Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

La date/heure actuelle est Ven 10 Mai 2024 - 13:07

110 résultats trouvés pour Enfance

Anne-Marie Garat

Le Grand Nord Ouest

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 51btop10

15 ans plus tard, Jessie raconte à Bud l'année de ses six ans, et retourne avec lui au Canada dans le Grand Nord Ouest, dans une espèce de pèlerinage, de quête de sens qui se heurte au temps écoulé. Fille choyée d'un nabab d'Hollywood, elle voit son père mort noyé sur la plage le jour de sa fête d'anniversaire. A l'aube de cette année qui va la mener à l'âge de raison, sa mère, une femme fatale fantasque et pleine de secrets, l'emmène sans un mot d'explication dans une folle équipée vers le Grand Nord, ses immensités enneigées, ses indiens animistes. Que fuit-elle? Que cherche-t'elle accrochée tant à ses rêves qu'à ses racines? On va le découvrir au même rythme que Jessie, sans avoir toutes les clés pour autant : cette mère étrange aux identités multiples, grande manipulatrice, gardera sa part de mystère. La petite rouquine (évidemment) connaît là une belle initiation à une vie autre, authentique, à la sagesse, à une certaine dignité auprès d'un vieux couple d'indiens empreints de traditions qu'elle a séduits au premier coup d’œil

C'est bien d'Anne-Marie Garat de nous offrir pour personnages principaux de ce roman du Grand Nord une fillette et sa mère, là où l'on ne croise d'ordinaire que prospecteurs, trappeurs et autre traîne-savates. Il y a aussi ces deux indiens pleins de sagesses, de croyances  de pré-sciences, solidement ancrés dans le territoire qu'on est en train de leur arracher, et qui  transmettent leurs savoirs. Cette épopée aurait du être jubilatoire, mais sans doute du fait du style si spécifique d'Anne-Marie Garat, qui prend ici une boursouflure un peu submergeante (ça grouille un peu trop, c'est une coulée de lave qui ne s'arrête jamais), je ne suis pas pleinement entrée dans ce récit, pourtant plein de poésie, de nature sauvage et de nobles sentiments qui n'excluent pas la facétie. j'ai souvent trouvé ça longuet.

Mots-clés : #aventure #contemythe #enfance #initiatique #lieu #minoriteethnique #nature #relationenfantparent #traditions #voyage
par topocl
le Mer 19 Sep 2018 - 5:06
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Anne-Marie Garat
Réponses: 9
Vues: 1492

Hamid Ismaïlov

Dans les eaux du lac interdit

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 513ejy10


Le livre est composé de 3 chapitres : I – Do (avant), II -  Do La (le destin), III – Sol Mi Fa (le sel du mythe) ; car la musique habite la vie de Yerzhan.

Un train traverse l’immense steppe du Kazakhstan, à son bord le narrateur, des gens qui discutent pour passer le temps ; dans l’une des gares un gamin propose une boisson à la vente et il joue du Brahms au violon : magnifiquement.

Le narrateur l’interpelle : « petit » ! ce qui a le don de le  contrarier vivement . Je suis un homme, j’ai 27 ans ! Voilà, c’est Yerzhan et il va conter sa vie, dans un hameau isolé, Kara-Shagan, où vivent deux familles.

L’enfance de Yerzhan pourrait être celle d’un conte, celui que sa grand-mère lui raconte pendant les longues soirées, car sa conception a surpris ce petit monde ; partie dans la forêt rattraper son foulard que le vent emporte, Kanishat, est victime d’une agression par un  « extra-terrestre » ; retrouvée blessée dans un ravin non loin de la « zone ». Cette agression portera un fruit, Yerzhan !

La Zone, ce lieu clôturé, interdit engendrera une peur sur Yerzhan, comme le marquera le « lac interdit » et  « la ville morte » que la dureté de l’hiver recouvre de neige .

L’enfance de Yerzhan se déroulera comme tous les enfants de la steppe, mais lui et les autres membres des familles se rendront compte que contrairement à Aisulu (sa promise) et les autres écoliers Yerzhan ne grandit plus. C’est un bouleversement pour l’enfant ; cet enfant doué pour la musique qui à l’âge de 3 ans jouait déjà de la dombra de son grand-père, puis à présent magnifiquement du violon.

Shaken sous l’insistance de sa femme « la citadine », avait acheté un poste gramophone, puis plus tard pour convaincre les familles que sa propagande était juste, un téléviseur. Ce fut une ouverture sur l’ailleurs. Yerzhan et Aisulu écoutèrent et regardèrent leurs « idoles », des musiciens, chanteurs. Mais à présent plus rien ne l’intéresse, il s’isole, même d’Aisulu.

Yerzhan nommera son souci « cela » ! Tous cherchent à comprendre la raison de son état. Chacun pour l’aider tentera des moyens plus ou moins archaïques, seul l’oncle Shaken qui travaille à la centrale d’essais atomiques (*) plus pragmatique l’emmènera passer une radio, dont il ne voudra pas croire les résultats. Yerzhan ne grandira plus, il a fini sa croissance.
Les explosions atomiques qui résonnent dans la steppe, détruisent villages, tuent la faune, la flore, empoisonnent les lacs, pourraient être responsables de ce phénomène ? Apparemment, même si certains membres des deux familles constatent les méfaits sur leur vie, il semble qu’ils ne mesurent pas l’importance de l’impact.

Et surement pas l’oncle Shaken dont le leitmotiv est : «  Pour construire le communisme ! C’est notre devoir absolu non seulement de rattraper, mais de surpasser les Américains ! En cas de troisième guerre mondiale ! concluait son slogan favori. » C’était l’ère de l’atome !

Yerzhan se souvint qu’un jour, par bravade, devant les écoliers médusés il s’ était baigné dans les « eaux du lac interdit ».

Pendant que le train continue son parcours, Yerzhan déroule sa vie à l’étranger, le narrateur, avec lequel il partage le compartiment de nuit. Un chemin qui l’ a conduit à jouer du violon dans les trains où il vend des boissons ; comme  son grand-père et son oncle étaient cheminots.

Extraits
« …Yerzhan grattait, en secret, la dombra, imitant ses sourcils froncés et sa voix rauque. Il ne lui fallut pas longtemps pour saisir quelques mélodies familières et,[…] à mémoriser les mouvements des doigts de son grand-père. »

« Lorsque l’archet frotta les cordes, l’instrument poussa un gémissement disgracieux. « Donne ! Donne ! Et Yerzhan prit le violon des mains de son grand-père. Ce jour-là, il usa les oreilles de tout le monde. Seul l’oncle Kepek, qui était saoul, fut si touché qu’il fondit en larmes.. »

« Le wagon se mit à tanguer. Les boites de pain se mirent à tanguer. Les vieux disparurent par la porte ouverte. Le taon faisait tournoyer le sol sous les pieds de Yerzhan. Puis il l’entraîna dans une obscurité chaotique.

