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Arthur Koestler

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Message par Bédoulène Sam 3 Déc - 17:56

Arthur Koestler
(1905-1983)


Arthur Koestler Arthur10

Arthur Koestler, né Artúr Kösztler ([ˈɒɾtuːɾ], [ˈkøstlɛɾ]) le 5 septembre 1905 à Budapest et mort le 1er mars 1983 à Londres, est un romancier, journaliste et essayiste hongrois, naturalisé britannique. Il est né dans une famille hongroise juive ashkénaze et de langue allemande. Il est le fils d'un industriel et inventeur prospère dont le grand succès commercial avait été le « savon de santé », dans lequel les graisses animales, difficiles à trouver durant la Première Guerre mondiale étaient remplacées par des substances minérales faiblement radioactives. On pensait en effet à cette époque que la radioactivité avait des vertus curatives.

Arthur Koestler étudie l'ingénierie à l'école polytechnique de Vienne, et la littérature et la philosophie à l'université. Parallèlement à ses études, il fouille la psychanalyse, lisant Freud aussi bien que les écoles dissidentes, Jung, Adler, Stekel. Il a fait partie de l'une des associations d'étudiants juifs, Unitas, et s'y familiarise avec le judaïsme. Il fait la connaissance de Vladimir Jabotinsky et adhère à la cause sioniste révisionniste qui veut créer en Palestine un État juif moderne et démocratique.

En 1926, il abandonne ses études et part en Palestine comme simple khaluts (pionnier ou ouvrier agricole dans une kvutsa, communauté plus petite que le kibboutz). Son expérience ne dure pas longtemps. Il part pour Haïfa où, avec Abram Wienshall, il crée Zafon (hebdomadaire en hébreu), ainsi que Sehutenu [Notre droit], qui est la ligue des droits civiques, fournissant une assistance judiciaire aux juifs. Il entre au Parti communiste allemand en 1931 et en sort en 1938, en raison des procès de Moscou. Il fait plusieurs séjours en Union soviétique durant cette période.

Couvrant la guerre d'Espagne pour un journal anglais, il est emprisonné et condamné à mort par les franquistes, mais est échangé quelque temps plus tard contre un prisonnier espagnol par le gouvernement britannique. Durant la « drôle de guerre », Arthur Koestler couvre la situation en France, mais est ensuite interné au camp du Vernet par les autorités françaises. Il s'engage dans la Légion étrangère, change d'identité, quitte les rangs de la Légion sans autorisation et rejoint Londres. Ayant demandé à rejoindre l'armée britannique, il est affecté en mars 1942 à la conception d'émissions et de films de propagande au ministère de l'Information. Dans ce cadre, il rencontre Jan Karski et lit à la BBC en mai 1943 le texte rédigé par Karski pour la radio : «L'extermination de masse des Juifs – Rapport d'un témoin oculaire». L'auteur a relaté dans plusieurs ouvrages cette période de sa vie.

Après la guerre, Koestler, qui a conquis une notoriété internationale, sert la propagande anticommuniste menée par les services de renseignements britanniques. Il est l’un des plus importants conseillers de l’Information Research Department lors de sa mise en place en 1948 et milite au sein du Congrès pour la liberté de la culture. Arthur Koestler est fait officier de l'ordre de l'Empire britannique (OBE) en 1972. Atteint de la maladie de Parkinson et de leucémie, il met fin à ses jours par absorption de médicaments en 1983, conjointement avec sa troisième épouse Cynthia. Il défendait depuis longtemps l'euthanasie volontaire et était devenu en 1981 vice-président d'Exit.
source : wikipédia

Oeuvres traduites en français :

Romans :
1932 : Au chat qui louche
1934 : Les Tribulations du camarade Lepiaf
1939 : Spartacus
1943 : Croisade sans croix
1945 : Le Zéro et l'Infini :  Page 1
1946 : La Tour d'Ezra :  Page 1
1951 : Les hommes ont soif
1972 : Les Call girls

Théâtre :
1945 : Le Bar du crépuscule, une bouffonnerie mélancolique en quatre actes

Essais :
1945 : Le Yogi et Le Commissaire
1955 : Réflexions sur la peine capitale (en collaboration avec Albert Camus)
1959 : Les Somnambules, essai sur l'histoire des conceptions de l'univers
1964 : Le Cri d'Archimède : l'art de la découverte et la découverte de l'art
1967 : Le Cheval dans la locomotive
1971 : L'Étreinte du crapaud
1972 : Les racines du hasard
1976 :  La Treizième Tribu : L'Empire khazar et son héritage :  Page 1
1978 : Janus (suite de La locomotive)
La Pulsion vers l'autodestruction
Analyse d'un miracle

Ouvrages autobiographiques :
1937 : Un Testament espagnol
1941 : La Lie de la terre :  Page 1
1950 : Le Dieu des ténèbres (ouvrage collectif)
1952 : La Corde raide :  Page 1
1954 : Hiéroglyphes :  Page 1
1983 : L'Étranger du square (en collaboration avec Cynthia Koestler)

màj le 4/11/2017


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Arthur Koestler 51wb9g10

La lie de la terre  (ce livre a fait l'objet d'une LC)

Le récit de Koestler est un véritable documentaire sur l’histoire ; celle de la France  pendant la période de la seconde guerre mondiale et plus précisément de 1939 à 1941 date à laquelle il parviendra à rejoindre l’Angleterre. Mais c’est surtout l’histoire d’Hommes qui comme lui ont dû  fuir leur pays, en proie au fascisme, parce qu'ils étaient Juifs ou communistes et rejoint la France«dernier rempart européen de la liberté».Mais ces Hommes persécutés ont été  « Poursuivi comme le dit K. de Berlin à Paris et rattrapé en France par «la lente procession funèbre avec ses drapeaux où paresse l'araignée noire». Quelle image terrible ! et offerts par le gouvernement français à la Gestapo comme tant d'autres moins connus.

Durant une brève période sans turbulence d’avant la déclaration de guerre,  Koestler goûte aux douceurs  du  sud de la France avec sa compagne.  Dès qu’ils rejoignent Paris, ils apprennent que la chasse aux Etrangers a commencé ; après avoir été arrêté et trimbalé de commissariat en camp  de regroupement Koestler est  interné au Camp du Vernet dans les Pyrénnées. Son récit sur les conditions de survie dans ce camp est dramatique ; comment l’Administration française a-t-elle pu agir ainsi ? le lecteur en est bouleversé, et le citoyen français honteux. Nous le suivrons après avoir été relâché, mais  obligé de se cacher, de fuir vers la zone libre  à travers les vicissitudes en cette période d’ »apocalypse », jusqu’à Marseille où il réussira à s’embarquer vers l’Angleterre.

