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150 résultats trouvés pour deuxiemeguerre

Pascal Rabaté

La déconfiture (tome 1)

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 97827510

L'exode, grandeur et décadence (surtout décadence d'une bataille ridicule et mortifère, avec des dessins qui ne séduisent pas au premier coup d'oeil, mais creusent un chemin de drôlerie tendre face à l'horreur. Pascal Rabaté offre un œil tout à fait compagnon à ces soldats menés par la fatalité et la camaraderie, la nausées au bord des lèvres, et qui, s'ils gardent leur jugeotte face à tant d'ignominie vaine, ne savent pas trop quoi en faire, sinon espérer s'en tirer.

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 312


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Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 110


mots-clés : #bd #deuxiemeguerre
par topocl
le Dim 5 Fév - 13:36
 
Rechercher dans: Bande dessinée et littérature illustrée
Sujet: Pascal Rabaté
Réponses: 1
Vues: 797

Edgar Hilsenrath

Le nazi et le barbier

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Tylych21

Max Schultz a les cheveux noirs, des yeux de grenouille, le nez crochu, les lèvres épaisses et les dents gâtées. Tout le monde le prend pour un Juif. Enfant bâtard, mais « aryen pur souche », battu, violé et humilié durant son enfance, il grandit avec Itzig Finkelstein, le fils du coiffeur juif Chaim Finkelstein ; ils sont les meilleurs amis du monde.
En 1932, max assiste à un discours de Hitler, en compagnie de tous ceux qui, un jour ou l’autre, ont pris un coup sur la tête, « que ce soit de Dieu ou des hommes ». Il s’enrôle alors dans les SA, puis dans les SS, où il connaît une promotion foudroyante. Durant la guerre, il est responsable d’un camp de concentration en Pologne... où disparaissent son ami et toute la famille Finkelstein.
Recherché, après la guerre, comme criminel de guerre, il tente de se faire passer pour juif... et y parvient. Endossant l’identité de son ami Itzig, il devient un sioniste prosélyte, traversant l’Europe à pied pour rejoindre la Palestine, où il commence à enseigner les textes sacrés.
Max Schulz n’est pas un cliché, ni un archétype du nazi : il s’inscrit chez les nazis par mimétisme et opportunisme ; c’est un homme qui devient à un moment de l’Histoire « un monstre ordinaire » et qui, après la guerre, est capable de reprendre une vie en apparence normale et « honorable »…


Lu et relu il y a maintenant quelques temps , mais impossible de passer à côté quand on évoque Edgar Hilsenrath.
Oeuvre culte à mon sens , Le nazi et le barbier fait partie des lectures inoubliables en vue d'une telle audace.
On vacille ligne après ligne en lisant toute la monstruosité d'un personnage d'un formidable charisme , d'une telle plume qui se veut parfois choquante , acerbe et humoristique.
Après "les bienveillantes" l'auteur a pris le parti de traiter la Shoah version allemande d'une manière des plus insolites , des plus singulières.
Hilsenrath est un maître , un  chef d'orchestre alliant émotions et rhétorique avec brio , donnant au lecteur les sensations multiples sur un sujet pourtant difficile et tellement évoqué.
Je le conseille plutôt deux fois qu'une , un ovni de ce genre est incontournable.


mots-clés : #communautejuive #deuxiemeguerre #humour
par Ouliposuccion
le Mer 1 Fév - 7:51
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Edgar Hilsenrath
Réponses: 15
Vues: 1894

Léonid Guirchovitch

Schubert à Kiev

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Tylych10

Schubert à Kiev aborde un thème qui, dans les lettres russes contemporaines, est toujours frappé de tabou : la collaboration avec l’occupant nazi d’une partie de la population soviétique.
L’action débute au printemps 1942. Les espoirs que les nationalistes ukrainiens avaient placés dans le Reich ont fait long feu. L’éphémère indépendance de leur pays a laissé place à un régime de terreur. Tous les Juifs de la ville ont été massacrés à Babi Yar, à l’exception de ceux qui se cachent ou qui ignorent leur origine. Valentina Maleïeva, pianiste de l’opéra, qui élève seule sa fille Pania, fait l’objet d’un chantage de la part du metteur en scène : ayant découvert l’identité « mortellement dangereuse » du père de la jeune fille, une beauté de dix-huit ans, il tente de contraindre la mère à une liaison à trois.
C’est l’opéra – la musique – qui constitue l’épicentre de l’action romanesque, et apparaît comme le révélateur d’une époque et d’un tournant historique. En effet, les destinées humaines, particulièrement poignantes dans ce texte, ne sont pas l’unique enjeu du livre : il s’agit aussi de mettre en lumière l’écroulement de la culture romantique dont le nazisme représente la dernière étape et Schubert le symptôme par excellence.


Lire Schubert à Kiev , c’est pénétrer dans un univers de musique classique et d’opéra , et c’est bien sous les airs de Schubert , Beethoven et tant d’autres  que l’auteur évoque la fin du romantisme sous le nazisme au travers de personnages collaborant avec les Allemands.
La toile de fond est un opéra, autour duquel un metteur en scène fait preuve de persécution à l’égard d’une pianiste après avoir découvert ses origines juives , ou les idéologies, parfois pas très claires et à double tranchant des personnages présents  sont évoquées.
Ce livre est un trésor pour les férus de classique, en effet, Guirchovitch  construit  la trame de son roman autour de lieds, de références aux textes d’opéras, ou d’événements liés à ce monde. D’autre part, la littérature russe et allemande n’est pas en berne non plus. Heureusement, beaucoup d’annotations en bas de pages sont nécessaires afin de comprendre où l’auteur veut en venir…
Je dirais que c’est une lecture assez éprouvante pour les lecteurs qui ne sont pas connaisseurs d’opéras d’autant qu’il faut également avoir un minimum de bagages en allemand, puisque certains passages ne sont pas traduits .De plus, mieux vaut être à la page concernant le conflit russe/allemand de 1942 ainsi que la collaboration ukrainienne.    
 
Alors faut-il pour autant s’y atteler ?

ce livre m’a légèrement ennuyée, du fait de la rhétorique  très spéciale et déclamatoire de l’auteur en plus de sa complexité , cela dit ce qui est ardu à mes yeux pourrait se révéler comme une lecture impérative pour d’autres en vue de la singularité du style Guirchovitch et de son érudition. Certes, certains auteurs abordent ce sujet de manière plus accessible sans transformer leur lectorat en nomade recherchant la lumière qui pourrait les éclairer mais ne serait-ce pas un atout pour Guirchovitch de se distinguer dans ce genre de littérature propre aux auteurs russes ?

Un livre qui sûrement mérite lecture , dérangeant , et ayant fait grincer des dents une Ukraine et une Russie qui font encore de ce sujet un tabou.


mots-clés : #creationartistique #deuxiemeguerre #antisémitisme
par Ouliposuccion
le Dim 22 Jan - 10:16
 
Rechercher dans: Écrivains Russes
Sujet: Léonid Guirchovitch
Réponses: 4
Vues: 722

William Boyd

La vie aux aguets

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Captur79

Sénilité précoce, paranoïa ? Comment ne pas y penser quand, par un jour de canicule de l’été 1976, votre mère, si anglaise et si digne, vous annonce tout de go qu’elle est en réalité Eva Delectorskaya, une émigrée russe et une ex-espionne de haut vol . Et pourtant, Ruth Gilmartin doit s’y résoudre : tout est vrai. Depuis trente et quelques années, pour tenter de retrouver la sécurité, Sally-Eva a échafaudé avec soin le plus vraisemblable des mensonges. Au fil de la lecture du manuscrit que lui remet sa mère, Ruth , revenue d’Allemagne pour terminer sa thèse à Oxford et y élever son petit garçon voit sa vie basculer. À qui se fier ? À personne, justement, comme le voulait la règle numéro 1 de Lucas Romer, le séduisant mentor d’Eva dans les services secrets britanniques. Et si Eva se découvre maintenant, c’est contrainte par la nécessité absolue d’obtenir l’aide de sa fille pour accomplir sa dernière mission : régler enfin son compte à un passé qui, du Nouveau-Mexique à un petit village anglais perdu, s’acharne à vouloir rattraper une vie déjà habitée par la peur. Une vie aux aguets…sur fond de conflit mondial et de manipulations internationales, mais aussi une magnifique histoire d’amour et de trahison racontée par le plus doué des romanciers anglais.

