Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Ven 26 Avr - 19:51

133 résultats trouvés pour politique

Marguerite Yourcenar

Le denier du rêve

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Denier10

J’ai lu le texte de 1959, version profondément remaniée de celle de 1934. La préface de l’auteur est intéressante, peut-être à lire en post-scriptum. On y lit notamment que cette œuvre « fut en son temps d’un des premiers romans français (le premier peut-être) à regarder en face la creuse réalité cachée derrière la façade boursouflée du fascisme »
C’est la Rome de l'an XI de la dictature, hantée de figures mythologiques, de destins sans notoriété, de révoltés clandestins qui échouent à renverser le régime fasciste.
Basé sur l’histoire contemporaine de l’époque, la cohérence de ce roman est due au cheminement de main en main d’une pièce de dix lires, qui permet de rencontrer plusieurs personnages (dont quelques étrangers) au portrait peu ou prou approfondi, diverses existences plus ou moins livrées à l’illusion et à l’espoir. L’ouvrage est aussi rassemblé dans la journée d’un attentat manqué contre « César ».  

« Et comme toutes les femmes ont à peu près le même corps, et sans doute la même âme, lorsque Lina parlait et que la lampe était éteinte, il oubliait que Lina n’était pas Angiola, et que son Angiola ne l’avait pas aimé.
On n'achète pas l'amour : les femmes qui se vendent ne font après tout que se louer aux hommes ; mais on achète du rêve ; cette denrée impalpable se débite sous bien des formes. Le peu d'argent que Paolo Farina donnait à Lina chaque semaine lui servait à payer une illusion volontaire, c'est-à-dire, peut-être, la seule chose au monde qui ne trompe pas. »


Destinées qui se croisent, ici réunies le temps d’une messe (la religion‒croyance-autorité tient une grande place) :
« Ces flammèches [de cierges] s’étaient consumées infiniment plus vite que les brèves vies humaines : certains vœux avaient été repoussés, d'autres exaucés au contraire, car le malheur est que, parfois, des souhaits s'accomplissent, afin que se perpétue le supplice de l'espérance. »


L’écriture de Yourcenar est toujours aussi belle, mais je n’ai pas retrouvé dans cette lecture tout ce qui m’avait transporté dans ses autres ouvrages, plus intimistes.
Nota bene : Jack-Hubert, je ne vois pas de populisme conservateur ni beaucoup de simplisme dans cette oeuvre !


mots-clés : #contemythe #politique #religion
par Tristram
le Sam 26 Aoû - 17:43
 
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Sujet: Marguerite Yourcenar
Réponses: 97
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Geneviève Brisac

Vie de ma voisine

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Images45

L'histoire de vie de la voisine de Geneviève Brisac est tragiquement banale, et évidemment unique. Ses parents, juifs laïques, ont émigré de Pologne pour fuir les pressions de la tradition et vivre à Paris leur idéal socialiste, qui va rapidement  rompre avec l'horreur soviétique. Ils élèvent leurs deux enfants sans beaucoup d'argent mais pleins d'amour et d'attention, et un désir de leur transmettre culture, dignité, liberté et ouverture d'esprit.
Les enfants, nés en France et donc français, échappent à la rafle qui mènera les parents à leur tragique destin de fumée.
La jeune femme de 17 ans se bat matériellement et intellectuellement pour obéir à la consigne que son père a jetée sur un papier chiffonné, du wagon qui l'emmenait de Drancy, et qui lui est miraculeusement parvenue : Vivez et espérez. Elle devient une institutrice aux méthodes innovantes, militante lors de la guerre d'Algérie et en mai 68, femme ouverte, pudique et cultivée.

Je n'ai pas bien compris le choix de Geneviève Brisac de s'impliquer elle-même dans le récit (le "je" désigne alternativement l'auteur et sa voisine ce qui ne simplifie pas toujours la compréhension) soit pour étayer les propos de ses propres références littéraires, soit pour raconter une histoire assez lourdement métaphorique où, grâce à sa voisine, elle arrive enfin à faire pousser des impatiences…

La partie sur la vie avant et pendant l'occupation est complètement bouleversante, à la fois pudique et précise, et  mérite qu'on s'attache à ce petit livre, par ailleurs assez brouillon, et dont la deuxième partie est malheureusement inaboutie.
Si le destin de cette femme est tout à fait poignant, il manque une cohérence (et une humilité?)  pour que Vie de ma voisine soit un objet littéraire réellement performant.



mots-clés : #deuxiemeguerre #politique
par topocl
le Sam 26 Aoû - 9:04
 
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Sujet: Geneviève Brisac
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Anjan SUNDARAM

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Couv-k11

Kinshasa jusqu'au cou

éditions Marchialy a écrit:Dans la lignée de Ryszard Kapuściński et de V. S. Naipaul, Anjan Sundaram raconte une année de quête de vérité, une poursuite effrénée dans un pays ravagé par la misère et la violence.

Sa route est toute tracée : études de mathématiques dans la prestigieuse université américaine Yale et offre d’emploi chez Goldman Sachs. Un chemin balisé que le jeune Anjan Sundaram décide de quitter en 2005. Il abandonne tout pour plonger dans l’inconnu et prend un aller simple pour la République démocratique du Congo. Il sera désormais reporter. Ou, plutôt, essaiera de le devenir. Car derrière le romantisme de la vie d’aventures, Anjan Sundaram découvre une réalité hostile. De déconvenues en rebondissements, l’apprenti journaliste doit apprendre à survivre dans la jungle urbaine de Kinshasa. Malgré l’euphorie de l’élection présidentielle de 2006 – premières élections libres et démocratiques depuis quarante ans –, la chaleur paralysante est à l’image d’un pays qui suffoque.

Entre reportage journalistique et roman d’aventures Kinshasa jusqu’au cou est le portait sensible et humain d’un pays trop souvent réduit aux gros titres de journaux. Anjan Sundaram prend le temps de nous dévoiler la République démocratique du Congo dans toute sa complexité à travers la description d’une ville hors norme, une galerie de personnages éloquente et des aventures inédites.


Une découverte en forme de récit autobiographique de la République Démocratique du Congo ou plutôt de l'envers du décor. L'envers des titres des journaux du monde, l'envers des communiqués, une immersion aussi dans un imaginaire d'idées parfois préconçues ?

Anjan se fait loger par des connaissances de sa banquière. Loin des hôtels climatisés de la "ville", sa contribution financière à la vie de cette famille du quartier de VIctoire s'avère essentielle. Son apprentissage de la vie locale inclut de la débrouille, la peur, des amitiés incertaines et toujours une distance particulière entre lui et les autres. Lui et d'autres journalistes étrangers, d'autres indiens installés dans le pays, surtout lui et les Africains.

Il a beau partager une part de leur précarité le fait est que de pouvoir s'en aller, de pouvoir avoir plus de moyens, d'avoir plus d'opportunités  le rend forcément étranger. Désireux par ses articles, en plus du brut besoin de liquidités, de faire la lumière sur un Congo plus "vrai" on sent que ce statut a quelque chose de conflictuel. Il bénéficie de cette vision qui se perpétue et ronge le pays depuis la colonisation.