Koestler nous livre ses sentiments envers le Parti communiste français,  et la Russie
«Le plus exaspérant chez nos communistes était la difficulté pour  nous de les détester. Ils n'avaient aucun des vices traditionnels que nous méprisions ; ils ne volaient pas, et ne cafardaient pas, ils n'étaient ni corrompus ni égoïstes, ils éclataient de vertus. Leur seul défaut était que l'intoxication systématique par la dialectique stalinienne les avaient rendus daltoniens en ce qui concernait leur logique et leur éthique. C'était leur seul défaut, mais un défaut désastreux.»

«Cependant, ceci ne s'applique qu'aux simples soldats prolétaires du parti communiste. Il y avait dans la baraque trente-trois quelques chefs du parti communiste allemand pour qui le contraire était vrai. Il était difficile de ne pas les détester.»

«Nos sentiments envers la Russie étaient ceux d'un homme qui a divorcé d'avec une femme très aimée ; il la hait et, pourtant, c'est encore une sorte de consolation pour lui de savoir qu'elle est là, sur la même planète, jeune et vivante." Mais, maintenant, elle était morte. Aucune mort n'est aussi triste et aussi définitive que la mort d'une illusion.»

la gauche européenne,
«Une des raisons de la banqueroute de la gauche européenne fut son impossibilité à réaliser combien les distinctions de classes sont profondément enracinées dans la mentalité des individus. Ils pensaient qu'ils pouvaient traiter comme un simple préjugé ce qui, en réalité, était devenu un réflexe condition né du genre humain.»

le gouvernement français,
«La guerre avait enfin ouvert à la bureaucratie un débouché à sa traditionnelle xénophobie, mais dans notre cas, un nouveau motif s'y ajoutait. La bureaucratie était pro-Bonnet et pro-Munich et bien qu'elle ne fût pas consciemment pro-Hitler, elle avait pratiquement et tout bien considéré une Weltanschauung fasciste. Elle haïssait tous les réfugiés fauteurs de guerre, qui, d'après elle, avaient entraîné la paisible France dans cette guerre.»

Les français, qui dans leurs propos sont fascistes ou en devenir !

Koestler écrit en parlant de l'Angleterre comme de la France

«Non, il ne voulaient pas de nous, même pas comme chair à canon. Notre seule contribution à cette guerre, qui était notre guerre beaucoup plus que la leur, était rester derrière les barbelés. Ils nous avaient volé notre guerre. Ils nous l'avaient volée et l'avaient perdue ; maintenant les Français allaient s'en laver les mains avec le savon fasciste tandis que nous serions écrasés et enterrés sous les décombres.»

Une réflexion ironique et amère :
«Les antifascistes étaient évidemment très gênants dans une guerre contre le fascisme. Nous étions les indésirables et j'en avais assez d'offrir des services dont personne ne voulait.»

Je retiens aussi la dernière phrase de l'appendice :

«Mais peut-être les historiens futurs déterreront-ils leur histoire pour conter l'épopée des Brigades Internationales et de mon vieux camp de concentration ; et peut-être changeront-ils l'étiquette qu'on leur a collée et les appelleront-ils ce qu'ils furent réellement : Le sel de la terre».

Mais je crains que ce souhait ne se soit pas avéré quand je vois la montée des partis nationalistes en Europe.

(message rapatrié)


mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre


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Message par topocl Dim 18 Déc - 16:20

Le zéro et l'infini

Arthur Koestler Image118

 Il n'y a que deux conceptions de la morale humaine, et elles sont à des pôles opposés. L'une d'elle est chrétienne et humanitaire, elle déclare l'individu sacré, et affirme que les règles de l'arithmétique ne doivent pas s'appliquer aux unités humaines – qui, dans notre équation, représentent soit zéro, soit l'infini. L'autre conception part du principe fondamental qu'une fin collective justifie tous les moyens, et non seulement permet mais exige que l'individu soit de toute façon subordonné et sacrifié à la communauté –  laquelle peut disposer de lui soit comme d'un cobaye qui sert à une expérience, soit comme de l'agneau que l'on offre en sacrifice.


Je dois avouer (bien que dans un contexte pareil le terme « avouer » soit à utiliser avec précaution) que j'ai eu du mal à entrer dans le livre. Je ne sais pas trop si cela vient de moi (lecture hâchée et inhabituellement étalée sur plus d'une semaine) ou du propos qui s'élabore peu à peu.

Il s'agit des derniers jours d'un ancien chef révolutionnaire incarcéré comme Ennemi du peuple  lors des purges de Staline, interrogé jusqu'à ce qu'il  se renie soi-même pour le bien du Parti. Autant il a été fanatique et sans scrupule dans ses débuts, autant il s'interroge maintenant sur le sens de la révolution, et ses dérives.

   Je plaide coupable d'avoir placé la question de la culpabilité et de l'innocence avant celle de l'utilité et de la nocivité.


La première partie, « la première audience », est un récit de prison assez (trop?) classique :  les humiliations, les messages codés qui passent d'une cellule à l'autre, les promenades des prisonniers dans la cour… La deuxième partie, « la deuxième audience » m'a un peu trop fait penser à des annales du bac de philo vaguement cliché, rédigées par un amateur de métaphores vaseuses(la balançoire, l'écluse, l'écorché) avec ces questions éternelles et jamais résolues : faut-il privilégier le bien individuel ou le bien collectif, faut-il faire le bonheur des gens malgré eux, la fin  justifie-t-elle les moyens, les masses sont-elles aptes à décider de leur sort, faut-il mourir pour ses idées ?...Cette remarque tient , bien évidemment, pour ma lecture faite au XXIe siècle, et aurait sans doute été sans déplacée à l'époque (1938) où le livre a été écrit,

C'est ensuite, à la « troisième audience » que le livre monte en puissance, l'absurde s'impose et terrifie, tout se referme sur le personnage comme un rouleau compresseur. « Cette assez grotesque comédie », dévoile toutes ses traîtrises dans l'unique but de «  consolider la dictature ».

L'épilogue consiste en un implacable constat d'échec de l'utopie : malgré l'apparent triomphe du Parti, «le drapeau de la Révolution est en berne » et, bien qu'il soit « jeté en pleine démence », l'individu reprend ses droits.


mots-clés : #politique #regimeautoritaire

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Message par Bédoulène Dim 18 Déc - 16:56

Arthur Koestler 22510110

Hiéroglyphes

Le premier tome relate l'engagement de Koestler au PC Allemand, l'auteur prévient le lecteur  «Il m'a été impossible de ressusciter l'enthousiasme naïf de cette époque : j'ai pu en analyser les cendres, mais non en ranimer la flamme».