Afin que les États Unis rentrent en guerre contre le nazisme , l'Angleterre a du avoir recours à des opérations clandestines de grande envergure , ainsi naquit cette organisation secrète au sein même des États Unis , la BSC , employant plus de 3000 espions chargés d'amener par tous les moyens les américains à changer d'idées quant à leur ralliement contre Hitler. Que ce soit par la propagande distillée dans les journaux américains , le harcèlement politique , la BSC reste encore aujourd'hui la plus grande action clandestine de l'histoire.
Si cette organisation n'avait pas existé, si Pearl Harbor n'avait pas connu son sinistre destin , alors probablement que jamais , les états unis d’Amérique seraient intervenus.
Pourtant , la BSC reste méconnue , encore à ce jour , l'importance et la place des britanniques dans cette guerre reste confidentielle , une sorte de chuchotement dont on parle à demi mot pour cause d'embarras historico-politique, qu'on raconte sans vraiment être pris au sérieux parce qu'il paraît inconcevable qu'une telle action aussi ambivalente reste si ignorée des diverses nations , dont la notre.
Pourtant , Boyd , de manière romancée , mais basée sur des faits réels , explore ce sujet , fournit des détails et prend le parti de parler de l'après , la vie d'après.
Que reste-t-il d'une ex espionne quand le conflit reste derrière , à quoi ressemble une vie factice quand on a fait semblant d'être une identité différente au passé trouble ? Et si tout refaisait surface dorénavant parce que jamais rien n'est fini...
C'est toute la machinerie de William Boyd , un soupçon d'agilité littéraire , un zeste d'érudition le tout mixé avec une bonne dose de talent et d'une atmosphère de polar historique , de ceux qui changent le cours de l'histoire.


mots-clés : #deuxiemeguerre
par Ouliposuccion
le Sam 21 Jan - 15:33
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langues anglaise et gaéliques
Sujet: William Boyd
Réponses: 12
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Sarah McCoy

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 51zwor10

Un goût de cannelle et d'espoir

Allemagne, 1944. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt. Entre ses parents patriotes, sa sœur volontaire au Lebensborn et son prétendant haut placé dans l'armée nazie, la jeune Elsie, 16 ans, vit de cannelle et d'insouciance. Jusqu'à cette nuit de Noël, où vient toquer à sa porte un petit garçon juif, échappé des camps ... Soixante ans plus tard, au Texas, la journaliste Reba Adams passe devant la vitrine d'une pâtisserie allemande, celle d'Elsie ... Et le reportage qu'elle prépare n'est rien en comparaison de la leçon de vie qu'elle s'apprête à recevoir.


Tout le livre jongle entre le passé et le présent. Personnellement, j'aurais préféré que tout le bouquin se passe en 1944, l'histoire est beaucoup plus intéressante. Ce changement d'époque régulier casse le rythme selon moi et puis surtout l'histoire d'aujourd'hui n'apporte pas grand chose. Je trouve qu'il y avait pas mal de choses inutiles ou n'ai-je pas compris le but de l'auteure. En lisant le résumé, je pensais que les faits d'aujourd'hui étaient des conséquences des faits de 1944. Je pensais qu'il y aurait eu un impact sur cette journaliste, Réba. Et non ou alors je suis passée complétement à côté. C'était une lecture sympathique mais qui ne m'a pas apporté grand chose.


mots-clés : #deuxiemeguerre
par oceanelys
le Dim 15 Jan - 19:41
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Sarah McCoy
Réponses: 3
Vues: 506

Luciano Bolis

Luciano Bolis (1918-1993)

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Bolis11

Luciano Bolis (né le 17 avril 1918 à Milan et mort le 20 février 1993 à Rome) est un homme politique antifasciste italien, qui fut membre du mouvement Giustizia e Libertà, du Parti d'action (Partito d'Azione) et milita au sein du Mouvement fédéraliste européen, créé en 1943 à Milan par Altiero Spinelli.

Né dans un milieu bourgeois, Luciano Bolis prend position contre les convictions fascistes de ses parents, entraînant avec lui ses deux frères dans les rangs de la Résistance.
Étudiant en littérature et en philosophie, sportif accompli, il mobilise - lors de son arrestation par les Chemises noires - des ressources exceptionnelles de résistance physique et morale. Après la guerre, il devient un militant actif de la construction européenne.
Luciano Bolis est mort en 1993.

source : wikipedia.org


Bibliographie :

- Mon grain de sable (1946)

___________


Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 12232510

Mon grain de sable

quatrième de couverture de fosse aux ours a écrit:GÊNES, FÉVRIER 1945 : Luciano Bolis, un des responsables de la résistance génoise, est arrêté par les fascistes.

Sauvagement torturé, il se tranche avec une lame de rasoir les veines du poignet puis la gorge, afin de ne pas « donner » ses camarades.

Ses bourreaux lui refusent cette délivrance et le conduisent, mourant, à l’hôpital.

A la Libération, Bolis rédige un compte rendu quasi clinique des instants terrifiants qu’il vient de vivre. Un récit, sobre et violent, qui analyse de façon subtile les réactions d’un homme seul face à la souffrance physique et au suicide.

Rarement description d’actes commis par un « héros ordinaire » a atteint un tel degré de dépouillement et d’intensité.

Ce livre, découvert par Natalia Ginsburg et Cesare Pavese, est constamment réédité en Italie.

Luciano Bolis (1918-1993) a été, après la guerre, un militant actif de la construction européenne.


un extrait, le début, de la préface de la traductrice Monique Baccelli :

Le 20 Août 1780 grâce à l'action des philosophes et plus particulièrement de Voltaire, une déclaration royale abolit la "question" en France. Cette réforme, déjà effective en Russie, s'étendra progressivement aux autres pays d'Europe. Cela pour la légalité. Dans les faits, et clandestinement, deux siècles plus tard la torture est toujours pratiquée, avec des procédés de plus en plus "scientifiques", sur tous les continents. Le mécanisme et les conséquences de ce comportement inhumain, qu'on dirait indéracinable, ont rarement été étudiés avec autant d'impartialité et de lucidité que par Luciano Bolis. Certains aspects de son témoignage prennent une valeur tellement générale qu'ils se situent hors du temps et de l'espace, d'autres ont au contraire besoin d'être éclairés par quelques précisions historiques et biographiques.

