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La date/heure actuelle est Lun 20 Mai - 2:13

28 résultats trouvés pour relationdecouple

Abbé Prévost

Antoine François Prévost d'Exiles, dit: L'abbé Prévost
(1697-1763)

Tag relationdecouple sur Des Choses à lire - Page 2 Abbzo_10

L’abbé Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé Prévost, né le 1er avril 1697 à Hesdin (France) et décédé le 25 novembre 1763 à Courteuil (France), est un romancier, historien, journaliste, traducteur et homme d'Église français.
D'abord novice au collège d'Harcourt en 1712, il est congédié un an plus tard, surpris en train de travailler à un ouvrage profane. Il s’engage ensuite dans l'armée, mais, bientôt déserteur, il s’enfuit en Hollande. Profitant de l’amnistie générale de 1716, il rentre en France et entame un second noviciat chez les jésuites à Paris, avant d’être envoyé terminer sa philosophie au collège de La Flèche. Mais il récidive, s'enfuit et s’engage à nouveau dans l’armée, cette fois comme officier.

En 1720, il entre chez les Bénédictins de l’abbaye de Jumièges, avant de prononcer ses vœux le 9 novembre 1721 et d’être envoyé à l’abbaye de Saint-Ouen. En 1724 sont publiées les "Aventures de Pomponius", roman à clé et satire anti-jésuite sous couvert de récit antiquisant. En 1726, Prévost est ordonné prêtre. Il part enseigner au collège Saint-Germer et prêcher à Évreux.

En 1727, il participe à la rédaction de la "Gallia Christiana", monumental ouvrage collectif des bénédictins, mais travaille parallèlement  aux "Mémoires et aventures d’un homme de qualité" dont il dépose le manuscrit des deux premiers tomes à la censure. En 1728, il quitte son monastère sans autorisation et s’enfuit à Londres, où il devient précepteur de Francis Eyles, fils d'un sous-gouverneur de la South Sea Company. Ayant séduit et tenté d'épouser la fille de J. Eyles, il est obligé de quitter Londres. Il se rend alors à Amsterdam, où il se lie avec une aventurière du nom d’Hélène Eckhardt, dite Lenki, et publie à Utrecht en 1731 et 1732 les tomes I à IV du Philosophe anglais ou Histoire de monsieur Cleveland, fils naturel de Cromwell. Entre-temps, ayant pris le nom de Prévost « d’Exiles » par allusion à ses propres périples, il se plonge dans la traduction de la Historia sui temporis et publie la suite en trois volumes des Mémoires et aventures d’un homme de qualité dont le dernier relate l’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, peut-être inspirée d’une de ses propres aventures et que le parlement de Paris condamnera au feu.

En 1733, cribblé de dettes, il retourne à Londres où il fonde un journal consacré à la littérature et à la culture anglaise, qu’il continuera à éditer jusqu'en 1740. Il ne rétablit pas pour autant ses affaires ; un faux chèque le mène en prison en décembre 1733. Il rentre en France au début de 1734. De retour chez les bénédictins, il effectue un nouveau noviciat à l’abbaye de la Croix-Saint-Leufroy, près d'Évreux, avant de devenir, début 1736, l’aumônier du prince de Conti, qui le protège. Les trois derniers tomes de "Cleveland" paraissent clandestinement. Il publiera d'autres romans et des traductions de l'anglais, dont la monumentale encyclopédie Histoire générale des voyages (15 vol., 1746-1759) du libraire Thomas Astley, qui introduit à l'ensemble des relations de voyage publiées depuis le XVe siècle.

Il passe ses dernières années à Paris et à Saint-Firmin, à côté de Chantilly.
Une légende tenace raconte que l'abbé aurait subi une crise d’apoplexie au retour d’une visite aux bénédictins de Saint-Nicolas-d’Acy, qu'il aurait été transporté au presbytère à la suite de son accident, et que le bailli de l'abbaye aurait fait quérir le chirurgien pour ouvrir le corps afin qu'il puisse procéder au procès-verbal d'autopsie alors que Prévost n'était pas encore mort. Jean Sgard a démontré que le dernier épisode de cette histoire a été inventé en 1782, presque 20 ans après sa mort, en réalité due à une rupture d'anévrisme.


Bibliographie :

- Les Aventures de Pomponius, chevalier romain (1724).
- Mémoires et aventures d’un homme de qualité (1728-1731).
- Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut (7e tome des Mémoires et aventures d'un homme de qualité) (1731, 1753).
- Le Philosophe anglais ou Histoire de M. Cleveland, fils naturel de Cromwell (1731- 1739).
- Le Doyen de Killerine (1735-1740).
- Histoire d'une Grecque moderne (1740).
- Histoire générale des voyages (au total 20 vol. : 15 vol. de 1746 à 1759, suivis de 5 vol. posthumes jusqu’en 17898).
- Histoire de Marguerite d’Anjou (1740).
- Mémoires pour servir à l’histoire de Malte (1741).
- Campagnes philosophiques (1741).
- Manuel lexique ou dictionnaire portatif des mots François [archive] (1750).
- Le Monde moral ou Mémoires pour servir à l’histoire du cœur humain

sources : Babelio et Wikipédia




Antoine François Prévost d'Exiles est un des écrivains les plus prolifiques du XVIIIème français.
On peut s'étonner que seul un roman, extirpé d'une somme comprenant moult tomes du reste, ait passé l'épreuve du temps, même s'il est tenu pour avéré qu'il a pissé la copie, à certaines périodes de sa vie, par obligation de subsistance et non pour faire œuvre.
Il semble aussi avoir été un traducteur de référence (depuis l'anglais), mais pour des ouvrages guère dans l'air du temps aujourd'hui, que ce soit en version originale ou traduite.