Cependant l'euphorie se dévoile  tout de même dans  certaines phrases, et notamment  par la critique qu'il en fera plus tard, dans les qualificatifs qu'il emploie : «C'est cet aspect actif, brave et chevaleresque du communisme qui m'attira, avec des millions d'autres, dans le Parti, et qui compensa nos déceptions.»

chapitre 1 : Euphorie :  l'engagement au Parti, la vie du Parti communiste Allemand, la foi, l'espérance en la Russie Soviétique, la montée du fascisme.

L'endoctrinement au Parti, résulte de  la dialectique, l'obéissance aux  directives du Komintern, les mesures extrêmes  de sécurité,  la perte d'identité, de l'individu ; le Parti est l'Unité.

Il écrira « La doctrine marxiste est une drogue, comme l’arsenic ou la strychnine, qui, prise à petites doses, peut avoir un effet stimulant, à doses plus élevées un effet paralysant sur le système créateur

A propos du Parti communiste Allemand  : «Après le 20 juillet 1932, il était évident pour tout le monde, sauf pour nous, que le K.P.D., le plus fort des partis communistes d'Europe, était un géant châtré dont les rodomontades ne servaient qu'à masquer la virilité perdue.»

Le PC Allemand se prépare à la clandestinité qui se profile à la montée du fascisme. Koestler contrairement aux autres membres, procède son engagement en demandant par écrit son adhésion au Parti.

L'antinomie entre les socialistes et les communistes est très vive et s'exerce au détriment de la gauche.

Les luttes entre les nazis et les communistes sont fréquentes,  parfois armées, des traquenards où tombent les camarades de Koestler. Lui sera employé à la propagande et par son métier de journaliste à relater ce qu'il entend et peut servir au Parti.


Chapitre 2 : Utopie : Koestler part en Russie, il doit taire son appartenance au parti pour accréditer les articles qu'il doit écrire pour vanter le Plan Quinquenal, il visite la Russie d'Europe et la Russie d'Asie ; il tombe en période de famine, mais la Terreur n'a pas encore commencé au fur et à mesure de son voyage il découvre une Russie de pénuries de tous ordres, lui en souffre moins car les «étrangers» s'approvisionnent à une coopérative privée.

Il comprendra plus tard son attitude là-bas : « J’avais des yeux pour voir, et un esprit conditionné pour éliminer ce qu’ils voyaient. Cette « censure intérieure » est plus sûre et efficace que n’importe quelle censure officielle. »

l ’explication de K. quant au fait que des intellectuels tels que lui soient restés plusieurs années au PC alors même que malgré leur aveuglement ils avaient des doutes, des crises comme il le dit, devant certains faits, il s’avère que d’autres évènements encore plus ignobles (Hitler pour l’Allemagne, Franco pour l’Espagne) les ont confortés de rester dans cette idéologie.

Tome 2 : Exil

Koestler quitte la Russie, mais ayant appris l'accession au pouvoir d'Hitler part pour la France. Ces écrits sont régulièrement refusé par le Parti car trop de sentiments romantiques et bourgeois.  Koestler est complètement démuni de tout ce qui permet de vivre (argent, logement etc.) mais c'est presque pour lui une renaissance  ; il résume ainsi son attitude pendant cette période :

«Si je m'abandonne souvent à des accès d'abattement, les véritables catastrophes me remplissent en général d'une espèce d'exaltation. Et, bien que, je sois jalousement attaché ç ce que je possède et qu'une perte partielle - une chemise volée, une tache sur un meuble - m'irrite et m'attriste, la perte totale de tous mes biens fit naître en moi, les trois fois où la chose se produisit, un sentiment de libération, l'excitatiion d'un nouveau départ. Cela fait partie, j'imagine, du tempérament apocalyptique, du type de mentalité qui aspire à tout ou rien, tempérament qui manque de force dans les crises mineures mais s'épanouit dans les catastrophes


Koestler fait une analyse très réaliste des raisons qui ont amené l'Occident à la seconde guerre mondiale : tous coupables, droite ou gauche, gouvernements, à des degrés différents «ont eut dit qu'ils étaient tous associés dans un pacte de suicide européen.»

La guerre civile débute en Espagne, Koestler y part, pour le Parti, comme «reporter» pour 2 journaux, il se servira de la mission de l'un ou de l'autre au gré de la situation, à sa 2ème mission il est arrêté et emprisonné, il ne doit sa liberté qu'à l'intervention collective de plusieurs intellectuels et scientifiques, ainsi qu'à sa femme dont il est séparé d'ailleurs. En prison il se découvre une paix intérieure qu'il attribue à «l'écriture invisible» comme il appelle cette nouvelle spiritualité (para-psychologie par exemple, expériences sensorielles).

Koestler écrit 3 livres «alimentaires» sur la sexualité, édités par ses cousins.

Le processus de retrait de Koestler par rapport au Parti s'est inscrit dans son esprit sans qu'il en prenne conscience mais après avoir eu connaissance de la Terreur installée en Russie, avoir perdu tant d'amis, il sait qu'il ne pourra plus avaler tous les mensonges, que le dernier lien s'est rompu en apprenant le pacte Hitler/Staline.

«Je devins de plus en plus conscient d'une dette écrasante à payer. Le Zéro et l'Infini que je commençais à écrire l'année suivante en fut un premier règlement.»

et vis à vis de Dorothy qui a grandement contribué à sa libération d'Espagne :

«Je découvris que j'avais, sans le savoir, contracté une autre dette, une dette personnelle, impossible à payer.»

Après une série de conférence en Angleterre où il exprime ouvertement son sentiment sur ceux (POUM) que le Komintern  accuse de trahison, Koestler rédige sa lettre de démission au Parti, mais la termine par une déclaration de fidélité à l'Union Soviétique.

«Etonnant, mais pourtant pas incompréhensible à la lecture de  l'aveu qui suit et dont on peut retrouver l'esprit chez Ignazio Silone et certainement d'autres ex-communistes.»

«J'avais vingt-six ans quand j'adhérai au parti communiste, et trente-trois quand je le quittai. Les années intermédiaires avaient été des années décisives, tant par la saison de la vie qu'elles remplirent que par la façon dont elles la remplirent d'un objet unique. Jamais auparavant, ni depuis, l'existence ne me sembla aussi débordante de sens que pendant ces sept ans. Elle avait la supériorité d'une belle erreur sur une vérité sordide.»