Commençons par là : l'historique, un éclairage direct sur la vie "chez les méchants", si on peut dire, (un peu comme seuls dans Berlin mais en plus court), ça sonne comme les histoires de résistants "de chez nous". Le reste pour faire rapide, c'est une arrestation, des tortures, une tentative de suicide, une libération. Et le vrai, non pas le "vrai reste" - puisque le reste (le précédent) est très vrai et essentiel aussi horrible soit-il - c'est les réflexions, l'esprit, de ce (jeune) homme, sa volonté, sa force pour ne pas parler. "Incroyable" est un mot facile pour en parler. C'est bref, effrayant, déstabilisant, factuel. Une sensation de vertige et de peur. Un certain questionnement. Une volonté, celle ce Luciano Bolis, intellectuelle mais physique, qui dépasse... tout, qui dépasse la douleur, la peur, la solitude... tout. Qui résiste même dans son hospitalisation dans un état certainement plus catastrophique que ses mots ne le laisse paraître.

je vous laisse les premières lignes de ce témoignage singulier :

Cette chronique d'une aventure qui m'est arrivée à Gênes dans les derniers temps de la domination nazie-fasciste n'a pas de prétention littéraire, ni d'intentions apologétiques ou polémiques. Elle n'est donc pas une défense du suicide, ni un acte d'accusation contre l'ennemi et encore moins la valorisation d'un comportement, mais un simple exposé des faits et un éclaircissement des circonstances, alternant avec le rappel d'états d'âme et de pensées qui m'a semblé indispensable à la compréhension d'un épisode peut-être intéressant en soi; l'expérience d'un suicide manqué n'étant pas des plus courantes.
La valeur de cette histoire est donc l'authenticité absolue de ce qu'elle apporte, une authenticité que j'ai respectée justement à cause de l'urgence de vérité qui m'a incité à exprimer par des mots une expérience qui pouvait sembler impossible à raconter, à moi qui ne suis pas écrivain de métier. C'est ce même besoin de vérité qui m'a conduit à l'usage de la première personne, fastidieuse pour des raisons évidentes, mais que j'ai fini par accepter pour éviter d'inutiles artifices et m'exprimer avec davantage de naturel.


Deux passages extrêmement durs : les tortures et la tentative de suicide. Il y a une formidable humanité, jusque dans son regard sur ses bourreaux, et une vitalité stupéfiante.


... Ici s'arrête la récup.

Presque dix années après la lecture, les contours se sont brouillés mais pas ces deux lignes directrices : cet aperçu de la résistance italienne et surtout ce choc d'une situation anormale à plus d'un titre. C'est choquant.  Effrayant d'imaginer ne plus pouvoir s'appartenir dans ces dernières extrémités, derniers retranchements, dans des conditions pareilles. Et il raconte le pas qu'il a franchit. Son retour, l'énergie dont il fait preuve dans ce témoignage, sa lucidité sont un espoir. C'est inoubliable et terrifiant.



mots-clés : #autobiographie #captivite #deuxiemeguerre
par animal
le Mer 11 Jan - 22:48
 
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Sujet: Luciano Bolis
Réponses: 14
Vues: 2196

Etty Hillesum

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 41inhw11

Lettres de Westerbork

Etty Hillesum est très au dessus de tout commentaire.

Toute sa courte vie fut une quête lucide et exigeante pour une spiritulalité sans concession.
Dans une période terrible où les juifs de toute l'Europe étaient arrétés et envoyés dans les camps de la mort nazis.

Ce qui ne l'empêcha nullement d'être une femme et une amante entière et passionnée.
Jusqu'au bout, elle essaya de sauver les juifs en courant de très gros risques.
Les lettres qu'elle écrivit sont un des plus beaux témoignages humains sur l'holocauste et un texte sublime d'un être totalement à part.

L'un de ceux qui à lui seul pourrait justifier l'humanité  s'ils n'étaient aussi rares.



mots-clés : #correspondances #deuxiemeguerre #journal
par bix_229
le Mer 11 Jan - 18:56
 
Rechercher dans: Histoire et témoignages
Sujet: Etty Hillesum
Réponses: 11
Vues: 1150

Curzio Malaparte

Kaputt

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Image323

Malaparte, de 1941 à 1943 est correspondant de guerre sous uniforme italien, sur le front russe, en Pologne, Roumanie, et jusqu’en Finlande, pays neutre . Il participe à des agapes décalées – et arrosées - dans les milieux aristocratiques, diplomatiques ou militaires. Et là, il raconte la guerre et ses ravages, confrontant la décadence de ces milieux protégés jusqu'au cynisme, et le chaos qui détruit l'Europe. C'est le petit peuple de Naples, déchiré mais fervent sous le bombardement de la ville, qui va réconcilier Malaparte avec lui-même.


De cette confrontation naît un sentiment de malaise, d’outrance, de décalage. On n'est pas près d'oublier ces moments d'anthologie (les milliers de chevaux gelés sur le lac Ladoga, le pogrom de Yasi, le ghetto de Varsovie, les chiens chargés d 'explosifs lancés contre les chars allemands), ni les scènes plus intimistes, (le bordel à soldats, la solitude du repos dans les maisons pillées...). Malaparte prouve que le récit de guerre n'exclue pas la littérature.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #deuxiemeguerre
par topocl
le Lun 9 Jan - 10:33
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Curzio Malaparte
Réponses: 16
Vues: 1508

Didier Daeninckx

Tes désirs sont des ordres ! (En fait, j'étais en train de le faire)

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Daenin10

"Caché dans la maison des fous"

Impossible de résumer le début d'un synopsis d'un roman-chroniques. Denise GLASER, juive et résistante, suivie plus tard par Paul ELUARD et son épouse Nusch viennent trouver refuge, en 1943, dans l'asile de Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère). Cet établissement est dirigé par Lucien BONNAFÉ, assisté de François TOSQUELLES, réfugié politique espagnol suite au putsch franquiste. Tous deux résistants, ils joueront aussi un rôle essentiel dans l'évolution des techniques thérapeutiques de cet hôpital.

A partir de là, sur 103 pages, Daeninckx évoque à merveille, en vrac et sans lourdeur didactique : l' "extermination douce" des aliénés sous le régime de Vichy, les différentes formes de résistance au quotidien, l'histoire (via l'asile de Saint-Alban) et l'évolution des méthodes thérapeutiques dans les hôpitaux psychiatriques, le putsch franquiste et l'internement en France des réfugiés républicains, le surréalisme, la reconnaissance de l'art brut par le milieu artistique...

Vous trouverez peut-être d'autres thèmes effleurés par Daeninckx selon vos propres affinités avec certains sujets ? A lire sans modération !

J'avais retenu une dizaine d'extraits, mais je vais me limiter...

Sur des feuillets, tombés d'un bouquin, que Denise lit...
Spoiler:


Sur la technique de la fabrication des veufs...
Spoiler:


François Tosquelles, réfugié espagnol ayant combattu contre le putsch franquiste, républicain, marxiste et libertaire, très en verve...
Spoiler:


Et enfin, une que j'adore (même si dans le livre, elle est sans grande importance, elle prend un tout autre sens pour moi)  :
Spoiler:


Message récupéré


mots-clés : #creationartistique #deuxiemeguerre #pathologie
par Exini
le Dim 8 Jan - 19:15
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Didier Daeninckx
Réponses: 18
Vues: 1163

Richard Bausch

Paix

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Ima1010

Tout est dans le titre. Paix. Seule la paix est bonne, et ce récit de guerre est là pour nous le rappeler. Message à transmettre sur des générations

1943. En Italie, l’ennemi capitule face aux forces du Général Patton.
48 heures de la vie de quelques jeunes gens, dans une mission aussi impossible que vaine.
Avec les ingrédients habituels : le mal du pays, la promiscuité qui fait se disputer même avec son meilleur copain, le corps qui rappelle à l’ordre, des temps de permission pour l‘alcool et les femmes, la boue, la pluie, le froid, l’horreur de l’attente et l’horreur de l’action, la conscience malmenée, et toujours, toujours, la peur qui hante…

Rien de bien neuf, mais comment faire neuf avec la guerre. Il n’en reste pas moins un récit attachant, prenant, aussi essentiel qu’universel.

