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257 résultats trouvés pour polar
James Hadley Chase
Un lotus pour Miss Chaung (1961)
Peu avant la guerre du Vietnam, un un peu simple et plutôt massif américain profite mollement de sa vie d'expat à Saïgon. Un peu de boulot, des clubs, de l'alcool et Nanh sa maîtresse vietnamienne. Pour que ça dégénère il trouve par hasard de beaux diamants et quand on est massif et que les vietnamiens sont petits un accident est vite arrivé.
Les péripéties s'enchaînent sans traîner autour de ce bonhomme presque sympathique, balourd et pas très utile. Il se révèle d'ailleurs plutôt accessoire, l'action c'est pour les hommes de la Sûreté, la jeune femme et deux frères chinois.
On peut y voir un abus de clichés (extrait à venir ?) de violence et de menaces potentiellement gratuites mais ça fait le boulot avec le minimum de charisme qui évite de s'ennuyer. Dans le genre aventures exotiques on doit pouvoir trouver mieux, dans le genre polar aussi mais si vous n'êtes pas complètement allergiques à une imagerie macho-occidentale primaire ou que vous pouvez vous en amuser ça peut vous passer une paire de soirées.
J'ai lu pire dans le même registre, là j'y ai quand même trouvé un certain plaisir.
mots-clés : #polar
- le Dim 12 Aoû - 19:08
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Dominique Sylvain
Les Infidèles
Salomé Jolain est une jeune journaliste prometteuse qui travaille pour TV24, à Paris. Elle décide un jour de faire un reportage sur les couples adultères. Pour ce faire, elle prend une chambre dans un hôtel répertorié sur un site nommé Lovealibi.com, qui a pour mission de fournir « clé en main » des excuses, y compris sous forme de preuves matérielles, aux couples illégitimes pour se justifier auprès de leur conjoint. La fondatrice de ce site n’est autre que… sa tante, Alice Kléber. Lorsqu’on retrouve Salomé morte dans le square qui fait face à l’hôtel, le commandant Barnier et son lieutenant Maze se demandent s’il faut faire le lien. Qui est Alice, qui vit isolée dans une grande maison en Bourgogne ? Qui avait des raisons d’en vouloir à Salomé ? Que sait Valentin, l’homme à tout faire de TV24 et simple d’esprit ? Et pourquoi Maze trouble-t-il son supérieur ? Le roman alterne les points de vue de différents personnages, recomposant petit à petit le puzzle, retraçant les relations parfois complexes entre eux. L’écriture est efficace et semée de belles trouvailles stylistiques. C’est le deuxième livre que je lis de cette auteure, après Kabukicho qui se déroulait au Japon. Ça ne sera pas le dernier !
mots-clés : #polar
- le Jeu 5 Juil - 18:17
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Philippe Claudel
Originale: Français, 2018
CONTENU :
Une île assez éloigné dans l’Archipel du Chien, une petite société vivant de la pêche, les vignes, les plantations d’olives et des câpres. Et la vie tranquille est chamboulée un jour quand trois cadavres échouent sur la plage. D’un coup un noyau de gens, représentant la communauté insulaire, est confronté avec des choix qui vont revéler leur nature. Quoi faire avec ces corps, qui vont, sinon, mettre en question un projet d’installation d’un centre thermal et salir la réputation de l’île ? Des opinions divergent, des scrupules et l’absence de celles-ci se confrontent. Comment cela va continuer ?
REMARQUES :
Dans un sens strict on n’arriverait pas à localiser géographiquemment les lieux. L’auteur se sert d’éléments de la réalité et d’un monde de fable. Néanmoins certaines caractérisations pourraient s’appliquer sur les îles Canaries (tirant son nom de Canes = chien). Aussi, c’est là que dans un certain sens ont débuté les premiers signes d’une fuite massives de réfugiés et où ont échoué des cadavres de naufragés...
Mais dans des premières pages d’une fureur splendide, le narrateur mystérieux ; témoin, ni homme, ni femme (mais rappelant un ange ? Ou un coeur grecque de tragédie?) s’adressent à tous, car « tout cela aurait pu se passer n’importe où, hier, il y a un an ou aujourd’hui ». Et alors c’est à nous qu’on devrait appliquer « la morale de l’histoire, ayant une sorte de valeur universelle.
La communauté insulaire, vivant dans une sorte de tranquillité isolée (ou un isolement tranquille?!) est bouleversé par l’apparition de ces trois cadavres. Mise en question de nos projets, de notre tranquillité ? Est-ce que cela va mettre la puce à l’oreille aux investisseurs qu’il faudra pour financer le projet d’une station thérmale ? Et voilà que les sept témoins sans noms (appelé par leur fonction ou un trait de caractère) forment une communauté unie par un but ?! Mené par le maire ils décident quoi faire. Juste le jeune instituteur, étant arrivé récemment lui-même aussi de l’extérieur, reste sceptique, s’oppose un peu. Est-il bien le seul à vouloir savoir « la vérité » ?
Devant certains événements les personnes dans les romans de Claudel sont souvent mis devant leur vérité, une d’obscurité, de petitesse. Parfois il semble que ce livre est traversé par une sorte de pessimisme, surtout dans le comportement face à l’étranger, à l’Autre, pas seulement réprésenté par les trois réfugiés échoués mais aussi par l’instit d’ailleurs. Et on peut se demander si l’Autre est forcemùent plus sensible pour pour l’injustice ? Quelle institution : la foi, la raison, le pouvoir, discerne le bien et agit ? Comment foctionne des mécanismes d’auto-défense, de constitution de groupe qui refusent la part de responsabilité mais cherchent à culbabiliser l’autre ? Mais aussi : est-ce que le refus de l’Autre est finalement refus de moi-même et mène vers l’autodestrcution ???
Peut-être certains mécanismes seront typés, comme aussi les personnes sans noms. Parfois peut-être trop évident ce que l’auteur suggère ?
Le lecteur de Claudel retrouvera certains sujets. Je me sentais fortement rappelé au « Rapport de Brodeck ». Aussi, dans un certain sens, on pourrait parler d’une prolongation de la trilogie sur les génocides, car ici, le génocide des temps modernes, c’est bien à la face du monde et à notre grande connaissance, celui envers des réfugiés qu’on laisse tranquillement mourir dans la Méditerranée et ailleurs… Et notre façon de faire sera un jugement de nous-mêmes et de notre avenir...
