Donald Ray Pollock
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Donald Ray Pollock
Donald Ray Pollock
Né en 1954
Né en 1954
Donald Ray Pollock a grandi dans sa ville natale, Knockemstiff . Depuis qu'il est adulte, il vit à Chillicothe dans l'Ohio où il a travaillé dans une usine de pâte à papier pendant trente-deux ans en tant qu'ouvrier et conducteur de camions. À 50 ans, il s'inscrit à des cours d'écriture créative à l'Université d'État de l'Ohio. En 2008 est publié son premier ouvrage, un recueil de nouvelles intitulé Knockemstiff. Durant la campagne présidentielle de 2008, le New York Times publie régulièrement ses dépêches sur les élections vues depuis le sud de l'Ohio. En 2009, il remporte le PEN/Robert W. Bingham Prize , et le Devil's Kitchen Award in Prose du Département d'Anglais de la Southern Illinois University Carbondale.
Son deuxième ouvrage, The Devil All the Time (Le Diable, tout le temps), paraît en 2011. Publishers Weekly le considère comme l'un des dix meilleurs livres de l'année. En 2012, Donald Ray Pollock reçoit la Bourse Guggenheim (Guggenheim Fellowship) dans la catégorie « Arts créatifs et champ de la fiction ».
Œuvres en français
Romans
Le Diable, tout le temps ( The Devil All the Time, 2011)
Une mort qui en vaut la peine ( The Heavenly Table, 2016)
Recueil de nouvelles
Knockemstiff ( Knockemstiff, 2008)
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
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Re: Donald Ray Pollock
Le Diable, tout le temps
« Le Diable n’abandonne jamais », dit un des personnages.
Pollock est bien décidé à nous le démontrer : quand le Diable a mis sa patte quelque part, il appuie, écrase et repasse un coup pour être sûr que le travail est bien fait. Et la religion est la plus belle chose qu’il ait inventée pour que chacun puisse justifier toutes ses saloperies, exactions et turpitudes. Pollock n’hésite pas à donner tout son sens à ce message, et cela monte plutôt en puissance au fil du livre, qui n’a pourtant pas commencé piano.
La première partie, où un fou de Dieu croit pouvoir sauver sa femme de la mort en embarquant son jeune fils dans des rituels païens sanguinolants, est plutôt fascinante. Il y a un côté Ruban blanc en Ohio dans la thématique, cette religion qui autorise les pires ignominies, sans en avoir ni le génie, ni l’austère beauté . Puis on glisse peu à peu, vers un roman noir assez dérangeant, parfois franchement dégueu, qui déclenche par moments, aux limites de la complaisance , un dégoût nauséeux. La fin devient haletante et imbrique soigneusement les personnages qui voient leurs comptes réglés dans un suspense savamment mené. Plutôt belle, mais un peu sage, un peu trop morale, cette fin, quand on voit l’inconvenance absolue et néanmoins souvent réjouissante de l’ensemble du roman.
Au final, ça se laisse bien lire avec quelques scènes d’anthologie, mais on comprendra bien que certains puissent abandonner en cours de lecture.
(commentaire récupéré)
mots-clés : #religion
« Le Diable n’abandonne jamais », dit un des personnages.
Pollock est bien décidé à nous le démontrer : quand le Diable a mis sa patte quelque part, il appuie, écrase et repasse un coup pour être sûr que le travail est bien fait. Et la religion est la plus belle chose qu’il ait inventée pour que chacun puisse justifier toutes ses saloperies, exactions et turpitudes. Pollock n’hésite pas à donner tout son sens à ce message, et cela monte plutôt en puissance au fil du livre, qui n’a pourtant pas commencé piano.
La première partie, où un fou de Dieu croit pouvoir sauver sa femme de la mort en embarquant son jeune fils dans des rituels païens sanguinolants, est plutôt fascinante. Il y a un côté Ruban blanc en Ohio dans la thématique, cette religion qui autorise les pires ignominies, sans en avoir ni le génie, ni l’austère beauté . Puis on glisse peu à peu, vers un roman noir assez dérangeant, parfois franchement dégueu, qui déclenche par moments, aux limites de la complaisance , un dégoût nauséeux. La fin devient haletante et imbrique soigneusement les personnages qui voient leurs comptes réglés dans un suspense savamment mené. Plutôt belle, mais un peu sage, un peu trop morale, cette fin, quand on voit l’inconvenance absolue et néanmoins souvent réjouissante de l’ensemble du roman.
Au final, ça se laisse bien lire avec quelques scènes d’anthologie, mais on comprendra bien que certains puissent abandonner en cours de lecture.
(commentaire récupéré)
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Flore Vasseur
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Re: Donald Ray Pollock
hésitation à noter ; le message d'accord mais les mises en oeuvre (?)
