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Anonyme : Les Aventures de Sindbad le Marin
Traduction intégrale à partir des manuscrits originaux arabes par René R. Khawam
(Vers 835-840)
A-t-on vraiment lu Sindbad le Marin ? Si, pour des millions de lecteurs, le nom magique de Sindbad est inséparable de celui de Schéhérazade, c’est grâce à un subterfuge d’Antoine Galland, premier traducteur des Mille et Une Nuits au XVIIIe siècle. Car les aventures de l’intrépide marin, René R. Khawam nous le prouve, n’ont jamais fait partie des Nuits. Mieux, le texte qu’en donna Galland, et que la plupart des éditeurs ont repris après lui, n’est que l’’adaptation’, fort édulcorée, d’un roman composé à Bagdad dès le IXe siècle. Ce roman, René R. Khawam en donne ici la première traduction intégrale, établie à partir des manuscrits anciens. ’Louanges à Dieu, Le Seigneur des Mondes !’ dit le conteur quand il a fini de nous narrer les voyages de Sindbad le Marin. Et louanges à ceux qui nous permettent, ici, de les lire !
editionslibretto.fr
Point fort de la collection, l'introduction pour replacer les textes dans leur contexte et mettre le lecteur en conditions. Ici l'accent est mis sur tout ce qu'il peut y avoir de factuel derrière ces aventures : le commerce avec l'Inde, l'Afrique et la Chine ou le Japon, des appuis géographiques, des références à des événements historiques... celui qui se croyait parti pour de l'imaginaire pur et dur est bien servi !
Aussi parce que Sindbad le Marin narrant ses aventures à Sindbad le Portefaix ferait un bon cousin pour le Baron de Münchhausen avec ses sept voyages plus incroyables l'un que l'autre. Sept voyages pour sept festins du commerçant aventurier qui profite enfin d'un repos bien mérité.
Les récits sont des contes initiatiques qui mettent en avant plutôt que la ruse et la force, la chance et la confiance ainsi que l'entraide et la gratitude. C'est très étonnant et très rafraîchissant en plus de tout l'exotisme que le texte peut avoir pour nous. Plus que les circonstances dramatiques ou extraordinaires ou les débauches de richesses c'est pour moi le fait marquant de ces histoires. Il y a acharnement pour des jours meilleurs mais toute péripétie est acceptée ou accueillie avec la confiance dans le fait que ce ne sera qu'une étape (quoi qu'en dise le narrateur c'est l'impression qui se dégage). Et puis les cohabitations de cultures différentes, les échanges de présents, les bons moments ça ne se refuse pas.
Étonnante lecture légère étonnamment enrichissante !
Mots-clés : #contemythe #initiatique
- le Mar 27 Mar - 21:40
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- Sujet: Anonyme : Les Aventures de Sindbad le Marin
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Salman Rushdie
La terre sous ses piedsVina Apsara, star pop à la voix irrésistible, aime le génie musical Ormus Cama qui crée leur célèbre groupe rock, qui l’a découverte, puis perdue, la recherche et la retrouve, fou d’elle. Leur romance épique est narrée par Rai, ami d'enfance d'Ormus dans le Bombay des années 1950, et amant secret de Vina, qui les suit dans leur ascension en Angleterre puis aux USA, et sur toute la planète.
Ça c’est le pitch du scenario, mais il est réducteur. Le personnage principal, ce sont les mythologies indienne, grecque, en fait d’un peu partout, y compris nord-américaine (celle du showbiz), juxtaposées en une mythologie globale (mais plus dionysiaque qu’apollinienne), avec leur fondement de tragédie et destinée, et des refrains comme « Ce n’est pas ça qui devait arriver. » Avec toujours le mythe vivant que forment les deux principaux protagonistes. C’est donc un roman de la démesure, de la folie, de l’hybris, de la passion, soit l’univers mythologique transposé (ou prolongé, ou se perpétuant) de nos jours.
Un des centres est le mythe d’Orphée, un autre la culture rock, un autre encore celle de la photo (soit un monde qui imagine beaucoup, l’imaginaire étant la création d’images nouvelles, ce à quoi Rushdie excelle, étudiant la société actuelle en fabulant dessus).
D’autres thèmes sont repris : le jumeau, ou l’autre, le double mort ; la dualité qui ne se résume jamais à elle-même ; « l’amour tardif », quand il est trop tard…
Jusqu’aux tremblements de terre, qui respectent les frontières Nord-Sud, Occident-Orient : nous voici au Nouvel Âge des New Quakers !
Quand les dieux sont morts, et que la terre veut se débarrasser de nous… mais les amants mythiques sont toujours là.
« L’espèce humaine est naturellement, démocratiquement polythéiste, à part l’élite évoluée qui s’est totalement dispensée du besoin de dieux. […]
Quand nous cesserons de croire aux dieux, nous pourrons commencer à croire à leurs histoires. Bien sûr, les miracles n’existent pas, mais s’ils existaient, alors, demain, on se réveillerait pour trouver encore plus de croyance sur terre, plus de dévots chrétiens, musulmans, hindous, juifs, alors bien sûr on pourrait se concentrer sur la beauté des histoires parce qu’elles ne seraient plus dangereuses, elles seraient capables d’inspirer la seule croyance qui mène à la vérité, c'est-à-dire la croyance volontaire et non croyante du lecteur dans le récit bien raconté. » (15)
Rushdie se sert de différents genres, uchronie, anticipation, parodie, et use de jeux de mots, d’onomatopées, d’allusions référant à la politique, la littérature, les musique et cinéma :
« Plus minable que la salle des personnages de films et de séries télé jamais tournés est la pièce des rôles de théâtre non joués, et encore plus lamentable est la Chambre des députés, des trahisons futures, et le bar des livres non écrits, et la ruelle des crimes non commis [… » (4)
Urbanisation cupide de Bombay après l’indépendance :
« Une ville de pierres tombales se dresse sur le cimetière de tout ce qu’on a perdu. » (6)
Déshérence de l’émigré d’Inde à Londres, avant l’Amérique (livre de 1999) :
« Inde, fontaine de mon imagination, source de ma sauvagerie, toi qui m’as brisé le cœur.
Adieu. » (Fin de 8 )
Vision sévère du monde occidental, donc, y compris les USA :
« Cette Angleterre-là, corrompue par le mysticisme, hypnotisée par le miraculeux, les psychotropes, amoureuse des dieux venus d’ailleurs, a commencé à l’horrifier. Cette Angleterre-là est une région sinistrée, les vieux condamnent les jeunes en les envoyant à la mort sur des champs de bataille lointains et les jeunes leur répondent en se condamnant eux-mêmes. » (10)
« De nous trois, seule Vina a fait un voyage de retour, c’est elle qui, la première, a été prise dans le tourbillon dévorant de la faim spirituelle du monde occidental, ses abîmes d’incertitude, et elle est devenue tortue : une carapace dure sur un intérieur rempli de bouillie. Vina, la rebelle, la hooligan des mots, la hors-la-loi, la femme marginale : ouvrez-là, et vous trouverez le cristal et l’éther, vous trouverez quelqu’un qui désire être un disciple, quelqu’un qui désire ardemment qu’on lui montre le droit chemin. » (11)
Comme dans un récit d’univers parallèles, deux mondes s’interpénètrent ou entrent en collision, le nôtre et un autre (« l’autremonde », qui se révèle une variante ratée), par des déchirures, des contradictions du réel :
« …] notre irréconciabilité intérieure, la contradiction tectonique que nous avons tous en nous et qui a commencé à nous déchirer en petits morceaux comme la terre instable elle-même. » (11)
C’est un livre-monde, une œuvre totalitaire (et je m’y suis un peu enlisé ; près de 800 pages, mais ce genre de livre nécessite cette abondante matière).
J’ai constaté des contresens et des flottements au niveau de la traduction ‒ presque inévitablement, compte tenu de la somme à traduire en peu de temps.
J’ai pensé à John Irving vers le début, peut-être à cause de la sensibilité à l’enfance malheureuse. Plus évidents, il y a une proximité avec certaines œuvres de science-fiction, et une parenté avec des auteurs comme Don DeLillo.
« Mais le passé ne perd pas sa valeur en cessant d’être le présent. En fait, il est plus important parce qu’il est devenu invisible pour toujours. » (5)
« Il errait dans les rues le jour et la nuit, à sa recherche, la femme qui n’était nulle part, il essayait de l’extraire de la foule des femmes qui étaient partout, il découvrait quelques fragments dont il pouvait s’emparer, quelques bribes auxquelles il pouvait s’accrocher, dans l’espoir que ce nuage puisse au moins faire qu’elle vienne le visiter dans ses rêves.
