Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

La date/heure actuelle est Ven 26 Avr - 13:06

329 résultats trouvés pour nouvelle

Bernard Malamud

L'homme dans le tiroir

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 L_homm14

Huit nouvelles, dont je retiens ceci :
Le cheval qui parle
Abramovitz est un cheval qui parle (ou un homme dans un cheval), et son maître, le sourd-muet Goldberg, le maltraite quand il pose des questions qu’il ne doit pas poser, telles que sur son origine ou son sort ; il dit les réponses, puis les questions, dans un cirque, et rêve de liberté.
« Et quand il rit, il pleure. »

« Une fois que vous commencez à poser des questions, elles se suivent les unes les autres, et à la fin ça n’a plus de fin. Et s’il s’avérait que je me pose continuellement la même question, avec des mots différents ? Je continue à vouloir savoir pourquoi je ne peux pas poser de questions à propos de quoi que ce soit à ce grossier personnage. »

Mon fils l’assassin
Sur l’incommunicabilité intergénérationnelle.

Le chapeau de Rembrandt
Un professeur d’histoire de l’art s’interroge sur un sculpteur peu communicatif, en fait sidéré par son peu de talent.

L'homme dans le tiroir
Plutôt une novella, où Howard Harvitz, journaliste indépendant juif-américain, visite l’Union soviétique et rencontre un chauffeur de taxi-écrivain qui le conjure d'exfiltrer ses textes en Occident.
« − Pour le moment j’écris "pour mon tiroir" plutôt. Vous connaissez cette expression ? Comme Isaac Babel, je suis devenu maître du genre du silence. »

« − D’abord, écoutez, fit Levitansky en frappant la table du plat de la main. Je suis dans une situation désespérée. J’écris depuis des années mais pratiquement rien n’a été publié. Par le passé un… non, deux éditeurs qui m’aimaient bien m’ont dit, en tête-à-tête privé, mes histoires sont excellentes mais je viole le réalisme social. Ce que vous appelez l’objectivité, ils ont appelé "naturalisme excessif et sentimentalisme". Il est difficile d’écouter des pareilles sottises. Ils me conseillent de nager en fait sans me servir de mes jambes. Ils m’ont averti ; et ils m’ont donné des excuses que je ne respecte pas du tout. Ils m’ont dit même eux que j’étais fou alors que j’avais expliqué que j’offrais mes nouvelles pour la raison justement que l’Union soviétique est grand pays. Une nation grande n’a pas peur de ce qu’un artiste peut écrire. Une nation qui est grande respire à pleins poumons le travail de ses écrivains, de ses peintres, de ses musiciens, et devient grande encore plus, encore plus saine. C’est ce que je leur ai dit, mais ils me répondaient que je ne suis pas réaliste assez. C’est la raison pour que je n’ai jamais été convié pour faire partie de l’Union des écrivains russes. Et sans cela, on ne peut se faire publier. »

« Cela est ce que je pensais, ou tentais de penser, mais je ne pense plus maintenant ainsi. Je ne crois plus au partiinost, qui est la pensée dirigée, une expression qui est pour moi très ridicule et absurde. Je ne crois plus à la bolchevisation de la littérature. Je ne crois pas qu’est achevée la Révolution dans un pays des romanciers non publiés, et les poètes, et les auteurs dramatiques qui cachent au fond de leurs tiroirs et dans les boîtes des bibliothèques entières de la littérature qui ne jamais sera imprimée, ou bien qui sera publiée alors si elle l’est quand ils pueront déjà dans leur tombe. »

Billets de dame à une soirée
Une maîtresse de maison peut-être un peu inconséquente…

La lettre
Visites dominicales à l’asile psychiatrique.

La retraite
Retour de flamme…

La couronne d’argent
Croyance juive ou récit fantastique ?

Des nouvelles de la maturité, me semble-t-il, en tout cas plus abouties que celles de Malamud que j’ai pu lire jusque-là. Toutes traitent peu ou prou de la difficulté à communiquer.

\Mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Mer 4 Mai - 12:58
 
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Sujet: Bernard Malamud
Réponses: 46
Vues: 3342

Junichiro TANIZAKI

Le Tatouage et autres récits

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Le_tat10

Le Tatouage
Seikichi, un jeune tatoueur réputé et cruel qui cherchait une jeune beauté selon son désir pour lui « instiller toute son âme », suborne une future geisha et lui montre deux peintures anciennes, une princesse contemplant un homme qui va être immolé, et une femme regardant un monceau de cadavres, lui disant que c’est sa propre image. D’abord terrifiée, elle se soumet, puis est révélée à elle-même par le tatouage.

Les Jeunes Garçons
Ei-chan, le narrateur, est invité par son condisciple, le timoré Shin.ichi, à jouer chez lui, où il se révèle dominateur, notamment avec Senkichi, pourtant chef de bande à l’école. Mitsuko, sa sœur, se mêle bientôt à eux, et c’est alors une succession de fantasmatiques jeux sadomasochistes.

Le Secret
Le narrateur décide de faire une retraite secrète à l’écart des turbulences de Tôkyô.
« Il ne peut pas ne pas y avoir, me disais-je, coincée au milieu de la cohue des rues populaires, quelque oasis de paix où ne passent qu’exceptionnellement des gens bien déterminés dans des circonstances bien déterminées ; exactement comme dans un torrent impétueux se forment ici et là des trous d’eau dormante. »

Il mène dès lors une existence clandestine, lisant romans policiers et histoires criminelles, se déguisant pour sortir, puis se travestissant en femme.
« Environ une semaine plus tard, un soir, un incident imprévu, un curieux concours de circonstances, furent le point de départ d’une aventure passant toutes les autres en étrangeté, en fantaisie, en mystère. »

Il croise une femme avec qui il eut une aventure, dont la beauté l’éclipse et qui le débusque.
« Vous trouvez sans doute singulière ma toilette de ce soir ; mais c’est qu’il n’est pas d’autre moyen que de changer ainsi de mise tous les jours si l’on veut dissimuler aux gens ce que l’on est réellement. »

Il fréquente de nouveau « la femme d’un songe, qui habite le pays des chimères » sans même connaître son adresse, emmené là en pousse-pousse les yeux bandés ; parvenu à découvrir le chemin de son domicile, il sera dégrisé au terme de ses déambulations dans les rues, dont il se demande depuis le commencement combien il ne connaît pas dans la ville (et ce texte constitue un beau morceau d'urbex)…
Tanizaki, écrivain de la sensualité hors-norme dans un style magnifique, dès ses premières œuvres.

\Mots-clés : #nouvelle #psychologique #sexualité #urbanité
par Tristram
le Sam 30 Avr - 14:49
 
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Sujet: Junichiro TANIZAKI
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John Irving

Les rêves des autres

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Les_rz10

Les rêves des autres
Fred vient d’être quitté par sa femme (et sa fille), et découvre qu’il a le don de partager les rêves des personnes qui ont dormi là où il dort.

