ça rate. Parfois même, ça tourne mal. Mais le pari vaut d'être fait, non ?



Anne Brunswic va à la rencontre des habitants, écartelés entre peur, haine et ferveur pour leur pays,    des journalistes et  professeurs, défendant avec ardeur le français, mais aussi un jeune militaire bizuté, des chauffeurs de bus, des compagnons de voyage, des logeuses.... Des femmes surtout, dans ce pays où, depuis les guerres et  les déportations, et maintenant de par l'alcoolisme et la violence intrinsèque du pays, les hommes semblent perpétuellement absents. Des personnalités ordinaires ou sortant du commun, comme cette fille adoptive d' Iéjov, bras droit de Staline dans les grandes purges, discrédité, exécuté puis réhabilité, père merveilleux toujours adoré...

Que ses interlocuteurs soient désespérés ou battants, confiants en Poutine ou effrayés par lui (on est en 2004/2005...), il ressort, sous l'unanimité patriotique, une impression de désolation.

   C'était beau de la beauté terrible des grosses machines puissantes, compliquées, insatiables, cette beauté qui a ébloui Zola.



À côté des habitudes scènes de bureaucratie, du pèlerinage au pays des zeks , de la description d'un pays de misère et de corruption où certains s'accrochent encore à la culture et à l'hospitalité, auxquelles la sensibilité d'Anne Brunswic donne sa  touche personnelle,  on relèvera un chapitre  consacré à Birobidjan, où survit, voire renaît, une communauté juive issue des tentatives de Staline pour créer une Région Autonome Juive, ainsi que la visite d'une mine d'or.

Sans oublier un petit album photo encarté entre les pages.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #voyage
par topocl
le Ven 16 Déc 2016 - 8:06
 
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Sujet: Anne Brunswic
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Tom Robbins

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 41w29o10

MEME LES COW GIRLS ONT DU VAGUE A L'AME. - 1O/18

Tous les livres scientifiques sérieux vous diront que l'une des supériorités des humains sur le reste de la création, c'est qu'ils ont un pouce opposable aux autres doigts, ce qui leur permet un certain nombre de palpages, pelotages et autres manipulations interessantes.
Sissy Hankshaw elle, a hérité à la naissance de 2 - deux- pouces surprenants, phénoménaux, tellement longs en fait, qu'à coté, le nez de Cyrano serait un appendice bénin…

Que faire avec un tel handicap ? Sissy trouve sa voie, sa vocation : elle va faire du stop. Elle va devenir la meilleure auto-stoppeuse des Etats-Unis. Une vraie révélation !
Et de fait, elle traversera l' Amérique grace à ses pouces. Comme Sissy est jolie, elle fera tourner bien des tetes et fera des rencontres notables.
Jusqu'à ce qu'un jour, elle arrive au Rubber Rose Ranch, dirigé par une certaine Bonanza Jelly Bean, et où vit une communauté de femmes, qui désirent, entre autres choses, devenir des cow girls et obtenir l' égalité des droits avec les hommes.

Cette communauté va devenir le centre d'une intrigue complexe impliquant le FBI, le dernier groupe d'une espèce rare de grues et le Dr Robbins, psychiatre...
Voilà. Qu'est-ce que ce roman ? Une fable écolo, une entreprise de subversion, ou une énorme galéjade ?

Lisez le et faites vous une opinion... La mienne est faite !

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 807321



mots-clés : #voyage #conditionfeminine
par bix_229
le Jeu 15 Déc 2016 - 12:13
 
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Sujet: Tom Robbins
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Venedikt Vassilievitch Erofeïev

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Moscou-sur-Vodka


(Originaltitel: Москва — Петушки, russe, traduction littérale: Moscou-Pétouchki)

C’est de loin l’œuvre le plus connu de Venedikt Erofeev. Selon ses propres dires il a écrit ce livre entre Janvier et Mars 1970. Il fût emporté en Israel où on le publia pour la première fois en 1973 dans le journal « Ani ». Mais il ne faudrait pas négliger la distrubution dans le fameux Samizdat russe, ce moyen de reproduction clandestin, avec copies faites à la machine, à la main, des lectures faites en petits cercles. Selon beaucoup de Russes ayant vécu cet époque culturellement dans la clandestinité, Moscou – Pétouchki fut parmi les livres les plus spectaculaires.

Sur première vue il s’agit d’un récit d’une journée, d’un simple voyage en train de celui qui raconte, l’alter ego de l’auteur, Vénja, de Moscou vers Pétouchki, ville de la  région de Vladimir. Il veut y visiter sa bien-aimée...Au cours de l’action le protagoniste alcoolique devient de plus en plus ivre… et ses récits de plus en plus surréalistes, marqués par des rencontres avec des personnages clés de l’histoire et de l’Union Soviétique et de la Russie éternelle. Dans une grande confusion de gare, il se met accidentellement et sans se rendre compte, dans un train qui le ramène à Moscou et au début du voyage, et vers une exécution par quatre figures sombre.

