Umberto Eco
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Umberto Eco
source : WikipédiaUmberto Eco, né le 5 janvier 1932 à Alexandrie dans le Piémont et mort le 19 février 2016 à Milan, est un universitaire, érudit et écrivain italien. Fils de Giovanna Bisio et de Giulio Eco, employé aux chemins de fer, il a passé son baccalauréat au lycée Giovanna-Plan d'Alexandrie, sa ville natale. Dans sa classe, il y avait un accordéoniste, Gianni Coscia, qui a fait une carrière en accompagnant entre autres Astor Piazzolla. Ils se sont liés d'amitié et ont composé ensemble à l'école de petites revues musicales dont Umberto écrivait le livret. Amis d'enfance, ils ont continué à faire de la musique ensemble, Umberto Eco étant un très honorable flûtiste.
Dans sa jeunesse, il faisait partie des jeunes catholiques de l'action catholique. Au début des années cinquante, il en devint même un des principaux responsables nationaux italiens. En 1954, il abandonna son engagement en raison d'un désaccord avec Luigi Gedda (it).
Diplômé en philosophie en 1954 à l'université de Turin (avec une thèse sur l'esthètique de Saint Thomas d'Aquin), Umberto Eco s'intéresse dans un premier temps à la scolastique médiévale, puis à l'art d'avant-garde et à la culture populaire contemporaine. Il rencontre un succès immédiat en Italie.
Sa thèse universitaire sur Thomas d'Aquin lui fit mettre de la distance avec la Foi et l'église catholique : « Il m'a miraculeusement guéri de la foi », a-t-il déclaré ironiquement.
Devenu ensuite un pionnier des recherches en sémiotique (La Structure absente, 1968), Umberto Eco développe une théorie de la réception qui le place parmi les penseurs européens les plus importants de la fin du xxe siècle.
Son premier roman, Le Nom de la rose (1980) connaît un succès mondial avec plusieurs millions d'exemplaires vendus et des traductions en 43 langues, malgré un contenu dense et ardu. Umberto Eco met en application dans ce « policier médiéval » ses concepts sémiologiques et ses théories du langage, ceux-là mêmes qu'il enseigne à Turin.
Son deuxième roman, Le Pendule de Foucault (1988) connaît également un énorme succès, quoique pour des raisons inverses : le public, guidé par Eco, part à la découverte de symboles énigmatiques ou prophétiques, à rebours de la dénonciation de l'ésotérisme qui est pourtant le propos de l'auteur. Mais celui-ci démontre par la même occasion que le lecteur est libre de ses interprétations. Le livre tourne d'ailleurs en ridicule l'interprétation à outrance des faits avérés ou légendaires de l'histoire, en tirant avec un égal succès des dimensions d'un simple kiosque à journaux le même genre d'informations de portée cosmique que certains se croient fondés à lire dans celles de la pyramide de Khéops.
Tout au long de sa carrière, il écrit régulièrement, dans des quotidiens et des hebdomadaires, des chroniques sur des sujets de l'heure, avec un souci de « débusquer du sens là où on serait porté à ne voir que des faits ».
Il est élu membre associé de l’Académie royale de Belgique le 7 mars 2011.
En février 2015, il est récompensé du prix Alphonse-Allais pour l'ensemble de son œuvre. En novembre 2015, il quitte les éditions Bompiani pour fonder à Milan La nave di Teseo, une nouvelle maison d'édition.
Umberto Eco meurt le 19 février 2016 d'un cancer.
