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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Jonathan Coe

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identite - Jonathan Coe Empty Jonathan Coe

Message par topocl Mar 27 Déc - 9:54

Jonathan Coe
Né en  1961


identite - Jonathan Coe Jonath12
 
Jonathan Coe, né le 19 août 1961 à Birmingham, est un écrivain britannique.

Jonathan Coe étudie à la King Edward's School à Birmingham et au Trinity College à Cambridge avant d'enseigner à l'Université de Warwick.

Il s'intéresse à la fois à la musique et à la littérature, car il fait partie du groupe de musique The Peer Group, puis des Wanda and the Willy Warmers, un orchestre de cabaret féministe pour lequel il écrit des chansons et joue du piano.

Il doit sa notoriété à la publication, en 1994, de son quatrième roman, Testament à l'anglaise (What a Carve Up! or The Winshaw Legacy). Cette virulente satire de la société britannique des années du thatchérisme connaît un important succès auprès du public et a obtenu le prix du Meilleur livre étranger en 1996.

Coe reçoit également le prix du Meilleur roman de la Writers' Guild of Great Britain en 1997 et prix Médicis étranger en 1998 pour La Maison du sommeil (The House of Sleep, 1997).

Il est l'un des membres du jury de la Mostra de Venise 1999.

En 2001 et 2004, le diptyque Bienvenue au Club (The Rotters' Club), suivi par Le Cercle fermé (The Closed Circle), traite des aventures d'un même groupe de personnes pendant leur dernière année de lycée dans le premier roman, puis vingt ans plus tard dans le second. Ces deux romans servent l'auteur dans sa fresque du Royaume-Uni des années 1970 et 1990, pour mieux observer les mutations profondes subies par la société entre ces deux dates, en raison des réformes thatchéristes et blairistes.

En 2015 sort sur les écrans La Vie très privée de Monsieur Sim, film français réalisé par Michel Leclerc, d'après le roman éponyme de Jonathan Coe publié en 2010 ( The Terrible Privacy of Maxwell Sim).

Œuvres traduites en français

Romans
1987 : La Femme de hasard, Page 1
1989 : Une touche d'amour, Page 1
1990 : Les Nains de la mort, Page 1
1994 : Testament à l'anglaise
1997 : La Maison du sommeil
2001 : Bienvenue au club, Page 2
2004 : Le Cercle fermé, Page 3
2007 : La Pluie avant qu'elle tombe
2010 : La Vie très privée de Mr Sim, Page 1
2013 : Expo 58, Page 1
2015 : Numéro 11. Quelques contes sur la folie des temps, Page 1
2018 : Le Cœur de l'Angleterre, Page 3
2022 : Mr Wilder et moi,  Page 1
2022 : Le royaume désuni, Page 1

Recueil de nouvelles
2005 : Désaccords imparfaits

Littérature d'enfance et de jeunesse
2012 : Le Miroir brisé

Biographies
1991 : Humphrey Bogart
1994 : James Stewart, une biographie de l'Amérique
2004 : B.S. Johnson, histoire d'un éléphant fougueux

Autre ouvrage
2013 : Notes marginales et bénéfices du doute

mise à jour le 25 août 2023

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Message par topocl Mar 27 Déc - 9:58

De  Jonathan Coe, j'avais adoré la trilogie londonienne (Testament à l'anglaise, Bienvenue au Club et Le cercle fermé) et son humour acerbe.

La vie très privée de M Sim.

identite - Jonathan Coe Image215

Ce livre est un jeu au cours de la lecture duquel on prend plaisir à imaginer la jubilation que Coe a eue à l’écrire ; on l’imagine assemblant patiemment ses pièces, semant ses indices, peaufinant ses éléments révélateurs. Quant au lecteur , attention : Le début parait simplement gentil et sympa, sans plus. On suit cela d'un oeil amusé et sans doute un peu distrait. Coe éparpille ses indices de façon apparemment anodine, mais il faut bien faire attention et ne rien louper car il n'est pas un détail qui ne trouvera son sens dans la suite. Et ce n’est donc que dans la deuxième partie que l’importance de chaque personnage, de chaque rencontre apporte une profondeur au récit, et contribue à sa cohérence.