Au fil des pages on rencontre un peuple qui ne s'appartient plus vraiment et ce depuis si longtemps qu'il semble que ça en soit devenu pour ainsi dire culturel. Pays Européens, Etats-Unis, Chine, Inde et voisins africains tout le monde semble en vouloir toujours plus ou autant et à l'abris des regards du monde. Ce qui est simple quand la région concernée par la déforestation, l'exploitation minière et une violence sans fin est difficilement accessible, Au cœur des ténèbres et plus loin encore peut-être. Si l'éloignement ne suffit pas le contrat commercial, l'écologie ou encore l'ONU font apparemment amplement l'affaire.

De ce côté on tombe au moins aussi bas que les baisses de moral de notre journaliste esseulé quand il quitte la ville pour des reportages éventuels au milieu de nulle part. La mise en scène, mise en place des élections laissent songeur. Au delà d'un résultat attendu l'images de familles faisant des kilomètres pour voter... avec des haricots secs ? a quelque chose de... fou.

Une folie qui n'est qu'une fibre de celles plus vaste de Kinshasa violente, tumultueuse, injuste dans son élan vital destructeur, une ville repliée sur elle-même, ses quartiers repliés sur eux-mêmes.

Un portrait troublant, très simple dans la forme, tentaculaire et étouffant dans son contenu, les rapports de force et d'intérêts omniprésents entre individus. Un pas infranchissable vers l'autre, de la colère, de la frustration sans verser vers le document proprement à charge ou la leçon de vie.

La distance qui persiste, l'énigme culturelle imposée dans cette histoire contemporaine. C'est un fichu voyage celui dans lequel nous embarque le journaliste qui n'est plus en devenir. Et quelques impressions que je ne sais pas formuler...


mots-clés : #medias #mondialisation #politique
par animal
le Dim 9 Juil - 17:44
 
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Sujet: Anjan SUNDARAM
Réponses: 6
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Rodrigo Hasbún

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 51gspc10

Les tourments


Originale : Los afectos (2015)

Editeur Buchet Chastel a écrit:Bolivie, années 1950 : Hans Ertl, ancien cameraman de Leni Riefenstahl, a quitté l’Allemagne avec sa famille pour s’installer à La Paz. Là, dans cette Amérique latine sauvage et mystérieuse, le patriarche hors norme se réinvente un destin d’explorateur, obsédé jusqu’à la folie par la cité inca perdue de Païtiti dans la forêt amazonienne. Ni sa femme ni ses trois filles ne sortiront indemnes de ces aventures ; et alors que la famille se délite et que chacun tente d’émerger de ce maelström, les soubresauts d’une autre histoire, celle des mouvements de libération nationale qui secouent l’Amérique latine, viennent à leur tour bouleverser la destinée des Ertl.

Le texte prend corps à travers les voix des trois filles et d’un des amants de l’aînée, Monika ; s’y mêle, sur près de vingt ans, fiction, éléments biographiques et faits historiques pour livrer une fresque concise et subtilement nostalgique sur le destin d’une de ces familles marquées au fer par les errances idéologiques du XXe siècle et sur l’histoire sanglante d’un pays, la Bolivie.




REMARQUES :
Inspiré par des personnages et des faits historiques, l'auteur raconte avec quatre perspectifs différents et en deux parties de six chapitres chacune. Ce sont les points de vues des trois filles de Hans Ertl (ancien cameraman de Leni Riefenstahl, explorateur, alpiniste, documentaliste) et d'un ami de l'une d'entre elles. C'est l'histoire d'une aliénation croissante entre quasiment tous les personnages, d'une forme de dislocation, désintégration de toute la famille. Chacun connaîtra ses gouffres, sa solitude, la perte des rêves, un isolement… C'est raconté avec beaucoup d'habilité, liant chaque récit à une voix propre, voir une langue, un style particuliers.

Rapidement on a le pressentiment d'une « catastrophe à venir ». Elle consistera en quoi ? Est-ce que – comme le père a fait un choix douteux sous le régime nazi et à du connaître une mise à part de lui et sa famille après la IIème guerre, maintenant, dans la Bolivie des années 50 et suite, un autre membre de la famille va connaître un pareil destin ? Mais sous autre paramètres ? On le comprendra vite : la personne concernée est Monique/Monika, l'ainée des trois filles Ertl, et peut-être le plus ressemblant au père ?! C'est elle qui – dans le contexte politique bolivienne des années mentionnées, va vivre une radicalisation jusqu'à prendre les armes et devenir recherchée par les autorités.

Donc, récit avec des multiples encastrements dans la grande Histoire. Et en plus ; authentique. En gros le récit va du milieu des années 50 jusqu'à la veille du nouveau millénaire.

La première partie était encore plus polyphone que la deuxième qui se concentre plus sur Monique. Mais en général bien fisselé, bien structuré. Peut-être le récit pourrait faire naître encore plus d'interrogations que je n'arrive à mentionner.

Auteur à suivre...


mots-clés : #biographie #politique
par tom léo
le Dim 25 Juin - 22:20
 
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Sujet: Rodrigo Hasbún
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Leonardo Padura Fuentes

l'homme qui aimait les chiens

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 41j9wd10

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Barzoi10
Lévrier barzoï


   Ce fut le temps où se concrétisa la grande désillusion.



Padura se fait une fois de plus  virtuose, scrutant l'histoire, emmêlant les destins.
Il relate la biographie sur plusieurs décennies de Léon Trotski, de son assassin Ramon Mercader, et d'un jeune, puis moins jeune écrivain cubain fictif qui a perdu ses illusions. Il relate avec ambition, et réussite, pas moins que les grandes purges de Staline, la guerre d'Espagne, la dictature cubaine.

Ce roman extrêmement riche, instructif, passionnant, foisonnant, parfois un peu trop car Padura est un  grand bavard, qui ne connaît guère les limites, aime les détails à n'en plus finir Il quitte le romanesque au profit de l’encyclopédique, et noit ainsi parfois l'ampleur de son texte. Cela donne des longueurs, d'autant que le récit est souvent fait de deux points de vue successifs sur les mêmes faits (celui de Trotski et de son assassin) mais c'est addictif, et… terrorisant, comme tout ce qui parle de l'histoire du XXe siècle.

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Mercad10
Ramon Mercader

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Xvm89d10
Trotski et les siens à Mexico

(commentaire récupéré)



mots-clés : #exil #historique #politique
par topocl
le Mar 23 Mai - 14:33
 
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Sujet: Leonardo Padura Fuentes
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Antoine Choplin

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 41u5p210

Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar


Orig. : Français, 2017

CONTENU :
Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar ou comment un jeune cheminot de Trutnov (Tchécoslovaquie) croise sur son chemin Vaclav Havel, comment une amitié se noue entre les deux hommes entre parties d'échecs et bières partagées jusqu'au balcon du Château, place Venceslas, à Prague...Le dernier roman d'Antoine Choplin, inspiré d'une histoire vraie, s'intéresse comme souvent aux humbles et montre comment, parfois, le destin les porte, les fait basculer du côté des justes et les fait participer, presque par hasard, à la grande Histoire… (Texte de l'éditeur)

REMARQUES :
Bien sûr que le nom de Vaclav Havel résonne chez beaucoup d'entre nous, et sûr, qu'ici on le rencontre dans différents étappes de sa vie. Le récit est même encadré par l'apparition de Havel sur le balcon  du château sur le Hradschin (jour de son élection), et puis son travail comme président, accueillant Tomas pour une rencontre ! Mais il est important que Choplin met l'accent surtout sur ce Tomas Kusar, cheminot de métier. On se l'imagine un peu maladroit (n'est-il pas cible de certaines moqueries?), voir « simple » dans le sens qu'il n'est peut-être pas un grand intellectuel. Un moment donné, humilié, il va jusqu'à se laisser emporté par une certaine violence. Néanmoins il est habité par une loyauté, une droiture qui font de lui un proche de Havel. Soi dit en passant que ce récit s'inspire de faits réels.