Bibliographie :
Romans
- Le Nom de la Rose (1980) : Page 1, 2
- La Pendule de Foucault (1988) : Page 3
- L'Ile du Jour d'avant (1994) : Page 3
- Baudolino (2000)
- La Mystérieuse flamme de la Reine Loana (2004)
- Le Cimetière de Prague (2010) : Page 1, 2
- Numéro Zéro (2015)
Essais (liste sélective)
- Le Problème esthétique chez Thomas d'Aquin (1970)
- Art et beauté dans l'esthétique médiévale (1987) : Page 1
- L'Œuvre ouverte (1962)
- Pastiches et postiches (1996) (version augmentée de Diario minimo, 1963) : Page 2
- La Structure absente, introduction à la recherche sémiotique (1968)
- Le Signe, histoire et analyse d'un concept, (1971)
- La Guerre du faux (tiré de Il costume di casa, 1973; Dalla periferia dell'impero, 1977 ; Sette anni di desiderio, 1983)
- Beatus de Liébana (1973)
- La Production des signes (version partielle de A Theory of Semiotics, 1975)
- De Superman au Surhomme (1976) : Page 2
- Lector in fabula ou la Coopération interprétative dans les textes narratifs (1979)
- De Bibliotheca (1981) : Page 2
- Apostille au Nom de la Rose (1983)
- Sémiotique et philosophie du langage (1984)
- L'Énigme de la Hanau 1609 (1989) (« Enquête bio-bibliographique sur l'Amphithéâtre de l'Éternel Sapience... de heinrich Khunrath»)
- Les Limites de l'interprétation (1990)
- Comment voyager avec un saumon, nouveaux pastiches et postiches (traduction partielle de Il secondo diario minimo)
- Interprétation et surinterprétation (1992)
- La Recherche de la langue parfaite dans la culture européenne (1993)
- Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs (1994)
- Incontro - Encounter - Rencontre (1996) (en italien, anglais et français)
- Croire en quoi ? (1996) : Page 1
- Cinq questions de morale (1997) : Page 2
- Kant et l'ornithorynque (1997)
- De la littérature (2002)
- La Licorne et le Dragon, les malentendus dans la recherche de l'universel (collectif, 2003)
- Histoire de la beauté (2004)
- À reculons, comme une écrevisse (2006)
- Dire presque la même chose, expériences de traduction (2003)
- Histoire de la laideur (2007)
- Histoire de la beauté (2008)
- Vertige de la liste (2009) : Page 1
- De l'arbre au labyrinthe (2011)
- Confessions d'un jeune romancier (2013)
- Histoire des lieux de légende (2013)
- Construire l’ennemi (2014) : Page 3
- Écrits sur la pensée au Moyen Âge (2015)
- Chroniques d'une société liquide (2016) : Page 4
- Comment écrire sa thèse (1977-2015) : Page 3
- Reconnaître le fascisme
- Reconnaître le faux : Page 4
En collaboration
- Jean-Claude Carrière et Umberto Eco, N’espérez pas vous débarrasser des livres (2009)
Œuvres pour la jeunesse
- Les Trois Cosmonautes, avec Eugenio Carmi, 1989
- La Bombe du général, avec Eugenio Carmi, 1989
- Les Gnomes de Gnou, avec Eugenio Carmi, Grasset, 1993
màj le 25/02/2024
Dernière édition par Dreep le Lun 11 Sep - 18:29, édité 1 fois
Dreep- Messages : 1539
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Re: Umberto Eco
Le Nom de la Rose
Umberto Eco a écrit:― J'en ai une, mais confuse encore. J'ai l'impression, en lisant cette page, d'avoir lu certains de ces mots, et des phrases presque identiques, que j'ai vues ailleurs, me reviennent à l'esprit. Il me semble même que cette feuille parle de quelque chose dont on a déjà parlé ces jours-ci... Mais je ne me souviens pas de quoi. Il faut que j'y pense. Peut-être me faudra-t-il lire d'autres livres.
― Pourquoi donc ? Pour savoir ce que dit un livre vous devez en lire d'autres ?
― Parfois, oui. Souvent les livres parlent d'autres livres. Souvent un livre inoffensif est comme une graine, qui fleurira dans un livre dangereux, ou inversement, c'est le fruit doux d'une racine amère. Ne pourrais-tu pas, en lisant Albert, savoir ce qu'aurait pu dire Thomas ? Ou en lisant Thomas, savoir ce qu'avait dit Averroès ?
― C'est vrai », dis-je plein d'admiration. Jusqu'alors j'avais pensé que chaque livre parlait des choses humaines ou divines, qui se trouvent hors des livres. Or je m'apercevais qu'il n'est pas rare que les livres parlent de livres, autrement dit qu'ils parlent entre eux. A la lumière de cette réflexion, la bibliothèque m'apparut encore plus inquiétante. Elle était donc le lieu d'un long et séculaire murmure, d'un dialogue imperceptible entre parchemin et parchemin, une chose vivante, un réceptacle de puissances qu'un esprit humain ne pouvait dominer, trésor de secrets émanés de tant d'esprit, et survivant après la mort de ceux qui les avaient produits, ou s'en étaient fait les messagers.
― Mais alors, dis-je, à quoi sert de cacher les livres, si on peut remonter des visibles à ceux qu'on occulte ?
― A l'aune des siècles, cela ne sert à rien. A l'aune des années et des jours, cela sert à quelque chose. De fait, tu vois à quel point nous sommes désorientés.