Après sa démission du PC, Koestler a été en butte aux attaques du Parti, notamment pour son livre révélateur sur les procès de Moscou : Le zéro et l'Infini. Son livre est attaqué notamment par l'un de ceux qui avait fait partie du collectif de sa défense alors qu'il été emprisonné Frédéric Joliot-Curie.

Koestler part pour un reportage, passant par la Grèce, Alexandrie, il découvre dans ces pays des luttes, il restera 2 mois et demi en Palestine. Pays où il s'est rendu 11 ans auparavant,

A l'époque à propos des sionistes :

«Il ne s'agissait plus de se demander si le sionisme était une idée bienfaisante ou non. Ils savaient que les chambres à gaz étaient proches. Ils avaient dépassé le stade de la discussion. Quand on les provoquait, ils montraient les dents.»

La terreur arabe s'exprimait par intermittence.

Entre 1942 et 1948 Koestler fit plusieurs séjours, écrivit 2 livres, fit des conférences, plaida la cause du partage comme seul moyen de mettre fin à l'horreur.

Koestler s'établit définitivement dans «la paisible Angleterre», mais visita plusieurs pays, il était à présent un écrivain connu.


C'était une très bonne lecture, mais j'en sors  remuée. Dans le deuxième Tome je trouve que Koestler revient trop souvent sur le passé déjà évoqué et l'on perd donc la chronologie ce qui à mon avis nui un peu à la cohérence des évènements.

Mais j'aime l'honnêteté de Koestler, son analyse, je suis sensible à sa «névrose d'anxiété», sa timidité, je veux le connaître mieux encore, je lirai donc d'autres livres... mais après une pause car j'ai besoin de digérer cette période très troublée.

Si Koestler a trouvé en l'«écriture invisible» une nouvelle spiritualité, je suis sure  que l'héritage du parti communiste s'est inscrit avec  une «encre indélébile».






mots-clés : #autobiographie #politique


Dernière édition par Bédoulène le Jeu 10 Aoû - 15:57, édité 5 fois

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Message par Nadine Sam 18 Fév - 12:51

Merci Bédou, tu m'as fais acheter un livre de lui, ce matin. Les hommes ont soif. je l'ai pris en pensant à toi.
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Message par Tristram Sam 18 Fév - 14:44

A lire vos comptes rendus de ceux de Koestler sur le communisme dans des livres que j'ai lus il y a longtemps, je comprends mieux d'où me vient mon analyse de ce qui fut un idéal fort légitime avant de sombrer dans une horreur difficile à nier.
Mes seules récentes incursions dans son œuvre (des essais, Les Somnambules, Essai sur l'histoire des conceptions de l'Univers, L’Étreinte du crapaud ‒ je cherche Les racines du hasard) portent sur tout autre chose, l'étude des coïncidences, passionnante quoique mal fondée d’un point de vue scientifique (cf. l’engouement surréaliste à ce propos, dans Nadja par exemple). Il me faudrait compte rendufier ‒ quand j'aurai lu Les racines du hasard !

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Message par Bédoulène Sam 18 Fév - 16:33

j'espère que ce sera pour toi une bonne lecture Nadine (le livre de Laval sur Koestler "un homme sans concession" que j'ai lu en compagnie de Shanidar nous a beaucoup intéressé)

Je suis moins attirée par ses essais mais peut-être que si Tristram nous fait un commentaire je tenterai Smile

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Message par Bédoulène Sam 18 Fév - 16:41

Arthur Koestler 41qggo10


la 13ème tribu



Commentaire qui ne saurait être que rudimentaire tant il y aurait à dire sur cette lecture intéressante, instructive et l’écriture de Koestler que j’apprécie de plus en plus au fil de mes lectures.

Pourquoi  l’appellation de 13ème tribu ? tout simplement parce que jusqu’à ce que le monde en ai connaissance, n’étaient connues  que les 12 tribus d’Israël, or  nous savons aujourd’hui qu’une autre tribu  s’est convertie  au judaïsme en 740 .  Ces ancêtres  là se sont installés au fil des siècles dans toute l’Europe orientale et jusqu’en Hongrie et Pologne et leurs descendants essaimés par de nombreuses ramifications ont émigré dans le monde.

Le peuple Chinois repoussaient depuis le Ier siècle les nomades vers l'ouest, d'où la présence de nombreuses tribus, mais qui s'éteignirent, ce dont bénéficia  ladite 13ème tribu, celle des KHAZARS. La Khazarie règnera 1 siècle et demi sur la région ce qui démontre sa puissance.

A l'époque les peuples nomades étaient appelés indifféremment du nom collectif de "Turks" par rapport non à la race mais bien à leur langue ouralo-altaïque (en référence géographique à l'Oural et la chaine de Montagne l'Altaï)

La structure politique  de la Khazarie  était gérée par 2 chefs,  le Kagan qui détenait le pouvoir religieux et le Kagan- Bek  le pouvoir séculier. L’économie  était prospère (commerce, taxes de douanes, tributs des suzerains auxquels s’ajoutaient les prises de butins)

La khazarie a une fonction étatique vis à vis des peuplades suzeraines.

Dans les premiers temps de leur conversion les Khazars avaient conservé leurs  habitudes nomades et les rites païens . On peut dire que la conversion s’est installée par étapes jusqu’ au  messianisme.

Pour  garder la position de 3ème puissance face au Califat et à Byzance et ne pas être sous la coupe de l'un, ni de l'autre en adoptant l'une de ces religions ; le choix du Judaïsme s'imposait donc au Kagan.

Cependant ce serait faire outrage à l'intelligence des Khazars et à leurs Kagans que de penser qu'ils n'avaient pas étudié quelque peu cette religion, avec la présence de la communauté Juive en leur royaume.

Il faut noter l’esprit de tolérance dont faisait preuve la Khazarie, en effet sa « capitale » Itil comportait plusieurs quartiers, les Juifs, les Musulmans et les tribus païennes,  chacun de ces quartiers possédait 2 juges de leur religion libres de gérer les problèmes éventuels.

Comme les Khazars avaient su s’imposer et dominer, ils avaient fait barrière à  l’invasion Musulmane en Europe Orientale comme  la France à la bataille de Tours, pour l’Europe occidentale.

J’ai noté aussi les liens des Khazars avec les Magyars (accueillis avec une branche des Khazars en Hongrie)  qui ne se sont jamais déliés.