(commentaire récupéré)

mots-clés : #deuxiemeguerre
par topocl
le Dim 8 Jan - 10:16
 
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Sujet: Richard Bausch
Réponses: 2
Vues: 483

Léon Werth

33 jours

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 A48610

 
 Je me rends compte que je n'avais pas encore cri à la totalité de la défaite. J'y croyais comme à une maladie dont on a peur et dont on écarte la possibilité. Chacun de ces Allemands, c'est le signe d'une maladie dont on a lu la description, mais que soudain on découvre sur sa peau.



33 jours à fuir Paris, en juin 40. 33 jours entre pas de fourmis et surplace, dans une foule bigarrée, arrogante ou humiliée, qui affronte cette situation révélatrice des personnalités. A travers des descriptions de personnages et de situations dignes des vieux films des années cinquante, l'histoire se vit en direct dans la peur et l'incompréhension, dans un humour désabusé et caustique. Léon Werth, ancien soldat de 14, livre aussi ses réflexions et questions d'homme de lettre et honnête homme sur la guerre , la liberté, l'humanité.


 
Telle est la guerre, elle impose une grossière simplification ; elle pense pauvre, contraint à penser pauvre, par grosses catégorise, elle oppose les nations dans un excès d'unité qui n'est que démence, elle oppose le vainqueur et le vaincu, elle supprime les conflits délicats et les remplace par un pugilat. Si grand que soit ce pugilat, ce n'est qu'un pugilat. Mais rien ne peut faire en cette minute que ce soldat ne soit toute la victoire et moi, toute la défaite.




   Quand un peuple ne pense pas encore ou ne pense plus, un Hitler, ou un Staline pense pour lui.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #deuxiemeguerre
par topocl
le Dim 8 Jan - 9:59
 
Rechercher dans: Histoire et témoignages
Sujet: Léon Werth
Réponses: 1
Vues: 582

Franco Vegliani

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 41mhuf10

La frontière

En repos sur l’ile Dalmate un sous-officier de l’Armée Italienne (en 1941) sympathise avec un vieil homme Simeone qui se trouve être un parent éloigné car la famille de notre sous-officier était native de l’ile et lui-même y a passé ses vacances d’enfance. Cette rencontre et l’histoire d’un autre sous-officier de l’empire Austro-Hongrois, Emidio, que lui confit Simeone intrigue, puis passionne le soldat Italien.

À 20 ans d’intervalle des interrogations, des doutes similaires assaillent les deux sous-officiers engagés dans les deux guerres mondiales dans cette région de Croatie et d’Istrie.
Le destin de la Dalmatie, dont la frontière » mouvante » au gré des possesseurs, des « maîtres » comme les appelle le vieux Simeone , contraint celui des habitants et plus sûrement des soldats engagés dans la guerre. Aussi c’est dans l’âme de ces deux soldats que la frontière est la plus difficile à franchir, de la raison ou du cœur , quel choix engagera leur destin ; quelle sera leur Patrie ?

Un récit maîtrisé qui pose la question du choix qui détermine un destin ; l’auteur ne porte aucun jugement si ce n’est celui auquel se condamne eux-mêmes les personnages. Un sujet intéressant, honnêtement exprimé. Une très bonne lecture.
   
extraits

«En vertu de l'éducation qu'il avait reçu dans sa famille, m'avait expliqué Simeone, Emidio était croyant, sincèrement croyant, mais sans la moindre ferveur. Une foi tranquille, reposante, selon l'expression du vieil homme, capable de procurer une certaine paix de l'esprit, sans imposer de devoirs trop coûteux, ni soulever d'épineux problème. Bref la foi que lui avait inculquée sa mère lorsqu'il était enfant et que, précisément parce que lénifiante, si rassurante et si peu porteuses de grands engagements, il ne s'était jamais soucié de réexaminer.»

«L'orgueil national était précisément la justification dont je ne voulais pas entendre parler. Et je ne voulais pas en entendre parler car c'était la première, la plus facile, la plus naturelle qui me fût venue à l'esprit. Quel autre sentiment, sinon, pouvait bien avoir armé la main de ces hommes, les poussant à tirer et à tuer, sans ordre exprès, d'autres hommes qu'ils n'avaiet jamais vus ?»

«C'était donc bien cela : l'orgueil national mortifié, humilié par notre victoire, par la supériorité de nos armes, qui maintenant relevait la tête et se révoltait ainsi.»

«Cette embuscade ne pouvait que se parer en moi, j'allais dire malgré moi, d'une lumière éclatante, d'une sombre mais indéniable noblesse, d'une aura romantique au charme de laquelle, en dépit de tous mes efforts, je ne parvenais pas à me soustraire.»

«En effet, si, sans le vouloir, en agissant simplement selon sa raison, sa conscience et peut-être aussi, mais de façon plus secrète et moins apparente, son intérêt, le soldat slovène avait révélé à Emidio un aspect insoupçonné et même nié, refoulé de l'idéal patriotique et de la soumission au devoir, combien différent de tout ce qu'on lui avait enseigné, Melania avait fait de même pour ce qui était de l'amour.»


mots-clés : #deuxiemeguerre #insularite
par Bédoulène
le Sam 7 Jan - 10:57
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Franco Vegliani
Réponses: 1
Vues: 625

Richard Flanagan

Je ne pensais pas forcément accrocher mais c'était bien passé !

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 41xqpt10

La route étroite vers le Nord lointain

Les éléments de la recette "grand livre anglophone du moment" sont trop apparents, c'est un fait. L'alternance des personnages, les histoires de c... ouple plus quelques scènes choc ça plonge en terrain connu et implique aussi certaines répétitions dans la première partie du livre.

A côté de ça la recette éprouvée contribue théoriquement à la lisibilité, que dis-je à la tourne-page-ibilité de l'ouvrage, et ça marche dans l'ensemble.

Heureusement tout de même, il n'y a pas que la recette, il y a le dosage qui est certes un poil forcé sur le sinistre mais difficile de faire autrement compte tenu du sujet. Les camps de prisonniers japonais dans lesquels les captifs étaient aux travaux forcés dans des conditions effrayantes ça ne faisait pas rêver dans Le pont de la rivière Kwaï ou dans Furyo et ça ne fait toujours pas rêver ! Historiquement on apprendra ou pas des petites choses (moi c'est l'engagement hors d'Asie qui m'a surpris !) en plus du romanesque de base ça ne décrirait pas encore tout à fait le bouquin.

Portons donc notre attention sur la tonalité mélancolique amère avec un soupçon d'espérance qui caractérise beaucoup des personnages. Des personnages qui aussi établis qu'ils en aient l'air sont généralement au-dedans d'eux-mêmes beaucoup moins assurés et se laissent entraîner par le monde qui les entourent vers des ratages et perdre un temps au moins, ou plus, l'amour qui leur serait nécessaire. C'est cliché dit comme ça mais à force de retours et avec le renfort d'un jeu du temps ça vaut plus !

Et puis les retours et le jeu du temps on le retrouve avec la disparition de certains motifs qu'il s'agisse de la culture littéraire ou de certains personnages secondaires. Plusieurs fossés se creusent autour de la guerre, l'avant et l'après et entre les personnages qui se perdent plus loin dans ce moment perdu pendant lequel ils auraient pu ou du ramer dans l'autre sens, vers leurs semblables... L'autre point positif c'est de plonger dans cette problématique quelques représentants de l'autre camp : des officiers japonais qui se refont une vie et une identité morale, un coréen qui ne trouvera jamais sa place et surtout l'écriture de l'histoire, mensongère ou pratique qui ne peut convenir à ceux qui ont vécu des événements impartageables qui disparaissent à toute vitesse.