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21635
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Re: Donald Ray Pollock
Une mort qui en vaut la peine
Le jour où ils enterrent leur despote de père, qui les a élevés dans la misère et la crainte dü péché, les trois frères Jewett, réincarnation des Dalton, n'ont d’autre solution que de braquer une banque, comme le héros du seul livre qui a bercé leur enfance. Ils ont si dégourdis qu'ils ramassent moins de dollars qu'ils n'alignent de cadavres, et bientôt, la rumeur aidant, ils se retrouvent traqués par tous les bien pensants de l'Etat: leur tête est mise à prix.
C'est une assez jubilatoire farandole de gaffes et de déboires qui les attend, sur fond d'hémoglobine, de sexe minable et de merde débordante : Pollock ne lésine pas.
Le drame cède toujours le pas à l'humour, et leur destin croise d'autres destins qui tissent peu à peu un portrait pittoresque de Meade, cette petite ville d'Ohio où tous finissent par se retrouver: les soldats du camp militaire préparant au grand départ (on est en 1917), les prostituées décaties, les artistes ambulants, l'inspecteur des installations sanitaires, et Ells paysan ruiné, chanceux époux d'Eula, qui se demande bien où peut être cette Allemagne...
C'est un peu long à démarrer, on a le temps de se dire que ces portraits assemblés feraient autant de nouvelles épatantes, et puis Pollock donne la pleine mesure de son talent : à mi-parcours, tout se noue, l'intrigue attrape son lecteur, et on se régale à ce roman d'aventure habile, comique, extravagant.
mots-clés : #aventure #humour
Le jour où ils enterrent leur despote de père, qui les a élevés dans la misère et la crainte dü péché, les trois frères Jewett, réincarnation des Dalton, n'ont d’autre solution que de braquer une banque, comme le héros du seul livre qui a bercé leur enfance. Ils ont si dégourdis qu'ils ramassent moins de dollars qu'ils n'alignent de cadavres, et bientôt, la rumeur aidant, ils se retrouvent traqués par tous les bien pensants de l'Etat: leur tête est mise à prix.
C'est une assez jubilatoire farandole de gaffes et de déboires qui les attend, sur fond d'hémoglobine, de sexe minable et de merde débordante : Pollock ne lésine pas.
Le drame cède toujours le pas à l'humour, et leur destin croise d'autres destins qui tissent peu à peu un portrait pittoresque de Meade, cette petite ville d'Ohio où tous finissent par se retrouver: les soldats du camp militaire préparant au grand départ (on est en 1917), les prostituées décaties, les artistes ambulants, l'inspecteur des installations sanitaires, et Ells paysan ruiné, chanceux époux d'Eula, qui se demande bien où peut être cette Allemagne...
C'est un peu long à démarrer, on a le temps de se dire que ces portraits assemblés feraient autant de nouvelles épatantes, et puis Pollock donne la pleine mesure de son talent : à mi-parcours, tout se noue, l'intrigue attrape son lecteur, et on se régale à ce roman d'aventure habile, comique, extravagant.
mots-clés : #aventure #humour
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Flore Vasseur
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Re: Donald Ray Pollock
Knockemstiff
Knockemstiff dans l’Ohio, c’est la ville où l’auteur a grandi et travaillé (dans l’usine à papier) avant de rejoindre l’Université.
La dénomination de cette ville est expliquée par l’un de ses habitants à un visiteur de passage :
Dispute entre deux femmes qui se seraient crêpé le chignon pour un homme, juste devant l’église. Légende ou pas ce nom image la ville.
Knockemstiff est une ville de pauvres dans une Amérique riche. Alors tous ont des rêves d’avenir meilleur mais curieusement peu souhaitent quitter ce lieu et surtout ceux vivant dans le Val.
Combien de violence, physique et/ou verbale ; de tentatives de se sortir de cette vie, par le vol, la drogue, la sexualité. La voiture apparaît souvent comme l’élément de richesse et même si l’on n’arrive pas à payer le loyer, à se nourrir correctement, on emprunte pour se pavaner avec une Mustang, par exemple.
Les enfants voient, subissent et même si dans leur jeunesse ils espèrent, ils se retrouvent adultes dans une désespérante situation, le malheur semble générationnel.
Au fil des années la ville se délabre, comme leur vie, les quelques magasins sont fermés comme l’est leur avenir.
L’écriture sensitive reflète le parler des gens - de la grossièreté, insultes, menaces - ; s'y ajoutent les drogues et l’alcool pour oublier.
Il semble que la « mortadelle » soit très prisée ; à cause du prix accessible ?
Donc tout est sombre, désespérant et malgré le dégout qu'inspirent certains personnages ou situations leur sort est pitoyable.
Des extraits significatifs :
Daniel
le vieux a surpris son monde en sortant le long couteau tout en poussant son fils sur une chaise.
– Tu bouges d’un chouïa, putain, je te scalpe comme un Indien, il lui a dit en saisissant une longue mèche brune dans son poing, avant de se mettre à la scier au ras du crâne
Tout l’été, Daniel avait rêvé de descendre du car de ramassage scolaire après Labor Day 1 avec les cheveux aux épaules. La scène était aussi claire et frappante qu’un film dans sa tête, et maintenant le vieux lui avait pris tout ça.
