Pierre Michon
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Re: Pierre Michon
Flaubert, c'est plutôt les premières œuvres, le théâtre... Peut-être que c'est une impression que j'ai, mais il me semble qu'ils ne courent pas les rues, et qu'ils ne sont guère disponibles en bibliothèques.
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15926
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Re: Pierre Michon
Et un livre comme Parabole est carrémént un mauvais livre, filandreux, confus, mal conçu, avec des personnages de carton pate.
Ce qui n'enlève rien à la grandeur, la beauté de l'oeuvre.
Tous les grands écrivains, je pense, de Dostoievski à Conrad, ont écrit quelques oeuvres médiocres
et on est surpris ou déçus quand on les lit.
Mais on a tort, évidemment.
bix_229- Messages : 15439
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Re: Pierre Michon
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Pierre Michon
Oui, tous les écrivains sont plus ou moins égaux à la tâche. Je me suis laissé dire que Michon était lui-même irrégulier.Tous les grands écrivains, je pense, de Dostoievski à Conrad, ont écrit quelques oeuvres médiocres
et on est surpris ou déçus quand on les lit.
Quasimodo- Messages : 5461
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Re: Pierre Michon
Bel exercice qui allie l’acuité picturale à une inspiration visionnaire (et sociale) dans l’étude de ce tableau coupé en deux par Manet lui-même :
Le second texte est une brève ébauche de Les Onze, mort et amour sous thermidor…
\Mots-clés : #peinture
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Pierre Michon
Trente entretiens, présentés par ordre chronologique.
On entre directement dans le scriptorium, avis aux amateurs !« Elle [l’avant-garde] nous disait que la littérature est perpétuelle rupture ; que son objet est impossible ; que le bond hors du consensus en est une condition essentielle. »
« Et il semble bien que ce qui demeure, dans ces récits explicitement nommés ou d’autres qui le sont moins (Un cœur simple, par exemple, qui est exactement une vie), c’est un sentiment très vacillant du sacré, balbutiant, timide ou désespéré, un sacré dont nul Dieu n’est plus garant : ce qui s’y joue sous des cieux vides, c’est ce qu’a de minimalement sacré tout passage individuel sur terre, plus déchirant aujourd’hui de ce qu’aucune comptabilité céleste n’en garde mémoire. Ces vies sont tangentes à l’absence de Dieu comme les hagiographies l’étaient à sa toute-présence ; elles expérimentent le drame de la créature déchue en individu. »
« La littérature est une forme déchue de la prière, la prière d’un monde sans Dieu. »
« Lire, écrire : autant de ruses du Barbare pour se faire Classique. Le Barbare croit que le Classique a un secret, un truc (Valéry dit que Degas était paralysé par sa connaissance des maîtres, "sa convoitise des secrets qu’il leur prêtait") ; il cherche ce truc dans les livres, puis il écrit lui-même ; il fait une œuvre comme dans un rêve ; il n’a rien trouvé, il commence même à douter qu’il y ait un truc ; et voilà que les Classiques lui disent qu’il est des leurs. C’est ça, la relance de la littérature : un jeu de vessies et de lanternes où on vous dit que vous êtes maître ès lanternes à l’instant où vous commencez à soupçonner qu’il n’y a que des vessies. »
« Vous savez, ce type de personnages, Roulin ou ceux de Vies minuscules, c’est le type romanesquement très ancien du témoin, du petit témoin. C’est très employé dans le roman populiste et ses avatars nobles, Cervantes, Céline. C’est une figure extrêmement efficace parce que le lecteur peut directement compatir avec elle : c’est la figure chrétienne du pauvre, c’est le prolétaire ou Charlot. C’est la figure qui gagne d’emblée et sans médiation la sympathie du lecteur, et dans ce sens c’est une facilité populiste. »
« J’ai face à l’acte d’écrire une tactique contournée, peut-être superstitieuse, c’est-à-dire qu’il faut que j’approche l’écriture par des traverses, des biais, les mille ruses de la latéralité ; c’est ce que je fais, m’approcher. Ça marche si mon angle d’attaque latéral est juste. Et ça ne marche pas si j’aborde mon sujet frontalement. »
« Il y a une sorte de bêtise, ou d’inélégance, dans la littérature qui se met à penser autrement que par métaphores. »
« Il n’y a plus de civilisation rurale et la civilisation urbaine a disparu avec le prolétariat. »
« Je me suis dit très tôt qu’il fallait que j’écrive. C’était le seul moyen d’en sortir. […]
Avant, il y avait la lecture. C’était le seul mode eucharistique, avec la biture. »
« Je peux dire en gros que ce que je suis le plus souvent depuis que j’ai 20 ans, c’est un écrivain qui n’écrit pas, c’est-à-dire une figure majuscule, assez comique en somme, de l’aliénation – figure à qui pourtant il est arrivé parfois, par éclairs, par petits éclairs inexplicables de délivrance, de devenir un écrivain qui écrit. »
Entre fulgurances et redites ou variations (peut-être parfois mystificatrices ou badines), Michon se révèle d’une grande franchise, éclairant sans doute autant pour lui que pour nous sa démarche, sa méthode, ses récits passés (et c’est évidemment bien plus profitable si on les a lus). Il est passionnant dans ses rapports au visible (la peinture tout particulièrement), aux humbles, notamment ruraux (dont il se réclame), et au père, à notre prégnant contexte catholique (figures de l’ange, hagiographie, etc.). Cantonné à la forme brève, Michon confie ses astuces personnelles pour atteindre la grâce, l’attente de l’inspiration, et la transe de l’écriture « sacrée », d’un jet qui sera repris. Il parle également de ses lectures marquantes, Flaubert, Faulkner, Baudelaire, Hugo, Proust, Balzac, Mallarmé, Rimbaud, mais aussi Borges, Giono ; j’ai été surpris de son recours fréquent aux emprunts intégrés dans son texte. Sans doute plus amateur qu’il ne l’avoue de la pratique des entretiens (vraisemblablement bien préparés), Michon confie d’originaux points de vue, qui en rendent la lecture captivante.
