William Faulkner
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Re: William Faulkner
En feuilletant Un chien sur la route, un livre de l'écrivain slovaque Pavel Vilikovsky, je suis
tombé sur une phrase concernant Faulkner, et j'ai trouvé qu'elle synthétisait, avec ironie mais
justesse, l'univers romanesque de l'auteur de Absalon et Sanctuaire.
"La voix de Faulkner est balbutiante, étouffée car il a la tete plongée dans un coffre.
Il y cherche la robe de mariée de sa grand-mère et le fusil rouillé de son grand-père
mais finalement il en sort chaque fois un cadavre - le squelette d'un enfant, d'un amant
ou d'un esclave noir affranchi.
Comme s'il ne parlait que pour lui-meme, de façon monotone et, par moments,
incohérente, mais son discours est toujours ramifié parce que chaque objet tiré
du coffre a sa propre histoire qui mérite d'etre racontée.
Pour l'écouter, le meilleur moment ce sont de longues soirées d'hiver avec des
buches qui craquent dans la cheminée.
tombé sur une phrase concernant Faulkner, et j'ai trouvé qu'elle synthétisait, avec ironie mais
justesse, l'univers romanesque de l'auteur de Absalon et Sanctuaire.
"La voix de Faulkner est balbutiante, étouffée car il a la tete plongée dans un coffre.
Il y cherche la robe de mariée de sa grand-mère et le fusil rouillé de son grand-père
mais finalement il en sort chaque fois un cadavre - le squelette d'un enfant, d'un amant
ou d'un esclave noir affranchi.
Comme s'il ne parlait que pour lui-meme, de façon monotone et, par moments,
incohérente, mais son discours est toujours ramifié parce que chaque objet tiré
du coffre a sa propre histoire qui mérite d'etre racontée.
Pour l'écouter, le meilleur moment ce sont de longues soirées d'hiver avec des
buches qui craquent dans la cheminée.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: William Faulkner
Plutôt pertinent, effectivement !
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 14946
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Re: William Faulkner
Moustiques
J'ai beaucoup de mal avec cette croisière et ces personnages pas attachants. Même le poète m'agace...
Ce qui me gêne le plus est la forme dialoguée. C'est un rythme syncopé, il faut un temps pour saisir le rôle et la psychologie de chacun.
En revanche, je trouve une étrange parenté avec le premier roman de V. Woolf, La traversée des apparences (1915), qui mettait en scène également un tas de profils différents, sur un bateau, avec de nombreux dialogues entrelardés de réflexions plus générales.
Je ne suis pas sûre de finir Moustiques car je ne vois pas bien où l'écrivain veut en venir (?).
J'ai beaucoup de mal avec cette croisière et ces personnages pas attachants. Même le poète m'agace...
Ce qui me gêne le plus est la forme dialoguée. C'est un rythme syncopé, il faut un temps pour saisir le rôle et la psychologie de chacun.
En revanche, je trouve une étrange parenté avec le premier roman de V. Woolf, La traversée des apparences (1915), qui mettait en scène également un tas de profils différents, sur un bateau, avec de nombreux dialogues entrelardés de réflexions plus générales.
Je ne suis pas sûre de finir Moustiques car je ne vois pas bien où l'écrivain veut en venir (?).
Tatie- Messages : 278
Date d'inscription : 14/02/2021
Re: William Faulkner
L’invaincu

Il s’agit de sept chroniques qui s’enchaînent, se lisant à la suite l’une de l’autre comme un roman.
Bayard, fils du colonel Sartoris, raconte son enfance avec son ami Ringo (Marengo), lorsqu’ils avaient dix ans dans le Sud lors de la guerre de Sécession ; lui est blanc, Ringo noir.
Embuscade
Les deux compères tirent un coup de fusil sur un Yanqui (et abattent son cheval), et Granny, forte femme d’une détermination sans faille, leur lave la bouche au savon pour l’avoir traité de « salaud ».
Retraite
Éblouissant rendu d’une échauffourée avec les Yanquis, cavalcades et humour.