La Zone ! c’était ainsi que Yerzhan se rappelait ce jour-là, le moment où le train quitta les rails et se renversa dans la steppe. Finalement, Pépé Daulet et Tonton Tolegen, couverts de sang, sauvèrent Yerzhan de l’obscurité et des pattes velues du taon. Ils l’enveloppèrent de peaux de mouton, tout en versant leurs chiches larmes de vieillards. »

« Des nuages de plomb balayaient la steppe sans donner ni pluie ni neige. Des nuages creux, que ni le tonnerre ni les éclairs ne venaient traverser. Il était étrange de voir la rapidité avec laquelle ces nuages défilaient dans le ciel quand, au sol, l’air était si stagnant.
Plusieurs jours passèrent avant que le ciel ne s’éclaircit. Personne ne sortit …Ils pissaient même dans un saladier de cuivre, que Kepek, fulminant, vidait de temps à autre par la fenêtre.
Leur urine – et celle de Yerzhan en particulier – vira au rouge, comme sous l’effet de la honte. »


« Regarde, c’est l’oie… » Yerzhan se pencha sur le côté, s’attendant à voir des bestioles, et peut-être un lac. Mais devant eux, étirant son cou de béton hors du sol, se tenait un étrange bâtiment.
Au loin Yerzhan aperçut d’autres silhouettes obscures. A mesure qu’ils s’approchaient, « l’oie » se mit à ressembler plutôt à une grue, un immense bloc de béton à moitié effondré, comme s’il avait fondu et dégouliné sur un côté. Le garçon resta bouche béé et les yeux grands ouverts, mais Tonton Shaken ne resta pas longtemps là. Il orienta le cheval vers les autres structures. Et bientôt Yerzhan les vit nettement : des maisons en ruine.
Yerzhan fut terrifié. La fin du monde décrite par Mémé Ulbarsyn se matérialisait sous ses yeux. »

Mais Pépé n’était point de son avis : « Il n’y a rien en ce bas monde qui justifie une guerre ! Le chemin de fer, je comprends, ça sert à transporter des gens et des marchandises – c’est utile pour tout le monde ! Mais à quoi sert ton putain d’atome de mes deux ? Vous avez transformé la steppe entière en désert ! On ne voit plus jamais de gerbille ou de renards ! «

« Et les hommes n’arrivent plus à bander ! intervenait Kepek avec une assertion incompréhensible de son cru qui poussait Shaken, penaud, à détourner le regard. »



Spoiler:


L’auteur mêle  réalité et mythe dans l’histoire de Yerzhan, car certainement la vie des kazakhs est différente selon le lieu d’habitation. La femme de Shaken, par exemple est nommée « la citadine » comme on dirait l’étrangère.
L’amitié qui lie les deux familles du hameau est sensible et la vie de chacun montre bien la dureté de cette région et leur isolement. Certains membres sont frustes, leurs gestes anciens, manque d’hygiène.  
Le mutisme de Kanishat, la mère de Yerzhan est tout de même étonnant puisqu’il l’éloigne de son enfant. Un  mutisme voulu, une forme de révolte contre l’attitude de son père ?
Les sentiments de Yerzhan sont bien compréhensibles.
Je pense que l’auteur a installé le narrateur dans le train qui traverse la steppe  du kazashtan pour en montrer l’immensité.

Je trouve l’écriture assez poétique dans ce contexte et agréable, ainsi que la composition en 3 parties.

ajout : en résumé c'est à travers l'histoire de Yerzhan, cet adulte enfermé avec son destin, ses espoirs dans un corps d' enfant que l'auteur dénonce l'impact des nombreux essais nucléaires dans la steppe d'Ouzbékistan. La guerre froide qui opposait les USA à l'URSS est représentée par les propos de Shaken qui travaille au polygone d'essais.
L' importance du  réseau ferré dans le pays est signalé par les propos et le travail de la famille Daulet et le choix de positionner le narrateur dans un voyage en train.


Je pense lire un autre livre de l’auteur
mots-clés : #enfance #lieu #musique
par Bédoulène
le Dim 16 Sep 2018 - 11:20
 
Rechercher dans: Écrivains d'Asie
Sujet: Hamid Ismaïlov
Réponses: 11
Vues: 986

Thierry Murat

Les larmes de l'assassin
d'après un roman jeunesse de Anne-Laure Bondoux


Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 97827510

Une maison isolée et battue par les intempéries dans le sud-sud de la Patagonie. Un infâme assassin recherché par toutes les polices arrive pour s'y cacher et tue sauvagement les parents de Paolo. Un curieux attachement se tisse entre cet homme et cet enfant qui partagent leurs solitudes.

l'histoire est déchirante, toute en non-dits, les dessin sont d'une sobriété à la beauté époustouflante.
La grande classe  bounce !

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 97827511
Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Larmes10
Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Les_la10




mots-clés : #amitié #enfance #lieu #solitude
par topocl
le Jeu 13 Sep 2018 - 3:18
 
Rechercher dans: Bande dessinée et littérature illustrée
Sujet: Thierry Murat
Réponses: 3
Vues: 1416

Magda Szabó

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Arton710

Le vieux puits

Un vieux puits comblé dans la cour de la maison natale. Les parents ont interdit à la petite fille de s'en approcher de peur que la terre s'écroule.
Mais, c'est bien connu, ce qu'on interdit aux enfants, les attire d'autant plus.
Par respect pour ses parents la petite fille respecte l'interdit.
Mais rien ne l’empêche d'imaginer ce qu'il y a peut être au fond du puits. Ni, plus tard, de s'y glisser pour retrouver ses souvenirs d'enfant, sa ville, ses amis, ses parents. Tout ce qui l'a frappée si tôt et si durablement.

Les souvenirs de Magda Szabo sont ceux d'une enfant précoce, vive, sensible et imaginative. Entourée de parents exceptionnellement aimants, compréhensifs et doués.
Tous deux sont dotés de dons artistiques comme le reste de la famille.
Si la vie ne leur permettra pas de les exprimer publiquement, ils inventent pour elle des contes quotidiens, tissant ainsi entre eux une complicité active.

Plus que tout, c'est sa mère que la petite Magda aime, et admire. Jamais elle ne connaîtra un être plus proche dans sa vie.

"Mère avait toujours à faire, je ne sais pas comment elle trouvait le temps d'écrire -sans doute la nuit. L'art était pour elle autre chose que pour des artistes plus favorisés : sa corde de rappel, sa bouée de sauvetage quand la vie était trop lourde à porter."

Magda la juge téméraire, inventive, fantasque, fabuleusement douée pour réinventer une vie  meilleure.
Un être romanesque, une fée.
Avec le père, Magda découvre la ville, les monuments, les commerçants. L'histoire, la science, la culture. Mais elle l'aime également beaucoup.

"La vie était simple, il offrait bonheur et sécurité.
Et il était homogène. Tout  y était vivant, non seulement les humains et les,animaux, mais aussi les choses ; toutes les créatures fantastiques y vivaient, comme des êtres de chair et de sang."


Même la maladie et la fièvre lui apportent des visions surnaturelles. D'autant plus appréciées que, "du fait de ses aptitudes et du caractère de ses parents, les limites entre réalité et imaginaire étaient floues."
Très tôt aussi, elle a besoin de réfléchir, de raisonner, de chercher des explications à tout.
La réalité vivante de la ville et des êtres lui apporte des éléments supplémentaires et concrets de connaissance.
Ce qui ne l'empêche pas, comme tout enfant d'aimer ou de haïr sans trop savoir pourquoi.

Comme ses parents, elle aime les animaux, et elle réalise qu'en fait, ils n'existent "qu'en tant qu'outils et nourriture."
Un jour, elle assiste à l'agonie et à la mort d'un cheval accidenté et c'est pour elle l'occasion d'un profond traumatisme.
Ce qui la trouble durablement aussi, c'est le silence des animaux face à la mort.