― Et donc une bibliothèque n'est pas un instrument pour répandre la vérité, mais pour en retarder l'apparition ? demandais-je pris de stupeur.
― Pas toujours et pas nécessairement. Dans le cas présent, elle l'est."
Umberto Eco a écrit:Il y avait, dans un reliquaire tout d’aigue-marine, un clou de la croix. Il y avait dans une ampoule, posée sur un lit de petites roses fanées, une partie de la couronne d’épines, et dans une autre boîte, toujours sur un tapis de fleurs fanées, un lambeau jauni de la nappe de la dernière Cène. Et puis il y avait la bourse de Saint Matthieu, en mailles d’argent, et dans un cylindre, noué par un ruban violet élimé par le temps et scellé d’or, un os du bras de Sainte Anne. Je vis, merveille des merveilles, surmonté d’une cloche de verre et placé sur un coussin rouge festonné de perles, un fragment de la mangeoire de Bethléem, et un empan de la tunique purpurine de Saint Jean l’Evangéliste, deux des chaînes qui serrèrent les chevilles de l’apôtre Pierre à Rome, le crâne de saint Adalbert, l’épée de saint Etienne, un tibia de Sainte Marguerite, un doigt de Saint Vital, une côte de Sainte Sophie, le menton de Saint Eoban, la partie supérieure de l’omoplate de saint Jean Chrysostome, une dent de saint Jean-Baptiste, la verge de Moïse, un point de dentelle déchiré et minuscule de l’habit nuptial de la Vierge Marie.
mots-clés : #historique #moyenage #polar #religion
Dreep- Messages : 1539
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Age : 32
Re: Umberto Eco
Beaux extraits (le premier renvoyant à l'intertextualité, si importante chez Eco).
Il ne faut pas manquer la lecture de l'Apostille au Nom de la Rose :
« Au cours de l’élaboration de l’œuvre, il y a un double dialogue : celui entre le texte et tous les autres textes écrits auparavant (on ne fait des livres que sur d’autres livres et autour d’autres livres) et celui entre l’auteur et son lecteur modèle. »
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15950
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Re: Umberto Eco
Titre original: Il cimitero di Praga.
L'éminent sémiologue nous sert là d'un drôle de pudding, cependant exhaussé sans cesse d'une part foutraque, un loufoque de situation propice au rire jaune; est-ce de peur de perdre le lecteur lambda ? Attention toutefois: cette drôlatique est d'un goût quelque peu noir.
Petits appétits, régimes, souci de la ligne
(NB: au reste, au premier degré, c'est un livre où dîners et recettes sont mises en exergue !).
Le sujet de ce demi-kilogramme de pages imprimées, c'est rien moins le XIXème historique, en Italie, en France (l'action se déroule très majoritairement à Paris), voire via l'Allemagne et la Russie.
Mais le XIXème balayé sous l'angle du complotisme, de l'espionnage, du faux et usage de faux, de l'antisémitisme, du racisme et de quelques autres préjugés poisseux du même tonneau, aussi néfastes et nauséabonds, genre anti-jésuites, anti-maçonniques, anti-garibaldistes, anticlérical, anti-républicain, misogynie, manipulation, chantage, messes sataniques, confréries occultes, meurtres, trahisons et je vous en passe des guère plus reluisants:
Sujet pas de première facilité, plutôt incongru pour une parution guettée.
Une foultitude de personnages, de faits (et aussi de livres), lieux et...restaurants absolument réels habitent ces pages.
Encore une lecture qui gagne à s'effectuer non loin de son moteur de recherches (mais comment faisions-nous avant ?).
Seuls le (détestable) personnage principal Simonini - même si Eco s'applique à le rendre moins antipathique (disons pas pire que les autres), histoire de troubler encore l'épaisse sauce de ce bouquin- et son alter ego Dalla Piccola, ainsi qu'une poignée de personnages secondaires sont fictifs.
Le cadre historique habille l'ensemble, c'est incontestable, les recherches sont fouillées, et on ne s'en étonne pas; la puissance de feu d'Eco en matière de documentation au service de l'écriture de ses romans est une de ses marques de fabrique.
