Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Mar 7 Mai - 19:03

133 résultats trouvés pour contemythe

Chigozie Obioma

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 41fe6m10


Les Pêcheurs

Nigeria, les années 90 : le narrateur Benjamin et ses frères, en l'absence de leur père, bravent un interdit et pêchent sur les rives d'un fleuve déclaré maudit par les habitants. Un jour, l'aîné est témoin d'une malédiction lancée par un marginal craint et rejeté pour ses prophéties. Ce moment précipite une spirale auto-destructrice qui bouleverse le quotidien de la fratrie.

Ce premier roman de Chigozie Obioma a été une lecture marquante parmi mes récentes découvertes. Le style de l'auteur met en valeur une dimension symbolique et donne au récit la portée d'un conte, d'un mythe, d'une tragédie, alors que le contexte contemporain reste toujours visible à l'arrière-plan. L'univers décrit est parfois étrangement familier à travers le regard d'un enfant, puis terrifiant dans la révélation d'un chaos et d'une démesure.

Si la violence est souvent tétanisante, reflet d'un cataclysme face auquel l'être humain ne semble pouvoir lutter, Obioma utilise l'écriture comme instrument d'une réhabilitation et d'une fragile rédemption. Les mots, d'abord le miroir d'un imaginaire effrayant, incarnent peu à peu un potentiel libérateur bien qu'incertain.


mots-clés : #contemythe #enfance #traditions #violence
par Avadoro
le Lun 26 Déc - 13:41
 
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Sujet: Chigozie Obioma
Réponses: 21
Vues: 2316

Diane Meur

Les villes de la plaine

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 Images18

Diane Meur nous offre un petit récit mythologique situé dans les temps anciens au sein d'une civilisation imaginaire. Elle nous livre les clés de cette civilisation, après lesquelles courent quelques archéologues allemands bien des années plus tard. Deux villes peuplent la plaine, Sir, orgueilleuse, hautaine, perclue de lois et réglementations qui assurent une vie contrôlée et sans surprises, s'oppose à Hénab, dominée par le commerce et la jouissance, peuplée depuis les temps anciens par des individus qui ont fui Sir ou en ont été bannis.
A Sir, les textes qui régissent la vie ont été écrits des siècles plus tôt par le mythique Anouher, auquel chacun voue un culte respectueux. Le scribe Asral recopie selon la tradition ces textes sacrés, qui constituent les fondations de cette civilisation. Mais voilà qu’arrive en ville Orjéneb. Enfui d'un de ces villages montagnards qui ignorent les règles, ignorent l’écriture, et essuient pour cela le mépris de tous. Mais cet étranger va apporter au scribe une façon nouvelle de voir les choses, et toute l'interprétation des textes va être remise en question d’où : complots divers, luttes d'influence… qui aboutissent à une guerre civile.

Diane Meur nous offre un texte assez envoûtant écrit dans un style d'une richesse tranquille. Comme tout récit mythologique, celui-ci peut ceci peut être lu au premier degré : naissance, vie et mort d'une civilisation. Mais il questionne aussi sur la croyance, la loi, le pouvoir des mots, la recherche de la vérité, la richesse de la confrontation des idées, le sens de l'écriture, la connaissance comme outil de libération…
Un roman attachant, d'une grande originalité, qui confirme que Diane Meur a plus d'une corde à son arc .

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #contemythe
par topocl
le Mar 20 Déc - 13:13
 
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Sujet: Diane Meur
Réponses: 4
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Roland Topor

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 97827510

La Princesse Angine

quatrième de couverture a écrit:En plus d’être une maladie, Angine est une petite fille ; une princesse qui a abandonné le royaume de ses parents aux mains des ennemis pour aller se réfugier chez son oncle. Elle taille la route à bord d’un camion-éléphant vantant les bienfaits du thon à l’huile, accompagnée par le Duc des Vitamines, son fidèle chancelier, très alcoolique et un peu poète. En chemin, elle rencontre Jonathan qui embarque avec eux pour ce long trajet les menant de Lourdes à Jérusalem en passant par La Mecque, dont le but est de mettre la main sur l’oncle introuvable. Mais le voyage ne sera pas de tout repos, une princesse et son trésor ne peuvent que susciter les convoitises...
Angine fait irrésistiblement songer à une petite sœur d’Alice de Lewis Carroll. Un conte noir, tendre et loufoque qui brouille l’espace temporel.