Telle fut sa première quête d’elle. Pour moi cela me semblait presque nécrophile, vampirique. Il suçait le sang des femmes vivantes pour faire vivre le fantôme de la Disparue. » (6)
« La culture a besoin d’un vide pour s’y précipiter, quelque chose d’informe à la recherche des formes. » (13)
« L’espèce humaine est naturellement, démocratiquement polythéiste, à part l’élite évoluée qui s’est totalement dispensée du besoin de dieux. […]
Quand nous cesserons de croire aux dieux, nous pourrons commencer à croire à leurs histoires. Bien sûr, les miracles n’existent pas, mais s’ils existaient, alors, demain, on se réveillerait pour trouver encore plus de croyance sur terre, plus de dévots chrétiens, musulmans, hindous, juifs, alors bien sûr on pourrait se concentrer sur la beauté des histoires parce qu’elles ne seraient plus dangereuses, elles seraient capables d’inspirer la seule croyance qui mène à la vérité, c'est-à-dire la croyance volontaire et non croyante du lecteur dans le récit bien raconté. » (15)
« Nous changeons ce dont nous nous souvenons, puis cela nous change, et ainsi de suite, jusqu’au moment où nous nous effaçons ensemble, nos mémoires et nous-mêmes. Quelque chose comme ça. » (16)
« …] les chansonnettes regrettables devenues les hymnes totémiques du Nouvel Âge des tremblements. Nous ne devons pas considérer Ormus Cama comme il prétend modestement le faire, un simple troubadour ou un rocker ; car sa musique de haine de soi et du déracinement a été pendant longtemps au service, je dirais même au cœur, de l’Occident où la tragédie du monde est reconditionnée pour l’amusement de la jeunesse, et dotée d’un rythme contagieux qu’on marque du pied. » (18)
Amour, ConteMythe (et Mondialisation dans un certain sens)
mots-clés : #amour #contemythe #mondialisation
- le Mar 20 Mar - 14:22
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Washington Irving
RIP et autres contes
Ensemble de contes dont le plus fameux est Rip qui est éponyme puisque l'on suit le récit de Rip van Winckle. Histoires fantastiques qui sont un peu les ancêtres des légendes urbaines américaines (on y retrouve Sleepy Hollow) parsemées d'un vrai goût pour les descriptions de type naturalistes. Le récit fantastique est n prétexte pour nous faire découvrir la nature de l'Amérique, la nature sociale, sociétale, politique mais aussi historique. Egalement la vraie nature.
Le style ainsi que les idées développées m'ont fortement fait pensé à Tocqueville et je fus du coup totalement hors de l'aspect fantastique de l'histoire souvent réduite à une élucidation rationnelle servie par l'alter ego avec le pseudo de Dietrich Knickerbocker qui sert à retracer la vision réaliste de l'histoire. et de l'Histoire.
Intéressant.
mots-clés : #contemythe #fantastique
- le Mar 13 Mar - 9:59
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Jean d'Ormesson
Histoire du juif errant
Résumé : A Venise, au pied de la Douane de mer, en face du palais des Doges et de San Giorgio Maggiore avec son haut campanile, deux jeunes gens qui s'aiment vont écouter, le soir, un personnage surprenant qui porte beaucoup de noms.
Ses récits les emportent, à travers l'espace et le temps, dans un tourbillon d'aventures où passent à toute allure, sous des éclairages imprévus, assez peu familiers aux enfants des écoles, Stendhal et Christophe Colomb, des Chinois et des Arabes, le procurateur de Judée et des guerriers vikings, le raid israélien sur Entebbe et l'invention du zéro, les amours de Pauline Borghèse et Les Mille et Une Nuits, toutes les passions du monde et aussi ses misères.
L'homme à l'imperméable, qui raconte, avant de disparaître comme il est apparu, ces souvenirs ou ces fables qui se confondent avec la vie, se prétend condamné à l'immortalité pour avoir refusé, sur le chemin du Calvaire, un verre d'eau à Jésus titubant sous sa croix.
Son histoire d'éternité fait revivre un mythe aussi universel que don Juan ou le docteur Faust : le juif errant.
Dans les récits de la Douane de mer, il ne ressemble à rien de connu : à mi-chemin de la Bible et de la bande dessinée, de Hegel et d'Arsène Lupin, il incarne l'histoire des hommes, nécessaire et inutile, depuis toujours maudite et pourtant irrésistible de gaieté et de bonheur.
« C’est toujours la même chose. Du sang, des sièges, la fin de tout. L’espérance chevillée au cœur, la peur vague d’on ne sait quoi, l’attente d’un dieu inconnu qui peut prendre toutes les formes, qu’on défie et vénère et qui est peut-être le néant, et, courant à travers le monde comme un fil invisible qui tiendrait tout ensemble, l’amour. »
L’inspiration de ce roman, soit le mythe du juif errant, autorise à se promener dans différentes époques, différents lieux, et en cela je trouve qu’il y a matière à un livre riche par tout ce qu’il peut nous faire vivre et traverser. L’histoire se prête aussi à des réflexions philosophiques sur la vie, la mort, l’amour, les trois étant intriqués.
Je n’enléverai pas à l’auteur sa culture, son érudition, sa belle formulation, mais dommage qu’il n’y ait pas plus d’âme, en tous les cas, personnellement, j’ai eu du mal à m’émouvoir, à entrer dans l’histoire, à m’identifier à quelque personnage, et de ce fait cela a donné une suite de situations un peu insipides. On croise maints noms connus, maintes parts d’histoire du monde, mais cela ne m’a pas émue, touchée, emmenée vraiment dans d’autres contrées, ni dans mon imaginaire.
Le roman est constitué de 3 parties. La première n’est pas aisée car ne livre pas encore le fil rouge, et on passe d’un personnage à un autre, d’un lieu à un autre, d’un moment de l’histoire à un autre, cela sans comprendre le lien, de manière décousue. Par la suite, quand nous comprenons que le lien est Ahasverus (Alias le juif errant qui porte plusieurs noms), la lecture se fluidifie. Il va nous emmener dans ses réflexions sur la vie, la mort, l’amour, ce en nous narrant plusieurs récits de front qui nous emmènent d’une époque à une autre, dans différents pays, avec différents peuples. Si le procédé est astucieux et pourrait être très riche, il est peu à peu devenu rébarbatif pour moi. Bien que tous les ingrédients soient là par rapport à mes goûts pour entrer dans une histoire magique, il ne s’est rien passé, et j’ai lu une bonne partie juste pour aller au bout. La faute à quoi ? Je dirai que ces allées et venues cassent constamment le rythme, et que, bien que le fil rouge à un moment soit connu, il ne suffit pas.
Ce roman me semble une suite de belles phrases et de beaux mots qui décrivent, parsemé de ruptures constantes du fait de chapitres très courts dont aucun ne parle de la même chose que le précédent. On fait des sauts constants d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre, et il est impossible de s’attacher, de mettre les bouts d’histoire ensemble tant ils sont brefs.
Ce livre me semble un étalage d’érudition qui sert plus à montrer la jolie plume de l’auteur et ses références culturelles, historiques, etc, qu’à capter le lecteur. Pour moi, après avoir passé la première partie sans aucun fil rouge, j’ai eu espoir d’accrocher dans les parties suivantes, mais après un temps de lecture supplémentaire, quand j’ai pris conscience de l’absence de toute magie malgré tout, cela n’a presque été que contrainte de lecture.
Dommage tant ce livre était prometteur, mais l’amoncellement de connaissance sans profondeur et les ruptures constantes dans l’histoire épuisent jusqu’à la lassitude, à l’ennui, ce qui amène à « manger » les pages pour vite terminer sans plus aucun plaisir à une lecture devenue indigeste.
mots-clés : #aventure #contemythe
- le Lun 29 Jan - 8:08
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- Sujet: Jean d'Ormesson
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Mark Twain
Le journal d'Ève......Le journal d'Adam
Des petits textes très courts. Le premier étant “Le journal d’Adam”, qui est bien structuré avec un début une fin et une continuité dans le récit. Adam est très bien au paradis. Il vit nu, mange des fruits, vit avec des tigres végétalistes. Et une créature apparait, Eve. Et elle est pénible. Elle parle trop, elle veut tout comprendre, elle le suit partout, elle donne des noms à tout. Pour dire, elle a inventé le mot “nous”. Il la fuit et se dit qu’elle ne lui apportera que des ennuis. Et en effet elle mange des fruits défendus et ils perdent le paradis. Les animaux s’entretuent pour survivre. Et d’autres créatures apparaissent Caïn et Abel. Au début Adam ne sait pas ce qu’ils sont. Des sortes de poissons? Des Ours sans poils? En tous cas, ils font beaucoup de bruits. Adam finit par s’attacher à Eve, l’interdépendance est nécessaire dans ce monde dans lequel il faut se battre pour survivre.
