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195 résultats trouvés pour voyage

Jean Rolin

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 41mcim10

"L'explosion de la durite".

Le narrateur accompagne pour son long voyage une Audi destinée à devenir un taxi à Kinshasa aux bénéfices de la famille d'un colonel expatrié en France. Ce voyage qui se déroulera en grande partie en navigation maritime et fluviale et constituera pour l'auteur matière à de multiples et diverses digressions.
En effet, le moindre évènement, les lieux seront rapprochés des agissements de personnalités telles l'écrivain J. Conrad, Che Guevara ou même Lumumba et consorts.
Le lecteur découvrira certains faits de l' histoire du Congo (Zaïre) et accessoirement des bribes de celle de l'auteur et sa famille, donc de lui-même.
L'explosion de la durite qui surviendra entre Matadi et Kinshasa et immobilisera donc momentanément le véhicule, ne sera que prétexte à nous raconter le déroulement et les raisons du voyage.


J'aime chez Rolin que, de manière détournée, se dévoile son empathie quand les circonstances ne s'y prêtent pas particulièrement et que le lecteur ne s'y attend pas.
Ses digressions sont toujours nécessaires au récit, elles l'assoient, le consolident.
Par moment on peut le trouver un peu "vantard" mais ce n'est que le résultat de son attitude qui se veut détachée même si c'est rarement le cas.
Je note aussi que Rolin voyage souvent dans des conditions "spartiates".

Bref, une lecture plaisante à suivre un "aventurier".

Extrait

"Celle (la Cie d'assurances) que le dmarchand d'accessoires automobiles nous avait désignée était minuscule, et le couple qui la tenait, d'origine indéfinissable, peut-être des Bulgares, donnait une impression de malhonnêteté sympathique et presque humanitaire : on les sentait enclins à rouler les autorités encore plus volontiers que leurs clients, même si cela, au fond, revenait au même, les documents qu'ils établissaient étant vraisemblablement dépourvus de toute valeur légale, et ne procurant par conséquent qu'une couverture très fragile. Mais il y avait une réelle sollicitude, et une forme de respect, dans la manière dont ils palpaient par exemple le permis de conduire de Foudron, orné comme son passeport d'une tête de lion, probablement convaincus qu'il s'agissait d'un faux et admirant en connaisseurs la qualité du travail.
mots-clés : #voyage
par Bédoulène
le Mar 13 Déc - 22:23
 
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Sujet: Jean Rolin
Réponses: 107
Vues: 6720

Antal Szerb

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Arton410

Le voyageur et le clair de lune

C’est à l’occasion de leur voyage de noces en Italie que Mihaly et Erzsi prendront conscience de ce qui les lie et les délie.

Le principal attrait de se livre est avant tout la découverte de l’Italie, par Mihaly qui a étudié dans sa jeunesse l’histoire des religions, fasciné par  les vieilles maisons, leur architecture.

Mihaly a recherché toute sa vie la différence, il l’est lui-même, « abstrait » d’après certains, incapable de s’intéresser aux autres. Tourmenté dans sa jeunesse par des troubles nerveux (hallucinations, sensation de subir un tourbillon ….) qui l’isolaient et le conduisaient à trouver de la terreur dans l’ordinaire. (par exemple dans les mosaïques de Ravenne)

Mihaly regarde au cimetière de Cestius un couple d’anglais devant la tombe de Keats :
« j’ai du mal à imaginer une scène plus insignifiante et banale, et néanmoins, toute l’indicible horreur du monde a envahi mon cœur. »

Erzsi fait elle aussi partie des autres, ceux dont les pensées, les désirs n’intéressent pas Mihaly, c’est un fait qu’il faut accepter, si elle vit avec lui.

« Avec Mihaly, c’était l’inverse ; il s’efforçait scrupuleusement d’expliquer tous ses faits et ses gestes, voulant à tout prix qu’Erzsi le connût en entier, mais plus il s’expliquait, plus les choses devenaient confuses. Erzsi savait depuis longtemps qu’elle ne comprenait pas Mihaly, parce qu’il avait des secrets qu’il n’osait s’avouer à lui-même. De même Mihaly ne la comprenait pas davantage, parce que l’idée ne l’effleurait pas qu’on pût s’intéresser à une vie intérieure autre que la sienne. »

Le fil rouge de ce livre est la mort. L’ Etre a de façon intrinsèque « l’Autre désir » celui de connaître la mort, quitte à se l’approprier pour certains,  mais plus généralement à la rejeter, à se comporter comme si elle n’existait pas.

« Parce que la nature de la civilisation est partout, de détourner l’attention des hommes de la réalité de la mort, de compenser le désir de mort en diminuant le désir brut de la vie. La civilisation chrétienne l’a fait également.
Tu remarqueras que dans les sociétés civilisées, la mort s’est dans l’ensemble, retrouvée parmi les notions taboues. C’est ainsi que la civilisation se défend contre un danger monstrueux, à savoir qu’en tout homme agit un instinct opposé à l’instinct de vie, instinct très malin qui nous pousse d’une main douce mais ferme vers le néant. »


Mihaly, jeune homme a touché du doigt ce néant, mais a reculé devant l’inconnue ; là à Rome dans une attente d’ une rencontre, de son destin il s’est perdu dans la solitude et les fantômes du passé ressurgissent. Reculera t-til devant sa mort ? sa propre mort comme la considère Eva (rencontre du passé) cette mort qu’on se donne !

Une lecture intéressante sous l’écriture précise mais non dénuée de poésie.
C’est un rêve qui donne son titre au livre.

Autres Extraits

« Et pourtant, pourquoi le nier, je me fais beaucoup de soucis non seulement parce que je connais Erzsi mais aussi, et surtout, parce que je te connais, toi. [….] Erzsi t’aime sûrement parce que tu es tel que tu es, parce que tu es si lointain et abstrait que rien ni personne ne te concerne , comme si tu étais un Martien, un étranger de passage sur la terre ; parce que tu ne peux rien garder en mémoire de précis, parce que tu es incapable d’en vouloir vraiment à quelqu’un, parce que tu ne sais pas prêter attention aux paroles des autres, parce que c’est plutôt par bonne volonté et politesse que tu fais quelquefois semblant d’être un homme toi aussi. »

« Je ne supporte pas les responsabilités et je déteste systématiquement ceux qui attendent quelque chose de moi… »

« La politique ne touche que la surface, et le peuple italien, ce peuple végétatif pareil à la mer, supporte temps changeants avec une étonnante passivité et ne se solidarise pas avec la grande histoire. Il soupçonnait que déjà la Rome républicaine et impériale, avec ses gestes démesurés, son héroïsme et ses saloperies n’était qu’un jeu viril de surface, et que toute la romanité n’était que l’affaire privée de quelques comédiens géniaux, alors que pendant ce temps, les Italiens mangeaient tranquillement leurs pâtes, chantaient l’amour et engendraient une innombrable progéniture. »

« Voici un homme qui a réussi à se figer à l’âge qui lui convient. »



mots-clés : #psychologique #voyage
par Bédoulène
le Mar 13 Déc - 11:50
 
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Sujet: Antal Szerb
Réponses: 5
Vues: 1024

Takvor Takvorian

Takvor Takvorian (1915-2005)

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Takvor10


Écrivain et lexicographe français d’origine arménienne (1915-2005)

Né en 1915 à Kayseri (Evérek pour les Arméniens), il est arrivé à Marseille en 1922 sans sa mère, morte pendant la déportation. Il est d’abord cordonnier, comme son père, puis devient fabricant de boutons et de fermetures Éclair. Ce n’est qu’à l’âge de la retraite, retiré à Gap (France), que Takvor Takvorian s’est mis à écrire, d’abord ses souvenirs d’enfance marqués par l'exode des Arméniens (Armenouch), puis des dictionnaires de sa langue maternelle, l’arménien. Il est mort en février 2005.