Avertissement de l'auteur

Lorsqu'une petite fille ne parle pas du tout comme une petite fille,
il y a de fortes chances pour qu'elle n'en soit pas réellement une.
Elle peut être à peu près n'importe quoi, même une maladie, ce
qui n'est jamais très agréable. Pourtant, si la maladie est bénigne,
on peut s'y attacher et la rendre chronique.
Bien sûr, il serait plus sage d'aller consulter un spécialiste, mais
lorsqu'on s'y décide enfin, il est souvent trop tard...
Moi, j'ai cessé de fumer, mais je ne vais pas mieux.



Avertissement de l'illustrateur

Il est bien délicat de représenter des personnages dont on ignore
au juste s'ils sont des petites filles ou des maladies. En désespoir de
cause, l'illustrateur a préféré représenter l'énigme elle-même plutôt
que de lui fournir une solution personnelle. C'est pour cette raison
qu'il a composé des images largement inspirées par les rébus du
XIXe siècle, ceux de Maurisset en particulier.


Absurde et ruptures logiques farfelues dans une narration pourtant limpide. Un jeu du langage qui navigue au gré des ruptures d'humeurs. Les humeurs d'Angine la petite fille, qui n'en est pas vraiment une, despotique, râleuse et triste. Gentille aussi. Attachante certainement. Comme les autres occupants de ce camion éléphant qui vogue sur les routes d'un imaginaire presque infernal et au sens de la répartie imparable.

ça ne tient pas debout et ça ne s'abandonne pas, très rafraîchissant avec une pointe de gravité. ça donne l'impression de jouer résolument. C'est très agréable et dépaysant. On aurait peur de se lasser des pirouettes langagières et des peuplements de la page (il n'y a pas que l'éléphant qui prend de la place) mais non, on va de surprise en surprise, on se laisse emmener...

Une lecture étonnamment particulière au charme non moins particulier. ça doit vraiment ressembler à n'importe quoi et pourtant (ou justement) on s'y sent un peu à la maison.

c'est à tenter !

Petit extrait :

L'animal était couleur fraise écrasée. Sur son flanc figurait en lettres noires l'inscription suivante :


RIEN NE VAUT LE THON A L'HUILE


Le vieillard trottina jusqu'à la porte arrière qu'il ouvrit à l'aide d'une clé dorée. Il disparut à l'intérieur.
- Vous regardez notre lama? demanda Angine.
- Non, je regardais l'éléphant.
- Vous voulez dire notre crocodile?
- Non, l'éléphant du camion.
- Ah ! vous voulez parler de l'okapi!
- Mais non, de l'éléphant, là, sur la route.
- Imbécile, éclata Angine, "éléphant" est un mot interdit ! C'est un gros mot. On ne dit pas un éléphant, on dit une souris.
- Mais ce n'est pas la même chose !
- Qu'en savez-vous ? Ils sont de la même couleur, grise ou blanche.  Ce sont également des mammifères, et ils mangent de l'herbe.
- Ils n'ont pas la même forme, ni la même taille!
- Un petit éléphant est quand même un éléphant, n'est-ce pas, et une grande souris, une souris. Donc la taille ne compte pas. Quant à la forme... c'est à s'y méprendre. Avec un peu de bonne volonté c'est absolument pareil.
- Vous allez fort !
- Non, mais vous ne voulez pas y mettre du vôtre. En clignant un peu des yeux, l'illusion est parfaite. Écoutez :



Haut les {

pouces
index
majeurs
annulaires
auriculaires



fit le bandit qui n'avait aucun sens de la synthèse.
"C'est une histoire assez difficile à raconter! Nous allons commencer l'examen immédiatement. Ne profitez pas de l'absence du Marquis pour sauter sur moi. Je suis ceinture noire de karaté.