Razzia
Exode des nègres vers un mythique Jourdain, vols d’argenterie et maisons incendiées, épique péripétie du chemin de fer, et la cousine Drusilla aux cheveux sommairement taillés qui se conduit comme un homme, à l’instar des autres Confédérés ne voulant plus que durer, déjà conscients de leur défaite.
Riposte en tierce
Dans le texte précédent, Granny et les deux enfants étaient revenus du côté des Fédérés avec une compensation de dix malles d’argenterie, plus de cents mulets et autant de nègres ! Elle continue par un trafic de mulets pris et revendus à l’armée de l’Union, et la cocasserie débonnaire a décidément pris le pas sur une quelconque dénonciation des horreurs de la guerre. Le ton est aux antipodes de celui du roman précédant, Absalon, Absalon ! tout en étant plus abordable, avec cependant un style excellant dans la narration des péripéties et scènes d’action. À noter aussi que la situation des Noirs est présentée d’une manière complexe, certains se réjouissant d’une libération proche, d’autres s’égarant lorsqu’ils ont perdu leurs maîtres ; à noter que les blancs dont les maisons ont été incendiées, comme Granny, logent dans les cases de leurs nègres, séparés de ceux-ci par un rideau ! Le narrateur précise plusieurs fois dans le livre que Ringo est plus intelligent que lui. On devine une familiarité ambigüe que le terme d’esclavage (pas prononcé) ne rend pas.
Vendée
L’armée fédérée est partie, remplacée par les pillards, dont un certain Grumby qui tue Granny ; Ab Snopes, l’homme de main de cette dernière, est soupçonné de trahison, et oncle Buck, autre personnage haut en couleur, se lance à la poursuite de la bande avec les deux garçons, qui ont maintenant quinze ans : avec cette longue expédition vengeresse, on est franchement dans le western.
Escarmouche à Sartoris
Ce que dit Faulkner n’est cependant jamais univoque et clair.
Une odeur de verveine
Bayard a vingt-quatre ans lorsqu’il apprend que son père a été tué. L’odeur de verveine, c’est celle que Drusilla met dans ses cheveux, « car elle disait que la verveine était la seule odeur que l’on pût sentir au-dessus des chevaux et du courage et qu’ainsi c’était la seule qui valût qu’on la portât. »
J’ai été enthousiasmé par ce roman relativement accessible et cependant fort riche, qui confirme le génie de l’auteur.
\Mots-clés : #enfance #esclavage #guerre #racisme

Il s’agit de sept chroniques qui s’enchaînent, se lisant à la suite l’une de l’autre comme un roman.
Bayard, fils du colonel Sartoris, raconte son enfance avec son ami Ringo (Marengo), lorsqu’ils avaient dix ans dans le Sud lors de la guerre de Sécession ; lui est blanc, Ringo noir.
Embuscade
Les deux compères tirent un coup de fusil sur un Yanqui (et abattent son cheval), et Granny, forte femme d’une détermination sans faille, leur lave la bouche au savon pour l’avoir traité de « salaud ».
Retraite
Éblouissant rendu d’une échauffourée avec les Yanquis, cavalcades et humour.
Razzia
Exode des nègres vers un mythique Jourdain, vols d’argenterie et maisons incendiées, épique péripétie du chemin de fer, et la cousine Drusilla aux cheveux sommairement taillés qui se conduit comme un homme, à l’instar des autres Confédérés ne voulant plus que durer, déjà conscients de leur défaite.
Riposte en tierce
Dans le texte précédent, Granny et les deux enfants étaient revenus du côté des Fédérés avec une compensation de dix malles d’argenterie, plus de cents mulets et autant de nègres ! Elle continue par un trafic de mulets pris et revendus à l’armée de l’Union, et la cocasserie débonnaire a décidément pris le pas sur une quelconque dénonciation des horreurs de la guerre. Le ton est aux antipodes de celui du roman précédant, Absalon, Absalon ! tout en étant plus abordable, avec cependant un style excellant dans la narration des péripéties et scènes d’action. À noter aussi que la situation des Noirs est présentée d’une manière complexe, certains se réjouissant d’une libération proche, d’autres s’égarant lorsqu’ils ont perdu leurs maîtres ; à noter que les blancs dont les maisons ont été incendiées, comme Granny, logent dans les cases de leurs nègres, séparés de ceux-ci par un rideau ! Le narrateur précise plusieurs fois dans le livre que Ringo est plus intelligent que lui. On devine une familiarité ambigüe que le terme d’esclavage (pas prononcé) ne rend pas.