(bibliomonde)

Bibliographie sélective :

Arménouch ou Pèlerinage d'amour
Mon premier livre d'histoire d'Arménie
Krikor, à la poursuite du passé : Récit, témoignage
ANi Aghtamar et les villes de l'Arménie historique
Histoire d'Arménie des origines jusqu'à la perte de l'indépendance





Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 51de-u10

ANI –AGHTAMAR ET LES VILLES DE L’ARMENIE HISTORIQUE

L’auteur Takvor Takvorian et sa femme effectuent ce voyage avec un groupe de Français passionnés d’Archéologie qui se rendent à Urgup pour un séminaire sous les auspices de l’UNESCO (étude pour la sauvegarde des monuments historiques de la Vallée de Görémé).

Arrivée en juillet 1987 à Ankara (visite prévue au retour) de nombreuses villes présentant des sites archéologiques seront visitées, le groupe voyage dans un car et un guide (Ali un étudiant) les escortera. L’auteur et sa femme d’origine Arménienne souhaitent voir ce qu’il reste de l’Arménie, retrouver les traces de leurs ancêtres, ils parlent la langue turque.

Tchoroum sera leur première étape suivront Amasya , Samsun, Trébizon, Ordu et Girésun,  Erzeroum, Kars…………… Le royaume des Bagratides et celui des Princes Ardzrouni qui libérèrent la région du lac de Van du joug Turc ; cette grande province de Vasbouragan est considérée comme le berceau du Peuple Arménien. Au long des siècles les villes Arméniennes ont été  successivement prises par les Turcs (les hordes de Tamerlan par exemple), puis reconquises par les rois ou princes d'Arménie. Cette vaste région qui s'étend de la mer noire à la mer Méditerranée a abrité de nombreuses peuplades (Houttites, Kurdes, Mongols ..............).

L’auteur raconte longuement l’histoire d’ANI et son émotion de voir les vestiges de cette cité,  qui a été l’une des plus riche, économiquement, culturellement, est douloureuse car il se rend compte que si rien n’est fait pour sa préservation Ani disparaîtra et avec elle la présence des Arméniens.

Le deuxième site d’importance archéologique est celui d’Aghtamar, l’île qui se trouve sur le magnifique Lac de Van. Là aussi l’auteur et le groupe de voyageurs sont attérés de voir que des mains ont abîmé volontairement à jets de pierre les belles peintures de l’église.

Toutes les noms des villes, lieux ont été » turquisés » pour effacer toute trace de l’Arménie, des Arméniens dans le pays. Après avoir été privés de leur sol natal, de leurs demeures et de leurs vies les Turcs veulent effacer jusqu’à leur souvenir ; toutes les églises qui ont résisté aux guerres,  aux tremblements de terre ont été transformées en mosquées.

L’auteur rappelle les massacres de 1895/96 (sous le sultan rouge Hamid),  de 1909 et 1915 commis par les Turcs (aidés parfois par les Kurdes) contre le Peuple Arménien. Ces massacres d’une grande sauvagerie ont été reconnus par le Parlement Européen comme Génocide.

Tout au long du voyage le guide Ali, n’a fait aucune mention que les monuments étaient l’œuvre des Arméniens, ni par exemple que le célèbre architecte Sinan était d’origine Arménienne (Sinan fait partie des enfants de la « Moisson » c’est-à-dire des enfants enlevés aux familles cultivées Arméniennes,  pour être placé dans une école coranique et islamisé)

Le guide a même eu l’audace de signaler les massacres de 1915 mais dans la version fausse de la Turquie, l’auteur rapporte d’ailleurs qu’ un jeune Français d’un précédent voyage se trouvait emprisonné pour avoir osé contrer  la version du guide.

Peu de relations entre le groupe et les Turcs, l’auteur lui :  a acheté des cartes à des gamins,  il a seulement eu une information par un vieux Turc sur la survie d’une église Arménienne dans un village, mais qu’ il n’a pas eu le temps ni les moyens de visiter, et  l’hospitalité accordée par une femme (dont la brue avait d’ailleurs une mère Arménienne) dans son village natal Everek (qui porte à présent le nom du district Dévéli) dont  les maisons d’un quartier ont été construites par les Arméniens.

Dans ma précédente lecture (Ararat) il était mentionné que les Arméniens considéraient la Russie comme amie, à la lecture de ce voyage  il apparait en effet que les Russes ont plusieurs fois dans les siècles écoulés aidé et/ou protégé le Peuple Arménien, des Arabes et des musulmans. Au temps de ce voyage les relations Turquie/Russie étaient tendues, la zone frontalière est un terrain d’espionnage.

William Saroyan a dit à Takvor que si la république Soviétique d’Arménie n’existait pas il n’y aurait plus d’Arménie.

C’était une lecture des plus intéressante qui m’a appris beaucoup sur l’histoire de cette région, sur le Peuple Arménien, sa grandeur, son courage.


ANI

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Ani10 Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Armyni10


"message rapatrié"


mots-clés : #historique #voyage
par Bédoulène
le Dim 11 Déc - 16:03
 
Rechercher dans: Nature et voyages
Sujet: Takvor Takvorian
Réponses: 0
Vues: 712

Christoph Ransmayr

Merci, Bédoulène, pour cette présentation ! J'ajoute mes notes/remarques de l'époque de la lecture :


La montagne volante

Originale: « Der fliegende Berg » (Allemande, 2006)


Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Ransma10


CONTENU :
L'histoire de deux frères qui se mettent en route en partant de la côte sud-ouest de l'Irlande vers le pays de Kham et les hautes montagnes du Tibet oriental. Là ils cherchent – contre tout savoir de cartographie moderne et de moyens de navigation, une montagne sans nom, pas encore ascendue : peut-être une des dernières tâches blanches sur la carte mondiale ? Dans cette quête les frères encontrent la vie archaique de nomades, en conflit avec les usurpateurs chinois, mais aussi de façons différentes la mort… (Source : se référant à la description de l'éditeur allemand)

REMARQUES :
De point de vue de contenu le roman traite en 18 chapitres d'env 13 à 26 pages de deux frères irlandais, fils d'un sympathisant de l'IRA. Tôt l'essentiel semble avoir été dit : lors d'une ascension commune dans l'Himalaya « il y a une année », l'ainé sera enseveli par une lawine de neige tandisque le jeune survivra.

Après ces chapitres d'entrée, jouant près de la montagne, appelée en tibétain « montagne volante », le cadet raconte dans un va-et-viens constant : entre souvenirs de l'enfance, la jeunesse, le temps comme jeune adulte d'un coté. Et de l'auutre : des préparatifs pour l'expédition, l'avancée dans la caravane de nomade, les différentes ascensions.

Liam est un freak des ordinateurs : élévant sur une île en face de Cork/Irlande de la bétail, et cherchant dans le web des informations sur les « tâches blanches » sur la carte mondiale. Une semble se trouver dans l'Himalaya, un sommet jamais pris. Il devient obsedé par le projet de s'y rendre. Padraic, le narrateur et frère cadet, est différent : il se laisse plutôt entraîner. Et leur expédition les menera de la hauteur de la mer dans les hauteurs du Tibet oriental. Mais cette montagne, la « montagne volante », n'est pas juste une désignation locale pour un lieu, mais au-délà : elle a une signification dans la mythologie tibétaine.

Une grande part du chemin les frères sont en route ensemble avec la caravane des nomades. Et Padraic est irrésistiblement attiré par une jeune mère et veuve : Nyema. Une rlation naît. Est-ce qu'elle sera plus forte que la montagne ? Jusqu'à où vont l'aliénation et la distance vers son frère ? Comment se montrent différences et harmonie entre les frères lors de leurs ascensions, leurs entreprises ? Comment ne pas vivre le chemin du bonheur de l'autre comme un dérangements de nos idées, rester proches?