(récup again).


mots-clés : #contemythe
par animal
le Dim 18 Déc - 0:02
 
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Sujet: Roland Topor
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Antonio Tabucchi

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 414mui10

Piazza d'Italia

Je me suis laissée roulée dans la cendre, le blé, l'eau, j'ai regardé les ciels, les lointains paysages parce que cela appartient à tout le monde, pas de  raison qu'il y ait des "maîtres" (parce que je suis de l'avis de Garibaldo Père qui eut le temps après sa mort de discuter toute la nuit avec Volturno/Garibado fils)

L'anarchisme génétique de cette famille et Don Milvio ce curé populaire, rebelle lui aussi ne pouvaient que me séduire, de même ces femmes valeureuses qui cherchent à tromper le malheur annoncé dans la cendre, la semoule, le ciel et les fenêtres qui s'enfuient. (telle Asmara qui se refusent des années à Garibaldo jusqu'à ce qu'elle soit devenue stérile, trompant ainsi "l'horoscope")

Ces hommes aventureux dans d'autres pays ou simplement dans les bois, (Volturno tombé en Afrique pendant la guerre ou Plinio tué par le garde-chasse) qui meurent toujours avec insolence.

Conte  réaliste, fascinant qui déroule l'histoire d'Italie de 1861 à l'après deuxième guerre mondiale, à travers cette famille fondée par Plinio et Esteria et qui s'éteindra avec Garibaldo sur cette Piazza, aux pieds du "Héros des deux-mondes" Garibaldi, avec sur les lèvres la révolte !

Il y a de belles amitiés, de belles amours dans ce récit, mais aussi la couleur rouge de la rébellion noircit par la couleur noire des chemises, telle celle de Melchiorre (doit-on y voir la punition du pécher de ses parents ?)

L'humour des situations et des titres des paragraphes accentue le sentiment de lire un conte. (pour adultes s'entend)

Une très agréable lecture qui avec celle faite de "Pereira prétend" (bien différente mais aussi de qualité) me conduira je n'en doute à d'autres .....


mots-clés : #contemythe #famille #social
par Bédoulène
le Sam 17 Déc - 17:01
 
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Sujet: Antonio Tabucchi
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Pascal Quignard

Le nom sur le bout de la langue


Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 52112010

Composé d'un conte qui se nomme tel le titre de l'ouvrage, et d'un essai tant autobiographique que philosophique sur l'étude du langage.
Le conte est fascinant, il rappelle les contes tchèque de Nemcova dans la construction mais également l'atmosphère qui demeure indescriptible; la décrire serait du moins une gageure car je pense en réalité que ce conte a l'atout renversant de toucher le coeur du lecteur et de lui permettre d'y apposer l'atmosphère qui lui "parle" le plus.
Un conte dont la fin surprend, car lorsque l'on connait un peu les contes de Quignard il est commun d'y voir une leçon ou un enseignement, là ce dernier est secondaire ou plutôt l'enseignement réside dans l'essai qui suit et qui est amplement argumenté.
Essai autobiographique donc, sur le langage également, sur la relation entre l'auteur et les mots, universalisé ensuite en une pensée sur la place du langage dans notre psyché et dans notre humanité.
Essai plein, confus davantage quand il s'agit de théoriser, que de raconter sa propre expérience et sa propre "souffrance" passée dans sa relation aux mots, cet essai s'illustre par une belle analyse néanmoins sur des mythes et textes littéraires liant le langage à toutes nos pulsions et désirs. Peut être un peu trop psychanalytique pour moi et avec un petit manque de rigueur cette seconde partie m'intéressa surtout pour comprendre le point de vue de Quignard l'écrivain et homme que de Quignard l'intellectuel. Pour ce qui est du cheminement de pensée sur ce thème je préfère Rosset et son oeuvre "Le choix des mots."


mots-clés : #contemythe #essai
par Hanta
le Jeu 15 Déc - 13:33
 
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Sujet: Pascal Quignard
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Pascal Quignard

L'Enfant au visage couleur de la mort

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 31exjc10

Conte, court par définition, mais incroyablement écrit.
Récit typique de la structure du conte avec une répétition des péripéties, l'amour maternel, paternel puis conjugal comme fil directeur mais avec une résolution et une conclusion surprenantes.
L'originalité réside également dans la place de la lecture et dans l'avertissement de l'auteur, qui peut sembler paradoxal pour un écrivain mais qui demeure plein de sagesse.
Le style est magnifique, le vocabulaire est assez riche, on peut être ravis de remarquer qu'il existe encore des oeuvres qui utilisent une richesse du langage prononcée.
Le bémol étant que certaines tournures peuvent paraître inutilement ampoulées mais il faut être, ce me semble, très pointilleux pour faire ce reproche.
Une très agréable mais courte (hélas) lecture. A étudier en classes de français.


mots-clés : #contemythe
par Hanta
le Jeu 15 Déc - 13:33
 
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Sujet: Pascal Quignard
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Stig Dagerman

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 51hvpt10

Dieu rend visite à Newton (1727)

Originale: Tusen år hos Gud (Suèdois, 1954, posthume)

CONTENU :
Une visite de Dieu chez Newton au jour de sa mort…

Un petit conte philosophique où le fantastique et le burlesque se cotoient et où Stig Dagerman laisse entrer en dialogue le créateur et le scientifique génial Newton.