Un peu plus tard, la conscience de la mort se rapproche, c'est celle de son père qu'elle pressent.
Et cette révélation sera désormais une inquiétude constante.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces souvenirs, remarquables par leur quantité autant que par leur précision. Même si la romancière a réinventé.
C'est une enfance heureuse et pleine qu'elle a connue dans l'ensemble.
Et, de fait, c'est ce qu'elle nous révèle de plus intéressant.
"Il n'est pas facile d’être adulte et une fois adulte de supporter celui qu'on a été."

mots-clés : #autobiographie #enfance
par bix_229
le Mer 5 Sep 2018 - 13:38
 
Rechercher dans: Écrivains d'Europe centrale et orientale
Sujet: Magda Szabó
Réponses: 45
Vues: 4194

Claire Messud

La fille qui brûle

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 518vwm10

C'est l'histoire du passage à l'adolescence entre deux amies de la toute petite enfance, celle qui  raconte, et s'en sort pas mal, et l'autre moins bien dotée au départ, qui s'éloigne, s'enfonce dans des comportements que plus personne ne comprend, entraînant un rejet qui ne fait qu'aggraver sa détresse.

C'est très finement observé, cette fragilité d'une période où se révèlent les carences de l'enfance jusque-là masquées, où explosent les questionnements, et tout est si difficile si on ne trouve pas les bonnes alliances.

Le récit est tout en nuance, en bonnes trouvailles, c'est parfaitement maîtrisé, presque trop, les sentiments sont pour ainsi dire remplacés par cette acuité. C'est une bonne lecture, d'un roman bien structuré, qui  remue des périodes de trouble que nous avons vécues, mais où, peut-être, justement, il manque un certain trouble.

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Sanato10



mots-clés : #amitié #conditionfeminine #enfance #identite #initiatique #psychologique #relationenfantparent #solitude
par topocl
le Mer 8 Aoû 2018 - 4:27
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Claire Messud
Réponses: 26
Vues: 2436

Alan Pauls

Histoire de larmes

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 51kfif10


Septembre 1973, au Chili le palais de la Moneda est en flammes et Salvadore Allende, le Président meurt. Le narrateur se trouve chez un ami tous deux regardent la télévision mais seul l’ami est en larmes, lui il ne peut pas pleurer il ne pleure plus depuis qu’il l’a décidé à l’âge de 7 ans. Pourtant lui plus que bien d’autres aurait des raisons de pleurer ;  instruit politiquement, il lit toute la littérature  marxiste, il attend fébrilement tous les mardis la sortie du journal « la Cause Péroniste ».

Pourtant il était un enfant très sensible, sensibilité que son père vantait, mais les pleurs ne se libéraient qu’en présence de son père. Ses parents étant divorcés, il vit avec sa mère et va à la piscine avec son père. Il revient de ces journées là avec les doigts flétris et rougis par les frottements au fond de la piscine mais quel bonheur ! L’ enfant associe très jeune le bonheur à la douleur aussi ce sont les souffrances de superman, son héros, qu’il imitera en volant à travers la porte vitrée, qu’il aime, plus que ses exploits.

Enfant silencieux, qui dessine et lit sans  savoir lire, il a une faculté qui fait l’orgueil de son père : son écoute, tous ceux qui l’approche éprouvent le besoin de se confier à lui ; mais que retient, que comprend un enfant de 4 ans de ses confessions ? L’auteur veut-il  montrer l’interdit qui règne en Argentine , l’impossibilité de s’exprimer ?

Il pleure, puis ne pleure plus, et  à la mort d’Allende il rejette sa petite amie qui se trouve être de droite, elle pleure, puis d’autre comme un ami pleurera devant lui ; à présent c’est lui qui fait pleurer les autres. Larmes oui mais plus les siennes.

Pourtant un soir la réalité dépasse la fiction, fiction qui lui était plus proche tel  les costumes impeccables des militaires qui cachent l’homme qui les porte. Ces  militaires qu’il voit, enfant, comme des extra-terrestres, des envahisseurs.

Un soir donc la dure réalité le rattrape dans un épisode de son enfance alors qu’il voit à la Une du journal  le cadavre d’une femme nue.

[…] et même ainsi maintenant qu’il la voit non seulement nue mais le corps transpercé de plusieurs balles, souillée de terre comme si on l’avait traînée sur le ventre , déjà morte, le long du terre-plein du camp militaire où elle a été tuée, selon la légende de la photo, floue et de mauvaise qualité,  qui pourrait suggérer que c’est un cadavre comme les autres [….] il lit  […] et, au bout d’un moment la lumière est  si faible, les mots si difficiles à distinguer , qu’il ferme les yeux  et continue à lire comme le font les aveugles , suppose-t-il, en caressant les phrases du bout des doigts , jusqu’à ce qu’une sensation froide sur le revers de sa main, puis une autre et une autre encore, l’obligent à s’ interrompre. Il ouvre les yeux. Pleut-il ? non :  il pleure. Il pleure dans la ville comme il pleut dans son cœur…. […] et il reconnait en elle le voisin de la rue Ortega y Gasset , le militaire, le maniaque qui  a chanté à son oreille, lui a donné asile , a lu sur le bout de ses doigts le secret de sa douleur…
C’est simple, il n’a pas compris ce qu’il aurait dû comprendre. Il n’a pas été de son temps, il n’est pas de son temps et ne le sera jamais. Quoi qu’il fasse, quoi qu’il pense, c’est une condamnation qui l’accompagnera toujours.



J’ ai apprécié l’écriture incisive (de caractère plutôt) qui donne du poids au sujet, à l’ambiance,  les petits détails qui dévoilent les personnages.  Je pense aussi que c’est habile de se servir d’un évènement  survenu dans un  pays voisin pour critiquer le sien.

Je vous engage à lire ce petit livre lequel sera suivi de deux autres lectures, indépendantes, Histoire de cheveux et Histoire d’argent. J’ aimerais avoir votre regard sur cet auteur.





mots-clés : #enfance #psychologique #regimeautoritaire
par Bédoulène
le Dim 29 Juil 2018 - 5:08
 
Rechercher dans: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
Sujet: Alan Pauls
Réponses: 23
Vues: 1612

Timothée de Fombelle

Neverland

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy_56

Un petit livre tout court, plein de charme et de fantaisie où Timothée de Fombelle , accompagné d'un doux destrier, équipé en chasseur de chimères, part à la recherche d'une enfance qui  ne l'a en fait jamais quitté. Il traverse des paysages de clairières, de marais mystérieux et de buissons de mûres, et retrouve des souvenirs, des sensations (un retour de  vacances endormi dans la voiture, un tiroir fouillé en cachette, un oreiller moelleux...) qui ont fait la richesse de ses jeunes années.

C'est doux tendre, très poétique, l'enfance est innocente et accueillante; la jolie écriture empêche que cela ne tombe (trop) dans la naïveté. Et puisque le quatrième de couverture annonce qu'il s'agit du premier livre pour adultes de l'auteur, il faut bien préciser qu'il parlera d'autant plus à ceux qui ont gardé une part d'enfance, de rêve et d'imaginaire en eux.


mots-clés : #contemythe #enfance
par topocl
le Mer 30 Mai 2018 - 10:59
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Timothée de Fombelle
Réponses: 4
Vues: 513

Isabelle Monnin

Mistral perdu ou les événements

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy_10

Isabelle Monnin enfant, adolescente, adulte. Des chapitres.