Un énergumène passe à table
Ernst Brennbar passe par une période post-prandiale plutôt chargée, et réagit à une conversation sur les discriminations comparées en intervenant pour soutenir les boutonneux ; il s’insurge au premier degré, mais sa femme transforme adroitement sa diatribe à titre personnel en métaphore de l’intelligence…
« C’est du racisme anti-boutonneux, voilà ce que c’est ! De l’acnophobie. »

« − C’est vrai que les gens intelligents constituent la minorité la plus infime. Il leur faut donc supporter la médiocrité bêlante et l’idiotie flagrante de tout ce qui est populaire. La popularité est probablement la pire insulte pour une personne intelligente. C’est pour ça, poursuivis-je avec un geste en direction de Brennbar, qui ressemblait à une nature morte, c’est pour ça que l’acné est une métaphore adéquate pour dire le sentiment d’impopularité qu’éprouvent les gens intelligents. Car l’intelligence est impopulaire, évidemment. Personne ne les aime, les gens intelligents. On ne leur fait pas confiance : leur intelligence cache peut-être une forme de perversité. C’est un peu comme de penser que ceux qui ont des boutons ne sont pas propres. »

Une facétie étrangement actuelle…

L’espace intérieur
Un urologue et sa femme passionnée d’aménagement intérieur, notamment de leur nouvelle maison, dont un beau noyer surplombe la toiture, ainsi que celle du voisin… La saison des noix arrive, tandis que le médecin tente de convaincre ses patients étudiants d’informer leurs conquêtes de leurs maladies vénériennes…

Dans un état proche de l’Iowa, ou l’itinéraire qui mène à l’état de grâce
Road trip d’un États-Unien qui fait équipe avec son véhicule, apparemment plus qu’avec son épouse…

Un royaume de lassitude
Minna, proche de la retraite, travaille dans un foyer de jeunes étudiantes ; ses confortables positions dans l’existence seront un peu chamboulées.

Faut-il sauver Piggy Sneed ?
Ce texte est peut-être celui qui m’a le plus touché, déjà à ma première (et ancienne) lecture : d’abord, Irving confie sa façon de fabuler à partir d’une expérience personnelle. Voici l’incipit :
« Ce qui va suivre est autobiographique, mais, entendons-nous bien, pour l’écrivain non dépourvu d’imagination, toutes les autobiographies sont truquées. La mémoire d’un auteur de fiction ne saurait lui fournir que des détails peu satisfaisants ; il nous est toujours possible d’en imaginer de meilleurs, de plus adéquats. Le détail juste est rarement ce qui s’est produit sans retouches ; le détail vrai, c’est ce qui aurait pu, ou qui aurait dû, se produire. Je passe la moitié de ma vie à me relire et, sur cette moitié, la moitié du temps à introduire de menus changements. La condition de l’écrivain exige qu’il sache allier l’observation minutieuse à l’imagination non moins minutieuse de ce qui ne lui a pas été donné d’observer. Quant au reste, il consiste à se colleter proprement avec le langage ; pour moi, en l’occurrence, travailler et retravailler les phrases jusqu’à ce qu’elles sonnent avec la spontanéité d’une conversation de niveau agréable. »

Ensuite, l’histoire est celle d’un misérable demeuré en butte aux blagues et moqueries de jeunes enfants, dont le narrateur-auteur, qui interroge la question du harcèlement des plus faibles d'une manière intimement liée à la démarche littéraire.

Mon dîner à la Maison-Blanche
Un deuxième texte apparemment autobiographique, une tranche de vie d’Irving dans le Vermont, et l’affirmation de sa position démocrate.
« Et, comme une soirée de fin d’année, mon dîner à la Maison-Blanche est suivi d’un bal − après tout, Hollywood est au pouvoir. »

Il me semble avoir toujours plus ou moins considéré Irving comme un auteur « gentil » ; malgré la connotation péjorative du terme, ce n’est pas si négatif, et ils sont plutôt rares dans ce genre…

\Mots-clés : #humour #nouvelle
par Tristram
le Dim 24 Avr - 13:16
 
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Sujet: John Irving
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Julio Cortázar

Tous les feux le feu

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Tous_l10

La première nouvelle, L'autoroute du Sud, est excellente. Un embouteillage gigantesque bloque cette autoroute peu après Fontainebleau un dimanche après-midi, et il durera plusieurs jours, plusieurs saisons même puisqu’après la canicule les automobilistes connaîtront la neige. Identifiés par leurs véhicules respectifs, plusieurs conducteurs et passagers se trouvent réunis et subsistent ensemble. Issus de différents milieux, ils forment peu à peu une communauté en rapport avec les groupes voisins, s’organisent autour d’un chef naturel, cherchent eau et nourriture, s’entraident, certains s’aiment, ou meurent. De cette expérience casuelle et incongrue, inepte et rageante, de voitures faites pour rouler et qui sont immobilisées sans recours, Cortázar bâtit une histoire convaincante, qui fait parfois sourire, et en dégage toute l’absurdité.
Incipit :
« Au début, la jeune fille de la Dauphine aurait bien voulu compter les heures, mais l’ingénieur de la 404 n’en voyait pas l’intérêt. »

La santé des malades raconte comment, dans une famille de Buenos Aires, pour la protéger on cache à la maman malade la mort de son fils, puis celle de sa sœur, dans une comédie savamment ourdie qui bientôt ne la convainc plus vraiment.

Réunion : débarquement guérillero dans la souffrance, avec che.

Mademoiselle Cora : c’est la jeune infirmière qui s’occupe d’un plus jeune garçon encore, fort materné et pudique, qui va être opéré de l’appendicite. Toute la narration est constituée de flux de conscience enchaînés, pensées intimes ou formulées, sans que soient toujours séparés les personnages, et sans que jamais le lecteur ne doute duquel il s’agit. Au début l’infirmière est détachée, d’ailleurs elle couche avec le chirurgien ; mais l’opération se passe mal, et elle s’attache de plus en plus à son patient. Ce texte est de nouveau une admirable réussite.
« Il doit croire que je suis sa mère, ils croient tous ça, c’est monotone à la fin. »

« Non, écoute, Maria-Luisa peut entrer, non pas ici, Martial. Naturellement, monsieur n’en fait qu’à sa tête, je t’ai déjà dit que je ne veux pas que tu m’embrasses quand je suis au travail, ce n’est pas bien. On dirait que nous n’avons pas toute la nuit devant nous, grand stupide. Allez, va-t’en. Va-t’en je te dis, ou je me fâche. Brute épaisse, idiot. Oui mon chéri, à tout à l’heure. Bien sûr que oui. À la folie. »

L'île à midi : un steward survole régulièrement une petite île grecque, et un jour il s’y rend. Il décide d’y demeurer, jusqu’à ce qu’à midi passe l’avion.