Sur ces sujets là aussi il accroche bien sans trop donner l'impression de surcharger la barque.

Ce n'est pas la lecture du millénaire mais une bonne surprise  moi qui avait des doutes sur la forme obligée de l'exercice et suite aux avis tièdes qui allaient dans ce sens. Efficace (au moins avec mon rythme de lecture modéré sur la première partie), plus ambitieux et intéressant qu'attendu et laissant quelques réflexions pas mal tournées qui sonnent raisonnable ou juste.

Plutôt bonne pioche donc en ce qui me concerne.

(message téléporté).


mots-clés : #campsconcentration #deuxiemeguerre #social
par animal
le Ven 30 Déc - 18:55
 
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Sujet: Richard Flanagan
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INOUE Hisashi

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 61b9oo10

Les 7 roses de Tôkyô

Inoué Hisashi mit près de dix-sept ans à écrire ce pavé de 740 pages (980 en format de poche), passionnante chronique de la vie du peuple japonais d'avril 1945 à avril 1946. Le roman se présente sous la forme du journal intime de Shinsuke, fabricant d'éventails au chômage au style très vivant et à l'humour savoureux.
Lorsque débute le récit, la fin de la guerre est proche. Les matières premières étant réquisitionnées pour les valeureux soldats de l'Empire, le petit peuple vit d'expédients, entre débrouille, entraide et marché noir. Les raids des B-29 sont quotidiens, chacun vit dans la peur de voir ses proches décimés. Le gouvernement entretient le patriotisme de ses sujet à l'aide de slogans, de comités innombrables et de directives toutes plus saugrenues les unes que les autres :

"Depuis que la presse et la radio avaient supprimé toute mention sur le temps, le 8 décembre 1941, soit pendant ces trois ans et neuf mois, les Japonais se sont efforcé de ne plus aborder ce sujet. (...) M. Aoyama avait en effet décrété : "Même en bavardant avec une connaissance croisée dans la rue, évitons les expressions du genre :" Quel beau temps, n'est-ce pas ? " ou" Pas de chance, avec cette pluie. " Il s'expliquait ainsi :  "Les murs ont des oreilles, les cloisons mobiles aussi. Allez savoir s'il n'y a pas un agent de l'ennemi à proximité. Si vous êtes espionnés et qu'il transmette cette information météorologique à ses chefs, la réputation de notre quartier sera compromise. Ce sera la honte pour la consommation des siècles. " Envisagé aujourd'hui, l'argument était tordu. Si vraiment il s'était trouvé un espion désireux de renseigner l'ennemi sur le temps à Tôkyô, il aurait eu beaucoup plus vite fait de lever le nez que de dresser l'oreille près des passants en train de bavarder. Mais, à l'époque, les gens avaient trouvé à leur goût le mot d'ordre de la Direction de l'information, au Cabinet, "Cette guerre est une guerre de renseignement", et personne ne relevait jamais la faille dans le raisonnement de M. Aoyama."


Si certains peuvent rire sous cape de pareilles inepties, la majorité les gobe sans broncher. Comment, en effet, oser exprimer le plus petit doute sur la victoire finale, quand cela peut vous coûter un séjour en prison ? Son scepticisme, Shinsuke ne le confie qu'à son journal.
Pour faire face au débarquement américain que l'ont dit imminent, les tokyoïtes, bien décidés à vendre chèrement leur peau, s'organisent en bataillons hétéroclites armés de grenades et _si,si_ de bombes fécales. Pour autant, ils n'en oublient pas de composer des poèmes, d'assister à des combats de sumo, d'aimer, de se marier. Touchante chronique d'une vie en sursis.

Habile ellipse de l'auteur, et nous voici sous occupation anglo-américaine. On peine aujourd'hui à comprendre le traumatisme qu'engendra le communiqué par lequel l'Empereur reconnaissait qu'il était un être humain et non un Dieu. Mais à l'époque, le choc est terrible et s'accompagne d'un véritable sentiment de trahison devant l'étendue des mensonges d'état proférés durant la guerre. Les Japonais réalisent enfin l'outrance des démonstrations sur la supériorité niponne, textes ridicules dont on se demande comment ils ont pu être cautionnés par une nation tout entière. ( avant de se rappeler la propagande européenne de la même époque…) Une partie de la jeunesse se révolte contre ces aînés qui ont participé à la surenchère guerrière sans jamais exercer leur esprit critique, ou si peu. Et qui, désormais, vivent de compromissions avec l'ennemi d'hier.

Il faut dire la ville n'est pas sûre, et que rares sont ceux qui mangent à leur faim. Et puis, les Américains apportent avec eux un mode de vie bien séduisant... Shinsuke assiste ébahi au retournement de ses concitoyens qui, tout d'un coup, encensent l'occupant et fricotent avec lui.  Les admirateurs se pressent chaque jour plus nombreux devant l'hôtel du général Mc Arthur, noyé sous un flot de lettres enamourées. Comme si, dans son désarroi, la population avait reporté sur Mc Arthur l'adoration qu'elle vouait jadis à l'Empereur. Avec bien entendu, dans le lot, quelques opportunistes...

Shinsuke, lui, ne parvient pas à pardonner Hiroshima, Nagasaki, et tous ces bombardements sur des cibles civiles. Mais, et c'est là une grande force du livre, il porte un regard lucide et très critique sur les agissements de son propre pays.  Afin de préserver l'honneur nippon, il va se donner une mission dont je vous laisse découvrir la teneur..  Parviendra-t'il à ses fins ? Je n'en dirai pas plus, mais je vous garantis un coup de théâtre et un dénouement savoureux !

Ce livre m'a enthousiasmée. Le personnage de Shinsuke, en perpétuel décallage avec ses contemporains, est infiniment touchant ; son recul sur la situation et son humour, assez remarquables.
Je ne nierai pas que, du fait de sa précision extrême, le roman comporte quelques longueurs. Mais cette précision est aussi une qualité, par le réalisme qu'elle insuffle au récit. C'est une plongée absolument passionnante dans la vie du Japon à une époque charnière de son histoire. Et si l'intérêt du lecteur s'émousse sur un passage, très vite, les nombreux personnages gravitant autour de Shinsuke l'entraînent de nouveau avec eux dans le tourbillon de leurs vies...
Pour moi, un immense coup de coeur !

(Ancien commentaire largement remanié)
PS : Mieux vaut ne pas lire la 4ème de couverture, qui dévoile un évènement crucial de l'intrigue !


mots-clés : #deuxiemeguerre #journal
par Armor
le Jeu 29 Déc - 17:14
 
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Sujet: INOUE Hisashi
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Drago Jancar

Cette nuit, je l’ai vue

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Captur58

   On vit une époque où on ne respecte que les gens, vivants ou morts, qui étaient prêts à se battre, même à se sacrifier pour les idées qu'ils ont en partage. C'est ce que pensent les vainqueurs et les vaincus. Personne n'apprécie les gens qui ne voulaient que vivre. Qui aimaient les autres, la nature, les animaux, le monde, et se sentaient bien avec tout ça. C'est trop peu pour notre époque. Et même si moi, je peux me compter parmi ceux qui, bien que vaincus, ont combattu, au fond, moi je voulais seulement vivre. Que cela ait un sens m’a été révélé par cette femme, curieuse, joyeuse, ouverte à tout et un peu triste que j'ai rencontrée dans un pays lointain qui m’est proche. Veronika.



Il y a avant la guerre et  il y a après la guerre.