Vu comme ça, ça fait penser à des récits déjà 100 fois lus sur les années soixante dix, la cour d'école terrorisante, les premiers baisers, les premières boums, le départ pour les études... Et au début j'ai vraiment eu peur de ça. Mais l'approche si touchante d'Isabelle Monnin s'est vite précisée, et c'est devenu un texte personnel arrachant,  avec ses deux versants intime et universel.

Isabelle Monnin décrit la bulle qu'elles ont formée avec sa sœur, et,  scandé par ce "Nous sommes deux" récurrent, qui résume une évidence, il y a   là quelque chose de quasi magique. De très ordinaire aussi, car toutes les enfances se ressemblent. Tout cela se joue sur un fond de Mistral gagnant (et oui, comme Isabelle Monnin, Renaud a sans doute été pour moi tout à la fois l'expression de ma première rébellion , comme de ma première appartenance.), dans cette petite bourgeoisie provinciale de gauche, sûre de ses idées généreuses et de son bonheur, gagné à la génération précédente sur les barricades. Tous les espoirs sont permis et cette sororité en est le carrosse.

Nous sommes deux, nous sommes des enfants et le monde est facile.


Mais assez vite, implicitement, sans qu'un mot soit dit, on sent la fracture qui rôde. On sait que cette jeune sœur rieuse et pas insouciante, un moment, ne sera plus  là.

Et oui, à 26 ans, cette sœur meurt, dans un chapitre d'une brièveté déroutante, car des pourquois et des comments, dans ces cas-là, il n'y en a pas. Il faut vivre avec cela, c'est impossible mais on n'a pas le choix. Plus rien n'est partagé. Et en plus, rien ne vient comme on l'avait prévu : le monde aussi la lâche en route.

Dans l'intime, « notre troisième fils, un grand prématuré, meurt." Dans la sphère publique, la belle conscience de gauche s'effrite, la gauche n'est plus, la haine surprend de tous côtés, empaquette ignominieusement le quotidien,  D'événement en événement, le monde jadis prometteur est en faillite. Le collectif n'est même plus là pour panser les plaies intérieurs. Est-ce la fin de l' histoire ? Même Renaud, vieillli, ventripotent , on n'y croit plus (il n'y croit sans doute plus beaucoup lui non plus). Que faire d'autre dans cette douleur transfixiante, que laisser ses enfants, joyeux, jouer parmi les tombes ?

Quelque part elle explique qu'elle est  une maison, les briques sont les événements familiaux, le ciment les événements publics. Elle s'y sentait bien. Et maintenant, on la voit faire tout ce qu'elle peut pour que la maison ne devienne pas une ruine.

C'est terriblement beau, l'écriture d'Isabelle Monnin est d'une poésie trouble, battante, inventive. Elle empaquette cette histoire tellement intime, tellement commune pour en faire un texte douloureux, fragile, un cuisant constat d'échec commun.



mots-clés : #autobiographie #enfance #fratrie #intimiste #jeunesse #mort #viequotidienne
par topocl
le Sam 26 Mai 2018 - 5:52
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Isabelle Monnin
Réponses: 10
Vues: 1493

Alessandro Baricco

City

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Baricc10

Gould est un enfant génial qui dialogue de la boxe dans les toilettes, et Shatzy Shell sa gouvernante, qui dicte un western (boxe et western sont les deux principaux leitmotive du roman) ; Diesel, un géant, et Poomerang, muet (qui nondit) sont les amis imaginaires de Gould, mais ils vont quand même se procurer une caravane pour permettre à Diesel de voyager (la caravane est jaune et on se contentera de la nettoyer toutes les semaines : c’est sans doute trop contemporain pour l’auteur…)
Place prépondérante de l’enfance ; Diesel au père qui s’efforce lourdement d’inculquer à sa petite fille en pleurs le maniement des baguettes au restaurant chinois, chapitre 17 :
« ‒ Mais pourquoi vous faites des enfants ? ‒, dit-il. ‒ Pourquoi ? »

Gould fréquente l’université, et parmi ses 27 professeurs il y a :

- Bandini (sans doute en clin d’œil à John Fante, d’ailleurs tout le roman baigne dans un univers états-unien ; ce Bandini-là s'intéresse aux vérandas, chapitre 17),

- Taltomar (qui étudie les arbitres de football ; peut-être dénommé en référence au Palomar de Calvino, qui n’est pas sans similitude avec City ? Baricco évoque aussi un « soleil jaguar »…),

- Mondrian Kilroy (eh oui, Kilroy was here ; étude des objets courbes, au travers des nymphéas de Monet, superbe chapitre 13) ; de ce dernier également l’essai « de l’honnêteté intellectuelle » selon laquelle les idées, « apparitions provisoires d’infini », perdent leur vérité en étant exprimées, « tragédie nécessaire » de ne pas savoir nous taire (chapitre 22) :
« En un certain sens, l’intelligence humaine travaille constamment à dissiper le chaos infini et merveilleux des idées originelles et à le remplacer par l’inoxydables complétude des idées artificielles. […] Elles étaient des apparitions : l’homme en fait des armes. »

Un grand sens des dialogues, et de l’humour, comme avec les burgers du chapitre 14. Exemple (chapitre 1) :
« Le père de Gould était persuadé que Gould en avait une, de gouvernante, et qu'elle s'appelait Lucy. Tous les vendredis, à sept heures et quart, il lui téléphonait pour savoir si tout était okay. Alors Gould au téléphone lui passait Poomerang. Poomerang imitait très bien la voix de Lucy.
- Mais il n'est pas muet, Poomerang ?
- Justement. Lucy aussi est muette.
- Tu as une gouvernante muette ?
- Pas exactement. Mon père croit que j'ai une gouvernante, il la paie chaque mois par mandat postal, et moi je lui ai dit qu'elle est très bien mais qu'elle est muette.
- Et lui, pour savoir comment vont les choses, il lui téléphone ?
- Oui.
- Génial.
- Ça marche. Poomerang est très bien. Tu sais, ce n'est pas la même chose d'entendre quelqu'un rester muet et d'entendre un muet se taire. C'est un silence différent. Mon père ne s'y laisse pas prendre.
- Ça doit être un homme intelligent, ton père.
- Il travaille dans l'armée.
- Bien sûr. »

Divagation foutraque (cheminement narratif qui parfois s’emballe, s’égare, s’enchaîne ou s’entrelace), avec d’ailleurs une belle métaphore de la folie, chapitre 16 :
« …] tu cherches la porte pour en sortir et impossible de la trouver. Si ça se trouve il n’y en a plus. Disparue. Et toi enfermé là-dedans pour toujours. […] Elle dit qu’une maison comme ça, si tu ne peux pas en sortir, il faut bien que tu trouves un moyen pour y vivre. C’est ce qu’ils font, eux. De l’extérieur on n’y comprend rien, mais pour eux tout est très logique. Elle dit qu’un fou c’était quelqu’un qui pour se faire un shampooing se met la tête dans le four. »