Vendée
L’armée fédérée est partie, remplacée par les pillards, dont un certain Grumby qui tue Granny ; Ab Snopes, l’homme de main de cette dernière, est soupçonné de trahison, et oncle Buck, autre personnage haut en couleur, se lance à la poursuite de la bande avec les deux garçons, qui ont maintenant quinze ans : avec cette longue expédition vengeresse, on est franchement dans le western.
Escarmouche à Sartoris
Ce que dit Faulkner n’est cependant jamais univoque et clair.
Faulkner déclare cela avant de raconter comme Drusilla est soupçonnée par la société féminine d’avoir été séduite par le colonel Sartoris lors de leur année de guerre en commun, et convaincue de retrouver ses robes puis, « vaincue », d’épouser John (discrètement, pour éviter le qu'en-dira-t-on) – mais ce dernier y sursoit en organisant le vote qui rejette les tenants de la participation politique des Noirs : les femmes sont présentées comme ne comprenant pas les élections… Quelques pages plus loin, au début du dernier texte, le narrateur déclare : « parce qu’elle était femme et, par conséquent, plus avisée qu’un homme »…« J’imagine que c’était parce que les cavaliers de mon père (comme tous les autres soldats du Sud), bien qu’ils se fussent rendus et avoués vaincus, étaient toujours des soldats. Peut-être en vertu de l’habitude invétérée de tout faire comme un seul homme ; peut-être, quand on a vécu pendant quatre années dans un monde conditionné par des actes humains, même lorsqu’il s’agit de danger et de bataille, n’éprouve-t-on pas le besoin de quitter ce monde-là ; peut-être le danger et la bataille en sont-ils la raison, puisque tous les hommes ont été pacifistes pour toutes les raisons possibles sauf pour éviter le danger et la bataille. Ainsi le régiment de mon père et tous les autres hommes de Jefferson, d’une part, et Mme Habersham et toutes les autres femmes, d’autre part, étaient-ils positivement ennemis, puisque les hommes avaient concédé et reconnu qu’ils appartenaient aux États-Unis, mais que les femmes ne s’étaient jamais rendues. »
Une odeur de verveine
Bayard a vingt-quatre ans lorsqu’il apprend que son père a été tué. L’odeur de verveine, c’est celle que Drusilla met dans ses cheveux, « car elle disait que la verveine était la seule odeur que l’on pût sentir au-dessus des chevaux et du courage et qu’ainsi c’était la seule qui valût qu’on la portât. »
Déprimante conception de la littérature…« Je songeai alors à la femme de trente ans, symbole de l’antique et éternel Serpent et aux hommes qui avaient écrit sur elle, et je me rendis compte à ce moment de l'infranchissable abîme qui sépare tout ce qui est vécu de tout ce qui est imprimé : que ceux qui le peuvent agissent, et que ce sont ceux qui ne peuvent pas et souffrent assez de ne pas pouvoir qui écrivent là-dessus. »
J’ai été enthousiasmé par ce roman relativement accessible et cependant fort riche, qui confirme le génie de l’auteur.
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Dernière édition par Tristram le Mar 21 Sep - 19:44, édité 1 fois
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Tristram- Messages : 14946
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Re: William Faulkner
C'est aussi un de mes préférés, avec des récits sans doute autobiographiques et familiers
comme Une odeur de verveine.
comme Une odeur de verveine.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: William Faulkner
Oui, c'est l'impression qu'il donne, de souvenirs personnels d'enfance.
Le dernier texte aurait été écrit pour la publication de l'ensemble.
Le dernier texte aurait été écrit pour la publication de l'ensemble.
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Tristram- Messages : 14946
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Re: William Faulkner
depuis que Bix me dit de le lire.......................je vais le faire (comment vais-je m'en sortir avec ma pile à lire ?)
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"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20023
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Re: William Faulkner
Facile, fais comme moi : mets sur le dessus les livres qui t'interpellent !