Même bien accroché à la dimension historique, même abreuvé à chaque page par un petit cul-sec de cynisme arrachant un vague sourire tenant de la cicatrice, il est difficile de ne pas trouver cette lecture quelque peu roborative, et on perdra bien du lecteur dans les méandres d'Eco (pour ne pas simplifier, c'est écrit sous forme de journal à deux mains, avec des retours en arrière, etc...):
Comme c'est longuet, bien qu'il se passe toujours quelque chose, et que pissent les traits d'esprit ou les répliques de qualité, on éprouve parfois une petite panne d'appétit pour ces procédés littéraires tentaculaires, disons manières d'écrire dignes d'une pieuvre épileptique.
Mais enfin c'est là son style, n'est-ce pas, rien de nouveau.
Adoncques, qu'entend démontrer il Professore Eco ?
Qu'on a besoin d'ostraciser, de haïr, et donc de l'autre, de l'Ennemi majuscule, plus il est rampant, diffus, présumé puissant et tendu vers la quête du pouvoir et de l'argent, mieux c'est.
D'où le succès de l'entreprise (d'ultime égout) de Simonini, reposant sur le fait que le complotisme a besoin de sa substance ordinaire pour le sustenter, le vrai et le faux c'est secondaire.
Pierre-André Taguieff, interview au Figaro du 17 mars 2011 a écrit:Ce roman aurait pu s'intituler: voyage d'un antisémite à travers l'Europe du XIXe siècle. Le personnage principal, Simon Simonini, est hanté par l'idée d'un complot juif dont la finalité est d'anéantir la chrétienté. Comme tous les obsédés, il projette son fantasme sur tout ce qu'il voit et entend. Il pérégrine entre la France et la Sicile où il rencontre les partisans de Garibaldi, se retrouve à Paris durant la Commune, et c'est à Prague qu'il imagine la rencontre de rabbins venus fomenter un pacte de domination du monde.
Eco nous emmène à la rencontre de personnages qui ont existé et ont cru en l'existence de complots de tous ordres, notamment maçonniques ou jésuites. On y croise notamment l'abbé Barruel, qui voyait dans la Révolution et l'Empire la marque de l'influence maçonnique, le socialiste Toussenel, véritable inventeur de l'antisémitisme de gauche, qui était persuadé que le capitalisme servait les intérêts des Juifs, sans oublier Édouard Drumont, l'auteur de La France juive dont les articles défrayèrent la chronique durant l'affaire Dreyfus. «La haine est la vraie passion primordiale. C'est l'amour qui est une situation anormale. C'est pour ça que le Christ a été tué, il parlait contre nature» , écrit Eco en conclusion de ce roman plus erratique que convaincant.
Et le même critique de lâcher une lourde flatulence dans l'ascenseur avant de sortir à l'étage:
J'adôôôre le procédé "de mauvais esprits diraient que", mais pas moi, hein, mais c'est moi qui le dit quand même, hein...Pierre-André Taguieff a écrit: Quant au produit, de mauvais esprits diraient que c'est du Dan Brown sophistiqué et bien documenté, du Dan Brown pour bac + 3
Aujourd'hui les haines ont peut-être changé d'objet, et, aux temps du nombrilisme-individualisme, se sont multipliées (pas loin du chacun la sienne), mais demeurent; au reste, la Toile est un instrument rendant caduques les méthodes de faussaire de Simonini, mais en met une à disposition de tout un chacun, sans même nécessiter talent, entregent, savoir-faire et dangers affrontés.
En cela, Eco a effectué un travail salubre, utilisé sa notoriété utilement pour appuyer là où ça fait mal, profité du statut de best-seller annoncé d'un livre pour faire passer un propos dérangeant.
Alors oui, son repasse-plats permanent pourra paraître indigeste (combien de pages ai-je murmuré: "allez, c'est bon, on a compris, déjà dit, déjà illustré plus tôt" ?), oui, l'auteur surjoue l'histrion érudit, oui, son rentre-dedans littéraire frise par instants le matraquage de lecteur (mais enfin c'est son style qui est comme ça, comme dit plus haut, style qui peut-être est une des raisons de son succès, et n'a pas à me convenir à moi en particulier), etc.
De là à moquer ou disqualifier l'ouvrage, pour ma part, c'est non certainement pas: livre à recommander, pourquoi pas avec une certaine chaleur, mais pas à tout le monde, sans nul doute !