La part "western" culmine avec une belle histoire de Closingtown, « ville dont quelqu’un a volé le temps, et le destin », depuis parcourue par le vent et la poussière du désert qui l'entoure (chapitre 29) :
« ‒ Le vent est une blessure de temps ‒, dit Julie Dolphin. ‒ C'est ce que pensent les indiens, le saviez-vous ? Ils disent que quand le vent se lève cela signifie que le grand manteau du temps s'est déchiré. Alors tous les hommes perdent leur propre piste, et aussi longtemps que soufflera le vent ils ne pourront pas la retrouver. Ils restent sans destin, égarés dans une tempête de poussière. Les indiens disent que seuls quelques hommes connaissent l'art de déchirer le temps. Ils les craignent, et les appellent "les assassins du temps". »

Baricco confie dans des commentaires que
« …] ce livre est construit comme une ville, comme l'idée d'une ville. […] Les histoires sont des quartiers, les personnages sont des rues. Le reste, c'est le temps qui passe, l'envie de vagabonder et le besoin de regarder. City, j'y ai voyagé pendant trois ans. Le lecteur, s'il le veut, pourra refaire le même chemin. C'est ce qu'il y a de plus beau, et de difficile, dans tous les livres : peut-on refaire le voyage d'un autre ? »
« Une ville. Pas une ville précise. Plutôt l'empreinte d'une ville quelconque. Son squelette. Je pensais aux histoires que j'avais dans la tête comme à des quartiers. Et j'imaginais des personnages qui étaient des rues, et qui certaines fois commençaient et mouraient dans un quartier, d'autres fois traversaient la ville entière, accumulant des quartiers et des mondes qui n'avaient rien à voir les uns avec les autres et qui pourtant étaient la même ville. Je voulais écrire un livre qui bouge comme quelqu'un qui se perd dans une ville. »

Je ne suis pas certain que l’auteur ait gagné son pari, ou fait passer sa vision ‒ mais il permet une belle ballade, avec quelques remarquables vues…

Thèmes : Enfance (mais pas que : j'aurais aimé un tag "rêverie", ou au moins "fantaisie", et aussi "folie"...)


mots-clés : #enfance
par Tristram
le Dim 20 Mai 2018 - 11:01
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Alessandro Baricco
Réponses: 56
Vues: 4564

Patrick Modiano

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Pourr_10

POUR QUE TU NE TE PERDES PAS DANS LE QUARTIER


"Il ne faut jamais éclaircir les mystères."


Il a vieilli Modiano et Jean Daragane, son double romanesque qui lui ressemble comme un frère, aussi.

Au début, il est chez lui, un peu vide, desocupado, sans relations. Sans le désir d' en avoir.
Mais voilà ! Le téléphone sonne et il commet l' erreur de répondre.
Un homme lui annonce qu' il a trouvé son carnet d' adresse et lui demande un rendez-vous pour le lui rendre. Mais il montre trop d' insistance et Daragane sent l' arnaque. Pourtant il va au rendez-vous et son impression se confirme. Une femme est là, une complice. Daragane la reverra seule.

Ce pourrait être un début d' intrigue. Ce n' est qu' une impasse. Mais voilà le passé qui frappe à la porte et les fantômes d' un passé enfoui qui surgissent. Et parmi eux, surtout, une femme. Une femme aimée qui lui a tenu lieu de mère dans l' enfance et peut être plus tard d' amante. Enfin peut être.

"Il croyait l' épisode oublié, mais la perte avive parfois la mémoire, surtout dans le cas d' un être aimé."

Et Jean va essayer de savoir ce qu' est devenue cette femme.

Le reste est du pur Modiano et ne se raconte pas.

Plus le temps passe et plus les souvenirs s' estompent, se brouillent, se transforment. Les acteurs de ces temps-là, les témoins, disparaissent ou ont disparu. Et c' est une lutte contre l' oubli qui se joue, une douleur aussi. Comme lorsqu' on perd un membre et qu' il persiste à vous faire souffrir. Le temps est passé par là, ne laissant ni repos, ni apaisement. Juste une nostalgie poignante.

Modiano dit dans une interview :  "Parfois, pour faire une oeuvre littéraire, il faut tout simplement rêver sa vie - un rêve où la mémoire et l' imagination se confondent."

Et ceci encore : "Je crois que le regard des écrivains et des enfants ont le pouvoir de donner du mystère aux êtres et aux choses qui, en apparence, n' en avaient pas. Il ne faut jamais éclaircir les mystères."

C' est pour cela qu' on l' aime Modiano !

mots-clés : #enfance #identite
par bix_229
le Ven 18 Mai 2018 - 13:05
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Patrick Modiano
Réponses: 28
Vues: 2130

Jean Giono

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Cvt_je10

Jean le Bleu

Récit autobiographique qui va de l'enfance au début de l'âge adulte. J'ai été perturbé par quelques tournures et images "lourdes", ça fait épais si ce n'est un peu maladroit, très appuyé. A côté de ça il y a des passages qui fonctionnent (et plus on avance plus ça se libère ?) et on peut s'intéresser et se laisser faire pour découvrir un regard particulier sur une petite ville de province, la campagne environnante et les gens qui habitent ce monde.

Un regard patient et curieux qui cherche une humilité à la fois forte et sereine. Un mélange que l'on trouve aussi dans son approche de la sensualité. On découvre un goût pour les personnages aux marges, à la part de fantastique des hommes et des femmes. Le même goût pour les apports de l'extérieur, les voyageurs et immigrants.

Le séjour à la ferme pour forger l'adolescent, décision d'un sage de père, ne manque parfois pas de saveur non plus.

Tout ce tend néanmoins vers la fin quand la guerre s'impose (jolis passages sur la non définition d'un pays) après le calme dépouillement du voisin poète. Là ça devient plus dur et le sens de l'ensemble se renforce. Des lourdeurs peut-être mais peu de hasards...


mots-clés : #autobiographie #enfance #relationenfantparent
par animal
le Mar 10 Avr 2018 - 15:34
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Jean Giono
Réponses: 188
Vues: 18725

Maryam Madjidi

Marx et la poupée

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy_22

A cinq ans, Maryam Madjini a suivi l'exil de ses parents communistes, fuyant la répression de l'Etat iranien, désireux d'offrir à leur fille une vie de liberté et d'ouverture.

Il y a le versant joyeux, flatteur d'être une jeune femme d'origine persane, avec l'exotisme que cela comporte - très efficace pour draguer. Il y a la dure réalité d'être une petite fille qui abandonne sa grand-mère et ses poupées, et qu'on installe dans un studio de 15 m2, dans une école dont elle ne connaît ni la langue, ni les codes .

Par petits morceaux accolés, en une espèce de liste géante,  avec un humour discret en filigrane, l'auteur raconte cette ambiguïté de l'exil, dans un style descriptif, évitant les effets de manche, cherchant une certaine distance. Pour adoucir cette froideur apparente -et dans un probable clin d'oeil aux Contes des Mille et Une Nuits -  elle glisse quelques chapitres nommés "Il était une fois", petits contes allégoriques illustrant ses drames intimes.