Après des vagues d’invasion se succédant au fil des siècles, les  Rhus (vikings dont le prince fut l'artisan de la destruction de la forteresse Khazare de Sarkel), les Ghuzz(ou Kumans) et pour finir la plus terrible invasion celle des Mongols (qui  plongea les steppes orientales dans l'âge des ténèbres) et bien que jusqu’au 13ème siècle les Khazars vécurent encore sur leur territoire réduit, la plupart des Juifs khazars trouvèrent accueil en Hongrie et en Pologne où leur habileté dans les arts et métiers fut appréciée.

Je pense que nous pouvons donc considérer qu'il n'y a pas eu d'extinction des Khazars, peut-être (?) seulement du territoire de la Khazarie.

Hélas, les Hongrois au prétexte des croisades et de la Peste noire commirent sur les Juifs les plus terribles représailles, ce qui conduisit les Juifs à se tuer rituellement eux-mêmes pour se sauver de leurs agresseurs.  

Nous savons de nos jours ce que les Juifs ont subi de plus ignoble, d’  inhumain.

J’ai noté aussi que le Kagan s’'était senti affecté par les exactions commises sur les Juifs d’autre pays au point d’en punir, par exemple les musulmans en détruisant le minaret qu’il leur avait construit. (solidarité tribale)

                                        ********

Les annexes en fin de livre apportent un complément quant à la véracité des textes choisis par Koestler. Il est conscient de l'impact que risque d'avoir ce livre.

Koestler explique bien que le territoire de l'Etat d'Israël ne saurait être mis en cause quelles que soient les racines des Israëliens, "cet Etat existe de jure et de facto et il est impossible de le supprimer, sinon par génocide"


l'analyse de Koestler sur la diaspora est intelligente et à mon sens d’actualité  (cf le livre de Shlomo Sand) :

"Et pourtant l'influence persistante du message racial et historique du Judaïsme, bien qu'il soit fondé sur des illusions, sert de frein affectif puissant en faisant appel au loyalisme tribal. C'est dans ce conteste que le rôle joué par la treizième tribu dans l'histoire de leurs ancêtres peut concerner les juifs de la diaspora."

Les sujets qui ont trait à l'anthropologie sont bien traités aussi, il y a eu mixité naturelle notamment par les mariages ou forcée (viol) ; les apparences physiques sont donc souvent subjectives et relèvent plus des facteurs sociaux, environnementaux et comportementaux.


C'était une lecture très nourrissante, c’est l’Histoire inconnue, mais  j'ai le sentiment d'avoir beaucoup appris.


(récupération)


mots-clés : #historique #essai


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Message par Bédoulène Sam 18 Fév - 17:38

Arthur Koestler Ooozer10



Le zero et l’infini


comme pour mes précédentes lectures j'ai beaucoup apprécié.

Tout d'abord je trouve que le fait que Koestler ne nomme ni le pays, ni le Parti, ni le n°1 force le trait dramatique (certains écrivains invente des noms).

(en réponse à topocl me semble) Bien sur que ce qui se passe dans la cellule est connu aujourd'hui moins à l'époque de sa sortie non ? (depuis sa sortie en France en 45 d'autres livres relatant les mêmes faits ou tout simplement la vie dans les prisons ont été édités)

pour ce qui concerne le deuxième interrogatoire l'extrait mis en exergue ma parait  d'un choix édifiant :

"Lorsque l'église est dispensée des commandements de la morale. L'unité comme but sanctifie tous les moyens, l'astuce, la traîtrise, la violence, la simonie, l'emprisonnement, et la mort. Car tout ordre existe pour les fins de la communauté, et l'individu doit être sacrifié au bien général.   Diestrich Von Nieheim évêque de Verden


suffit de remplacer l'église par le PARTI !

Les extraits du journal de Roubachov permettent de voir l'évolution de sa pensée et aussi qu'il espérait après qu'Ivanov l'ait rejoint dans sa cellule, une sortie grâce à la reconnaissance de ses fautes. Il souhaite faire une étude sur "la maturité politique des masses". L'immaturité des masses serait l'un des facteurs d'échec de la révolution.

Le discours d'Ivanov est sans ambiguité mais il commet l'erreur de s'être entretenu avec Roubachov dans sa cellule, il est rapidement  exécuté.

"La plus forte tentation pour des hommes comme nous, c'est de renoncer à la violence, de se repentir, de se mettre en paix avec soi-même. La plupart des grands révolutionnaires ont succombé à cette tentation, de Spartacus à Danton et à Dostoïevsky ; ils représentent la forme classique de la trahison d'une Idée."

Roubachov a pris conscience bien trop tard des exactions commises sur le Peuple, mais son analyse qui répond au discours  Ivanov est explicite :

"Le pouvoir arbitraire du gouvernement est illimité, et reste sans exemple dans l'Histoire ; les libertés de la presse , d’opinion et de mouvement  ont totalement disparu, comme si  Déclaration des Droits de l’Homme n’avait jamais existé. Nous avons édifié le plus gigantesque appareil policier, dans lequel les mouchards sont devenus une institution nationale, et nous l’avons doté du système le plus raffiné et le plus scientifique de tortures mentales et physiques. Nous menons à coups de fouet les masses gémissantes vers un bonheur futur et théorique que nous sommes les seuls à entrevoir. »

Koestler fait par les paroles de Roubachov une dénonciation de la dérive d'une révolution qui se voulait améliorer la vie du peuple et qui n'a fait que le crucifier.


Les interrogatoires avec Gletkin sont des temps forts, le mécanisme de la machine à broyer est en marche. Roubachov connait la mécanique pour en avoir usé aussi, comme il le dit "Je paie". La mort ne sera pas à crédit !

Roubachov se posait une question sur la douleur avec ou sans raison ; à chaque fois que le taraude les souvenirs de ses méfaits (sa lâcheté envers Arlova, le suicide de Loewy etc....) la rage de dents se déclenche, comme une réponse.

ce sont les petits détails qui parfois font ressortir  l'absurdité et la criminalité des raisonnements du N°1 comme le fait de choisir de petits sous-marins  plutôt gros" et d'être puni pour le mauvais choix.