Le journal d’Eve est plus morcelé. Il commence comme le journal d’Adam et puis change. Il y a une partie où Eve raconte les expériences que Adam et Eve, donc font pour comprendre le monde. Et on comprend que Eve a beaucoup de tolérence pour Adam qui ne comprend pas grand-chose et s’intéresse à des choses bien inintéressantes, mais qui est là constant et fort. Eve se demande pourquoi elle aime cet homme qui semble bien médiocre sur certains plans, mais elle l’aime. Et elle l’a aimé tout de suite, quitte à interpréter ses signes de fuites autrement. Eve a eu le coup de foudre et n’aime pas être seule. Mais Eve est entreprenante et ose tout. Bref deux petits livres amusants.
Je mettrai quelques extraits plus tard.....
James Tissot
mots-clés : #contemythe #humour #xixesiecle
- le Sam 20 Jan - 16:58
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Pasi Ilmari Jääskeläinen
LUMIKKOAu sein d'un petit village finlandais prospère une étrange société littéraire secrète composée de neuf écrivains réunis autour de la figure tutélaire de Laura Lumikko, auteur à succès dune série de livres fantastiques pour la jeunesse. En pénétrant peu à peu dans l'intimité de cette société grâce à un Jeu aux règles complexes permettant darracher la vérité aux membres de la société Ella, une jeune professeur de finlandais aux ovaires déficients, découvre le sombre secret de leur inspiration. Pendant ce temps, Laura Lumikko disparaît, tandis qu'une étrange peste semble s'être abattue sur les livres de la bibliothèque : certains livres voient leur fin subtilement altérer...
Avec une écriture pleine dironie, Pasi Ilmari Jäaskelainen nous invite dans un univers trouble, progressivement étouffant, qui n'est pas sans rappeler celui déployé dans la série Twin Peaks de David Lynch, et réussit la gageure de créer une atmosphère à la fois drôle et inquiétante.
À la fois conte initiatique, hommage à la mythologie finnoise et thriller sombre et angoissant, ce roman polymorphe constitue avant tout une réflexion acérée sur la position de l'écrivain dans la société et sur la nature de linspiration.
Ce livre, tout en ayant le désavantage de laisser sur sa faim, a l’avantage de nous mettre face à moults questionnements pour lesquels une relecture serait certainement un moyen de saisir certains éléments qui n’ont pas percuté à la première, alors que nous n’avions pas notion de la chute. J'en ai d'ailleurs fait une en diagonale et j'ai déjà relevé pas mal de choses. Je reste tout de même frustrée car il est étonnamment insaisissable, bien que je pense qu'une analyse fine pourrait en livrer une certaine explication, mais pour cela il faudrait une vraie relecture dans laquelle je ne souhaite pas me lancer dès à présent.
L'ambiance et l'atmosphère étrange monte crescendo, c'est interrogeant mais je pense n'avoir eu une réelle accroche et le désir de savoir que quand certains mystères supplémentaires surviennent. Reste ensuite à notre interprétation ce que l’on veut bien entendre de ce livre, et c’est là la partie la plus intéressante (et la plus prise de tête) car il faut essayer de recréer le puzzle.
J'ai mis une grande partie en spoiler car cela livrerait des éléments, après, à chacun de choisir s'il souhaite lire ou non. Ces éléments donnent certaines informations de ce qui se passe, mais ce sont essentiellement des recoupements que j'ai pu faire car vraiment, l'œuvre est complexe.
Tout d’abord, voici la trame de fond :
L’histoire se situe dans le village natal d’Ella, un village dans lequel résident nombre d’écrivains, dont ceux de la société littéraire créée par Laura Lumikko. Ella Milana a 26 ans, des « lèvres bien dessinées et des ovaires déficients ». Drôle de présentation d’emblée que nous fait ici l’auteur. Ses fiançailles ont été rompues 3 mois après cette nouvelle. Elle est professeur remplaçant de finnois, et l’histoire commence quand elle découvre avec horreur que la fin de crime et châtiment a été changée, Sonia tuant Raskolnikov.
Cette modification dans l’œuvre de Dostoïevski est à l’origine de sa rencontre avec Ingrid Kissala et du fait qu’elle apprenne de sa bouche le fléau qui s’abat sur les livres, certains d’entre eux étant atteints d’une « peste » qui les rend instables.
Ella a fait son mémoire sur Laura Lumikko et notamment la dimension mythologique de ses œuvres, un ensemble de livres intitulés « Bourg-aux-monstres ». Avec la nouvelle qu’elle a écrite, « Le squelette était assis dans la grotte et fumait en silence », elle est repérée par Laura Lumikko et intègre à Société d’écrivains créée par celle-ci pour être le 10ème et dernier membre.
- Spoiler:
Or, elle ne rencontrera jamais Laura, celle-ci disparaissant dans une tempête de neige le jour même de la soirée dans laquelle elles auraient du être présentées.
Le corps de Laura n’est jamais retrouvé. Nous apprenons néanmoins à mieux la connaître au fil du roman : une personne qui avait connu une mort clinique enfant après être tombée dans un étang gelé, un accident dont les séquelles auraient du être irréversibles au niveau des handicaps. Or, revenant quelques années après, elle est bien rétablie, sauf des migraines et le fait qu’elle ne se souvient pas l’accident et a des hallucinations. C’est à ce moment qu’elle crée la Société avec des enfants de neuf ans, futures graines d’écrivains qu’elle envisage de former. Elle impose aux sociétaires un Jeu aux règles plus ou moins perverses, base du processus de connaissance de l’autre et de création, sorte de vampirisme des expériences et vécus des autres. Ce Jeu va éloigner tous les sociétaires l’un de l’autre car ils connaissent trop sur leurs compagnons et ont aussi beaucoup déversé d’eux à chacun. Dans les règles du jeu, le défi doit survenir après 22h heure et est souvent accompagné de « jaune », du penthotal (substance pour l’induction et l’entretien de l’anesthésie générale, aussi utiliser comme drogue dans les interrogatoires pour inhiber la résistance du sujet questionné), qui les met dans un état semble-t-il propice à déverser sur le mode de l’association libre psychanalytique.
Le Jeu va être pour Ella le moyen d’obtenir des informations sur Laura Lumikko et sa société littéraire. Elle en découvre aussi certains secrets, notamment l’existence d’un 10ème sociétaire, jalousé des autres pour son soi-disant « génie », dont personne n’a jamais parlé, et qui se révèle à la fin être un enfant autiste qui se contentait de réciter des textes entendus, et était illettré. Il serait mort dans un accident. Les autres enfants ont récupéré son carnet après sa mort en le volant, l’ont lu pour certains, et ensuite l’ont enterré. Seuls ceux qui ne l’ont pas lu ne redoutent pas qu’Ella expose que l’inspiration des sociétaires viendrait de ce cahier et non d’eux. Les autres se verraient brisés par cette révélation.
Ensuite, voilà les quelques éléments que j’ai recoupé ou qui sont récurrents :
- L’empereur-rat est un personnage des livres de Bourg-aux-monstres. Il fait peur, mais sur la couverture du dernier livre tout juste amorcé de Lumikko, « Le retour de l’empereur rat », il est présenté sur la couverture comme ami de la Blanche mère puisqu’elle part avec lui sous le regard terrorisé des monstres. L’empereur rat n’apparaît pas vraiment dans les livres parus de Bourg aux monstres, il est celui qui rôde la nuit et qui déverse de noirs secrets que personne ne peut entendre sans en être brisé. Les premiers mots du livre avorté sont « J’ai vu la fille venir sur la glace et son ombre est tombée sur moi ». Un rat est aussi présent dans le livre au moment où Ingrid pense que son père lui a fait cadeau d’un rat mort pour voir ce qu’elle allait faire.
- Le revenant, ou plutôt « l’ombre » de la fin, avec son toucher froid qui fait penser aux effets de l’approche de la mort, m’amène à penser que cette ombre est justement la mort. Par rapport à cela, l’ombre apparaît aussi dans la première phrase du « retour de l’empereur rat » : « J’ai vu la fille venir sur la glace et son ombre est tombée sur moi ». Notons aussi qu’Ella a toujours eu peur de s’approcher de la mare dans laquelle elle semblait distinguer quelque chose.