Cela laisse une impression de superficialité à force de ne pas vouloir y toucher, il n'y a pas de grande nouveauté, ni sur l'Iran, ni sur l'exil. C'est  au final un livre sympathique là où il aurait dû être passionnant.


mots-clés : #enfance #exil #regimeautoritaire
par topocl
le Mar 10 Avr 2018 - 11:51
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Maryam Madjidi
Réponses: 2
Vues: 809

Isabelle Carré

Les rêveurs

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy_11

Isabelle Carré, cette jeune femme "people" que les journalistes qualifient de "discrète et lumineuse", raconte ses années de jeunesse, sa famille complexe et torturée, les errements de sa jeune âme si mal accompagnée, que le jeu d'actrice, et la propre famille qu’elle saura se créer finiront par sauver.
S'il est vrai  que cette histoire ne manque pas de pathétique (et c'est peu dire), j'ai eu du mal à en être émue, tenue à distance par une certaine superficialité de ce grand déballage, son caractère saucissonné, aussi.
Bon. Voilà. Elle a vécu comme ça, Isabelle Carré. Cela m'indiffère assez finalement, même si c'est une vie et qu'elle mériterait de l'attention.


mots-clés : #autofiction #enfance #famille #solitude
par topocl
le Ven 23 Mar 2018 - 10:41
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Isabelle Carré
Réponses: 5
Vues: 636

Angel Wagenstein

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Abraha10

Angel Wagenstein :  Abraham le Poivrot. -10/18



Lorsque Berto Cohen revient dans sa ville natale de Plovdiv, en Bulgarie, trente ans et plus se sont passés.
Trente ans d' exil ou presque en Israel.
Mais le passé lui saute aussitot au visage. Les souvenirs bien entendu, mais aussi quelques témoins encore vivants.
Ainsi le photographe Costaki, archiviste et témoin passionné, et Araxi, une amie d' enfance et fille de la tant aimée de Marie Vartanian, prof de français de la 5e A.
Araxi avec qui il s' est "marié" à douze ans, et dont il retombe amoureux progressivement sans trop savoir si c' est Araxi qu' il aime ou sa mère à travers elle.
Invité à un congrès ennuyeux, il l' oublie très vite et, accompagné d' Araxi, il parcourt la ville et les lieux de leur enfance.
Plovdiv, une très belle et ancienne ville des Balkans, au bord de la Maritsa.
Mais elle a bien changé la ville !

Pourtant,il sent partout la présence son grand père maternel, Abraham.
Athée revendiqué mais de mèche avec le pope, le rabbin et le mollah.
Ferblantier de son métier, grande gueule et grand coeur, pilier de bars, coureur de jupons et conteur hors pair.
Ne se rappelle t-il pas des temps et des évènements qu' il n' a jamais vécus ?
Il est vrai que la tradition est forte dans ce milieu de juifs séfarades, expulsés d' Espagne en 1419 par l' Inquisition et qui, en Bulgarie, échapperont par miracle au génocide des années 40.
Ce qui fait vivre les juifs et les autres communautés ethniques, c' est une exceptionnelle solidarité. Bulgares, albanais, turcs, jufs et tziganes, coexistent en paix.
Naturellement ça ne durera pas.

Abraham ne se sent jamais aussi bien, autant lui-meme, qu' au milieu de cette commuauté populaire et plurielle.
Lorsqu' elle disparaitra, il en mourra de désespoir.
Comment ne pas aimer cette mosaique humaine !
Où les femmes des trois religions vont aux bains turcs à tour de role sous les yeux attentifs des hommes et des religieux dans une complicité sensuelle mais bon enfant.

Berto aime et admire son grand père plus que tout et dans la famille, il sert d' "agent double" pour ses deux aieuls.
Et puis les autres, Stoichov, le prof principal de la 5e A, idéaliste et révolutionnaire intègre.
Et les Tziganes, remuants et pauvres, avec  leur chef d' orchestre génial, Manouche Aliev.

Celui qui n' a jamais assisté à une fete tzigane ignore ce que c' est que de jouir de la vie, que de s' abreuver de tout son soul sans accabler son ame des angoisses du lendemain.


Mais le communisme, après la guerre, montre sa vraie nature et brise la belle unité de la communauté.

Voilà une fresque enluminée, miraculeusement vivante où le présent se nourrit du passé sous les yeux de Costas Papadopoulos, le photographe.
C' est chez lui que le narrateur et Araxi se retrouvent pour revivre un moment presque oublié  de l' histoire.
Suspendu dans le temps et la nostalgie.

mots-clés : #autobiographie #communautejuive #enfance
par bix_229
le Jeu 1 Mar 2018 - 15:53
 
Rechercher dans: Écrivains d'Europe centrale et orientale
Sujet: Angel Wagenstein
Réponses: 7
Vues: 881

Henry Bauchau

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 4105jp10

L’enfant bleu


CONTENU:
L'enfant bleu, c'est Orion, un garçon psychotique âgé de 13 ans dont les médicaments peinent à apaiser les crises. Véronique, psychothérapeute dans un hôpital de jour parisien, va entrer dans l'imaginaire de cet enfant pour essayer de lui rendre la paix. Elle devine sa richesse, sa sensibilité extrême, et va le guider, avec patience et passion, vers l'expression artistique. Henry Bauchau explore ici, avec sa tendresse de poète et sa passion d'écrivain, la frontière entre art et folie.

REMARQUES:
J’ai lu avec énormément de plaisir „L'enfant bleu“. Juste quelques impressions personnelles :
Ce qui me touche dans le chemin de la thérapie, c’est la longueur, la durée qu’on lui donne. En cela, par ces tous petits pas hésitants vers des améliorations, envers des contrariétés et des résistances, on donne une véracité au récit.
La terminologie venant de la psychothérapie peut quand même d’abord désorienter quelqu’un qui était étranger à cet univers jusqu’à maintenant : perpétuellement on sent derrière l’écrivain le psychanalyste. Mais derrière celui-ci aussi toujours l’écrivain.
Ce qui est intéressant c’est que l’analysante est elle-même dans un certain sens en quête de guérison après des épreuves de la vie. Elle ne reste pas extérieure à la thérapie : le danger d’une fusion est toute proche. Mais c’est aussi par cette implication très personnelle que quelque chose peut changer dans la vie d’Orion. Ces réflexions m’ont très touchées...
Pour celui qui est attiré par l’art thérapie, il va trouver dans ce livre un vibrant plaidoyer.

C’était bien mon premier Bauchau à l’époque, et n’allait pas être mon dernier. Le boulevard m’attendait déjà…


mots-clés : #creationartistique #enfance #medecine #pathologie
par tom léo
le Dim 25 Fév 2018 - 18:32
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Henry Bauchau
Réponses: 10
Vues: 963

Leonid Andreïev

Je suis en train de boucler Le gouffre et autres récits, 470 pages en Broché des nouvelles compilées de Andreïev.