Il y a le paradoxe que d'un coté on pourrait être tenté de voir la fin déjà au début du roman. Néanmoins il y a une forme de montée en tension jusqu'à la dernière page. L'essentiel est ailleurs.

En passant on apprendra dans des retours en arrière des choses sur la societé e Irlande, mais aussi les mythes et la compréhension du monde tibétains.

Certains disaient que ce roman est une élaboration élargie et fictive du drame au Naga Parbat où les frères et alpinistes Georg et Reinhold Messner ont fait une expédition...

Le roman se présente en forme lyrique très dense, mais pas rimée. La langue – en allemand – est un délice, on ne peut pas la trop louer. Ce qu'il en fait nous atteint de façon si courante, allant de soi, sans être simple ou bête. Nous sommes devant un rythme et une mélodie tellement que la lecture est pur plaisir en soi. On s'imagine un tel texte déclamé… C'est parmi le meilleur que l'art littéraire a produit ces dernières années en allemand, avec l'Allemand.

Un livre enrichissant qui excelle par sa langue. Petites critiques minimals pour quelques répetitions et longeurs.


mots-clés : #famille #initiatique #voyage
par tom léo
le Ven 9 Déc - 17:10
 
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Sujet: Christoph Ransmayr
Réponses: 13
Vues: 1262

Tim Flannery

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Image106

Au plus secret des îles :

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Oceani10

Des îles il va en être question  tout au long de ce livre, mais est-ce les mêmes que celles de Cook ou de Lapérouse.. ?
Flannery s’est rendu aux Salomon, il n’a pas poussé jusqu’aux Santa Cruz, banlieue orientale des Salomon, et donc pas à Vanikoro. Mais sa description des Salomon, de sa faune, de sa flore est édifiante, elle nous apprend que beaucoup de choses sont encore à decouvrir alors qu’une course contre la montre s’est engagée contre les extractions minières et la déforestation, tandis qu’existent encore des regions inexplorées…
Mais c’est surtout Cook et ses voyages qu’a côtoyé Flannery, son ouvrage est une mise en condition confortable de l’amoureux des voyages d’exploration, un partage de la vision du monde scientifique de terrain passionnant et jubilatoire.
Malheureusement ,( à mon sens, et ce n’est pas un reproche, ce livre nous apportant tant) il y manque un lexique des noms et surtout des photographies des animaux dont il parle. Ce dernier manque représentant un obstacle pour un non scientifique.

En 2009 la decouverte d'un rat géant, peut être celui que recherchait Flannery..



mots-clés : #insularite #nature #voyage
par Chamaco
le Jeu 8 Déc - 13:29
 
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Sujet: Tim Flannery
Réponses: 6
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Larry McMurtry

Lonesome dove

Prix Pulitzer 1986

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Indexj10

1200 pages à travers les Etats Unis, à suivre un troupeau de vaches semi-sauvages guidées par des cow-boys. Partis d’un bled paumé texan à la frontière mexicaine, écrasé de buissons, de poussière et d’ennui, pour le rêve fou des terres riches, inexplorées et espère-t’on hospitalières du Montana, et pourquoi pas d’une fortune à gagner. Ils traînent lourd dans leur sacoches, ces cow-boys, leur passé de rangers pendant la Guerre de Sécession à traquer les bandits et les indiens, leurs mères mortes prématurément, leurs paternités incertaines, leurs amours échouées, leurs amitiés indéfectibles… De fiers cavaliers, des héros émérites, oui, mais des hommes  blessés courant après des rêves. Et, parfois,  la mort au bord du chemin.

Rien ne manque et tout est un délice : traversées de rivières, tempêtes de pluies,  de sable ou de grêle, nuages  de sauterelles, un grizzli au passage (je suis devenue sensible  à ces petites bêtes), chants irlandais aux abord des feux de camp, femmes mortes en couche, voleurs de chevaux, indiens errants amicaux ou féroces, hasards et coïncidences enchaînés… tous les ingrédients du vrai roman populaire de qualité sont là , nous tenant en haleine.

Grand classique en matière de western, on dira.
Mais ce qui rend cette lecture aussi plaisante, je crois que ce sont justement ces 1200 pages. C’est quand même plutôt rare un roman de cette taille sans un passage où se glisse l’ennui. On suit les cow-boys pas à pas, on connaît leurs petites habitudes, leur quotidien le plus ordinaire, on entre dans leur intimité et on découvre les mystères qui les hantent. Les personnages sont assez prodigieusement creusés, pas seulement ceux des héros principaux, mais aussi ceux de tous les petits collatéraux, jusqu'aux plus obscurs de la bande. Et puis, ce qui est particulièrement rare dans un western, où les femmes font plutôt figure habituellement d’objets décoratifs, celles-ci ont ici un place propre, des personnalités battantes voire opiniâtres, attachantes , sans mièvrerie. Car il faut bien considérer que ce qui fait avancer le cow-boy quand il n’en peut plus, ce n'est pas son  cheval, c'est une femme, une femme bien en chair ou un rêve de femme qu’il a  au coin du cœur.…Enfin le mythe du cow-boy solitaire, de l’homme poursuivi par ses démons prend ici une densité tragique , et le dernier quart du livre gagne encore en intensité, il est d’une somptueuse et douloureuse beauté.

Un grand western, un roman géant pour qui se laisse porter par des personnages contrastés dont le fougue cache les blessures, et les histoires jamais finies. De rebondissements en moments d’émotion, pas une page à laquelle on renoncerait. Tout est dit de l’ouest et des cow-boys, tout est dit de l’homme, ses rêves, son désarroi, ses joies et ses silences.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #voyage
par topocl
le Mer 7 Déc - 13:07
 
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Sujet: Larry McMurtry
Réponses: 31
Vues: 2566

Anne Pons

James Cook, le compas et la fleur

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 97822614


"Réalisées entre 1768 et 1779, les trois circumnavigations du Capitaine Cook, le plus illustre navigateur et cartographe qu’ait produit l’Angleterre, marquent le début des grandes explorations scientifiques du siècle des Lumières. Déterminé à se rendre là où non seulement « aucun homme n’était encore allé mais aussi loin qu’il était possible d’aller », accompagné de nombreux savants et artistes il rapporta de ses voyages une masse d’informations sur les mœurs et les coutumes des populations indigènes les plus méconnues du globe, en particulier celles d’océanie. Il mit un point final au mythe de la Terra australis et releva de nombreuses cartes des terres qu’il découvrit ou localisa, dont la Nouvelle-Zélande, la côte orientale de l’Australie, la Nouvelle-Calédonie, l’archipel des îles Tonga, les Nouvelles-Hébrides et les îles Sandwich. Fidèle aux instructions du roi George III, l’homme que Louis XVI citera en exemple à Lapérouse avant son tour du monde tenta d’entretenir les meilleures relations avec les naturels jusqu’à ce que son épuisement et une santé vacillante aboutissent à sa mort violente sur une plage de Hawaï."...

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Maori110
Mes impressions :

Sur le James Cook d'Anne Pons dont j'ai terminé le premier voyage (eh oui je n'ai pas pu résister)
Cook avait été envoyé en mission avec un seul bateau par le Roi d'Angleterre George III pour étudier la distance terre soleil en profitant d'un rare passage de Vénus entre la Terre et le Soleil et le meilleur endroit pour faire ces relevés c'est Tahiti.
C'est un succès et pour fêter sa réussite il invite des chefs indiens, ils burent à la santé de
"Kihiargo" (George III), le chef "Tupaia prit une cuite phénoménale pour manifester sa loyauté"

Ils restèrent trois mois et reprirent la mer, la fin du voyage fut une catastrophe : scorbut, dysenterie, fièvres,en passant par Batavia l'insalubre, résultat plus de quarante morts...