Et pourtant : Qui discernera en lui un homme attentif aux beautés de la nature ? Qui a un regard éveillé qui le font découvrir les rugeosités et beautés d'écorces d'arbrse par exemple ? Ou le chant d'oiseau ? Ou la silhouette d'un arbre dans la lumière déclinante ? Voilà un type de poète « normal »…, qui par ce melange de classes qui avait été possible dans certaines formes dans les circonstances du règime tchècoslovaque, rencontre Havel le dramaturge, acteur, écrivain, dissident. Et Tomas, peut-être pas de tout destiné à devenir militant, entre dans un monde, y participe à sa façon.

Les « quelques jours » dont parle le titre ne renvoient pas à une période ininterrompue très courte, mais décrivent pratiquemment comme exemplaire des jours de rencontres entre Tomas et Havel au fil de leur relation. A chaque fois on monte d'un cran, d'un palier dans un rapprochement, dans une prise de conscience, une participation et dans l'avancement de la cause.

On retrouve avec bonheur le langage soigné, simple et dense à la fois de cet auteur splendide. A découvrir !


mots-clés : #amitié #nature #politique
par tom léo
le Mer 10 Mai - 15:58
 
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Sujet: Antoine Choplin
Réponses: 32
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Nicolas Bokov

Bédoulène a écrit:merci pour le lien Tom Léo et pour ton ressenti, pour porter cet auteur à ma connaissance. la Tête de Lénine me tente bien
c'est noté


Merci à toi! Je me préparais à l'instant même de poster ce commentaire sur exactement le livre que tu mentionnes:


Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 41ir3u10

La tête de Lénine


Original: Смута Новейшего Времени… Чмотанов ,1970, russe

Pour le centenaire de Lénine, Nicolas Bokov, âgé de tout juste 25 ans, prépare en 1970 un cadeau d’anniversaire spéciale : il écrit une satire pleine de phantasie et pourtant jouant avec les réalités de l’Union soviétique. Point de départ : Le malfrat Tchmotanov se met mine de rien dans une file d’attente sur la Place Rouge – car qui peut bien savoir quelle opportunité se cache derrière une telle file ? – et atterrit dans celle qui mène vers le mausolée de Lénine ! Mais trop tard pour filer : cela pourrait bien avoir des conséquences ! Alors il se demande ce qu’il peut bien faire de louche à partir de cette situation et prépare son prochain coup : voler la tête de Lénine et la vendre à l’Occident ! Cela sera une mine d’or! Et il se met en route. Mais les événements se bousculent : des officiers de service se suicident, un acteur devrait remplacer le corps de Lénine et des généraux rivalisant se désignent mutuellement de rebelles, de dissidents. Et ainsi de suite jusqu’à la fin dans ce roman bref, mais si dense.

Publié dans le Samizdat au début des années 70, ce livre trouva un grand écho en Union Soviétique et fut édité sans mention de nom (évidemment pour protéger Bokov) en 1972 d’abord, et puis après son émigration en 1983 sous son nom en allemand et en français.

L’amateur de satire (politique) - et spécialement dans la Russie - va trouver ici un petit bijou. Il est quand même très curieux de remarquer que spécialement dans un pays comme la Russie tsariste qu’aussi bien dans l’Union Soviétique, la satire a toujours eu une très grande place et tradition. Peut-être c’est la vraie voix du peuple… Et pour citer Bokov : « Oui, c’était vraiment un temps drôle dans l’Union soviétique, si ça n’avait pas été aussi terrible. »

Pour celui qui veut chercher plus rien, ici des archives l’émission d’Apostrophes, où Nicolas Bokov avait été invité pour ce livre :
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=CPB82052874


mots-clés : #politique
par tom léo
le Dim 19 Mar - 8:24
 
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Sujet: Nicolas Bokov
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Vues: 3430

Edgar Hilsenrath

Orgasme à Moscou

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Tylych22

Guerre froide, 1970. La fille du patron de la mafia new yorkaise, Anna Maria Pepperoni, connaît son premier orgasme lors d’un voyage de presse à Moscou. Le fauteur de trouble(s) ? Sergueï Mandelbaum, fils de rabbin et dissident juif fauché doté d’une étonnante propension à susciter des orgasmes. La mafia met tout en œuvre pour le faire venir aux états-Unis afin d’épouser Anna Maria, mais le passeur qu’elle a recruté est un dangereux dépeceur sexuel. Les obstacles, et pas seulement diplomatiques, s’accumulent... écrit en 1979, entre Le Nazi et le barbier et Fuck America, ce livre hautement « politique » relève du divertissement loufoque et survolté.
Une parodie de roman d’espionnage, version déjantée de Fuck America. Un synopsis écrit à l'origine en 6 jours pour Otto Preminger. Un roman entièrement illustré, dans l’esthétique pop qui a fait le succès des couvertures de Henning Wagenbreth.


Première impression, le design du livre, les éditions Attila ont vraiment mes faveurs (au moins autant que Zulma) ; écriture bleue mêlée aux  dessins d’Henning Wagenbreth  qui se fondent dans le décor de la trame narrative.  De la pop attitude qui donne d’entrée l’ambiance complètement  démente d’un opus burlesque mais qui ne manque pas de sens.

L’ auteur s’attaque aux gouvernements , à la guerre froide, à la mafia et au terrorisme avec toujours ce recul nécessaire pour en faire  un livre qui s’inscrit dans les mémoires en vue de cette patte unique, de ce regard sur le monde qui parait traverser les horreurs avec une formidable légèreté tout en les pointant du doigt pour mieux nous éclairer , pour mieux les combattre.  
Hilsenrath ,  né en 1926 mais doté d’un esprit ultra moderne donne naissance à un roman de genre incomparable. Sous cet aspect saugrenu en continu où le sexe est traité d’une manière des plus extravagantes, sous ces personnages bien définis auxquels il refait le portrait tant ils sont plus absurdes les uns que les autres , se cache  un  génie qui trace  en 6 jours un synopsis  criant à la face du monde les dégâts des sociétés si opposées et si malades.
Ainsi Orgasme à Moscou a été conçu,  avec pour mission d’être ludique, désopilant, divertissant et tellement politique
A se procurer d’urgence.


mots-clés : #humour #politique #sexualité
par Ouliposuccion
le Mer 1 Fév - 8:03
 
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Sujet: Edgar Hilsenrath
Réponses: 15
Vues: 1893

Joseph Andras

De nos frères blessés

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 41pseu10

En 1956, à Alger, Fernand Iveton, ouvrier communiste dévoué à l'indépendantisme, pose une bombe dans son usine, à une heure et dans un endroit choisis pour ne faire aucune victime. Il est arrêté avant même qu'elle n'éclate, torturé, condamné à mort dans l’urgence par un tribunal militaire. Le parti communiste détourne courageusement les yeux, son pourvoi en cassation est rejeté, la grâce du Président Coty (dont le Garde des Sceaux était François Mitterrand) est refusée: il est guillotiné.
Parce que l'ambiance est à la haine et qu'il incarne le traître,  parce  qu'il ne faut montrer où est la force et ne pas chagriner l'opinion publique.