Directives pour John Howell : entré par hasard dans un théâtre londonien, il est absurdement contraint de jouer un rôle dans la pièce où une comédienne lui demande discrètement son secours ; il s’enfuit, faillissant – « C’est toujours la même chose ».

Tous les feux le feu : deux histoires intimement croisées, le cruel proconsul faisant mourir au combat le gladiateur qui a reçu un sourire de sa femme, l’amante remplacée par une cruelle qui lui annonce elle-même son éviction, une sorte de décompte sur la ligne téléphonique, une fin commune dans l’incendie.

L'autre ciel : le narrateur est partagé entre son existence familiale et professionnelle de courtier en Bourse rangé, et ses promenades dans le passage Güemès du Buenos Aires de son adolescence et la galerie Vivienne de Paris où il fréquente amicalement Josiane, une prostituée − son « ciel de stuc et de guirlandes » « retrouvé ». Un mystérieux tueur, Laurent, un énigmatique « Sud-Américain » hantent les lieux ; le personnage principal tente vainement de combiner ces deux parts de sa vie.
« …] je fus envahi par quelque chose qui était comme un abandon, le sentiment indéfinissable que les choses n’auraient pas dû se passer ainsi, que quelque chose en moi était en train de menacer le monde des galeries et des passages, ou pis encore, que mon bonheur en ce monde avait été un prélude trompeur, un piège fleuri, comme si l’une des frises de plâtre m’avait tendu une guirlande de fleurs fausses (et j’avais déjà pensé cette nuit que les événements se tressaient comme les fleurs d’une guirlande) [… »

De nouveau un texte fort habilement ourdi, par un magistral écrivain des univers entremêlés.

\Mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Mer 6 Avr - 12:51
 
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Sujet: Julio Cortázar
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Gérard Oberlé

Heptaméron avec Chardonnay

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Heptam10

Sur le modèle de l’Heptaméron de Marguerite de Navarre, lui-même inspiré du Décaméron de Boccace, Oberlé a composé sept nouvelles dans la continuité de ses Bonnes nouvelles de Chassignet – reprise de ce personnage d’humeur imprévisible, bourlingueur rebelle et bon vivant un peu sur le retour mais pouvant encore danser comme un ours dans ses bons jours, surtout fort cultivé, et fort buveur.

Première journée
Incipit :
« "C’est un taciturne, de mœurs occultes, de fréquentation sans agrément…" Ainsi parlait le naturaliste Jean-Henri Fabre pour présenter le scorpion languedocien, un compatriote qu’il avait observé sur les collines de Villeneuve-lès-Avignon. Poète, Fabre voit les insectes comme des personnes. »

Justin Galmiche est un affreux réactionnaire président d’une République imaginaire et troll sur le forum de Médiapart.
« Il répondait longuement à tous ses détracteurs, même aux plus imbéciles, avec un mépris cinglant et concis, aux autodidactes exaltés, aux couillons qui pensaient le flétrir avec l’épithète de bourgeois, aux pions des contemporaines bienséances offusquées par ses sarcasmes, aux calembourdiers incurables qui pullulent sur ce réseau, aux pseudo-spécialistes et autres experts en tout et en rien… Galmiche s’ébrouait dans ce marigot de platitudes claironnées, de bons sentiments imposés, comme un caïman insatiable. Fanfaron comme les autres, de mauvaise foi comme eux, il était tout ce qu’il y a d’infect, mais avec lui on ne s’ennuyait pas. »

Toujours les mêmes passions œnologique et gastronomique, bibliophile et littéraire :
« La "prise de voile" du savagnin et du chardonnay n’avait aucun secret pour moi. Jean-Claude Pirotte m’avait introduit dans cette congrégation il y avait très longtemps. Le chardonnay, même voilé, adoucit, lénifie, tempère et rafraîchit le sang des carnes les plus hargneuses, le remède est avéré depuis Rabelais, médecin et grand amateur de vin blanc d’Arbois. »

« Après un exquis dartois de filets de soles nappé d’une réduction de chablis, crème, coulis de tomates et écrevisses, elle a présenté un imposant plat creux en argent où reposait un aloyau de bœuf bordé de tranches de ris de veau, de champignons tournés, de petits culs d’artichauts et d’œufs de caille. »

« Il connaissait tous ses livres, il avait lu tous ses livres. Voilà son originalité comme bibliophile. Sa bibliothèque était copieuse, mais choisie. »


Deuxième journée
Volodia est brillant thésard et « fringant acrobate féru de poésie baroque », dont le prénom ramentoit à Chassignet son binôme dans la Légion, quand le 3e R.E.I. perçait la route de l’est en Guyane – un étrange et complexe personnage dans une novella à tiroirs et rebondissements.
« Son goût pour le macabre, y compris dans ses recherches universitaires, témoignait certainement d’un masochisme essentiel et trahissait peut-être une inconsciente cruauté. »

« Le rinçage au ratafia avait rebouté mes viscères. Cette guérison miraculeuse m’a convaincu d’accepter l’invitation à dîner, une dînette improvisée, diététique en diable, cassolettes d’escargots au chablis, beignets de cervelle d’agneau, sanciaux rissolés au saindoux et surprise glacée aux marrons. »


Troisième journée
Histoire d’une admiratrice excessive, surtout opportunité d’une jouissive chronique des salons du livre, « les grands souks de la bouquinaille ».

Quatrième journée
Terrible histoire de corbeaux, introduite par une anecdote rapportée par Jim Harrison.

Cinquième journée
Portrait d’un mythomane qui s’adonna trop au chablis.
« Chablis a mis beaucoup de printemps dans mes automnes, comme un petit clin d’œil de pâquerettes quand pointent les colchiques. »


Sixième journée
« Le secret des Mathivat n’était qu’une banale anecdote, une de ces petites misères de la vie conjugale qui assaisonnent la maussaderie matrimoniale d’un peu de piment. »


Septième journée
Une facétie achève l’ouvrage.

Dans ces contes relatés aux veillées postprandiales avec son alter ego, conversations de bon ton, Oberlé renoue avec le genre commun à Barbey d'Aurevilly, Jean Ray et tant d’autres, propre à introduire des confidences, des souvenirs, des fictions telles que plausibles.
« Nous avons l’habitude de lever nos verres pour porter des toasts aux espèces mal-aimées, divinités abolies, animaux nuisibles, mauvaises herbes, politiciens véreux, poètes mabouls, chanteurs sans voix, chirurgiens alcooliques… »

Le style de ce recueil (qui m’a davantage plu que le précédent), à la fois cultivé et plaisant, est surtout caractérisé par son vocabulaire très riche − mots rares, désuets, régionaux, y compris termes issus d’autres langues que le français, et assaisonné de sentences latines.

\Mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Mar 29 Mar - 12:45
 
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Gérard Oberlé

Bonnes nouvelles de Chassignet

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Bonnes10

Le narrateur-auteur évoque son ami Morvandiau, Chassignet, avec qui il partage régulièrement crus bourguignons et culture littéraire (et a une forte ressemblance avec Oberlé) ; il raconte trois histoires personnelles.

Mitzi
Chassignet hiberne comme de coutume à Assouan, où il a ses habitudes et amis nubiens. J’ai particulièrement apprécié l’exposé de cette région d’Égypte, d’autant que je l’ai fréquentée à la même époque (qu’on peut précisément dater de fin 1997, par rapport au récent massacre de Louqsor).
Mitzi est une belle et riche veuve qui loge au célèbre vieil hôtel Old Cataract, et intrigue Chassignet ; elle fréquente le felouquier Aïman, se marie avec lui, se retire dans le village de ce dernier, et se suicide. L’étrange comportement d’une sarcelle observée dans les marécages morvandiaux lui ramentoit celle vue dans une roselière égyptienne – la même ?

Rafalé
Nouvelle-Calédonie, 1987, sur les traces de Louise Michel déportée là après la Commune, qui s’intéressa aux langues et mythes kanaks.
Le narrateur, parvenu dans une zone écartée, rencontre un rafalé, vieux blanc réduit à l’état d’épave.
Littré a écrit:Rafalé : Terme de marine. Qui a subi des coups de vent inattendus, des rafales. Un navire rafalé.
Fig. et familièrement. Se dit d'un homme qui manque d'argent ou de choses indispensables, qui a subi des revers de fortune.

« Les bourlingueurs se lient plus facilement que les sédentaires. La brièveté du contact encourage sans doute à mettre le temps à profit. On sympathise en quelques heures. Dans la vie ordinaire, il faut des semaines, voire des mois avant d’en arriver à ce degré d’intimité. »

« Les amitiés passagères ont le charme des amours de vacances, un charme rompu d’avance. On sait que l’attachement est à courte échéance et c’est peut-être sa précarité qui lui donne de l’essor. »

« Pour avoir traîné ma neurasthénie sous bien des climats pendant mes jeunes années, j’avais compris depuis longtemps qu’il fallait respecter, observer et parfois adopter les mœurs, coutumes et codes des pays où l’on voyage. J’ai toujours suivi cette règle, par devoir de politesse, par goût pour la nouveauté et la singularité, mais également par mesure de prudence. »

White Trash
Road trip de Miami à l’Arizona à l’époque où un Français est un chicken comme Bush bombarde l’Irak avec la défection française.
Mésaventure dans un bled du Sud :
« On s’est imaginé que vous étiez une bande de gangsters version plouc et que vous nous gardiez prisonniers au tarif peau de fesses. »

Cette novella et ces deux nouvelles valent surtout pour l’expérience de voyages en immersion.

\Mots-clés : #nouvelle #voyage
par Tristram
le Jeu 24 Mar - 13:02
 
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Antonio Lobo Antunes

Dormir accompagné (Livre de chroniques II)

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Lobo310

De délicieuses nouvelles brèves, bourrées de remarques originales, marquées d’humour fin, mais parfois fort grinçant, plus souvent mélancoliques, poétiques : des fictions et des souvenirs, fréquemment situés à Benfica (Lisbonne). Personnages humbles, fracassés par l’existence (quelque infirmité), carnaval et foire populaire, l’enfance (fumer en cachette), l’hôpital, la guerre d’Angola...
Dans Portrait de l'artiste en jeune homme :
« Et c'est seulement faute de vocation pour la carrière de retraité, de martyr ou d'otage que j'ai fini romancier. »

Dans Chronique de carnaval :
« ...] les princes, les fées et les policiers
(les trois seules professions que je trouvais sublimes à l'époque et aujourd'hui encore, au plus profond de moi, je continue à le croire) »

Le style est suggestif, avec des reprises et des apartés dans des renvois à la ligne originaux, suscitant une agréable lecture ; il m’a paru excellemment traduit par Carlos Batista.

\Mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Dim 20 Mar - 11:46
 
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Adolfo Bioy Casares

Nouvelles fantastiques

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Nouvel13

Relecture d’un recueil qui m’avait beaucoup plu.

Le crime de Carlos Oribe
Le narrateur rapporte ce qu’il advint à General Paz (district du Chubut en Patagonie) en 1933 à ses deux amis, Juan Luis Villafañe, un journaliste qui narre sa rencontre avec le poète Carlos Oribe.
Incipit :
« La réalité (comme les grandes villes) s’est étendue et ramifiée au cours de ces dernières années. Cela a influé sur le Temps : le passé s’éloigne à une vitesse inexorable. Dans l’étroite rue Corrientes, certaines maisons ont subsisté çà et là plus longtemps que le souvenir que l’on garde d’elles [… »

Le Danois Louis Vermehren vit à l’écart dans sa propriété La Adela avec ses quatre filles. L’une d’elles, Lucie, décède, et le médecin refuse d’aller au domaine pour délivrer le permis d’inhumer. Le premier narrateur résume la version de Villafañe, avant de la déconstruire :
« Mais récapitulons les faits : par la fenêtre de l’hôtel, à General Paz, Oribe et Villafañe aperçoivent au loin un bois de pins : c’est La Adela, une propriété où personne n’entre et d’où personne ne sort depuis un an ; Oribe prétend, un après-midi, qu’il ne quittera pas General Paz sans visiter cette propriété ; le soir venu, sous un faux prétexte, il sort de l’hôtel ; Villafañe sort également ; le lendemain matin Lucie Vermehren meurt et l’interdiction de pénétrer à La Adela est levée ; Oribe ne veut pas aller à la veillée funèbre ; puis il y va et circule dans la maison comme s’il la connaissait ; ensuite Vermehren tue Oribe. »

On apprend notamment que Vermehren « décida d’imposer à tous une existence scrupuleusement faite de répétition, pour que chez lui le temps ne passât point », et que le médecin avait diagnostiqué, un an et demi avant sa mort, que Lucie ne pouvait survivre plus de quelques mois…

À la mémoire de Pauline
Le narrateur, un écrivain, est amoureux de Pauline, avec qui il pense partager une profonde « conformité d’âme » :
« Je crus pouvoir expliquer cette ressemblance en me disant que j’avais dû être une première ébauche, bâclée et confuse, de Pauline. »

Mais Pauline se fiance avec Julio Montero, aussi littérateur, assez piètre selon le narrateur qui l’exècre.
De retour d’Angleterre où il a étudié pendant deux ans, ledit narrateur revoit Pauline (dans un miroir) – et apprend que Montero la tua par jalousie la veille de son départ pour l’Europe. Dans un finale atterrant, il comprend de Pauline ne l’a jamais aimé et que son ultime apparition était une projection du ressentiment de Montero. J’avais déjà beaucoup apprécié à ma première lecture cette poignante histoire d’amour.