Noté en passant ces considérations allant de Rousseau (le bon sauvage) à Chateaubriand (c'est de circonstance pour Cook, hein Bix.?Wink ) :
à propos de Rousseau :
"Paradis et palmiers, hommes à l'état de nature ou au stade de la barbarie, amour libre et terre bon marché: les rêves et les illusions des européens se transformèrent souvent en d'amères experiences pour eux comme pour les insulaires."

et pour Chateaubriand :
" Otaïti a perdu ses danses, ses choeurs, ses moeurs voluptueuses. Les belles habitantes de la nouvelle cythère, trop vantées peut être par Bougainville, sont aujourd'hui, sous leurs arbres à pain et leurs élégants palmiers, des puritaines qui vont au prêche, lisent l'Ecriture avec des visionnaires méthodistes, controversent du matin au soir, et expient dans un grand ennui la trop grande gaieté de leurs mères..."

mots-clés : #biographie #voyage
par Chamaco
le Mar 6 Déc - 16:18
 
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Sujet: Anne Pons
Réponses: 3
Vues: 1302

Mathias Enard

Ou un autre genre, court et flamboyant:

L'alcool et la nostalgie  

Tag voyage sur Des Choses à lire - Page 10 Images20
Longtemps que je n'avais rien lu aussi beau, et si triste.
À Moscou où Jeanne est partie étudier à la recherche de « l'âme russe », elle a formé avec Mathias jeune écrivain français paumé, jeune homme seul et désespéré : « ma vie à moi était bien vide », et Vladimir/Vlako/Volodia, russe brillant et cultivé, un trio infernal. Éperdus de drogue et alcool, ces trois se sont aimés, et déchirés, courant après d’inatteignables  chimères. Fuyant à Paris cette relation aussi passionnelle que délétère,  Matthias y apprend un an après la mort de Vladimir, et saute dans un avion. Plutôt que de rester à Moscou pour protéger  Jeanne (ou s’en faire protéger ?), il voyage trois jours le transsibérien, à la recherche vaine du village natal de Vladimir, dans un huis clos terrible. C’est une descente aux enfers solitaire, où il se remémore cette histoire, s'adressant désespérément à son ami mort. On est bien loin de l’exotisme sentimental habituel de ce genre de voyage. Malgré les bois de bouleaux qui défilent aux fenêtres  et le samovar au fond du wagon, il se laisse submerger par les forces maléfiques de ce pays qu’il a  adoré autant qu’haï, ses écrivains déchirés, son histoire sanglante.

Il ne s’agit pas, on s’en doute, d’une banale histoire d’amour à trois. C’est la rencontre désespérée de trois êtres en perdition, conscients de la déchéance que leur imposent les drogues, dans un pays lui-même en déliquescence. L’histoire marque son sceau par ses événements les plus terribles et Mathias Enard, adepte d’une commémoration intime et littéraire, nous parle de la révolution, du communisme, de la Kolyma, et des dérives du libéralisme. On croise au passage, et cela prend tout son sens après avoir lu Tout sera oublié, le mausolée de Lénine, le musée de la Kolyma, la cathédrale où on rend un culte aux Romanov, le monument qui marque la limite de l’avancée allemande . On est plongé comme dans beaucoup de ses autres livres, dans un monde terriblement violent qui écrase  des peuples impuissants.

Enard se dépeint en écrivain débutant stérile, ne sachant plus s’il se drogue pour écrire ou et parce qu'il ne peut écrire. C'est l'occasion de réflexions sur la littérature, les auteurs qui nous ont construits, les grands Américains, les géants Russes, ce que les livres nous ont apporté, comment ils nous font grandir, et nous protègent .

Quand je l'ai rencontré à Paris nous avions dix huit ans à peine, je débarquais de ma province j'avais l'impression de sortir de prison, de rentrer du Goulag, de Magadan ou d'ailleurs et de retrouver une liberté qu'en réalité je n'avais jamais connue, à part dans les livres, dans les livres qui sont bien plus dangereux pour un adolescent que les armes, puisqu'ils avaient creusé en moi des désirs impossibles à combler, Kerouac, Cendrars ou Conrad me donnaient envie d'un infini départ, d'amitiés à la vie à la mort au fil de la route et de substances interdites pour nous y amener, pour partager ces instants extraordinaires sur le chemin, pour brûler dans le monde, nous n'avions plus de révolution, il nous restait l'illusion du voyage, de l'écriture et de la drogue

.

L’écriture de Mathias Enard est proprement époustouflante. Il a un rythme, fait de grandes phrases entrecoupées, de répétition, on croirait entendre ce train, qui ne s’arrête jamais, ne reprend pas souffle, et la résonance rythmée que donnent les traverses. À moins que ce ne soit les chocs que la vie envoie  dans la figure de Mathias. Ecoutez ça.

Le café me remet dans les narines l'odeur de l'opium, j'ai une demi-tablette de rohypnol dans ma valise, mais je les garde en cas de coup dur, maintenant je préfère me laisser aller à la drogue douce du souvenir,  percé par les errances de ce train qui danse comme un ours sur ses retraverses, des arbres, des arbres de haute futaie, des arbres à abattre, holzfallen,  holzfallen, comme criait ce personnage de Thomas Bernhard dans son fauteuil à oreilles, en maugréant contre les acteurs et la bonne société de Vienne, jamais je n'écrirai comme ça, Vlado, tu sais, jamais jamais, cette langue inouïe, répétitive jusqu'à l'hypnose, méchante, incantatoire, d'une méchanceté, d'une méchanceté hallucinée, j'avais vingt ans quand j'ai lu ce livre Vlad, vingt ans et j'ai été pris d'une énergie extraordinaire, d'une énergie fulgurante qui explosait dans une étoile de tristesse parce que j'ai su que je n'arriverais jamais à écrire comme cela, je n'étais pas assez fou, ou pas assez ivre, ou pas assez drogué, alors j'ai cherché dans tout cela, dans la folie, dans l'alcool, dans les stupéfiants, plus tard dans la Russie qui est une drogue est un alcool j'ai cherché la violence qui manquait à mes mots Vlad, dans notre amitié démesurée, dans mes sentiments pour Jeanne, dans la passion pour Jeanne qui s'échappait dans tes bras, dans la  douleur que signifiait la voir dans tes bras, dans mon absence apparente de jalousie, dans cette consolation joyeuse que ce soit toi dans ses bras, je savais qu'elle faisait ce que je ne pouvais pas faire, par éducation, par volonté, par destin, par goût tout simplement, elle occupait la place que je ne pouvais pas prendre et je vous regardais sans vous voir comme Thomas Bernhard  dans son fauteuil à oreilles, et c'était bien comme ça.


Parfois, Enard  donne la parole à Jeanne, et le ton est plus calme, fragile, presque humble. Quant à la forme, ce petit livre de 88 pages, Enard ne l’a sans doute pas choisie (c'était la copie qu'il devait rendre pour remercier d’avoir été invité avec une vingtaine d’écrivains, pour un voyage de deux semaines en transsibérien, une résidence mouvante en quelque sorte). Et certes,  j’aurais apprécié un énorme pavé, qui m’aurait laissé le temps de me morfondre et m’ennuyer à plaisir, comme Mathias dans son compartiment. Cependant, cette forme brève aussi m’a énormément séduite, avec une intensité, une violence, qui n'aurait peut-être pas été soutenable sous un plus grand format.



C’est un roman follement romantique c’est à dire romantique à la folie, d’un romantisme  des plus terribles et des moins mièvres.