Avant la guerre, il y avait Véronica, une femme fantasque et sensuelle, éprise de liberté, qui aimait les chevaux à la folie et les hommes avec déraison, qui se promenait en ville avec son crocodile.
Pendant la guerre avec son époux Léo, le richissime industriel plein d'élégance, ils ont  cru qu’ils n'étaient pas concernés, qu'ils pouvaient continuer à mener la belle vie, qu'on ne leur imposerait pas des choix. Retranchés  dans leur château illuminé au fond des bois, à deux pas des bandes de partisans, ils recevaient des industriels, des artistes, des officiers de l'armée de l'occupation. Et puis…
Après la guerre, les langues ne se délient pas, chacun se retire seul face à cette tragédie. Mais les survivants, ceux qui furent fascinés par la belle Veronica, se souviennent, chacun de son côté. Sortant  de cette chape de silence qui les enferme dans un amalgame de remords et de nostalgie, ils nous livrent leurs inavouables secrets.

Dragon Jancar nous montre ici toutes les facettes de son impressionnant talent. Cette nuit je l'ai vue se construit peu à peu à partir de cinq points de vue qui éclairent les secrets d'une femme, d'une guerre, et d’un pays. On se croirait dans un film lumineux et étrange, en noir et blanc, on visualise ces soldats traînant dans la boue,  les cavaliers contre les tanks, les maquisards traqués… Tout puissant, magique, perdu dans la neige, ce château illuminé aux réceptions somptueuses, ce couple magique, à qui tout est offert, adulé et jalousé par le petit personnel, cette femme magnétique, amoureuse tragique, pleine de tourments et de joie de vivre.

Et si, peu à peu, on découvre pourquoi et comment ont disparu Leo et Veronica, ils n'en finissent pas de hanter les consciences, et nul n'arrivera jamais à dénouer l’inextricable écheveau des culpabilités.

C’est un très beau roman, magique par l'atmosphère, prenant par ses personnages, qui parle de l’histoire de ce siècle et de notre responsabilité collective. Chant d'agonie d'un pays qui n'en finit pas de panser ses plaies, Cette nuit, je l'ai vue est un roman de maître, il nous dit de rester sur notre garde, et que la liberté n'existe pas.

(commentaire récupéré)


Mots-clés : #amour #deuxiemeguerre #historique
par topocl
le Lun 26 Déc - 15:55
 
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Sujet: Drago Jancar
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Jan Yoors

La Croisée des chemins - La guerre secrète des tsiganes 1940-1944.

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Index_10

Yoors a 17 ans quand la guerre éclate. En 1940, il est contacté par les forces de résistance et il devient agent de liaison entre celle-ci et les tziganes.  La répression dont ils sont l' objet , les réseaux internationaux, l'habitude de vivre cachés, la vie d'errance qui facilite à large échelle le transport de biens et de personnes les prédispose à œuvrer efficacement dans ce sens. Il n'en demeure pas moins qu'il leur faut vaincre le rejet de toute alliance avec les gadje et leur haine de la violence.. Yoors, sur dénonciation,  est emprisonné, torturé puis, il réussit à s'évader. Il se retrouve dans un monde où bien peu de ses amis ont échappé aux rafles et où il va mettre sur pied un réseau d'évasion entre l’Allemagne et l’Espagne.

La première partie qui raconte l'implication tzigane dans la résistance,  son organisation et ses spécificités, est une mine d'enseignement.
La suite (emprisonnement, torture, réseau de passeurs) est plus « classique », je dirais, mais n'en reste pas moins un témoignage passionnant.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre #minoriteethnique
par topocl
le Ven 23 Déc - 16:35
 
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Georges Hyvernaud

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 George10

La peau et les os - Les souffrances de la captivité

Le récit d'Hyvernaud trouve rapidement son rythme fait de réflexions denses, écrites en quelques phrases lapidaires, coagulées en 112 pages, découpées en cinq chapitres. C'est écrit avec la rage, la colère de l'impuissance, la violence de celui qui se sent bafoué, rabaissé, incompris et malgré lui sauvé.

Hyvernaud n'ayant publié que deux livres de son vivant et pour que le fil ne se retrouve pas trop exsangue (ce qui serait presque de l'ordre du délit) je vais largement développer mon commentaire et citer l'auteur.

Le premier chapitre est celui du retour du prisonnier, de ses retrouvailles avec la vie d'avant et avec ceux qui la peuplaient.

Repas dominical, entre la tarte aux fraises et la liqueur, les langues se délient, on parle de la guerre, de l'Occupation ; ceux qui sont restés passent pour des héros, le 'prisonnier' se tait, rumine, seul dans son coin, en essayant de faire bonne figure.

(p.23) Je me tais, malveillant et irrité. Je me sens oublié comme un mort à son enterrement. Je n'intéresse personne. Personne n'intéresse personne. On fait semblant. Chacun parle de soi. On écoute les autres pour pouvoir leur parler de soi. Mais au fond on s'en fout.

Et en écho aux propos de Remarque (dans Après) qui revenu du front ne peut se confier à personne, ne peut même pas dire à sa mère ce qu'il a fait, ce qu'il a vu, ce qu'il est devenu ; Hyvernaud écrit :

(p.25) Mes vrais souvenirs, pas question de les sortir. D'abord ils manquent de noblesse. Ils sont même plutôt répugnants. Ils sentent l'urine et la merde. Ça lui paraîtrait de mauvais ton, à la Famille. Ce ne sont pas des choses à montrer. On les garde au fond de soi, bien serrées, bien verrouillées, des images pour soi tout seul, comme des photos obscènes cachées dans un portefeuille sous les factures et les cartes d'identités.

Comparée à la souffrance des déportés, les prisonniers ont le sentiment d'être des laisser pour compte et c'est à coup de phrases courtes, massives comme des coups de marteau qu'Hyvernaud raconte son retour à Paris, son incapacité à dire sa souffrance, l'horreur de ce qu'il a vécu et les souvenirs qui surgissent, sans prévenir, tout d'un coup, et qui explose, avilisse, annihile un homme. On sent chez Hyvernaud une forte rancœur, une impuissance à être compris, aider, une recherche de sympathie qu'il n'obtient de personne, pas même de Louise, sa compagne, plus souvent préoccupée par la propreté de ses cheveux que par les souffrances de l'ancien prisonnier.

[Ce récit m'a donné envie de relire La Douleur de Duras, qui raconte le retour, improbable, incongru, presque malséant de Robert Antelme après sa déportation, récit écrit dans l'hallucination d'un temps détruit, oublié au fond d'une armoire et ressorti des années plus tard pour dire l'horreur de l'attente et l'horreur de voir revenir des hommes, des fantômes, des funambules qui ne sont plus ce qu'ils étaient, qui n'ont plus rien à voir avec ce qu'ils étaient.

On retrouve d'ailleurs cette réflexion au début du livre d'Hyvernaud, ainsi que dans une nouvelle de Marcel Aymé (En attendant…) à propos des femmes qui sont restées, qui ont fait leur vie, du moins qui ont bien dû continuer à vire, survivre, nourrir leurs enfants, faire du marché noir, parfois se vendre pour manger… des femmes qui ont appris l'indépendance, qui ont dû travailler comme un homme, qui savent désormais vivre sans l'étai masculin, sans les dimanches au stade, sans… l'autre et qui ne savent pas très bien ce qui va se passer quand leurs hommes rentreront du front ou de captivité.]

Le deuxième et le troisième chapitres sont consacrés à la vie dans le camp de prisonniers. Un camp d'officiers qui ne sont astreints à aucune activité et qui passe leur temps à se plaindre, ruminer et déféquer (l'importance des boyaux. Ah !).

(p.37) Pour prendre pleinement conscience de ce qui nous est arrivé, rien de tel que de s'accroupir fesse à fesse dans les latrines. Voilà ce qu'ils ont fait de nous. Et on s'imaginait qu'on avait une âme, ou quelque chose d'approchant. On en était fier. Ça nous permettait de regarder de haut les singes et les laitues. On n'a pas d'âme. On a que des tripes.