Joseph Andras dresse le portrait de cet homme habité par une cause, et décrit, un peu superficiellement du fait de la forme "roman"  l'implacable machine à broyer. En alternance, pour montrer que ce dénommé "tueur" ou "terroriste" fut avant tout un homme, il raconte sa rencontre avec Hélène , sa future femme dans une bluette sans surprises.

C'est solidement écrit (mais cède par moments à la facilité de phrases "bellement obscures") et la dénonciation de l'innomable fait suivre les péripéties avec intérêt.



mots-clés : #biographie #guerre #politique
par topocl
le Sam 28 Jan - 21:05
 
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Sujet: Joseph Andras
Réponses: 1
Vues: 629

John Le Carré

Un homme très recherché ( A most wanted man)
tradit de l'anglais par Mimi et Isabelle Perrin
Editions du Seuil

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 John210

J’aime beaucoup John Le Carré. Le personnage. Celui qui navigue tout le temps dans le trouble et l’ambigu. Sans doute, il en a beaucoup parlé, et il y a des allusions dans chacun de ses romans, parce que son père était quelqu' un de trouble et ambigu.
Et puis le ton. Et l’écriture.A distance, un peu caustique, mais avec ,par moments, une sorte de rage très rentrée, très intériorisée. Mais que l’on sent.
Dans ses derniers romans, le propos était dans doute plus lourd. Trop, à mon goût, il est très bon dans la demi mesure, moins dans le procès. Il sait si bien que tout est un peu grisaillant..

Là, j’ai retrouvé le John Le Carré que j’aimais.L'écrivain des causes qu'il sait perdues d'avance. L’histoire qu’il raconte est celle d’un jeune Tchétchène qui débarque clandestinement à Hambourg, à un moment où les services secrets de tous les pays viennent de réaliser qu’ils ont vraiment été assez lamentables, en laissant tranquillement s’entraîner en Allemagne quelques charmants jeunes hommes qui ont fini tranquillement par aller accomplir leur mission divine un certain 11 septembre 2001. Celui-là va servir d‘appât et payer pour les autres, ils ne vont pas le louper.

Pourtant,je n’aime pas beaucoup les histoires d’espionnage, d’ailleurs je n’y comprends souvent pas grand-chose, faute de culture géopolitique approfondie. Mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans le portrait de ces personnages, d’un bord ou d’un autre, dans le mélange de valeurs si complexes, et surtout dans la réflexion sur ce qu’est la justice . Ce qu’elle pourrait être, et ce que l’on peut en faire ,comme dans ce roman. une justice à la Guantanamo,
la justice où il n'y a pas de putain d'avocats pour tout embrouiller.


En exergue:
La règle d'or est d'aider ceux que nous aimons à nous échapper
Friedrich von Hügel

Récup


mots-clés : #politique #terrorisme
par Marie
le Lun 16 Jan - 2:47
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langues anglaise et gaéliques
Sujet: John Le Carré
Réponses: 33
Vues: 2609

John Le Carré

Le chant de la mission
traduit de l'anglais par Mimi et Isabelle Perrin
Editions du Seuil

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Captur78

Avec, en exergue, ces mots de Joseph Conrad dans Au coeur des Ténèbres
" La conquête de la terre , qui consiste principalement à l'arracher à ceux dont le teint est différent du nôtre ou le nez légèrement pls aplati, n'est pas une fort jolie chose, lorsqu'on y regarde de trop près"

L'intrigue de ce nouveau roman de John Le Carré est celle d'un projet destiné à
« apporter la démocratie et le développement au Congo oriental »

. Et là, vous traduisez naturellement, un projet qui vise à s'en approprier les ressources minières.
Y participent à Londres des capitalistes, un conseiller New Labour, un ancien ministre africain et un vénérable lord. Mais pour réussir, ce projet-complot nécessite sur place l'aide de nobles seigneurs locaux , tous d'ethnies différentes, mais dont le point commun est la haine respective qu'ils se témoignent.
Et, pour la traduction, il est fait appel aux services de Bruno Salvador, dit Salvo .
Qui est donc ce Salvo? Une brillante réussite de la Grande Bretagne multi culturelle...
Il est né dans un couvent où sa mère l'abandonna après avoir vécu "trois mois d'amour vache entre les mains des carmélites".
Son père était missionnaire blanc et sa mère congolaise.(" l'union furtive d'un  bouseux irlandais missionnaire catholique  et d'une villageoise congolaise du Kivu")
Shocking! Il a été élevé en Angleterre, dans un sanctuaire du Sacré-Coeur, où un Frère Michael l'a initié- entre autre- à la sodomie et a exploité son oreille de mainate et sa mémoire d'éléphant.
en lui faisant apprendre le français et un grand nombre de langues africaines. Brillant interprète, marié, par hasard, à une Pénélope blanche, riche et journaliste à succès, pour remercier le sort et Sa Gracieuse Majesté qui lui ont permis d'échapper à un destin de pauvre africain, il met ses dons linguistiques au service de son pays..Je vous recommande le début de ce livre, le récit de la jeunesse de Salvo est un régal de cet humour anglais que j'adore. Peu de mots, mais ils atteignent leur but!



Gentil , Salvo, et reconnaissant. Persuadé également d'agir pour la bonne cause.. Ce qu'il va découvrir va le faire progressivement changer d'avis.
Car ce qu'ils ont oublié , ces bienfaiteurs des peuples africains, c'est que Salvo est lui-même un Africain.
Et c'est là que j'aime John Le Carré qui toujours donne à ses personnages une dimension complexe liée à leurs racines. Comme il est lui-même un homme complexe de par son histoire personnelle, telle qu'il l'a un peu dévoilée dans Un pur espion.

L'oeuvre de John Le Carré , toujours de nature politique, évolue...
Mais dans ses premiers livres, dont le thème central était la guerre froide, la politique avait un sens, même si elle n'était pas toujours glorieuse.
Puis il est passé à l'accusation , la dénonciation comme dans La constance du jardinier. Il persistait quand même des causes pour lesquelles lutter.
Ici...la politique elle même est fiction, il n'existe plus d'autres valeurs que les valeurs individuelles , et c'est bien peu pour lutter contre de tels personnages corrompus....


mots-clés : #politique
par Marie
le Lun 16 Jan - 2:43
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langues anglaise et gaéliques
Sujet: John Le Carré
Réponses: 33
Vues: 2609

Zakhar Prilepine

San'kia

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 97827414

   - Nous n'avons aucune chance, dit-il. Mais est-ce que ça a de l'importance ?


Sacha, dit San'kia est emblématique de la jeunesse russe d'aujourd'hui. Plus radical certes, plus courageux peut-être, ou plus naïf ? Mais ancré dans un paysage politique dévasté comme l'ont été en d'autres temps ses grands-parents, survivants fantomatiques d'un village bloqué par la neige une bonne partie de l'année, ou  sa mère travailleuse effacée et  son père, mort d'alcoolisme.