Après la 150ème page, on s ‘amuse beaucoup, les pièces du puzzle s’imbriquent, on s’extasie du talent de Coe, on apprécie son humour, on passe un excellent moment en sa compagnie. Derrière le canular léger, on découvre des interrogations sur la solitude, la communication, la modernité, le hasard et le destin.

Il ne faut surtout pas s'arrêter à la présentation très réductrice qui a été faite du livre un peu partout, racontant que c'est l'histoire d'un homme amoureux de son GPS. Ceci n'est qu'un des nombreux éléments palpitants du roman, traité avec beaucoup de finesse : l'une des nombreuses pièces de ce puzzle, chacune potentialisant la valeur de l'autre.

Un petit régal. Un monument de finesse et d'humour, jusque dans les dernières pages.


mots-clés : #humour

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Message par topocl Mar 27 Déc - 10:00

Expo 58

identite - Jonathan Coe Expo-510

Le livre, comme l'Exposition part d’une drôlement bonne idée.
En 1958, la Belgique propose au monde une Exposition Universelle, l'idée étant d'aborder l'avenir sous le thème de la paix plutôt que sous l'emblème de la destruction. En gros : faites comme si la guerre froide n'existait pas et elle disparaîtra d'elle-même. Malheureusement, cela ne semble pas avoir été l'avis des différents Service Secrets … Et l'anglais falot Thomas, venu naïvement dans ce guêpier pour se distraire de son couple décevant et de sa petite vie routinière, va l'apprendre à ses dépens.

Tout l’aspect Exposition Universelle est assez intéressant, il traîne plein de photos et films sur internet qui permettent de suivre le roman de façon très vivante. Heureusement , car c'est plutôt long à démarrer, l'imbroglio d'espionnage est léger-léger (mais sans doute ma méconnaissance m'a t'elle fait louper quelques références), contrairement à l'humour, sans doute british mais plutôt souligné. Les personnages, à part le héros dont il est vite clair qu'il est assez ras-des-pâquerettes, totalement manipulé et impuissant face aux événements tant privés que publics,  sont d'une inconsistance absolue, jusqu'aux deux espions-chefs anglais qui jouent un petit jeu de Dupont-Dupond qui n'amuse qu'un moment. Le style est inexistant et le texte truffé de dialogues.
On suppose que Coe s'est bien amusé, en tout cas, une fois sa documentation rassemblée, on a  surtout l’impression qu'il ne s'est pas foulé pour ce livre qui se laisse lire sans passion, et avec un plaisir plutôt réduit malgré quelque scènes amusantes, et génère, de ce fait,  une certaine frustration.

identite - Jonathan Coe Index810

(commentaire récupéré)

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Message par Tristram Mar 27 Déc - 17:22

Topocl a écrit:des interrogations sur la solitude, la communication

Effectivement, il y a des aperçus aussi pertinents que subtilement humoristiques sur l'in(communication) : La vie très privée de Mr Sim, Sidney-Watford :

« On va, on vient dans le grondement du quotidien, on passe à deux doigts les uns des autres, mais le vrai contact est très rare. Tous ces ratages de peu, tous ces possibles irréalisés, c’est effrayant, quand on y pense. Mieux vaut éviter soigneusement d’y penser. »
« L’humanité, vous l’aurez remarqué, multiplie désormais avec une grande ingéniosité les moyens d’éviter de se parler, et j’avais pleinement profité des plus récents. »

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Message par Avadoro Jeu 2 Mar - 23:20

identite - Jonathan Coe Produc11

Numéro 11 : Quelques contes sur la folie des temps

Jonathan Coe compose une variation à partir de Testament à l'anglaise, même si le lien entre les deux romans (la famille Winshaw et la forme satirique) reste secondaire. Si les aventures d'abord étranges voire inquiétantes de deux amies d'enfance représentent un premier fil conducteur, les chapitres deviennent rapidement des récits presque autonomes qui esquissent une vision désabusée d'une Angleterre contemporaine, à travers des échos médiatiques et socio-politiques. La structure relativement chaotique du roman traduit la perte de repères d'une élite sociale désabusée, jusqu'à une conclusion marquée par une brève incursion dans le genre fantastique.

