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135 résultats trouvés pour guerre

Moritz Thomsen

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 51dt7l10

Mes deux guerres

Comme l'a déjà dit Pia, Moritz Thomsen commence son récit par cette phrase :

Ce livre  traite de mon engagement face à deux catastrophes, la Seconde Guerre mondiale et mon père.
Et presque tout est dit, la concision, la colère,  l'intelligence alliée d'humour.


Il dit plus loin :

Plus que de consolation l'homme est en quête de sens.
Et cette quête de sens se  fait au  fil d'un récit passionnant de bout en bout, qui laisse une large place aux aléas de la mémoire, avec ce que cela implique de trous, de flous et de pièges
.

Mais ces absences mêmes participent à l'analyse rétrospective que Thomsen fait de ces deux traumatismes  qui ont fait son éducation, avec comme clés de voûte leur ambiguïté perpétuelle.
Ce père égocentrique et rejetant, mais porteur d'un héritage qui ne se refuse pas, cet homme qui confond amour et haine. Et la guerre dans ce qu'elle a tout à la fois de trivial et de noble, de honteux et de glorieux, cette extraordinaire aventure mortifère. Une guerre aérienne qui se veut propre, loin de l'ennemi et de la boue des tranchées.
Deux  catastrophes à deux têtes qui ont construit tout autant que détruit Moritz Thomsen,  ce jeune homme plein d'idéaux qui, s'il s'est laissé miner, grâce à la colère, n'en est pas ressorti pourtant anéanti.

Message récupéré. Citation.


mots-clés : #famille #guerre
par bix_229
le Mar 13 Déc - 15:57
 
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Sujet: Moritz Thomsen
Réponses: 22
Vues: 2335

Gaël Faye

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 Petit-10

Petit pays

(…)Au temps d'avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et tout le reste, c'était le bonheur, la vie sans se l'expliquer. L'existence était telle qu'elle était, telle qu'elle avait toujours été et que je voulais qu'elle reste. Un doux sommeil, paisible, sans moustique qui vient danser à l'oreille, sans cette pluie de questions qui a fini par tambouriner la tôle de ma tête. Au temps du bonheur, si l'on me demandait « Comment ça va ? » Je répondais toujours « Ça va ! ». Du tac au tac. Le bonheur, ça t'évite de réfléchir. C'est par la suite que je me suis mis à considérer la question. À soupeser le pour et le contre. A esquiver, à opiner vaguement du chef. D'ailleurs, tout le pays s'y était mis mis. Les gens ne répondaient plus que par « Ca va un peu ». Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé.


Le bonheur. La vie sans se l'expliquer.
Cette vie telle qu'on voudrait tous qu'elle reste, Gaël Faye nous la décrit comme si cela coulait de source, de son écriture à la fois simple et poétique, parsemée de jolies trouvailles comme autant de petit moments de grâce. L'enfance privilégiée d'une bande de copains, avec leurs facéties de garnements, leurs jeux et leurs grands éclats de rire.

Oui mais voilà, nous sommes au Burundi dans les années 90, et malgré tous les efforts de notre narrateur pour la maintenir à distance, la fureur des hommes pénètre peu à peu son monde si bien protégé. Ce sont tout d'abord des rumeurs, venues du Rwanda voisin, prémices d'un drame qui tout à coup explose et emporte tout sur son passage. Jusqu'aux âmes, parfois...

Avec autant de talent qu'il en avait pour nous décrire le bonheur dans un Burundi aux airs de paradis perdu, Gaël Faye nous narre la fin de l'innocence, la découverte de l'horreur absolue, de la haine, la division qui peu à peu gangrène jusqu'aux plus belles amitiés.
Malgré ses tentatives désespérées pour garder, encore un peu, ses illusions, les moments de franche amitié, les jeux d'entants si nécessaires mais maintenant si dérisoires, Gabriel voit son monde se déliter autour de lui ; sommé de choisir un camp, parce que, désormais, le monde est en noir et blanc, en hutu et tustsi, et c'est tout. Parce que, désormais, même les enfants perpétuent, pour se protéger _ mais peut-être pas seulement…_ le cycle infernal de la violence...

Ce qui marque d'emblée à la lecture de ce texte, c'est la justesse du ton. Conté à hauteur d'un enfant de 11 ans, jamais pourtant le récit ne tombe dans cette naïveté ou cette précocité factices trop souvent lues. L'auteur fait montre d'un véritable talent pour retranscrire les sentiments de ce jeune Gabriel qui voit peu à peu son univers se désintégrer, et son identité se dissoudre.
Derrière le récit de l'enfance et du bonheur perdu, perce toujours en filigrane l'adulte dont les certitudes ont volé en éclat, le jeune homme en exil et en quête de lui même ; plus vraiment d'ici, mais pas totalement d'ailleurs non plus. Lorsque l'on sait ce roman en grande partie autobiographique, il n'en devient que plus poignant.

J'ai beau chercher, je ne me souviens pas du moment où l'on s'est mis à penser différemment. À considérer que, dorénavant, il y aurait-nous d'un côté, et, de l'autre, des ennemis, comme Francis. J'ai beau retourner mes souvenirs dans tous les sens, je ne parviens pas à me rappeler clairement l'instant où nous avons décidé de ne plus nous contenter de partager le peu que nous avions et de cesser d'avoir confiance, de voir l'autre comme un danger, de créer cette frontière invisible avec le monde extérieur en faisant de notre quartier une forteresse et de notre impasse un enclos.
Je me demande encore quand, les copains et moi, nous avons commencé à avoir peur.



mots-clés : #initiatique #guerre #genocide #nostalgie
par Armor
le Lun 12 Déc - 18:22
 
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Sujet: Gaël Faye
Réponses: 18
Vues: 1153

Lance Weller

Wilderness


Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 Captur69

Fatigué, malade, désespéré de souvenirs, le vieil Abel se met en marche avec son chien Buster, au crépuscule de sa vie. Lance Weller raconte sa longue marche et entrecoupe ce récit de l’histoire de cet  ancien soldat sudiste de la Guerre de Sécession. Les péripéties qu’il rencontre au fil de son voyage, où il croise des hommes bons et de fieffés coquins, montrent que, si la guerre a changé les textes, elle n’a pas changé tous les hommes.
En parallèle à ce parcours, en chapitres alternés, Lance Weller rapporte la bataille de Wilderness, l’une des batailles les plus meurtrières de cette guerre, et c’est un récit de guerre passionant à la fois instructif et bouleversant . Abel, marqué à vie par ces atrocités, en est  aussi changé dans son cœur,

Ce que je retiendrai (peut-être ) de ce livre, c’est, au sein d ‘une telle violence, la douceur rude des relations entre certains individus, le compagnonnage d’un homme avec son chien. C’est aussi la nature, personnage premier du roman face à la dureté des hommes. Une nature sauvage et somptueuse, alternativement hostile et salvatrice, à laquelle les hommes se mêlent intimement, qui les emplit, les nourrit, les fait rêver, par ses bruits, ses couleurs, ses lumières. Ah ! les lumières et leurs changements, c’est époustouflant. J’ai retrouvé souvent l’émotion étrange et la poésie douloureuse du Dormeur du val.