(commentaire rapatrié)



mots-clés : #mort #psychologique #regimeautoritaire #voyage
par topocl
le Dim 4 Déc - 9:33
 
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Luis Sepulveda

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Le neveu d'Amérique

Sepulveda nous invite à le suivre dans son autobiographie, une démarche qui ignore la lourdeur habituelle du genre, son style est clair, épuré, et va droit au but, il trace les grandes lignes de son parcours de vie qui nous mène dans un premier temps de son choix politique à son incarcération à Temuco, la prison la plus dure du pays. Il trace entre autre le portrait d'un de ses tortionnaires qui à contre jour révèle la force de son engagement personnel. J'apprécie cette lecture, l'écrivain me plait et surtout sa maîtrise, car en peu de phrases il décrit avec force une situation, un personnage, sans omettre une certaine poésie teintée de nostalgie pour ses compagnons d'infortune...
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Libéré de prison le narrateur nous invite à un périple sud américain qui devrait le mener à Martos ville de naissance de son grand-père en Espagne. Et nous entrons dans le savoureux, la peinture des siociétés sud américaines, des descriptions qui me renvoient sur les tables d'école lorsque j'apprenais les problèmes des peuples sud américains confrontés à leur colonisateur, non pas l'oncle Sam, mais l'Empereur du Monde celui dont l'empire ne voyait jamais le soleil se coucher, je veux dire Charles Quint et ses successeurs.
Nous le suivons en Equateur à Puerto Bolivar, petite ville sur les rives du Pacifique, où nous apprenons que même dans les confins du monde déroger aux coutumes des notables c'est s'exposer à bien des inconvénients...
Plus loin dans une estancia où l'on conserve jalousement ses racines espagnoles, une famille descendant des conquistadores nous livre une atmosphère de haine, de bêtise et de rejet du peuple métissé. Lauteur nous offre des petits tableaux ciselés décrivant les moeus des pays qu'il découvre, des moeurs dont j'ai eu l'occasion de soulever le voile parfois à Cuba au contact de famille de descendants d'hidalgos laissant parfois craquer le vernis révolutionnaire pour qu'apparaissent la distanciation avec leurs congénères métissés ou noirs de l'oriente cubain....


mots-clés : #autobiographie #voyage
par Chamaco
le Sam 3 Déc - 22:51
 
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Nicolas Bouvier

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Journal d'Aran et autres lieux

En exergue : Si l'on ne trouve pas surnaturel l'ordinaire à quoi bon poursuivre ? Charles-Albert Cingria (Les Fourmis)

Et Nicolas Bouvier promène  son regard sur le monde, sur les Hommes  d'île en île et découvre l' extraordinaire.

Le livre se compose de 3 parties : les iles d'Aran - les chemins du Halla-San et Xian.

Sur toutes les îles visitées l'auteur rappelle l'histoire, les religions et nous montre les choses les plus étonnantes comme la plus grande bibliothèque de bois du monde préservée dans un monastère (Canon bouddhiste) le lit d'un torrent qui est livre de pierres car gravées d'inscriptions votives, l'île volcan d'Halla-San, mais ceux sont les portraits des Hommes et tout particulièrement celui d'un guide humaniste qui donnent tant d'intérêt à ces récits.

Le vent qui l' a accompagné dans son séjour sur les îles d'Aran et la Nature, sauvage ou civilisée demeure quand je referme le livre.

J'ai une nouvelle fois retrouvé avec grand plaisir l'écriture de Bouvier, son humour, son humanisme.

j'aime sa façon de dire son bonheur : "c'était un monde complet"


mots-clés : #voyage
par Bédoulène
le Sam 3 Déc - 17:41
 
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Jean Malaurie

Jean Malaurie

Né en 1922

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Jean Malaurie, né le 22 décembre 1922 à Mayence (Allemagne)1, est un ethno-historien, géographe/physicien et écrivain français2. Il est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, et également le directeur et fondateur de la collection Terre Humaine aux éditions Plon. (wikipedia)


Bibliographie


Hoggar, Touareg, Journal d’une exploration géographique1954.
Les Derniers Rois de Thulé, avec les Esquimaux polaires, face à leur destin
Hummocks I et II
L’Appel du Nord
L’Allée des baleines,
Terre Humaine : cinquante ans d'une collection, entretien de Mauricette Berne et Pierrette Crouzet avec Jean Malaurie






*


"les derniers Rois de Thulé" (enfin)

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Ma première réaction après avoir feuilleté du pouce  et être tombée sur un dessin de piège à renard dont la légende précisait l'agonie de la bête, a été la crainte de ne pouvoir lire le livre si l'auteur s'appesantissait sur de telles descriptions.

Bien m'a pris de vouloir assumer mon engagement pour cette lecture.

Au-delà de l'aventure de cette expédition géographique, c'est bien la connaissance , l'histoire et l'avenir de ce peuple Groënlandais qui donnent à ce livre son intérêt, son humanité. Toutes les actions de ses Hommes qui se nomment eux-mêmes "animaux humains" sont justifiées par le climat, la Nature de ces lieux où ils vivent. Adapter leur vie aux cycles de la nature dans toutes ses composantes (faune, flore...) est leur unique moyen de survie. Ce Peuple respectent son environnement.
Les esquimaux sont durs avec les animaux (y compris leurs chiens indipensables) comme ils le sont avec eux-mêmes. Leurs actions les plus radicales, les plus monstrueuses parfois n'étaient dictées que par la nécessité.
Vivre en communauté est essentiel pour les Inouits.Ils pratiquent la religion, mais reconnaissent toujours les pouvoirs des chamans. Les mythes génèrent des règles strictes de vie et au Groënland (comme souvent dans d'autres pays) ce sont les femmes qui sont l'objet du plus grand nombre de tabous.

L'auteur nous relatent des évènements anciens utiles pour la compréhension de l'état de ces esquimaux et de leur évolution. Ressort de ces récits l'attitude indigne de certains "blancs" qui ont utilisé et même abusé de la disponibilité, habileté, dévouement des esquimaux pour leurs expéditions.

L'installation d'une grande base Américaine en juillet 54 bouleverse la petite ville de Thulé et les esquimaux se déportent 200 kms à l'intérieur des terres pour échapper à cette ville qui leur est imposée et qui leur dérobe leurs ressources.

L'écriture est prenante et ne manque pas de poésie, et l'humanisme est délivré par la compréhension, la reconnaissance et l'amitié accordées par l'auteur à ce Peuple. Les dessins naïfs illustrant ce livre et les nombreuses notes sont des plus intéressants.

l'attitude de Jean Malaurie l'honore.


mots-clés : #autobiographie #minoriteethnique #nature #voyage
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 23:16
 
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Mathias Enard

Mathias Énard
Né en 1972

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Mathias Énard, né le 11 janvier 1972 à Niort, est un écrivain et traducteur français, prix Goncourt 2015 pour son roman Boussole.

Mathias Énard, après une formation à l'École du Louvre, suit des études d’arabe et de persan à l'INALCO. Après de longs séjours au Moyen-Orient, il s’installe en 2000 à Barcelone. Il y anime plusieurs revues culturelles. Il traduit deux ouvrages, l'un du persan, et l'autre de l'arabe. Il participe aussi au comité de rédaction de la revue Inculte à Paris et, en 2010, il enseigne l'arabe à l'université autonome de Barcelone.

La Perfection du tir, son premier ouvrage, paraît en 2003, roman narratif d'un tireur embusqué durant une guerre civile — d'un pays non évoqué, mais qui pourrait être le Liban — et son obsession de la mort : « Je ne savais plus si j'étais celui qui tirait ou celui sur lequel on tirait. »4. L'ouvrage est récompensé l'année suivante par le Prix des cinq continents de la francophonie, et Prix Edmée-de-La-Rochefoucauld. Il est aussi sélectionné au Festival du premier roman 2004.
Il est pensionnaire de la Villa Médicis en 2005-2006.

En 2008, Actes Sud publie son roman Zone, caractérisé par une seule phrase à la première personne, de cinq cents pages (avec pour exceptions trois chapitres, extraits de l'ouvrage que lit le narrateur), et récompensé par plusieurs prix, dont le Prix Décembre, le Prix Candide et le Prix du Livre Inter.