REMARQUES :
Et Dieu en calèche à Londres et entre chez Newton : ils entrent en dialogue et des choses inclassables se passent. Grotesque, bizarre ? Pas seulement. Derrière le dialogue se désigne un image du monde sous une loi connaissable et compréhensible de laquelle le scientifique peut approximativement connaître les régularités. Toutes sortes d'interventions miraculeuses de la part de Dieu se situant en dehors de ces lois, dérange le tout et contredit en quelque sorte une soumission de Dieu à sa création, voir son vraie acceptation d'être homme, sa communion avec les êtres humains ( = incarnation?). Ainsi cette petite curiosité devient une question de quelle façon Dieu échappe à l'isolation qui pourrait être créer par une violation (permanente) des lois naturelles. Ici par exemple Dieu n'accepte pas les lois de la gravité et le corps de Newton décédé vole à travers l'espace. Mais Dieu désire la proximité à la création, aimerait entrer au coeur du monde. Et il laisse devenir Newton un magicien...

Eh bien, si on a connu Dagerman dans ses pièces existentielles, sombres, suicidaires peut être surpris par la tonalité ici : un monde phantastique, de rêve… Mais on pressent rapidemment derrière cette surface et les images étonnants des questions essentielles : Où est Dieu ? Quel solitude et quel silence environnent l'être humain ?

Ce Dieu, pareillement solitaire, seul, aimerait entrer au coeur de l'homme. Est-ce que c'est le merite de Newton ? Le croyant pense au Dieu incarné, pas à cause d'une néccessité, mais par amour. Des fois on s'y sent proche ici, des fois plus loin.

Si on pense à la fin sans espoir de Dagerman on pressent qu'il n'a pas vu un chemin.


mots-clés : #contemythe #fantastique
par tom léo
le Ven 9 Déc - 16:12
 
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Sujet: Stig Dagerman
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Alain Damasio

La Horde du Contrevent

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 Images77

Comme La recherche, ou Hugo, la Horde du Contrevent fait partie de ces livres immenses qui méritent qu'on les essaye au moins une fois dans sa vie. Certains resteront sur le côté, les autres seront happés par une fascination étrange et le livre entrera alors dans cette catégorie des « livres qui restent ».

Empruntant à l'Odyssée d’Ulysse, au Mahabharata, à la quête du Graal, Damasio nous offre un récit mythologique au royaume du vent et des contrevents emportant dans un destin tragique 23 personnages-héros aux figures chevaleresques. À travers des paysages dévastés, face à des éléments déchaînés, ballottés entre détermination et désespoir, portés par une foi sans pareil, ils affrontent avec une noblesse et une vaillance indéracinables un destin qui ne saurait décevoir. En perpétuelle lutte contre ce monde  qu'ils vénèrent et exècrent à la fois partageant leurs forces et leurs fragilités, irradiant de beauté et de grandeur, ils nous emportent dans une aventure où les  rebondissements se renouvellent perpétuellement, d'une inventivité, d'une créativité, d'une poésie qui ensorcellent.

Au service de ce récit  mythique, de ses personnages aussi divers qu'attachants, Damasio utilise une langue dont la beauté ne prend parfois à la gorge, nous offre des émotions violentes. Il joue avec les mots, il invente, il  trafique, il joue avec la forme et le style.. Il rejoint une grande Littérature Populaire, parlant à tous, charmant autant par l’intellectuel que par l'affectif, racontant une histoire universelle, exaltée par une quête existentielle.

Réaliser un commentaire sur ce livre est une tâche particulièrement déroutante, frustrante car  forcément réductrice des richesses multiples à découvrir dans ce livre, des bonheurs nombreux à y cueillir. On y aime, on y tremble, on y rit, on y pleure, on s'y interroge sur nous-mêmes et sur le monde… que demander de plus à un roman ?

Il a la puissance mais ne cherche aucun pouvoir - puisque justement, il peut.