Il y a là une émotion troublante, qui monte peu à peu et s’épanouit dans une fin d’un lyrisme magique, l’histoire d’une humanité retrouvée. Car comme Abel dans sa solitude assumée, nous nous raccrochons aux mains tendues pour ne pas sombrer dans le désespoir d’un monde terrifiant.


 
wikipedia a écrit:  La bataille de la Wilderness est une bataille de la guerre de Sécession qui se déroula du 5 au 6 mai 1864 entre les armées du général nordiste Ulysses S. Grant et celle du général sudiste Robert E. Lee

   Lors de l'hiver 1863-1864 les armées nordiste et sudiste avaient hiverné à quelques kilomètres de distance, séparées seulement par la Rapidan river. Dès le retour du printemps, le général Grant avait tenté sans succès de déloger Lee de ses positions, mais ce dernier savait que le but du général nordiste était de l'entraîner dans la Wilderness, une zone forestière sombre et dense de 180 km², déjà théâtre de furieux combats lors de la bataille de Chancellorsville un an plus tôt. Lee laissa les fédéraux traverser la Rapidan River pour pouvoir les attaquer de flanc alors que les nordistes passeraient dans la Wilderness. C'est ainsi que le 5 mai les avants gardes des deux armées se rencontrèrent. À la fin de la bataille, les deux armées n'ont ni progressé ni reculé. Mais pour la première fois depuis le début de la guerre, un général nordiste, malgré de lourdes pertes (17 000 nordistes et 10 000 sudistes), ne bat pas en retraite et se prépare à mener une autre bataille.

   La nature du champ de bataille — une forêt — fut la cause de tirs fratricides fréquents. De nombreux incendies furent fatals aux blessés qui n'étaient plus en état de se déplacer.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #nature #guerre
par topocl
le Sam 10 Déc - 11:11
 
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Sujet: Lance Weller
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Doug Peacock

Mes années grizzlis

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 97823510

De mon point de vue, peut-être un peu tordue, sauvegarder les ours était une idée révolutionnaire : une tentative pour empêcher notre monde de devenir complètement dingue.


Les pas de Rick Bass m’ont naturellement embarquée chez Peacock, après un petit détour par Pete Fromm.

Cette fois j’ai vu plein d’ ours, là où Rick Bass passait beaucoup de temps à les pister. Je les ai vus car Peacock a un talent descriptif plutôt fort, pour faire vivre sous nos yeux ces grosses masses de muscles et de griffes qui fascinent les humains, mais ne s’offrent qu’à quelques observateurs plus respectueux que les autres, en l'occurrence Peacock, un grand solitaire rageux, qui fuit ses cauchemars du Vietnam.

Ceux de ma génération ont manifesté contre la guerre, libérant ainsi leur conscience. Moi, je me suis retiré dans les bois et j'ai eu recours à du vin de mauvaise qualité pour obliger ma mémoire à s'endormir.


Cette nature sauvage et inhospitalière, la rudesse de la vie au grand air  sont pour lui comme un cocon salvateur.

Lorsque l'on est assis sur le flanc d’une montagne en pleine tempête, à la recherche de ce que certaines personnes considèrent comme l’animal le plus féroce de ce continent, on éprouve une véritable humilité et une étonnante réceptivité.



Peu à peu, au fil du récit, les pages sur la guerre, aussi évocatrices que celles sur l'aventure-grizzli, se font plus rares, même si des traces continuent à ressurgir jusqu'à la fin du récit.

Cette nuit-là, je dormis profondément. Un sentiment de tolérance et de reconnaissance m’avait envahi, dû probablement au fait de vivre avec l'animal le plus dangereux du continent et d’en accepter les risques inhérents. Je n'étais plus celui qui dominait et je me retrouvais étrangement ouvert et vulnérable.



Et ainsi, Peacock passe 20 ans dans les montagnes à fuir la compagnie des hommes, pas tout à fait celle des femmes. Il n’en règle pas moins ses comptes avec l'impérialisme américain, sa dangereuse tendance à dominer et décimer les hommes et les bêtes.

La façon dont nous nous sommes comportés envers les Indiens, les bisons, les loups et les grizzlis correspond à la manière dont nous avons écrit notre histoire selon des voies convergentes, éclaboussées de sang, qui nous ont conduit où nous en sommes à présent. En dépit du léger remords que nous éprouvons aujourd'hui, nous n'avons aucune excuse.


C’est le portrait d'un impressionnant homme unique, qui voit dans son combat pour sauver les grizzlis une lutte pour une espèce humaine plus libre, plus courageuse, plus chaleureuse. Un homme qui donne à voir et à comprendre des animaux emblématiques entre tous.

La forme du récit est celle de brèves annotations mises côte à côte, autour du fil directeur des grizzlis, au fil des saisons, et il ne faut pas en attendre un début et une fin, une progression, mais plutôt l'évocation par petites touches d'une symbiose qui a duré des années entre un homme et la nature. Cette forme m'a finalement un peu lassée, j'ai fini par sauter des passages sur la fin. Il n'en demeure pas moins que Mes années grizzlis restera un livre marquant.



(commentaire rapatrié)



mots-clés : #autobiographie #guerre #nature
par topocl
le Jeu 8 Déc - 13:32
 
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Sujet: Doug Peacock
Réponses: 25
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Ben Fountain

Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 51afub10

Billy,19 ans, puceau et  les rêves qui vont avec, s'est engagé en Irak pour échapper à la prison après une bêtise qui a mal tourné. Avec sa compagnie Bravo, revenus au pays le temps d'une Tournée de la Victoire, adulés, courtisés, ils incarnent le suprême de l'héroïsme et du patriotisme, pour avoir su mater l’ennemi bien salement . D’ailleurs, Hollywood veut tourner un film, sans dire si c’est pour chanter leurs louanges, galvaniser l’Amérique, ou s’en mettre plein les poches.

Demain, il retournent en Irak. Chapeautés par Dime, le sergent qui cache derrière un humour pince-sans-rire et ravageur des oreilles de grand frère éclairé, ils affrontent la dernière étape, leur présence attendue au match de football des Cow-boys  à Dallas. On ne sait trop si cette tournée, farce monstrueuse et dérisoire, est une récompense grand-guignolesque, ou une promotion nauséabonde de l’Amérique bien pensante. Billy  et ses potes errent entre leur envie de sales gosses d’en profiter à fond, leur plaisir et leur fierté à conforter leur image de bon petits gars transformés en héros, leur solitude face à l’incompréhension totale dont il sont  l’objet, leur questionnement désespéré du sens de cette sordide mascarade et de leur engagement. Ils constituent un curieux mélange d’aveuglement, de lucidité et de candeur.

Évidemment, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle entre ce match de football américain et la guerre, et Ben Fountain ne s’en prive pas. Ces 2 univers factices de violences bien-pensantes, où les hommes tiennent sous l’exhortation de leurs supérieurs, mêlant hargne et condescendance, où l'acte final, chargé de férocité et d'adrénaline, s’apparente à un écrasement sans scrupules, n'est que l'aboutissement d'une mise en condition, d’entraînements psychologiques et physiques répétés, où il faut foncer sans surtout se poser de questions, ou de jeunes hommes, mastodontes portés par l'appel de la gloire, tout pétris d’amitiés viriles, mettent un temps leur cervelle au repos pour gagner le titre de héros nationaux, déchaîner les foules et les pom-pom girls.

La comparaison est bien au-delà de football/guerre, car le cinéma hollywoodien, et les pom-pom girls, est-ce que ce n'est pas cela : la gloire factice de l'Amérique et de sa fameuse réussite à la portée de tous, son investissment inouï dans le pouvoir et le clinquant, une insulte portée à  ces jeunes abusés, arrachés à leur jeunesse, leur famille, leurs blagues débiles, entraînés pour l’honneur dans un engrenage qu’ils ont cru honnête et qui n’est  qu’une plongée dans l’horreur.

Ben Fountain pousse jusqu’à l’extrême la description de cette Amérique aux certitudes indécentes  basées sur le fric et l’arrogance.