Quant au "sentiment océanique" qu'ici se résume pour Roubachov en la réapropriation du "JE", c'est un thème cher à Koestler (cf le passage intitulé "au bord de la fenêtre" dans les Hiéroglyphes)


"Nous n'admettions l'existence d'aucun secteur privé, pas même dans le cerveau d'un individu. Nous vivions dans l'obligation de pousser l'analyse logique jusqu'à ces dernières extrémités. Notre pensée était chargée de si haute tension que le moindre contact provoquait un court-circuit mortel. Nous étions donc prédestinés à nous détruire les uns les autres.
J'étais un de ces esprits. J'ai pensé et agi comme je le devais ; j'ai détrauit des êtres que j'aimais, et j'ai donné le pouvoir à d'autres qui me déplaisaient. L'Histoire m'a placé là où j'étais ; j'ai épuisé le crédit qu'elle m'avait accordé ; si j'avais raison, je n'ai pas à m'en repentir ; si j'avais tort, je paierai."



je pense que je me suis attachée à l'écriture de Koestler, peut-être que je ne suis pas assez objective.

(en réponse à Shanidar me semble) Comme tu le dis toujours la lucidité de Koestler. Sa technique pour démontrer et démonter le pouvoir dictatorial, oui vraiment c'est sur il est d'une rigueur scientifique.


(récupéré)
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Message par Tristram Sam 18 Fév - 19:06

@Bédoulène, je crois qu'il faut signaler le côté hypothétique de la thèse de Koestler : Problématique Khazars-Ashkénazes, qui renvoie à l'épineuse question : être Juif, est-ce de nature religieuse ? ethnique ? nationale ? culturelle ? (Qui est Juif ?)

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Message par Nadine Sam 18 Fév - 20:15

Apparemment il n'est pas le seul à hypothétiser, sur sa thèse, mais aussi sur l'opposée. Les joies des racines très très très passées quoi. Merci pour le lien.
Je vais voir en tous cas, tout comme toi Bédou, le versant romanesque. Je me demande bien quand je vais trouver le temps de lire tous ces livres. hu hugh
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Message par Bédoulène Dim 19 Fév - 8:47

je doute fort qu'il n'y ait qu'une seule réponse à cette question

Il me semble aussi après mes différentes lectures que Koestler se sent surtout Juif quand c'est pour les défendre, mais quant à vivre avec ou comme eux, ce que nous avons lu appelle une réponse négative.

plus généralement et bien que je ne l'ai pas lu ce livre me paraît intéressant sur le sujet (d'après ce que j' ai entendu commenter)

comment le Peuple Juif fut inventé

https://fr.wikipedia.org/wiki/Shlomo_Sand

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Message par bix_229 Dim 19 Fév - 15:00

Tristram a écrit:@Bédoulène, je crois qu'il faut signaler le côté hypothétique de la thèse de Koestler : Problématique Khazars-Ashkénazes, qui renvoie à l'épineuse question : être Juif, est-ce de nature religieuse ? ethnique ? nationale ? culturelle ? (Qui est Juif ?)

Il y a d' excellents éléments de réponse dans le livre de George Steiner, écrivain juif, Les Livres que je n' ai pas écrits, dans le chapitre Sion.
Je recommande d' ailleurs ce livre que je viens de lire.
On y apprend beaucoup.
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Message par Bédoulène Dim 19 Fév - 20:42

merci Bix c'est noté

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Message par Bédoulène Lun 7 Aoû - 8:36

Arthur Koestler Ezra1010

La Tour d'Ezra


Je vais découper mon commentaire : première partie Les Colons de cette commune

Leur but : le Retour à la Terre, être paysan.  Année 1937

Présentation de quelque uns des colons qui formeront le noyau de la communauté qui érigera la commune selon le concept d’« un communisme rural » c’est-à-dire une propriété commune, celle-ci appartient à tous, chaque membre de la communauté travaille pour tous, tout est mis en commun il n’y a plus de propriété individuelle. Chacun apporte son savoir, son travail pour le bien de tous.  Pas d’argent en jeu, seule une cagnotte commune pour d’éventuels achats indispensables ou imprévus.

C’est le Fonds National qui les fournit pour les besoins incompressibles (tels les pioches, pelles bois, barbelés pour la construction), c’est par son intermédiaire qu’ils pourront vendre leur production. Les tractations auprès de la Banque nationale hébraïque sont ardues mais la commune s’expandra d’années en années et accueillera  de nouveaux colons jusqu’ au nombre décidé lors de la première installation.

Le lecteur suit le travail de construction de cette commune de la Tour d’Ezra, située sur une colline pierreuse, qu’il faudra dépierrer, il n’y a pas d’eau , des marais insalubres plus bas qu’il leur faudra assécher, des rebelles arabes dont il faudra se défendre avec le peu d’armes dont il disposent. La Tour dressée promènera son regard vigilant sur les collines alentour.

C’est le journal de Joseph l’un des colons (mi juif mi anglais) qui fera  vivre cette commune et ses habitants, renseignera sur  leurs rapports (dus notamment à la promiscuité, repas ensemble, partage des chambres, maison des enfants, la mise devant l’assemblée de problème personnel (sic)…) leurs opinions , leurs peines et leur rares moments de liberté et réjouissance.

Au début de la création de la commune tout évènement est fêté (avec leurs pauvres moyens) la naissance du premier  chevreau, la première récolte…… on mesure l’importance et les avancées.

Nous ne pouvons qu’admirer le courage, la force de ces colons à concrétiser  la promesse du Retour,  à faire surgir d’une colline pierreuse, d’un environnement hostile une véritable commune, des plantations, des troupeaux……..


MAIS,

Le Mukhtar du  plus proche village arabe se réveillera donc un matin et verra sa vue offensée par cette tour dressée, ces barbelés, ces bâtiments qui n’existaient pas à son coucher.

Deuxième partie :  la politique

C’est la Déclaration de Balfour en 1917* qui jette les bases d’un futur Etat d’Israël, déclaration qui sera confortée par la conférence de Paris (1919), préalable au traité de Sèvres (1920), confirmé par la conférence de San Remo (1920).


* "Par cette lettre, le Royaume-Uni se déclare en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national juif. »

Malgré cette promesse les Britanniques n’interviendront pas ou que très rarement (quand ils en tireront un avantage) contre les terroristes arabes qui exercent leurs méfaits contre les colons.

Si la Haganah par la voix de ses chefs appellera toujours à l’apaisement, aux actions et manifestations de protestations pacifiques, contre les arabes ou contre le gouvernement Britannique, une partie des colons et membres de l’ administration juive adhèrera à l’armée sioniste l’Irgoun  - comme le dit Koestler dans l’une de ses autobiographies : maintenant « ils montraient les dents » -.

Pendant ce temps, les bateaux transportant les immigrants qui s’échappaient de l’Europe, des Nazis, étaient refoulés, ceux qui arrivaient sur le sol de la Palestine clandestinement étaient arrêtés et déportés.

L’exaspération se concrétisera quand sera connue la déclaration du 17 mai 1939 du gouvernement Britannique, connue sous le nom de « Papier Blanc » règlement définitif du problème Palestinien.