Remarquable !
mots-clés : #contemporain #culpabilité #immigration #polar
- le Mar 19 Juin - 16:00
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- Sujet: Philippe Claudel
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José Manuel Prieto
Papillons de nuit dans l'empire de russieLe narrateur, un certain J, profite de l’effondrement de l’empire soviétique pour faire du trafic avec l’occident en privilégiant le matériel militaire high-tech : guides laser et googles infra-rouge. Il a bien compris qu’il peut bénéficier d’une plus-value non négligeable sur ce type d’objet peu encombrant, en revanche il risque gros. Il rencontre lors d’une vente un richissime suédois qui lui suggère un autre type de trafic, moins dangereux, celui des papillons. J se lance donc à la recherche du mystérieux yaziku dont le dernier spécimen a été donné au tsar Nicolas II en 1914.
Lors d’un voyage à Istanbul avec son employeur suédois, J remarque dans une boîte de nuit une stripteaseuse et prostituée, une certaine V, une jeune russe qui a voulu fuir son village sordide de Sibérie. Celle-ci lui demande de l’aider à fuir et retourner en Russie (cas classique, le propriétaire de la boîte lui a confisqué son passeport et l’a endettée à vie). Par la suite, J recevra sept lettres de V, lettres sublimes. Pour lui répondre il va lire de nombreuses correspondances de l’Antiquité à nos jours.
Encore un détail : si nous sommes en admiration devant les lettres de Flaubert à Louise Collet, ou celles de Kafka à Milena (et aussi à Felice), pourquoi ne pas imaginer qu’elles ont été inspirées par des lettres de bien meilleure qualité, écrites par ces femmes ? Bien souvent on ne lit ou ne publie que les lettres des écrivains, en majorité des hommes, mais derrière celles-ci – tout comme derrière ce brouillon – se cachent des lettres de femmes, de vraies œuvres d’art, sublimes. Sublimes, il ne me vient pas d’autre mot à l’esprit.
Le livre est donc un roman épistolaire d’un genre nouveau. Le narrateur raconte sa vie avant, pendant et après sa fuite avec V. Le tout s’entremêle de réflexions sur l’existence, de notations sur le temps, les paysages, les scènes du quotidien. Surtout, la poésie est omniprésente.
J’ai été plus particulièrement séduit par l’atmosphère slave qui se dégage du livre, Prieto est cubain mais il a vécu longtemps en Russie ; également ce dialogue particulier qui s’instaure entre Orient et Occident. En effet, le récit oscille entre deux sites, un Istanbul plutôt marqué par l’Orient et Livadia en Crimée où les influences occidentales sont plus marquées. Cependant, ce sont aussi des villes où coexistent des deux cultures, les deux esprits.
En littérature, le mot « papillon » renvoie immanquablement à Nobokov. C’est dans un genre un peu différent que Prieto nous entraîne dans les aventures de J chassant le yaziku dans le delta de la Volga. Mais il a gardé le côté « enchanteur » du maître.
Une très belle lecture et un écrivain à découvrir.
Lorsque mes yeux glissèrent sur son nom, à la dernière page, étourdi par ce que je venais de lire et parce que cette lettre était peut-être encore plus belle que la précédente, je perdis un court instant la pleine conscience du lieu où je me trouvais, immergé dans le plus profond silence, tandis que sa phrase d’au revoir résonnait comme une perle de cristal rebondissant sur les parois d’un coquillage, se déplaçant rapidement dans la spirale de ses cavités.
Un voyage doit se profiler à l’avance dans l’esprit du voyageur comme dans un minuscule polygone, comme dans une chambre de Wilson où l’on étudierait sa trajectoire de particule atomique, où l’on envisagerait l’état de satisfaction qui nous attend sur l’autre rive, l’eau en train de bouillir dans la marmite, le soleil en train de se coucher derrière les arbres, les guides bachkirs discutant à voix basse tout près de toi, dans leur boutique de fortune. Voilà pour ce qui est de l’importance physique de la peau exposée au vent et du soleil derrière les paupières. Mais on notera la nécessité d’un cadre mental, métaphysique, d’une expérience supra personnelle qui nous permette de d’admirer, ravis, les traces des bulles dans la masse liquide, de découvrir des univers confinés entre ces minces parois. Une idée inaccessible et d’apparence fragile, les ailes d’un papillon, un rêve.
A l’intérieur de ces troncs survivaient des forces qui refusaient de se consumer, qui protestaient en émettant des craquements, dans un rapide staccato, ralentissant le rythme par moments pour émettre ensuite des appels à l’aide frénétiques. C’étaient les plaintes des âmes emprisonnées dans les arbres, divinités sylvestres martyrisées par le feu, ou peut-être, pensais-je tout à coup, les cris de joie qu’elles poussaient en s’élevant vers le ciel, libres enfin. Avant de se mêler au reste du troupeau des âmes, elles devaient avoir averti mon autre moitié errante, l’importunant l’espace d’une seconde dans un bar de Linz en Autriche.
Pour ma part, je n’avais aucune raison de m’inquiéter, mais comme je la regardais, droit dans les yeux, tout en l’écoutant parler de mode (son rêve était de devenir mannequin, m’avait-elle dit) je pus voir la peur voiler son regard, la solution aqueuse de ses yeux se cristalliser soudain, se précipiter et tomber lentement comme des flocons de neige.
mots-clés : #contemporain #correspondances #polar #voyage
- le Lun 18 Juin - 18:31
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- Sujet: José Manuel Prieto
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Stieg Larsson
Il ne faut pas craindre l'accumulation ou le trop plein. Stieg Larsson était un obsessionnel, qui n'hésitait pas à écrire une page entière sur l'achat de mobilier de Lisbeth à ikea, sur sa liste de courses à 7-eleven, à ne louper aucun café avalé (en précisant de quel café il s'agit) aucune cigarette fumée, aucune douche prise, aucune biographie détaillée, aucune marque d'arme à feu, aucun itinéraire etc...Et qui manifestement jubilait à entrecroiser les nœuds de sa pelote soigneusement emmêlée, d'y ajouter des couches, des complications, des liens externes, des complications encore. Un type à la logique si implacable que même les multiples coïncidences deviennent acceptables..