Il faut s’accrocher sur les pages du début, qui sont complètement speed, où on se sent presque agressé par ces informations dans tous les sens, sans toujours de logique, parfois allusives. On se dirait dans un film d’action, caméra à l’épaule ou tout bouge et part dans tous les sens. Tout est fait pour qu'on soit complètement perdu, comme ces jeunes gens le sont, perdus, entre excitation et désarroi face à ce monde qui les agresse sans aucun respect pour eux. Une agression toute autre que celle des combats qu'ils ont vécus, pris entre leur image de bons petits américains, de chrétiens « pacificateurs" , et leur demande d'une vie comme tous les jeunes, les filles, l'alcool et une petite fumette pour se sentir bien.

Mais peu à peu, Fountain se met à écrire plus « normalement », c'est vraiment très brillant, et au milieu du cynisme décapant il y a des moments d'émotion aussi intense que fulgurante. Les héros de Ben Fountain sont, derrière leur obéissance servile, tendres et désespérés. Billy  est alternativement un fanatique de guerre porté par un rêve de grandeur, un petit garçon qui téléphone à sa mère et imagine ce que sera sa vie quand il sera mort au combat, un jeune homme qui veut croire, face à une pompom girl bien roulée, que l’amour peut encore exister et le sauver. Il a 19 ans et connaît toutes les ignominies de la guerre. Il a fait honnêtement ce que l’Amérique ignorante lui demandait, sans trop se poser de questions. La guerre l’ a autant bousillé que mûri, dit-il, mais il  veut encore croire au rêve américain, il refuse de croire que son pays s’incarne dans cette débauche insolente de vulgarité décérébrée.

Les applaudissements se calment et on lui demande s'il pensera à son ami le sergent Breem tout à l'heure pendant l'exécution de l'hymne national, et il répond oui, juste pour demeurer dans le ton. Oui, naturellement, je penserai à lui, ce qui lui paraît obscène, et il s'interroge sur le processus qui fait que chaque discussion à propos de la guerre semble virtuellement profaner les questions fondamentales sur la vie et la mort. Comme si pour évoquer convenablement ces questions, il fallait un discours proche de la prière, sinon on n'avait qu'à fermer sa gueule, car le silence est plus adapté à ce sujet que les sanglots étoilés, les pleurs aigres-doux, les étreintes consolatrices ou quoi que signifie cette saloperie d’expression « tourner la page» que tout le monde utilise. Ils aimeraient que ce soit facile, mais ça ne le sera pas.




(commentaire rapatrié)


mots-clés : #guerre #initiatique
par topocl
le Mar 6 Déc - 15:00
 
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Sujet: Ben Fountain
Réponses: 3
Vues: 532

Sorj Chalandon

Retour à Killybegs

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 Images16

Retour à Killybegs est un roman coup de poing, dense et intense, qui mêle l'intime dans ce qu'il a de plus douloureux, à l'Histoire dans ce qu'elle a de plus violent. Cela donne un texte extrêmement puissant et bousculant, écrit dans un style dense et percutant sans un temps mort, sans une phrase inutile, sans un mot qui n'est scrupuleusement pesé. Chalandon déroule à toute allure le récit d'une vie malmenée dans la tempête de l'histoire de l'Irlande.

On sait que ce roman constitue un diptyque avec Mon traître, où il racontait sous forme d'une fiction l’histoire de son amitié avec un des meneurs de l'IRA, dont il se révéla tardivement qu'il avait été pendant des années traître à la cause, et donc à sa famille, à ses amis. Chalandon s'attachait à décrire la douleur, la stupéfaction et les interrogations que cela avait fait naître en lui.
Cette fois-ci, c'est le fameux traître qui raconte, au crépuscule de sa vie, nous livre des faits, sans chercher d'excuses, d'explication ou de pardon. Il décrit courageusement son parcours, il le rapporte sans forcément vouloir le faire comprendre, d'ailleurs il n'y a pas de compréhension logique possible dans ce monde de fous où il a vécu.

Le décor est l'histoire de l'Irlande au XXe siècle, de sa quête d'indépendance, de  son refus de la soumission, de sa haine de l'Angleterre, des choix désespérés qu'elle a pu faire pour enfin relever la tête. Chez Chalandon il n'y a pas de choix  bons ou  mauvais, il y a des hommes qui espèrent, qui se battent à leur façon, qui désespèrent, qui trébuchent, qui tombent et se relèvent ou s'effondrent. Il n'y a pas de héros et de saints, il n'y a qu'un déchirement qui écartèle chacun.
Tyrone Meehan fait parti de ces hommes dont le père et le grand-père se sont battus pour l'Irlande, qui ont relevé le flambeau, et l'on passé à leurs enfants. Que les femmes (mère ou épouse)  ont aimé, chéri, soutenu. Dont les frères et sœurs ont grandi dans la misère, la foi aveugle en Dieu et en Irlande. C'est un homme courageux et déterminé, qui a fait le choix de la violence, qui essaie de l'appliquer avec un minimum de loyauté, qui est prêt au sacrifice, qui ne ploie pas devant l'ennemi.

En octobre 1942 mon frère Séanna a été interné. Pas de charge, pas de procès, pas de sentence. La mise à l'écart des fortes têtes. Le 3 janvier 1943, ça a été mon tour, et celui de Danny Finley. Pendant une semaine, j'ai eu mal au bras. Le gauche, saisi par le policier, le droit, retenu par ma mère. Hostilité, amour, deux taches noires égales qui meurtrissaient mes chairs.


C'est un homme charismatique, un de ceux que les jeunes choisissent comme parrain pour leurs enfants, un de ceux qui donnent envie aux gamins de s'engager dans le combat, l'ami qu'on aimerait avoir. Oui, mais ces hommes aussi ont leurs doutes et leurs faiblesses, et Tyron nous explique comment il a trahi les siens, comment il a menti à lui-même et aux autres, comment il a vécu avec cela et comment il accepte de mourir pour cela. En fait, il tâche de nous l’expliquer , car lui-même ne comprend pas vraiment.

Comme Mon traître, Retour à Killybegs se montre formidablement informatif sur toute cette histoire de la lutte irlandaise, et c'est l'un des aspects passionnants du roman. Chalandon nous la présente dans toute sa violence. On sent vibrer tout le peuple irlandais derrière ces hommes qui refusent l’inacceptable, pensent que les idées valent plus que la vie, et s'abîment dans ce combat sans issue. Une lutte de tous les instants, qui exige une énergie et une déterminination folles, puisqu’elle continue même derrière les barreaux et parfois sous la torture. Les amitiés sont indéfectibles dans cette formidable résistance, jusqu'au jour où… les combattants se désespèrent, le courage s'engage sur d'autres voies.
Le prix à payer est lourd et  pèse comme un fardeau, mais Tyron l’accepte, car il sait qu’il a failli

Mon père ? C’était Tyrone Meehan ! Le grand Tyrone ! Héros de merde, oui ! (…) Tu te souviens quand j'étais gamin, chaque nuit je t'aidais a barricader notre porte d'entrée pour que ces salauds n'entre pas dans notre maison. Et ces salauds, c'était toi.


Toute ma vie j'avais recherché  les traîtres, et voilà que le pire de tous était caché dans mon ventre. Je ne l'avais pas vu venir celui-là. Je ne l'avais jamais remarqué. Avec sa gueule, sa casquette molle, sa veste éliminée. Il heurtait les poteaux. Il riait de rien. Il vomissait sa soirée contre un mur. Il insultait l'ombre qui lui venait en aide. Il glissait sur le trottoir, il tombait, il se relevait avec peine. Il chantait le refrain à la gloire de Danny. Il était déjà seul. C'était devenu un salaud, comme son père. C'est-à-dire, finalement, un homme sans importance.