Succintement :

« Le gouvernement de Sa Majesté déclare aujourd’hui sans équivoque qu’il n’est nullement dans ses intentions de transformer la Palestine en un État juif ».

L’immigration juive est limitée à 75 000 personnes sur une durée de 5 ans

Restriction ou interdiction de la vente  des terres aux Juifs

Les demandes des arabes sont donc retenues par le gouvernement Britannique, mais ils « revendiquent la fin du mandat britannique sur la Palestine » ce qu’ils n’obtiendront pas (vaguement envisagé dans un délai de 10 ans).

A noter que cette déclaration fut critiquée vivement par W. Churchill (conservateur et Mr Herbert Morrison (labour).

L’Irgoun sera très active, posant des bombes contre le gouvernement Britannique et les arabes.

Le « Papier Blanc » ne sera jamais validé par la SDN (la 2ème guerre mondiale s’annonce) mais cependant  ses termes seront exécutés.

« Un document dénué de valeur légale devenant le guide légal du gouvernement, des tribunaux, de la police ; l’arbitraire devenant la loi suprême en Terre Sainte. »

Le livre se termine donc à  la date de 1939.

Il me semble utile d' ajouter que : L' indépendance a été proclamée le 14 mai 1948, après le vote du plan de partage de la Palestine mandataire le 29 novembre 1947 par l’Organisation des Nations unies (ONU) qui mit fin au mandat britannique et qui prévoyait la création d’un État juif et d’un État arabe.


Encore une fois l’écriture de Koestler m’a convaincue, par sa compréhension de la situation géopolitique et des Etres,  sa justesse de ton,  son humour,  ses descriptions saisissantes des lieux et des villes, dont il rappelle l'histoire.

J’ai retrouvé dans les personnages certains de ses sentiments quand il a fait lui-même l’expérience dans un  petit kibboutz alors qu’il adhérait à un parti sioniste, il rejoignit  Jabotinski (sioniste nationaliste) avec qui il gardera des relations toute sa vie et à qui le livre est dédié.

Koestler décrit certains us, notamment la cérémonie de réconciliation entre deux Mukhtars , quelques pratiques des prêtres orthodoxes.

Est rappelé aussi l’attitude du gouvernement Britannique par rapport aux Tchèques (conférence de Munich 29 septembre 1938 à laquelle participé d’ailleurs Daladier), à la reconnaissance du gouvernement de Franco.

Je crois que Koestler  a  trouvé les mots qui résument la situation entre les Arabes et les Juifs, situation qui perdure :

« En Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième. »

Sans prendre partie pour l'un ou l'autre des protagonistes de ce roman  il me parait utile de confronter la situation geopolitique depuis 1937 à nos  jours afin d' en mesurer le dilemne.

Arthur Koestler 1937_e10

Plan Peel 1937 et Woddehead 1938

Arthur Koestler Cartes10




mots-clés : #communautejuive #historique


Dernière édition par Bédoulène le Sam 26 Aoû - 14:03, édité 3 fois

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Message par Armor Lun 7 Aoû - 16:11

Ca a l'air super intéressant, une fois encore. Merci bédou !

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Message par Bédoulène Lun 7 Aoû - 16:56

oui très Armor, Koestler évoque aussi le passé du Peuple Juif en rappelant certains évènements comme Massada, Jérusalem et les Cent Portes.....

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Message par Bédoulène Sam 4 Nov - 15:21

LA CORDE RAIDE

Arthur Koestler 51nbdn10


Koestler nous livre son enfance, son adolescence et sa vie de jeune adulte. Enfant Arthur  vit une vie familiale plate  entre  ses parents, l’un rigide, l’autre insignifiant, privé presque totalement de rapports avec les autres enfants. Il acquiert très vite les notions de culpabilité, de punition et de rédemption. Il  sera atteint  toute sa vie d’une timidité incontrôlable  et  emportera ses mythes (Hora Baboue) et  à chaque nouveau choix de vie il passera ce qu’il appelle des « ponts brûlés ».

Koestler est un homme de foi, il a besoin de croire et quand il croit il s’y engage à fond ; c’est ainsi que jeune homme,  il adhère à une société Sioniste et part en Palestine travailler dans une « Kvutsa ». Il restera 3 ans en Palestine, mais la culture Européenne lui manque tant qu’il rentre en Europe où il exercera dans plusieurs grandes villes sont métier de journaliste.

Pendant ses 3 ans la montée du fascisme s’est  décuplée, les partis socialistes d’Allemagne et de Prusse n’ont eu de cesse que de s’affronter au Parti Communiste en se discréditant auprès des ouvriers ;  le seul parti qui représente une alternative au régime fasciste et un espoir  c’est le Parti Communiste avec pour  « guide » la nouvelle Russie.

Après une suite d’ennuis triviaux Koestler se « regarda » et ce qu’il vit ne lui plu pas, un petit bourgeois à succès. Où était le révolté qui partit en Palestine ? Il lui fallut à nouveau engager sa foi.

Arthur Koestler est un révolté , il s’indigne et s’engage toujours avec  ferveur , c’est ainsi que plaçant sa foi dans le Parti Communiste il adhère  en 1931.



« tout comprendre et ne rien se pardonner »  C’est à cette règle que s’est prêté l’auteur.

C’est avec son écriture que moi je qualifie de « noble » (honnête, digne, humaine, agréable et propre) avec  son impitoyable lucidité, ses analyses irréfutables (très argumentées) son esprit scientifique aussi  qui mesure et pèse précisément  que Koestler se décortique et  présente au lecteur le processus d’enrôlement  et de maintien dans cette société au « système clos » qu’est le Communisme.

Il fait aussi une leçon historico-politique de l’Europe d’entre- deux guerres. Son travail de reporter, (notamment les nombreux documents qu’il adresse aux journaux) en Palestine et dans la région lui permet de dresser la situation politique et géographique de cette partie du Monde.

Ce qui est vérifiable aujourd’ hui c’est l’échec des partis de gauche prompt à répéter les mêmes erreurs « On ne peut que les contempler avec horreur et désespoir, car, cette fois, il n’y aura point de salut. »

Son humour mesuré  s’exerce à bon escient et participe aussi à l’efficacité de l’écriture.
Bref encore ne très intéressante lecture !