- Spoiler:
- mots suggérés, spoiler à effacer SVP: haine, historique, complotisme
mots-clés : #complotisme #historique
Aventin- Messages : 1985
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Re: Umberto Eco
Entr'autres, un rappel qui s'adresse à tous (les saturés d'informations) :
« ; les gens dévorent les aventures de terre ou de mer ou les histoires criminelles par simple plaisir, puis oublient facilement ce qu’ils ont appris et, quand on leur fait prendre pour argent comptant ce qu’ils ont lu dans un roman, ils ne s’avisent que vaguement qu’ils en avaient déjà entendu parler, et ils ont confirmation de leurs croyances. »
Umberto Eco, « Le Cimetière de Prague », 22, « Le diable au XIXe siècle »
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Tristram- Messages : 15950
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Re: Umberto Eco
"J'ai apprécié ce qui avait trait à la politique, particulièrement en Italie, le jeu de Simonini, ses imbroglios mais par contre je me suis ennuyée à la messe noire et aux scènes de satanisme parfois ridicules.
Je pense que l'auteur a fait beaucoup de recherches et s'est servi du personnage de Simonini pour amener le lecteur aux prétendus Protocoles des sages de Sion ; lesquels documents ont fait couler beaucoup d'encre, se dresser les communautés, et progresser l'antisémitisme."
L'auteur dit que seul Simonini est fiction, mais il se reprend et ajoute : oui il est bien réel, je comprends là que les antisémites sont toujours parmi nous à notre siècle.
merci Aventin pour ton commentaire pointu.
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21711
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Re: Umberto Eco
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Tristram- Messages : 15950
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Re: Umberto Eco
Dans l'Iliade, Homère nous offre deux modes de représentation : le premier, c'est le bouclier d'Achille, une forme achevée et circonscrite où Vulcain représente tout ce qu'il sait sur une ville, sa campagne alentour, ses guerres et ses rites en temps de paix. Le second, c'est le fameux catalogue des navires, démesuré, que dresse le poète, impuissant à dire le nom et le nombre des guerriers achéens, et qui se conclut idéalement par un " et cætera ". On appelle ce second mode de représentation la liste ou l'énumération. Il y a des listes pratiques et finies, comme celles qui recensent les livres d'une bibliothèque ; et il y a celles qui suggèrent l'incommensurable et nous font ressentir le vertige de l'infini.
Cet ouvrage montre que, depuis toujours, la littérature fourmille de listes, d'Hésiode à Joyce, d'Ezéchiel à Gadda. Il s'agit souvent d'énumérations égrenées pour le goût de l'inventaire, la mélodie du dénombrement ou le plaisir vertigineux de réunir des éléments sans relation spécifique, comme dans les énumérations dites chaotiques. Mais ce volume ne nous propose pas seulement de découvrir une forme littéraire rarement analysée ; il nous montre aussi combien les arts figuratifs savent suggérer des énumérations infinies, même lorsque la représentation semble contrainte par l'encadrement d'un tableau.
Le lecteur trouvera dans ces pages de quoi s'étourdir en éprouvant le vertige de la liste.
Quatrième de couverture Flammarion
Une liste c’est l’énumération de choses essentielles ou futiles, c’est l’arrangement aléatoire ou structuré d’éléments cohérents ou disparates, c’est un classement toujours provisoire, c’est l’organisation incongrue ou harmonieuse d’objets réels, virtuels, imaginaires ou symboliques, c’est l’entassement volontaire ou hasardeux d’ensembles homogènes, c’est l’accumulation de définitions nécessaires ou chimériques, c’est l’aboutissement dialectique du dialogue utopique entre le rêve et la raison. C’est le vertige qui nous prend devant l’agencement impossible du monde
D’un côté la « forme » avec son obsession de l’absolu, idéaliste, platonicienne, sûre d’elle et fondatrice. Elle définit les critères de l’esthétique, organise la notion d’œuvre –ouverte ou fermée. De l’autre l’idée de liste qui propose l’entassement, l’incohérent, l’incongru, l’énumération, l’accumulation comme ligne de conduite et preuve de sa santé. Une liste dit ce qu’elle dit et rien d’autre. Elle est sans issue, sans concession ni conclusion, sans but apparent, elle est sa propre finalité. L’Iliade montre le bouclier d’Achille, c’est une forme parfaite. Sculpté par Héphaïstos, méticuleusement décrit, ce bouclier est l’œuvre d’art totale, achèvement, mythique, objet fini et infini, noué sur sa réussite absolue. Il est la création artistique en elle-même. Mais l’Iliade propose aussi la longue liste chaotique, d’apparence maladroite, désordonnée, des armées partant pour la guerre. C’est l’énumération des armes, des navires et de leurs gréements, des bataillons issus de tous les ports et de toutes les îles, des capitaines et de leurs soldats, des armements. Le bouclier qu’Homère nous montre est, en réalité, une œuvre impossible à fabriquer –même par un Dieu-. Mais la liste des guerriers pour Troie est la plus précise et la meilleure description de la société achéenne. Ce qu’on sait des Grecs vient de là. Et ce savoir donne le vertige.
A travers les siècles, d’Homère à Perec, la liste, ses traces et son vertige.
Site du Louvre
Je me suis offert ce beau livre (coédition musée du Louvre / Skira Flammarion), et je n’ai pas de regret : il est superbement illustré d’œuvres souvent méconnues (de moi au moins), tant en peinture qu’en extraits de textes (comme cet étonnant précurseur de Rabelais, Teofilo Folengo). Coïncidence d’intérêt sur la forme comme sur le fond, puisque je suis attiré de longue date par les listes (vertigineuses), sans doute depuis le goût (puéril) des collections, puis au travers de la lecture de Rabelais dans sa tendance totalisatrice (sans oublier depuis Borges, Calvino et Perec), l’ensemble se synthétisant en quelque sorte dans les livres et bibliothèques. Faisant suite à l’invitation d’Eco au Louvre en novembre 2009, c’est une anthologie de listes en arts figuratifs, et bien sûr en littérature (comme chez Prévert, mais pas que lui, en passant par des auteurs généralement oubliés, y compris médiévaux, et tutti quanti), mais aussi un essai : il s’y trouve plus de réflexions pertinentes qu’on aurait pu le craindre pour ce genre de catalogue… de catalogues.Listes de choses, obsessionnelles et inquiétantes, comme les substances maléfiques des sorcières de Macbeth, listes de lieux, comme les villes évoquant l’enfance de Marcel Proust, les énumérations versent dans la démesure et l’excès. Umberto Eco propose donc une analytique de la liste qui distingue les listes pratiques (catalogues, listes de courses…) des listes poétiques. Les premières renvoient à la forme dans leur caractère référentiel et inaltérable, les secondes envahissent la littérature pour y créer des vertiges d’énumérations grisantes. Bien sûr ces catégories ne sont pas étanches et des circulations restent possibles.
Jérôme Lamy, « Umberto Eco, Vertige de la liste » http://journals.openedition.org/chrhc/2419
Énumération, inventaire, l’et cætera, l’infini et les « topos de l’indicibilité » et « topos de ineffabilité », participant de la systématique et du délire, les listes sont en mode ouvert l’illimitation suggérée par des artifices narratifs ou plastiques de l'immensité, l'abondance, la profusion, le foisonnement, la variété, la diversité, en une tentative d’englobement… "hubristique"…
Pour les fascinés des trois points de suspension…
« En somme, chez Homère déjà, on oscille, semble-t-il, entre une poétique du "tout est là" et une poétique de l’"et cætera". »
« Enfin, voici pour finir la "Mère suprême de toutes les listes", infinie par définition car en continuelle évolution, le Word Wide Web, toile d'araignée et labyrinthe, et non pas arbre ordonné, qui, de tous les vertiges, nous promet le plus mystique, le plus totalement virtuel, et nous offre un catalogue d'informations qui nous fait nous sentir riches et tout-puissants, au prix de ne plus savoir lequel de ses éléments se réfère à des données du monde réel et lequel non, sans aucune distinction désormais entre vérité et erreur. »
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Tristram- Messages : 15950
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Re: Umberto Eco
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Bédoulène- Messages : 21711
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Re: Umberto Eco
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Bédoulène- Messages : 21711
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Re: Umberto Eco
Cet échange épistolaire est co-signé par Umberto Eco et le cardinal Carlo Maria Martini, et on en dit plus ici : https://deschosesalire.forumactif.com/t2435-umberto-eco-et-le-cardinal-carlo-maria-martini#86923
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Tristram- Messages : 15950
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Re: Umberto Eco
extrait
Je copierai le sauvetage de Roberto par son père demain. Car il est magnifique.mais ce soir voilà un bout :
Au début Roberto n’aperçut rien d’autre que des lames de soleil où l’on voyait s’agiter d’infinis corpuscules, et comme il les vit il ne put que se rappeler ( et combien se répand-il à jouer de doctes mémoires pour émerveiller sa Dame, au lieu de se limiter à dire) les mots par lesquels le prévôt de Digne l’invitait à observer les cascades de lumière qui s’épandaient dans l’obscurité d’une cathédrale, s’animant en son for intérieur d’une multitude de monades, semences, natures indissolubles, gouttes d’encens mâle qui éclataient spontanément, atomes primordiaux engagés dans des combats, des batailles, des escarmouches en escadrons, au milieu des rencontres et des séparations innombrables - preuve de la composition même de notre univers, non composé d’autre chose que de corps premiers grouillants dans le vide.