La solitude n’existe pas. Nul n'a jamais été seul pour naître. La solitude est cette ombre que projette la fatigue du lien chez qui ne parvient plus à avancer peuplé de ceux qu'il a aimés, qu'importe ce qui lui a été rendu. Alors j'ai avancé peuplé, avec ma horde aux boyaux, les vifs à un pas et une certitude : l'écroulement de toutes les structures qui m'avaient porté jusqu'ici - la recherche de l'origine du vent, les neuf formes, l'Extrême-Amont, les valeurs et les codes de ma Horde – ne m'enlevait pas, ne pourrait jamais m'arracher, pas même par leur mort, ce qui ne dépendait, authentiquement, que de moi : l'amour enfantin qui me nouait à eux.




(commentaire rapatrié)


mots-clés : #contemythe #fantastique
par topocl
le Mar 6 Déc - 13:32
 
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Jean Cocteau

Les enfants terribles

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Ce petit roman fait partie des livres que j'ai lus et relus, adulés, conseillés, prêtés. J'y reviens 20 à 30 ans plus ;  les quelques afféteries de Cocteau, une certaine emphase, un côté pompeux, comme s'il se prenait trop au sérieux (la jeunesse c’est… et c'est bien de l'enfance de…), que j’y ai décelés cette fois-ci, n'ont pas suffi à gâcher mon plaisir d’autrefois.

Un frère et une sœur, jeunes adolescents orphelins, se construisent un monde fantasque et passionné à l'abri des adultes, des obligations et de l'ordinaire. Pris d'orgueil dans leur relation mortifère mêlée d'adoration et de rejet, ils vivent dans un capharnaüm enchanté, un trésor qui leur est commun. Dans  ce huis clos étouffant, follement poétique, qui ne répond à aucune rationalité, quelques être fascinés tâchent de pénétrer, mais tout le monde s'y brûlera les ailes.

Ce livre nous parle du monde de l'enfance, de l’impossibilité de se quitter, de l'amour qui ne sait plus s'il aime soi-même ou l'autre. On y trouve une violence de sentiments, une poésie romantique, une magie tragique et folle.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #contemythe #fantastique
par topocl
le Mar 6 Déc - 13:26
 
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Jean Anouilh

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Médée
(Nouvelles pièces noires)

Et ton cas est réglé pour toujours, Médée ! C'est un beau nom pourtant, il n'aura été qu’à toi seule dans ce monde. Orgueilleuse ! Emporte celle-là dans le petit coin sombre où tu caches tes joies : il n'y aura pas d'autre Médée, jamais, sur cette terre. Les mères n'appelleront jamais plus leurs filles de ce nom. Tu seras seule, jusqu'au bout des temps, comme en cette minute.



Antigone et Médée, ce sont comme deux sœurs, chacune son visage, sa personnalité, mais une espèce de pacte commun qui les lie par derrière. Antigone c’est la pure, Médée la sauvage. Toutes deux éprises d’ absolu, promises à un destin tragique.

Médée et Jason, c'est encore la lutte entre la folie et la raison. Un amour fou des années partagé, traînant le poids des ignominies commises en son nom, et un beau jour, les destins qui se séparent : Médée qui ne veut pas renoncer, et Jason qui choisi le chemin de Créon, le chemin des concessions, construire non plus détruire, vivre et non plus dévorer. La passion perdue est le prix à payer. Pas beaucoup de remords, on en aurait sans doute aimé un peu plus…

Et puis il y a toujours la nourrice et le garde, qui s'en foutent, qui ne demandent qu’un peu de pain le matin, et un air frais à respirer…


(commentaire rapatrié)

mots-clés : #amour #contemythe #exil #politique #théâtre #trahison
par topocl
le Dim 4 Déc - 9:24
 
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Sujet: Jean Anouilh
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Jean Anouilh

Antigone

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 Images84


Antigone, celui d’Anouilh, je l’ai lu , relu, et encore plusieurs fois , et offert aux gens que j’aime. J’en sais quelques passages par cœur. Et Chalandon (avec Le quatrième mur)  est venu me chercher par la main pour le relire. Meilleur à chaque lecture.

Antigone, c'est la petite brune que les garçons ne regardent même pas, celle qui pense que la vie est belle comme un jardin sauvage avant que l'homme n'y mette les pieds, celle qui pense que cela vaut le coup de mourir pour des idées. Et pour son frère aussi, même si celui-ci n'a pas su vous aimer .