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Manon Lescaut
Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut

Tag relationdecouple sur Des Choses à lire - Page 2 Manon-10
Manon Lescaut, œuvre maintes fois déclinée en version cinéma, mais aussi théâtre et opéra (ici une mise en scène contemporaine de celui de Giacomo Puccini, créé en 1894).

Peut se lire ici.

Roman, 220 pages environ, 1731 (puis plusieurs ré-éditions remaniées, la définitive datant de 1753).
En réalité il s'agit du tome VII des Mémoires et aventures d’un homme de qualité (1728-1731).

Relecture de confinement. J'avoue m'être davantage attaché à la forme qu'à l'histoire, celle-ci étant passablement notoire et ne s'oubliant pas de sitôt.

Au reste, par son curieux procédé littéraire consistant, en quelque sorte, à annoncer de nouveaux déboires ou malheurs à l'entame de chaque nouvelle scène ou action, et aussi à faire commencer l'ouvrage par une scène si ce n'est tout à fait finale, du moins proche du dénouement, l'auteur lui-même n'incite-t-il pas à s'attacher davantage au parcours qu'au résultat, mettant à bas le suspense au profit de la manière ?

On dit ce roman autobiographique pour une part certaine mais à déterminer (querelle sans fin d'experts que cette détermination), ce qui expliquerait peut-être la justesse et la fraîcheur des situations et dialogues. En tout cas le fait est que c'est vif, alerte, prenant.  

J'ai été frappé par une singularité étonnante: l'abbé Prévost use d'absolument tous les temps et de toutes les déclinaisons en matière de conjugaison de verbes sur 220 pages: de nos jours il ne trouverait pas un éditeur qui lui accepte sa copie telle quelle, sans appauvrir (pardon, uniformiser) tout ça.

Pourtant, le fait est là, têtu, tenace: l'emploi du gérondif passé ou du plus-que-parfait du subjonctif ne rend pas cette prose balourde, précieuse, adipeuse, maladroite; tout au contraire, l'ensemble dégage finesse, à-propos, justesse et un coulé extrêmement seyant.

Pardonnez-moi de saisir une si exceptionnelle et parfaite occasion pour rabâcher qu'en matière de conjugaison, la limitation à un moteur à six temps, telle qu'elle est implacablement en vigueur dans les Lettres francophones depuis la moitié du XXème siècle, n'est peut-être pas à graver définitivement dans le marbre...

On trouve aussi (plutôt peu fréquemment il est vrai à l'aune de son siècle) les petits enseignements ou la petite dialectique à portée philosophique à partir d'une situation, ce dont raffole l'écriture du temps des Lumières françaises.

Là où l'abbé Prévost se distingue, c'est qu'il ne tend pas son roman vers ce but-là (les considérations philosophico-morales), mais en lâche juste quelques unes au fil de l'action, avec retenue et parcimonie, ne semblant jamais redouter que son roman manquât de portée selon le goût de son époque.  

Quelques exégètes et commentateurs ont voulu voir dans Manon Lescaut le premier roman moderne des Lettres francophones: c'est, ma foi, assez possible, je manque de culture et de recul pour soutenir ou infirmer une telle affirmation.

Enfin, vous allez me trouver horriblement snob et futile, mais je regrette que, dans l'édition pourtant fort belle (éditions Rencontre, Lausanne, 1961) via laquelle j'ai relu cet opus, on ait cru par exemple bon de ne point orthographier les "s" en "f", les terminaisons conjuguées en "-ait" ou "-aient" "-oit" ou "-oient", etc, etc...
Tiens, à y repenser, c'est peut-être là que la bibliophilie fait sens.

Tag relationdecouple sur Des Choses à lire - Page 2 Abbe-p11
L'abbé Prévost donnant lecture de Manon Lescaut, par Joseph Caraud, 1856.


Mots-clés : #amour #culpabilité #relationdecouple #trahison
par Aventin
le Dim 3 Mai - 8:35
 
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Sujet: Abbé Prévost
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Francis Jammes

Almaïde d'Etremont
ou l'histoire d'une jeune fille passionnée

Tag relationdecouple sur Des Choses à lire - Page 2 Almazc13
Nouvelle, 1901, 70 pages environ.

Ah là là, Monsieur Jammes, mais que faites vous donc de vos belles héroïnes !



Nouvelle d'un sujet et d'une épaisseur similaires à Clara d'Ellébeuse, semi-tragédie (mais je ne vous en dis pas plus !):
L'époque de narration demeure donc (le mitan du XIXème), à peine quelques petites années après Clara, et Jammes réemploie un second rôle de peu d'importance dans sa nouvelle de 1899 pour en faire l'héroïne.