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Tristram- Messages : 14946
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Re: William Faulkner
les autres vont protester !

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Bédoulène- Messages : 20023
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Re: William Faulkner
Tout le monde ne peut pas être premier, ça se mérite...
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Tristram- Messages : 14946
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: William Faulkner
C'est sûr que c'est une meilleure porte d'entrée qu'Absalon ! Ça donne l'envie d'en lire d'autres.
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Tristram- Messages : 14946
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Re: William Faulkner
Et "Pylône" qui m'attend toujours...
Louvaluna- Messages : 1629
Date d'inscription : 19/03/2017
Re: William Faulkner
Tristram a écrit:C'est sûr que c'est une meilleure porte d'entrée qu'Absalon ! Ça donne l'envie d'en lire d'autres.
C'est très discutable. Tout du moins en ce qui me concerne. C'est bien "Absalon, Absalon" qui m'a incité à entrer dans l'univers faulknérien.
« Miss Coldfield, dans l’éternel noir qu’elle portait depuis quarante-trois ans pour sa sœur, son père ou son absence mari, nul ne le savait, assise tellement raide sur la dure chaise au dossier droit si haute pour elle que ses jambes pendaient aussi droites et rigides que si elle avait eu des tibias et des chevilles de fer, sans toucher le plancher, avec cet air d’immobile et impuissante fureur qu’ont les pieds d’enfant, et parlant de cette voix sévère effarée étonnée jusqu’à ce qu’enfin l’écoute cessât et que la faculté d’entendre se troublât, et que l’objet depuis longtemps défunt de son impuissante et insurmontable frustration apparût, comme évoqué par la répétition scandalisée, paisible, distrait et inoffensif, surgi de la patiente rêveuse et victorieuse poussière. »
ArenSor- Messages : 3159
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: William Faulkner
Donc, comme vous l’on déjà raconté Bix et Tristram, c’est l’histoire de deux adolescents pendant la guerre de Sécession, Bayard, le fils de John Sartoris – Colonel sudiste chef d’une armée de fédérés qu’il a constituée à ses frais – et Ringo son frère de lait, Noir.
Une initiation pour les deux enfants, aux côtés de la grand-mère, Granny, une vieille dame qui a un fort caractère et une empathie aussi grande vis-à-vis de ceux qui souffrent le plus de cette guerre. C’est ainsi qu’elle parviendra, avec l’aide de Ringo et quelques esclaves à berner pendant des mois les gradés des compagnies US. Après un quiproquo et grâce à un Colonel de l’union qui l’avait rencontrée dans la maison des Sartoris (alors qu’il recherchait deux gamins, Bayard et Ringo, qui avaient tiré sur sa troupe), Granny se voit octroyé par document dûment signé du Général Nordiste de caisses d’argenterie, d’une centaine de Noirs et de mulets.
« Et nous nous blottîmes Ringo et moi, le menton sur les genoux, de chaque côté de ses jambes, avec les dures pointes des bascules qui nous rentraient dans le dos et ses jupes étendues sur nous comme une tente. »
Elle demande donc à Ringo de vendre les mulets en trop aux troupes US, devant la facilité, elle décide de se servir du document du Gal, de le reproduire, c’est l’habile Ringo qui le fera, et donc de revendre aux chef des troupes US les mulets qu’ils leur volent. Cercle de finances qui rapporte et permet à Granny de nourrir les démunis de son domaine et du voisinage, jusqu’à ce que son stratagème soit découvert.
Entre-temps une bande de voleurs et assassins sillonnent la région, Granny croit pouvoir les soumettre mais le chef Grumby la tuera. S’ensuit alors une recherche de l’homme par Bayard et Ringo accompagné du vieux Oncle Buck. Bayard tuera Grumby avec le soutien inconditionnel de Ringo qui aimait et respectait Granny.
John Sartoris revient de temps à autre à des moments opportuns d’ailleurs pour aider sa famille. Il est dans la région respecté, c’est « Le Sartoris ».
« .. cette odeur sur ses vêtements, sa barbe et sa chair, que je croyais être celle de la poudre et de la gloire, elle du futur vainqueur, mais je sais mieux maintenant, je sais maintenant qe c’était seulement la volonté de durer, le déclin sarcastique, fantasque plutôt, d’une illusion qui n’a plus rien même de cette forme d’optimisme où l’on se figure que ce qui va vous arriver est probablement ce qu’on peut souffrir de pire. »
« Et c’est ça que je veux dire : qu’il faisait des choses plus grandes qu’il n’était. »
Mais le Sud perd la guerre, les hommes baissent leurs armes et acceptent de rentrer dans l’Union, au grand dam des femmes, telle Drusilla, la cousine de Bayard qui incorpora l’armée de John et que sa mère, par souci de convenance, convainc d’épouser John.
John n’accepte pas la personne qui représente l’Union aux prochaines élections car celui-ci veut attirer les Noirs dans le Parti républicain, John se débrouille pour tuer, sans être inquiété le représentant des républicains. Il se présentera à l’Assemblée d’Etat, mais Bayard, alors qu’il poursuit ses études sera informé de sa mort ; l’ancien associé et adversaire de John l’a tué.
Alors que les « hommes » de John, ceux qui ont combattu à ses côtés et Drusilla et certains de sa famille s’attendent à ce que Bayard venge son père et tue l’adversaire, Bayard se présente devant lui, voit l’homme pistolet en main prêt à riposter, il tirera d’ailleurs Bayard et le manquera deux fois. Bayard ne tirera pas lui.
Peut-être se rappelle-t-il sa conversation avec Drusilla, 3 ans plus tôt :
"Un rêve, à regarder de près, n'est pas une chose sans danger, Bayard. Je le sais. J'en ai fait un autrefois. C'est comme un pistolet chargé à double détente : s'il vit assez ongtemps, il blesse toujours quelqu'un. Mais, si c'est un beau rêve, cela en vaut la peine. Il n'y a pas beaucoup de rêves en ce monde, mais il y a des tas de vies humaines. Et une vie humaine ou deux douzaines...
- N'ont aucune importance ?
- Non, aucune."
Bayard ne voulait plus que les armes parlent, par sa seule présence il a convaincu l’adversaire de quitter la région. A présent Bayard devient « Le Sartoris » !
***********************
De très fort portraits, celui de Granny et Ringo m’ont convaincu. Drusilla par la modernité de sa pensée et un féminisme sous-jacent.
Tous les personnages sont bien traités, Oncle Buck, Ab Snopes, Loosh……………
Bayard est surtout spectateur, il apprend, toujours avec le soutien de Ringo –frère, ami – « plus intelligent » comme le dit John ; en fait la vie l’a éduqué avant Bayard.
Bien que le mot racisme ne soit pas dit, l’appellation de « nègre », d’esclave le suggère, de même « l’odeur » souvent relevé.
Intéressant aussi ce que dit John des oncles Buck et Buddy quant à leurs rapports avec les Noirs :
« Père disait qu’ils étaient en avance sur leur temps, que non seulement ils avaient, mais qu’ils mettaient en pratique des idées sur la question sociale qui auraient peut-être un nom cinquante ans après leur mort à tous deux. C’étaient des idées sur la propriété. Ils croyaient que la terre n’appartient pas aux gens, mais que ce sont les gens qui appartiennent à la terre ; que la terre leur permet de vivre d’elle et sur elle, de se servir d’elle, mais seulement s’ils se conduisent bien, et que, s’ils cessent de le faire, elle les chasse exactement comme un chien secoue ses puces. »
Amusant mais logique le lavage de la bouche après les mensonges, que Granny les oblige à faire, pour se « nettoyer » à la fois la bouche et l’âme.
Un peu d’ambiguité sur le personnage de John Sartoris, vu par Bayard et Ringo, par l’Oncle Buck – un sacré personnage – lequel le dénigre à la fois et conseille à Bayard de se présenter le cas échéant comme le fils de Sartoris.
Aventure picaresque quand Granny accompagnée de Bayard et Ringo part à la recherche de Loosh le noir qui a volé l’argenterie et les mulets.