- On a aussi la scène, raconté de plusieurs bouches dans laquelle Ingrid, visitant la maison, se serait retrouvée dans une pièce remplie d’eau dans laquelle elle aurait pris deux livres très lourds : un qui appartient au rat-mort et l’autre qui est instable et donne mal à la tête. On peut supposer que le rat-mort est le 10ème sociétaire décédé car cet épisode survient peu après sa disparition. Ingrid s’enfuit avec les livres, poursuivie de Maarti, et va les poser à la bibliothèque. Elle est trempée, mais étonnament lui aussi, et quand il vole les livres dans la bibliothèque, Ingrid est décrite comme allongée par terre la tête dans une flaque. Ensuite, le cahier du mort est proposé à la lecture, une seule nuit, aux autres sociétaires avant d’être enterré. Ella fait aussi un rêve où elle est dans une bibliothèque, cherche des livres qu’elle aurait écrits, et ne trouve que des livres vierges d’écritures, lourds comme des pierres car faits de pierre. Dans ce rêve elle entend aussi une respiration dans son cou, quelque chose est derrière.
De plus, certains éléments récurrents sont présents dans le récit global :
- les chiens sont présents dès les débuts dans la bibliothèque avec la « littérature canine », mais aussi dans nombre de moments de l’histoire (par exemple à côté de la voiture retrouvée), puis de plus en plus, notamment en se regroupant autour de chez Talvimaa. Il en est de même des guêpes qui sont en nombre lors du déterrage du carnet, mais apparaissent à d’autres endroits, notamment une guêpe sort de la bouche de Lumikko quand Ingrid la regarde dormir et pique l’enfant
- La question de la mort est présente à différents endroits ; que ce soit la mort d’Oskar, mais aussi celle du père d’Ella. IL y a aussi la bibliothèque décrite et même nommée comme un mausolée, la proposition (étonnante) de la mère d’Ella de la mettre dans la tombe familiale, la mort des animaux (l’oiseau, le papillon notamment)
- Oskar, le 10ème membre, serait mort de noyade ou d’un accident de voiture Parmi les autres sociétaires, et notamment Silja, des rêves et lapsus tournent plutôt autour d’un assassinat. Silja est toujours prête à dire (comme un lapsus) que « Le garçon a été assassiné ». Maarti, quant à lui, a eu l’idée qu’il s’est noyé dans l’étang à côté de la maison de Lumikko. On peut ajouter que Maarti est pétri d’une culpabilité, et c’est aussi lui qui appelle Ingrid pour lui dire : « il est à nouveau là, debout dans le jardin, il regarde la maison sans bouger ». Un cartographe parle de culpabilité refoulée qui attire les revenants. Un livre de Maarti nommé « Monsieur Papillon », qui fait référence à la mise à mort d’un papillon pour servir son expérience littéraire
Autres éléments possiblement intéressants :
- La mère de Maarti morte d’avoir reçu une moto neige
- Les cauchemars des enfants du village qui voient Lumikko morte dans leurs rêves
- Les parents d’Oskar ont eu un accident avec lui qui lui a couté la vie, sa mère étant restée paralysée car a eu la colonne fracturée dans un accident de voiture. Le mari, quant à lui, est aveugle
- Concernant la « Mare aux nixes », l’histoire raconte que 5 enfants s’y seraient noyés, et qu’une silhouette étrange y aurait plongé sans jamais remonter. La mare aux nixes originelle est différente de celle creusée par le père de Lumikko. Tous les enfants fuyaient l’étang comme la peste
- Le rapport aux enfants : Ella a les ovaires déficients, Lumikko n’aime pas les enfants, Silja s’est faite avorter mais avant, regardait son corps changer dans le miroir. Sans compter que les enfants sont très souvent présentés comme quantité négligeable, les sociétaires qui en ont ne s’y intéressent pas vraiment.
- Une actrice devient folle en tentant de se mettre dans le personnage de Lumikko
- Les personnages de Bourg aux monstres : Bobo Rix Rax qui tue Humidon et s’en veut, Boule d’écorce, le personnage de Bourg aux monstres préféré d’Ella, transmet des images symboliques allant jusqu’à l’horreur aux arracheurs…
Il y a encore nombre de choses mais je ne peux pas toutes les citer ici.
Bon, pourquoi citer tout cela, pour tenter de faire des liens, et si certains parmi vous ont des idées, n’hésitez pas.
Maintenant, de là à savoir ce que l’auteur veut nous faire passer, il y a un grand pas … que j’ai du mal à franchir.
Personnellement, j’ai écarté l’étude de la possible dimension symbolique car elle risque d’être complexe à déterminer sans connaître la culture finnoise, ses mythes et son vocabulaire.
Après, plusieurs hypothèses me sont venues à l’esprit :
- Un roman qui est en fait un conte métaphorique qui vient, sous couvert de l’histoire des personnages de la société, parler de l’inspiration littéraire en en passant par la page blanche (manque d’inspiration) ; l’utilisation des autres comme vecteurs sans plus d’états d’âme, une sorte de viol de l’intime pour donner matière au livre (c’est la dimension que représente le Jeu qui, finalement, est un moyen d’absorber quelque chose de la vie de l’autre pour l’utiliser par la suite, sorte de vampirisme de tranches de vie). ; jusqu’où il est possible d’aller pour être inspiré et se faire reconnaître (mort du papillon mais peut-être aussi mort d’un enfant ; utilisation des autres comme des objets…). Je pense que cette dimension est la toile de fond n’est pas à exclure de l’analyse de ce roman, car l’œuvre est pour moi une forme de métaphore de la création littéraire et de ce qui l’accompagne.
- L’hypothèse d’une décompensation d’Ella n’est pas à exclure, car finalement dès le début du livre, ce qui est posé ce sont ses « ovaires déficients » et comment sa vie a été en peu de temp bouleversée, par cela, par sa séparation, et par la perte de son père. D’ailleurs, elle perd les pédales en classe en leur donnant un sujet pour le moins interrogeant et est arrêtée dans son travail pour cela, donc pour désordres psychologiques. Si on prend cette hypothèse, l’ensemble de l’histoire pourrait être entendue comme le déploiement du délire de Ella, délire dans lequel des éléments de la réalité sont utilisés mais distordus, et certainement aussi des éléments mythiques de la culture finnoise qui ont pu être une croyance intégrée aux éléments délirants. Cela serait aussi possible d’imaginer qu’Ella est Laura, celle-ci ayant été prise d’hallucinations après son accident et l’ayant oublié.
Je pense en fait que ce roman est construit sur les bases des principes du rêve (condensation : un élément en condense plusieurs ; déplacement : un élément, émotion, etc est déplacé sur un autre), ou encore des principes de la construction du délire. En gros, ce roman est à mon sens à penser avec la question de l’inconscient. Après, comment les choses s’organisent, là est toute la question.
Est-ce que c’est un pur délire d’Ella ? Est-ce qu’il y a aussi des pans de réminiscence de son passé ? Est-ce qu’on est à une seule époque ou est ce que les temps se mélangent ? Qui est mort et qui est en vie ? ….
Pour moi, cela part malgré tout d’un événement réel survenu dans la mare. D’ailleurs cette mare a la réputation d’avoir vu mourir nombre de personnes, dont au moins 5 enfants au 19ème. Y a-t-il mélange entre morts du passé et présent (un peu comme dans 6ème sens) ? Laura a-t-elle vraiment survécu ? Qui s’est noyé ? Qui l’a noyé ? Parfois j’ai supposé que deux des enfants pouvaient avoir été à l’origine du décès par noyade, surtout du fait des déversages où Ingrid est trempée, Maarti aussi, et où ce sont eux qui ont le cahier.
Je vais cesser de me prendre la tête … car où que je cherche, j’ai l’impression d’avoir encore plus de questions ….
mots-clés : #contemythe #fantastique #polar
- le Lun 25 Déc - 7:46
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- Sujet: Pasi Ilmari Jääskeläinen
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Coralie Bickford-Smith
Le renard et l'étoileJe cherchais un livre pour noel, pour un petit garçon de mon entourage qui a déjà vécu des épisodes grâves de la vie, qui en est resté un brin trop grâve lui aussi, un peu mélancolique et angoissé. J'ai cherché un livre pour lui en étant moi-même ce jour là un brin trop grâve et angoissée. Mon regard meurtri est tombé sur la flamboyance orangée de cette couverture. Ni une ni deux, , j'ai acheté ce bel album graphique. Mon libraire m'a dit qu'il était juste...parfait.
Et je l'ai lu une demi heure après, et en effet, il est juste parfait. J'ai eue l'impression de faire une séance d'EMDR (thérapie reposant globalement sur la mise en oeuvre de mouvements mécaniques occulaires, préconisée auprès d'un public traumatisé , je résume en gros).