Une histoire extraordinaire
Le narrateur, un éditeur, est invité par Roland de Lancker dans sa maison de campagne pour y discuter la mise sur pied d’une académie littéraire. L’hôte, un original impie et cultivé, dispute son élève Olivia (aux belles jambes) aux pudibondes brigades du père O’Grady.
« Je n’aime pas une morale prosélyte, qui institue un système grossier de récompenses et de châtiments, une morale qui dépêche en enfer ceux qui n’ont pas la foi, qui est obsédée, comme une vieille fille aigrie, par le spectacle de la vie amoureuse des autres. Le christianisme va contre la vie même ; il la rétrécit, freine ses élans. N’a-t-il pas dépeuplé le monde de ses dieux antiques, qui étaient les forces qui aidaient à vivre ? Je ne cesse, voyez-vous, de déplorer la chute du panthéon païen. La nouvelle religion est triste ; elle trouve son plaisir dans la pauvreté, la maladie, la mort. Comme la légende de Faust, elle punit celui qui essaie de savoir et celui qui essaie de vivre, celui qui essaie de communier plus intensément avec le monde. Il faut mener sa petite vie, comme m’a dit une jeune fille, sans rien savoir de la vie éternelle. Il semblerait que l’Église et Goethe veuillent que les hommes soient comme ces pauvres qui sont si humbles qu’ils restent là où ils sont, sans poser de questions ni prétendre à quoi que ce soit. »

Lancker est en fait un païen polythéiste, sacrilège choquant la compagnie dévote dans sa lutte contre le christianisme, qui prend une dimension aussi surnaturelle que facétieuse.
Ce récit fait nommément référence à Magique, la pièce de Chesterton ; Borges appréciait également beaucoup cet auteur, et tout le recueil est fortement influencé par la littérature anglo-saxonne – et parcouru d’un humour chestertonien.

La servante d'un autre
Tata Laserna, femme du monde et à hommes, s’évanouit lorsqu’un explorateur belge lui présente la tête de Célestin Bordenave, un ancien amant, réduite par les Jivaros. À propos des « Pygmées d’Afrique [qui] parviennent, eux, à réduire le corps tout entier et, fait essentiel, qu’ils ne tuent pas », est contée l’histoire du poète Rafaël Urbina, amoureux de la belle Flora, dans un style à la fois précieux et emprunté, déplacé et d’une grande élégance.

La mouche et l'araignée
Raoul est heureux avec sa femme Andrea, jusqu’à ce que la peu appétissante Mlle Krig, qui sait se faire aimer, leur dicte leurs rêves.

Le côté de l'ombre
Le narrateur rencontre, de passage sur un rivage exotique, un ami perdu de vue, riche collectionneur anglais. Toute l’approche laisse craindre sa déréliction, à laquelle il échappe après avoir écouté les mésaventures de Veblen, amoureux de l’intelligente et trompeuse Léda, puis ruiné, et enfin rejeté là avec une chatte, Lavinia.

Un lion dans le bois de Palermo
Un lion échappé du zoo près du Club athlétique provoque un retour à la nature agressive des humains qui s’y trouvent.

Le calmar aime bien son encre
Le tourniquet qui a cessé de fonctionner dans le jardin de Don Juan Camargo, qui fait emprunter des livres scolaires par son filleul, don Tadeito, homme à tout faire un peu simplet qu’on fait parler pour découvrir qui réside là.

Le grand Séraphin
Alfonso Alvarez, professeur d’histoire ayant besoin de repos et d’air pur, a quitté Buenos Aires pour la petite hôtellerie du Boucanier anglais, sur la côte. Les sources thermales empestent, et bientôt poissons et cétacés sortent de la mer. La petite communauté réagit singulièrement à la fin du monde, et Hilda la servante allemande le poursuit toujours de ses assiduités.

On ne rattrape pas les miracles
Curieuses rencontres, deux sosies de Somerset Maugham sur un paquebot, une femme aimée et morte, croisée dans un aéroport.

Le raccourci
Guzman, un voyageur de commerce, emmène avec lui son ami Battilana, à la réputation d’homme à femmes.
« Aujourd’hui je trouve tout, mais on a changé les distances. Ce ne sont plus les mêmes. Certaines ont raccourci, d’autres ont été allongées. »

La voiture s’embourbe, et ils cherchent du secours dans ce qui se révèle un bâtiment militaire, où on les arrête. Battilana avoue à Guzman fréquenter sa femme avant de séduire une monitrice à l’issue d’une kafkaïenne cour martiale. Le colonel dit à Guzman de s’enfuir lorsqu’il entendra la salve de l’exécution de Battilana – ce qu’il fait, organisant vite la poursuite de son existence.

Régal de lecture, même si la qualité des textes est inégale, mais où s’allient le talent du conteur et l’adresse pleine d’intelligence du bon faiseur.

\Mots-clés : #fantastique #nouvelle
par Tristram
le Dim 27 Fév - 11:39
 
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Colum McCann

La rivière de l'exil

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 La_riv11

Douze nouvelles sur des Irlandais, en Irlande et aux États-Unis ; misère douce-amère et révoltée des déshérités.
In Sœurs, le premier texte :
« Je m’enroule comme un coquillage et j’écoute un bruit semblable à celui des vagues. »

Peu à ajouter pour ma part, sinon que c’est bien écrit, et que le rendu est humain quoiqu’assez désolant.


\Mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Lun 14 Fév - 10:55
 
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Jacques Abeille

Les Carnets de l'explorateur perdu

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Les_ca11

Divers textes ethnologiques étudiant la légende et les faits en marge de l’invasion barbare de Terrèbre, dans le Cycle des Contrées, et attribués à Ludovic, le narrateur des Voyages du fils.
Les cavalières : le corps franc de cavalières alliées aux barbares fut-il mythique ? Cinq témoins confirment leur existence, variant de façon souvent érotique autour du thème des Amazones.
Beaucoup d’évocation de trahisons, comme dans L’arbre du guerrier.
Contacts de civilisations entre les steppes et les jardins statuaires imagine une origine possible de la culture des statues.
Deux mythes du désert : Sur l'origine de la parole et Sur l'origine des images.
« Il y eut une histoire quand Inilo s’assura que de tout ce qui existe on trouve trace. Et cela l’effraya car celui qui regarde une trace, si c’est à la chasse, il est derrière sa proie, mais celle-ci est absente. Quand il rejoint sa proie, il n’y a pas de trace ; c’est la proie qui se dresse sur la place de sa trace. Enfin, quand la proie n’est plus, la trace reste bien que le chasseur accroisse ses forces. Et voici ce qui effraya Inilo davantage encore : quand le chasseur a atteint sa proie et qu’il s’en nourrit et en nourrit les siens, ce n’est plus vers la proie que mène la trace mais vers le chasseur. Et chaque jour de nouvelles traces vont vers le chasseur qui, au fur et à mesure qu’il avance en âge, traîne à sa suite tout un réseau de traces toujours plus innombrables. »

« On dit aussi que les hommes, longtemps avant de se soucier de construire, ébauchèrent des ruines. »

Bonda la lune, cosmogonie et littérature chez les minorités désertiques : sur le thème de la lune et du soleil, pôles féminin et masculin.