Ceci admis , c'est avec un parfait plaisir qu'on retrouve Lisbeth Salander, soigneusement occupée à effacer toute trace d'elle sur terre (dans une première partie il est vrai un peu longuette - mais après, quand ça démarre, ça démarre à 100 à l'heure). Cette habile manipulation va malheureusement aboutir au résultat de la placer sous les projecteurs, comme principale suspecte de trois meurtres opérés en une même soirée. Le lien s’avérera être le commerce du sexe, thème féministe une fois de plus chez cet auteur.
Lisbeth tient la place centrale dans ce roman, qui non seulement nous découvre ses origines dans une enfance plutôt corsée (et même plus), une adolescence manipulée sans que nul ne le sache par les services secrets. Elle reste cette Lisbeth si atypique, et ses talents de super-woman augmentent encore, capable de hacker n'importe quel ordinateur, de défier n'importe quel système de surveillance, de fixer n'importe quel document en détail dans sa mémoire hypermnésique, de terrasser n’importe quel agresseur deux fois plus lourd qu'elle, et le pire c’est qu'on y croit! Dans son libertarisme solitaire, sa logique très personnelle, sa violence intériorisée et extériorisée, sa détermination insondable, son mètre cinquante, elle reste épatamment séduisante (pour une héroïne de roman en tout cas), déroutante et invincible.
Dans cette enquête bien corsée, trois équipes font la course et interagissent, la police, globalement convaincue de la culpabilité de Lisbeth, et ses deux amis : Dragan l'ancien employeur qui voudrait bien comprendre et Mikael Blomkvist convaincu de son innocence. On est dans un sacré roman choral, avec un aspect militant pour la liberté et les droits de l'homme et de la femme. qui prend alternativement le point de vue de Lisbeth, des divers enquêteurs, et des malfrats pour dresser des portraits incisifs sans négliger personne. On passe un vraiment bon moment, on sait très bien que Lisbeth s'en sortira, et qu'importent les moyens
mots-clés : #conditionfeminine #criminalite #polar #politique #relationenfantparent #romanchoral #vengeance
- le Sam 16 Juin - 10:41
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Stieg Larsson
Très habilement troussé, en effet, ce premier opus de Millenium. Une écriture millimétrique qui colle à ses deux héros réunis dans un duo tout à la fois bancal et parfaitement adapté . Mikael Blomkvist,journaliste d'investigation plein d'une probité, haineux quand le pouvoir et l'argent sont mal employés, compassionnel avec les faibles et tout ce qui sort des rails, et Lisbeth Salander jeune femme asociale, tatouée et piercée, plaie hurlante hypermnésique, dont il est dit quelque part qu'elle pourrait être Aperger "ou quelque chose comme ça" (je penche pour le "quelque chose comme ça").Quant à l’intrigue , il s’agit plutôt d'un faisceau d'intrigues intimement entremêlées à composante politique, économique, rituelle, sexuelle, d'une belle complexité qui arrive à rester claire jusqu'au bout, portée par des personnages (un peu moins fouillés que les enquêteurs) pour la plupart membres d'une richissime famille d'industriels suédois, capable derrière son écran de fric des pires turpitudes.
Intelligent, haletant, addictif, quoique un peu glauque par moments par l'accumulation.
mots-clés : #conditionfeminine #criminalite #famille #polar #politique #sexualité
- le Lun 11 Juin - 9:51
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Chester Himes
On va reprendre dans l'ordre pour Cercueil et Fossoyeur :La reine des pommes
Une plongée dans le Harlem de la fin des 50's. Une histoire simple qui ne fera entrevoir que tardivement et d'assez loin le duo de flics charismatiques au point de faire passer un inspecteur Harry pour un bonhomme détendu et franchement sympa. Ils ne rigolent pas. D'ailleurs il n'y a pas grand monde pour rigoler. Jackson bosse dans une boite de pompes funèbres et perd ses économies et sa femme le jour où il espère qu'un type sympa va lui transformer ses billets de 10 en billets de 100.
Après il essaiera de retrouver Imabelle, sa femme, avec l'aide de son jumeau camé et magouilleur, et d'une prière de temps en temps. La descente dans son monde alternatif, noir de peau (avec toutes ses nuances, en passant par le "jaune banane" et d'idées est effroyable. Une ironie froide mais pas condescendante parcours les rues comme les pages et les coups bas et la violence ne sont pas dissimulés. Drogues, prostitution, corruption, arnaques, entourloupes font la paire avec une drôle de candeur ou de naïveté de l'envie qui suscite une certaine sympathie ou gratitude.
Un double portrait d'une population mal barrée, pas idéalisée, mais pas diminuée qui semble s'être perdue et courir après un modèle riche et blanc, courir sans hésiter à se cannibaliser, et le portait de Harlem, un quartier dans une ville avec une histoire et une vie, une présence. Même sans connaitre ou sans tout imaginer, en recollant des souvenirs de films, de photos, de musiques, le portrait est saisissant, inquiétant, fabuleux à sa manière.
Il faut d'ailleurs préciser que le Quarto Gallimard, qui regroupe les huit romans qui mettent en scène le duo de choc, propose en introduction Harlem ou le cancer de l'Amérique qui est une approche plus synthétique et méthodique de ce portait par le quartier, dans un style fluide et percutant.
Ce qui marque le plus dans cette cuisine infernale c'est plus le souffle cradingue mais limite grisant du lieu que les atours de "série noire" pourtant pas ratée et carrément efficace. Avec des beaux portraits de perdants qui s'accrochent autant qu'ils dégringolent. Une première rencontre plutôt chouette qui rend tout de même aussi curieux des autres textes que de cette série présentée comme de commande dans la bio du post précédent (mais dans le Quarto c'est la série).
En tout cas ça déménage et ça réveille...
récupéré au fond du coffre.
mots-clés : #lieu #polar #racisme
- le Dim 27 Mai - 20:48
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- Sujet: Chester Himes
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Roberto Bolaño
2666J’avais entendu des avis très contrastés sur cet ouvrage : chef-d’œuvre absolu, arnaque…
J’ai eu le malheur d’en lire quelques lignes, alors que j’étais engagé dans d’autres lectures, et j’ai tout de suite était happé, fasciné, à l’instar d’une mouche autour d’une lampe. J’ai lu ce livre d’une traite, sans la moindre lassitude, toujours avec la même avidité, jusqu’à la fin, regrettant d’en arriver au point final !
Difficile de résumer ou de parler d’un livre qui associe tellement d’histoires, de modes narratifs, de thèmes… On parle de « livre monde », terme facile mais qui a le mérite d’être évocateur.