Plus qu'une demande de pardon, Retour à Killybegs est un hymne à la tolérance, un cri de paix dans un monde d'horreur.
« Sans la guerre il n'y a pas de traître, il n'y a pas de héros non plus » nous dit Chalandon.

Il faut voir Retour à Killybegs comme un travail de deuil. Chalandon souhaite « fermer la tombe de cet ami. » Mais il ne s'agit pas d'un travail égoïstement introspectif, Chalandon nous offre à voir d'extraordinaires personnages portés par des convictions profondes, arrachés à leur foi par l'épuisement de la lutte, fidèles dans leur infidélité même. Il nous fait profondément réfléchir sur le mensonge, sur le point de vue, choses qu'il avait déjà abordées dans La légende de nos pères. Il n'a pas de réponse toute faite : la vie est compliquée et douloureuse, mais qu’importe pourvu qu’elle ait un sens. Il nous parle de la solitude des causes perdues, de la colère née de la haine des autres et de soi-même.

Je n'en pouvais plus de cette guerre, de ces héros, de cette communauté étouffante. J’étais fatigué. Fatigué de combattre, de manifester, fatigué de prison, fatigué de clandestinité et de silence, fatigué des prières répétées depuis l'enfance, fatigué de haine, de colère et de peur, fatigué de nos peaux terreuses, de nos chaussures percées, de nos manteaux de pluie mouillés à l'intérieur. (…) Qu'est-ce qu'elle avait fait pour moi, la République ? Les beaux, les grands, les  vrais ,les Tom Williams, les Danny Finley, étaient morts avec notre jeunesse ! Enterrés avec nos livres d'histoire, Connolly, Pearse, tous ces hommes à cravate et cols ronds ! Nous étions des copistes, des pasticheurs de gloire. Nous rejouions sans cesse les chants anciens. Nous étions d'âme, de chair et de briques, face à un acier sans cœur. Nous allions perdre. Nous avions perdu. J'avais perdu. Et je ne ferais  pas à l'Irlande l’offrande d'une autre vie.


Je reviens enfin sur le style de Chalandon qui n’est qu’à lui même. Précis . Pressé. Econome. Haletant. Magnifique. Avec des mots formidablement choisis, parfois en léger décalage dans une poésie qui souligne le sens.


(commentaire rapatrié)

mots-clés : #guerre
par topocl
le Mar 6 Déc - 13:20
 
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Sujet: Sorj Chalandon
Réponses: 6
Vues: 1248

Stewart O'Nan

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 51iqvk10

"Le nom des Morts"

C'est l'histoire deLarry médecin volontaire au Vietnam qui est le seul rescapé de son "équipe" et de son retour dans sa ville natale d'Ihtaca. Il n'a pas seulement perdu un pied à la guerre, mais il a perdu le sens de sa vie. Il n'arrive plus à se situer dans sa famille (sa femme Vicki et son fils handicapé mental Scott) il ne peut parler de ce qu'il a vécu ni à Vicki, ni à son Père. Il "retrouve toutes les nuits ses compagnons morts au Vietnam". Les rares moments où il se sent à l'aise, et utile sont ceux passés à l'hopital dans le groupe de Vétérans qu'il a en thérapie.
Entre les départs et retours de sa femme au foyer, il tombe amoureux d'une amie et voisine qui est elle-même en déséquilibre affectif et essaye de sortir de son alcoolisme.
Difficile de gérer cette situation qui devient flippante quand l'un des vétérans (Creewley) s'échappe de l'hopital et qu'il s'attaque à lui et à sa famille pour une raison inconnue. Là s'installe pour Larry un retour dans son passé car Creeley s'amuse à poser des "pièges" et Larry doit le débusquer en suivant "un jeu de piste".

L'auteur alterne admirablement la vie de Larry au Vietnam et celle à Ithaca au gré des évènements actuels. Un jeu de "ping-pong" que le lecteur suit avec attention et que l'écriture de l'auteur nous fait apprécier.
Les descriptions dans cet enfer de la jungle sont détaillées et bien au-delà de ce que je pensais savoir ; de même que la chaine de traumatismes au retour de la guerre.
Malgré ce que je peux penser de cette guerre, j'ai aimé ce livre

"message rapatrié"

mots-clé : #guerre
par Bédoulène
le Dim 4 Déc - 8:35
 
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Sujet: Stewart O'Nan
Réponses: 6
Vues: 675

Miguel Barnet

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 51mxpr10

Esclave à Cuba

Cette biographie d'un cimarron constitue un véritable documentaire d'époque en plus d'être un intéressant témoignage.

Esteban, donc un cimarron, nom donné aux esclaves africains fugitifs. Ce centenaire  témoigne de la vie des esclaves dans les plantations et les nombreuses raffineries (d'où l'appellation de Cuba la sucrière) leur dure exploitation par les "maîtres" et les contre-maîtres. Le son de la cloche qui rythmait leur journée et annonçait la nuit où ils devaient rester enfermés dans leur habitat les "barracons". Les punitions pour désobéissance ou quelle que soient les raisons invoquées sont cruelles : le fouet et le carcan. C’était une vie de casi  prisonnier.
Les esclaves qui arrivaient à s’enfuir se cachaient dans les bois et les grottes, ils devenaient  des « cimarrons ». Esteban a bien vécu sa période de fugitif car il est, de son aveu, individualiste et la Nature a su combler cette vie en solitaire. L’individualisme d’Esteban se confirme d’ailleurs tout au long de son récit par sa prudence et sa méfiance envers les autres, attitude qui a contribué à sa  longue vie. Comme il était habile, il volait les cochons dans les haciendas, la nature fournissait les fruits, le feu (avec l’amadou) l’eau et même les médicaments  (par exemple infusion de cuajani)

Dans ce chapitre le lecteur apprend beaucoup sur la faune et la végétation de la région de Siguanea. Esteban remarquera et regrettera  d’ailleurs plus tard que l’abattage des arbres au profit  des cultures de canne à sucre ait programmé la déforestation.
Quand Esteban apprit que les esclaves étaient libres, que c’était le gouverneur Martinez Campos qui avait aboli l’esclavage il sorti des bois et chercha du travail. Sa vie de fugitif était terminée. Tout en conservant son indépendance il se rendait parfois dans les lieux où l’on joue ; les jeux d’argent étaient très prisés, des Noirs, des Blancs et des Chinois.

S’il y avait une importante communauté Chinoise, considérée d’ailleurs par Esteban comme » les gens les plus éduqués », on reconnait parmi les Africains 2 ethnies principales les Lucumis et les Congos, distinction faite par leur pays de provenance et leur religion.
La sorcellerie était une pratique intégrante de la religion ; les Blancs même y recouraient parfois. Esteban était respectueux des vieux conteurs et de leurs conseils.  Son rapport avec la sorcellerie était plutôt celle d’un spectateur , toujours son esprit indépendant,  mais  il acceptait et croyait le plus souvent  ce qui lui était rapporté.

La religion Chrétienne était connue d’Esteban, il n’en ignorait pas les fondements mais il ne comprenait pas certaines obligations lors de fêtes.  Il portait un regard très lucide sur les curés notamment.
Esteban  est très perspicace, il semble bien connaître les hommes et la société ; la vie dans la grande ville de Havana ne lui  convient pas il préfère celle de la campagne.

Esteban s’engagea dans la guerre d’indépendance ; les chefs avaient réunis les Africains et leur avaient expliqué l’utilité de se battre pour conquérir l’Indépendance de Cuba.