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 Le_gou10

Je n'ai pas accroché à tout mais y en a des vraiment prenantes (notamment Le rire).
Il semble assez régulier dans ses thèmes (le désespoir, le cynisme, la désillusion ...) et dans sa façon d'écrire. Une écriture sans emphase particulière mais sans être laconique non plus.
C'est un peu difficile de décrire sa façon de procéder. Ses nouvelles sont assez courtes en général, et ont souvent trait à l'enfance et l'adolescence.
C'a l'air très sombre mais au final pas tant que ça. Mais ce n'est pas non plus lumineux ... Laughing
Il est dans une forme d'entre-deux selon moi. Il n'y a pas grand espoir, mais y a matière à creuser encore !


mots-clés : {#}enfance{/#} {#}nouvelle{/#}
par Invité
le Lun 1 Jan 2018 - 11:55
 
Rechercher dans: Écrivains Russes
Sujet: Leonid Andreïev
Réponses: 10
Vues: 1070

Alice McDermott

Someone

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 51tu3p10


« Je haussai les épaules, consciente et ravie de cette chance d'avoir une conversation ordinaire »


« Someone », titre parfait : Marie est « quelqu'un » avec tout ce que cela implique d'anonyme, d'ordinaire mais aussi de singulier et d'intime.
C'est donc l'histoire d'une femme, de ses 7 ans à la vieillesse. C'est, en fait, totalement banal : dans son quartier de Brooklyn d'immigrés irlandais entre-deux-guerres,elle grandit entre son père alcoolique, sa mère bigote, son frère trop sérieux. Premier amour, mariage, enfants et vaisselles, veuvage, vieillesse... Qu'est-ce qui peut bien nous intéresser dans cette histoire d'une femme qui accueille la vie sans vraiment se battre, ses joies et ses peines, ses hasards ? Eh bien c'est le fait que son regard bienveillant, sa finesse, sa compréhension de l'autre font qu'au seuil de la mort, elle peut se retourner vers quelque chose de plus construit, déterminé, empathique, que le simple énoncé des péripéties pourrait le laisser croire. Cette femme accueille l'instant (la joue d'un enfant qui frotte contre la manche du manteau de son père, la lumière sur une toile cirée, une caresse effleurant l'autre…), accueille l'autre, accueille la vie, en fait un tout : sans en avoir l'air, dans son humilité délurée, elle l'impacte à sa façon. Dans son récit globalement chronologique, mais qui n'est pas totalement linéaire, fait d'instants choisis, de gestes, d'émotions partagées, elle se montre unique, roc incertain et tendre.

Bien qu'échappant aux pires stéréotypes ( puisque le père est doux et gentil et ne roule pas sous la table, la mère montre une compréhension responsable), toute la première partie m'a donné une certaine impression de déjà-vu, modulée par la sensualité du récit, la finesse descriptive et émotionnelle. J'ai accroché surtout à partir de la magnifique scène où Marie rencontre son futur époux, décrite avec une simplicité, une évidence, une générosité qui m'ont fait tomber amoureuse de Tom le bavard timide bien avant Marie. C'est ensuite dans la maturité et dans la vieillesse, où elle quitte le rôle de spectatrice et fait pleinement corps avec son histoire de vie, jouant l'éponge face aux événements,  les affrontant dans une douceur loyale, que je me suis vraiment mise à aimer cette femme singulière quoique ordinaire.

Ce qui caractérise ce livre, lui donne son ton, c'est finalement la bienveillance commune à tous les personnages, cette part d'honnêteté et de bonté qu'Alice McDermott sait aller chercher au fond de chacun, cette loyauté qui fait que certains sont heureux et d'autres écorchés.

Commentaire récupéré

mots-clés : #enfance #famille #viequotidienne
par topocl
le Jeu 28 Déc 2017 - 11:46
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Alice McDermott
Réponses: 17
Vues: 959

Elena Ferrante

L'Amie prodigieuse

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 L-amie10

« Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. Il nous arrivait toutes sortes d’histoires, chez nous et à l’extérieur, jour après jour ; mais je ne crois pas avoir jamais pensé que la vie qui nous était échue fût particulièrement mauvaise. C'était la vie, un point c'est tout : et nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile. »
Prologue, 5


La misère, avec ce qu’elle fait ignorer, supporter et commettre : violences familiales et dans la rue, jusqu'au gâchis des dons. Au fil chronologique d'une narration à résonance autobiographique, Elena Greco nous rapporte sans misérabilisme ses enfance et adolescence dans un quartier populaire du Naples des années cinquante, notamment marquées par l’ascendant de son amie du même âge, Rafaella Cerullo, dite Lila, surdouée dont les parents ne peuvent payer les études, « méchante » dure et déterminée, perspicace et intransigeante, qui l’influence, ou plutôt la tire en remorque. Le motif dominant du récit, c’est cet écrasement de la narratrice, toujours effacée par l’ascendant de son amie qu’elle ne peut au mieux que suivre (sans que celle-ci en ait voulu ainsi, uniquement acharnée à apprendre, comprendre). Une sorte d’émulation, voire de rivalité sourde, unit les deux jeunes filles : toujours en avance lui semble-t-il, Lila demeure cependant la référence indispensable d’Elena, seule à aller au lycée.
Le meurtre d’un voisin enrichi sans scrupule, Don Achille, constitue un fil d’intrigue. Machisme foncier et susceptible ; espoirs de réussite sociale ‒ l’argent, qui généralement manque : la plèbe, qui contamine et enferme.

« Quels signes pouvais-je donc porter ? Et quel était mon destin ? Je pensai au quartier comme à un gouffre d’où il était illusoire d’essayer de sortir. […]
"J’emploierai toute ma vie, me dit-il comme s’il s’agissait d’une mission, à m’efforcer de ne pas lui ressembler [à son père]." »
Adolescence, 32

« C’est partout la misère qui nous rend tous méchants. »
Adolescence, 43


Tome premier d’une saga de quatre romans, il se termine sur une amorce de la suite.


mots-clés : #enfance #famille #jeunesse #social #violence
par Tristram
le Dim 24 Déc 2017 - 11:53
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Elena Ferrante
Réponses: 32
Vues: 2650

Joanne Harris

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 16473910

Lorsque Framboise Simon revient dans le village de son enfance sur les rives de la Loire, personne ne reconnaît
la fille de la scandaleuse Mirabelle Dartigen, tenue pour responsable de l'exécution de onze villageois pendant l'occupation allemande, cinquante ans auparavant. Framboise ouvre une auberge qui, grâce aux délicieuses recettes de sa mère, retient l'attention des critiques, mais suscite les jalousies de sa famille. Le carnet de recettes de Mirabelle recèle des secrets qui donneront à Framboise la clé de ces années sombres. Peu à peu, elle découvrira la véritable personnalité de sa mère, parfois si tendre, maternelle et sensuelle, subitement cruelle et tourmentée. En temps de guerre, les jeux d'enfants et les histoires d'amour ne sont pas toujours innocents. Leurs conséquences peuvent même être tragiques.

Et aussi

Cette femme vieillie, qui s'appelle Françoise Simon et qui fait office de narratrice, pourrait révéler un terrible secret. Mais elle ne le fait pas ; pas tout de suite. "Ce n'est pas, hélas, aussi simple que ça", confesse-t-elle au début de ces Cinq quartiers d'orange. Un secret – mais quel secret ? – pourrait se cacher derrière l'aspect si anodin et respectable d'une femme devenue mamie gâteau tenant une petite crêperie sur les bords de la Loire ? Joanne Harris fait preuve dans ce roman d'un indéniable savoir-faire pour capter son lecteur et d'une belle maîtrise du jeu du souvenir. Les lourds silences et les bérets enfoncés des vieux sur la place du village ne nous paraissent être au départ que de simples notations folkloriques. Et puis, petit à petit, ces silences s'animent. Quelque chose ici, dans ce village, dans ce nom de Françoise Simon née Dartigen, dans l'histoire même de cette femme, devient gênant, troublant, tabou. Avec la narratrice, nous effectuons ce long parcours d'une plongée dans un passé trouble qui réveille des démons endormis. Après l'immense succès de Chocolat, Joanne Harris signe son troisième roman et nous offre une œuvre hautement tenue sur la violence insidieuse du souvenir et le poids de l'hérédité. Avec ce nouveau roman, la jeune romancière fait incontestablement son entrée parmi les figures majeures de la littérature anglaise contemporaine. --Denis Gombert




Les secrets trop lourds à porter de l’enfance encombrent parfois l’essentiel de la vie, jusqu’à ce qu’ils émergent. Framboise, 65 ans, a vécu avec un tel poids, et ce roman, entremêlant savamment deux périodes de sa vie, de la narratrice, va doucement nous amener à connaître ce qu’elle a caché depuis ses neufs ans et qui refait surface tant d’années plus tard, l’amenant à le dévoiler et à découvrir aussi que d’autres savent, ont su tout ce temps.