Sitôt après, comme pour lui confirmer que la création n’est que l’oeuvre de cette danse d’atomes, il eut l’impression de se trouver dans un jardin et il se rendit compte que depuis son arrivée là en bas, il avait été assailli par une foule de parfums bien plus forts que ceux qui lui étaient parvenus d’abord du rivage.
Un jardin, un verger couvert : voilà voilà ce que les hommes disparus de la Daphné avaient créé dans cet espace, pour emmener dans leur patrie fleurs et plantes des îles qu’ils s’employaient à explorer, en permettant que le soleil, les vents et les pluies leur consentissent de survivre. Le vaisseau aurait-il su alors conserver, durant des mois de voyage , ce butin sylvestre, la première tempête ne l’aurait-il pas empoisonné de sel, Roberto ne pouvait le dire, mais à coup sûr le fait que cette nature fût encore en vie confirmait que - comme pour la nourriture - la réserve avait été récemment accumulée.
Nadine- Messages : 4882
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Re: Umberto Eco
Je retrouve le plaisir que j'avais , enfant, à lire des livres trop ambitieux pour moi : sans tout comprendre des mots utilisés, à comprendre quand même, grisée. Génial.
Dans cette confusion on vit le vieux Pozzo qui, piaffant, faisait la navette entre l’état major et l’atterrage des barques en cherchant Roberto permis les survivants. Lorsqu’il fut quasi certain qu’il n’y avait plus de barques qui arriveraient, on l’entendit émettre un « O Zestedieux! » Puis, en homme qui connaissait les caprices du fleuve, et faisant passer pour triple sot qui avait jusqu’à présent péniblement souqué, il avait choisi un point devant l’un des îlots et poussé sa monture dans l’eau, piquant des deux. Traversant un bas-fond il fut sur l’autre rive sans même que le cheval dût nager, et il s’élança comme un fou, estramaçon au vent, en direction du fortin.
Un groupe de mousquetaires ennemis vint au-devant de lui, tandis que déjà le ciel pâlissait, et sans comprendre qui était ce solitaire : le solitaire les traversa et en élimina au moins cinq, le fendant infaillible, tomba sur deux chevaux-légers, fit cabrer son cheval, se pencha de côté esquivant un coup et d’un coup se dressa faisant accomplir à sa lame un cercle dans l’air : le premier adversaire s’abandonna sur sa selle, les boyaux coulant le long de ses bottes, tandis que sa monture s’enfuyait; le second resta les yeux exorbités, cherchant de ses doigts une oreille qui, attachée à sa joue, pendait sous son menton.
Pozzo arriva sous le fortin et les envahisseurs, occupés à dépouiller les derniers fuyards frappés dans le dos, ne comprirent même pas d’où il venait. Il entra dans l’enceinte en hélant son fils d’une voix puissante, renversa quatre autres personnes tandis qu’il accomplissait une sorte de carrousel, donnant de l’épée vers chaque point cardinal; Roberto, qui s’extirpait de la paille, le vit de loin, et avant son père il reconnut Pagnufli, le cheval de son géniteur, avec lequel il jouait depuis des années. il se planta deux doigts dans la bouche et émit un sifflement que l’animal connaissait bien, et de fait déjà il était effaré, les oreilles dressées, puis il entraîna le père près de la brèche.Pozzo vit Roberto et s’écria : « Mais c’est-y un endroit pour se fourrer? Monte, insensé ! » Et alors que Roberto montait en croupe, s’agrippait à sa taille, il dit : « Misère, toi on ne te trouve jamais où tu dois être. » Puis, exhortant Pangnufli, il se précipita au galop vers le fleuve.
A ce moment là quelques pillards s’aperçurent que cet homme à cette place n’était pas à sa place, et ils le montrèrent du doigt en criant. un officier, la cuirasse cabossée, suivi de trois soldats, essaya de lui couper la route. Pozzo le vit, s’apprêta à dévier, et tira sur les rênes en s’exclamant : « Quand on dit le destin ! » Roberto regarda devant et se rendit compte qu’il s’agissait de l’espagnol qui les avait laissé passer deux jours avant. lui aussi avait reconnu sa proie, les yeux brillants, il avançait l’épée au clair.