Il publie en 2010 aux éditions Actes Sud un petit conte, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, sur un épisode probablement fictif de la vie de Michel-Ange, une escapade à Constantinople, où il débarque le 13 mai 1506 à l'invitation du sultan Bajazet II. Ce court récit montre la Constantinople tolérante et européenne qui a su accueillir les juifs chassés d'Espagne par les rois catholiques. L'ouvrage est couronné par le prix Goncourt des lycéens 2010, et par le 25e Prix du livre en Poitou-Charentes & La Voix des lecteurs en 201211, décerné par le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes.

Féru d'art contemporain, Mathias Énard a par ailleurs créé en 2011 les éditions d'estampes « Scrawitch », et sa galerie homonyme, dans le 11e arrondissement de Paris, créée avec Thomas Marin, lithographe, et Julien Bézille, philosophe de formation.

En 2012, il publie Rue des voleurs chez Actes Sud, récit de voyage d’un jeune Marocain errant en Espagne lors des printemps arabes et du mouvement des indignés. Rue des voleurs est la réaction de l’écrivain à ces événements, ainsi qu’une réflexion plus large sur l’engagement et la révolte. Lors du Salon du Livre francophone de Beyrouth (26 octobre - 4 novembre 2012), il reçoit le premier prix Liste Goncourt : Le choix de l'Orient décerné par un jury composé d'étudiants d'universités du Liban et d'autres pays du Proche-Orient, sur le modèle du prix Liste Goncourt : le choix polonais. Le prix de l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire a également été décerné à cet ouvrage en 2013.

En 2015, il se voit décerner le prix Goncourt pour son roman Boussole qui traite de la vision de l'Orient par l'Occident.

(sources wikipedia)

Bibliographie :

2003 : La perfection du tir : Page 2, 3
2005 : Remonter l'Orénoque page 3
2007 : Bréviaires des artificiers
2008 : Zone ; page 1, 2
2010 : Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants ; page 1, 2
2011 : L'Alcool et la Nostalgie ; page 1, 2, 5
2012 : Rue des voleurs ; page 1, 4
2013 : Tout sera oublié ; page 1
2015 : Boussole ; page 1, 2
2016 : Dernière communication à la société proustienne de Barcelone (poésie) ; page 1, 2
2018 : Désir pour désir ;
2020 : Le Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs ; Page 4, 5
2023 : Déserter ; Page 5

màj le 23/04/2024

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Zone

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Juste quelques mots, sur ce livre dense et complexe

Une plongée en apnée ce livre et quelques bouffées d'air juste pour survivre.
Quel travail d'écriture pour relier, comparer les guerres depuis l'Antiquité jusqu'à notre siècle, l'analogie des bourreaux, des victimes ; véritable archéologie de la guerre.
Les révélations sur de nombreux écrivains pointent les comportements individuels dans le conflit.
Les villes aussi me sont apparues comme des "personnages", tantôt bourreaux tantôt victimes.
Le narrateur est d'une lucidité et d'une franchise terrible dans ses sentiments, j'ai particulièrement retenu le passage - lors de l'enterrement de son père - qui lui permet en évoquant Malcom Lowry de découvrir la sauvagerie dont son père l'accusait.
Avoir choisit le trajet en train, a permis le rythme et les pauses de l'écriture.

Une lecture ineffaçable et hélas actuelle !


mots-clés : #criminalite #guerre #historique #voyage
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 22:45
 
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Nicolas Bouvier

Chroniques Japonaises

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La création du Japon est en fait une histoire de famille   Au départ il y avait une nappe de limon et 2 kami (Dieux) frère (Izamagi) et soeur (Izanami) touillèrent le limon et séparèrent le haut et le bas sur lequel on pu poser les pieds ; ils s'aimèrent,  Izanami accoucha des 8 iles Japonaises (8 divinités), après une nombreuse progéniture elle mourut, il voulut la sauver mais n'ayant pas suivi la demande d'Izanami, elle le maudit, ils se détestèrent, et Izamagi pour vengeance donna le jour à de très nombreux kami.

Les empereurs Japonais surent mettre à profit le savoir et savoir-faire qu'ils découvrirent chez  leurs voisins Chinois et Coréens, notamment la religion Boudhiste et ses écrits. Mais les Dieux nationaux sont ménagés. A la cour de l' impératrice les filles d'honneur et les courtisans s'expriment par la calligraphie.

Pendant des  années des querelles entre les divers courants religieux divisent les Japonais.

Au 15ème siècle le pape Alexandre VI, l'Empereur Ming de Chine, les Anglais et les Français ont des vus sur le monde et sur le Japon (Zipangri). Mais les  Portugais sont les premiers Occidentaux à arriver dans le port d'une petite ile Japonaise ; ils apprennent au Gouverneur à se servir d'une arquebuse, à en fabriquer contre de l'or. Les premiers échanges sont installés. Deux prêtres de la Cie de Jésus convainquent les Grands du Kyushu de se convertir au christianisme ; les Bonzes sont chassés. De jeunes Japonais sont envoyés  en Occident ils reviennent instruits du latin, de la musique et de techniques ignorées dans leur pays, tels l'orfèvrerie et la serrurerie.
L'entente des Jésuites et des Japonais était basée sur beaucoup de malentendus, elle ne pouvait tenir, un édit  condamne les Pères à mort s'ils ne quittent pas le pays. En fait après 15 années de persécutions massives les Chrétiens Japonais sont décimés.
Bien inspirés,  au 17ème siècle les Hollandais ouvrent le commerce, sans la religion.

Au 19ème siècle les Américaiins, les Russes, les Anglais, plus atrd la France se font ouvrir des ports. Les USA imposent un traité aux Japonais, les autres puissances occidentales obtiennent les mêmes conditions, le Japon subit le commerce occidental, se sent humilié et cette situation génère chez eux  le rejet des étrangers (les Barbares).

Le Japon se rend compte que le pouvoir que  l'occident exerce sur lui est possible grâce aux "machines". Comme déjà dit les Japonais apprennent vite et ils vont exercer sur la Corée les mêmes moyens que ceux qu'ils ont subits, dès qu'ils disposeront de bateaux. Le Japon attaque plus tard la Chine et s'empare de territoires visés par plusieurs pays occidentaux mais qu'il sera tenu de rétrocéder "dans l'intérêt de la paix mondiale" formule que le Japon saura reprendre à son compte. En 1904 le Japon gagne aussi contre la Russie mais le pays est exsangue, le peuple gronde et l'empereur se défendra avec ses mots "il faut accepter l'inacceptable et supporter l'insupportable" formule qui sera resservie en 1944.
Il faut se rendre compte que la méconnaissance des us et moeurs de pays si différents participe aussi de choix stratégiques pas toujours judicieux.

Lors de la première guerre mondiale le Japon déclare aussi la guerre à l'Allemagne, mais sa participation se résumera à être l'armateur et le munitionnaire des pays alliés.

En 1923 Tokyo est dévasté par un tremblement de terre.  

Plus tard l'occident menacé par le commerce du Japon découvre le "péril jaune", les images de leur guerre en Chine font peur. L'attaque sur Pearl Harbour suivie de la déclaration de guerre sont pour les Japonais une "guerre sainte".

Le lecteur suit ensuite l'auteur à la rencontre des Japonais, de leurs moeurs, de leurs jeux, de l'étroitesse des lieux de vie dans les grandes villes comme Tokyo, de la clémence de Kyoto, du rythme de vie dans les campagnes, et des Dieux nombreux, de la poèsie des noms, des lieux.

La mentalité Japonaise  comme la ressent Bouvier :
"Il y a dans ce décor - comme d'ailleurs dans la nourriture - une immatérialité qui répète sans cesse : faites-vous petits, ne blessez pas l'air, ne blessez pas notre oeil avec vos affreux blousons de couleur, ne soyez pas si remuants et n'offensez pas cette perfection un peu exsangue que nous jardinons depuis huit cent ans."


ce qui parait une conclusion "Aujourd'hui on a roulé le ciel et déroulé le tableau noir. Au lieu d'être une racine, la tradition est un couvercle, et qui ferme bien.