Sacha n'a pas de programme politique précis, mais croit en la Russie, une entité de puissance qui fait parfois froid dans le dos, et considère que « son président » et « son gouvernement » la bafouent ignominieusement. Face à cela, ce jeune homme solitaire et désœuvré a rejoint un groupuscule extrémiste où il trouve la chaleur de l'amitié et le courage de l'action, une action qui va monter en puissance au fur et à mesure qu'il se heurte à la sauvagerie des autorités.

C'est la description d'un univers qui a quelque chose de kafkaïen,  l'acte est si désespéré qu'il en devient absurde et paradoxalement jouissif.
Ces jeunes gens ne rappellent pas les révoltés de Sartre ou de Camus, ils ne réfléchissent guère, ils sont dans une action intuitive et provocatrice dont ils connaissent et assume d'avance l'échec prévisible.

   La solitude, lui semblait-il, était inaccessible parce qu'il était impossible en fait de rester seul avec soi-même – à l'écart des reflets qu'ont laissés sur vous tous ceux qui vous ont côtoyé, et des offenses, des erreurs et des chagrins que la vie vous a infligés. De quelle solitude peut-il s'agir, alors que l'on a une mémoire ? Toujours à côté, sévère et tranquille.



mots-clés : #politique
par topocl
le Mer 4 Jan - 16:29
 
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Sujet: Zakhar Prilepine
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Halldor Laxness

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Statio10

STATION ATOMIQUE


Quand un livre me plaît beaucoup, je me demande s'il est vraiment magique ou si c'est moi qui l'ai embelli.
Dans ce cas précis, je pense qu'il s'agit des deux.
C'est aussi le genre de roman que je n'ai pas envie d' analyser, encore moins de disséquer. Mais plutôt de synthétiser mes impressions du moment en toute subjectivité. Ce qui est déjà aussi difficile que d'expliquer pourquoi on est sur un petit nuage et ce qu'on y ressent, le temps d' une lecture !

Station atomique est un livre follement romanesque et qui vous entraîne dans sa folie parce que Laxness est très convaincant.
Ses personnages sont attachants parce qu'ils sont très marginaux. Marginaux en ce sens qu'ils n'appartiennent à aucune catégorie connue, et qu'ils ne ressemblent à personne.
La narratrice est une femme de caractère, belle, attirante, intelligente et libre, mais aussi d' une complexité extrême. Elle est à la recherche d'elle-même et d'une vie qui lui permettrait d'atteindre la simplicité la plus grande en cohérence avec ses aspirations. Ce qui est évidemment difficile quand on est fille de pasteur et qu'on n'a pas le sou...

Les autres personnages sont à fois humains et divins. Et très supérieurs aux dieux parce qu'humains !
Les dialogues sont d'une grande force et d'une grande justesse, pleins d'ironie et de malice, la marque de fabrique de Laxness.
C'est ce qui l'a empêché sans doute de donner dans le «réalisme socialiste».
Cela et nous pouvons aussi considérer sa grande connaissance des vieilles sagas islandaises.
Son style magnifique ne pouvait s'accommoder de la langue de bois.
J'ajouterai que la traduction de l'islandais est superbe et qu'on a l'impression que le livre a été écrit directement en français.

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mots-clés : #politique
par bix_229
le Mer 28 Déc - 19:42
 
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Sujet: Halldor Laxness
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Sandrine Treiner

Sandrine Treiner
(Née en 1964)


Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Sandri11

Sandrine Treiner est diplômée d'études approfondies d'histoire du temps présent à l'Institut d'études politiques de Paris.

En 1986, elle commence sa carrière professionnelle au journal Le Monde au service littéraire et supplément radio-télévision.
De 1998 à 2008, Sandrine Treiner intègre France 3 comme rédactrice en chef et coproductrice de l’émission Un livre, un jour, présentée par Olivier Barrot. De 2006 à 2009 elle est aussi conseillère éditoriale et rédactrice en chef-adjointe de l’émission quotidienne Ce soir ou jamais animée par Frédéric Taddeï.

En 2009, Sandrine Treiner rejoint France 24 en qualité de rédactrice en chef des magazines de la culture, des grands entretiens et des débats. En parallèle, elle collabore à l’émission Le Cercle Littéraire sur Canal+ Cinéma.
En août 2010, elle rejoint France Culture comme chroniqueuse pour la littérature et le cinéma à La grande table, l’émission de Caroline Broué et Hervé Gardette, avant d’être recommandée au poste de conseillère de programmes de la chaîne en octobre 20103. En novembre 2011, elle devient directrice-adjointe de France Culture chargée de l'éditorial.

En juillet 2015, elle assure l'intérim à la tête de France Culture après le départ d'Olivier Poivre d'Arvor, avant d'être nommée directrice en titre.



Bibliographie

1993 : La saga Servan-Schreiber
1996 : La pilule, et après ? Deux générations face au contrôle des naissances
2006 : Le Livre noir de la condition des femmes
2013 : L'idée d'une tombe sans nom

Anthologies littéraires
2005 : Le Goût d’Odessa
2008 : Le Goût de l’Amour
2010 : Le Goût de l’Amitié





Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 97822413

L'idée d'une tombe sans nom

"L'idée d'une tombe sans nom me déplait ."C'est ce qu'énonce le personnage principal ,devenu amnésique, de L'Homme sans passé, un film du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki, à la femme qui lui demande pourquoi il s'obstine à vouloir retrouver son identité.
Manya Schwartzman n'a pas de tombe.


Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Scan0010

Ils sont nombreux ces livres qui partent à la recherche de disparus, qui tentent de retracer des parcours, de raconter des destins. Dans la plupart quand même, les auteurs ont des raisons bien particulières de chercher à faire revivre par leurs mots des disparus dans des conditions tragiques. Des liens familiaux pour Jablonka, Daniel Mendelsohn, Marcel Cohen et bien d'autres. Ou des personnages croisés dans des contextes bien particuliers , je pense à Semprun par exemple, mais aussi à Charlotte Delbo qui,dans Le Convoi du 24 janvier, s'est attachée à retrouver toutes les femmes ( 230) qui ont quitté Compiègne le 24 janvier 1943 en direction d'Auschwitz afin de, pour chacune d'entre elles, dire quelques mots de leur vie et survie ( 49) ou mort.

Ici..la motivation est plus obscure. Tout juste apprend-t-on à la toute fin du livre que Sandrine Treiner a toujours craint de disparaître de la vie des gens qui lui sont proches.
Et le point de départ tient en très peu de choses, une photo et un message disant à sa famille: " Ne venez pas, nous nous sommes trompés."

Sur la photo, " le visage est saisissant, le regard fixe transperce le papier..".
-Et elle?
Silence.
-Elle, elle a disparu, répond-t-elle. On ne sait rien d'elle...Elle, on n'en parle pas, on n'en parlait pas. Elle, on ignore ce qu'elle est devenue.
Elle est morte quand?
On ne sait rien. On aurait pu au moins chercher à savoir ce qui lui était arrivé. Personne ne l'a fait. Même après la mort de Staline.
C'est ce que me dit la vieille dame.
Elle ajoute:
-Tout le monde a eu peur. Tout le monde avait peur.
L'héroïne, c'est elle, c'est Manya.
.