Almaïde a davantage de sang, de tempérament, moins de candeur peut-être que feue son amie Clara -à moins que ce ne soit moins de contraintes, d'éducation quotidienne à marche forcée, comme le suggère vers la fin de la nouvelle le bon marquis d'Astin.

Ce marquis d'Astin, personnage de premier plan déjà dans Clara, est là tout à fait primordial, quasi centenaire, posé comme une lumineuse borne XVIIIème en pleine césure IIème République/Second Empire (mais, si ce n'est peut-être au plan des mentalités, les évènements de l'Histoire n'interfèrent en rien dans la narration).

Almaïde d'Etremont vit recluse dans une campagne éblouissante, ses parents sont décédés, un oncle taciturne, maniaque et solitaire (qui n'intervient jamais, et n'est jamais tout à fait dépeint dans la nouvelle, comme une inerte chape de plomb à peine suggérée) administre ses biens jusqu'à son mariage, et cloître -à son intérêt- de facto Almaïde en sa vague compagnie dans une splendide demeure des Aldudes.

Lasse de solitude, voyant ses amies se marier, elle passe ainsi le cap des vingt-cinq ans.

Un jour, à une danse villageoise de dimanche après-midi, spectacle qu'elle aime venir contempler, et qui constitue pour Almaïde une exceptionnelle occasion de sortie (danse de village à rapprocher du Branle de Laruns un peu plus haut sur la page), elle toise un tout jeune berger...

[Le thème de la mésalliance heureuse sera aussi repris, sous forme de conte -intitulé Le mal de vivre- par Jammes avec pour héros un poète en pleine acédie auto-destructrice et une vachère.]

[Il est aisé de faire un rapprochement, éventuellement avec Pan, mais surtout avec Les Bucoliques, Virgile, ou encore le XVIIIème français, où certaine reine raffolait à jouer la bergère en son Trianon versaillais, et de voir une allusion-hommage aux auteurs que Jammes aime à citer et commenter, tels Jean de La Fontaine, Jean-Jacques Rousseau, etc...]

Le petit enseignement, s'il faut en tirer un, est assez similaire à celui de Clara, ne pas laisser les filles jeunes, jolies, intelligentes, pieuses, fortunées, pétulantes dépérir dans l'intérêt grippe-sou d'un ascendant, dans le carcan des conventions, dans une aliénation à la bienséance telle qu'alors conçue, et dont les bras armés sont l'hypocrisie, les préjugés.

Les propos libératoires du marquis d'Astin, en clôture de la nouvelle, sont à ce propos de fort belle facture, et précisent une prise de position ferme de l'auteur, ré-affirmée en quelque sorte deux ans après la parution de Clara d'Ellébeuse.  
 
Chapitre I a écrit:Depuis lors, que d’après-midi sont passés !
Almaïde d’Etremont a vingt-cinq ans. Elle connaît la solitude et l’ombre que les morts étendent au gazon où ils furent. Les monotones jours s’enfuient sans que rien distraie cette orpheline demeurée seule dans ce trop vaste domaine en face d’un oncle âgé, infirme et taciturne.
Aucun pèlerin ne s’est arrêté à la grille, un soir de mai, pour cueillir dans le parfum des lilas noirs cette colombe fiancée. C’est en vain qu’Almaïde, assise auprès de l’étang, guette la carpe légendaire qui, des glauques profondeurs, doit rapporter l’anneau nuptial. Et rien ne répond à sa rêverie que la clameur des paons juchés dans le deuil des chênes. Et rien ne console sa méditation que sa méditation. Et rien ne se pose à sa bouche plus ardente qu’un fruit-de-la-passion que le vent altéré qui souffle aux lèvres de chair des marronniers d’Inde.

Ses yeux n’ont point de candeur, mais une chaude et hautaine mélancolie, une coulée de lumière noire au-dessus du nez mobile et mince. Et ses joues et son menton font un arc si parfait et si plein que tout baiser en voudrait rompre l’harmonie. D’un grand chapeau de paille orné de pavots des moissons, les cheveux coulent en repentirs obscurs sur la ronde lueur de l’épaule. Et tout le corps n’est qu’une grâce paresseuse qui fléchit sur ce banc d’où la main d’Almaïde, négligemment, laisse tomber une missive.


Tag relationdecouple sur Des Choses à lire - Page 2 Repent10
...les cheveux coulent en repentirs obscurs sur la ronde lueur de l’épaule.

[On apprend dans Clara d'Ellébeuse que les repentirs, à la mode alors, sont ces boucles en apparence savamment négligées et naturelles, qui s'obtenaient à l'aide de beaucoup de patience et d'une sorte de peigne de buis, permettant une coiffure à cheveux attachés -selon les convenances-, mais en conservant un aspect de liberté à la chevelure, celle d'osciller et de se mouvoir, est-ce à interpréter comme un mini-signe toléré de hardiesse de type affranchissement ?]  