Extraits :
» nous avions tort pour de bonnes raisons et je continue à croire que, à quelques exceptions près, ceux qui dès le début dénigrèrent la révolution Russe le firent principalement pour des raisons moins louables que notre erreur.
« Les prolétaires naïfs croient aux promesses révolutionnaires du camarade Hyde, sans se soucier des accords diplomatiques, des compromis et des trahisons du docteur Jekyll : c’est dans cette catégorie que se rangent les millions de gens, économiquement déshérités et politiquement incultes, qui votent pour les candidats communistes, en Europe et en Asie. D’autre part, les libéraux naïfs, eux, considèrent le camarade Hyde comme un croquemitaine inventé par les réactionnaires. Cette catégorie compte un certain nombre d’hommes d’Etat (elle comptait le président Roosevelt), d’hommes politiques, de savants et d’artistes occidentaux. »
« je n’en retiens pas moins comme valable une certaine méthode marxiste d’examen . Je continue également à croire qu’éliminer Marx et Engels de l’histoire de la pensée humaine y laisserait un vide presque aussi grand que ferait l’élimination de Darwin. »
« Je n’ai jamais vécu dans une telle promiscuité avec la divinité et ne m’en suis jamais senti plus éloigné. »

« C’est cette conscience de la défaite soulignée par le hautain silence du désert, des cours d’eau taris et des rocs arides, qui provoque la mélancolie de Jérusalem.
"Pendant la grande crise, la plupart des restaurants de Tel-Aviv consentaient à leurs habitués sans ressources un certain crédit. Le système de crédit rotatoire consistait à prendre régulièrement le petit déjeuner dans un établissement A, le déjeuner dans un autre B et le dîner dans un troisième C. Quand on se trouvait en possession d'un peu d'argent, on payait A, où la dette était la plus lourde, la fois suivante B et ainsi de suite par rotation. Si A ou meme A et C vous coupaient votre crédit, il restait toujours B, chez qui on était assuré d'au moins un repas par jour. Je n'ai jamais, depuis, vu un psychanalyste parvenir à des résultats thérapeutiques aussi efficaces."

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #autobiographie #enfance #politique

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Message par Tristram Dim 23 Mai - 1:24

Les Racines du hasard

Arthur Koestler Les_ra12


Nota : j’ai lu (il y a longtemps malheureusement) L'Étreinte du crapaud, qui parle de Paul Kammerer, du lamarckisme, des caractères innés et acquis, des coïncidences en série et de la synchronicité junguienne (le dernier thème m’ayant passionné) ; Les Racines du hasard en constitue une suite (ou un complément).
Arthur Koestler assure que dans les années soixante l’existence des phénomènes parapsychiques, scientifiquement étudiés, est prouvée grâce aux statistiques.
Pour leur trouver un cadre théorique acceptable, il revient sur les étonnantes découvertes de la physique moderne dans les années trente, comme le Principe d’indétermination (ou Principe d’incertitude) d’Heisenberg :
« Plus le physicien peut déterminer avec exactitude la localisation d’un électron par exemple, plus la vitesse en devient incertaine ; et vice versa si l’on connaît la vitesse, la localisation de l’électron se brouille. Cette indétermination inhérente des événements infra-atomiques est due à la nature ambiguë et évasive des particules de matière, qui, en fait, ne sont pas du tout des particules, des "choses". Ce sont des entités à tête de Janus qui dans certaines circonstances se comportent comme de minuscules boulets et dans d’autres circonstances comme des ondes ou des vibrations propagées dans un milieu dénué de tout attribut physique. »

« "La tentative même de se faire une image [des particules élémentaires] et de les penser visuellement suffit à les fausser entièrement", écrivit Heisenberg. »

« "L’électron est à la fois un corpuscule et une onde", proclamait Broglie. C’est à ce dualisme, qui est fondamental pour la physique moderne, que Bohr donna le nom de "principe de complémentarité". La complémentarité devint une sorte de credo chez les théoriciens de l’école de Bohr − l’école de Copenhague, comme on disait. Et selon Heisenberg, pilier de cette école, "le concept de complémentarité a pour but de décrire une situation dans laquelle on peut regarder un seul et même événement dans deux systèmes de référence différents. Ces deux systèmes s’excluent mutuellement, mais en même temps ils se complètent, et seule la juxtaposition de ces systèmes contradictoires procure une vision exhaustive des apparences des phénomènes." »

« C’est ce qu’a résumé sir James Jeans dans un passage mémorable : "Aujourd’hui l’on considère généralement, et chez les physiciens presque à l’unanimité, que le courant de la connaissance nous achemine vers une réalité non mécanique ; l’univers commence à ressembler plus à une grande pensée qu’à une grande machine." »
Je suis toujours émerveillé par ces éblouissantes visions aux perspectives extraordinaires.
Puis Koestler revient sur Kammerer et ses « lois de la sérialité » :
« …] tandis que la gravitation agit sans discrimination sur l’ensemble des masses, cette autre force agit sélectivement sur la forme et la fonction pour unir les semblables dans l’espace et dans le temps ; elle relie par affinité. Par quels moyens cet agent a-causal fait intrusion dans l’ordre causal des événements − de manière dramatique ou banale − on ne peut le dire puisque, par hypothèse, il fonctionne en dehors des lois connues de la physique. Dans l’espace, il produit des événements concurrents reliés par affinité ; dans le temps des séries semblablement reliées. "Nous en arrivons ainsi à l’image d’une mosaïque universelle, d’un kaléidoscope cosmique qui, malgré des bouleversements et des réarrangements constants, prend soin de réunir les semblables." »
Il raconte comme Wolfgang Pauli s’associa à Carl Gustav Jung pour rapprocher leurs disciplines respectives, la physique quantique et la (para)psychologie, par l’a-causalité autour du concept de synchronicité.
« Le traité de Jung repose sur le concept de "synchronicité", qu’il définit comme "l’occurrence simultanée de deux événements liés par le sens et non par la cause" ou encore comme "une coïncidence dans le temps de deux événements ou plus, non liés causalement et ayant un sens identique ou semblable… de rang égal à la causalité comme principe d’explication". »
Puis il aborde la tendance à l’intégration qu’on retrouve(rait) dans les domaines de la mystique, de la biologie, du social, et reformule le concept envisagé en « événements confluents ».
C’est une sorte d’épistémologie partisane, à lire avec prudence, comme Le Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier…

\Mots-clés : #essai #philosophique #psychologique #science

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Message par Bédoulène Dim 23 Mai - 7:42

ce sont là des domaines où je ne pourrais suivre Koestler (ma lecture aux 3/4 d'un livre de Jung m'a convaincue de ne pas poursuivre).

Mais je n'oublie pas les excellentes lectures faites ! (quelques éléments rencontrés d'ailleurs présageaient de cette direction)

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