À noter que j’avais déjà lu certains de ces entretiens, et surtout que j’en ai lu d’autres parus depuis, qui à ma connaissance n’ont pas encore été réunis dans un livre.
\Mots-clés : #ecriture #entretiens #peinture
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Pierre Michon
Cinq brefs textes :
Les deux corps du roi (sur Beckett)
Corps de bois (sur Flaubert)
L’oiseau (sur Muhamad Ibn Manglî)« Le feuillage, c’est le livre. Le corps est de bois. »
« …] nous sommes comme des montres où il n’y aurait point de cadran, et dont les rouages, doués d’intelligence, tourneraient jusqu’à ce qu’ils se fussent usés, sans savoir pourquoi et se disant toujours : puisque je tourne, j’ai donc un but. »
L’éléphant (sur Faulkner)« Il y a deux sortes d’hommes − ceux qui subissent le destin, et ceux qui choisissent de subir le destin. »
Le ciel est un très grand homme (avant quelques péripéties biographiques sur le même thème, Michon évoque deux prières qu’il adressa : La Ballade des pendus au chevet de sa mère morte, Booz endormi à la naissance de sa fille).« Dans sa main droite le petit sablier de feu, la très précieuse cigarette qui marque avec une intolérable acuité le passage du temps, qui réduit le temps à l’instant, la durée de combustion d’une cigarette étant comparable et cependant très sensiblement inférieure à celle de cette combustion complexe d’un corps d’homme qu’on appelle une vie. »
Relecture pour moi de ces petits récits bien saisis, qui gravitent autour de la littérature, de l'écrivain-roi dans ce qu'il a d'immortel et d'individuel.« Ils [ces deux poèmes] rassurent le cadavre, ils assurent l’enfant sur ses jambes. Voilà sans doute la fonction de la poésie. Je n’en vois guère d’autre. »
\Mots-clés : #essai #universdulivre
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Tristram- Messages : 15926
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: Pierre Michon
En 1996, Pierre Michon publiait un court roman : « La Grande Beune », récit de l’attirance physique d’un jeune instituteur tout juste nommé en Dordogne pour Yvonne, une tenancière de maison de la presse. Près de trente ans plus tard, l’auteur nous livre une suite intitulée « La Petite Beune ». Les deux récits ont été réunis sous l’appellation « Les Deux Beune ».
Sur le fond, cette histoire de passion charnelle poussée aux bords de la folie m’a laissé un peu sur le bord du chemin, malgré des évocations intéressantes sur l’art paléolithique, du genre « origine du monde ». Mais il y a le reste, la description d’un milieu paysans et ouvrier d’un petit bourg au début des années 60, les séances de pêche de Jean, plus ou moins braconnier, mais plutôt plus, muni des fameux moulinets qui prennent une dimension mythique. Mais beaucoup de personnages et d’objets prennent cette dimension chez Pierre Michon
Ce qui et remarquable est également la polysémie des mots qui reviennent appliqués à d’autres situations. Par exemple, « Le grand trident », à la fois arme, symbole sexuel qui réapparait de manière récurrente.« Les « quantum », les «Mitchell » » et le grand « Shakespeare » qui est tarabiscoté comme la culasse d’un mousquet, caréné comme une kalachnikov, avec ses trois ou quatre crans de sûreté et son levier de piège à loup, pour sortir le brochet. »
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Pierre Michon
j'avais tenté Maîtres et serviteurs mais je n'avais pas du tout accroché donc peut-être un 2ème essai ?
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Pierre Michon
Bédoulène a écrit:celui_ci me tente
j'avais tenté Maîtres et serviteurs mais je n'avais pas du tout accroché donc peut-être un 2ème essai ?
Pour aborder Michon, je te conseillerais plus volontiers "Vies minuscules"
ArenSor- Messages : 3428
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Re: Pierre Michon
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Bédoulène- Messages : 21639
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