Le graphisme hypnotique en est absolument sublime, et les trames de sens qui le traversent également.
mots-clés : #contemythe #jeunesse #solitude
- le Mar 7 Nov - 17:34
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- Sujet: Coralie Bickford-Smith
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Rubén Darío
Verónica et autres contes fantastiques
Rubén Darío est un écrivain enchanteur qui, dans ce recueil de nouvelles, marie avec raffinement la poésie, l’ésotérisme et bien sûr le fantastique puisqu'il est un grand amateur de littérature fantastique et voue une admiration certaine à Edgar Poe, le tout avec une belle touche d’humour.
Le recueil réunit dix nouvelles : la première, « Thanatothopie » fait référence à la littérature de Poe, un clin d’œil ou un hommage à l'Américain, avec, on s'en doute, la mort au programme ; les hallucinations dans « Le cauchemar d’Honoria », le savoir magique dans ce « Conte de la nuit de Noël » qui n’oublie pas non plus la mort avec la réincarnation ; le monde de son enfance et des fantômes est visité dans « Le spectre », il s'enrichit de ses voyages, avec humour, sur le destin déjà tracé, par exemple dans « Le ruban rouge ». Le temps qui fait son œuvre est ici suspendu dans « Le cas de mademoiselle Amelia ».
Ces courtes nouvelles, des récits quasi surnaturels, sont colorées d’étrangeté, de mystère, et de charme, aujourd’hui je dirais de charme un peu désuet, ce qui ajoute à la poésie de ce cher Rubén Darío.
Mots-clés : #contemythe #fantastique #nouvelle
- le Dim 15 Oct - 10:42
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Daniel Mendelsohn
L’étreinte fugitiveDaniel Mendelsohn , pour moi comme pour beaucoup, ça a d'abord été le choc de Les disparus. Le succès aidant, est parue en français l'étreinte fugitive, premier volet de sa trilogie. La parution récente du troisième opus, Une odyssée : un père, un fils, une épopée, est l'occasion pour moi de m'y replonger. Moins abouti sans doute, plus confus, moins centré, l'étreinte fugitive reste une lecture riche et pleine d'ouvertures.
Si la tragédie était, comme nous nous plaisions à le croire parfois, le théâtre de l'affrontement du Bien et du Mal, elle ne serait pas aussi captivante : la tension qu'elle suscite vient de quelque chose de beaucoup plus complexe et intéressant, qui est le conflit entre deux idées du Bien.
Daniel Menselsohn aime les "garçons", il vit à Chelsea, quartier gay de New-York et fréquente les lieux de drague, les sites de rencontres, cumule les rencontres d'une nuit ou d'un instant, sans lendemain et sans intimité, pour le plaisir du jeu et de la multiplicité.
Daniel Mendelsohn habite aussi dans le New Jersey, un quartier à la bourgeoisie conformiste, auprès d'une femme célibataire, Rose, qui, une fois enceinte, lui a demandé d'être l'élément masculin auprès de cet enfant, Nicholas. Auprès de lui il apprend l’importance de la permanence, de la sagesse, l'intensité de la filiation.
Daniel Mendelsohn est le descendant de Juifs polonais émigrés aux Etats-Unis entre deux guerres, et dont l'histoire familiale est aussi complexe et pleine de sens que celles de la tragédie grecque.
Daniel Mendelsohn ne renonce à aucune de ces trois images de lui, qui se reflètent et se répondent à l'infini dans un miroir qu'il se tend à lui-même.
Ce qui donne un sens à cet amalgame parfois confus, est une expression du grec ancien, dont Mendelsohn est un érudit passionné : deux particules, men ... et de... qui n'ont de sens l'une sans l'autre, et qu'on pourrait traduire par d'un côté... et de l'autre côté , et qui, nous dit-il, sous-tendent la pensée grecque. Quelque chose qui a à voir avec la dualité, le paradoxe, l’ambiguïté, le compromis. Quelque chose qui apprivoise la complexité : gay et père, sujet et objet, volage et fidèle, Américain et juif, fils et père, confronté à la beauté comme à la perte.
Dans la famille de cet homme, les photos avaient une importance suprême parce que c'était la preuve de la beauté et qu'après avoir tout perdu, leur maison, leur terre, leur brasserie, leur boucherie en gros, leurs camions, leurs domestiques, leurs filles et leur dignité, il ne leur restait que la beauté.
C'est livré dans un livre exigent, sans concession, qui ne s'offre pas le luxe de la simplicité, de la chronologie, parce que ce ne serait pas le reflet de la vie, de ses surprises, de ses traquenards. Mendelsohn suit ses pensées, saute d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre pour tracer un trajet plein de contre-temps, de digressions et de détours. L'ensemble est disparate, parfois sans queue ni tête, et l'unité lui vient par une réflexion implicite sur les liens entre vie vécue, littérature, mythes, histoires, mensonges qui sont la source de son identité.
Nous allons voir des tragédies parce que nous avons honte de tout compromis, parce que nous trouvons dans la tragédie la beauté pure de l'absolu, une beauté qu'on ne peut avoir si on choisit de vivre.
mots-clés : #autobiographie #communautejuive #contemythe #famille #identitesexuelle #immigration
- le Mer 11 Oct - 21:39
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- Sujet: Daniel Mendelsohn
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José Saramago
Mon préféré, c'est le premier que j'ai lu: Tous les noms.Mais j'avais bien aimé L'aveuglement, moi..
Notes récupérées:
L'aveuglement
Je crois que j'ai trouvé ce qu'il manquait au film Blindness adapté de L'aveuglement magnifiquement traduit du portugais par Geneviève Leibrich.
L'écriture..
Et ses descriptions du chaos après que les habitants d'un pays ( sauf une, allez savoir pourquoi..) aient été frappés par une épidémie qui les prive simplement d'un de leurs sens. Oui, mais lequel, la vue.
Et les petites reflexions philosophico-ironiques, qui ponctuent ce récit touffu, sans presque aucune respiration, des conséquences de cette épidémie. Conséquences bien réalistes , on dérape et on baigne du début à la fin dans les immondices . Privé de vue, l'homme redevient très vite un animal. Avec ses besoins élémentaires. Et la société se réorganise autour de ces besoins.
Quand les besoins naturels pressent cruellement, quand le corps ne peut plus se retenir tant la douleur et l'angoisse sont grandes, alors l'animal que nous sommes se manifeste dans toute sa présence.
Jusqu'à ce que... survienne un très beau "personnage", le chien buveur de larmes.
"Le chien des larmes s'approcha d'elle, il sait toujours quand on a besoin de lui, la femme du médecin se cramponna à lui, non pas qu'elle ne continuât pas à aimer son mari, non pas qu'elle n'aimât pas tous ceux qui étaient là, mais son impression de solitude fut si forte en cet instant, si intolérable, qu'il lui sembla qu'elle ne pourrait être adoucie que par l'étrange soif avec laquelle le chien buvait ses larmes."
Parabole, petit conte philosophique, en tout un roman troublant que l'on ne peut pas abandonner facilement.
Lu également:
Les intermittences de la mort
traduit du portugais par Geneviève Leibrich
La mort, cependant, qui, à cause des devoirs de sa charge,avait entendu tant d'autres musiques, notamment la marche funèbre de ce même chopin ou l'adagio assai de la troisième symphonie de beethoven, eut pour la première fois de sa très longue vie la perception de ce qui pourrait devenir une parfaite concordance entre ce qui est dit et la façon dont c'est dit. Peu lui importait que ce fût le portrait musical du violoncelliste, probablement avait-il fabriqué dans sa tête les ressemblances alléguées , réelles et imaginaires, ce qui impressionnait la mort c'était le sentiment d'avoir entendu dans ces cinquante-huit secondes de musique une transposition rythmique et mélodique de toute vie humaine, ordinaire ou extraordinaire, à cause de sa tragique brièveté, de son intensité désespérée, et aussi à cause de cet accord final qui était comme un point de suspension laissé dans l'air, dans le vague, quelque part, comme si, irrémédiablement, quelque chose restait encore à dire.
Et voici donc l'histoire de la mort ,dans ce conte fantastique ,qui , dans un premier temps, décide de faire grève! Et ce qui s'en suit, et on peut faire confiance à Saramago pour explorer dans le détail les inconvénients de cet évènement. Et les moyens employés pour contrer ces inconvénients. Et les propres inconvénients liés à ces moyens employés...Mais..je ne vais pas vous raconter l'histoire, effectivement, on a toujours l'impression d'entendre quelqu'un vous raconter une histoire à voix haute, et on attend la suite!
Sachez toutefois que la mort va tomber amoureuse d'un violoncelliste. Et de son chien. Et qu'on ne sait pas si la faux, à qui elle a confié la tâche d'envoyer les enveloppes violettes pendant son absence , va vraiment s'en charger. Ca reste un mystère , car, quand même, le lendemain ,personne ne mourut.
Roman paru en 2005, Saramago avait 83 ans.
