Olivier Rolin
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Re: Olivier Rolin
topocl a écrit:Je crois qu'en langage d'aujourd'hui on dit "j'ai piscine" .
Ou "Sorry mais j'ai un live sur Insta".
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Re: Olivier Rolin
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Re: Olivier Rolin
43 descriptions de chambres d’hôtels occupées par Olivier Rolin lors de ses voyages dans le monde entier, et supposées avoir été retrouvées dans un bagage égaré par un auteur disparu (qui s’appelle aussi Olivier Rolin), fragments « consignés sur des supports disparates » d’un projet littéraire demeuré inconnu.
Le mobilier et la décoration sont parfois « hideux » ; pour varier du « rose dentier » :« Vient ensuite la porte épiscopale (mauve, à poignée dorée) de la salle de bains. »
À ces descriptions factuelles (genre Nouveau Roman, mais avec humour) se rattachent autant de bribes d’histoires, de personnages rencontrés. Les noms du colonel Grigor Iliouchinsk et d’Antonomarenko reviennent fréquemment, puis d’autres, dont celui de Mélanie Melbourne, son amour qui a le chic pour se jeter dans la gueule du loup, ou « Pavel Schmelk, l’ingénieux ingénieur » tchèque ; l’auteur, outre se saouler et se contempler dans les miroirs de passage, semble se livrer à des activités interlopes, type espionnage, escroquerie et/ou contrebande.« La moquette rose piquetée de beige suscite assez fâcheusement l’idée d’un dégueulis d’ivrogne. »
Puis survient la chambre 211 de l’hôtel Crystal, à Nancy, qui n’est pas décrite mais revient plusieurs fois (l'auteur l'a mystérieusement oubliée).« Leur papa est accusé de posséder des ADM, armes de destruction massive, et il n’en a même pas. Il en a eu, mais il n’en a plus. Il les a dépensées. Ça ennuie beaucoup toute la famille. De quoi vont-ils avoir l’air ? De types bidons, de dictateurs en solde, de frimeurs du tiers-monde, voilà de quoi ils vont avoir l’air. Ils voudraient quand même être à la hauteur de leur réputation de dangers publics. C’est là qu’intervient le génie de Crook. Je résume à grands traits les discussions, qui se déroulent dans un petit salon de cet hôtel discret, dans un quartier périphérique, proche de l’université. Pour en avoir des vraies, des ADM, leur a-t-il expliqué, c’est trop tard maintenant, hélas. Il fallait y penser avant, au lieu de perdre son temps à torturer des opposants et à aller aux putes à Dubaï. Mais ils pourraient au moins en acquérir des fausses. Des qui donnent le change. Tout le monde y trouverait son compte. Le président Push va leur faire la guerre, c’est certain. Et il va les battre, c’est non moins certain (ils ouvrent quatre yeux ronds). Le problème n’est plus de sauver la mise, c’est de sauver l’honneur. Pas seulement le leur, mais celui des masses arabes (ils approuvent, froncent les sourcils, prennent deux airs terribles). »
Ce qu’il voit par la fenêtre est parfois dépeint, et au 18, une chambre à Mexico, une silhouette aperçue à l’extérieur le renvoie dans une chambre de Metz occupée précédemment, décrite et ainsi mise en abyme, celle-là même où Mélanie Melbourne le quitta.
Au 22 (soit au mitan des lieux de passage), l’auteur décide de mourir dans cette chambre de Bakou.
29, « Chambre des portes, hôtel Labyrinthe » constitue un curieux chapitre où plusieurs descriptions précédentes sont reprises, de façon confuse. 36, « Chambre des fenêtres, hôtel Bellevues », donne sur des panoramas incompatibles. 38, l’auteur, sur les traces de Malcolm Lowry, découvre des notes de la première version d’Under the Volcano dans une valise, autre mise en abyme de ce livre facétieux, aux nombreuses références littéraires (dont Michaux)…
43, dernière étape, « l’Hôtel du Point final », qui évoque une multitude bigarrée de chambres, entre fabulation et souvenir...
On retrouve un peu l’esprit cosmopolite de L’invention du monde dans ces notices « topautobiographiques », qui frôlent la fastidiosité sans y tomber vraiment, et explicitement inspirées d’un projet de Perec, Lieux où j’ai dormi dans Espèces d’espaces.
Si j’ai connu certains des hôtels cités, ce roman m’en a rappelé beaucoup d’autres ; un seul regret personnel, que manquent certaines piaules douteuses, de même que quelques suites de style remarquable...
Un bel exercice, qui ramentoit aussi Queneau !
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Tristram- Messages : 15926
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Re: Olivier Rolin
je suis ravie que ça t'ait plu!topocl a écrit: mais je dois le reconnaître c’est d’un ennui prodigieux. Je suis prête à beaucoup pour les auteurs que j'aime, mais, quand même il y a des limites.
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topocl- Messages : 8546
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Re: Olivier Rolin
Pas comme Olivier, effectivement plus inventif.
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Re: Olivier Rolin
Biographie du Russe/Ukrainien d’origine hollandaise Alexeï Féodossiévitch Vangengheim (1881 - 1937), « directeur du Service hydro-météorologique unifié de l’URSS, président du Comité hydro-météorologique près du Soviet des commissaires du peuple, chef du Bureau du temps, président du Comité soviétique d’organisation de la seconde année polaire, et des tas de titres encore », et victime de Staline parmi tant d’autres en cette époque d’arbitraire où on passait subitement de héros du travail à saboteur.
Sont évoqués Édouard Herriot, qui visite l’Ukraine en pleine famine sans la voir, Louis Aragon (auteur du vibrant et apparemment inconditionnel poème Liberté) louant la Guépéou et le goulag…« Il semble que la torture, qui sera courante dans les années de la "Grande Terreur", en 1937-1938, ne soit pas d’un usage systématique en 1933-1934 : nous n’en sommes encore qu’à la Terreur ordinaire. »
Comme quoi l’Histoire, qui paraît-il ne se répète pas, parfois nous rattrape.« Conjuguant l’élimination des paysans riches ou supposés tels (il suffit parfois de posséder une vache pour être décrété "koulak" et déporté ou fusillé), la collectivisation à marche forcée et les réquisitions de grain, la politique démente de Staline entraîne en Ukraine une famine atroce. Des millions de gens, trois millions sans doute, meurent pendant les années 1932-1933 sur les terres où Alexeï Féodossiévitch a passé son enfance et sa jeunesse. Quand on a fini de manger les chats, les chiens, les insectes, de ronger les os des animaux morts, de sucer les herbes, les racines et les cuirs, il arrive qu’on mange les morts, il arrive même qu’on les aide à mourir. »
Vangengheim est envoyé au camp des îles Solovki, un des premiers du Goulag, où là déjà le travail bien exploité rééduque avant de libérer…
Ce qui est le plus terrible pour ce véritable précurseur (énergies éolienne et solaire, etc.), qui ne perd jamais sa « foi dans le Parti », c’est le non-sens, l’absurdité de son sort. Il y eut peut-être du calcul dans l’attitude de ce zek toujours partisan du pouvoir qui le prive de sa vie (espoir d’un revirement à son avantage, protection de sa femme et sa fille), ou de l’aveuglement, mais il semble qu’au fond il n’ose admettre la terrible dérive du bolchévisme.
Le fait est que l’aberration totale et durable du communisme soviétique me paraît toujours assez incompréhensible, voire sidérante, et peut-être aussi irrationnelle que celle d’une secte.« J’espère toujours que la raison triomphera, c’est beaucoup plus important que mon destin personnel. »
« Je crains en mon âme que personne ne se soucie de la vérité. »
La plupart des bourreaux seront eux-mêmes fusillés.
Reste que Vangengheim fut au nombre des millions de personnes sacrifiées à une terrifiante mécanique d’une grotesque injustice, une course en avant de la bêtise.« Cette autodestruction des bourreaux montre la folie de l’époque. »
(Apparemment c’est Vangengheim qui parle, ce n’est pas toujours très clair.)« Ça ne change d’ailleurs pas grand-chose, mais c’est assez caractéristique : il faut attendre trois ans pour apprendre pourquoi on est condamné… »
« …] il fallait trouver des boucs émissaires pour les désastres de l’agriculture collectivisée, et les responsables des prévisions météorologiques étaient des candidats tout désignés à ce rôle. »
\Mots-clés : #biographie #captivite #regimeautoritaire
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Re: Olivier Rolin
Le narrateur évoque Dariana, son amour à Veracruz, et sa mystérieuse disparition. Lui parvinrent ensuite quatre textes où il aimerait trouver un message d’elle. Il s’agit des pensées de quatre personnages réunis par une histoire violente : Ignace le jésuite défroqué qui lit Quevedo à la Señora, Miller le malfrat qui les domine, El Griego le père incestueux, et la belle Suzana qui s’apprête à les tuer comme approche le cyclone qui porte son prénom.
Le narrateur observe le cyclone, puis, commentant dorénavant Proust à Shanghai, s’interroge sur l’éventuel sens caché des quatre récits et de la littérature en général.« Chacun (il faut en tout cas l’espérer) a observé sur soi-même, une fois au moins dans sa vie, le pouvoir magnétique de l’amour, qui attire à soi absolument tout ce qui nous entoure, ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on lit. Comme un poids trop grand déforme le support qui le reçoit, l’occupation exclusive de notre esprit par une figure aimée finit par gauchir nos sens, et nous faire apercevoir des figures qui pour le reste du monde n’existent pas. Et cette déformation est plus forte encore lorsque l’être aimé n’est plus là. Tout devient signe, le monde soudain infiniment bavard ne cesse de nous murmurer des messages que nous nous épuisons à essayer d’interpréter. Ces vautours qui tournent dans l’air chaud au-dessus de Veracruz, pourtant, ils n’ont rien à voir avec elle. Mais si, justement. »
« Nous nous prenons tous plus ou moins pour des détectives, nous enquêtons, nous prétendons réduire le monde à des indices, des conséquences, des déductions, des preuves, et c’est cela précisément, cette reconstitution policière, que nous appelons le monde. Mais le monde n’est peut-être fait que de hasards, de rencontres et d’éloignements fortuits, de moments dont aucun n’appelle l’autre. Le monde se joue aux dés à chaque instant. »
\Mots-clés : #amour #voyage
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Bédoulène- Messages : 21639
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Re: Olivier Rolin
On peut aussi se consoler d'envies ? !
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Re: Olivier Rolin
Je suis obligée de relever un contre-sens de Tristram. Si éloge il y a, c’est d'une femme et non de la femme.Tristram a écrit:Sisi, bel éloge de la femme (c'est pour ça qu'il a plu à Topocl),
Dernière édition par topocl le Lun 23 Mai - 20:06, édité 1 fois
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Re: Olivier Rolin
(imagines-tu que j'écrive un commentaire où je dirais "bel éloge de l'homme"?)
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