25 ans. D'enquête, recherches historiques, hypothèses, lectures, voyages. 25 ans pour parvenir à écrire ce livre court, terme d'un très long et passionnant cheminement personnel de l'auteur à la recherche de fragments de vie de cette jeune Juive originaire de Bessarabie, simplement éprise de justice sociale , et disparue en Ukraine( en 1941)  comme des millions d'autres dans les grandes purges staliniennes avec son mari et ses filles.
25 ans pour écrire dans un livre le nom de Manya Schwartzman. Parce que, pour Sandrine Treiner, c'est le rôle des livres de réparer.

Un extrait:
Il n'y a rien à retrouver car il n'y a plus rien du tout.
Ce n'est pas décourageant, au contraire. La vérité libère. Le silence qui entoure les disparus ne relève pas de la volonté des survivants de se taire mais de leur propre silence intérieur.
La peur, ce n'est pas la peur de la police,de la prison, et même pas de la mort; c'est autre chose. La menace d'une catastrophe intime. C'est pourquoi personne n'a rien dit.
La vérité de l'histoire de Manya Schwartzman, l'héroïne qui rêvait d'un monde de liberté et d'égalité, internationaliste et ouvert, est toute entière dans cette évidence. C'est aussi l'explication de la prolixité de l'oeuvre de Patrick Modiano, l'explication aussi du gros volume de Daniel Mendelsohn, dont j'aime, plutôt que la traduction française Les Disparus, la polyphonie du titre américain, Lost. Tout est "lost": perdu. Les livres s'ajouteront les uns aux autres sans jamais venir à bout des morts sans identité et des vivants sans passé. Ce sera sans fin, tant qu'il y aura des volontaires, des scribes. Il est possible d'aimer des disparus, avec constance et, tout compte fait, il n'y a pas de peines d'amour perdues.



mots-clés : #politique
par Marie
le Mer 28 Déc - 3:31
 
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Gonçalo M. Tavares

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Tavare10


Monsieur Kraus et la politique
. - V. Hamy

Du bon usage de Karl Kraus

Donner du sens au non sens et dénoncer la stupidité humaine, tel pourrait être le propos de ce livre placé sous l'égide de Karl Kraus. Kraus vivait au début du 20e siècle en Allemagne. Gonçalo M Tavares le propulse au début du 20 e siècle au Portugal.

Sans problème apparent. Kraus s'adapte immédiatement à la situation et illustre ses pensées par des petites chroniques envoyées à la presse dénoncent ceux qui font un très mauvais usage de la langue. Au seul profit de leur prétentieuse personne...

C'est hilarant, bien pensé, tonique et exemplaire... Dans la continuité évidente de Ionesco, Beckett et Jarry.

- "C'est comme le jeu des enfants dit monsieur Kraus. Si un homme politique nous parle du ciel et qu' il pointe le doigt vers le haut, en disant :"regardez !" C'est précisément à ce moment-là qu'il faut vérifier les objets qu'il conserve dans sa cave. P. 89

Motifs de démission

Tout pays doit etre géré par le bon sens et en faisant un usage scrupuleux de l'intelligence. Aussi lorsqu'il tombe amoureux, un homme politique doit-il immédiatment céder sa place." P. 92

- "Lire en profondeur... murmura monsieur Kraus.

Un politicien ne lit pas de livres, dans le meilleur des cas, il lit les titres. Avec les gens, il fait pareil." P. 100

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mots-clés : #humour #politique
par bix_229
le Jeu 22 Déc - 19:41
 
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José Saramago

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 41wu0b10

LA LUCIDITE

J'avais l'air de me moquer de Saramago, hier. Oui, mais non. En fait, je me plaignais surtout de n'être pas en état de lire convenablement. Ce qui est dommage parce que La Lucidité est un livre rempli de choses intéressante sur notre propre situation, ici, en France, avant l'élection présidentielle.

Voilà un livre qui sous l'apparence d'une fable ironique s'attaque à la chère et vertueuse démocratie ! Et comment ceux qui la gouvernent traitent la population qui ne veut pas jouer le jeu des élections démocratiques… Une démocratie qui se débarrasse alors de ses oripeaux pour tourner à la tyrannie et à la dictature, qui n'est que la face cachée de la démocratie. Une main de fer dans un gant de velours ? Même pas... le Chili avec Pinochet, la Grèce avec les colonels... Etc. C'est fragile, une démocratie et versatile et sujet à changements sans préavis...

Mais ce livre est bien une fiction, une fiction drôle, mordante et satirique qu'on doit lire effectivement avec lenteur, le style et la narration restant pafaitement cohérents.

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mots-clés : #politique
par bix_229
le Jeu 22 Déc - 15:16
 
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Beppe Fenoglio

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Lembus10

L'EMBUSCADE

L'objet de cette histoire est un épisode de la guerre civile qui opposa les partisans italiens aux fascistes au cours de l'été 1944.
Ces partisans sont des "badogliens", proches des  anglo-américains. Par opposition aux communistes.
Leur petit groupe cherche à s'emparer de la ville de Valla, dans les collines des Langhe (Piemont).
Dans une période d'attente pesante, se succèdent des temps morts et des moments paroxysmiques.

Avec Fenoglio, on est loin des clichés guerriers, de l'héroïsme. Les hommes sont tous des jeunes gens embarqués dans une guerre, particulièrement horrible puisque elle oppose des italiens à d'autres italiens. Même si les allemands sont occupés ailleurs.
La plupart des partisans ont eu des membres de leur famille exécutés par les fascistes. Et donc, leur mobile principal est d' abord la vengeance. Si l'auteur a participé à la résistance dans les rangs des badogliens, c'est par nécessité vitale, par opposition à toute dictature.
Pour ses personnages aussi bien que pour lui-même, il ne s'agit pas de voir triompher telle ou telle vision du monde.

Le regard que Fenoglio a sur eux est d'une impitoyable lucidité. Beaucoup sont courageux et exemplaires au combat. Mais quand ils sont faits prisonniers, ils sont prêts à tout pour survivre.
Perez, celui qui les commande n'exerce son pouvoir que parce qu'il est unanime. Parce qu'il essaie aussi de respecter des valeurs de dignité humaine et de respect. Dans un moment grave, l'un des partisans lui dit :

«Tu t' en sortiras, Perez. Si les gens propres comme toi ne s'en sortent pas, ça veut dire qu'il n'y aura pas de victoire. Qu' il n' y aura plus rien.»

Et il y a aussi Milton, qui a de hautes exigences personnelles. Sans être un franc-tireur, il dédaigne le commandement et les responsabilités, et ne s'impose que par un charisme naturel mais tout à fait exceptionnel.

Le roman progresse par flash back qui donnent du rythme au récit. Et si le livre est resté inachevé, il garde une structure solide, avec un commencement et une fin bien définis. Et la globalité de lecture du livre n'en  est pas vraiment affectée.
Le style de Fenoglio est précis, suggestif, tout à fait particulier et il impressionna tous ses contemporains.