En exergue:
Pense,par exemple, davantage à la mort- et il serait étrange en vérité que tu n'aies pas accès ce faisant à de nouvelles représentations, à de nouveaux domaines du langage. Wittgenstein
mots-clés : #contemythe #sciencefiction
- le Jeu 14 Sep - 18:19
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- Sujet: José Saramago
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Marguerite Yourcenar
Le denier du rêveJ’ai lu le texte de 1959, version profondément remaniée de celle de 1934. La préface de l’auteur est intéressante, peut-être à lire en post-scriptum. On y lit notamment que cette œuvre « fut en son temps d’un des premiers romans français (le premier peut-être) à regarder en face la creuse réalité cachée derrière la façade boursouflée du fascisme »
C’est la Rome de l'an XI de la dictature, hantée de figures mythologiques, de destins sans notoriété, de révoltés clandestins qui échouent à renverser le régime fasciste.
Basé sur l’histoire contemporaine de l’époque, la cohérence de ce roman est due au cheminement de main en main d’une pièce de dix lires, qui permet de rencontrer plusieurs personnages (dont quelques étrangers) au portrait peu ou prou approfondi, diverses existences plus ou moins livrées à l’illusion et à l’espoir. L’ouvrage est aussi rassemblé dans la journée d’un attentat manqué contre « César ».
« Et comme toutes les femmes ont à peu près le même corps, et sans doute la même âme, lorsque Lina parlait et que la lampe était éteinte, il oubliait que Lina n’était pas Angiola, et que son Angiola ne l’avait pas aimé.
On n'achète pas l'amour : les femmes qui se vendent ne font après tout que se louer aux hommes ; mais on achète du rêve ; cette denrée impalpable se débite sous bien des formes. Le peu d'argent que Paolo Farina donnait à Lina chaque semaine lui servait à payer une illusion volontaire, c'est-à-dire, peut-être, la seule chose au monde qui ne trompe pas. »
Destinées qui se croisent, ici réunies le temps d’une messe (la religion‒croyance-autorité tient une grande place) :
« Ces flammèches [de cierges] s’étaient consumées infiniment plus vite que les brèves vies humaines : certains vœux avaient été repoussés, d'autres exaucés au contraire, car le malheur est que, parfois, des souhaits s'accomplissent, afin que se perpétue le supplice de l'espérance. »
L’écriture de Yourcenar est toujours aussi belle, mais je n’ai pas retrouvé dans cette lecture tout ce qui m’avait transporté dans ses autres ouvrages, plus intimistes.
Nota bene : Jack-Hubert, je ne vois pas de populisme conservateur ni beaucoup de simplisme dans cette oeuvre !
mots-clés : #contemythe #politique #religion
- le Sam 26 Aoû - 17:43
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- Sujet: Marguerite Yourcenar
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GAO Xingjian
La montagne de l'âme :
Le regard (l'auteur est aussi peintre)
(lu après un retour du Sichuan ... )
Je n'ai pas été perturbé par la narration particulière. Au contraire j'ai trouvé le style très plaisant. Je me suis laissé porté au gré de ces histoires, sans chercher à tisser un lien entre elles.
J'ai eu l'impression que l'auteur était constamment dans la métaphore, dans l'introspection. Cette quête de la montagne est surtout une quête personnelle, un chemin invisible, un appel dans la nuit.
Ce livre m'a particulièrement parlé, peut-être car les lieux me sont souvent familiers, et me ramènent à certaines émotions, et que les questionnements rejoignent les miens.
C'était le bon moment pour lire ce livre, qui traînait depuis fort longtemps sur mes étagères. Je continuerai avec Le livre d'un homme seul.
Tu marches droit devant toi sur le sentier sinueux. Dans ta vie, tu n'as jamais eu de but précis, les objectifs que tu t'étais fixés se sont modifiés avec le temps, ils n'ont cessé de changer et finalement tu n'en a jamais eu. Si l'on y réfléchit, le but ultime de la vie humaine est sans importance, il est comme un essaim d'abeilles. Le laisser provoque des regrets, mais le prendre entraîne le plus grand désordre chez les insectes, mieux vaut l'abandonner là où il est et l'observer sans y toucher. A cette pensée, tu te sens plus léger, peu importe où tu vas, à la seule condition que le paysage soit beau.
Je suis incapable de faire la cour à une jeune fille aussi candide, en fait je suis sans doute incapable d'aimer vraiment une femme. L'amour, c'est trop lourd, je veux vivre avec légèreté et gaieté, sans avoir à assumer des responsabilités. Le mariage et toutes les tracasseries et rancœurs qui s'ensuivent sont trop épuisants. Je deviens de plus en plus distant, personne ne pourra plus provoquer mon enthousiasme. Je suis déjà vieux, et il ne me reste de goût que pour quelque chose qui ressemble à de la curiosité, sans toutefois chercher à obtenir un résultat qui est parfaitement prévisible et, de toute façon, trop pesant. Je préfère errer de-ci de-là, sans laisser de trace. Dans ce monde immense, il y a tellement de gens, tellement de destinations, je n'ai aucun lieu où m'enraciner, installer un petit nid pour vivre tranquillement, rencontrer toujours les mêmes voisins, leur dire les mêmes choses, bonjour, bonsoir, et replonger dans les minuscules imbroglios de la vie quotidienne. Avant même de commencer, je suis déjà dégoûté. Je le sais, je ne peux plus donner le bonheur.
Toi, tu continues à gravir les montagnes. Et chaque fois que tu t'approches du sommet, exténué, tu penses que c'est la dernière fois. Arrivée au but, quand ton excitation s'est un peu calmée, tu restes insatisfait. Plus ta fatigue s'efface, plus ton insatisfaction grandit, tu contemples la chaîne de montagnes qui ondule à perte de vue et le désir d'escalader te reprend. Celles que tu as déjà gravies ne présentent plus aucun intérêt, mais tu restes persuadé que derrière elles se cachent d'autres curiosités dont tu ignores encore l'existence. Mais quand tu parviens au sommet, tu ne découvres aucune de ces merveilles, tu ne rencontres que le vent solitaire.
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Commentaire rapatrié
- le Dim 20 Aoû - 10:29
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- Sujet: GAO Xingjian
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André Gide
Gide a aussi écrit son Œdipe :Œdipe s'exilant à Thèbes / Œdipe et Antigone
Peinture d'Henri Lévy - avant 1898
Musée des Beaux-Arts de Reims
Gide reprend le mythe à sa sauce. Il n'est plus tellement question de tragédie antique, mais de faire passer ses messages subliminaux.
Une lutte contre le christianisme ?
Ainsi, les personnages ne s'adressent plus à des dieux, mais à Dieu.
Il se fait plaisir avec son ironie et ses facéties : Polynice et Etéocle qui rêvent d'inceste avec leurs soeurs ...
Peut-on échapper à son destin ?
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- le Sam 19 Aoû - 16:03
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- Sujet: André Gide
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André Gide
Je n'avais pas fait de commentaires des Faux-monnayeurs, un peu déçu, comme avec Isabelle.Isabelle:
Peut-être le premier Gide qui ne m'a pas tellement emballé. Ca reste très bien écrit, agréable à lire, mais je n'ai pas trop adhéré à cette histoire, ne la trouvant pas très intéressante. Le fantasme sur la peinture d'Isabelle, j'ai trouvé ça peu crédible. Je lis que c'est un récit qui se veut critique du courant romantique, je veux bien... Mais, ce n'est pas une franche réussite à mon avis.
Thésée :
Un récit à la première personne, retraçant la vie du mythique fondateur d'Athènes, Thésée. Connu aussi pour avoir tué le Minotaure, être ressorti du labyrinthe de Dédale grâce au fil d'Ariane, et il a aussi à son actif pléthore de conquêtes féminines (Hélène, Ariane, Phèdre ...).
Ce qui est intéressant, c'est que Gide raconte avant tout sa propre histoire au travers du récit. Il prend des libertés, et utilise les personnages antiques pour étayer les grands thèmes qui ont jalonné sa vie : le désir, la transgression, l'humanité.
Phèdre et Pasiphaé apparaissent principalement comme voluptueuses, il profite des penchants grecs pour les jeunes éphèbes pour révéler ses propres désirs.
Le récit se fait à la fin de la vie de Thésée, comme un bilan. Le bilan de la vie de Gide ? Il lui a fallu 20 ans pour écrire ce récit d'une centaine de pages.
Comme toujours avec Gide, la plume est merveilleusement ciselée. Une qualité rare d'écriture. La pureté au travers d'un style léché. C'est vers la fin du livre, que je l'ai trouvé le plus touchant.