La virtuosité de l'écriture de Jonathan Coe est toujours remarquable, mais j'ai trouvé l'ouvrage trop souvent anecdotique. Les rebondissements multiples provoquent une lassitude même si la persistance d'une tonalité douce-amère apparait pertinente.
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Message par Tristram Sam 20 Mai - 0:08

identite - Jonathan Coe _une_t10

Une touche d’amour

Gallimard a écrit:Robin Grant est étudiant à Coventry, où il traîne sa thèse en littérature depuis quatre ans. Solitaire, égocentrique, amorphe, il mène une existence sans amour et sans amitié. Profondément dépressif, il exprime sa vision du monde et son sens de la fatalité en écrivant des récits à l'humour cotonneux. Le monde extérieur va pourtant le toucher de plein fouet lorsque, soupçonné de s'être exhibé devant un petit garçon, il est accusé d'outrage à la pudeur.
Une touche d'amour dépeint les brutalités de la société anglaise libérale avec un humour férocement polémique. Mais, comme toujours chez Jonathan Coe, il en reste une profonde tendresse pour les fragilités de ses personnages, les émotions sincères.

Un des premiers romans de l’auteur, qui avait déjà appris à ourdir les péripéties d’un scénario avec brio : ici l’histoire de quelqu’un qui « décroche » (ou est décroché), plein de nobles intentions mais assez déprimé, écrivain et universitaire en panne, voire ratés, accusé à tort et condamné d’avance par un concours de circonstances (toutes plus égoïstes, bien-pensantes, aberrantes et répugnantes les unes que les autres).
L’idée centrale est : notre existence n’est-elle conduite que par le hasard, ou pouvons-nous agir (politiquement) sur notre destinée ?
L’ensemble, assez noir, est relevé d’un bel humour (notamment dans le jubilatoire exercice de l’interview fantasmée), défini comme « cotonneux » par l’éditeur (mes dictionnaires restent muets à ce propos), et comme « britannique » par facilité (une grande amie à moi).
Aussi beaucoup d’aperçus bien vus sur la société :

« – Le racisme n’a pas besoin d’être flagrant. Il n’a pas besoin d’être brusque, non plus, et il peut s’insinuer partout. Elle en a eu assez d’être considérée comme une étrangère ; elle en a eu assez que ce soit toujours la première chose que les gens remarquent en elle. Elle était venue ici simplement pour travailler, pour obtenir son diplôme, et elle s’est aperçue que les gens la fréquentaient pour sortir de leur routine, pour mettre dans leur vie "une petite touche d’exotisme", comme elle dit. Elle a bataillé pour être prise au sérieux, mais ça n’a pas marché. »

« C’est à cause de ces pitoyables compromis que nous devons nous imposer, jour après jour. Nous ne parvenons jamais à dire la vérité, parce que nous sommes trop occupés à faire des concessions. On finit par ne jamais dire ce qu’on pense, mais par dire juste ce qu’on sait que l’autre veut entendre. On adapte la vérité à chaque contexte. On ne peut pas parler de socialisme avec des conservateurs, et on ne peut pas parler de conservatisme avec des socialistes. Si l’on veut parler de religion on se retrouve à dire des choses différentes selon qu’on s’adresse à un bouddhiste, un chrétien ou un athée. Si l’on demande une opinion, un universitaire répondra en universitaire, un médecin en médecin, un avocat en avocat. Dès que nous avons des rapports sociaux, nous sacrifions la sincérité, l’intégrité, l’impartialité, afin d’éviter toute confrontation. »


La seule consolation, c’est que cela se passe en Angleterre, pays sûrement bien pire que le nôtre…

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Message par Tristram Mar 18 Sep - 13:24

La Femme de hasard

identite - Jonathan Coe La_fem10


The Accidental Woman, titre que personnellement j’aurais peut-être traduit par « La femme fortuite », est le premier roman de Coe, et l’histoire de Maria.
« Maria, qui était fondamentalement d’une nature confiante, avait toujours cru en Dieu, mais en revanche elle n’avait pas la moindre preuve qu’il croie en elle. »
On profite déjà amplement dans cet ouvrage de l’humour qui rendit son auteur célèbre : les collègues (masculins) de Maria dans un magazine à lectorat féminin (p. 122), les misères de la colocation (ici, une offre lesbienne lui occasionnera une réplique bartlebyenne) :
« ‒ On va explorer nos corps, y a rien à voir à la télé.
‒ Non merci, j’aime mieux pas. »
J’ai particulièrement goûté les immixtions de l’auteur dans le cours de son ouvrage, procédé sternien que j’ai toujours savouré (merci papa, pour cette complicité de l’écrivain avec son lecteur, voire son personnage) :
« Mais je crois comprendre leur point de vue, moi-même, rien que de l’écrire, ça me déprime.
[…] Honnêtement, je commence à en avoir marre de Maria, et de son histoire, tout comme Maria commence à en avoir marre de Maria, et de son histoire. […] Avançons donc, car il ne me reste plus à relater qu’un seul épisode de la vie de Maria, et ensuite ce sera fini, et on pourra prendre congé.
Et voilà, on commence à bavarder avec le lecteur, et sans s’en rendre compte on perd complètement le fil du récit. »