Chez Théo – Teddy –
À part les capsules noires qu’elle obtenait des fois de sa sœur Wanda, la peur semblait la seule chose qui pouvait réveiller ma mère, la rendre à la vie. Et parce que je voulais tellement la rendre heureuse, j’étais devenu maître dans l’art de lui foutre les foies. Albert DeSalvo était son cinglé préféré, et elle avait sa photo collée au scotch dans son placard de chambre. Des fois, si elle avait eu une vraiment sale journée, j’allais dehors et je fendais un des écrans moustiquaires avec un couteau, ensuite j’entrais chez elle et je lui nouais un nœud savant autour du cou avec un de ses collants, tout en avouant que c’était moi le vrai Boston Strangler.
Frankie le balafré vole l’argent – héritage de sa grand-mère – de Toddy
Sa dernière pensée avant de tourner de l’œil c’était qu’il allait retrouver sa grand-mère. Mais au bout d’un moment il est revenu à lui, couché sur le ventre par terre dans une mare de sang, son jean baissé jusqu’aux chevilles. Il s’est remis sur le dos pour cracher sa dent. Frankie était debout au-dessus de lui, en train de s’essuyer la pine avec un chiffon. En soulevant les hanches pour remonter son pantalon, Todd s’est mis à sourire.
– Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça, sale tantouze ? a fait Frankie.
Et il a frappé Todd en plein visage avec le talon de sa chaussure.
Géraldine la fille qui se promène avec dans son sac des poissons panés qu’elle offre.
Del a placé Veena doucement sur le canapé et sorti la dernière couche d’une boîte de Pampers. Là, au fond du carton, se trouvait une petite réserve de poissons panés enveloppés dans une serviette en papier graisseuse. Il regardait les miettes brunes sans y croire. Geraldine n’avait pas touché à un poisson pané depuis qu’il était devenu son tuteur légal ; ça faisait partie de leur arrangement. Il a torché Veena, lui a saupoudré du talc sur les plaques d’irritation qu’elle avait entre ses cuisses dodues. En regardant sa fille, Del a soudain ressenti une grande peine l’assaillir. Il était à genoux, sur le point de demander pardon au bébé, quand il a entendu sa femme débouler dans le couloir et claquer la porte de la chambre. Le boucan a fait sursauter père et fille, l’une encore rose d’innocence, l’autre coupable de mille transgressions.
Bernie
Je ne réponds pas. Les gars dans la Camaro m’ont vu mater la fille, et l’un d’eux se met à imiter Jerry, faisant la grimace et laissant tomber la tête contre sa poitrine. La fille rigole toujours, mais maintenant elle rabaisse son haut. Et j’ai beau savoir qu’il y a deux ans Jerry aurait été avec eux à se moquer du demeuré, je tire le frein à main et j’extirpe mon gros cul de la voiture. Je reste là debout un moment à rabaisser ma chemise par-dessus mon ventre blanc, et à me demander ce que je suis supposé faire maintenant ; mais juste comme je vais me dégonfler, un des gars crie « Porky », et un autre se met à grouiner « Oink, oink ». Je respire un grand coup, marche jusqu’à leur voiture et commence à coller des coups de lattes dans la portière. Croyez-moi, j’ai beau être un gros lard, quand le chauffeur saute de la voiture – un grand serin avec des grandes dents et du fil barbelé tatoué autour de ses bras fluets –, je l’étends d’un seul punch. Je n’ai jamais frappé personne aussi fort de ma vie, même pas Delbert Anderson
Le voleur marié à Dee
Ma tête était en vacances permanentes, mes nerfs, des petits grumeaux de lait moussant. L’Oxy remplissait des trous en moi que j’avais jamais soupçonnés vides. C’était, du moins pour les premiers mois, une façon épatante d’être invalide. Je me sentais béni des dieux.
En réalité, pourtant, ma vie était maintenant sur la pente. Sous l’influence de l’Oxy, j’ai perdu jusqu’à l’ambition de voler le bien des autres. Tex s’est trouvé un autre partenaire, et la banque a repris la Monte Carlo. Heureusement, on avait gardé la Pinto en secours. Une fois ma lune de miel aux opiacés terminée, on s’est retrouvés à louer une caravane qui prenait l’eau et sentait le moisi en bordure de Knockemstiff, le val où j’ai grandi. J’avais beau m’être juré un million de fois de ne jamais y retourner, je n’ai pas tenu ma promesse, comme pour tous les autres serments que j’ai faits avant mon accident.
\Mots-clés : #addiction #misere #nouvelle #social #viequotidienne #violence
Dernière édition par Bédoulène le Mer 27 Mar - 10:56, édité 1 fois
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Bédoulène- Messages : 21635
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Re: Donald Ray Pollock
Ce sont des nouvelles, Bédoulène ? Le Midwest profond !?
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15925
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Re: Donald Ray Pollock
oui des nouvelles ! et oui pour le Midwest profond
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