Normal qu’à ma première lecture, vers 14-15 ans, elle m'ait plu, cette gamine infernale. Après, j'ai bien fait quelques choix, moi aussi, mais j'ai vite tourné du côté de Créon, du côté : on va tâcher de mener la barque, quitte à faire des concessions et à se dire, oui c’est cette jeunette qui a raison. dans le fond, mais ça serait un sacré bordel s'il n'y avait que des gens comme elle. Mais je me réserve le droit de parfois retourner à mon rôle d’Antigone, de sincère butée. .

La folie contre la raison ? Trop simple. C'est ça qui me retourne à chaque fois, c’est que Créon n’est pas un abominable salaud, ce n'est pas un tyran impitoyable, c'est un homme complètement attachant, complètement désespéré, qui continue la route, pas forcément parce que c'est juste, ou parce que c'est beau, mais parce qu'il faut, même si c'est un peu vain. Le mieux possible. Et le mieux possible n'est pas toujours ragoûtant.

Et puis à côté de cette alternative du choix entre un « non » et un « oui », il y a des tas d'autres personnages qui ont leurs choix à eux, plus flous, moins courageux . Et personne n’est fondamentalement mauvais.
Il y a Eurydice, qui tricote pendant toute la pièce, qui ne dit rien, dont on croit qu’elle s’en fout, ou même qu’elle n’est pas intéressante, et qui finalement s'avère un personnage tout aussi tragique que les autres.
Il y a la nourrice, qui fait le choix de distribuer des tartines, et les gardes, qui ne se posent pas d'autres questions que leurs bouteilles de vin. Ce côté drôle, léger, qui nous donne une respiration dans la tragédie : oui la vie est tragique, mais ce n'est pas tout…nous dit Anouilh. C'est d'ailleurs pour cela qu'Antigone l’aime tant. Et qu’elle ne veut pas la laisser gâcher.

Chaque lecture au fil des années se nourrit de mon histoire et  de mes autres lectures. Chaque lecture est une  redécouverte. Ici en Antigone, j'ai retrouvé « cette posture d'héroïsme » des héros de Vercors,(et, animal,  la sœur d’Antigone, Ismène, ne manque pas de dire : « C'est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elle. Toi tu es une fille. ») et en Créon, le regard désabusé des frères Rolin qui se retournent sur leurs passions de jeunesse.

Ah ! et j’ai encore oublié de parler de la modernité de l’écriture d’Anouilh, ce grand chercheur de pureté. Une modernité qui prend ses bases dans la tradition classique, avec un chœur antique mais qui est ici plein de compassion et d'humour.

Antigone va retourner sur son étagère, jusqu'à la prochaine lecture, mais il (elle) restera là, quelque part, en moi.

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mots-clés : #contemythe #famille #justice #politique #théâtre
par topocl
le Sam 3 Déc - 17:21
 
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Laurent Gaudé

La mort du roi Tsongor

Tag contemythe sur Des Choses à lire - Page 7 Images73

Ce qui ressort pour moi de ce roman, c'est le conte.

J'ai lu (relu en fait) ce livre comme j'écoutais, enfant, ma mère me lire (et me relire et me re-re-lire), les aventures des Grecs à Troie, le flambant Mélénas, le bouillant Achille, à l'assaut du beau Priam et de la princesse Hélène. J'ai retrouvé ici un semblable récit flamboyant, des costumes , des processions, des combats. Les rois et les peuples déchirés. Les alliances et les trahisons. Les promesses dénoncées. L'héritage moral d'un père majestueux moins victorieux qu'on l'a cru. L'honneur des hommes à l'assaut de l'honneur des femmes dans des péripéties d'abord exaltantes, et puis la même fatigue, la perte des certitudes, et au retour l'épuisement , la honte et la désillusion. A quoi bon ? Qu'avons nous fait ? Notre vaillance perdue, notre pouvoir qui ne mène qu'à la désolation...Partout, le sang et l'horreur.

Sans doute la sagesse est-elle du côté de Souba, l'humble Ulysse aux errances dérisoires...

Laurent Gaudé produit un texte dont l'écriture est si travaillée que sa lecture orale est aussi vivante et enlevée que le récit d'un conteur, avec ses lenteurs, ses emballements, ses répéptitions, ses retenues. Les lèvres sourient, les yeux pleurent parfois, le cœur du lecteur bat et souffre pour tous ces valeureux héros.