2666 est donc le dernier roman de Roberto Bolano, qu’il n’a pas eu le temps de terminer avant sa mort. J’ignore les parties qu’il aurait modifiées, peut-être la dernière pour lui donner plus d’ampleur ?
L’ouvrage se divise en cinq chapitres. Bolano avait décidé in fine de les publier séparément. Ce choix était principalement dicté par un souci d’assurer des revenus financiers à sa famille après sa mort. Heureusement, ses ayant-droits et éditeurs ont décidé de rassembler l’ensemble. C’était le bon choix car les différents chapitres sont unis les uns aux autres par quantité de fils plus ou moins visibles.
1) La partie des critiques : quatre universitaires : un français, un italien, un espagnol et une anglaise sont sur la piste d’un mystérieux auteur allemand qui répond au nom improbable de Benno Archimboldi et que très peu de gens ont vu. Ils vont de colloques en colloques prêcher la bonne parole d’un écrivain qu’ils considèrent comme un maître de la littérature du XXe siècle (on parle même de lui pour le Nobel !). A l’occasion, ils s’intéressent également à un artiste qui s’est amputé d’une main pour la fixer sur un tableau… Ayant découvert une piste de la présence possible d’Archimboldi à Santa-Theresa au Mexique, trois de nos universitaires décident de s’y rendre.
2) La partie d’Amalfitano : celui-ci est un prof de philosophie espagnol qui s’est exilé à Santa-Theresa. Il vit avec sa fille qui commence à fréquenter de mauvais garçons. Amalfitano accroche un livre de géométrie sur un fil à linge le laissant dépérir au fil du temps, nouveau ready-made à la Duchamp. Il entend des voix, expérience qui l’amène aux portes de la folie.
3) La partie de Fate : journaliste afro-américain de Brooklyn, Fate vient à Santa-Theresa pour couvrir un combat de boxe. Il commence à s’intéresser aux femmes retrouvées mortes dans la ville. Fate fréquente les milieux interlopes et doit s’enfuir précipitamment avec Rosa la fille d’Amalfitano.
4) La partie des crimes. C’est le chapitre de loin le plus long, celui que j’ai trouvé le plus fort, véritable point d’acmé du roman. L’histoire s’inspire d’événements réels : les meurtres de jeunes femmes perpétrés à Ciudad Juarez (alias Santa Theresa), à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
C’est une longue litanie mortifère, jusqu’à la nausée, d’enfants, jeunes filles et femmes un peu plus âgées, parfois torturés à mort, la plupart violés par « les deux voies », souvent étranglés avec fracture de l’os hyoïde (dont j’ignorais même l’existence avant cette lecture). Bolano nous offre un parcours sordide dans les décharges sauvages, des faubourgs glauques et déshérités à souhait, l’univers de ces malheureuses femmes, serveuses de café, prostituées, ouvrières des maquiladoras. Le lecteur est amené aussi à côtoyer les milieux policiers, le monde des narcotrafiquants, celui de la justice et l’univers pénitencier ; mondes aux frontières perméables, mouvantes, gangrenées par la corruption.
5) La partie d’Archimboldi nous plonge dans le passé, en Allemagne lors de la seconde guerre mondiale, sur le front de l’est, lieu privilégié de multiple horreurs. C’est un des liens les plus évidents entre les deux dernières parties, la description des pires choses que l’humanité a pu inventer.
Il n’est bien entendu pas question pour moi d’aborder les multiples aspects que présente un tel livre. Je me contenterai donc de quelques réflexions que m’a inspiré cette lecture :
- l’emboîtement des histoires les unes dans les autres : l’auteur peut interrompre son récit pour suivre un nouveau personnage. Il y a ainsi un foisonnement de récits en structure « buissonnante ». Parfois des personnages reviennent, d’autre fois non. Pour ma part, J’ai trouvé ce mode de récit très cohérent avec le fil de nos existences, régies par diverses tendances dans lesquelles l’aléatoire intervient constamment : rencontres fortuites, suivies, interrompues, retrouvées parfois ; diversité de nos centres d’intérêt au cours d’une vie, etc.
- une écriture «tortueuse », « sinueuse » (je ne sais trop quel terme employer), qui se faufile dans une sorte de labyrinthe gigantesque. J’ai souvent pensé à « Mulholland drive » de Lynch.
- le décalage subtil avec la réalité : c’est une impression très forte et intrigante que j’ai eu à la lecture de 2666. Celle de ne jamais être totalement dans le réel, mais juste à côté, derrière une paroi transparente, comme dans un univers parallèle. D'ailleurs, souvent les personnages agissent et se regardent agir. Les miroirs tiennent également une grande place dans le récit. De ce fait, la frontière entre ce qui semble le réel et l’imaginaire, sous forme en particulier du rêve, est très ténue. Comme le dit très bien Dreep, une écriture en « clair-obscur », toujours entre entre deux mondes.
« Au réveil, il crut avoir rêvé d’un film qu’il avait vu peu auparavant. Mais tout était différent. Les personnages étaient noirs, et le film du rêve était donc comme un négatif du film réel ».
« Tout ça est comme le rêve d’un autre. »
- le mal : il semblerait que ce soit un thème récurrent chez Bolano. Déjà le titre du roman évoque la Bête de l’Apocalypse. Ce Mal est effectivement toujours présent dans le livre, en arrière plan, comme un bruit de fond le plus souvent ; parfois il éclate avec brutalité lors de rêves en particulier. Cela m’a rappelé quelques terreurs d’enfance.
Pour terminer, je voudrais insister sur la grande facilité de lecture de 2666 qui ne présente pas de difficultés. Je conseille de le lire sans à priori, en se laissant porter, ce n’est pas un livre policier, ni d’aventures, ni fantastique, encore moins un roman classique, mais tout cela à la fois : un livre-monstre
« Même les pharmaciens cultivés ne se risquent plus aux grandes œuvres imparfaites, torrentielles, celles qui ouvrent les chemins dans l’inconnu. Ils choisissent les exercices parfaits des grands maîtres. Ou ce qui revient au même, ils veulent voir les grands maîtres dans des séances d’escrime d’entraînement, mais ne veulent rien savoir des vrais combats, où les grands maîtres luttent contre ça, ce ça qui nous terrifie tous, ce ça qui effraie et charge cornes baissées, et il y a du sang et des blessures mortelles et de la puanteur »
mots-clés : #contemporain #creationartistique #fantastique #polar #violence
- le Mer 23 Mai - 17:39
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- Sujet: Roberto Bolaño
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Tom Drury
On peut dire qu' il ne se passe pas grand chose à Grafton dans le Comté de Grouse, Midwest.