La promiscuité des chairs (Les pauvres n'ont pas droit à la solitude) pousse les hommes à se haïr, se voler gamelles et bouts de pain, à s'insulter pour une porte laissée ouverte sur le grand froid. C'est mesquin. Veule. Et pourtant, Hyvernaud s'applique à rappeler que dans le civil, ces 'gens-là' sont des normaliens, des magistrats, des grandes fortunes et qu'ils forment, dehors, une élite intellectuelle et sociale. Pourtant, ici, à l'intérieur du camp, ils retrouvent les gestes égoïstes et insupportables de la pire engeance. Il faut 'tourner en rond' et 'faire semblant' comme l'indique les titres des chapitres pour pouvoir survivre. Le temps est immensément long dans la baraque et il faut malgré tout supporter les uns, les autres et puis soi-même.

(p.43) Ils nous laissaient croire aux morales, aux musées, aux frigidaires, aux droits de l'homme. Et la vérité, c'est l'homme humilié, l'homme qui ne compte pas. Fini, le temps des phrases. La vérité, c'est la faim, la servitude, la peur, la merde.

Alors pour passer le temps certains jouent aux cartes, un autre compte le nombre de ses conquêtes féminines, un barbu chantonne une chanson paillarde, un autre étudie une grammaire allemande, on cuisine, on rapièce sa chemise, on s'ignore.

(p.41) Je trace des mots, mot à mot, mot à mot, des mots qui tirent après eux d'autres mots, des mots qui vont chercher des choses en moi, je ne savais pas qu'elles y étaient, et cela fait encore des mots et des mots. Pour tuer le temps.

(p.48) Et l'autre avec ses goûts et ses couleurs. Pour sûr qu'il ne faut pas discuter. Des goûts, des dégoûts. On aime ou l'on n'aime pas. On vit goutte à goutte. On marche pas à pas. On est là pour ça pour marcher pas pour discuter les goûts, les couleurs, les coulures, l'écroulement, tout a le même goût ou pas de goût du tout, la même couleur, il n'y a qu'à laisser couler il ne faut pas discuter...

Le quatrième chapitre est consacré à Charles Péguy : Leur cher Péguy. Comme Péguy (mort durant la guerre de 14-18), Hyvernaud vient d'une famille presque pauvre (une mère couturière et un père ajusteur), comme Péguy il est sorti de sa 'classe' pour faire des études mais Hyvernaud fustige ce que Péguy est devenu. Il ne l'attaque pas sur le principe d'un embourgeoisement (sans doute d'ailleurs assez hypothétique) mais sur son intellectualisme ; car même si Péguy attaquait les professeurs et l'Université il faisait partie de cette faune d'intellectuels.
Pire. Péguy en faisant du socialisme une mystique et de la Révolution une Espérance, a déformé les intentions du peuple pour en faire une utopie débile (sans jus). Mais au fond, ce que Hyvernaud reproche à Péguy c'est sa manière d'envisager la pauvreté, la manière de servir les pauvres.  Le sens de la vie, les bienfaits de la pauvreté, le culte du travail, tout cela s'arrange si bien dans une belle âme. Il dénonce l'idée que les pauvres ne peuvent pas être aidés, qu'ils aiment travailler 15 heures d'affilée dans des conditions épouvantables, il condamne ceux qui estiment que la résignation des pauvres ne peut être combattue, il exècre ceux qui entonnent le chant glorieux du travailleur content de lui, satisfait, honnête. Il fustige ceux qui s'imaginent (les intellectuels) que l'ouvrier peut encore penser après sa journée de travail. La fatigue, la soumission, la résignation sont le lot des pauvres et Péguy qui le sait, Péguy s'enferme dans une bulle que n'atteint plus la misère. Péguy chante la gloire de la guerre, son socialisme, c'est une tendre rêverie sur le passé. Sa révolution, c'est la résurrection de la paroisse médiévale, avec des ouvriers qui travailleraient quinze heures par jour et seraient contents comme ça.


Il faudrait pour contrebalancer les propos d'Hyvernaud reprendre le chapitre que Michel Winock consacre, dans Le siècle des intellectuels, à Péguy. Je tenterai peut-être un jour la comparaison, non pas que Winock y encense Péguy mais au moins la charge est moins violente et même quasi nulle, Winock s'attardant surtout à donner vie aux débuts de La Quinzaine Littéraire et à comprendre les tours et les détours de la pensée de Péguy, marquant essentiellement que cette pensée allait 'contre', contre la pensée unique, contre les académies, contre les modes en se contredisant parfois elle-même.

Le dernier chapitre intitulé  Le beau métier est consacré au métier d'instituteur qui était celui d'Hyvernaud en temps de paix. Il y dit son détachement volontaire auprès de ses élèves, sa prudence à ne pas les laisser entrer dans sa vie, sa vocation qui est celle de faire passer un apprentissage sans se soucier de ceux qui le reçoivent. Il est bien sûr question de sa déception, de ses regrets quand il découvre la mort de l'un de ses anciens élèves, taiseux, solitaire, qui, devenu communiste (peut-être justement par solitude) a été fusillé.

Le récit d'Hyvernaud est de ces livres dont on voudrait tout citer tant les phrases y sont fortes, sans ambiguïtés, dépourvues de malice et séditieuses. On pourra les lire et les relire souvent, il y est question, sous couvert de sincérité, de liberté d'expression, de ce qui fait la misère de l'humanité, et ce même chez les plus riches ou comment la captivité, ses souffrances, ses peurs, ses infamies, peut rendre les hommes bien plus laids qu'attendus. A ce jeu de massacre, Hyvernaud lui-même n'est pas épargné.

Livre très dense. Intense. A lire absolument. Merci Tristram d'avoir attiré mon attention sur cet auteur bien peu disert dont la frontalité émeut.


mots-clés : #deuxiemeguerre
par shanidar
le Mar 20 Déc - 17:39
 
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Sujet: Georges Hyvernaud
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Sandor Marai

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 4102en11

Ce que j'ai voulu taire

Originale:  Hallgatni Akartam (Hongrois, écrit entre 1949/50, perdu, retrouvé et paru finalement en 2013 à Budapest!)

CONTENU :
Ce livre, qui chronique les dix années entre l’Anschluss (mars 1938) et l'exil définitif de Marai (1948), constitue le dernier volet des « Confessions d'un bourgeois ». Il n a jamais été publié du vivant de Márai.

Pour répondre à la question centrale du livre, « Comment la Hongrie en est-elle arrivée là ? », c’est-à-dire à pactiser avec l'Allemagne nazie, puis à devenir un satellite de l Union soviétique, Marai se livre à une analyse approfondie de la société hongroise. Celle-ci est indissociable d'une perception pleine de finesse de la situation mondiale, fondée sur une réflexion étonnamment moderne, d’une lucidité presque visionnaire. Son point de vue est celui d’un bourgeois assumé, un humaniste aspirant à un ordre juste qui pourrait prendre la forme d’un socialisme modéré. Cette chronique de la décomposition d'un pays, d'une culture et d'un mode de vie est une lecture précieuse pour qui souhaite comprendre la Hongrie et l'Europe d'aujourd'hui.

REMARQUES :
A coté de quelques apparitions « personnelles » dans le récit, et contrairement peut-être à la forme de narration des premiers tomes -  plus proche d’un récit, d’un vécu ? - Marai donne avant tout une sorte de chronique et d’analyse de ces années cruciales. Le jour de l’Anschluss est le point de départ d’un tour d’horizon de la situation en Allemagne, en Autriche, mais aussi dans l’Europe, le monde, pour expliquer comment selon lui a pu arriver ce qui est arrivé, d’abord pratiquemment sans resistance extérieure.