« Les vieux qui conservaient  encore frais le souvenir de l’autre guerre* ont fait celle de l’Indépendance. Avec courage mais sans enthousiasme. »

Les jeunes eux se battirent avec vigueur, les Espagnols craignaient encore plus leur machette que les balles ou les bombes.
Esteban décrit les caractéristiques physiques et morales des différentes ethnies qui ont participé à la guerre. Il est très partial pour ceux de sa race, l’auteur avait prévenu le lecteur de ce trait de caractère dans l’introduction.
Esteban explique que nombreux étaient les bandits qui se sont battus pour l’indépendance, certains participaient financièrement ; les voleurs, assassins cotoyaient les ouvriers, Esteban louait certains chefs comme Maceo et José Marti « le plus pur » selon lui. Il fait preuve de beaucoup d’intelligence et de lucidité dans ses propos. Il dénonce aussi les agissements des chefs, notamment ceux qui se sont rendus aux Espagnols (Cayito par exemple)

L’armée des libérateurs Cubains fut victorieuse, mais c’est aux Américains que l’armée Espagnole se rendit. En effet, au prétexte de  protéger ses intérêts suite à des émeutes à la Havane et surtout suite à la destruction de leur cuirassé « Maine » les Américains intervinrent, les Cubains se retrouvèrent donc sous domination Américaine.

Esteban pour sa part assure que ce sont les Américains eux-mêmes qui ont détruit leur cuirassé pour avoir un prétexte plus décisif d’intervenir. Comme ils accusèrent les Espagnols de ce forfait, ce fait débouchera sur la guerre Hispano-américaine.
Malgré cette guerre d’Indépendance le sort des Cubains restait déplorable. Esteban termine ses confidences en  se proclamant prêt à participer aux grandes batailles à venir. Mais avec sa machette.

Le sort des esclaves m’a émue, la guerre d’indépendance est affligeante, d’une part à cause des drames générés, d’autre part parce que la victoire de l’armée Cubaine leur a été volée par les Américains.

A l’époque où l’auteur reçu les confidences d’Esteban la révolution Cubaine a eu lieu et Esteban a l’envie de tout raconter, parce qu’à présent il a le droit de parler.

« En passant dans un parc, j’ai vu qu’on avait perché Gomez sur un cheval de bronze. Je suis descendu encore un peu dans le même par cet j’ai vu qu’on avait mis Maceo sur un autre cheval de bronze. La seule différence, c’est que Gomez regardait vers le Nord et Maceo vers le peuple.
Cela, tout le monde doit le comprendre. C’est la clef même de notre histoire. Je passe mon temps à le répéter, car on ne peut cacher la vérité. Je peux mourir demain, je marcherai jusqu’au bout la tête haute. Mais si le ciel m’en laissait le temps, je raconterais tout. Car, autrefois, à l’époque où j’allais nu et sale dans les bois et où les soldats espgnols étaient propres comme des sous neufs et biena rmés, il fallait se tarie. Maintenant, non ! »



mots-clés : #esclavage #guerre #independance
par Bédoulène
le Sam 3 Déc - 23:53
 
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Sujet: Miguel Barnet
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Bernard Wallet

Paysage avec palmiers


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Un livre glaçant. Récit autobiographique composé de petits paragraphes distincts les uns des autres sans ordre chronologique particulier et qui nous narre des événements divers lors de la guerre au Liban.
Bernard Wallet y vivait dans les années 80 début 90 et nous décrit un univers apocalyptique où seule la violence, la mort, la destruction ponctuent un désespoir permanent.
Ca fait mal, c'est dur, cela nous tenaille. On n'y croit pas, pourtant l'on sait que les guerres sont sales et laides, on sait qu'on n'imagine pas à quel point. Bernard Wallet nous force à regarder en plaquant notre tête sur une sorte de diaporama horrifique.
L'écriture est tristement belle, le style est propre, harmonieux et composé de forts sentiments de colère et de désarroi. Un brin de cynisme conclut cette lecture nécessaire.
Un grand moment de ma vie de lecteur.

Extrait:



mots-clés : #autobiographie #guerre
par Hanta
le Sam 3 Déc - 23:34
 
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Sujet: Bernard Wallet
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Augusto Roa Bastos

Augusto Roa Bastos (1917-2005)

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Augusto Roa Bastos est un écrivain paraguayen du XXe siècle.
Il passe une partie de son enfance dans le monde rural indien d'Iturbe qui servira plus tard de cadre à la plupart de ses romans sous le nom d'Itapé.Iil s'enrôle à l'âge de 15 ans dans l'armée à titre d'assistant infirmier et participe à la guerre pour les terres du Chaco qui oppose le Paraguay et la Bolivie de 1932 à 1935.

Il est ensuite journaliste au quotidien El Païs et commence à publier quelques contes et poèmes. Il découvre les écrivains français (Valéry, Cocteau, Eluard, Breton, Aragon,...) et lit passionément Faulkner. Sa première nouvelle, Fulgencio Miranda, sort en 1941. Pendant la seconde guerre mondiale, il devient correspondant de guerre à Londres, où il donne aussi des cours de littérature, puis séjourne quelques mois en France avant de revenir diriger la rédaction d'El Païs.

Il est contraint de s'exiler au début de la guerre civile de 1947 qui aboutit à la dictature du général Alfredo Stroessner et s'installe à Buenos Aires (Argentine), où il vivra une trentaine d'année. It y écrit la majeure partie de son oeuvre littéraire.
En 1976, à la suite du putsch militaire, Augusto Roa Bastos doit quitter Buenos Aires. Il s'installe en France, à Toulouse, où il enseigne la littérature hispano-américaine à l'université. Il continue à publier. Il ne retourne au Paraguay qu'en 1989, après 42 années d'exil et la chute du dictateur Alfredo Stroessner, retrouvant sa citoyenneté d'origine dont le despote l'avait destitué en raison de son opposition au régime.
A sa mort le président paraguayen Nicanor Duarte a décrété trois jours de deuil national.


Source : http://www.republique-des-lettres.fr/10249-

Ouvrages traduits en français :

1960 : Fils d'homme (Hilo de Hombre)
1974 : Moi, le Suprême (Yo, el Supremo)
1992 : Veille de l'Amiral (Vigilia del Almirante)
1993 : Le procureur (El fiscal)
1994 : A contrevie (Contravida)
1995 : Madame Sui (Madama Sui)
1996 : Métaphorismes (Metaforismos)





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Fils d’Homme

Ce récit est celui de la vie d’hommes et de femmes  du Peuple vivant dans deux villages d’une même contrée au Paraguay  et dont les destins vont s’entrecroiser sur plusieurs décennies  dans les révoltes et les guerres.

Le narrateur, habitant lui aussi d’Itapé qui conte l’histoire dont il est le témoin et l’un des participants en tant que militaire, fasciné qu’il a été enfant par les vêtements rutilants.

Itapé : Les habitants d’Itapé ont adopté comme Fils de Dieu, la sculpture  en bois d’un Christ lépreux sorti des mains d’un musicien – Gaspar Mora -  qui le fit à son image et le laissa pour le remplacer quand il mourut de sa maladie. «  C’est son Fils il l’a laissé pour le remplacer dit Macario » C’est le Fils d’Homme !

Maria Rosa  aimera Gaspar jusqu’après sa mort jusqu’à la folie,  offrant sa belle chevelure au Christ lépreux.