Une "contrée immobile" ? On pourrait la nommer ainsi. Et d'ailleurs c' est ainsi que Drury la nomme.
Même si le livre comence par des histoires abracadabrantesques : disparition de gros engins agricoles, apparition d'un bébé abandonné dans un caddy.
Ces évènements détonnent dans un univers fixe, rhythmé par des gestes quotidiens, des évenements ponctuels, réguliers, liés aux fetes et aux saisons.
Personne n'accomplit des actes mémorables, dramatiques, exemplaires.
Alors ne cherchez pas de personnages principaux dans ce livre.
Juste des personnages secondaires qui ne cherchent pas à donner le change.
Ils connaissent des crises certes, mais n' en font pas tout un plat.
Quoique, si ! Il y a le couple formé par le shérif Dan, et Louise, la belle et secrète Louise.
Ce qui se produira dans leur vie c' est une tragédie intime, la perte d' un enfant qui les brisera un temps.
Cet enfant tellement désiré, qui se "cache" dans le sein de sa mère et refuse de venir au jour.
Vivant.
C'est un moment trés émouvant pour le lecteur. Question de feeling.
Voilà un livre lent et qui nous laisse tout le temps de nous pencher sur les détails qui ne manquent pas d' etre attachants, singuliers, subtils.
Ou non.
On peut peuser à côté, trouver ces détails ennuyeux, fastidieux.
Une chronique étale, intimiste, comme chuchotée à l'oreille de gens indulgents et patients.
mots-clés : #polar
- le Dim 13 Mai - 17:22
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- Sujet: Tom Drury
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Len Deighton
SS-GB
Angleterre, 1941. Londres est occupé par l'armée nazie. Churchill est mort, le roi George croupit au fond d'une cellule et la loi martiale terrorise le pays. Douglas Archer, commissaire à Scotland Yard, se voit confier une enquête de la plus haute importance : le Dr Spode, brillant physicien qui travaillait pour les nazis, a été assassiné et retrouvé avec d'étranges brûlures sur les bras. Et si ce meurtre était le signe avant-coureur de bouleversements autrement plus graves ? Et si le monde était sur le point de changer pour toujours ? SS-GB, un classique de l'uchronie, à (re)découvrir d'urgence !
Ca pouvait promettre et j'étais content de relire un peu en anglais et puis mes précédentes lectures de l'auteur m'avaient bien plu ! Malheureusement bien que ça reste assez efficace ça sent les grosses ficelles et la projection historique marche seulement plus ou moins. Le positionnement du flic intègre qui travail pour l'occupant n'est pas complètement exploitée et les psychologies dans l'ensemble sont rudimentaires.
Curiosité sans prise de tête mais pas mécontent d'avoir passé la dernière page. Dommage.
mots-clés : #deuxiemeguerre #polar #sciencefiction
- le Mer 25 Avr - 21:26
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- Sujet: Len Deighton
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Ron Rash
Le monde à l’endroitDans les Appalaches, ceux qui cultivent le tabac vivent pas loin de la misère, ceux qui s'y refusent partent à la dérive. Travis, 17 ans, élevé par un père qui ne cherche qu’à le mater, rejeté par le système scolaire, cache son intelligence en traînant avec ses copains, conduisant son pick-up, travaillant au magasin du coin ; il s'épanouit au contact d'une nature sauvage, et pratique la pêche comme un sacerdoce. Un jour, une bibliothécaire lui a passé quelques livres, semant une petite graine…
Le destin le fait rencontrer Leonard un dealer paumé, buveur de bière, tireur d’élite, qui traîne derrière lui une toxicomane et on le verrait bien partir sur un mauvais chemin, ce gamin qui sait être alternativement réfléchi et impulsif . Le mobile home de Leonard est bourré de livres, son passé plutôt chargé , et il va mener peu à peu Travis sur les chemins de la connaissance et de l’estime de soi. Ils partagent une fascination répulsion sur les ravages que la guerre de Sécession a semés et qui continuent à marquer les esprits, et nous partageons leurs sentiments à travers les extraits datant de 1863 du journal d’un médecin qui l’a vécue, que Ron Rash nous livre par petits morceaux intercalés entre les chapitres.
Ca a l’air simple , comme ça, mais ça ne l’est pas . Les vieux fantômes les rattrapent, la fatalité n’a pas dit son dernier mot, la vie est un perpétuel danger
Et puis il y a la nature, une nature omniprésent et fascinante qui est le recours de chacun , dans des descriptions superbes de précision et de lumière. Elle est à elle seule un personnage, le seul personnage non torturé de ce roman bien noir. Et on se dit qu’elle est la seule gagnante.
Le temps frais donnait toujours un aspect plus net aux montagnes, comme si elles étaient découpées au ciseau dans du papier à dessin. Le paysage tel un destin. Leonard avait gardé cette formule en tête depuis des années, sont pourtant réussir à se souvenir de son contexte, ni savoir d'où elle sortait. Mais il savait ce que cela signifiait ici, le sentiment de l'enfermement, des limites humaines.
Mais c'était agréable, aussi, d’être simplement dans un pick-up qui n'allait nulle part. De ne pas avoir à faire quelque chose sinon être assis et sentir le soleil
Récup 2012
mots-clés : #nature #polar
- le Mer 25 Avr - 13:05
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- Sujet: Ron Rash
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Patricia Highsmith
Ripley et les ombres
Ma première lecture de Highsmith; en fait pour être précise je connaissais son nom et il est si souvent entendu que je croyais lire, du coup, du Steel (que je n ai jamais lu) ou du Guy Des cars.
Une histoire placée au coeur du milieu de l'art et de ses faussaires.
J'avais justement vu peu de temps auparavant un docu sur un peintre faussaire qui habite dans l'herault. Beltracchi.
Ducoup me voilà plongeant dans mon pseudo Guy des cars pour le plaisir d'approfondir l'ambiance faussaire.
J'ai eue beaucoup de mal à le lâcher,une boulimie non déçue.
Par contre, cette intensité à le lire a produit en moi une intensité émotionnelle dingue : j'étais très mal à l'aise. vraiment. Le personnage de Ripley et si amoral, c'est une révélation, de lire cette femme, d'imaginer qu'elle puisse ainsi dissoudre subtilement dans ce roman bien mené un malaise aussi grand.
Highsmith ne place pas son personnage comme amoral, c'est pire : toute la dialectique du texte sert l'évidence de sa position, ses légitimité et impunité et le malaise est donc un rendu esthétique flippant à souhait. Personnellement, sur la fin je ne cessais de scander intérieurement "il est horrible-il est horrible"
et c'est tout l'art de cette femme apparemment. Cette distance l'air de rien qui nous permet de bien tomber dans la fascination de l'impunité.
Je vous recommande en complément de visionner comme je l'ai fais la video du site INA , de 18 mn, sur elle, une interview en français.
Lien vers un petit reportage chez elle, de l'INA ici : Clic
(message rapatrié de Parfum de Livres)
mots-clés : #polar
- le Lun 9 Avr - 10:48
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antti Tuomainen
Antti Tuomainen
né en 1971
né en 1971
Antti Tuomainen, né en 1971 à Helsinki, est un écrivain finlandais, auteur de thriller.
Il travaille dans le milieu de la publicité, avant de se lancer dans l'écriture.
Son premier roman policier, Tappaja, toivoakseni, paru en 2006, est le récit d'un tueur qui jongle avec les valeurs de la justice, de la vengeance et de la responsabilité.
L'auteur atteint toutefois la notoriété avec La Dernière Pluie (Parantaja), son troisième thriller, qui se déroule dans un Helsinki du futur, presque totalement déserté par ses habitants depuis une série de catastrophes provoquée par les changements climatiques. Tapani, le héros, entreprend de retrouver sa femme disparue peu avant Noël. Journaliste, elle menait depuis peu une enquête sur un serial killer aux motivations politiques surnommé «Le Guérisseur». Ce roman remporte le prix Vuoden johtolanka en 2011.
Oeuvres traduites en français
La Dernière Pluie, Paris, Fleuve noir, 2013
Sombre est mon cœur, Paris, Fleuve noir, 2015
Aussi noir que ton mensonge, Paris, Fleuve noir, 2016
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La dernière pluie
4ème de couverture :
Résumé Détails produits
À Helsinki, la pluie est si violente que la plupart des habitants ont fui la ville. Tapani Lethinen, lui, est resté : il attend sa femme, Joanna, journaliste d'investigation. Partie enquêter sur une affaire dont elle n'a rien voulu dire, elle n'est toujours pas rentrée. En fouillant dans on ordinateur, il découvre que sa disparition pourrait avoir un lien avec « le Guérisseur », un serial killer qui sévit en ville, et qu'il ne s'agissait peut-être pas pour Joanna d'une simple enquête... Tandis que la pluie ne cesse de tomber, Tapani va devoir plonger dans l'intimité de celle qu'il aime, quitte à déterrer quelques secrets de son passé. « Un polar au suspense terrible... Sur une construction simple et efficace, l'écrivain finnois actionne tous les leviers qui conduisent à la réussite d'un thriller étourdissant. » Ouest France Ce livre a reçu le prix du meilleur roman policier finlandais en 2011
L'auteur :Antti Tuomainen, né en 1971, s’est rapidement hissé parmi les figures de proue de la littérature policière finlandaise.
Avis :
L'action, enfin il y en a mais pas trop non plus, se passe à Helsinski, alors que les conditions climatiques de la terre s'aggravent de façon dramatique. Le héros, Tapani, a constaté la disparition de son épouse Joanna. Le couple s'entend bien, ils semblaient amoureux l'un de l'autre, mais quelque chose s'est passé, quelque chose qui a trait au travail de Joanna, elle est journaliste et enquête sur un certain Pasi Tarkiainen qui pourrait être "le guerisseur", un serial killer.
Au long de ses recherches Tapani, le poète, découvre des pans du passé de Joanna. Et alors que le pays s'enfonce dans le chaos, que la Police n'a plus les moyens de faire son travail, une partie de son personnel fuyant la ville, que la pluie et la misère participent au décor, la déliquescence des amitiés anciennes accompagnent le dénouement de l'histoire jusqu'à une conclusion inattendue.
C'est un bon roman noir, bien noir, bien mené, ménageant ses surprises, la lecture est aisée, pas tres optimiste, mais originale ce qui en fait l'intérêt principal. Un auteur scandinave qui n'en fait pas des tonnes et finit par étonner, un sorbet entre deux escales tropicales.
vidéo de l'auteur
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- le Sam 31 Mar - 16:08
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Chad Taylor
Qu'est devenue Caroline May, disparue de chez ses parents vingt ans auparavant sans laisser de trace ? Ni à Auckland ni ailleurs en Nouvelle Zélande.
Telle est la question que pose ce livre. Et l'on n'est pas certain d'avoir la réponse à la fin du livre.
Seuls ceux qui ont connu et aimé la jeune fille de 17 ans n'ont pas oublié.
Ses parents, l'inspecteur chargé de l'enquête et surtout Mark et une autre amie qui l'ont aimée comme on peut aimer entre ados. A la vie à la mort.
Mark est devenu cambrioleur. Il s'introduit chez les gens et dérobe tout ce peut se revendre en fait de matériel audio visuel. Mais il le stocke chez lui au vu et au su de tous et vend rarement.
Un jour il découvre une photo de classe où figurent Caroline May et leur amie commune.
Tout le passé non enfoui lui explose au visage.
La douleur jamais cicatrisée.
Pour les deux amis, comment faire le deuil de celle qui n'est ni morte ni vivante, ni ici ni ailleurs.
Les hypothèses ne manquent pas mais au fil du temps, elles se sont épuisées d'elles mêmes.
Harry Bishop, l'enquêteur, véritablement obsédé par l'échec et l'incompréhension, est devenu alcoolique. Et il se refuse à abdiquer.
Depuis vingt ans, il n'y a que le poids du temps qui passe et qui ne passe pas.
L'attente vaine.
Ceux qui vivent dans l'insomnie de l'incompréhension n'ont qu'un désir :retrouver des traces d'un passage de la vie à rien. Pour ne pas sombrer dans la folie dont ils se sentent proches.
Comment vivre quand quelque chose d'aussi essentiel qu'un être humain leur échappe et qu'ils sont condamnés à revivre toujours ce jour-là.