Il y aura quelques autres dates clés et portraits poignants d’hommes politiques qui permettent de partir d’un point de départ. Il faut s’imaginer – et Marai en est conscient – comment en espace d’une dizaine d’années la societé hongroise a basculé d’un état bourgeois via une proximité avec le nazisme vers l’intégration forcée dans l’URSS et ses satellites. Tout un monde disparaît, une forme de penser, de vivre... Et au fond, le tout est déjà en germe quand l’Autriche passe dans la Deutsches Reich, en Mars 1938. Des conséquences prévisibles, une guerre inévitable à l’horizon – pour celui qui voyait clair.

Dans la deuxième partie l’auteur s’approche des conséquences du traité de Trianon qui démantelait la Hongrie de deux-tiers de son territoire et d’une partie de sa population. Terrain propice... Mais malgré des abus, on trouve aussi une accusation chez Marai de ne pas rendu ainsi une service à la Hongrie et la situation internationale.

Donc, il s’agit plutôt d’une forme d’analyse, mais d’une grande maîtrise qui donne l’impression au lecteur qu’il comprendra un peu mieux les interdépendances, les relations, les événements. Marai ne se contente pas de voir la Hongie comme pure victime innocente, mais met en avant les attitudes latentes d’antisémitismes et de fascisme. (Le lecteur se demande à quel point certaines de ces analyses ne se revèlent pas encore aujourd’hui comme étant très actuelles...)

Marai se déclare appartenant à cette bourgeoisie éclairée qui a peut-être peu en commun avec des associations plus tardives avec ce terme : une étroitesse, une lourdeur etc. Cette attitude de Marai a rien d’une préférence vers une droite nationale autodestructrice, voir fascisante. Mais on pressent une certaine nostalgie à une vie en voie de disparition. Dans cette veine je me sentais rappelé au « Monde d’hier » de Stefan Zweig...

Pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Hongrie, mais aussi de l’Europe dans le contexte de la montée du fascisme, ce livre nous dit beaucoup de choses intéressantes. Peut-être on aperçoit ici et là quelques faits qui aident à comprendre une certaine passivité ? Aussi de l’auteur ?

Très informatif, très intéressant. Et dans une écriture d’une grande maîtrise.


mots-clés : #autobiographie #deuxiemeguerre #regimeautoritaire
par tom léo
le Mar 20 Déc - 16:43
 
Rechercher dans: Écrivains d'Europe centrale et orientale
Sujet: Sandor Marai
Réponses: 22
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Mohammed Aïssaoui

L'étoile jaune et le croissant

Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 Index711

   J'aimerais que l'on explique la différence entre l'humour juif et les blagues arabes, ce même goût pour l'autodérision, pour le désespoir poli, pour la nostalgie des arbres fruitiers et le champ des rivières, pour les fruits chauds et jamais assez sucrés.



Mohammed Aissaoui se désespère des haines entre juifs et arabes, en Israël et partout dans le monde. Il se désespère aussi de la mémoire perdue d'une façon générale, et notamment de la mémoire perdue d'arabes ou musulmans ayant tendu la main ou sauvé des juifs pendant la guerre. Il se désespère  qu'aucun arabe ou musulman de France ou du Maghreb ne figure dans les 23000 Justes parmi les nations. Et il veut faire bouger les choses…

Il est donc parti à la recherche de personnes, de témoignages, de documents pour essayer de faire bouger cela, en s'attachant tout particulièrement à la personne de Si Kadour Benghabrit, fondateur de la Grande Mosquée de Paris dont il fut recteur jusqu'en 1954, ministre plénipotentiaire du Maroc.
Seulement voilà ; les témoignages concordent pour supposer qu'il a su sauver des juifs (au moins un de façon formelle), en les hébergeant temporairement à la Grande Mosquée, par d'autres procédés notamment des faux certificats, mais il a aussi fréquenté des Allemands haut placés, et mené une vie mondaine que certains trouvaient exagérée…

Tout cela fait une forte supposition, mais ne fait pas une preuve…Le livre est donc le récit de cette recherche, de cette quasi-certitude qui mène quand à une déception, et donc, au final d'un certain échec.

C'est manifestement un travail de titan qu'a fourni Mohammed Aïssaoui, mais le livre est assez desservi par le style très journalistique, découpés en petites sections décrivant chacune un entretien ou  une recherche d'archives, qui fait que cela manque d'un certain souffle. Il y a quelques parties plus personnelles, toujours avec une certaine platitude de style, et qui ne vont pas plus loin que oui il faut entretenir la mémoire, non il ne faut négliger aucune trace, oui les juifs et les Arabes pourraient s'entendre…Et on a quand même la surprise de voir que Mohamed Anissa découvre innocemment des faits historiques avérés (l'existence d'une légion SS musulmane, créée par Amin al-Husseini, le grand Mufti de Jerusalem nazi, et choyée par Hitler)

Et il y a l’histoire complètement émouvante de Mohamed , fils d'Abdelkader Mesli, imam à la Mosquée de Paris, déporté à Dachau puis Mauthausen,  ce que son fils a ignoré toujours ignoré (il est mort quand Mohamed avait 10 ans), jusqu'au décès de la mère, 40 ans plus tard, ou il découvrit des valises entières de documents, de témoignages, de photographies racontant toute cette histoire.

Cela donne donc une certaine creux, un certain sentiment d'incomplétude, avec quelques beaux moments,et cela reste une lecture intéressante et, parfois, enrichissante, avec un petit regret sur le magnifique livre que cela aurait pu être. Et je n'ai pas retrouvé mes notes, mais  il me semble que j'avais eu à peu près la même impression en lisant L'affaire de l'esclave Furcy : beau sujet, mais qui laisse un peu sur sa faim.


Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 29009110


Si Kadour Benghabrit à la Grande Mosquée de Paris


Tag deuxiemeguerre sur Des Choses à lire - Page 7 29028110


La tombe de Si Kadour Benghabrit à la Grande Mosquée de Paris

(Commentaire récupéré)



mots-clés : #deuxiemeguerre #documentaire #religion
par topocl
le Jeu 15 Déc - 19:01
 
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Sujet: Mohammed Aïssaoui
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Efim Etkind

La traductrice



Un petit livre (20 pages de texte) aussi bref et efficace qu'une claque.

Efim Etkind raconte l'histoire de Tatiana Gnédich, une femme russe passionéne de littérature anglaise du XVIIème iècle, qui fut arrêtée pour "trahison à la patrie". Elle  ne survécut à son emprisonnement qu'en traduisant, pendant deux ans et de mémoire  les 17 000 vers du Don Juan de Byron, tâche pour laquelle elle reçut une certaine protection de son commissaire-interrogateur. Puis elle fut déportée huit ans, conservant sur elle,  paufinant, enrichissant peu à peu sa traduction, sublime parmi toutes.

C'est sec et froid, des faits précis, dans un style classique et sans fioritures. Efim Etkind juge même inutile de nous décrire les atrocités du goulag - il considère celà comme acquis. Il veut simplement nous faire connaître ce destin exceptionnel, cette femme portée par sa misson, qui sans doute l'a sauvée.
C'en est presque un peu frustrant,cette brièveté et cette distance, mais c'est son choix. Malgré cela, cette   relation d'une forme de résistance individuelle laisse une trace.


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mots-clés : #biographie #creationartistique #deuxiemeguerre
par topocl
le Mer 14 Déc - 11:52
 
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Sujet: Efim Etkind
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