[mention]Gide, Œdipe qui parle[/mention] a écrit:Et d'ailleurs, ce que je voulais crever, ce n'était point tant mes yeux que la toile ; que ce décor où je me démenais, ce mensonge à quoi j'avais cessé de croire ; pour atteindre la réalité
mots-clés : {#}autobiographie{/#} {#}contemythe{/#}
- le Sam 19 Aoû - 16:01
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- Sujet: André Gide
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Nikos Athanassiadis
En parlant de Kazantzakis, et en lisant un passage de Malicroix, de Bosco, j'ai songé à cette lecture envoûtante que fût Une jeune fille nue. J'en ai le souvenir d'un rêve d'été, tout empli de sel, et de brise méditerranéenne.Une jeune fille nue
Quelques mots exhumés :
J'ai pris beaucoup de plaisir avec cette lecture. Ce n'est pas évident de commenter un tel roman. L'auteur est très fort pour nous plonger dans une atmosphère onirique, sans temps morts. La mer méditerranée est omniprésente, avec ses merveilles et ses exigences. Etre sensible à cet univers m'a permis d'adhérer complètement au récit, toutefois je suis certain que les "terriens" seront aussi happés par cette histoire où se mêle réalité, contes et légendes.
(pas facile de tomber amoureux d'une Sirène... )
mots-clés : {#}contemythe{/#}
- le Mar 15 Aoû - 19:50
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- Sujet: Nikos Athanassiadis
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Oscar Wilde
Le prince heureux et autres contes
Originale : The Happy Prince and other tales
Une statue dorée qui pleure à chaudes larmes, un jeune homme à la recherche D'une rose rouge pour séduire celle qu'il aime, un géant qui ne veut pas que les enfants jouent dans son jardin.
Sous ce titre se dévoile un recueil de cinq contes dans les Oeuvres complètes d'Oscar Wilde et dans la première édition en anglais (mais pour sûr : i y a des nombreuses éditions!) :
Le prince heureux
Le géant égoïste
Le rossignol et la rose
L'ami dévoué
La Fusée remarquable
Pour moi une vraie découverte ! Peut-être on garde quelque part dans la tête l'image d'un auteur un peu « sulfureux », mais qu'est-ce qu'on sait ? Apprenant un peu plus de sa vie, et surtout lisant ces contes pour jeunes et ...vieux, on pressent derrière les façades d'un Dandy un homme en recherche, profond et aimant.
Je ne vais pas résumer encore plus le contenu de chaque histoire, mais mentionner ce qui m'a frappé. Ces petites pièces ont certes un caractère de « conte », avec des répétitions, des motifs-clé etc. Mais pourtant ils me semblaient aussi particuliers :
- la « méchanceté » des mauvais n'est pas facile à cerner par des critères de l'agir. Mais tous se démarquent par leur snobisme, leur sentiment absolu de supériorité et d'immense sagesse. Ils manquent toute forme de modestie, voir d'humilité. Et ainsi ils font fausse route et ratent la vérité, et leur propre vérité.
- les caractères « bons » sont marqués pas juste par un désir de bonheur personnel ou la recherche de fortune, mais marqués par le don de soi. Celui-ci peut aller jusqu'à donner sa vie, et de consentir de souffrir pour un autre. Pour moi ceci n'est pas juste un vœux pieux, mais reconnaît la souffrance comme réalité. Vue réaliste qui ne tait pas qu'il n'y a pas toujours un happy-end rose.
- ces actions ont un caractère de don et d'une certaine invisibilité, d'inutilité. Parfois elles sont mêmes pas reconnues, acceptées.
- mais reste à dire que dans tout cela Wilde est un narrateur extraordinaire et drôle qui sait attirer la sympathie du lecteur.
Splendide !
mots-clés : #contemythe
- le Jeu 29 Juin - 22:32
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- Sujet: Oscar Wilde
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José Marti
La Edad de Orocouverture de Armando Quintana Gutierrez
L'âge d'or est recueil de volumes contenant des poèmes, des essais et des contes pour enfants de José Marti, je n'en possède qu'une partie celle des contes pour enfants. Ce sont de fait six contes :
-Menique
-Bébé y el senor Don Pomposo
-Nené traviesa
-El camaron encantado
La muneca negra
- Los dos ruisenores
--Le livre que je possede est écrit en espagnol, en me le donnant mon ami cubain m'a précisé aimer tout particulierement Menique et El camaron encantado.
Il est bon de savoir que l'éducation des enfants était un des sujets de prédilection de José Marti
"Le maître qui va enseigner à la campagne doit, pour pouvoir faire oeuvre véritablement fructueuse, bénéficier d'une préparation adaptée aux besoins du paysan, riche d'une connaissance intuitive et empirique, différent de l'homme de la ville".
Il voulait inculquer les principes moraux, les techniques d'acquisition du savoir et le civisme, les connaissances pratiques.
"L'éducation commence avec la vie et ne prend fin qu'avec la mort ... l'esprit ne cesse d'évoluer et va s'enrichissant et se perfectionnant au fil des ans".
Je n'ai lu pour l'instant que le premier conte, on y decouvre des mots peu ou pas du tout usités tel "hominicaco" pour petit homme, "macacuelo" diminutif de macaque etc..etc.. ces adjonctions induisent la richesse de la langue utilisée et la volonté d'utiliser un langage parlant pour toucher les enfants sensibles aux intonations de la langue...
Menique relate les aventures de trois frères dont le père paysan pauvre ne pouvait plus assurer la survie, Comme chez nous dans l'histoire du petit poucet c'est le plus jeune qui va résoudre les problèmes et sortir la famille de la misère...
mots-clés : #contemythe
- le Dim 25 Juin - 16:55
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- Sujet: José Marti
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Marion Zimmer Bradley
Résumé:
La légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde n'avait, depuis longtemps, inspiré un roman d'une telle envergure, d'un pareil souffle. Merlin l'Enchanteur, Arthur et son invincible épée, Lancelot du Lac et ses vaillants compagnons, tous sont présents mais ce sont ici les femmes qui tiennent les premiers rôles: Viviane, la Dame du Lac, Ygerne, duchesse de Cornouailles et mère d'Arthur, son épouse Guenièvre, Morgane la fée, sur et amante du grand roi...
Cette épopée envoûtante relate la lutte sans merci de deux mondes inconciliables, celui des druides et des anciennes croyances défendant désespérément un paradis perdu et celui de la nouvelle religion chrétienne supplantant peu à peu rites et mystères enracinés au cur de la Grande-Bretagne avant qu'elle ne devienne l'Angleterre.
Commentaire :
Après ma récente aventure entre les lignes de « L’enchanteur » de Barjavel, je repars dans la découverte et redécouverte de la légende arthurienne, ou plutôt d’une de ses réécritures. Mythe intemporel basé sur des écrits moyenâgeux, d’abord sous la plume de moines puis d’écrivains qui l’ont enrichi, il avive mon intérêt tant personnel sur les peuples celtes, leurs croyances et le basculement entre celles-ci et leur écrasement par la chrétienté, que professionnels sur la fonction du mythe et ce qu’il véhicule.
Dans ce premier tome, introduit par une fée Morgane à un âge avancé de la vie et porté tout du long par des voix de femmes (Ygerne, Viviane, Morgane, Guenièvre), nous entrons pas à pas dans les méandres de la légende arthurienne. Appuyé sur une vision féminine, ce récit semble par là même restituer une place aux femmes à une période où la vénération de la Déesse, et par elle-même du féminin, appartenant aux rites ancestraux celtiques vient peu à peut-être attaqué par la chrétienté et son idéologie. Celle-ci en effet prône l’adoration d’un Dieu unique plutôt que de multiples, et transforme la place et la vision de la femme dans la société qui devient porteuse de la responsabilité de l’infamie du péché. Au travers des pages, nous assistons en effet à la confrontation des rites ancestraux celtes et des valeurs religieuses chrétiennes, avec l’émergence de la prépondérance de cette dernière et la tentative d’éradication des anciennes croyances relayées à la place de rites païens et du démon. Dans cet affrontement, Arthur se situe un temps dans la délicate place de maintenir les deux croyances vivantes avant de se laisser convaincre par les arguments de Guenièvre et d’abandonner la bannière du dragon, symbole des anciennes croyances. On retrouve là une sorte de mythe d’Adam et Eve et du serpent, et une femme encore rendue à l’origine d’un choix capital non sans conséquences sur l’avenir. Nous assistons à l’émergence d’une religion et de son intolérance, et au déclin d’autres croyances.