« Ça ne vous dérange pas que je raconte ça au passé ? Je trouve l’autre temps vraiment épuisant. »
Mais, hormis cette approche réjouissante, c'est un peu La fête de l'insignifiance, pour reprendre le mot de Kundera. L’histoire de cette jeune femme calme et assez indifférente, sans vrai désir ou projet, et partant sans vraie (réussite dans la) vie, m’a étonnamment touché, finalement.
La trouvaille romanesco-métaphysique de la toute fin est excellente, mais je crois devoir pudiquement la celer ?
Dernière phrase :


Mots-clés : #identite #social #viequotidienne

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Message par Bédoulène Mar 18 Sep - 23:18

merci Tristram ! (encore un que je n'ai pas lu pfff!)

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Message par Tristram Jeu 26 Sep - 1:42

Exercice d'interview de l'auteur concernant son nouveau livre, Le cœur de l'Angleterre, mais aussi l'actualité britannique (délirante), puisque ce roman parle du Brexit :
https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/brexit-la-realite-depasse-t-elle-la-fiction-jonathan-coe-est-linvite-des-matins?actId=ebwp0YMB8s0XXev-swTWi6FWgZQt9biALyr5FYI13OqmOnxLi6rsVN8SkIKwMoFh&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=540612#xtor=EPR-2-[LaLettre25092019]
(41' ; allez directement à la vidéo si vous voulez l'entendre avec les images.)
"J'ai toujours été attiré en tant qu'écrivain et en tant que lecteur à des romans qui mélangent les narratifs et les récits publics et privés. Je crois que la politique est inévitable, elle infiltre tous les aspects de notre vie."

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Message par Tristram Ven 16 Avr - 21:13

Les Nains de la Mort

identite - Jonathan Coe Les_na10

William, le narrateur, est un jeune musicien qui galère pour percer à Londres ; il nous raconte comment il a été témoin d’un meurtre commis par deux nains, et déjà son approche narrative est intéressante dans sa façon de composer les séquences factuelles. C’est donc un polar, et matière à explorer l’univers des musiciens, comme celui de la banlieue londonienne.
De nouveau, Jonathan Coe excelle dans sa profonde capacité d’observations rendues avec humour :
« Martin était employé dans une compagnie d’assurances le jour et guitar hero la nuit. Il gagnait à peu près quatre fois plus que nous (ce qui ne représentait pas grand-chose pour autant) et tout l’argent qu’il arrivait à mettre de côté, il le consacrait à l’achat de matériel. Il avait une guitare entièrement faite main et changeait les cordes avant chaque répétition. Parfois, il les changeait même entre les morceaux. Son amplificateur, qui était plus grand que lui, avait coûté plus cher que tout le reste de notre matériel réuni. Il était pourvu d’un panneau de commande absurde, étincelant de voyants colorés et de cadrans digitaux, et impossible à brancher. Il restait en permanence dans la réserve car, même à quatre, il était inconcevable de l’emporter où que ce soit. Le conseil municipal de Lambeth aurait pu y reloger une demi-douzaine de familles défavorisées. Tout cela n’aurait pas présenté d’inconvénient si Martin avait été un bon guitariste ; mais en fait, il ne connaissait que cinq accords environ et n’avait jamais réussi à improviser le moindre solo dans sa vie. Ce qui lui manquait en matière de compétence musicale, il le compensait par un perfectionnisme technique. Lors d’un de nos concerts, il lui avait fallu trente-sept minutes pour accorder sa guitare. Avec lui, nous étions sans arrêt sur les nerfs car il suffisait d’un minuscule défaut, à peine perceptible, dans la qualité du son que nous lui fournissions pour qu’il explose dans une de ses crises de fureur. Un jour, dans un pub de Leytonstone, il y avait eu du larsen sur la voix, et il avait bondi hors de scène ; nous l’avions retrouvé un peu plus tard enfermé dans le coffre de sa voiture. Il avait les cheveux coiffés en brosse, un visage qui exprimait une grande intensité intérieure et portait toujours une cravate. Je ne l’ai jamais vu sans. »

« Attendre à un arrêt de bus le dimanche, c’est comme aller à l’église : c’est un acte de foi, la manifestation d’une croyance irrationnelle en quelque chose dont vous voulez affirmer à tout prix la réalité, bien que vous ne l’ayez jamais vu de vos yeux. »
Et le dénouement est aussi inattendu que fracassant : formellement, une belle réussite.

\Mots-clés : #humour #musique #polar #social

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Message par Bédoulène Ven 16 Avr - 23:16

voilà qui me convainc de lire ce auteur, merci Tristram !

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Message par Tristram Ven 16 Avr - 23:19

Oui, ça peut constituer une bonne lecture, pas trop longue, qui ne fait pas honte parce que c'est écrit avec rigueur, et en plus on rit !

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Message par topocl Ven 17 Sep - 16:39

Billy Wilder et moi

Et je pris conscience que pour un homme comme lui, un homme fondamentalement mélancolique, un homme pour qui la marche du monde ne serait jamais qu'une source de regrets et de déceptions, l'humour n'était pas seulement beau mais nécessaire, raconter une bonne blague pouvait faire naître un moment, fugace et délicieux, où la vie prenait un sens particulier et ne semblait plus arbitraire, chaotique ni inexplicable. J'étais heureuse de penser que malgré les inextricables difficultés du monde, il disposait encore de cette source de consolation.

Une jeune étudiante grecque inexpérimentée parcourt l'Amérique sac à dos et est invitée par hasard à la table de Billy Wilder. Elle va finir par participer au tournage de Fedora, un des derniers films de l'artiste, une œuvre à forte composante personnelle parlant du vieillissement , de la perte de connexion avec le monde qui y est liée, et des difficultés de l’ego avec cette affaire…

A un moment de sa vie qui ressemble aussi à un bilan, elle a raconte rétrospectivement cela, et c'est l'occasion de dresser un portrait touchant de cet homme élégant, attentif à l'autre, cachant sa détresse derrière un humour aussi caustique que badin. Cela donne un portrait assez touchant de cet homme parmi les plus grands cinéastes mondiaux, même si on n’est pas experte de son œuvre.

J’ai retrouvé la grande fluidité de narration de Jonathan Coe, lui aussi plein d’humour et d’élégance, qui partage les interrogations de son héros. Je lui pardonne moins l’inconsistance de l’histoire de son héroïne, et l'improbabilité de cette rencontre.

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Message par Tristram Ven 17 Sep - 17:22

Déjà sur ma LAL, et la conception de l'humour chez Wilder/ Coe m'inciterait à pardonner la Grecque "sac à dos"...

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Message par Louvaluna Ven 17 Sep - 22:43

Merci pour ton avis, topocl. J'avais beaucoup apprécié le précédent, "Numéro 11".
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Message par topocl Sam 18 Sep - 9:15

Tristram a écrit: m'inciterait à pardonner la Grecque "sac à dos"...
C'est le fond de bonté qui est en toi. Enfin, attendons ta lecture, nous verrons bien!

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Message par Pinky Sam 17 Juin - 9:30

La vie très privée de Monsieur Sim

identite - Jonathan Coe La-vie10

Max vient d’être quitté par sa femme Caroline qui a emmené leur fille Lucy. Il part en Australie espérant renouer avec son père et est frappé par la complicité qui unie une mère chinoise avec sa fille dans le restaurant où ils dinent. Cette scène de complicité le hante en révélant le manque affectif qu’il a ressenti avec son père depuis son enfance mais aussi la  perte de sa propre fille partie avec sa mère. L’histoire continue avec les rencontres successives comme Poppy qui enregistre les annonces d’aéroport pour donner le change aux époux trompés qui reçoivent ces messages censés prouver la présence de l’infidèle dans telle région du monde et ainsi les couvrir.
Dans cette course aux mensonges, l’histoire de Donald Crowhurst qui est parti pour faire le tour du monde sans en avoir les compétences et qui rédige deux journaux de bord, un vrai et un faux accompagne le récit de la vie de Max.  Celui-ci, de lectures d’écrits intimes de ses proches en falsification de sa part, s’attribue une fausse identité pour suivre les échanges de sa femme sur un forum de mères et continuer à avoir des nouvelles de sa fille.