Dans l'ensemble, c’est toujours la même anthropologie fictive servie par un français châtié, poétique.

\Mots-clés : #contemythe #fantastique #nouvelle
par Tristram
le Dim 13 Fév - 10:55
 
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Sujet: Jacques Abeille
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Maurice Renard

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 51drry10

Le Professeur Krantz

Plus de dix ans qu'il était là le goût de reviens-y depuis ma précédente lecture de l'auteur !

Nouvelle assez courte qui étire son suspense avec un savoir faire certain pour nous faire cogiter jusqu'au dénouement. Dénouement qui n'est d'ailleurs pas la clé la plus intéressante. En effet c'est le dosage de l'appel du pied au fantastique pour planter son ambiance qui est intéressante et le positionnement par rapport au personnage du professeur et à la science voire l'autorité qui complémente de façon doucement piquante cette histoire simple mais étrange...


Mots-clés : #nouvelle
par animal
le Mar 18 Jan - 21:20
 
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Sujet: Maurice Renard
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Yi Sang

Les Ailes

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Unname16

Figure de l'avant-garde littéraire coréenne dans les années 30, et figure tragique : Yi Sang se fait connaître vers 23 ans, meurt à 26 (du fait de la maladie et de son emprisonnement par les japonais pour "délit d'opinion"). Yi Sang est quasiment inconnu en France. Pour les coréens, non seulement son œuvre mais sa personne sont emblématiques. Mais on voit à quel point les deux sont liés en lisant sa poésie et sa prose : Yi Sang met en scène sa propre image, de façon constante ; c'est ce qui lie les trois nouvelles du triptyque Les Ailes, au point qu'on a l'impression de lire qu'une seule histoire.

Yi Sang se regarde dans un miroir, il fume, il marche en ville ou se réfugie dans sa chambre. Ces images structurent vaille que vaille ces tribulations indécises, ces rencontres et ces séparations incessantes d'un homme suicidaire, tour à tour amant des femmes de plaisir (gisaengs) ou jouet d'une épouse légère. Plus on avance dans le recueil, plus le malaise est diffus, plus le contexte est flou. Le texte devient fumée ― insaisissable ― obscur ― le concret se raréfie sauf pour exprimer l'effet qu'il produit sur Yi Sang (dégoût, haine) les interactions deviennent irréelles (on ne sait plus qui parle et pourquoi) comme intériorisées, en un écho persistant et inintelligible, par le narrateur dans un état second. Les Ailes est un livre déconcertant, éprouvant aussi, de par sa nature profondément solipsiste et surtout les deux dernières nouvelles n'apportent finalement rien de spécial à la première (éponyme) où tout est déjà si bien dit.


\Mots-clés : #nouvelle #relationdecouple
par Dreep
le Jeu 6 Jan - 11:38
 
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Akiyuki Nosaka

Nosaka aime les chats

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Nosaka10

Pour qui aime les chats, ce livre est une sorte de référence. L’auteur y raconte son existence et les nombreux chats qui l’ont accompagné.
La quatrième de couverture traduit très bien le contenu et l’ambiance de l’ouvrage :

"Nosaka aime bien faire la sieste, l'été, en dégustant quelques prunes confites à l'alcool avec son chat Charly. Il faut dire que son pavillon à Tôkyô en est plein, de chats, l'un blotti sur son dernier manuscrit, l'autre toisant de haut la chienne husky, et dans le jardin se rassemblent les oiseaux, par centaines parfois, ainsi que d'énormes crapauds. Et l'humain écrivain observe d'un regard aigu tous ces êtres familiers, commente, se confie, philosophe, car sa fréquentation des chats lui délivre moult enseignements sur l'existence, le rapport à la nourriture ou à la mort.
Ses chroniques au jour le jour, souvent égayées par un sourire facétieux, se font aussi graves pour évoquer les souvenirs de chats hantant avec nonchalance les décombres de la guerre ou du tremblement de terre de Kôbe, énigmes de sérénité."

« A réfléchir ainsi, on comprend pourquoi les photos ou les peintures de chats sont l’objet d’une pareille vogue chez les humains. Dès lors que leur silhouette est fixée sur un support, on peut prétendre qu’ils sont « mignons » ou « beaux » mais ceux qui ne le sont pas n’en existent pas moins, au-delà de cette expression d’empathie, et c’est probablement la raison pour laquelle Natsume Soseki a écrit Je suis un chat. »


« Tout en me disant que ce sont de drôles de citoyens, je suis allé acheter ce qui ressemble à de petits futons, pour les protéger du froid, et je le réjouis fort de les voir consentir à coucher dedans. Quand Charly ronronne en goûtant à l’herbe aux chats que je lui ai donnée, je me sens moi aussi rasséréné. »



\Mots-clés : #nouvelle
par Pinky
le Dim 19 Déc - 15:22
 
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Sujet: Akiyuki Nosaka
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Bernard Malamud

Le Tonneau magique

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Le_ton10

Treize nouvelles sur les déboires de petits juifs, généralement à New York (ou en Italie), souvent réfugiés polonais après la Seconde Guerre mondiale, et qui cherchent un peu de bonheur.
Les Sept Premières Années : Sobel est amoureux de la fille du cordonnier Feld pour qui il travaille, mais ce dernier rêve d’un beau-fils plus prospère.
Les Pleureurs : Kessler, un ancien mireur d’œufs, est expulsé par son "marchand de sommeil" ; il pleure sur son existence (il a abandonné femme et enfants), et son propriétaire se joint à lui.
La Fille de mes rêves : auto-autodafé de manuscrits…
L’Ange Levine : Manischevitz, un infortuné tailleur, hésite à croire en un ange gardien, juif noir de Harlem.
Attention à la clé : un pauvre étudiant aves femme et enfant cherche un logement à Rome.
Prenez pitié : Rosen, un ancien représentant malade, s’efforce de donner de l’aide à une jeune veuve dans le besoin avec deux enfants, jusqu’à sacrifier sa vie.
La Prison : piégé, un ancien délinquant tente de prévenir une délinquante en herbe.
La Dame du lac : Levin, un ancien chef de rayon juif américain, profite d’un petit héritage pour visiter l’Italie, où il rencontre Isabella del Dongo sur son île du lac de Streza – croit-il −, et ment pour rehausser sa condition.
Lectures d’été : George a abandonné l’école, et reprend les livres pour se conformer à ce qu’il prétend faire.
La Facture : Willy Schlegel, concierge, achète à crédit dans la petite boutique d’en face, et ne peut pas rembourser.
Le Dernier Mohican : Arthur Fidelman, un étudiant du Bronx, arrive à Rome pour écrire une étude critique sur Giotto, et d’emblée Shimon Susskind, un réfugié, juif comme lui, le sollicite en quémandant son vieux costume. Le premier chapitre que Fidelman a écrit lui est dérobé, et il suspecte Susskind, qu’il cherche longuement, ne parvenant plus à poursuivre son ouvrage.
Le Prêt : Kobotsky réapparaît chez Lieb le boulanger. Amis lorsqu’ils étaient jeunes immigrants, une question d’argent les sépare jusque dans leurs misères.
Le Tonneau magique : Léo Finkle, un étudiant rabbinique de l’Université de Yeshivah de New York, passe par un marieur pour rencontrer une future épouse.
« Il lui fit remarquer en passant que la fonction du marieur était antique et honorable, hautement approuvée par la communauté juive, car elle rendait le nécessaire pratique sans entraver la joie. »


\Mots-clés : #communautejuive #misere #nouvelle #viequotidienne
par Tristram
le Mer 15 Déc - 12:31
 
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Sujet: Bernard Malamud
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Mark Twain

Nouvelles du Mississippi et d'ailleurs

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Nouvel12

Vingt-deux nouvelles souvent brèves, pleines d’un humour parfois un peu daté : c'est un genre qui semble ne pas être immuable, du moins dans certaines de ses formes…
Ces récits sont généralement présentés comme vécus ou au moins véridiques, souvent rapportés par quelqu’un de rencontre, fréquemment dans un train.
La célèbre grenouille sauteuse du comté de Calaveras est le cas d'un conteur aussi farfelu qu'intarissable.
Une journée à Niagara relate une visite touristique aux célèbres chutes ; remarque d’autant plus comique qu’on ne faisait pas les selfies soi-même à l’époque :
« Il n’y a pas de véritable mal à faire de Niagara l’arrière-plan où exposer sa merveilleuse insignifiance à une bonne lumière bien claire, mais s’y autoriser requiert une sorte d’autocomplaisance surhumaine. »

Les tribulations de Simon Erickson est l’histoire d’un jeune cultivateur épris des navets, et surtout d’une curieuse lettre dont le texte se transforme absurdement…
Une histoire vraie, c’est celle d’une Noire qui retrouva son fils, vendu treize ans plus tôt, dans l’armée de l’Union.
Le marchand d’échos est un réjouissant exemple de la passion des collections, avec le cas loufoque de celle… d’échos !
Les amours d’Alonzo Fitz Clarence et Rosannah Ethelton est une intrigante histoire de temps déréglé, de maison où la saison est différente d’une pièce à l’autre, et finalement de conversations téléphoniques...
Ce qui sidéra les geais bleus est une amusante historiette de geais qui parlent, et font preuve d’humour.
Une bien curieuse expérience : espionnage pendant la guerre de Sécession ?
La famille McWilliams et les signaux d’alarme : il s’agit d’une burlesque alarme anti-intrusion ; Twain semble avoir beaucoup de problèmes avec les nouveautés technologiques…
« J’acceptai ce compromis. Je dois vous expliquer que lorsque je veux quelque chose, et que Mme McWilliams veut autre chose, et que nous nous prononçons finalement – comme nous le faisons toujours – en faveur de ce que veut Mme McWilliams, elle appelle ça un compromis. »

Le chasseur et la dinde machiavélique a un accent de souvenir d’enfance.

\Mots-clés : #humour #nouvelle
par Tristram
le Lun 13 Déc - 19:44
 
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Richard Brautigan

La Vengeance de la Pelouse

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 La_ven10

Soixante-deux nouvelles brèves, souvent autobiographiques, portant sur l’enfance de Brautigan, San Francisco et la Californie, des filles, sa propre fille… et bien sûr la pêche à la truite.
Le premier récit, éponyme du recueil, nous apprend que sa grand-mère était une contrebandière de bourbon pendant la prohibition, et son grand-père un prophète qui retomba en enfance.
Les gamins-fantômes de Tacoma a écrit:« J’étais enfant alors, bien que maintenant j’aie l’air de quelqu’un d’autre. »

Poussières a écrit:« Je suis habité ce soir par des sentiments pour lesquels il n’y a pas de mots, et des faits qu’il faudrait expliquer en termes de poussières plutôt qu’en paroles.
J’ai examiné des petits bouts de mon enfance. Ce sont des morceaux d’une vie lointaine qui n’ont ni forme, ni sens. Des choses qui se sont produites comme des poussières. »

Aussi des petits textes de non-sens, ou des instants de l’existence, souvent infimes ; ou encore des réflexions mélancoliques, non dénuées d'humour.
Le royaume trahi a écrit:« Cela aurait pu être une histoire drôle, n’était le fait que les gens ont besoin d’un peu d’amour, et bon dieu que c’est triste, parfois, de voir toute la merde qu’il leur faut traverser pour en trouver. »

C’est inégal, mais il y a là des pépites, et la relecture n’a pas abîmé mon bon ramentevoir.

\Mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Sam 11 Déc - 15:22
 
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Jean Giono

Poème de l'olive

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Pozome11

Jean Giono a plusieurs fois chanté l’olivier et l’olive − la civilisation de l’olive. Ici, il évoque plus précisément les paysans, et les manœuvres du moulin, lors de la récolte en décembre. Ce serait un témoignage quasiment ethnologique, s’il n'attestait surtout d’un bonheur – et d’une grande saveur de langue.
« Et, mars venu, avec sa pluie folle et ses vents fous qui vous retroussent et vous gèlent le dessous des robes, quand la ménagère se sentait une bonne envie de colline et qu’elle ne pouvait pas sortir, elle allait au placard, elle trempait son petit doigt dans la burette, elle se mettait, comme ça, une goutte d’huile sur la langue, et voilà qu’elle était tout soudain si lourde d’arbres, de genévriers et d’odeur de terre que ça l’obligeait à s’asseoir.
"Ah, soupirait-elle, pour que ça réjouisse tant le cœur, il a bien fallu que ce soit fait avec le cœur." »


\Mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Jeu 2 Déc - 12:48
 
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Jean-Marie Blas de Roblès

La Mémoire de riz

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 La_mzo10

Vingt-deux nouvelles, généralement avec une part de fantastique (au moins d’après la perception du lecteur) et souvent situées en mer (Méditerranée et Bretagne), ou dans le passé (même si ce n’est parfois qu’une impression). Aussi une large part de recours à la mythologie, à la folie, aux associations et autres coïncidences, toujours avec une grande précision de vocabulaire, une imagination débordante et l’emploi de "faits divers" peu connus mais fort curieux.
Le scénario à la Borges de la nouvelle éponyme m’a paru irrecevable : qu’on puisse faire tenir une page de texte sur chacun des cinq mille grains de riz, soit ; qu’on puisse lire ces pages en désordre en leur trouvant toujours un sens est plausible (les 155 chapitres de Marelle, de Julio Cortázar, peuvent déjà être lus selon deux agencements), mais que les combinaisons de lecture restituent les œuvres perdues de maîtres anciens est inconcevable, même pour constituer une réponse aux « questions essentielles ». Dommage, ce conte a beaucoup de charme.
Loi Cioran est une intéressante anticipation de la profusion des livres : « elle stipulait que l’auteur d’un livre devrait payer de sa vie l’honneur d’une édition », ce qui calma le flux des parutions, tandis que la pléthore des livres existants est archivée en orbite − jusqu’à explosion de cette bibliothèque céleste, avec cette belle variation d’autodafé :
« Pour une minorité, dont je fais partie, la loi Cioran reste un souvenir empreint de nostalgie. Par nuit claire, nous sommes encore quelques rhapsodes à sortir dans les clairières. Nous allumons un feu de joie avec les nouvelles parutions de la semaine, et pendant que l’un d’entre nous récite, les autres regardent tomber les livres. Ils brûlent un à un au contact de l’atmosphère comme de minuscules étoiles filantes, plus ou moins lumineuses ou colorées. Le phénomène est rare, mais certains d’entre eux laissent dans le ciel d’éblouissantes traînées qui scintillent d’une façon singulière avant de disparaître. »

Le Quartette d’Alexandrie est un hommage à l’Alexandrie de Cavafy et Durrell.
L’Échiquier de Saint Louis, c’est celui sur lequel joue le roi, revenu de la septième croisade, contre un mystérieux Arabe ; le conte comme l’échiquier de cristal contiennent un vertigineux emboîtement d’ensorcelantes mises en abyme dans le genre des Mille et Une Nuits.
« Une accélération vertigineuse, et ce sont les sauriens, les lourdes hésitations diluviennes et leurs projets de mammifères avortés, les naissances tératologiques avec leurs cathédrales d’os enlisées dans la neige, et, tout à coup, l’homme, la bête nue, comme un paroxysme d’erreur à cet absurde foisonnement de monstres. »

Félix est l’histoire d’un homme heureux et sage, qui vieillit ; il apprécie les personnes selon leur nature, pas leurs opinions.
« En eux il appréciait les hommes et non les supporters d’une quelconque politique, persuadé qu’en la matière les choses se jouaient dans la façon d’être des gens plutôt que dans leurs velléitaires affirmations de force ou de générosité. »

J’eus d’emblée une impression de rapprochement tant stylistique que thématique avec Michel Rio ; d’un autre côté, je me suis aussi fréquemment ramentu Jules Barbey d’Aurevilly.
De beaux morceaux !

\Mots-clés : #contemythe #nouvelle
par Tristram
le Sam 27 Nov - 11:34
 
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Sujet: Jean-Marie Blas de Roblès
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Vues: 1900

Nina Berberova

Zoia Andréevna

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 Zozca10

Nouvelle, apparemment écrite en 1927, publiée par Actes Sud en 1995, une soixantaine de pages.



À Rostov, une jeune femme, d'un milieu aisé si l'on en croit son habillement, débarque d'un train de marchandises.
Elle loue une chambre, qui est en fait un salon, chez les sœurs Koudélianov, qui ont en quelque sorte démembré leur maison au décès de l'homme de la famille pour louer des chambres et s'assurer quelques subsides.
La nouvelle se passe dans les années de guerre révolutionnaire, le front est proche, l'épidémie de typhus échauffe les cerveaux.

Dans cette atmosphère tout ce qu'il y a de plus délétère les sœurs guignent le peu d'habits, de bijoux, de bien qu'a pu emporter la fuyarde.

Celle-ci, légèrement malade, se retrouve aux mains des tenancières, qui voient là un signe certain du typhus...

Nouvelle sordide, cruelle, mais cependant lumineuse, magnifiquement menée par Berberova, du grand art.
Peut-être reçoit-elle un éclairage nouveau aujourd'hui, pour un enfonçage de porte ouverte précisons en temps de pandémie, et aussi en temps de réfugiés que nous ne savons accueillir...mais il y a bien plus que ça en germe dans ces quelques pages.

\Mots-clés : #exil #huisclos #nouvelle #temoignage #trahison #xxesiecle
par Aventin
le Lun 8 Nov - 19:27
 
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Sujet: Nina Berberova
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Andrzej Stasiuk

L'hiver

Tag nouvelle sur Des Choses à lire - Page 3 L_hive10

Cinq nouvelles brèves, Paweł (un retraité qui se promène en observant son monde, et notamment la pacotille venue d’occident), Mietek (un autre ancien, qui a beaucoup vécu en forêt), Grzesiek, « Telles, ou à peu près telles, sont les réflexions de Grzesiek », qui récupère du cuivre dans une zone abandonnée et médite sur la disparition des choses :
« Aucun objet n’a le temps de vieillir, il meurt en deux temps trois mouvements. Il est d’abord tout neuf puis, tout d’un coup, il n’est plus bon à rien. Le néant traverse les choses : les briquets vides, les stylos vides, les bouteilles vides, les boîtes vides, mais aussi les ampoules, les piles, les boîtiers des Akai et des Funai privés de leurs entrailles électroniques, les téléviseurs où tout mouvement a cessé, les machines à laver blanches où plus rien ne tournera jamais, et les radios au silence de plomb, les armoires vides et les tiroirs sans aucune odeur, les Sony et les Sanyo morts d’une crise cardiaque électronique, les ballons crevés, les poupées délaissées, les ours en peluche trahis, les gobelets en plastique qui n’ont vécu que le temps d’une bière, les sachets de bonbons vides, les journaux telles des éphémérides d’un jour et, aux abords des villes, les petits corps gris des ordinateurs épuisés. »

Paris - London - New York, c’est la provenance exotique des vêtements de seconde main qu’Heniek tente de vendre dans la campagne polonaise.
Puis L’hiver, où Andrzej Stasiuk écrit à la première personne du singulier, et se demande si nous pourrions exister sans les quelques objets qui font notre environnement.
« Cette angoisse veut que je sois obsédé par les choses et les événements, les énumérations, les détails dénués de valeur. »

Grande unité de thème et de ton dans ce petit recueil qui évoque humainement les choses, notamment au moyen de listes (telle celle des marchandises du colporteur).

\Mots-clés : #nouvelle
par Tristram
le Mer 3 Nov - 11:46
 
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Sujet: Andrzej Stasiuk
Réponses: 42
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