D’une harmonie avec la nature, et d’une perception de la sexualité peu entravée telle que vécue sur Avalon et par les peuples anciens, nous assistons à l’émergence de la notion de péché qui apparaît clairement dans le déploiement du triangle amoureux constitué de Arthur, Guenièvre et Lancelot, source du sentiment par celle-ci d’être maudite et de ne pouvoir enfanter qui l’amène à solliciter d’Arthur le reniement des anciennes croyances, et lui à y accéder.
Mais cette sensée « malédiction » ne commence-t-elle pas bien avant ? Arthur et Morgane, demi frères et sœurs, sont en effet objets de manipulations sous couvert de rites ancestraux et de tentative de pérenniser les croyances ancestrales de manière « politique » ; on leur fait en effet sciemment commettre l’inceste, les utilisant comme de simples pions.
Et la place des femmes, si importante à Avalon, n’est-elle pas elle-même un ersatz de ce qu’elle pourra être par la suite, sous la chrétienté : adulées certes, mais empêchées de vivre vraiment, tenue à une vie de sacrifice dévouée corps et âmes à la Déesse
Je passe ici les aspects de malversations, jalousies et rivalités frères / sœurs , guerres, etc… Même si, un autre point d’interrogation et d’intérêt me semble historique : à quelle période réellement et sur quel terrain apparaît ce mythe, et q’esu ce qu’il vient tenter de mettre en élaboration ainsi.
Mais ceci reste un autre épisode, et il me reste avant d’avancer sur les idées que cela m’inspire à lire le second tome pour avoir une vision globale de ce mythe, si approchant en certains points de celui d’Oedipe.
mots-clés : #moyenage #conditionfeminine #contemythe
- le Ven 16 Juin - 15:22
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Stanislas Lem
Des souvenirs de lecture pour ouvrir ce fil :Contes inoxydables
quatrième de couverture a écrit:Écoute, petit robot : il était une fois une noble princesse dont la beauté éclipsait tous les joyaux de la Couronne. Mais la démence s'était infiltrée dans ses électro-circuits et, aux purs chevaliers de titanium et d'airain qu'on lui proposait en mariage, elle préférait ces êtres flasques, vaseux et vénéneux de l'espèce marmaloïde, ces ratages de la création qu'on nomme les blêmards et qui vont, ballant et clapotant, sur une planète appelée Terre. De ce qu'il en advint et de bien d'autres merveilles, tu sauras tout en lisant les Contes inoxydables de l'inénarrable Stanislas Lem.
Présentation un peu surprenante qui laisse présager d'une lecture assez festive non ?
C'est bien de contes qu'il s'agit. De petites histoires pleines de malice dans lesquels l'imaginaire et d'éventuelles leçons tiennent le haut du pavé. La plupart des histoires de rois qui règnent sur des mondes que nous peinons à concevoir mais qui offrent assez de ressemblances pour qu'on s'y sente comme chez nous.
Des contes donc, très attachés à leurs formes de contes avec de belles entrées en matière, ce qu'il faut de répétition, il y a souvent plusieurs protagonistes qui y passent avant que l'un triomphe des épreuves. Par exemple les conseillers d'un souverain "exigeant". Et des conclusions à l'avenant assez belles et surprenantes avec toute l'élégance de ne pas donner dans le twist improbable.
Et tout ça dans un monde ou l'humain, pardon le blêmard, est le plus souvent absent ou relégué en arrière plan. Ce n'est pas même du steam punk malgré tout l'amour de la machinerie fantastique qui est déployé dans ces histoires. Non, ce sont des contes, avec la volonté du conte dans une espèce de moyen-âge sans âge passé à l'échelle d'un univers et avec des limites physiques abolies par le même coup et avec des possibilités de représentations très "sciences physiques" qui échappent à l'entendement. Lumières, planètes, matière, anti-matière, avec quelques beaux assemblages de mots qui colorent les pages d'un baroque sympathique.
Avec l'étiquette SF je ne m'attendais pas à lire à ce point des contes dans tout ce que le conte a de traditionnel, et ils sont bien écrits. Et cette science-fiction différente très futuriste par un pouvoir et une immédiateté de la science (avec ses limites qui ne sont pas du côté du progrès) ça me rend très curieux de lire autre chose.
Étonnant.
(Souvenir téléporté d'une dimension parallèle).
mots-clés : #contemythe
- le Mar 13 Juin - 22:27
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- Sujet: Stanislas Lem
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Pascal Hachet
Les mythes, mensonges peut-être, mais mensonges indispensables ! Cette étude est destinée à montrer que si le mythe comporte un contenu qui peut faire l'objet d'interprétations, d'une part ce contenu n'est pas toujours sexuel, d'autre part le mythe est avant tout porteur d'une fonction pour une communauté humaine : une fonction de symbolisation. Avec des succès divers, le mythe aide les individus à assimiler les expériences difficiles et participe à la genèse et à l'équilibre des liens sociaux.
Selon l’auteur, à partir de Périclès, les mythes ne furent plus pris de manière littérale et on a tenté d’en trouver des significations, les réduisant à des énigmes à résoudre. La psychanalyse n’a, pour la plupart des auteurs, pas dérogé à cette investigation. Or, ne concevoir le mythe que de cette manière, et le penser comme issu uniquement de logiques désirantes organisées par le complexe d’Œdipe et ses vicissitudes revient à occulter la part d’expérience sociales dont il relève. L’auteur va reprendre et critiquer le positionnement de Freud à ce propos, dont il relève comment celui-ci a eu à faire avec sa propre histoire et ses propres dénis pour ne penser le mythe que dans un sens. Il évoque aussi la perception de quelques autres analystes ayant traité des mythes.
Pour Hachet, il y a 4 temps de l’investigation psychanalytique du mythe
- Premier temps : le mythe figure le complexe d’Œdipe et ses aléas.
- Second temps : il figure d’autres formes de vie psychique, dont le principe de plaisir et
de réalité et le réel traumatique
- Troisième temps : il sert à élaborer les conflits endopsychiques, notamment liés au
aléas du complexe oedipien
- Quatrième temps : il aide à élaborer les expériences vécues
L’étude ne se limite plus à la « symbolique » des contenus, mais prend en compte leur « ossature opératoire ». Outre la dimension figurative, qu’il ne s’agit pas d’abolir mais dont il est nécessaire de minimiser l’importance, les recherches intègrent désormais la fonction symbolisante du mythe.
Pour Hachet, certes le mythes est un mensonge, mais il est nécessaire, il ment par nécessité. Il est un « mensonge indispensable grâce auquel les membres d’une communauté font de façon progressive face aux expériences éprouvantes qu’ils ont partagées. » En effet, les expériences que nous vivons (individuellement, familialement et collectivement) ne sont pas assimilables immédiatement, il faut un temps variable pour se les approprier. Lorsqu’une expérience vécue difficilement survient, un mythe va apparaître dans le temps entre la non acceptation de ce qui s’est passé et son introjection. Il disparaît lorsque la réalité de l’expérience est admise. Pendant ce temps il se crée un clivage du Moi plus ou moins durable, donc une part du Moi conserve l’expérience qui va être méconnue de l’autre partie et déniée. Si, même avec du temps, l’acceptation ne peut se faire, le mythe se fige dans le récit qui en est fait et les rites associés. Cela peut aller jusqu’à l’obscurantisme.
Hachet va distinguer au fil de soin livre une évolution des mythes : naissants, à maturité, sur le déclin.
Il va aussi présenter différents types de mythes : cosmogoniques, eschatologiques, de l’au-delà, mythes liés à des expériences extraordinaires (catastrophes naturelles, acculturations et colonisations, massacres, guerres, mutations sociales, système d’éducation pathogène, événements anciens)
Il va décliner les facteurs favorisants ou inhibants et évoquer l’articulation entre mythes familiaux, collectifs et individuels.
Il évoquera vers la fin plusieurs mythes, certains anciens, d’autre modernes.
A différents lieux de cet écrit il va s’appuyer sur la Shoah, la déportation, la collaboration, les profanations de tombe, … pour exemplifier son récit et son analyse. Ce ne sont pas les seuls types d’exemples cités mais je dirai qu’ils ont la part belle dans ce livre.
Pour moi, cet ouvrage a été riche par son ouverture de la pensée du mythe d’une manière un peu différente. Cela a permis de percevoir de nouvelles manières de le penser.
Je reprocherai parfois à l’auteur de rester trop succinct, de ne pas suffisamment développer ses exemples (sauf certains qui ont été bien fouillés). Un livre court avec beaucoup d’informations mais parfois trop exhaustif.
En tous les cas il est une base à la réflexion supplémentaire, notamment sur l’utilisation thérapeutique possible des mythes, mais aussi sur les mythes qui peuplent le quotidien de tout un chacun (notamment mythes familiaux et individuels)
mots-clés : #contemythe
- le Mer 17 Mai - 17:49
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- Sujet: Pascal Hachet
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