Rancho


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Sapukai : Ville tragique née l’année de la comète qui balaya la Terre de sa queue de feu, où la révolte agraire fut écrasée coûtant la mort des rebelles, trahis par le télégraphiste du village, et de la population. Les stigmates de la gare,  d’où devait partir le train des révoltés et qui  fut bombardée, ne s’aplanirent qu’au bout de plusieurs années. La conservation du  seul wagon encore debout devint pour Casiano,  évadé de la plantation où lui et sa femme Nati travaillaient comme des esclaves, le but de sa vie. Cette obsession, engendra chez leur Fils une volonté d’accomplir ce qu’il devait, que ce soit un nouveau soulèvement ou la guerre où s’engagea sa Patrie.

« Car maintenant il ne restait plus qu’à avancer, avancer toujours, avancer coûte que coûte à travers la jungle, le désert, les éléments déchaînés, la tête morte d’un ami, à travers ce trémolo où la vie et la mort se rejoignaient sur une ligne indéfinissable. C’était ça le destin. Et que pouvait donc être le destin pour un homme comme Cristobal Jara, si ce n’est de conduire son obsession comme un esclave, sur un étroit sentier de la jungle ou sur la plaine infinie, emplie de la sauvage odeur de la liberté ? »

Dans cette ville était arrivé un étranger qu’un jour la population du village découvrit comme étant médecin. Il vivait dans un rancho dans la forêt, s’occupa des lépreux, sauva plusieurs personnes dont Maria Regalada qui lui voua un amour et une reconnaissance inébranlable qui la conduisit,  alors que le docteur les avait tous abandonnés à s’occuper elle-même des lépreux et de son chien fidèle, alors même qu’il l’avait violée.

« Le chien ramasse l’ayaka entre les dents et s’en retourne par le chemin, résigné à tout, aux coups de pieds du tenancier, aux crottes de boue qu’un gamin lui jette avec sa fronde pour exercer son adresse, ou aux serpents et crapauds morts que d’autres lui mettent furtivememnt dans le panier. Lui, il ne s’en rend même pas compte, occupé à sa trace. Il ne sait même plus aboyer. Rien que ce hurlement ténu qui lui sort encore de la gorge certaines nuits, au dernier quartier de la lune, avant de s’endormir roulé en boule contre la porte de la cabane vide.
La Maria Regalada l’attend toujours au croisement du chemin du cimetière pour l’aider pour adoucir les abus".


Les militaires qui étaient punis pour insubordination, conspiration  et les civils  emprisonnés pour soulèvement furent eux aussi mobilisés quand la guerre éclata entre le Paraguay et la Bolivie.  Parce que toute chair est bonne pour la guerre.  

« Près de mon abri git mon adjudant, les lèvres retroussées et bleues dans le dernier visage. Il me tend encore le pot de fer-blanc entre les clavettes de ses doigts, me montrant les dents pleines de terre. Les mouches vertes entrent et sortent par ses fosses nasales. De temps en temps il s’en détache une et elle fait une rapide virée de reconnaissance sur moi, pour voir si je suis déjà mur. J’ai comme l’impression que ma lenteur et ma résistance l’énervent. »

Le destin du narrateur Miguel n’est pas meilleur, considéré dans l’armée comme conspirateur et par la population de Sapukai de traitre, il ne parvient pas à contrôler sa vie tiraillé par sa position et par le sentiment que lui inspire les « révoltés », ces  hommes du peuple.

« Je pense aux autres êtres comme eux, dégradés jusqu’à l’extrême limite de leur condition comme si l’homme qui souffre, l’homme humilié, était toujours et partout le seul être fatalement immortel.
Il doit bien y avoir une issue à ce monstrueux contresens de l’homme crucifié par l’homme. Parce que sinon il faudrait penser que la race humaine est maudite à jamais, que ceci c’est l’enfer et que nous ne pouvons espérer de salut.
Il doit y avoir une issue, parce que sinon……. »


Il est important de lire la préface de l’auteur et la note de la traductrice.  Ouvrir un fil au nom de cet écrivain m’apparait évident.

L’écriture de l’auteur porte toutes les traces de l’histoire de son pays, il a participé à la guerre contre la Bolivie et les descriptions dans son livre sont des plus réalistes.  A travers la mémoire du personnage Macario  est rappelé que ce pays a subi plusieurs  dictatures, cause notamment  de deux soulèvements agraires, malheureusement écrasés par les troupes présidentielles.
Le fait qu'à certains moments les personnages s'expriment dans leur langue le guarani apporte du poids quant aux liens qui les unissent.
Il y a de belles figures de Femmes dans ce récit, femmes compagnes mais aussi "compagnonnes"

C’est une très bonne lecture et ce livre étant le premier d’une trilogie je continuerai donc ma connaissance de cet auteur.

L’un des camions porteur d’eau dans cette région où, en absence,  cet élément était l’un des plus cruels ennemis.


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la route poussièreuse qui étouffait les combattants


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"message rapatrié"




mots-clés : #guerre #insurrection #social
par Bédoulène
le Sam 3 Déc - 15:46
 
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Sujet: Augusto Roa Bastos
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Jean-Michel Guenassia

Je l'avais adoré Le club des incorrigibles optimistes. De l'excellent roman, fluide, bien construit, avec des personnages fouillés et attachants, de l'émotion, inséré dans l'histoire. un beau parcours initiatique.

Par contre j'avais été déçue par:

La vie rêvée Ernesto G.

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 Images71

Je préviens que je vais révéler une péripétie qui survient après la première moitié du livre, mais, comme Guenassia la révèle allègrement dans tous ces interviews, je m'y crois autorisée, et il  serait en outre difficile de rendre compte du livre en passant à côté. Je ne révèle cependant pas la toute fin.

Après avoir écrit Le club des incorrigibles optimistes, qui racontait l'exil parisien de quelques exilés de l'Europe de l'Est, Guenassia s’est donné avec ce nouvel opus deux  mission. Il souhaitait raconter la Tchécoslovaquie à travers un héros qui la voyait de l'intérieur, et il y a ajouté le projet (la fameuses péripétie) d’imaginer une explication pour les quatre mois que Che Guevara passa en Tchécoslovaquie en 1966, sans que personne ne sache jamais ni pourquoi ni comment.

Le premier objectif, c'est à travers Joseph Kaplan, un médecin juif pragois qui a la bonne idée de partir à Paris avant que les ennuis ne commencent à Prague. Il passe la guerre en Algérie, où il est contraint à un exil de 3 ans dans le désert pour échapper aux lois de Pétain et échappe au désastre. Il rentre à Prague avec l'amour de sa vie, Christine, enthousiastes face à ce nouveau régime qui va rendre tout le monde heureux… On assiste peu à peu à la totale mainmise sur les libertés, aux surveillances, aux arrestations, aux exils clandestins.

Bien évidemment, ce destin entre nazisme et communisme aurait dû me captiver, je dois dire que si je l'ai lu sans déplaisir cela ne m'a pas passionnée non plus, Joseph est un peu trop parfait, tellement magnanime qu’on a l'impression qu'il est à peine égratigné par tous ces drames auxquels il est mêlé. Guenassia a une façon de raconter ce qui se passe, en égrenant de petites propositions juxtaposées entre des virgules, qui met une distance, élimine l’ émotion. Pas de pathos dans  son style, alors qu'il y a du pathos dans l’histoire, la fin qui donne des réponses à toutes les questions, retrouve le destin de chaque personnage croisé, sans craindre ni les coïncidences ni les grosses ficelles est là pour le confirmer.

Quant à la fameuses péripétie, le séjour du Che, Guenassia se l’approprie totalement , il y a une histoire d'amour nunuche, qui est absolument non crédible sur toute la durée. Il a la prétention d'éclairer la personnalité du Che, de justifier ses combats ultérieurs et ses échecs. Ce n'est pas tant une insulte à Ernesto Guevara  qu’une insulte à l’ histoire. Certes Guenassia a mis en exergue cette phrase de Neruda « La vérité, c'est qu'il n'y a pas de vérité. ». Ne reculant pas dans le choix de mes références, je répondrai par cette phrase de Topocl : la vérité, c'est que n'importe quoi, c'est vraiment trop n'importe quoi".

Dommage.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #guerre #immigration #regimeautoritaire
par topocl
le Sam 3 Déc - 9:08
 
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Sujet: Jean-Michel Guenassia
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Hubert Mingarelli


Quatre soldats

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un peu hésitante dans les  premières pages, j'ai ensuite regardé, écouté (les silences plus encore) ces 4 soldats que le hasard ? une cigarette, un plat, un mot, un regard ont réunis. Chacun avec sa faiblesse et sa force, oui celle de parler ou de se taire ou d'aider et tous d' apprécier l'autre, le compagnon. Le lac représente un havre, un lieu de partage qu'ils se réservent.
Aucun ne rejoint son bataillon, après la trêve de l'hiver, sans regret mais pourtant lorsque Pavel suggère de déserter, les 3 autres sont démunis, non ils ne peuvent ni ne veulent accepter, cette idée les panique.Alors ils suivront la longue marche dans la guerre.
L'étudiant que leur supérieur leur impose est un atout pour eux, il écrit, il a un carnet ;  alors ils lui demandent de raconter leur vie présente, chacun veut être représenté dans le carnet, une manière de conserver les petits bonheurs de la trêve. Même s'ils ne liront jamais ces écrits, puisqu'ils sont illettrés,  cela leur importe, eux savent.

La guerre, la mort rattrape deux d'entre eux.

Je trouve les personnages bien campés, la simplicité de l'écriture sied à cette période de repos dans  la guerre, s'adapte à ces hommes.  J' aime leur complicité, leur simplicité, leurs astuces, l'attention qu'ils se portent.

Comme dans d'autre livres sur la guerre, à cette période, il apparait que dans les pays européens il y a beaucoup d' illettrés. (certainement dans le monde aussi )

Après réflexion me semble que les cauchemars de Pavel  (la tête, comme Shanidar le dit)montrent que l'homme n'est pas aussi stable que l'apparence qu'il donne, la guerre le marque.


mots-clés : #guerre
par Bédoulène
le Sam 3 Déc - 9:04
 
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Sujet: Hubert Mingarelli
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Mathias Enard

Mathias Énard
Né en 1972

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Mathias Énard, né le 11 janvier 1972 à Niort, est un écrivain et traducteur français, prix Goncourt 2015 pour son roman Boussole.

Mathias Énard, après une formation à l'École du Louvre, suit des études d’arabe et de persan à l'INALCO. Après de longs séjours au Moyen-Orient, il s’installe en 2000 à Barcelone. Il y anime plusieurs revues culturelles. Il traduit deux ouvrages, l'un du persan, et l'autre de l'arabe. Il participe aussi au comité de rédaction de la revue Inculte à Paris et, en 2010, il enseigne l'arabe à l'université autonome de Barcelone.

La Perfection du tir, son premier ouvrage, paraît en 2003, roman narratif d'un tireur embusqué durant une guerre civile — d'un pays non évoqué, mais qui pourrait être le Liban — et son obsession de la mort : « Je ne savais plus si j'étais celui qui tirait ou celui sur lequel on tirait. »4. L'ouvrage est récompensé l'année suivante par le Prix des cinq continents de la francophonie, et Prix Edmée-de-La-Rochefoucauld. Il est aussi sélectionné au Festival du premier roman 2004.
Il est pensionnaire de la Villa Médicis en 2005-2006.

En 2008, Actes Sud publie son roman Zone, caractérisé par une seule phrase à la première personne, de cinq cents pages (avec pour exceptions trois chapitres, extraits de l'ouvrage que lit le narrateur), et récompensé par plusieurs prix, dont le Prix Décembre, le Prix Candide et le Prix du Livre Inter.

Il publie en 2010 aux éditions Actes Sud un petit conte, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, sur un épisode probablement fictif de la vie de Michel-Ange, une escapade à Constantinople, où il débarque le 13 mai 1506 à l'invitation du sultan Bajazet II. Ce court récit montre la Constantinople tolérante et européenne qui a su accueillir les juifs chassés d'Espagne par les rois catholiques. L'ouvrage est couronné par le prix Goncourt des lycéens 2010, et par le 25e Prix du livre en Poitou-Charentes & La Voix des lecteurs en 201211, décerné par le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes.

Féru d'art contemporain, Mathias Énard a par ailleurs créé en 2011 les éditions d'estampes « Scrawitch », et sa galerie homonyme, dans le 11e arrondissement de Paris, créée avec Thomas Marin, lithographe, et Julien Bézille, philosophe de formation.

En 2012, il publie Rue des voleurs chez Actes Sud, récit de voyage d’un jeune Marocain errant en Espagne lors des printemps arabes et du mouvement des indignés. Rue des voleurs est la réaction de l’écrivain à ces événements, ainsi qu’une réflexion plus large sur l’engagement et la révolte. Lors du Salon du Livre francophone de Beyrouth (26 octobre - 4 novembre 2012), il reçoit le premier prix Liste Goncourt : Le choix de l'Orient décerné par un jury composé d'étudiants d'universités du Liban et d'autres pays du Proche-Orient, sur le modèle du prix Liste Goncourt : le choix polonais. Le prix de l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire a également été décerné à cet ouvrage en 2013.

En 2015, il se voit décerner le prix Goncourt pour son roman Boussole qui traite de la vision de l'Orient par l'Occident.

(sources wikipedia)

Bibliographie :

2003 : La perfection du tir : Page 2, 3
2005 : Remonter l'Orénoque page 3
2007 : Bréviaires des artificiers
2008 : Zone ; page 1, 2
2010 : Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants ; page 1, 2
2011 : L'Alcool et la Nostalgie ; page 1, 2, 5
2012 : Rue des voleurs ; page 1, 4
2013 : Tout sera oublié ; page 1
2015 : Boussole ; page 1, 2
2016 : Dernière communication à la société proustienne de Barcelone (poésie) ; page 1, 2
2018 : Désir pour désir ;
2020 : Le Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs ; Page 4, 5
2023 : Déserter ; Page 5

màj le 23/04/2024

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Zone

Tag guerre sur Des Choses à lire - Page 7 41-2bc10


Juste quelques mots, sur ce livre dense et complexe

Une plongée en apnée ce livre et quelques bouffées d'air juste pour survivre.
Quel travail d'écriture pour relier, comparer les guerres depuis l'Antiquité jusqu'à notre siècle, l'analogie des bourreaux, des victimes ; véritable archéologie de la guerre.
Les révélations sur de nombreux écrivains pointent les comportements individuels dans le conflit.
Les villes aussi me sont apparues comme des "personnages", tantôt bourreaux tantôt victimes.
Le narrateur est d'une lucidité et d'une franchise terrible dans ses sentiments, j'ai particulièrement retenu le passage - lors de l'enterrement de son père - qui lui permet en évoquant Malcom Lowry de découvrir la sauvagerie dont son père l'accusait.
Avoir choisit le trajet en train, a permis le rythme et les pauses de l'écriture.

Une lecture ineffaçable et hélas actuelle !


mots-clés : #criminalite #guerre #historique #voyage
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 22:45
 
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Sujet: Mathias Enard
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Hubert Mingarelli

Un repas en hiver

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Un court roman dans l'épure stylistique mettant en scène trois allemands , un polonais et un juif prisonnier autour d'un repas improvisé dans une vieille maison désaffectée lors de la seconde guerre mondiale .