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mots-clés : #contemythe #initiatique
par topocl
le Ven 2 Déc - 17:21
 
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Jean Giono

Jean Giono (1895-1970)

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Jean Giono, né le 30 mars 1895 à Manosque et mort le 9 octobre 1970 dans la même ville, est un écrivain français. Un grand nombre de ses ouvrages ont pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée par son imagination et ses visions de la Grèce antique, son œuvre romanesque dépeint la condition de l'homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques et possède une portée universelle.

Il devint l'ami de Lucien Jacques, d'André Gide et de Jean Guéhenno, des peintres Georges Gimel et Serge Fiorio, ce dernier étant son cousin issu de germain. Il resta néanmoins en marge de tous les courants de littérature de son temps.


[b]Bibliographie[/b]

Colline, 1929 : Page 8
Un de Baumugnes, 1929
Regain, 1930
Naissance de l'Odyssée, 1930 : 9
Poème de l'olive, 1930 : Page 8
Manosque-des-plateaux, 1931 : Page 9
Le Grand Troupeau, 1931 : Page 1
Jean le Bleu, 1932 : Page 3
Solitude de la pitié, 1932 : Page 10 (contient Prélude de Pan : Page 4)
Le Chant du monde, 1934 : Page 9, 10
Que ma joie demeure, 1936 : Page 9
Refus d'Obéissance, 1937
Batailles dans la montagne, 1937 : Page 1
Pour saluer Melville, 1941 : Page 2
L'Eau vive, 1943 (Rondeur des Jours et l'Oiseau bagué -1973)
Un roi sans divertissement, 1947 (extraits) : Page 1, 4, 6, 8
Noé, 1947
Fragments d'un paradis, 1948
Mort d'un personnage, 1949
Les Âmes fortes, 1949 : Page 1
Les Grands Chemins, 1951 : Page 1
Le Hussard sur le toit, 1951 : Page 6, 8
Le Moulin de Pologne, 1952
L'Homme qui plantait des arbres, 1953
Le Bonheur fou, 1957
Angelo, 1958 : Page 5, 9
Hortense ou l'Eau vive (avec Jean Allioux), 1958
Deux cavaliers de l'orage, 1965
Le Déserteur, 1966 (le Déserteur et autres récits, 1973) : Page 1
Ennemonde et autres caractères, 1968
L'Iris de Suse, 1970
Les Récits de la demi-brigade, 1972 : Page 2
Faust au village, 1977
L'Homme qui plantait des arbres (illustrations de Willi Glasauer), 1983
Le Bestiaire, 1991
Le prélude de Pan : Page 4
L'esclave : Page 4
Le noyau d'abricot et autres contes : Page 8

Essais et chroniques journalistiques
Présentation de Pan, 1930
Manosque-des-plateaux, 1931
Le Serpent d'étoiles, 1933
Les Vraies Richesses, 1936
Refus d'obéissance, 1937
Le Poids du ciel, 1938
Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, 1938
Précisions, 1939
Recherche de la pureté, 1939
Triomphe de la vie, 1941
Voyage en Italie, 1953
Notes sur l'affaire Dominici suivi de Essai sur le caractère des personnages, 1955
Provence (1953), 1957
Le Grand Théâtre, 1961
Le Désastre de Pavie, 1963
Les Terrasses de l'Ile d'Elbe, 1976
Les Trois Arbres de Palzem, 1984
De Homère à Machiavel, 1986
Images d'un jour de pluie et autres récits de jeunesse, 1987
La Chasse au Bonheur, 1988
Les Héraclides, 1995
De Montluc à la « Série Noire », 1998
Arcadie... Arcadie..., 2002

Poèmes
Premiers poèmes – Conception : fin des années 1910 - début des années 1920
Accompagnés de la flûte, 1923
La Chute des Anges, Fragment d'un Déluge, Le Cœur-Cerf, 1969

Récits inachevés
Angélique, 1980 : Page 5
Cœurs, passions, caractères, 1982 : Page 4
Caractères, 1983
Dragoon, 1982
Olympe, 1982

Correspondance
Ce que j'ai donné : Page 10


màj le 31/01/2024


Jean Giono (1/4) Se retirer du mal

Jean Giono (2/4) L’idéal d’un au-delà du roman
Jean Giono (3/4) Le toit de l’écriture
Jean Giono (4/4) Des paysages personnages



                                         
        ***





"Batailles dans la montagne »

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La bataille de la montagne entre  toutes ses composantes et celle des Hommes qui se  défendent.

La Montagne se présente , dans ces descriptions, inamicale, agressive et monstrueuse ; son ossature ressemble d’ailleurs à celle du Léviathan et les hommes se retrouvent comme Jacob, selon les paroles de Clément Bourrache ( le porte-paroles du Pasteur, dans les 4 villages de la vallée) qui n’est pas apprécié par les habitants car « il se servait injustement de la parole de Dieu » et déversait à toute heure des sentences de reproche et sanction.
A rapprocher de ce que dit Giono dans d’autres livres
Spoiler:


L’ atmosphère de la journée rappelle par sa nature  celle où un drame s’est déroulé il y a des années ; les animaux ne s’y trompent pas. Toute vie paiera le prix, tous seront essentiels dans cette lutte ; les premières dissensions s’évanouiront à mesure que la tragédie montera en puissance. Les êtres se découvriront et chacun dans sa force ou sa faiblesse participera à construire une entité.
Cette entité soutiendra celui qui portera la délivrance. Ils seront onze à l’accompagner dans le dernier acte. Ils se retrouveront à douze, peut-être comme les disciples ; même si l’on tient compte des citations de Giono, il me semble que ce chiffre n’est pas fortuit ?
Le prénom du « sauveur » Saint-Jean  me confirme dans cette supposition, mais  ce n’est qu’une idée personnelle.   Mais Jean, forestier de son métier, a tout d’un être sain d’esprit, de nature, il sera l’homme providentiel que n’hésitera pas d’ailleurs à suivre confiante  une fillette.
Saint-Jean se servira honnêtement de l’amitié et de l’amour qui lui sont donnés, il acceptera tout en protégeant.
Il y a dans ce récit, tous les simples gestes qui contribueront à installer progressivement l’espoir, une poignée de sel dans la soupe, du foin pour litière au blessé, le vin partagé qui enivre la peur et la douleur.
La montagne  vomit des années de digestion  dans la vallée, c’est horrible mais c’est aussi terrible pour elle, la délivrance des homes sera aussi la sienne . Les couleurs, les bruits, les odeurs la rendront à nouveau belle, même si les villageois savent combien elle peut être cruelle ; ils resteront y vivre car, malgré tout ils l’aiment leur montagne.
C’est d’ailleurs ce qu’ ils disent à un de la basse vallée qui a cru pouvoir vivre dans la plus haute maison du territoire : « Ah ! Ne dis pas de mal de notre montagne, elle a ses gueules. Mange tes cerises et que le bon dieu t’accompagne ! ».

Encore une fois et intensément, les descriptions de Giono sont somptueuses, efficaces,  même dans
l’ insoutenable. Les métaphores également qui renforcent ces descriptions, les construisent.
Quant aux dialogues, combien révélateurs sur les personnages, intenses. Celui entre Boromé et Saint-Jean est digne et franc comme le sont ces deux hommes , l’ amour qu’il révèle est d’autant puissant que les voix sont intimes.
Que de tensions dans ce récit, le duel entre Saint-Jean et le taureau, la dynamite portée au corps et la nuit qui toujours est obstacle.
Les nuits d’ailleurs participent de la trame  dans les récits de Giono.
Que dire de plus, sinon que j’ai encore beaucoup de plaisir de lectures.


Je reviens sur Batailles dans la Montagne :

L'espace vallée étant inondé, les sauvetages se sont par radeau, donc on pense bien sur au radeau de la Méduse.

quant à l'expédition de Saint-Jean et Marie, la fillette pour aller chercher la dynamite ?

La débâcle des corps ensevelis, rappel biblique ?

sur la fin, je pense que comme la fillette nous n'aurons pas la réponse mais le choix d'imaginer et puisqu'il parle de chance, je me dit qu'il part sur un bon chemin.

D'après ce que dit l'une des filles de Giono, son père aimait beaucoup imaginer, un seul mot lui suffisait faisons de même  sourire[/url]


mots-clés : #contemythe #nature
par Bédoulène
le Ven 2 Déc - 17:10
 
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Sujet: Jean Giono
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