Intéressante remarque sur l’usage de cet anonymat qui permet des échanges plus ou moins sincères ou rivalisant avec la vraie vie :
« Caroline et moi avons vécu ensemble quatorze ans. Et pendant ces années, jamais, mais alors jamais écrit -ni parlé- avec l’affection qu’elle témoignait à « Liz Hammond » dès son premier mail. Je ne veux pas le citer -encore que je l’aie retenu presque intégralement par cœur – mais, croyez-moi, vous n’en reviendriez pas de la chaleur, de l’amitié, de l’affection, oui, qu’elle mettait dans ces mots adressés à une étrangère, une parfaite inconnue qui n’existait même pas, bon Dieu, de bon Dieu ! Pourquoi ne m’avait-elle jamais écrit, jamais parlé, comme ça ? J’étais réellement sous le choc, tellement…meurtri, aussi, que j’ai mis quelques jours à lui répondre. »

Le parcours continue en Angleterre pour aller vendre des brosses à dents écolo et de luxe jusque dans les Shetlands, occasion pour Max de revisiter son enfance et son adolescence mais qui tourne au fiasco, proche de celui de Donald Crowhurst dans son tour du monde :
« Ah, Donald, tu n’avais pas la moindre chance de t’en sortir, au fond, n’est-ce pas ? Tu n’avais pas plus de chance de boucler ce tour du monde que je n’en avais de me pointer demain dans cette boutique d’Unst avec mon lot de brosses à dents. Qui croyons-nous tromper, hein ? Qui croyons-nous leurrer ? Nous-mêmes, sans doute. Ce qui nous oblige à leurrer le reste du monde dans la foulée, mais là n’est pas le plus difficile. Le plus difficile, c’est d’y croire soi-même, n’est-ce pas ? N’est-ce pas, Donald, mon vieux pote, mon vieux frère de traversée ? »

Cette histoire de brosses à dents écolo et luxueuses  est l’occasion de pointer la globalisation et la lutte sans merci entre  fabrication européenne préservant en partie la terre et exploitation sans merci des ouvrières et ouvriers chinois qui fabriquent à bas prix des brosses à dents jetables en plastique.
Faux semblants, malentendu, difficulté à s’accepter tel qu’on est jouent avec humour avec l’usage plus ou moins débridé des nouvelles technologies : internet, smartphone, GPS parlant avec une voix féminine d’un calme rassurant, échanges sous anonymat et en fond, la solitude affective de Max, le quarantenaire déboussolé.  
Coe n’est jamais cynique ou désabusé, ce que j’avais pu critiquer chez Patrice Jean qui regrettait un âge d’or fantasmé.
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Message par Bédoulène Sam 17 Juin - 14:49

merci Pinky, jamais lu cet auteur, non plus et d'après les divers commentaires c'est regrettable.

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Message par Avadoro Sam 17 Juin - 15:40

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Billy Wilder et moi

Mon avis est proche de celui de topocl. C'est une lecture à la fois légère et sensible, qui permet de se plonger dans le milieu du cinéma avec beaucoup d'aisance et sans qu'il soit nécessaire de connaitre la filmographie de Billy Wilder.

Jonathan Coe esquisse le portrait d'un homme arrivé au bout d'un chemin, mais qui revient sur son parcours en exprimant à la fois enthousiasme et nostalgie. Le tournage de Fedora est alors l'occasion de se remémorer anecdotes et rencontres, qui ont nourri sa vision du monde et du cinéma en tant que moyen d'expression. Les pages concernant son exil américain, et l'impact du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale, sont particulièrement poignantes tant elles révèlent des silences, des non-dits qui ont aussi été transcendés par une démarche créative.

Je reste par contre aussi à distance par rapport à la structure du récit, à savoir la rencontre inattendue de la narratrice et du cinéaste. Ce choix permet de nouer une intrigue mais la personnalité de la jeune femme reste trop souvent en retrait.
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Message par Bédoulène Sam 17 Juin - 18:37

merci Avadoro !

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