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mots-clés : #guerre (civile) #politique
par bix_229
le Mer 21 Déc - 18:26
 
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Arthur Koestler

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 22510110

Hiéroglyphes

Le premier tome relate l'engagement de Koestler au PC Allemand, l'auteur prévient le lecteur  «Il m'a été impossible de ressusciter l'enthousiasme naïf de cette époque : j'ai pu en analyser les cendres, mais non en ranimer la flamme».

Cependant l'euphorie se dévoile  tout de même dans  certaines phrases, et notamment  par la critique qu'il en fera plus tard, dans les qualificatifs qu'il emploie : «C'est cet aspect actif, brave et chevaleresque du communisme qui m'attira, avec des millions d'autres, dans le Parti, et qui compensa nos déceptions.»

chapitre 1 : Euphorie :  l'engagement au Parti, la vie du Parti communiste Allemand, la foi, l'espérance en la Russie Soviétique, la montée du fascisme.

L'endoctrinement au Parti, résulte de  la dialectique, l'obéissance aux  directives du Komintern, les mesures extrêmes  de sécurité,  la perte d'identité, de l'individu ; le Parti est l'Unité.

Il écrira « La doctrine marxiste est une drogue, comme l’arsenic ou la strychnine, qui, prise à petites doses, peut avoir un effet stimulant, à doses plus élevées un effet paralysant sur le système créateur

A propos du Parti communiste Allemand  : «Après le 20 juillet 1932, il était évident pour tout le monde, sauf pour nous, que le K.P.D., le plus fort des partis communistes d'Europe, était un géant châtré dont les rodomontades ne servaient qu'à masquer la virilité perdue.»

Le PC Allemand se prépare à la clandestinité qui se profile à la montée du fascisme. Koestler contrairement aux autres membres, procède son engagement en demandant par écrit son adhésion au Parti.

L'antinomie entre les socialistes et les communistes est très vive et s'exerce au détriment de la gauche.

Les luttes entre les nazis et les communistes sont fréquentes,  parfois armées, des traquenards où tombent les camarades de Koestler. Lui sera employé à la propagande et par son métier de journaliste à relater ce qu'il entend et peut servir au Parti.


Chapitre 2 : Utopie : Koestler part en Russie, il doit taire son appartenance au parti pour accréditer les articles qu'il doit écrire pour vanter le Plan Quinquenal, il visite la Russie d'Europe et la Russie d'Asie ; il tombe en période de famine, mais la Terreur n'a pas encore commencé au fur et à mesure de son voyage il découvre une Russie de pénuries de tous ordres, lui en souffre moins car les «étrangers» s'approvisionnent à une coopérative privée.

Il comprendra plus tard son attitude là-bas : « J’avais des yeux pour voir, et un esprit conditionné pour éliminer ce qu’ils voyaient. Cette « censure intérieure » est plus sûre et efficace que n’importe quelle censure officielle. »

l ’explication de K. quant au fait que des intellectuels tels que lui soient restés plusieurs années au PC alors même que malgré leur aveuglement ils avaient des doutes, des crises comme il le dit, devant certains faits, il s’avère que d’autres évènements encore plus ignobles (Hitler pour l’Allemagne, Franco pour l’Espagne) les ont confortés de rester dans cette idéologie.

Tome 2 : Exil

Koestler quitte la Russie, mais ayant appris l'accession au pouvoir d'Hitler part pour la France. Ces écrits sont régulièrement refusé par le Parti car trop de sentiments romantiques et bourgeois.  Koestler est complètement démuni de tout ce qui permet de vivre (argent, logement etc.) mais c'est presque pour lui une renaissance  ; il résume ainsi son attitude pendant cette période :

«Si je m'abandonne souvent à des accès d'abattement, les véritables catastrophes me remplissent en général d'une espèce d'exaltation. Et, bien que, je sois jalousement attaché ç ce que je possède et qu'une perte partielle - une chemise volée, une tache sur un meuble - m'irrite et m'attriste, la perte totale de tous mes biens fit naître en moi, les trois fois où la chose se produisit, un sentiment de libération, l'excitatiion d'un nouveau départ. Cela fait partie, j'imagine, du tempérament apocalyptique, du type de mentalité qui aspire à tout ou rien, tempérament qui manque de force dans les crises mineures mais s'épanouit dans les catastrophes


Koestler fait une analyse très réaliste des raisons qui ont amené l'Occident à la seconde guerre mondiale : tous coupables, droite ou gauche, gouvernements, à des degrés différents «ont eut dit qu'ils étaient tous associés dans un pacte de suicide européen.»

La guerre civile débute en Espagne, Koestler y part, pour le Parti, comme «reporter» pour 2 journaux, il se servira de la mission de l'un ou de l'autre au gré de la situation, à sa 2ème mission il est arrêté et emprisonné, il ne doit sa liberté qu'à l'intervention collective de plusieurs intellectuels et scientifiques, ainsi qu'à sa femme dont il est séparé d'ailleurs. En prison il se découvre une paix intérieure qu'il attribue à «l'écriture invisible» comme il appelle cette nouvelle spiritualité (para-psychologie par exemple, expériences sensorielles).

Koestler écrit 3 livres «alimentaires» sur la sexualité, édités par ses cousins.

Le processus de retrait de Koestler par rapport au Parti s'est inscrit dans son esprit sans qu'il en prenne conscience mais après avoir eu connaissance de la Terreur installée en Russie, avoir perdu tant d'amis, il sait qu'il ne pourra plus avaler tous les mensonges, que le dernier lien s'est rompu en apprenant le pacte Hitler/Staline.

«Je devins de plus en plus conscient d'une dette écrasante à payer. Le Zéro et l'Infini que je commençais à écrire l'année suivante en fut un premier règlement.»

et vis à vis de Dorothy qui a grandement contribué à sa libération d'Espagne :

«Je découvris que j'avais, sans le savoir, contracté une autre dette, une dette personnelle, impossible à payer.»

Après une série de conférence en Angleterre où il exprime ouvertement son sentiment sur ceux (POUM) que le Komintern  accuse de trahison, Koestler rédige sa lettre de démission au Parti, mais la termine par une déclaration de fidélité à l'Union Soviétique.

«Etonnant, mais pourtant pas incompréhensible à la lecture de  l'aveu qui suit et dont on peut retrouver l'esprit chez Ignazio Silone et certainement d'autres ex-communistes.»

«J'avais vingt-six ans quand j'adhérai au parti communiste, et trente-trois quand je le quittai. Les années intermédiaires avaient été des années décisives, tant par la saison de la vie qu'elles remplirent que par la façon dont elles la remplirent d'un objet unique. Jamais auparavant, ni depuis, l'existence ne me sembla aussi débordante de sens que pendant ces sept ans. Elle avait la supériorité d'une belle erreur sur une vérité sordide.»

Après sa démission du PC, Koestler a été en butte aux attaques du Parti, notamment pour son livre révélateur sur les procès de Moscou : Le zéro et l'Infini. Son livre est attaqué notamment par l'un de ceux qui avait fait partie du collectif de sa défense alors qu'il été emprisonné Frédéric Joliot-Curie.

Koestler part pour un reportage, passant par la Grèce, Alexandrie, il découvre dans ces pays des luttes, il restera 2 mois et demi en Palestine. Pays où il s'est rendu 11 ans auparavant,

A l'époque à propos des sionistes :

«Il ne s'agissait plus de se demander si le sionisme était une idée bienfaisante ou non. Ils savaient que les chambres à gaz étaient proches. Ils avaient dépassé le stade de la discussion. Quand on les provoquait, ils montraient les dents.»