Extraits :

" La marchande de sorbets voisine était venue s'accouder au comptoir et lisait par-dessus l'épaule de l'homme. Ils étaient tous deux transportés, absents. C'est dans la mesure où elle est spontanée et "plaisir de l'instant" que cette culture japonaise que nous cherchons à emmaillotter dans le discours ou l'explication est si impressionnantes. On était ce matin là bien loin des pamoisons érudites qui la tuent."


"Un Japonais peut à la rigueur commettre quelques escroqueries, traverser bien des viscissitudes et compter encore sur de l'indulgence, mais s'il ne va pas au bain tous les soirs, c'est un homme perdu. Encore plus l'étranger  qui, depuis les Portugais et Hollandais des premiers bateaux, a la réputation d'être un fameux malpropre qu'on suit sans peine à l'odeur."


"Leurs deux visages malicieux, noircis, usés comme des sous, sont les seuls que je puisse lire, parce qu'à leur âge, mais à leur âge seulement, on retrouve cette liberté et cet abandon qui font ici tout le charme des vieux."



J'ai retrouvé l'écriture de Bouvier, ce mélange de bonheur et de mélancolie, la dérision à son adresse et encore cette suspicion, cette interrogation de la vie.

"C'est vivre avec eux (les japonais) qui est parfois épineux....et vivre tout court."


pour ce livre Bouvier avait son regard de photographe, il a pris de nombreuses photos, notamment devant ce mur élément combien étonnant.

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mots-clés : #voyage
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 17:46
 
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Nicolas Bouvier

Le poisson-scorpion

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Ce qui est vraiment unique, dans ce livre, c'est ce mélange de joyeuseté et de désolation. Plongée dans un enfer de solitude, décrite avec un charme et une poésie qui en allègent la lourdeur.

À l'issue d'un périple de deux ans en Inde, Nicolas Bouvier fait une station de plusieurs mois sur l'île de Ceylan, avec pour seuls compagnons ses livres et sa machine à écrire,s ans nous en expliquer les motifs, sans doute parce que c'est un homme qui vit l'instant.
Son seul contact, qui se voudrait ressourçant mais creuse sans doute le fossé, ce sont les lettres que lui apporte le facteur : sa mère, les post-scriptums de son père, et sa petite amie qui lui donne de ses nouvelles sous la forme d'un faire-part de mariage. Nicolas Bouvier s'installe dans une auberge minable, fréquente un bistrot populeux, suit des routes, se rend sur la plage, dans un village réputé pour ses sortilèges. Il observe avec un œil qui mêle la malice, la poésie, le rêve. La population locale lui paraît  inamicale, voire mesquine, et ce n'est qu'avec quelques individus réels ou imaginés, qu'il tisse un lien : l'épicière tamoule, le fantôme du jésuite, l'horloger réparateur de machine à écrire… Ces portraits tendres et facétieux semblent sauver l'espèce humaine, à laquelle, le temps passant, Nicolas Bouvier  préfére la fréquentation des insectes, espèce  omniprésente, puissante, à la fois discrète et envahissante. Dans cette ambiance poisseuse de chaleur et vaguement hostile, Nicolas Bouvier, qui est arrivé malade, plonge peu à peu dans une étrange noirceur  indifférente, dont la narration rétrospective,  constitue  un petit chef-d'oeuvre de délicatesse amusée.

Nicolas Bouvier, voyageur immobile, a l'élégance de ne nous conter son désespoir que pour nous faire sourire, jouir de la langue, connaître des hommes et des femmes étranges et différents, l' accompagner, lui, le nomade devenu un temps sédentaire, frôlant la folie, fréquentant les poissons-scorpions et les escargots .



(commentaire rapatrié)


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par topocl
le Ven 2 Déc - 17:44
 
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Nicolas Bouvier

L'usage du monde

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c'est un voyage culturel que nous conte Nicolas Bouvier, culture acquise et héritée pour les nombreux pays qu'il visite en compagnie de Thierry Vernet, peintre dont les dessins bruts à l'encre noire sont autant de supports à l'écriture. Une écriture dynamique ponctuée de poèsie et d'humour.

J'ai retrouvé dans ce livre des réflexions rencontrées dans le livre de Stasiuk : Taksim.

merci Shanidar d'avoir tracé le parcours par la diversité des pays traversés et long voyage par la distance. Mais la musique et la danse accompagnent nos voyageurs et le lecteur. La première qualité que délivre le début de ce voyage c'est "accueillant" pour ce qui concerne les habitants et pour notre duo, le regard rempli d'humanité qu'ils posent sur la population.
quelques extraits qui démontrent les sentiments de notre jeune duo de voyageurs :

"La France est peut-être, comme les Serbes se plaisent à nous le répéter, le cerveau de l'Europe (1953/54) mais les Balkans en sont le coeur dont on ne se servira jamais trop"

"On nous invitait dans de sombres cuisines, dans de petits salons de laideur fraternelle pour d'énormes ventrées d'aubergines, de brochettes, de melons qui s'ouvraient en chuintant sous les couteaux de poche."

j'aime l'association de ces 2 mots qui dit beaucoup sur  Bouvier.

L'Histoire surgit à chaque Pays, voir ville visité.

" s'il (l'étranger)  reste, il s'apercevra que tout est bien plus compliqué parce que depuis mille ans, en Macédoine, l'Histoire s'ingénie à brouiller les races et les coeurs."


A Prilep vivent des Turcs, des Bulgares, des réfugiés Albanais, des Grecs et les caïds du Parti.

Un peu d'humour : "les singulières orthographes Turques : Fileminyon, agno alobergine..."

Il faut aussi préciser que les deux jeunes gens voyagent dans un véhicule "capricieux" (qui râle à grimper sur des cols d'altitude) mais à qui ils doivent des pauses et des rencontres étonnantes.  

Toujours beaucoup d'empathie envers ces populations souvent démunies de l'essentiel.

"Nous comptons sur leurs recettes pour revivre, eux sur les notres pour vivre."

"...c'est si doux, les vieilles habitudes, même celles qui vous oppriment. Plutôt un malheur familier que ces nouveautés insolites, et cet effort encore pour comprendre, lorsqu'on atteint, rompu, la fin de la journée."


Le lecteur s'étonne parfois, de la rigueur des autorités, des obligations (parfois saugrenues) auxquelles doivent s'astreindre les voyageurs en arrivant dans un nouveau territoire mais aussi en le quittant.

Bouvier et Vernet avaient l' envie de découvrir, la curiosité nécessaire et ils se sont donnés les moyens, l'un en cherchant à exposer et vendre ses dessins, l'autre ses écrits.

Sur la frontière Iranienne : Plus moyen de déchiffrer une enseigne ou une borne milliaire ; c'était l'écriture persane qui marche à reculons. Le temps aussi : en une nuit nous avions passé du vingtième siècle du Christ au XIVe de l'Hégire, et changé de monde."

Tout le long du voyage jusqu'à cette ville de Tabriz où le climat les contraints à demeurer 6 mois, Bouvier rappellera l'occupation Soviétique.
mais Bouvier écrit que dans  cette ville les Russes laissèrent  des constructions utilitaires :  une filature ultra-moderne, une université (fourmillante de sympathisants) et .............................de très (trop) nombreux volumes sur Marx, Lénine...............

Nos deux compagnons aiment à rencontrer les personnages les plus divers et surtout ceux dont  la population les dissuade.

Ils apprennent beaucoup de la ville en rencontrant le vieux M par exemple, personnage à l'oeil affuté.

Leur rencontre avec les Lazaristes, dont l'un des plus étonnant, instruit, mais sans plus d'illusion, qui vivait ici depuis 5 ans, et dont le constat amer sur l'Islam fait, je trouve, écho aux évènements de notre époque.