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Puisque vous paraissez goûter la plume du rustique aède des Gaves, voyez un peu ce qu'il sait faire en matière de rendu de sentiment, de situation intérieure, ci-dessous tout est dans la découpe des phrases ou des propositions, jolie façon de traduire l'exaspération, la lassitude (je m'en voudrais de vous laisser croire que Jammes n'excelle qu'à dépeindre des plantes, des animaux, des campagnes et des églises rurales !):
Fin du chapitre II a écrit:Plus rien ! Pas même, tant elle est triste, l’envie de fixer sur le papier, comme jadis elle le faisait au couvent, les expressions de sa mélancolie.

Elle se prend à rêver dans sa chambre. Elle est assise et fait un bouquet avec des fleurs éparses sur elle. Le jour qui tombe éclaire sa joue gauche, le corps demeure dans l’ombre. Elle s’ennuie. Un vague énervement, elle ne sait quoi d’insatisfait, une oppression qu’elle voudrait chasser, une angoisse, pareille à celle qui la brise parfois au réveil, la torturent. Et rien que de sentir, un instant, la pression de son coude sur son genou l’émeut jusqu’à la faire se lever du fauteuil où elle est étendue. Elle fait le tour de sa chambre sans quitter son chapeau des champs. La mousseline de sa robe qui bruit à peine lui donne de la langueur, le glissement du tissu léger sur sa chair ronde et chaude l’inquiète.

Qu’Almaïde d’Etremont est belle ainsi ! Ses yeux cernés d’ombre dans l’ombre, sa pâleur fondue au jour qui se meurt, sa démarche puissante et gracieuse qui la fait, à chaque pas, tourner sur elle-même, disent assez l’origine maternelle, le sang puisé au soleil de Grenades ardentes.

Elle pose son bouquet sur la commode bombée où luisent des appliques de cuivre et, détachant de la muraille une guitare, elle en tire quelques accords. Maintenant, assise et les jambes croisées, un poignet nerveusement tendu sous le col du bois sonore dont elle pince les cordes sourdes, Almaïde se met à chanter.

Par la fenêtre, son regard plonge dans la nuit bleue qui se lève et recouvre l’étang de splendeur. Les chauves-souris, amies des greniers vermoulus, tournoient, hésitent, crissent, cliquètent et glissent dans l’air liquide. Pareilles à de noires fumées, les branches touffues des chênes moutonnent dans l’azur nocturne qui, au-dessus de l’allée ténébreuse, semble s’écouler comme un fleuve de nacre.

La guitare glisse aux pieds d’Almaïde. La tête en arrière, les bras pendants, les yeux perdus, les narines mobiles, elle frémit un instant. Car, vision rapide, elle croit voir, dans le clair de lune qui s’élève et tremble comme un ruisseau, s’arrêter un chevrier adolescent qui tend vers elle en riant les baies d’arbouse de son torse.


Mots-clés : #amour #culpabilité #jeunesse #nouvelle #relationdecouple #ruralité #solitude
par Aventin
le Sam 11 Avr - 6:23
 
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Wallace Stegner

Angle d’équilibre

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« Lyman Ward qui épousa Ellen Hammond et engendra Rodman Ward », infirme vieillissant et solitaire, décide de consacrer son reste d’existence à explorer l’histoire de sa grand-mère, Susan Burling, dessinatrice douée qui s’exila de l’univers mondain et artistique de l’Est en pleine époque victorienne pour suivre son mari, ingénieur, dans l’Ouest.
Pour en savoir beaucoup plus, voir notre LC, avec Bédoulène et Romain, ici !

Mots-clés : #aventure #culpabilité #famille #psychologique #relationdecouple #social #xixesiecle
par Tristram
le Ven 6 Mar - 12:21
 
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Jim Harrison

Péchés capitaux

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Je m’étais réservé la lecture gourmande du dernier roman de Jim Harrison ‒ et je l’ai savouré !
C’est (encore) l’histoire d’un sexagénaire, ici un inspecteur de police retraité et d’origine prolétaire, Sunderson, qui a beaucoup des traits communs avec l’auteur (c'est-à-dire la plupart des péchés capitaux, The Big Seven du titre original ‒ pour mémoire « l’orgueil, l’avarice, l’envie, la luxure, la gourmandise, la colère et la paresse »). Le titre vient d’un sermon qui marqua le jeune garçon alors fiévreux ; il ramentoit les Sept obsessions dans En marge. On reconnaît aussi Sunderson parce qu’il fut l’enquêteur de Grand Maître. Et le personnage s’adonne toujours à la pêche à la truite, à l’alcoolisme, à la fascination des corps de (jeunes) femmes.
« Il aurait dû se sentir coupable, il le savait, mais c’était rarement le cas. »

En fait, Sunderson culpabilise beaucoup (souvent à raison). Il est constamment rongé par l’échec de son mariage avec Diane (qu’il s’impute à juste titre).
« Il se dit qu’un monde sans voitures serait merveilleux. Un retour aux chevaux lui sembla une bonne idée. Sunderson était un luddite invétéré, un Don Quichotte rêvant d’un monde qu’il ne verrait jamais. »

(Le luddisme est une révolte d’artisans anglais au début du XIXe siècle, "briseurs des machines" de la révolution industrielle prenant son expansion.)