La terreur arabe s'exprimait par intermittence.

Entre 1942 et 1948 Koestler fit plusieurs séjours, écrivit 2 livres, fit des conférences, plaida la cause du partage comme seul moyen de mettre fin à l'horreur.

Koestler s'établit définitivement dans «la paisible Angleterre», mais visita plusieurs pays, il était à présent un écrivain connu.


C'était une très bonne lecture, mais j'en sors  remuée. Dans le deuxième Tome je trouve que Koestler revient trop souvent sur le passé déjà évoqué et l'on perd donc la chronologie ce qui à mon avis nui un peu à la cohérence des évènements.

Mais j'aime l'honnêteté de Koestler, son analyse, je suis sensible à sa «névrose d'anxiété», sa timidité, je veux le connaître mieux encore, je lirai donc d'autres livres... mais après une pause car j'ai besoin de digérer cette période très troublée.

Si Koestler a trouvé en l'«écriture invisible» une nouvelle spiritualité, je suis sure  que l'héritage du parti communiste s'est inscrit avec  une «encre indélébile».






mots-clés : #autobiographie #politique
par Bédoulène
le Dim 18 Déc - 16:56
 
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Sujet: Arthur Koestler
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Lola Lafon

Une fièvre impossible à négocier

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Index511

   Je pense à cette sensation d'être tenue à terre par le pouvoir et l'ordre. Être à genoux sans rien pouvoir y faire ou presque. Je ne veux pas me dire, demain ou plus tard, que je n'ai rien fait.
   Je ne veux pas laisser des personnes décider d'en allonger d'autres, étouffées. Alors mon envie se précipite, plus bruyante que la peur des flics, des ennuis potentiels ; il faut que je bouge, rouge, il faut que ça se fasse. Je veux aller un peu plus loin que parler.



C'est encore une fois l' histoire d' une gentille fille, Landra, qui un soir se fait violer dans l'intimité de sa chambre par un jeune homme respectable et tout ce qu'il y a de plus insoupçonnable. Et après, elle ne veut pas mourir, mais elle ne peut plus vivre. Ou en tout cas, vit avec la peur. Et, comme disent les surfeurs, « La peur n'est une émotion comme les autres, il faut l'accepter » . Alors , si Landra cache cette peur intime, elle décide de  hurler une peur plus générale devant notre humanité humiliée, bafouée, violentée par les politiques, les capitalistes,les intégristes de tous poils. Finis les commentaires aux terrasses de bistrot, elle va jouer sa révolte au plus fort, dormant dans des squats, frayant et agissant avec des groupuscules d' extrême gauche. Elle veut que cette fois-ci, son NON soit entendu.


  Alors que, c'est dommage, il suffit de :
   Mettre un poing final dans la figure de la Peur…
   Pour réapparaître à soi-même, en entier, rêves compris, tout recousu.
   Je suis là.
   Terrain d'entraînement : ma Vie


Il faut écouter Lola Lafon, s'attacher à cette jeune femme qui se débat,il faut comprendre sa rage contre un monde manipulé par des mains impitoyables.il faut se demander si, finalement, elle n'a pas raison, s'il n'y a pas que l'action, même  illégale, pour répondre à cette  violence qui domine le monde, s'il ne faudrait pas arrêter de se croiser les bras, de commenter et de juger, arrêter de « négocier », en se réjouissant d'être du bon côté.

   
La résignation est un suicide quotidien.


Elle me remue, cette Lola Lafon. A chaque lecture.
Et elle me fait peur.
Peur qu'elle n'ait que trop raison.

   «  À Régis, j'écrivis quelques lignes où je précisais que je ne voulais pas entrer dans le vieillissement sans avoir connu le feu d'un combat réel, qu'aucune jeunesse n'avait de sens qui ne risquât de mourir violemment et qu'à ma jeunesse je voulais donner un sens qui ne fût pas de me vautrer dans le plaisir de vivre. » Pierre Goldman, Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France.



mots-clés : #politique #violence
par topocl
le Dim 18 Déc - 16:24
 
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Sujet: Lola Lafon
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Arthur Koestler

Le zéro et l'infini

Tag politique sur Des Choses à lire - Page 6 Image118

 Il n'y a que deux conceptions de la morale humaine, et elles sont à des pôles opposés. L'une d'elle est chrétienne et humanitaire, elle déclare l'individu sacré, et affirme que les règles de l'arithmétique ne doivent pas s'appliquer aux unités humaines – qui, dans notre équation, représentent soit zéro, soit l'infini. L'autre conception part du principe fondamental qu'une fin collective justifie tous les moyens, et non seulement permet mais exige que l'individu soit de toute façon subordonné et sacrifié à la communauté –  laquelle peut disposer de lui soit comme d'un cobaye qui sert à une expérience, soit comme de l'agneau que l'on offre en sacrifice.



Je dois avouer (bien que dans un contexte pareil le terme « avouer » soit à utiliser avec précaution) que j'ai eu du mal à entrer dans le livre. Je ne sais pas trop si cela vient de moi (lecture hâchée et inhabituellement étalée sur plus d'une semaine) ou du propos qui s'élabore peu à peu.

Il s'agit des derniers jours d'un ancien chef révolutionnaire incarcéré comme Ennemi du peuple  lors des purges de Staline, interrogé jusqu'à ce qu'il  se renie soi-même pour le bien du Parti. Autant il a été fanatique et sans scrupule dans ses débuts, autant il s'interroge maintenant sur le sens de la révolution, et ses dérives.

   Je plaide coupable d'avoir placé la question de la culpabilité et de l'innocence avant celle de l'utilité et de la nocivité.



La première partie, « la première audience », est un récit de prison assez (trop?) classique :  les humiliations, les messages codés qui passent d'une cellule à l'autre, les promenades des prisonniers dans la cour… La deuxième partie, « la deuxième audience » m'a un peu trop fait penser à des annales du bac de philo vaguement cliché, rédigées par un amateur de métaphores vaseuses(la balançoire, l'écluse, l'écorché) avec ces questions éternelles et jamais résolues : faut-il privilégier le bien individuel ou le bien collectif, faut-il faire le bonheur des gens malgré eux, la fin  justifie-t-elle les moyens, les masses sont-elles aptes à décider de leur sort, faut-il mourir pour ses idées ?...Cette remarque tient , bien évidemment, pour ma lecture faite au XXIe siècle, et aurait sans doute été sans déplacée à l'époque (1938) où le livre a été écrit,

C'est ensuite, à la « troisième audience » que le livre monte en puissance, l'absurde s'impose et terrifie, tout se referme sur le personnage comme un rouleau compresseur. « Cette assez grotesque comédie », dévoile toutes ses traîtrises dans l'unique but de «  consolider la dictature ».

L'épilogue consiste en un implacable constat d'échec de l'utopie : malgré l'apparent triomphe du Parti, «le drapeau de la Révolution est en berne » et, bien qu'il soit « jeté en pleine démence », l'individu reprend ses droits.


mots-clés : #politique #regimeautoritaire
par topocl
le Dim 18 Déc - 16:20
 
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Réponses: 18
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