Le fleuve des Noirs libérés qui se ruent vers "leur Jourdain" le fleuve, ils vont vers Jésus, comme l'a dit le Gal Grant, mais l'armée du Nord fait sauter le pont par lequel accéder sur l'autre rive. Un fleuve Noir qui fuit, sans rien, démuni, comme hypnotisé par la seule idée de se rendre sur le rives du Jourdain, guidé seulement par leur foi. Impressionnant !
Belle image aussi que celle de la locomotive Sudiste qui part d'Atlanta, héroïque !
"Mais ni partie, ni disparue, aussi longtemps qu'il y aurait des vaincus ou des descendants de vaincus pour en raconter ou en écouter le récit.
"L'autre, la locomotive Yanquie, était juste derrière elle, dit Drusilla. Mais elle ne l'a jamais rattrapé. Puis, le lendemain, ils sont venus et ont détruit la voie. Ils ont détruit la voie afin que nous ne puissions pas recommencer ; ils ont pu la détruire, mais ils n'ont pas pu nous reprendre ce que nous avions fait. Ils n'ont pas pu nous prendre ça."
Voilà promesse tenue, et oui Bix tu savais bien que j'aimerai !
Merci Tristram de ton soutien.
Et comme pour mes autres lectures je suis conquise à l'écriture de Faulkner.
Autres extraits :
« C’est ainsi que nous étions Ringo et moi. Nous étions presque du même âge, et père disait toujours que Ringo était un peu plus intelligent que moi, mais ça ne comptait pas entre nous, pas plus que la différence de couleur de nos deux peaux. Ce qui comptait c’était ce que l’un de nous avait fait ou vu et pas l’autre et depuis cette Noël, je me trouvais en avance sur Ringo, parce que j’avais vu un chemin de fer, une locomotive. »
"Quarante-sept, ça fera le compte, dit Ringo. Mais j'ai dans l'idée qu'on ferait peut-être pas mal de manger quelque chose, comme c'est écrit sur le papier."
"On mettait le papier sous la lame du plancher où l'on ramassait la certe et l'étui de fer-blanc. Je ne sais où ni comment Ringo se l'était procuré. Toujours est-il qu'un soir il était revenu avec une centaine de feuilles portant l'en-tête officiel : Armée des Etats-Unis, Subdivision du Tennessee. Il s'était aussi procuré du même coup la plume et l'encre. Il me les pris des mains et c'était maintenant Ringo qui était assis sur la bille de bois et Granny qui se penchait au-dessus de lui."
"Mais je n'ai jamais péché pour le gain, ni par avarice continua Granny. J'ai péché pour la justice et après cette première fois j'ai péché pour plus que la justice. J'ai péché pour procurer de quoi manger et se vêtir à Vos propres créatures qui ne pouvaient s'aider elles-mêmes ; pour des enfants qui avaient donné leurs pères, pour des femmes qui avaient donné leurs maris, pour des vieux qui avaient donné leurs fils à une cause sacrée, bien qu'il Vous ait plus d'en faire une cause perdue."
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"Prendre des notes, c'est faire des gammes de littérature Le journal de Jules Renard
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 20023
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : En Provence
Re: William Faulkner
j'ai fini le livre Absalon, Absalon que j'ai beaucoup apprécié, mais je suis incapable de le commenter, lecture trop hachée et qui a traîné dans le temps.
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Bédoulène- Messages : 20023
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Localisation : En Provence
Re: William Faulkner
Bédoulène a écrit:j'ai fini le livre Absalon, Absalon que j'ai beaucoup apprécié, mais je suis incapable de le commenter, lecture trop hachée et qui a traîné dans le temps.
Bravo ! c'est, je pense, l'un des romans de Faulkner les plus difficiles à lire, mais aussi l'un des meilleurs.
ArenSor- Messages : 3159
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Re: William Faulkner
merci Arensor, crois bien que je regrette de ne pouvoir le commenter mais l'absention vaut mieux que l'erreur (c'est d'actualité
)
(préférer un inceste à quelques gouttes de sang noir
mais il y a tant de sujets à discuter )

(préférer un inceste à quelques gouttes de sang noir

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Bédoulène- Messages : 20023
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Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains des États-Unis d'Amérique
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