Comme dans L'Eglise de de John Coltrane, Chad Taylor réussit à nous scotcher d' un bout à l' autre.
mots-clés : #faitdivers #polar
- le Lun 12 Fév - 19:09
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Craig Johnson
La dent du serpentPour ce qui est de l'intrigue "policière", c'est comme toujours - ou peut-être même un peu plus - , tarabiscoté de chez alambiqué, et, une fois de plus, je ne peux pas me vanter d'avoir tout compris.
Mais bon.
Walt doit dormir 5 heures en 5 jours, Henry est là au bon moment, quand à l'idylle avec Vic après m'avoir fait bien rire tout au fil des pages (quelle sale gosse, celle-là!), elle a fini par me tirer quelques larmes au dernier chapitre.
Allez, patience, il y a encore une suite qui s'appelle "Tout autre nom".
mots-clés : #polar
- le Sam 3 Fév - 9:08
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Pierre Lemaitre
Couleurs de l'incendieEn pleine crise de 29, un banquier et un politicard montent une escroquerie bien machiavélique qui va ruiner Madeleine Péricourt, cette "faible femme" qui n'a rien à faire dans leur cour. Mais elle n' a pas dit son dernier mot, sa vengeance sera rapide, terrible, inventive.
Vous avez envie d'une lecture-détente alerte, maline, qui roule à 100 à l"heure? Prenez Couleurs de l'incendie, ce thriller vivifiant, plein d'humour, à la prose féconde, souvent mordante, aux personnages bien campés, au suspense jamais démenti. On ne s'ennuie pas une minute, on s'amuse, on applaudit!
mots-clés : #historique #polar
- le Mar 30 Jan - 15:49
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Piero Chiara
La Lune rousse. - Cambourakis
Qui a tué Pylade Spinacroce en ce printemps de 1955 ? Ce natif de Parme est revenu cousu d' or et de devises gagnées plus ou moins honnètement en Argentine.
Il a acheté une belle et grande maison et s' est logé dans une vaste chambre mansardée, fermant le 1er étage et abandonnant un appartement à une servante/gouvernante/maîtresse.
Naturellement la fortune du potentat excite les convoitises du voisinage et notamment celles de jeunes gens un peu voyous sur les bords.
Mais le plus interessé est le gendre, "signore Salmarani".
Il ne veut meme pas attendre que sa femme hérite logiquement à la mort de son père.
Il veut l' argent tout de suite et pour lui.
Docteur en médecine et portant beau, il séduit la gouvernante pour mettre la main sur le magot avant tout le monde. Et pour cela, il doit mentir à sa propre femme qu' il rejoint tous les week ends dans une villa en bord de mer.
Décor et personnages sont en place, la pièce peut commencer. Le vieux richard est tué et aussi la belle Maria. Qui a tué qui ?
C' est ce que vont essayer d' élucider les policiers de Parme.
Malgré ses ruses et ses mensonges, le dottore est mis en examen et raconte des bobards. Condamné à la prison, il invente une nouvelle version des faits. Authentique et véritable cette fois...Jure t-il !
Le dottore est imaginatif et faute preuves, il est remis en liberté. Et son épouse qui l' a soutenu meme après avoir appris qu' il la trompait, lui demande en confidence s 'il a vraiment tué son père.
Il se lance dans une plaidoirie très embrouillée et qui met en cause d' autres suspects que lui.
Et il conclut :
"Tu vois combien de visages peut avoir la vérité. J' ai proposé aux juges,non pas la plus vraie des solutions, mais la plus vraisemblable,la plus propre à résoudre cette affaire et à permettre de conclure par un verdict assez logique.
Tu voudrais une version différente parce que tu penses que la vérité n' est jamais celle qu' on dit, que c' est toujours une autre !
Tout le monde pense que c' est toujours une autre" conclut-il en hochant la tete."
Et voilà : à chacun sa vérité déclare ce sophiste pirandellien.
Et tel est ce vrai faux polar, bien écrit, bien conté et carrément cynique et drôle.
Récupéré
mots-clés : #polar #psychologique
- le Jeu 25 Jan - 16:53
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- Sujet: Piero Chiara
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Jean-Christophe Rufin
Le parfum d’AdamThriller dont l’intrigue est plutôt du genre espionnage, mais vite lassant par trop de convention assez mal traitée (malgré l’évocation des contrées visitées par l’auteur). Il a pourtant le mérite de mettre en lumière l’antispécisme et l’antihumanisme, et plus généralement la place de l’être humain dans la nature, notions qui me turlupinent depuis que j’ai été confronté à l’impact de l’homme sur la forêt équatoriale. En gros, le spécisme est aux espèces animales ce que le racisme est à l’intérieur de l’espèce humaine : pourquoi un être humain aurait-il moralement plus de valeur qu’un éléphant, un moustique ou un vibrion cholérique ? On ne trouve bien sûr pas de réponse dans le livre, mais ce questionnement est troublant, surtout si on le prolonge en interrogeant l’opposition individu et continuum biologique, ou les degrés de différence entre être humain et (autre) animal. A ce propos, Rufin explicite dans une postface ce qu’il considère comme le passage de la guerre à la pauvreté à la guerre contre les pauvres via l’écologisme radical états-unien mis en scène dans son roman, en prolongement d'activistes comme Edward Abbey (fil ici) par exemple.
Complot d’une "élite" pour débarrasser la planète des pauvres en surnombre, voilà l’intrigue de ce livre dont le vrai sujet est d’exposer l’écologie extrême et le malthusianisme jusqu’au-boutiste (en parfait contraste avec l’engagement humanitaire de Rufin). Apparemment l’auteur a voulu rendre la pilule plus avalable, mais j’aurais préféré un ouvrage plus resserré (dépasse les 500 pages), et qui aurait évité les vieux ressorts du genre (péripéties, humour et amours).
A cause de coïncidences secondaires, ce livre m’a rappelé American Darling, de Russell Banks.