"-L'Islam ici, le vrai ? c'est bien fini...plus que du fanatisme, de l'hystérie, de la souffrance qui ressort. Ils sont toujours là pour vociférer en suivant leurs bannières noires, mettre à sac une ou deux boutiques, ou se mutiler dans des transports sacré, le jour anniversaire de la mort des Imam... Plus beaucoup d'éthique dans tout cela ; quant à la doctrine n'en parlons pas ! j'ai connu quelques véritables musulmans ici, des gens bien remarquables... mais ils sont tous morts ou partis. A présent...Le fanatisme, voyez-vous, reprit-il, c'est la dernière révolte du pauvre, la seule qu'on ose lui refuser. Elle le fait brailler le dimanche mais baster la semaine, et il y a ici des gens qui s'en arrangent. Bien des choses iraient mieux s'il y avait moins de ventres creux."


un dessin de Vernet s'impose

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Tabriz, où pour Vernet ce long hiver et les longues lettres de son amie ne font qu'accentuer l'impression d'être coincé, alors qu'il a hâte de la rejoindre et de l'épouser et décide donc de quitter l'aventure à Kaboul. Il en informe Bouvier qui bien que regrettant leur complicité comprend parfaitement.

Les anecdotes en rapport avec la poste restante et les anachroniques séances de cinéma sont parfois réjouissantes.
Il semble que l'hiver se plaise  à perdurer et à accabler les indigents de la ville.

"On aurait bien surpris ce vieil homme, en lui reprochant la nature de ses propositions ; passé un degré de misère ces subtiles distinctions s'abolissent et, au point où il en était, il n'avait plus que sa carcasse à négocier. "

Bouvier et Vernet vivent modestement, mais quand ils en ont l'occasion ils apprécient les offrandes généreuses. Car ce voyage est aussi un prétexte à découvrir la nourriture des pays traversés, nourriture qui est bien le lien le plus convivial et social.

Les Tabrizis sont majoritairement shi'ites et Bouvier, à l'occasion de l' enterrement d'un Kurde, rappelle la "rogne vivace" qui les oppose aux sunnites.

Bouvier et Vernet décident d'un court séjour à Mahabad, mais là aussi ils seront bloqués plusieurs jours par une pluie torrentielle qui rompt les ponts et détruit les routes. Leur logeur est sympathique, mais la ville comporte trop d'uniformes, ceux de la gendarmerie et les soldats. Les deux jeunes gens sont contraints d'accepter l'hospitalité du capitaine de gendarmerie, à la prison. Ils font une escapade agréable dans la montagne où ils partagent le repas d'un arbab, au hameau de Beitas. De retour à la ville de Mahabad, engageant un pari avec le capitaine qui les retient, ils réussissent à retourner à Tabriz.

C'est la rareté qui donne de  l'intérêt alors même que l'objet était si familier que son intérêt en devenait banal, Bouvier en prend conscience à plusieurs reprises durant le voyage, notamment à propos d'un livre, d'un téléphone.

"Nous au contraire, cet appareil démodé, ce récepteur en forme de liseron nous paraissaient admirables ; cela faisait huit mois que nous n'avions plus téléphoné."


je suis sous le charme de ce voyage et sous le charme des mots de l'auteur.

retour à Tabriz
Il faut dire un mot du point IV (maison américaine étage politique et étage technique de spécialistes) Il y a beaucoup de psychologie dans les remarques de Bouvier quant aux rapports des Américains et des villageois, il démontre l'incompréhension que partage les 2 cultures.

"On (le citoyen américain) le persuadera sans peine qu'on tient le communisme en échec en construisant des écoles semblables à celle dont il garde un si plaisant souvenir. Il aura plus de mal à admettre que ce qui est boon chez lui ne peut pas l'être ailleurs ; que l'Iran, ce vieil aristocrate qui a tout connu de la vie..................et beaucoup oublié, est allergique aux remèdes ordinaires et réclame un traitement spécial.
Les cadeaux ne sont pas toujours faciles à faire quand les "enfants ont cinq mille ans de plus que Santa Claus.""

A Téhéran Bouvier nous fait découvrir une ville lettrée où beaucoup d'habitants parlent le Français, par curiosité de l'ailleurs. Où l'on peut rencontrer une boutique un jeune homme de 25 ans qui déclame un poème de Michaux.
Chacun des 2 voyageurs, dans leur discipline respective trouve du travail dont le revenu leur permettra de continuer pendant 6 mois.

Ils ont trouvé leur Sésame et protection, une idée judicieuse : inscrire en persan un quatrain de Hâfiz.

En Iran, la musique et la poèsie peuvent, à haute dose, assoupir la vie constate Bouvier.

Comme déjà dit les 2 jeunes gens rencontrent souvent des personnes étonnantes ; La supérieure de l'Institut Jeanne d'Arc, qui n'accepte pas sa conférence sur Stendhal, ce mange-curé dit-elle, mais aimant la musique, lui prête un disque auquel elle avoue tenir comme à la prunelle de ses yeux : "Le chant des Partisans estampé d'une large étoile rouge".

Je relève aussi que des hommes, frustes tricotent et filent.

Départ vers Isaphan, une route dangereuse où notre voiture est victime de deux soucis mécaniques, nous devrons notre salut à des camionneurs sympas qui chargent la voiture dans leur camion, nous évitent les Kaolis (brigands des chemins) et la mort alors que les freins du camion lâchent. L'accident ne causa que quelques gnons qui n'empêchèrent pas les camionneurs de croquer un concombre avant de réparer et nous amener, comme prévu, à Chiraz le soir même.
Le duo continue la route,  difficilement quant à l'environnement rencontré, de sable, de sel, de vent, de pluie, de chaleur intense  et de pannes les plus diverses. Des moments de lassitude, la prévision de 100 kms dans le désert Baloutch amènent d'amers reproches envers l'Iran, mais la vue d'une ville aimable, la promesse d'un lit  et la gaité des Baloutchs rassérènent les voyageurs.

Les nuits à la belle étoile, la marche obligée mais agréable quand la voiture fait défaut, participent du voyage.
Lequel se poursuivra avec des moments de doute, d' envie aux côtés de personnages hospitaliers, de rencontres inoubliables que ce soit des occidentaux ou des Persans, plus tard des Afghans jusqu'au Khyber pass.

Bouvier rappelle que "bon gré, mal gré" l'Islam et la Chrétienté ont un passé commun.

J'aime la philosophie de Bouvier : "ici, perdre son temps est le meilleur moyen de ne pas le perdre." qui est celle que lui enseigne ces pays d'Orient.

le voyage se termine à regret pour Bouvier et pour la lectrice que je suis.

L' amitié et le respect qui lient Bouvier et Vernet est l'un des moyeux du voyage.

Quant à l'écriture, elle est enivrante, parfumée comme les melons, chaude comme le thé, poétique comme les ciels étoilés.


quelques passages étonnants telle la diatribe contre ..................................les mouches !

                                                       les descriptions des camions et de leur équipage.

extraits :

"La ville fraîche et sonore débordait de figues et de raisins comme un panier. Elle sentait le thé vert et le suint de mouton. Les guêpes folles de sucre rayaient la pénombre des tchâikhanes au-dessus des crânes rasés, des turbans, des calottes d'astrakan, des visages emportés et tranchants."


"Le tenancier de la tchâikhane de Saraï use d'une publicité sans détour : un tronc en travers de la route. On s'arrête - il le faut bien - on aperçoit alors sous l'auvent de feuilles sèches deux samovars qui fument entre des guirlandes d'oignons, les théières décorées de roses alignées sur le brasero, et on rejoint à l'intérieur quelques autres victimes du tronc qui vous accordent un instant d'attention courtoise et reprennent aussitôt leur sieste, leur jeu d'échecs, leur repas."


"message rapatrié"


mots-clés : #voyage
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 17:43
 
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Sujet: Nicolas Bouvier
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