J’ai entendu par certains lecteurs que ce récit est insupportable par l’accumulation grotesque de quantité d’alcool consumé. Une lecture superficielle peut alors arriver à réduire ce voyage à une pure beuverie (ainsi lu dans une description d’article d’amazon.de !!!). Quelle tristesse !
Mais à voir de plus près, l’auteur profite de l’occasion pour parler de beaucoup d’aspects de la vie sous l’empire soviétique. Le langage utilisé est celui de la satire, du grotesque, de l’humour si bien connus dans des situations de tyrannie. On y trouve aussi bien des paroles d’usage du parti que de nombreuses allusions vers d’œuvres d’art, littéraires et religieuses.
Et les lecteurs clandestins ne s’y trompaient pas et voyaient la critique du « paradis des ouvriers sur terre » qui, sous ces yeux là, devient un grand vide. On peut, un moment donné, aussi déduire que cette bien-aimée à visiter est inatteignable, oui, est-ce qu’elle a jamais existé ?
Le livre est divisé en chapitres avec le titre du chemin parcouru (station à station de gare).

Si on est très sensible au sujet de l’alcool, on devrait peut-être s’abstenir. Il est vrai, sans aucun doute que l’alcool était un problème pour l’auteur lui-même, et pour le peuple russe, et un ami russe m’a dit que le verbe de « boire » apparaît avec des variations, synonymes  étonnantes !…
…, mais je ne peux que conseiller une lecture avertie en vue de se faire une image de cet auteur singulier et une description rocambolesque de la réalité du système soviétique, même s’il est tout à fait pensable que le lecteur d’aujourd’hui, surtout occidental, n’est pas (ou plus) capable à déchiffrer toutes les allusions culturelles, politiques, religieuses etc.

Mais on devrait être capable d’entendre le cri de détresse et de mélancolie qui émane de ces pages !


mots-clés : #regimeautoritaire #voyage
par tom léo
le Mer 14 Déc 2016 - 3:20
 
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Sujet: Venedikt Vassilievitch Erofeïev
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Anna Maria Ortese

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 51w5m510

«le murmure de Paris» merci Bix !

Un voyage à la fois déroutant et attachant, au moment où le plaisir de voir se terni de la peur d'en voir plus. Où le réel et le rêve se fondent, puis s'évadent tels les nuages dans les ciels, ces ciels que même les gris on regrette.

Et dans chacune de ces villes le regard de la passante qu'est la narratrice, s'arrête avec intérêt sur des personnages comme pour humaniser ces villes, ces lieux. L'amour et la compréhension de la Nature ressort aussi dans ses mots.

Reste un goût de rêve perdu en refermant ce livre, une envie de solitude pour découvrir ces lieux et se les raconter. La lettre de Nico Orengo rend encore plus attachante AMO, dans sa fragilité et malgré tout une volonté de s'accrocher :

«Et je dois croire en quelque chose»

extraitTag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Amo_110
Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 Amo_210


mots-clés : #voyage
par Bédoulène
le Mar 13 Déc 2016 - 18:39
 
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Sujet: Anna Maria Ortese
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Jean Rolin

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 9 31lsa310

Péleliu

L'une des îles des Palaos

Après un rappel de la disparition d'un certain Pete Ellis (ivrogne et espion) sur l'île de Koror en 1923 ; et du voyage d'un émissaire américain afin de récupérer les documents établis par Ellis lesquels rapportaient des renseignements sur les forces Japonaises l'auteur relate la bataille de l'île de Pélelieu en 1944, d'après plusieurs récits et notamment ceux de soldats américains engagés dans cette guerre.

Rolin débarque sur l'île en 2015 ; il ne connait pas lui-même les raisons de ce voyage, un désir "assez vague". Sur place il retrouve les vestiges de la guerre. Il jouera à se faire peur sur cette île.

"Cette trouée, avec la vue qu'elle ménage, et la voûte d'arbres immenses sous laquelle elle prend naissance, est l'une des choses les plus étranges - à la fois inquiétante et apaisante, exotique et familière - qu'il m'ait été donné de voir à Péleliu, et l'une de celles, mais non la seule, qui évoque le plus vivement un paysage de conte fantastique."

"La première fois que je le vis, ce minibus, j'évitai de regarder à l'intérieur, par crainte d'y découvrir un cadavre, tant il me parut que le décor s'y prêtait."

"Au risque d'apparaître de nouveau comme un esprit faible et superstitieux, je me dois d'observer que j'éprouvais un certain malaise à m'attarder dans ce cimetière - où parmi les chants d'oiseaux, le seul que j'entendais distinctement était comme à l'accoutumée l'appel lancinant du wuul -, ne m'y sentant pas le bienvenu......"

Il accompagnera, sur leurs demandes, quelques touristes venus eux aussi découvrir l' île.

L'auteur fait de très détaillées descriptions de l'île, de la végétation et surtout de la faune qui est d'ailleurs spécifique à chacune des îles des Palaos.



Une page de la guerre entre les Japonais et les Américains qui semble être modestement connue alors que ce fut une bataille terrible dont l'île porte à jamais les traces. Une lecture intéressante, et comme souvent Rolin côtoie des chiens, ici ce sont 5 chiots qu'ils nourrira d'ailleurs et qui seront un souci pour lui quand il quitte l'île.

Comme toujours l'écriture de Rolin m'emporte et je l'ai trouvé plus sérieux dans ce rôle de visiteur investi.


mots-clés : #historique #voyage
par Bédoulène
le Mar 13 Déc 2016 - 18:26
 
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Sujet: Jean Rolin
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