« Dans la nature, l’individu ne compte pas. Entre les êtres vivants et leur environnement, entre animaux et végétaux, l’essentiel, ce sont les équilibres. Dans le monde vivant, le système des prédateurs est le garant de ces équilibres. »
« Ils sont seulement pauvres, pauvres à un point que nul ne peut imaginer car leur misère n'est pas le fruit d'un cataclysme, d'une chute, mais leur condition profonde et probablement éternelle. Ils sont nés pauvres comme d'autres êtres naissent renard ou cheval. La misère n'est pas leur état mais leur espèce. A leur manière, ils s'y adaptent. […]
Dans les campagnes, il existe un équilibre entre le nombre d’êtres humains et les ressources de la terre. Quand la limite des ressources est atteinte, le nombre d’hommes stagne ou diminue. C’est la loi de Malthus. Mais, ici, [dans la favela] il n’y a plus de loi. Le gouvernement ne peut pas se permettre d’affamer ses villes. Alors, il les nourrit. Plus rien n’arrête la prolifération des pauvres. Leur taux de fécondité reste énorme. »
« Bioterrorisme, santé des chefs d’États, protection des brevets pharmaceutiques, manipulations des agences humanitaires, le renseignement et la médecine ont partie liée aujourd’hui. »
« Au Brésil, on comprend que les pauvres ne sont pas une espèce à part, une monstruosité venue d’on ne sait où : ils sont le produit de notre société. Elle les a fabriqués, rejetés hors de ses clôtures. L’étape suivant consiste à les accuser de leur propre dénuement et, au nom de la Terre, cet espace commun dont nous avons fait notre propriété, de les détruire. »
mots-clés : #complotisme #ecologie #polar
- le Jeu 18 Jan - 21:42
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- Sujet: Jean-Christophe Rufin
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Daniel Pennac
Le cas Malaussène, I, Ils m’ont menti
Retrouvé avec plaisir les personnages de la saga Malaussène, et la contagieuse empathie de leur auteur. Pour ceux qui en ont oubliés, des astérisques renvoient à un lexique en fin d'ouvrage : procédé un peu lourd, mais peut-être pas totalement inutile. Ces "caractères" m'ont rappelé ceux de Fred Vargas par leur pittoresque, leur originalité et la sensibilité à les camper.
Sans que ce soit du tout exceptionnel de nos jours, il y a beaucoup d'auto-références, et de références à la littérature et à l'écriture (cela évoque Jasper Fforde, un univers tout à fait personnel, aussi dans une série à épisodes) ; d'autre part, le livre se présente, au moins partiellement, comme une énigme policière : tout cela n'est pas fait pour me déplaire :
« …] tout enquêteur bosse comme un romancier. Il cherche la cohérence. »
On y trouve aussi nombre de réflexions pertinences, notamment sur l'actualité, sur notre société, et parfois assez acerbes.
« En période de grande lâcheté on fusille les joyeux intrépides. »
mots-clés : #famille #humour #polar
- le Dim 14 Jan - 23:55
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- Sujet: Daniel Pennac
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Frédérick Tristan
L’Énigme du Vatican
Un manuscrit redécouvert à la Bibliothèque vaticane (avec la marque 666) perturbe la hiérarchie catholique. Le professeur Adrien Salvat (un personnage récurrent de Tristan, sorte de détective érudit) découvre que le document du XIe siècle a été augmenté au XVIe puis plus récemment, qu’il a sans doute été fabriqué par l'Islam pour combattre la chrétienté, a en fait été crypté par le KGB pour déstabiliser le pape polonais… Les aventures de Basophon (baptisé sous le nom de Sylvestre) au Ciel et dans la Méditerranée antique, sont lues en parallèle du récit des péripéties de l’enquête. Les différentes mythologies et religions de l’époque se confrontent pour leur survie.
« Les fidèles de ce Nazaréen ont pris aux juifs ce qu’il y a de pis : la peur du corps, le mépris de la jouissance, le goût de la souffrance. » VI
Passionnant et bien renseigné (et iconoclaste) sur l’Eglise des débuts du christianisme à son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale, surtout concernant les témoignages paléochrétiens, mais à mon avis parfois gâté par un ton badin, convenu (volonté mal placée de se rendre " abordable" ?)
C’est cependant l’occasion de scènes pittoresques (comme celle d’une âme trop affaiblie emmenée au Ciel à cheval sur un perroquet qui n’est autre qu’un disciple d’Hermès, métamorphosé contre son grè).
« ‒ La fiction, voilà bien la merveille ! Et laissez-la intacte, dans son innocence ! Les aventures de Basophon n’ont d’attrait que par leur haute fantaisie. Si vous cherchez à en tirer quelque leçon, vous voilà perdus ! Et pourtant cela ne veut certes pas rien dire, mais un dit en quinconce, dans le désir toujours vif et insatisfait, donc revivifié, du voyage. Quel voyage dans la tête, n’est-ce pas ? Et qui est ce on qui écrit ?
(Le lecteur attentif qui suit depuis la première page le cours de ce récit reconnaîtra en effet que la question de ce on n’est pas si simple qu’il y paraît. Qui raconte, en effet ? Et qui traduit ?) » XXIV
On pense inévitablement au Roman de la Rose d’Umberto Eco _ fragments en latin ou en italien, érudition, réflexivité, etc._ (mais le style n’y atteint pas), ou encore au Da Vinci Code de Dan Brown (mais en mieux).
Charme certain, je suis loin d’avoir tout compris, comme cette récurrence de l’opposition croissance/ construction, bois/ pierre…
De même, ne se cache-t-il que l’auteur derrière les réflexions métaphysiques d’Adrien Salvat ?
« Adrien pensa : "Plus on croit à une vérité, plus la pensée rétrograde." » II
« Adrien pensa : "Nul savoir absolu n’existe. C’est par cette lacune que nous sommes ouverts à la vérité." » V
« Adrien pensa : "L’homme n’est pas un problème dont il lui appartiendrait de trouver la solution. Il est une énigme à laquelle il se doit de rester fidèle. Mais n’est-il pas constant que cette énigme soit elle-même une recherche ? Paradoxe d’un abîme qui se considère." » XIV
« Adrien pensa : "La conscience est une boussole folle, incapable de distinguer entre soi et les choses, soi et les autres. Elle ne sait se posséder elle-même dans la mesure où elle n’a jamais accès qu’à des parcelles de vérités dont beaucoup ressemblent à des leurres." » XVII
« Adrien pensa : "Il n’est de réflexion que dans l’écart." » XXI
« Dans son carnet, il avait noté : "L’Univers est une langue à parler, non un texte à déchiffrer." » XXIV
mots-clés : #historique #polar #religion
- le Dim 7 Jan - 16:58
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- Sujet: Frédérick Tristan
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