Quelques minutes de réchauffement , quelques secondes de bien-être dans la communion pourtant improbable dans d'autres conditions , un élan fugace de compassion , un regard de haine engendrant une réaction compassionnelle impossible l'instant d'avant , un refuge névrotique pour l'un , un refuge éphémère dans le rêve pour l'autre , une armure d'insensibilité encore ou une absence à soi ....


Il a fallu faire partir le décor en fumée pour se réchauffer de la bonne soupe sur la cuisinière à bois : pour taire la faim , pour retrouver une étincelle d'humanité et d'éclat de fraternité ...Mais bientôt le bruit de la cuillère contre le quart vide annonce la fin de la trêve .


Cinq hommes dans la survie , l'âme abimée par l'histoire de l'humanité et le rôle que le destin leur fait porter : quel que soit le choix restreint du moment , les conséquences seront tragiques , comment garder un peu d'humanité face à une implacable destinée historique ....


La trivialité du moment décrite avec une sobriété quasi minimaliste laisse hurler le silence et fait résonner les pensées secrètes de chacun ou les absences intellectuelles ....Que reste-t-il de l'homme lorsque sa conscience se trouve prisonnière de l'absurdité de l'histoire ...


On pourrait disserter à l'infini : Mingarelli éveille les blessures secrètes de l'humanité par la petite porte intimiste ....


Inutile de vouloir refermer le livre : il vit en nous , c'est toute l'histoire du monde et de l'humanité auquel il est vain de vouloir échapper puisque nous en sommes créateurs ....


mots-clés : #psychologique #guerre
par églantine
le Ven 2 Déc - 18:41
 
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Sujet: Hubert Mingarelli
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Laurent Gaudé

Laurent Gaudé
Né en 1972

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Laurent Gaudé, né le 6 juillet 1972 dans le 14e arrondissement de Paris1, est un écrivain français. Il a obtenu le prix Goncourt des lycéens et le prix des libraires avec La Mort du roi Tsongor en 2002. Et en 2004, il est lauréat du prix Goncourt pour son roman Le Soleil des Scorta1, roman traduit dans 34 pays.

Il a étudié à l'École alsacienne. Après une maîtrise de lettres à l'Université Paris III, pour laquelle il a soutenu un mémoire intitulé Le thème du combat dans la dramaturgie contemporaine française, sous la direction de Michel Corvin (1994), puis un DEA à la même université, pour lequel il a soutenu un mémoire intitulé Le conflit dans le théâtre contemporain, sous la direction de Jean-Pierre Sarrazac (1998), Laurent Gaudé écrit pour la scène (1999).

Sa première pièce, Combat de possédés, paraît en 1999. Elle sera jouée en Allemagne et lue au Royal National Theatre de Londres. La seconde pièce de Laurent Gaudé, publiée en 2000, est Onysos le Furieux. Il s'agit d'un monologue épique4, écrit en seulement 10 jours au printemps 19964. Laurent Gaudé a aussi écrit d'autres pièces de théâtre dont Pluie de Cendres, Cendres sur les mains, Médée Kali, ou encore Le Tigre bleu de l'Euphrate.

En 2002, La Mort du roi Tsongor, son deuxième roman, lui vaut d'être cité pour le prix Goncourt et surtout d'être récompensé par le prix Goncourt des lycéens et le prix des libraires. Deux ans plus tard, il remporte le prix Goncourt ainsi que le prix du jury Jean-Giono avec son roman Le Soleil des Scorta qui sera également un succès de librairie (80 000 exemplaires vendus entre la parution du roman et l'attribution du prix Goncourt en 2004).

En juin 2015, un extrait d'une de ses œuvres, Le Tigre bleu de l'Euphrate (2002), fait l'objet d'un travail de commentaire pour l'épreuve anticipée de français du baccalauréat ; cette même génération de lycéens avait déjà eu l'occasion d'étudier un extrait de son roman Le Soleil des Scorta (2004) lors de l'épreuve de français du diplôme national du brevet 20137.


Bibliographie

Cris, Actes Sud, 2001
La Mort du roi Tsongor, Actes Sud, 2002 : Page 1, 2
Le Soleil des Scorta, Actes Sud, 2004 : Page 2
Existe en version illustrée, par le peintre et illustrateur Benjamin Bachelier, éd. Tishina, 2014
Eldorado, Actes Sud, 2006 : Page 1
La Porte des Enfers, Actes Sud, 2008
Ouragan, Actes Sud, 2010
Pour seul cortège, Actes Sud, 2012
Danser les ombres, Actes Sud, 2015 : Page 1
Écoutez nos défaites, Actes Sud, 2016 : Page 1, 2
Salina : les trois exils, Actes Sud, 2022 : Page 2

màj le 26/09/2022




Ecoutez nos défaites

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Nous suivons alternativement trois chefs de guerre, Grant et ses batailles pendant la guerre de Sécession, Hannibal contre son ennemi de toujours Rome et Hailé Sélassié, le Négus  au moment où l’Italie de Mussolini défait l’Ethiopie.
L’unique  rencontre d’Assem, qui sert l’Etat Français dans des missions spéciales et de Mariam Archéologue ramène les guerres à notre siècle, à nos défaites extérieures et intérieures.

Les victoires et les défaites se succèdent  « La guerre n’est faite que de cela : de ce va-et-vient ; manger du terrain ou le perdre. Tenir ou reculer. »
Grant « le boucher » que ses migraines torturent « connaît cet instant où l’homme est allé si loin qu’il n’en était plus un. »
Hannibal doit sa légende aux 45000 morts qui dorment dans la terre d’Italie, « Sa victoire est là mais il veut se souvenir que ce sont des morts qui la lui offrent. »
Hailé Sélassié  doit quitter son pays après la défaite contre les Italiens, mais le discours qu’il prononcera devant l’Assemblée de la SDN  accusera les pays signataires du Pacte de Paris de ne pas avoir honoré leur signature, la SDN est discréditée aux yeux du monde.

Victoires ou défaites nourrissent la Terre de leurs morts, comment alors se réjouir d’être vainqueur ? C’est le questionnement que l’auteur pose.
« « Plus jamais cela ». Chaque génération a prononcé cette phrase. Est-ce que l’Histoire ne sert à rien ? «
L’Histoire enseigne mais les hommes  n’acceptent pas ses leçons.

Le lecteur suit les personnages qui se déplacent ou sont déplacés, tels des pions sur le grand échiquier du monde où les hommes s’affrontent  dans l’espace et le temps .
L’auteur présente souvent l’Histoire comme une personne : « l’Histoire hésite… » l’Histoire a choisi… »  Certes, l’ Histoire a  une conscience celle de tous les Hommes.
L’empathie de l’auteur est sensible, il découvre malgré la folie des hommes,  leurs faiblesses  et leurs blessures.

Extraits

Il y a pire que l’horreur d’une bataille qui fut un cauchemar hallucine. Il y a pire que les mains qui tremblent pendant des heures encore après la mêlée, que les cheveux roussis par les incendies, il y a pires que ces milliers de morts dans cette forêt si dense que les balles ricochaient comme dans un labyrinthe fou, il y a le sentiment de l’inutilité.  Une bataille pour rien.
Ils sont là, le piège est en place et la statue du lion de Juda regarde les conspirations des hommes et le brouhaha incessant des voitures avec la même indifférence.
C’est une bonne nouvelle et cela aussi est étrange : des hommes vont crever de faim et c’est une bonne nouvelle.
Des morts de partout tendent leur cou pour lire au-dessus de son épaule.
Mais le peuvent-ils encore tous ces hommes , reposer en paix ?



mots-clés : #guerre #historique
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 17:00
 
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Sujet: Laurent Gaudé
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