Un peu cassé par diverses mésaventures et autres échecs personnels, Sunderson s’installe dans un bungalow retiré du Nord Michigan, pas très éloigné de Marquette et proche de cours d’eau poissonneux ; mais il a pour voisins la famille Ames, ivrognes, méchants, fous à des degrés divers, hors-la-loi qui accumulent sans scrupule les crimes les plus crapuleux, tels que viols et meurtres. Ils sont présentés comme des « déchets humains » à cause de leur « sang vicié », et c’est l’occasion pour Jim Harrison de (faire) débattre sur l’opposition nature-culture, ici fondue dans la perspective historique de la violence intrinsèque de cette Amérique du Nord. La violence, « le huitième péché » sur lequel Sunderson va vouloir écrire un essai (on découvre plusieurs versions de la première page, laborieusement élaborée ; pour se trouver un style, il recopie des extraits de Le bois de la nuit de Djuna Barnes et de l’Ada de Nabokov).
« La violence est une tradition ancestrale en Amérique, dit Lemuel. À l’école, les livres d’histoire ne parlent pas des milliers de lynchages ni de cette habitude de tirer vers le sol dans les tipis pour tuer les femmes et les enfants indiens pendant leur sommeil. Beaucoup de journaux ont proclamé qu’il fallait exterminer tous les Indiens, comme la presse nazie dans les années trente avec les Juifs. »

D’ailleurs le roman est d’une grande actualité ; figurent notamment les détournements de mineures, les femmes battues, sans omettre les sévices sur enfants et l’inceste.
Sunderson, sans doute par déformation professionnelle, est sujet à des prémonitions alarmantes ‒ et rapidement les empoisonnements s’enchaînent chez les Ames.
Il sympathise cependant avec Lemuel, un Ames moins dégénéré, plus civilisé (il est passionné par les oiseaux), comme quelques enfants et jeunes filles ; Lemuel lui fait lire au fur et à mesure de sa rédaction son roman policier.
Scoop:

La place du sexe est importante (peut-être trop) :
« Je crois que l’instinct sexuel est profondément ancré, enfoui, encodé au fond de nous, et qu’il nous pousse à nous ridiculiser. […] Il faut de toute évidence peupler le monde, si bien que la nature nous a fait don de ces pulsions à peine contrôlables, qui se manifestent tôt et continuent jusqu’à un âge avancé. »

« On dit volontiers "Tout est dans la tête", mais ce serait où sinon ? Dans la rue ? »

Grâce à l’ami de Sunderson, Marion, un Indien, la question des peuples autochtones est aussi évoquée.
« Aucun épisode de l’histoire américaine n’était plus méprisable que notre traque meurtrière de Chef Joseph et de son peuple, sinon peut-être la guerre du Vietnam. »

« Heureusement pour notre société, presque aucun de nous ne connaît notre histoire. Sinon, les réjouissances du 4 Juillet seraient interdites. »

La fascination pour l’eau de Sunderson (et Harrison), pêcheur et pécheur, transparaît souvent.
« …] le grand mystère de son existence : l’eau en mouvement. »

« Il remarqua qu’il était très difficile de penser à soi quand on regardait un fleuve. En fait, c’était impossible. Un fleuve submergeait vos sens, du moins Sunderson en avait-il toujours eu le sentiment depuis l’enfance. »

Harrison nous promène aussi beaucoup géographiquement (USA, Mexique, Paris, Espagne), influence autobiographique de ses voyages (et observations) personnels.
Et, comme toujours chez lui, des remarques originales parsèment sa prose.
« Sunderson se dit qu’en général nous connaissons très mal les gens, mais qu’il était peut-être mieux que chacun de nous reste essentiellement un mystère pour autrui. »

« Toute la culture américaine incitait chacun à aimer quelqu’un ou quelque chose, une équipe de football ou de base-ball, une fille, une femme, un homme. Cette injonction était aberrante. »

« Il se rappela que l’Espagne avait assassiné son grand poète, Federico García Lorca. Pourquoi ? Comme s’il y avait jamais eu une bonne raison de tuer un poète. »

« En fait, comme la plupart des hommes, il vivait sa vie morceau par morceau et s’en souvenait par fragments. »

« Selon cet auteur, le vrai facteur émotionnel qui déprimait l’alcoolique était l’absolue domination chez lui de son égocentrisme. L’individu qui buvait était le centre fondamental de son propre univers, ses perceptions échouaient à atteindre le monde extérieur et demeuraient entièrement teintées par cet ego démesuré. »

Outre l'aspect roman noir, un peu prétexte, s’entrecroisent densément de nombreux fils narratifs, comme la littérature, les péchés capitaux qui obsèdent Sunderson, etc. ; Harrison reprend ses thèmes habituels dans un brassage toujours original.
(Ce livre m’a paru moins bien traduit que les précédents.)

Mots-clés : #contemporain #fratrie #polar #relationdecouple #sexualité #vengeance #vieillesse #violence
par Tristram
le Dim 1 Déc - 23:46
 
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Sujet: Jim Harrison
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Antoine Blondin

L'humeur vagabonde

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Roman, 1955, 250 pages environ.

Celui-là aussi démarre fort:

Chapitre premier a écrit:Après la seconde guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler. On rétablit le tortillard qui reliait notre village à la préfecture. J'en profitai pour abandonner ma femme et mes enfants qui ne parlaient pas encore. Ma femme, elle, ne parlait plus.


Difficile de ne pas faire le rapprochement avec le père de l'auteur, Pierre Blondin, qui avait contracté une sorte d'ancêtre du PACS avec Raïssa Goldenstein, en 1910, qui restera sa maîtresse, tout en épousant (enceinte ?) Germaine Ragoulleau en 1921, union dont naîtra en 1922 Antoine Blondin.

Quant à Antoine Blondin lui-même, il épousera (sans descendance) d'abord Françoise Barrière, union s'achevant sur un divorce, puis Sylviane Dolfus, de qui naîtront les deux filles de l'auteur, Anne et Laurence. La paternité d'Antoine Blondin est à regarder comme un échec total, douloureux, très prégnant dans son œuvre, dans des pages à peu près exemptes de bons mots, mais pas sans drôlerie, et surtout, toujours, avec une énorme pudeur de sentiments.

Toujours est-il que Benoît, principal caractère (livre écrit au "je" par Blondin) quitte un jour sa campagne charentaise en y laissant là sa femme, Denise, cultivatrice, et leurs deux filles en bas-âge, ainsi que sa mère, bien que partant avec la bénédiction de celle-ci, qui escompte que son fils fasse une belle carrière à Paris.

Cette aventure parisienne est assez désopilante, teintée d'une certaine poésie d'ailleurs parfois, par exemple:

Chapitre VI a écrit: Jusqu'au couchant, sous lequel des mécanos sentimentaux s'attardaient à caresser des midinettes crépusculaires, je restais sur un banc dans une virevolte de papiers gras, de peaux de bananes, de feuilles tombées, de journaux caducs.
Les caprices d'un souffle de vent me plaquaient aux jambes les résultats des courses avant les pronostics, l'arrestation du gang des faux académiciens après on acquittement.
Tout ce par quoi la vie est éphémère, fête fugace, crise passagère, glissait autour de moi, me contournait sans m'atteindre.


L'épopée parisienne de Benoît s'avère un ratage complet, Benoît reprend le train, revient chez lui et...


Mots-clés : #famille #relationdecouple #solitude #xxesiecle
par Aventin
le Mer 30 Oct - 19:21
 
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Sujet: Antoine Blondin
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NATSUME Sōseki

Clair-obscur

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Le découpage en brefs épisodes (seulement 188 sur près de 500 pages, puisque le roman est inachevé) qui correspondent aux livraisons de Sôseki pour cette parution en feuilleton, ce séquençage obligé favorise une lecture aérée, bien que sa forme finale pour publication en en seul volume aurait sans doute été plus ramassée.
L’action se passe pendant la Première Guerre mondiale, et l’influence de l’Occident au Japon est immense, même si la société demeure profondément nipponne.
D’abord, Sôseki donne le point de vue de Yoshio Tsuda, ce qui masque un peu les défauts de ce personnage assez vain et froid, qui a des goûts au-dessus de ses moyens et emprunte à ses proches sans se soucier de rembourser.
« Pour parler plus simplement, il avait l’esprit obnubilé par les défauts d’autrui. Et il se réjouissait de reconstruire secrètement ses propres qualités à contrario. Il parvenait ainsi au même résultat que si l’idée ne lui était jamais venue de penser à ses défauts.
[…] Malheureusement il n’appréciait pas l’humour. » (115)

« Car il aimait, en effet, Nobuko sans l’aimer tant que cela. » (135)

Puis c’est la vue de l’intérieur par son épouse, Nobuko, et l’impression est confirmée que la femme a plus de sagacité que l’homme. C’est aussi une illustration de la situation inférieure de la femme dans une société machiste.
« Un mari n’est-il rien de plus qu’une éponge dont la seule fonction est d’aspirer l’amour de sa femme ? » (47)

« Au fond, il est facile de consoler une femme. » (150)

La dernière réflexion est de Tsuda, et je voudrais citer tout ce chapitre, si caractéristique qu’il semble renfermer en abyme tout le roman.
Mais l’histoire n’est pas tant, comme j’ai pu le lire ici ou là, l’observation de la désagrégation d’un couple, que la prise de conscience de leurs situations respectives en tant que ménage dans une société cloisonnée et hiérarchisée, et une confrontation de leurs personnalités dans ce cadre rigide.
Un summum est aussi atteint dans l’exposé détaillé des calculs sournois lors de l'hypocrite duel de Nobuko avec sa belle-sœur Hideko (124-130).
Puis, à l’instigation entremetteuse de madame Yoshikawa, l’épouse de son patron, Tsuda retrouve en convalescence dans une auberge curiste son ancienne maîtresse, Kiyoko, avec peut-être une certaines simplicité recouvrée ‒ mais là s’interrompt le texte.
Une certaine étrangeté hante ce texte, des remarques bizarres, un léger aspect kafkaïen assez propre à cette culture si sensible à Kafka (cf. Kōbō Abe, Haruki Murakami, etc.), comme lorsque Tsuda s’égare dans l’auberge, plus vaste qu’il ne le pensait ; mais il faut faire la part (outre celle de la traduction) de la singularité d’une culture si différente de la nôtre (les mouvements de sourcil de Nobuko, par exemple).
Réflexions in petto de Tsuda dès le second épisode, il est vrai atteint d’une lésion anale :
« Il n’est pas exclus que ce corps soit l’objet d’un changement inopiné. Il est, de plus, possible qu’en ce moment même une métamorphose dont j’ignore la nature soit en cours. Et je n’en sais absolument rien. C’est horrible. »

À ce propos, la scène du début de l’épisode 99 entre Tsuda et sa sœur Hideko est symptomatique, comme il s’efforce de rester imperturbable (à son habitude) tout en étant travaillé par une douleur spasmodique : c’est pratiquement de la somatisation.
L’observation psychologique peut effectivement être rapprochée de celles de Proust et Henry James, mais peut-être plus encore de celle de Dostoïevski, cf. le pauvre, le méprisé, le sans-gêne, voire le gênant Kobayashi :
« Je me suis tellement rabaissé que je ne perds rien à me disputer avec qui que ce soit. Si une dispute laisse des traces, elles ne peuvent jamais être en ma défaveur. Car je n’ai jamais rien possédé qui pourrait cause ma perte. » (119)

Curieusement, ce personnage antinomique de son « ami » Tsuda qui le méprise, partage avec ce dernier la même insouciance quant à rembourser l’argent qu’on lui prête/ donne...
L’intrication des relations ‒ les combinaisons, les machinations : les manigances ‒ entre les principaux personnages (qui gravitent tous dans la même sphère sinon le même milieu) m’a surtout ramentu Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos !
Le roman est rendu fascinant par le souci de compte-rendu détaillé des moindres pensées des protagonistes, de même que par l’étrangeté due à une certaine artificialité conventionnelle, celle justement de la mise à distance inhérente à cette placide dissection in vivo.
Occurrences du thème évoqué par le titre :
« Et n’ayant pas le courage de tourner leurs regards vers la lumière, ils restaient enfermés et immobiles dans cette ombre noire. » (17)

« De l’endroit où il se trouvait, il voyait, comme à portée de sa main, les plis des montagnes qui, au loin, se succédaient sur plusieurs plans et dessinaient une nette frontière entre la lumière et l’ombre. Le contraste des coloris pâles ou foncés des feuilles d’automne inscrivait sur sa rétine un dégradé d’éclats estompés. » (184)


Et grand merci à Églantine pour cette découverte !

Mots-clés : #psychologique #relationdecouple
par Tristram
le Ven 23 Aoû - 15:16
 
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Sujet: NATSUME Sōseki
Réponses: 58
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Milan Fust

Tag relationdecouple sur Des Choses à lire - Page 2 L_hist10

L'HISTOIRE DE MA FEMME

Ce livre est préoccupant. Une sorte de bloc irréductible à l'analyse.
L'histoire est simple pourtant. Un homme, capitaine de la marine marchande épouse, sans trop savoir pourquoi, une jeune française.
Ils vivent quelques années ensemble , mais sans être vraiment heureux. Ils finissent par se séparer et il apprend sa mort huit ans plus tard.
La seule chose qui s'est passée bien avant d'en arriver là, c'est qu'il tombe éperdument amoureux d' elle...

Qui est le capitaine Storr, le narrateur de cette histoire?
Derrière son apparence d'homme fort et d' ours très mal léché, se cache un homme tissé de contradictions.
Persuadé que la femme qu'il a épousé le trompe depuis le début, il s'invente en plus, des histoires et s'enferme dans un piège qu'il a plus ou moins construit lui-même. Il voyage, travaille, esquisse des intrigues amoureuses, et vit en même temps avec elle des moments tumultueux, pervers, destructeurs.
Derrière ces épisodes plutôt sordides, sa passion demeure, inouïe, morbide et inassouvissable.
Le seul moment de bonheur sans mélange, il le connaît alors qu'il est gravement malade, entre la vie et la mort, et qu'elle reste jour et nuit à le veiller.

De cette histoire nous ne saurons jamais que ce que nous en dit le capitaine Storr, le narrateur de cette histoire.

Mais quelle histoire ?
Sa femme est elle infidèle comme il le croit ou bien n'est-il un homme torturé par la jalousie, incapable d'aimer ?
Imagine-t-il qu'il peut se tromper et qu'il détruit ce qu'il aime le plus au monde ?
Pourquoi l'aime t'il vraiment quand elle est absente, séparée ou morte ?
Parce que seule la distance peut permettre d'inventer une passion ?

Telle est cette histoire d'obsessions, de destruction.. De questions sans réponses. De solitude extrême.
Un abîme, comme les Possédés de Dostoievski.

Ma femme serait-elle un etre angélique ? oui ? Non ?
Je demanderai plus rien, ni sur son passé, ni sur ses secrets. Car qu'y a-t-il au fond du coeur humain ? Dans le for intérieur de l'homme ? Ne nous berçons pas de mensonges. Seuls les lents monstres qui rampent au fond des mers reflètent l'image valable de cette obscurité.

P. 291

Ne plus jamais la revoir ! Ne plus jamais penser même à cette posssibilité ! C'était une chose déjà décidée d' ailleurs ; mais à ce moment, je le décidai plus fermement encore... Et pourtant, jusqu'alors, en moi, il n'y avait pas eu autre chose qu'un "plus jamais" ; et cependant l' espoir aussi était en moi, inextinguible ; l'espoir que tout cela n' était que provisoire et qu' un beau jour, elle et moi nous parlerions.
Et si ce n'était en ce monde, alors ce serait un autre. J'en avais le sentiment très doux, un sentiment qui me promettait une merveilleuse
tranquillité, une tranquillité définitive.

P. 381

Je n'avais qu'un seul désir : rentrer à la maison et me remettre à ces notes. Car j' avais le sentiment qu'en elles résidait toute la sérénité de mon âme et que consigner ici le récit de tous mes égarements resterait ma seule chance de pardon sur cette terre.
... J'avais essayé de vivre, j'avais échoué... Que faire ?
Mais cela, ces notes, je ne les lâcherai plus. Et je comprends maintenant ce qu'est la force qui pousse certains d'entre nous à écrire.
Comment réussir à tourner à son profit la malédiction de sa vie autrement qu'en la recréant, en la remodelant, en l'examinant de plus près...

P. 421

Et voilà. Cette même nuit, je finis par trouver la lettre d'Espagne. Ecrite d' une main étrangère ; elle ne comportait ni plus ni moins que cette nouvelle. Qu'elle était morte. Avant de mourir, elle avait dû demander à quelqu'un de me prévenir....
J'aurai cinquante trois ans à l'automne... Et bien que je tienne cette lettre à la main, je ne crois toujours pas qu'il en soit ainsi.
Mais je suis fermement convaincu qu'un beau jour, un jour de soleil radieux, elle me réapparaitra quelque part, au coin d'une rue, dans un quartier désert, et que même si alors elle n'est plus jeune, elle trottinera tout aussi gentiment qu'autrefois de son pas qui m'est familier.
Sur mon âme ce sera ainsi.

P. 430

Récupéré


Mots-clés : #amour #relationdecouple #jalousie
par bix_229
le Mer 8 Mai - 15:01
 
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Sujet: Milan Fust
Réponses: 8
Vues: 887

Wallace Stegner

Une journée d’automne

Tag relationdecouple sur Des Choses à lire - Page 2 Cvt_un12

Court roman de jeunesse de Wallace Stegner, Une journée d’automne décrit au fil des saisons, les ravages d’une Amérique puritaine.
Tout commencé dans une légèreté un peu gnangnan.
Elspeth, au décès de ses parents quitte l’Ecosse pour rejoindre sa sœur Maragaret qui a épousé une riche propriétaire terrien, Alec . Blagueur,  assez porté sur la dive bouteille, on ne met pas longtemps)à comprendre qu’il va être plus séduit par sa jeune belle-sœur et sa naïveté  joyeuse que par son austère femme, si bonne mais si pleine de de rigueur.
La découverte du forfait est un délice de kitsch, à condition qu’on se délecte du  kitsch:

Les mains d’Elspeth s’agrippèrent aux barreaux, ses jambes la lâchèrent et elle tomba presque dans les bras d’Alec.
— Oh mon Dieu ! s’écria ce dernier.
Il serra Elspeth contre lui, mais elle se dégagea et se laissa choir sur le sol, frémissante, avec un long gémissement de douleur. Dans le noir, une vache heurta le seau à lait oublié, provoquant un fracas de métal qui résonna comme une explosion dans la grange caverneuse.
Serrés dans les bras l’un de l’autre, Elspeth désespérément agrippée à son amant, balbutiant des mots de passion et de désir, ils ne virent ni n’entendirent la femme qui se tenait dans l’ombre, muette et accablée.
Lorsque la flamme fut à son comble dans leurs veines, Alec tira Elspeth vers l’échelle du grenier, à laquelle elle monta de son plein gré. C’est alors qu’ils entendirent le cri que poussa l’ombre et le bruit de ses pas précipités sur le seuil, et que dans le demi-jour de la porte ils virent courir une silhouette.


Mais c’est là que les choses se corsent (enfin) pour décrire la coexistence que s’impose pendant des années  ce ménage à trois  instantanément disloqué, dans huis -clos d’austérité, de haine larvée et de culpabilité qui va engluer les trois personnages, chacun dans sa solitude et ses stéréotypes. Dieu merci, derrière ce silence dévastateur, les apparences sont sauves ! Qu’importent donc les souffrances ?


Mots-clés : #amour #conditionfeminine #fratrie #psychologique #relationdecouple #ruralité
par topocl
le Mer 17 Avr - 13:46
 
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Sujet: Wallace Stegner
Réponses: 91
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