Le vieux Pozzo passa prestement son épée dans sa main gauche, tira son pistolet de son ceinturon, leva le chien et tendis le bras, le tout à si vive allure que l’Espagnol surpris, entraîné par son élan, était désormais à bout portant. Mais Pozzo ne tira pas tout de suite. Il prit le temps de dire : « Pardon pour le pistolet, mais si vous portez la cuirasse il me reviendra bien le droit… » Il pressa la détente et l’abattit, une balle dans la bouche. les soldats, voyant tomber leur chef, prirent l’escampette, et Pozzo rengaina son pistolet en disant : « Mieux vaut partir avant qu’ils ne perdent patience…Allez Hue! Pagnufli! »
Dans une grande poudrière ils traversèrent l’esplanade, et, au milieu de violentes giclées, le fleuve, tandis que de linon déchargeait encore les armes dans leur dos.
Ils atteignirent dans les applaudissements la rive droite. Toyras dit : « Fort bien, mon cher ami » , puis à Roberto : « La Grive, aujourd’hui ils se sont tous enfuis, fors vous qui êtes resté. Bon sang ne saurait mentir. Vous perdez votre temps en cette compagnie de Couards. Vous passerez à ma suite. »
Roberto remercia et, glissant de la selle, tendit la main à son père, pour le remercier lui aussi. pizza la lui serra distraitement tout en disant : « Je regrette pour ce sieur Espagnol, qui était une si brave personne. Bah! La guerre est une vraie sale chiennerie. cependant souviens-toi toujours, mon fils : être bon oui, mais si quelqu’un marche sur toi pour t’occire, c’est lui qui a tort. Ou non ? »
Ils rentrèrent dans la ville, et Roberto entendit que son père marmottait à part soi : « Ce n’est pourtant pas moi qui l’ai cherché… »
Nadine- Messages : 4882
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Re: Umberto Eco
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Bédoulène- Messages : 21711
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Re: Umberto Eco
Nadine- Messages : 4882
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Re: Umberto Eco
- Spoiler:
- d'ailleurs je pense que c'est le seul roman d'Eco que j'aie lu
ArenSor- Messages : 3433
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Re: Umberto Eco
(Il faut que je le relise !)« Un philosophe lui avait dit que Dieu connaissait le monde mieux que nous parce qu’il l’avait fait. Et que pour s’adapter, fût-ce de peu, à la connaissance divine il fallait concevoir le monde comme un grand édifice, et chercher à essayer de le construire. Ainsi devait-il faire. Pour connaître la Daphne, il devait la construire. »
« Peut-être est-ce cela, écrire des Romans : vivre par le truchement de ses personnages, faire en sorte que ceux-ci vivent dans notre monde, et se livrer soi-même et ses propres créatures à la pensée de ceux qui viendront, même lorsque nous ne pourrons plus dire je… […] Il ne savait pas, surtout quand les auteurs sont désormais décidés à mourir, que les Romans souvent s’écrivent tout seuls, et vont où ils veulent aller eux. »
Umberto Eco, « L’île du jour d’avant »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15950
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Re: Umberto Eco
20', une séquence que je redécouvre, et qui déjà m'avait impressionné : importance de la répétition maîtrisée et des synonymes, de l'hypertexte, de l'incipit, etc. dans la création littéraire.
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Re: Umberto Eco
En spécialiste du Moyen Âge et de sémiotique, mais aussi de diffusion scientifique, Umberto Eco dresse un panorama passionnant des théories sur l’art et la beauté dans cette période de transition ; c’est un exposé historique chronologique, entre ethnologie des temps "primitifs" et antiquité classique d’une part, renaissance, classicisme et romantisme de l’autre, précisant un mode de pensée original et fascinant. Ce dernier est cependant loin d’être disparu de notre esprit : j’ai pensé à la postérité littéraire de la notion de symboles parlants dans la nature et du goût encyclopédique pour les classifications, collections et listes, à la croyance en une adéquation entre bien et beau, corollairement entre mauvais et laid, ou encore à l’intuition de la beauté nécessaire et inhérente à un concept juste et concis, qu’on retrouve chez de grands chercheurs modernes.
Je ne tenterai pas de rendre compte de l’ouvrage lui-même, n’étant pas assez compétent pour le faire, mais le signale chaudement aux amateurs éclairés.
\Mots-clés : #essai #historique #moyenage #philosophique #religion
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Tristram- Messages : 15950
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