Suite à la mort de sa mère, et surtout du fait de l’héritage qu’elle fait de son livre de recettes, Framboise revient à ses neuf ans, période à laquelle elle vivait dans une ferme du village des Laveuses, avec sa mère, son frère et sa sœur, suite au décès de son père à la guerre. Au fil des pages du cahier de recette, Framboise va redécouvrir sa mère, une mère qu’elle avait perçue comme dure, froide, peu affectueuse, une mère surtout encombrée de terribles migraines qui la clouait au lit, migraines que, pour certaines, Framboise a suscité en cachant dans la maison des bouts d’orange, une odeur qu’elle savait déclencher les migraines maternelles.  Au fil des notes ajoutés au cahier de recettes, Framboise va enfin rencontrer cette femme qu’elle n’a plus revu depuis bien des années, ayant été confiée vers l’âge de 10 ans à une tante.

En parallèle de la lecture du cahier de sa mère, Framboise, âgée de 65 ans va nous faire vivre avec elle a période de ses 9 ans, et de sa vie sous l’occupation dans le village des Laveuses.  Peu à peu, d’une certaine manière, le passé va rejoindre le présent, et nous faisons avec elle le chemin cathartique de la révélation, du retour aux sources, à cette période qui, en partie, a fait d’elle la femme qu’elle est aujourd’hui, cette femme qui revient sur les traces de son enfance, dans le village où elle a vécu ses 9 ans,  avec une peur importante qu’on la démasque.

Dès le début de l’histoire, quand Framboise revient aux Laveuses, elle introduit déjà qu’il s’y est passé des choses qui font qu’elle ne peut révéler sa vraie identité, et qu’elle a peur que quelqu’un la découvre. Au fil du livre, en partie au travers des yeux de Framboise enfant, en partie par les yeux de Framboise adulte, nous avançons vers la vérité de ce qui est arrivé.  Mais pour cela, elle nous emmène auparavant à ses côtés revisiter son enfance sous l’occupation, ses rêveries d’enfant d’attraper Génitrix, un vieux poisson jamais attrapé qui a sa légende et auquel elle s’identifiera à la fin, ses aventures avec son frère, Cassis, et sa sœur, Reine Claude, plus âgés qu’elle de quelques années et qui ont parfois du mal à faire partager à leur petite sœur leurs secrets et activités, eux les grands. Elle évoque aussi sa relation compliquée avec sa mère. Elle nous fait découvrir aussi, avec son regard naïf de petite fille, la vie des villageois au contact des allemands, et nous emmène dans les liens qu’elle-même a pu instaurer avec l’un d’eux.

Ce roman m’a laissé un goût partagé. Au fil des pages j’ai ressenti une certaine lenteur, les choses avançant au rythme auquel Framboise peut les dire. C’est comme lancinant, on sait que les choses vont arriver, se dire, mais ça vient peu à peu, et souvent, pour certains événements, le décalage de notre regard adulte avec celui de Framboise enfant crée une sorte de malaise face à ce que l’on devine. Les mots et les compréhensions de cette enfant de neuf ans donne une naïveté qui, peut-être contribue, à l’impression de lenteur et de décalage. J’ai moins accroché aux aléas que traverse Framboise adulte, car bien que liés à ce qu’elle a vécu enfant et cache, j’ai trouvé que c’était accessoire, sauf les parties avec son ami d’enfance, Paul. Cela développe juste les problèmes et malversations familiales.

Après être arrivée au terme de ce roman , j’ai été séduite après coup par l’ensemble de cette histoire (hormis la période adulte qui est à mon sens trop développée et sans grand intérêt de cette manière) qui mériterait peut être une relecture bien que celle-ci n’aurait plus la même fraîcheur. Une lecture que j’ai pas mal appréciée, qui peut sembler simple et juste lente par moments, mais qui mérite d’être maintenu jusqu’à son terme.

mots-clés : #deuxiemeguerre #enfance #relationenfantparent
par chrysta
le Mer 6 Déc 2017 - 14:12
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langues anglaise et gaéliques
Sujet: Joanne Harris
Réponses: 3
Vues: 642

Victor Paskov

Tag enfance sur Des Choses à lire - Page 5 97828610

Ballade pour Georg Henig

Ou comment la musique et l'amour de son art permet de transfigurer le présent.

Victor s'est fait un ami en ce maître luthier que ses propres élèves renient. Tous les jours, il lui porte le repas et reste avec lui pour visiter l'imaginaire et l'écouter parler de son pays, de sa femme aimée Bojenka, de son frère Anton décédé qu'il voit chevauchant un magnifique cheval fougueux, de son père Yossif qui lui a transmis son art. Et voilà ce petit garçon enrichi de la présence de ce vieil homme qu'il préfère à celle de ses camarades de classe.

J’avais enfin découvert un grand-père à mon goût : extrêmement pauvre, infiniment bon, il semblait sorti tout droit d’un conte de fées, détenait des secrets, venait d’un pays lointain et inconnu, parlait une langue magique, exerçait un étrange métier et vivait dans la misère  comme un saint


Les pensées et les souvenirs tournoyaient autour de sa tête blanche, comme des papillons autour d’une lampe qui éclaire pour elle-même, sans se préoccuper de ce qui se passe autour d’elle.


Tout autant que la fabrication d'un violon exceptionnel, le livre raconte également la lutte permanente de ces bulgares pour fuir la pauvreté matérielle qui les oppresse. Maître Georgui n'a rien pour vivre, son logis est pitoyable, il ne mange pas à sa fin et sa vie s'achèvera dans la noirceur d'un hospice mais il transmet à Victor la richesse d'aimer un art qui emporte vers la rêverie : les passages sur le bois du violon qui doit parler au luthier sont magnifiques.

Même si le livre est baigné d'une certaine tristesse , la phrase du maître à ses deux élèves ingrats devant un Victor bouleversé,  est certainement une des plus belles leçons du livre : ce sont eux qui sont pauvres car ils ont tourné le dos à leur art, ne le respectant plus et l'ayant rendu juste mercantile.


A eux, le bois ne parlera plus....



Une si belle lecture.

mots-clés : {#}creationartistique{/#} {#}enfance{/#}
par Invité
le Jeu 30 Nov 2017 - 17:04
 
Rechercher dans: Écrivains d'Europe centrale et orientale
Sujet: Victor Paskov
Réponses: 2
Vues: 861

Revenir en haut

Page 5 sur 6 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivant

Sauter vers: