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François Cheng

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Message par Ouliposuccion Lun 30 Jan - 13:47

François Cheng
Né en 1929


François Cheng Cheng_10

Officier de la Légion d’honneur
Commandeur des Arts et des Lettres
Chevalier des Palmes académiques

Poète Romancier

Né le 30 août 1929, en Chine, François Cheng est issu d'une famille de lettrés et d'universitaires ses parents comptaient parmi les premiers étudiants boursiers envoyés aux États-Unis.
Études secondaires à Chongquing de 1937 à 1945. Après un temps d'errements, il entre à l'Université de Nankin.
Début 1948, son père participe, en tant que spécialiste des sciences de l'éducation, à la fondation de l'UNESCO, grâce à laquelle il peut venir en France. Il se consacra à l'étude de la langue et de la littérature françaises. Il dut cependant traverser une assez longue période d'adaptation marquée par le dénuement et la solitude avant d'obtenir en 1960 un emploi stable au Centre de linguistique chinoise (devenu plus tard le Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale à l'École des hautes études en sciences sociales). Parallèlement à son travail, il s'est employé à traduire les grands poètes français en chinois et à rédiger sa thèse de doctorat.
En 1969, il a été chargé d'un cours à l'Université de Paris VII. Il sera naturalisé français en 1971. En 1974, il devient maître de conférences, puis professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales, tandis que ses travaux se composent de traductions des poètes français en chinois et des poètes chinois en français, d'essais sur la pensée et l'esthétique chinoises, de monographies consacrées à l'art chinois, de recueils de poésies, de romans et d'un album de ses propres calligraphies.
Il se verra attribuer le prix André Malraux pour Shitao, la saveur du monde, le prix Roger Caillois pour ses essais et son recueil de poèmes Double chant, le prix Femina pour son roman Le Dit de Tianyi et le Grand prix de la Francophonie pour l'ensemble de son œuvre. Docteur honoris causa de l’université de Bergame (Italie) et de l’Institut catholique de Paris (2007).

Il a été élu à l'Académie française, le 13 juin 2002, au fauteuil de Jacques de Bourbon Busset (34e fauteuil).

(source académie française)

Bibliographie :

1970 Analyse formelle de l’œuvre poétique d’un auteur des Tang : Zhang Ruoxu (Mouton)
1973 Le Pousse-pousse, de Lao She
1977 L’Écriture poétique chinoise
1979 Vide et plein : le langage pictural chinois
1980 L’Espace du rêve : mille ans de peinture chinoise
1983 Sept poètes français
1984 Henri Michaux, sa vie, son œuvre
1986 Chu Ta : le génie du trait
1989 De l’arbre et du rocher
1990 Entre source et nuage, voix de poètes dans la Chine d’hier et d’aujourd’hui
1993 Saisons à vie
1997 Trente-six poèmes d’amour
1998 Double chant
1998 Le Dit de Tyanyi - Prix Femina, Page 1
1998 Shitao : la saveur du monde - Prix André Malraux
1999 Cantos toscans
2000 D’où jaillit le chant
2000 Double chant - Prix Roger Caillois
2001 Et le souffle devient signe
2001 Qui dira notre nuit
2002 Le Dialogue
2002 L’éternité n’est pas de trop
2003 Le long d’un amour
2004 Le livre du Vide médian
2004 Toute beauté est singulière
2005 À l’orient de tout : Page 1
2006 Cinq méditations sur la beauté
2008 Pèlerinage au Louvre
2008 L’un vers l’autre. En voyage avec Victor Segalen
2009 Un cheminement vers la vie ouverte
2009 Vraie lumière née de vraie nuit - 8 lithographies de Kim Em Joong
2011 Œil ouvert et cœur battant : comment envisager et dévisager la beauté
2012 Quand reviennent les âmes errantes : Page 1
2013 Cinq méditations sur la mort, Page 1
2014 Quand les âmes se font chant : cantos toscans
2014 Assise - Une rencontre inattendue
2015 La vraie gloire est ici
2015 Entretiens avec Françoise Siri : suivis de douze poèmes inédits
2016 De l'âme : sept lettres à une amie

màj le 09 Juin 2019
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Message par Ouliposuccion Lun 30 Jan - 14:00

5 méditations sur la mort

François Cheng Tylych11

Essai.
Comme ses Cinq méditations sur la beauté, ce texte de François Cheng est né d’échanges avec ses amis, auxquels le lecteur est invité à devenir partie prenante. Il entendra ainsi le poète, au soir de sa vie, s’exprimer sur un sujet que beaucoup préfèrent éviter. Le voici se livrant comme il ne l’avait peut-être jamais fait, et transmettant une parole à la fois humble et hardie.
Il n’a pas la prétention de délivrer un « message » sur l’après-vie, ni d’élaborer un discours dogmatique, mais il témoigne d’une vision de la « vie ouverte ». Une vision en mouvement ascendant qui renverse notre perception de l’existence humaine, et nous invite à envisager la vie à la lumière de notre propre mort. Celle-ci, transformant chaque vie en destin singulier, la fait participer à une grande Aventure en devenir.


S’il est une heure qui s’arrête dans un espace-temps  de la vie , celle durant laquelle la mort dans notre civilisation entre en action afin de nous mener vers une autre dimension qui serait le « rien » alors cette heure serait celle de la continuité , puisque le rien engendre le tout et le tout engendre le rien. La vie serait donc le renouvellement d’un équilibre provenant d’un symbole universel, tel le Yin et le yang. Voici un résumé concis de cette pensée qui est celle de François Cheng , si l’on peut l’exposer en terme de résumé en vue de la richesse de ses écrits , de ses méditations. Si l’hésitation et le doute sont humains et empreints de sagesse, pour certains hommes c’est une force onirique et la pensée de l’excellence qui en ressort. La mort devient un hymne à la vie  sans jamais faire l’apologie de celle-ci , elle devient une douce poésie démontrant d’autant mieux la beauté qu’est l’existence en vue de notre sursis à tous. Que serait une  vie éternelle à côté de l’éphémère qui nous pousse vers une réalisation, aux échanges passionnés ? Ne serait-ce pas cette chrysalide fragile qui justement nous fait entrevoir la grandeur de la vie. 5 méditations prônant la pensée du double royaume (celui de la vie et de la mort) et non pas le versant d’un seul afin de savoir acquérir une philosophie allant vers la luminosité d’un mieux vivre rayonnant. C’est aux détours du mariage culturel occidental et Chinois (taoïsme, confucianisme et bouddhisme) que François Cheng explore la mort , la passion assimilée à une petite mort dans bien des poèmes et une grande partie de la littérature entre Eros et Thanatos , la violence et le mal en ce monde afin d’en ressortir toujours l'élixir , le nectar d’une pensée  des plus  philanthropes et des plus érudites en vue des références  et des grands hommes de ce monde cités. La dernière méditation est sous forme de poèmes d’une grande profondeur, relatant l’ensemble de ses pensées.

Il est des moments durant lesquels nous sommes suspendus à la noblesse , ce sera celle des lignes  dans ce cas présent. Humbles, nous le sommes face à ce grand monsieur qui aurait tant à apprendre à toutes générations confondues.
Un recueil, la bible d’un croyant pour une athée comme moi qui pourrait trouver un palliatif à dieu au sein de cette philosophie très personnelle afin de trouver la force en soi-même à défaut de foi, de dogme.    
Je conclus donc par la traduction de son  sinogramme en couverture « la vie engendre la vie, il n’y a pas de fin »


mots-clés : #essai #mort
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Message par Tristram Lun 30 Jan - 14:31

Décidément, Oulipo, nous partageons beaucoup de (bonnes) lectures...
De Cheng, je n'ai lu que Le Dit de Tianyi et L'éternité n'est pas de trop, mais ton avis me pousse à approfondir ma connaissance de cette oeuvre.
A noter que « la vie engendre la vie, il n’y a pas de fin » n'est pas une vision si exotique qu'on pourrait le croire au premier abord, elle est conforme à ce que l'on sait actuellement de l'évolution au sens darwinien.

« Quelques glycines accrochées au mur lancent leurs insidieux parfums ; des grillons s’éternisent en des cris assoiffés. Tout suit son cours naturel, indifférent. »
François Cheng, « L’éternité n’est pas de trop », 23

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Ouliposuccion Lun 30 Jan - 14:37

j'ai "Le dit de Tianyi" qui attend sagement , je pense que son tour est proche Smile
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Message par Tristram Lun 30 Jan - 14:51

Tu ne devrais pas regretter cette lecture !

« Il faut croire que la création n’engendre point de désirs qu’elle ne puisse satisfaire. En somme, l’homme a soif parce que l’eau existe. L’homme, certes, est libre de désirer, mais il ne peut désirer que ce que le réel insondable recèle déjà. Même lorsqu’il va jusqu’à désirer l’infini, c’est que l’infini est là, prévu pour lui. Tout se passe comme si ce que l’homme désire le plus était là, par avance contenu dans le désir ; sinon aurait-il pu le désirer ? »
François Cheng, « Le dit de Tianyi »

_________________
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Message par Armor Lun 30 Jan - 16:07

Encore un auteur que je dois lire depuis longtemps !

François Cheng était l'invité de François Busnel dans la grande librairie, pour parler de son dernier ouvrage : De l'âme.
J'aime assez la nouvelle formule de l'émission, qui amène plusieurs auteurs à parler autour d'un thème choisi. (Ici : Qu'est-ce que la beauté ?)
On sort de la simple promotion, et c'est très intéressant. J'avais vraiment apprécié les échanges entre (notamment) François Cheng, Luc ferry et le neurobiologie Jean-Pierre Changeux.

Si vous voulez visionner l'émission, c'est ici : clic

Si vous voulez juste entendre François Cheng parler de son livre De l'âme, c'est là : clac
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Message par églantine Lun 30 Jan - 19:29

Armor a écrit:Encore un auteur que je dois lire depuis longtemps !

François Cheng était l'invité de François Busnel dans la grande librairie, pour parler de son dernier ouvrage : De l'âme.
J'aime assez la nouvelle formule de l'émission, qui amène plusieurs auteurs à parler autour d'un thème choisi. (Ici : Qu'est-ce que la beauté ?)
On sort de la simple promotion, et c'est très intéressant. J'avais vraiment apprécié les échanges entre (notamment) François Cheng, Luc ferry et le neurobiologie Jean-Pierre Changeux.
Tiens tiens je ne suis pas la seule à le dire aujourd'hui !
Miss topocl pirat
............
Moi aussi Armor , j'avais bien aimé cette émission malgré l'impossible Luc Ferry .
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Message par Invité Dim 23 Déc - 14:22

J'ai lu Assise, de François Cheng.
Court texte d'une cinquantaine de pages, où F. Cheng revient sur ses pèlerinages à Assise, et sur saint François. C'est d'ailleurs pour lui rendre hommage qu'il a choisi ce prénom lors de sa naturalisation.
François Cheng est touchant dans ses mots, un esprit subtil, très certainement.

Le livre se clot avec Le cantique des créatures de saint François :

Spoiler:

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Message par Aventin Ven 19 Avr - 1:23

Le Dit de Tian-Yi

François Cheng Cvt_le12
Roman, 1998, 435 pages environ, trois parties de tailles inégales.

L'écriture de François Cheng est gracile, légère, précise; et il faut bien cela pour un ouvrage excédant les 400 pages, pour cet exercice si particulier ambitionnant de couvrir la vie entière d'un personnage, exercice à écueils par excellence, où l'on risque de donner dans l'empâté, l'accessoire, les pages de moindre haleine: c'est un choix courageux d'auteur déjà notoire, qui se risque à un premier roman publié.

Si le roman croise sans nul doute l'autobiographie de François Cheng, il ne se moule jamais dedans: Néanmoins, on a bien un jeune artiste chinois, de sa génération -quasiment de son âge- qui part à Paris, jusque là d'accord, mais à ceci près, et c'est une grosse différence, qu'il revient en Chine et y demeure dès les années 1950 et jusqu'à la fin de ses jours.

C'est la peinture d'un trio, composé de Yumei -l'Amante- artiste de théâtre, d'Hoalang -l'Ami- poète, écrivain et Tian-Yi, le peintre.
De la possibilité, ou de l'impossibilité, d'un amour et d'une amitié, fusionnels, à trois. Mais c'est aussi une fresque de la Chine sur un gros demi-siècle, embrassée depuis la guerre d'invasion nippo-chinoise jusqu'à la fin de la vie de Mao Zedong, ce dernier curieusement jamais nommé, en tous cas jamais autrement que le Chef.    

Beaucoup de considérations passionnantes sur la symbolique, l'art, jalonnent ce qui a l'apparence d'un récit (normal au vu de l'auteur).
Tout ce qui est dit en matière de Taoïsme, Bouddhisme, société traditionnelle et société révolutionnaire ne le cède nullement pour ce qui est de l'intérêt du lecteur.

La représentation romanesque de la nature est à l'honneur, manière peut-être de jonction avec l'art pictural chinois traditionnel: par exemple après ce livre, jamais plus vous ne regarderez un fleuve de la même façon qu'avant:

1ère partie, chapitre 30 a écrit:
"Question très intéressante, essentielle même, essentielle..." C'était le professeur F. célèbre spécialiste de la pensée chinoise, que d'aucuns approchaient avec un respect craintif. J'y étais allé de ma naïveté, sans gêne outre mesure, car je ne demandais qu'à écouter.

"Oui, le fleuve comme symbole du temps; que signifie-t-il ? Voyons, comment répondre à cette question ? " Son front se plissa derrière ses lunettes cerclées d'argent. "Il faut bien parler de la Voie, n'est-ce pas ? ... Tiens, quelle coïncidence ! Demain, nous traverserons justement la région dont est originaire notre cher Laozi. Celui qui est, vous le savez bien à l'origine du taoïsme et qui a développé l'idée de la Voie, cet irrésistible mouvement universel mû par le Souffle primordial. A demain alors; on en parlera."

"La Voie donc..." reprit le savant le lendemain, comme s'il n'y avait pas eu l'interruption de la nuit.
 
   


Pour ce trio, apprenant une funeste nouvelle touchant Haolang, Tian-Yi reviendra de France en Chine, aux heures sombres et tourmentées, pour son malheur peut-on penser, mais toute l'adresse de François Cheng consiste à montrer combien la quête de Tian-Yi, bien que semblant aussi vaine que dangereuse à nos regards, dépasse nos considérations terre-à-terre: il n'y a que cela qui vaille, parce qu'au fond, c'est bel et bien une passion qu'ils vivent (donc une souffrance à mort).  

Si la chronologie par le menu mêle la petite histoire, celle des personnages, à la grande, celle de la Chine du XXème, l'érudit M. François Cheng nous fait aussi caresser, en forme de roman et c'est donc très singulier, l'art pictural ancestral de la Chine, la calligraphie comme la représentation peinte, en démarrant aussi loin que l'art des grottes ornées et en aboutissant au néant sidéral de la révolution -dite- culturelle.
Sans doute est-il nécessaire de s'armer d'un peu d'imagination, et d'effectuer une lecture précautionneuse, mais oui, on a l'impression d'atteindre à cela par les vides, les estompes, les déliés, les courbes, les symboles naissant de sa plume...  




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Message par Aventin Mar 30 Avr - 1:43

François Cheng Produc10

Dans la préface d'À l'orient de tout, manière d'anthologie-compilation de poèmes de François Cheng (paru chez Nrf Poésie / Gallimard, 2005), M. André Velter - poète lui aussi - isole ce propos charmant de François Cheng au sujet du mot échancrure:
 
Le Dialogue (2002) a écrit:
J'étais tombé, lors d'une lecture, sur ce mot à la sonorité inhabituelle et dont le petit dictionnaire que je possédais n'indiquait que le sens premier ("empiètement en arc de la mer sur une côte"). À l'Alliance française, où je suivais des cours, profitant d'une pause, je demandais à la jeune répétitrice l'usage exact de ce mot. "Ah, échancrure ! c'est..." et de dessiner du doigt devant sa poitrine, avec beaucoup de simplicité, les lignes de sa robe gracieusement décolletée. Une chair à la fois montrée et cachée selon une exacte mesure. Aussitôt, ce mot prit pour moi une connotation sensuelle. Rien qui ne me ravisse plus par ses syllabes phoniquement signifiantes: ÉCHAN, quelque chose qui s'ouvre, qui se révèle, qui enchante, et -CRURE, qui cependant se resserre pour dissimuler un mystère tentateur.

La poésie de François Cheng est, à mon goût, un peu inégale, mais on y passe de très bons moments:
Il y a la révélation des mots d'une langue, le français, qu'il possède à présent en très haute maîtrise, et, comme dans l'exemple exquis qu'il narre ci-dessus, peut parfois conduire le poète à un regard tellement neuf qu'il s'arrêtera là où nous, dont c'est la langue maternelle, passons outre sans rien déceler.  

Il y a aussi, et c'est sa part chinoise classique, un esprit formé dès le plus jeune âge à la calligraphie, aux idéogrammes.

En calligraphie traditionnelle chinoise, si j'ai bien compris, on part de -et aussi on tend vers- la maîtrise picturale formelle.
Donc c'est bien un art pictural, tout en restant un écrit.
Si j'ai bien compris toujours, du simple fait d'agencer différemment les mêmes idéogrammes on obtient des concepts bien distincts.

Toujours en rappel de la culture picturale chinoise traditionnelle (sortir de la lecture du Dit de Tian-Yi aide à appréhender le regard qu'y porte François Cheng) les thèmes éternels de celle-ci, par exemple la nature, l'arbre, la feuille, le cycle (des saisons et du Taoïsme), les nuages, le fleuve, etc... restent des motifs de choix pour lui, semblant omniprésents dans ses poèmes.

Ceux que je goûte le plus, parmi les poèmes de François Cheng qu'il m'a été donné de ...? (voir ? lire ? déclamer seul ?) sont ceux qui, brefs, centrés sur page blanche, avec peu de travail d'allitérations et de jeu, restituent en la dépouillant la sonorité de chaque vocable, et font sourdre une réminiscence d'idéographie calligraphiée dans notre langue (ou est-ce là effet de mon imagination ?).    

Par exemple celui qui donne son titre au recueil-anthologie:


À l'orient de tout, là où se souvient
La mer, l'orage a dispersé écailles
Des dragons, carapaces des tortues
Nous nous prosternons vers le pur silence
Régnant par-delà la terre exilée
À l'heure du soir, à l'orient de tout

Où se lève le vent de l'unique mémoire





Ou encore cette subtile épure:



Et l'indicible saule
Plongé sous ses pleurs
S'abandonne à l'onde
Aux ondes sans fin

À jamais toute ouïe






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Message par Aventin Mer 1 Mai - 18:46

Ce magnifique poème-ci provient du livre d'art publié avec Kim En Joong (lithographies) en 2014, Quand les âmes se font chant; il part de l'explication pour aller vers le symbole (il y a même un point pour bien marquer), c'est désarmant:



L'infini n'est autre
Que le va-et-vient
Entre ce qui s'offre
Et ce qui se cherche.
Va-et-vient sans fin
Entre arbre et oiseau

Entre source et nuage.





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Message par Aventin Dim 9 Juin - 18:50

Quand reviennent les âmes errantes
Sous-titré: Drame à trois voix avec chœur.

François Cheng Quand10
Court roman, 140 pages environ, paru en 2012.

François Cheng a bâti ce livre comme un opéra, voir le sous-titre en guise de clin d'œil musical.
Cinq actes comme autant de Mouvements, et un chant final.

Tout comme dans Le Dit de Tian-Yi le cœur de l'ouvrage est une relation à trois, une femme, Chun-niang (qui incarne la Beauté) et deux hommes, Jing Ko (le Chevalier) et Gao Jian-li (le Barde).
Ce trio prend le "je" narratif à tour de rôle, mais il y a aussi un narrateur extérieur: cela concourt à cet aspect presto ! qui semble être la marque de fabrique formelle de ce roman.

C'est aussi un roman historique, situé au troisième siècle avant Jésus-Christ, c'est la période, noire, trouble, des Royaumes combattants, avec la victoire unificatrice de l'autocrate plus que très cruel Qin Shi Huang (Zheng dans le roman), le Premier Empereur de Chine, considéré comme le père de la Grande Muraille, qui pense fonder une dynastie pour "dix mille générations", or elle ne lui survivra...que trois ans.  

La poétique (un lyrisme voyant mais jamais criard) et le découpage à la façon musicale ne viennent en rien estomper l'intensité et la noirceur de ce qui est une dramatique, quelques pages (dispensables pour les âmes sensibles) de tortures nous rappellent combien cru et cruauté s'accordent.

Opus un peu en-dedans par rapport aux splendeurs déployées par Le Dit de Tian-Yi, la comparaison ne tourne pas en faveur de Quand reviennent les âmes errantes, peut-être même faut-il conseiller de commencer par ce dernier livre avant d'entreprendre la lecture du Dit (le lecteur pressé et soucieux de quelques éléments de la thématique du trio amoureux chez M. François Cheng y verra une bonne aubaine, d'ailleurs) ?

Le chant final, je ne sais pas ce qu'il vaut en chinois, ni s'il a été composé en français directement (probablement), mais il sonne un peu trop "traduit du" pour valoir...emballage final: allez, lecteur exigeant et conscient du talent de l'auteur, je le dis: j'attendais mieux de M. François Cheng, poète de qualité.

Reste que, et ça va peut-être vous sembler contradictoire avec ce que je viens d'écrire, l'écrivain élégant qu'il est, racé sans préciosité, limpide, est toujours un bonheur de lecture.  


Acte III a écrit: Le repas terminé, Gao Jian-Li se lève et se met à l'écart. Son zhou posé sur les genoux, il joue. Tout d'abord un morceau grave et solennel, puis il entre dans le mode zhi, celui du ton rompu. C'est dans ce mode que les musiciens expriment les sentiments les plus tragiques. À mesure que le chant avance, les sons mêlés au bruit de l'eau sont plus poignants, plus intenses. Les participants à la scène ont les yeux exorbités et les cheveux dressés.  

Acte I a écrit:À peine deux ans plus tard arriva le malheur. Le vert de la nature vira au jaune terreux. Privé de pluie, accablé de chaleur, le sol se mit à craqueler. La sécheresse s'installa, inexorablement, suivie d'une terrible famine. Partout plantes et bétail périssaient. Torturés par la soif et la faim, nous étions réduits à traquer le moindre fruit sauvage, la moindre flaque d'eau, le moindre brin d'herbe, le moindre insecte. Une nuit, la poitrine creuse et le ventre gonflé, mon frère expira dans les bras de ma mère. Le lendemain, enveloppé d'un drap, son pauvre corps fut enterré. L'inexorable exode commença. Nous fuyions sur la grand-route jonchée de cadavres. Mes parents, exténués, devaient me porter tour à tour car, totalement épuisée, je ne pouvais plus avancer d'un pas. Afin que j'ai une chance d'avoir la vie sauve, ils furent acculés à me laisser à un couple d'aubergistes, en échange d'une petite somme d'argent. C'est ainsi que je fus vendue à des étrangers en un rien de temps.  



Mots-clés : #conditionfeminine #guerre #historique #mort #regimeautoritaire
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Message par Tristram Sam 7 Mar - 19:58

Cinq méditations sur la mort (autrement dit sur la vie)

François Cheng Cinq_m10


(Même couverture qu’Ouliposuccion, mais avec intégralement visible la citation du Yi Jing ou Livre des Mutations calligraphiée par François Cheng : « La vie engendre la vie, il n’y aura pas de fin. » ; il existe une « nouvelle édition » de ces cinq méditations, mais je ne sais pas ce qui a/ aurait changé).
Se faisant « avocat de la vie » (qu’il croit sans fin), François Cheng rejette le hasard et prône une sorte de « dessein intelligent » du monde :
« Mais pour nous, le principe de vie est contenu dès le départ dans l’avènement de l’univers. Et l’esprit, qui porte ce principe, n’est pas un simple dérivé de la matière. Il participe de l’Origine, et par là de tout le processus d’apparition de la vie, qui nous frappe par sa stupéfiante complexité. »
Et c’est l’antédiluvienne quête du sens (« sensation », « direction », « signification ») de la vie…
« La vie comme aventure en devenir, pleine d’une virtualité de transformation et de métamorphose… »
Rappel utile ?
« La conscience de la mort, faisant naître en nous l’idée du sacré de la vie, confère à celle-ci toute sa valeur. »
Participant des civilisations orientale et occidentale, d’ailleurs rescapé du « tiers-monde », François Cheng fait référence au Tao, la Voie de Lao-zi, comme à Le livre de la pauvreté et de la mort, de Rainer Maria Rilke :
« Seigneur, donne à chacun sa propre mort
Qui soit vraiment issue de cette vie,
Où il trouva l’amour, un sens et sa détresse. »
Ou la mort comme le fruit de la vie…
Une autre idée, rimbaldienne, « l’éternité se trouve dans l’instant ».
Le concept d’âme revivifié, comme principe de l’unicité.
La beauté :
« Tout être, de par son unicité, tend vers la plénitude de sa présence au monde, à l’instar d’une fleur ou d’un arbre. Tels sont le commencement et la définition même de la beauté. »

« Attachement-arrachement, voilà la condition de la beauté : elle aiguise notre conscience de la mort. »

Mots-clés : #poésie #spiritualité

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Armor Sam 7 Mar - 21:23

Depuis le temps que je veux le lire, François Cheng...

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Message par Tristram Sam 7 Mar - 21:35

Lances-toi, Armor, je ne pense pas que tu regretteras.
Aventin pourra sans doute mieux que moi t'indiquer par quoi commencer.

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Message par Aventin Mar 10 Mar - 21:24

Tristram a écrit:Lances-toi, Armor, je ne pense pas que tu regretteras.
Oui, tout à fait.
Tristram a écrit:Aventin pourra sans doute mieux que moi t'indiquer par quoi commencer.
Le Dit de Tyanyi pourrait te plaire, Armor.
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Message par Invité Mar 10 Mar - 22:28

On m'a offert, il y a quelques années "Quand reviennent les âmes errantes" et j'ai été tellement intimidée par le livre (et son auteur) que je l'ai soigneusement rangé sans oser le lire. François Cheng 2441072346

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Message par bix_229 Mar 10 Mar - 23:40

janis a écrit:On m'a offert, il y a quelques années "Quand reviennent les âmes errantes" et j'ai été tellement intimidée par le livre (et son auteur) que je l'ai soigneusement rangé sans oser le lire. François Cheng 2441072346
Ferme la porte, éteins la lumière, et fais un acte de contrition… Après ça ira mieux !  Wink
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Message par Armor Mer 11 Mar - 3:34

Aventin a écrit:
Le Dit de Tyanyi pourrait te plaire, Armor.

Merci pour le conseil. C'est en effet celui qui d'emblée me tente.

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Message par Aventin Mar 26 Jan - 19:25

De l'âme

François Cheng De_l_z10

Ou sept lettres à une amie - genre épistolier valant essai. Paru en 2016, 150 pages environ, éditions Albin-Michel.



[Relecture, bien que la première lecture ne soit pas très ancienne - 2018 -]



Beau petit livre enlevé, clair, précis, léger sans vacuité, doté d'une profondeur étayée: toujours une joie de lire François Cheng.

Traiter de la triade corps-esprit-âme est un peu une gageure, en France au XXIème. Au reste, l'auteur l'admet sans ambage:
Première lettre a écrit: Où sommes-nous, en effet ? En France. Ce coin de terre censé être le plus tolérant  et le plus libre, où il règne néanmoins une "terreur" intellectuelle, visualisée par le ricanement voltairien. Elle tente d'oblitérer, au nom de l'esprit, en sa compréhension la plus étroite, toute idée de l'âme - considérée comme inférieure ou obscurantiste - afin que ne soit pas perturbé le dualisme corps-esprit dans lequel elle se complaît. À la longue, on s'haitue à ce climat, confiné, desséchant. Chose curieuse, il semble que le phénomène soit avant tout hexagonal, qu'ailleurs le mot en question se prononce plus naturellement, sans susciter grimace ou haussement d'épaules, bien que là aussi son contenu soit devenu souvent vague et flou.

Troisième lettre a écrit:Oui, la triade corps-âme-esprit est l'intuition peut-être la plus géniale des premiers siècles du christianisme - intuition quasi oubliée par l'Occident qui lui a préfèré le dualisme corps-esprit à partir du deuxième millénaire, mais qui reste encore vivant dans l'Orient chrétien.  

Sans digression, François Cheng aborde aux parages de la beauté, de la charité, de la bonté, et pour ces deux dernières, aux exigences suséquentes induites - et conclut aussi par la corrélation âme-liberté vraie (on en déduira peut-être, comme moi, que ce n'est pas la fausse liberté trompe-l'œil du libéral, du libertaire) - ce sont ces passages en particulier que je tenais à relire, voire -dans la mesure de mes faibles capacités - quelque peu méditer.
Cinquième lettre a écrit:Il m'est donné de comprendre que la vraie bonté ne se réduit pas à quelques bons sentiments ou sympathies de circonstance, encore moins à une sorte d'angélisme naïf ou bonasse. Elle est d'une extrême exigence. 

Septième lettre a écrit:La liberté, certains sont persuadés qu'elle serait forcément diminuée, piétinée par toute idée de transcendance. Il placent leur dignité dans l'autonomie de l'individu: à leurs yeux rien ne doit être au-dessus, ni au-delà ! Selon leur vision, l'univers n'étant que matière ignorerait sa propre existence. Avec toute l'admiration que j'ai pour ceux d'entre eux qui sont de grands esprits, je leur réponds: "ainsi donc, ce formidable avènement du monde aurait eu lieu et aurait duré de bout en bout des milliards d'années sans jamais le savoir ? Et vous qui êtes là, durant votre infime existence - un laps de temps de quelques secondes à l'aune de l'univers-, vous avez vu et su, et vous vous permettez de déclarer avant de disparaître: "il n'y a rien !"  

Réllement commenter appellerait de nombreux développements en ramifications, tant la fraîcheur de la plume que le côté substantifique du contenu me ravissent, j'ai dû retourner à cet ouvrage, et j'y retournerai selon toute vraisemblance encore: pour l'heure, la sobriété du propos servira peut-être mieux le partage ou l'intérêt pour ce livre, j'en reste donc là !


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